clemence

339 votes

  • Les Garçons de l’été

    Emmanuelle Bayamack-Tam

    9/10 Gros coup de cœur pour ce roman qui relate une histoire familiale heureuse jusqu’au jour où le fils aîné se fait croquer la jambe par un requin. Dès lors, tout part en vrille, de manière inattendue et exponentielle. Le pire côtoie la folie qui s’invite rapidement dans cette famille bourgeoise biarrote, et quelques descriptions magiques des décors montagnards réunionnais achèvent de donner une touche unique à ce roman choral magnifique. (J’hésite avec un 10/10. )

    06/08/2018 à 20:57 5

  • Les Intrépides

    Hervé Commère

    9/10 Le ciel printanier et la bande son surannée de ce livre (salut Joe Dassin!), accompagnés de tous les personnages des Intrépides, ont transformé ma semaine. Pour cette incursion hors du polar, Hervé Commère réalise un doublé gagnant : l'entrée dans un nouvel univers et le maintien de sa patte si tendre et si vive, rendant la joie aux coeurs de ceux qui l'ont momentanément perdue. Car oui, lire Les Intrépides, c'est se laisser gagner par un bonheur quotidien, se retrouver à dynamiser son emploi du temps juste par capillarité de ces gens qui osent, et qui se retrouvent tout étonné de l'avoir fait. Quelle magie !
    L'aventure des Intrépides confine effectivement à l'épopée magique. Impossible de ne pas s'envoyer à 200 à l'heure avec la fine équipe aux côtés de Raoul qui trace hardi tiens bon vers un Sud de fantaisie et de défi. On danse avec les personnages, et on a envie de crier à Pierre Jean que la vie, la vraie, c'est celle avec un piano et que la vie est couramment trop chienne pour se laisser embêter par des gens qui n'en valent pas le coup. Mais déjà le destin frappe à la porte, déjà la fabuleux conteur remet la pendule à l'heure du temps qui passe.
    Il y a dans ce livre une réalité scénique qui m'a sonnée et qui parlera, je pense, à de nombreux lecteurs. Hervé Commère manie l'art de la description du sel de la vie comme personne. Je me suis retrouvée à chaque ligne, peut etre plus encore que dans ces précédents romans, que j'ai presque tous aimés sans y trouver mot à redire.
    A lire de toute urgence pour lutter contre les petites infâmies du temps qui file, pour retrouver ou redorer le goût de sa vie, pour (r)allumer ce qui est éteint, quand bien même, ou surtout, s'il s'agit de la vibration adolescente de l'étincelle folle qui dégringole parfois. Avec panache, se donner le goût d'être joyeux, c'est l'excellente promesse tenue de ce grand roman.

    20/03/2022 à 20:41 8

  • Les Larmes d'Aral

    Jérôme Delafosse

    9/10 Remarquablement documenté, ce livre fait voyager passionnément. Les faits s'enchaînent de manière plus ou moins crédible mais toujours en cadence rythmée, impossible de perdre le fil car c'est formidablement tissé. Ca swingue, ça balance, ça ballade, le final est survoltant. A lire!

    17/08/2012 à 15:54 1

  • Les Larmes noires sur la Terre

    Sandrine Collette

    9/10 Peu convaincue par mes lectures de l'auteur (j'ai commencé je crois tous ses romans, je suis allée au bout d'un seul, et donc de deux, désormais), je me suis penchée sur ce roman dans le cadre du prix PP. Quelle découverte, âpre comme un fond de théière qui aurait infusé 12 heures ! Puissante également, par le désarroi de Moe et les rencontres déterminantes de sa famille de la Casse, ces paumées qui se rassemblent sans illusions. J'ai été bouleversée par le petit Côme et la notion de fatalité, de destin, de libre-arbitre qui émergent autour de lui et de sa vie à venir. C'est peut être bien cette thématique qui m'a chamboulée, plus que le reste.
    Le décor futuriste est rarement ma tasse de thé toutefois l'alternance entre des événements connus et fondateurs des années 2010 (les attentats, des séismes, etc) et la Casse permettent de s'y retrouver et de naviguer aisément. Les turpitudes sans appel de la noirceur humaine sont béantes tout au long du roman, j'ai eu l'impression que je n'en sortirai pas vivante, happée par l'outrenoir.
    De fait, j'ai une féroce envie de voir le jour en fermant ce roman. Qui émerge, par touches, brillantes, salvatrices.
    Le noir-lumière, concept couleur inventé par Soulages (je lui ai déjà emprunté son outrenoir il y a un instant), se prête à merveille pour la vie de Moe, petit fagot de bois de vie bringuebalé bien loin de son île ensoleillée.
    Sandrine Collette disperse dans les pages de son livre une multitude de pistes narratives (des biographies, du récit, des souvenirs, de l'attente et même du suspense) qui ont en commun la douceur de sa plume et la recherche du verbe et du mot. Ca ressemble parfois à quelque chose de simple, c'est toujours fluide, travaillé.
    J'étais passée à côté de son talent jusqu'à présent.

    30/01/2018 à 21:15 10

  • Les Ronds dans l'eau

    Hervé Commère

    9/10 Ce roman n'a pas fini de vivre dans ma tête. Un gros coup de coeur pour cette histoire tissée de liens improbables... Et pourtant ce hasard tellement là, tellement vrai, n'est ce pas celui qu'on croise tous les jours, qu'on crée sans le savoir, ou consciemment... Les personnages de ce roman sont vous, moi, mes voisins. La force de ce roman tient pour partie, il me semble, dans les descriptions et un vocabulaire riche et fourni (ce que j'ai apprécié). Bravo à l'auteur qu'il me tarde de rencontrer.

    02/05/2011 à 08:11 2

  • Leurs enfants après eux

    Nicolas Mathieu

    9/10 Quatre tranches de vies estivales dans un espace confiné, celui de la commune d'Heillange, zone sinistrée s'il en est, où les élus locaux tentent de se voiler la face et de sauver les meubles dans une marche en avant perpétuelle guidée par le nivellement par la fatalité, qui pointe presque toujours par le bas. On épouse et éprouve l'atmosphère poisseuse de l'adolescence dans chaque chapitre, qui s'ouvre par une exergue musicale. Je me suis plongée avec délice dans ces chambres aux posters de chanteurs, j'ai suivi les émois en cachette de ces personnages attachants qui naviguent entre violences familiales quotidiennes, rêves d'ailleurs, petits délits et grandes illusions. Ce livre est une ode aux 90s et quiconque y a parcouru quelques heures entre 10 et 25 ans y trouvera des clins d'yeux savoureux. La plume de Mathieu est somptueuse, juste, craquante.

    03/09/2019 à 07:34 6

  • Luca

    Franck Thilliez

    9/10 Évidemment, c'est excellent. L'arrivée de sang neuf avec Audra Spick, anciennement affectée à Nice, va mettre sur le devant de la scène Nicolas Bellanger que je n'imaginais pas retrouver de sitôt après son dernier trauma. Et il est presqu' en pleine forme, prêt à être de nouveau malmené dans une enquête trépidante.
    Le rythme de l'histoire est haletant et comme d'habitude la trame est vertigineuse. Le talent de Thilliez reste celui de ne pas perdre son lecteur dans les différents fils et d'agrémenter le roman de données scientifiques à la limite du croyable.
    On suit une histoire très humaine : la quête des origines du petit Luca, né dans des conditions étranges. Mais très vite la romance se révèle transhumaniste, et là c'est carrément flippant.

    Un bouquin à lire avec quelques heures tranquilles devant soi, car il est impossible de se déscotcher des 500 pages avant la révélation finale !

    12/05/2019 à 12:48 12

  • Mapuche

    Caryl Férey

    9/10 Je découvre l'auteur avec ce roman. Subjuguée et emportée par les descriptions des paysages argentins, de l'ambiance électrique, des personnages attachants, j'ai parfois un peu plané dans l'intrigue, toutefois pas suffisamment pour être perdue. J'ai aimé l'humanité féroce de Jana, indienne convaincue et mordante, attachée à la justice, méchamment cramponnée à la vie. Belle belle rencontre littéraire, je file me procurer les romans précédents de l'homme.

    05/11/2012 à 12:50 4

  • Marketing viral

    Marin Ledun

    9/10 Rien que pour toutes les pistes de reflexions que ce roman suggère... j'ai beaucoup aimé! Et pour le reste, le rythme enlevé, les descriptions précises et bien brossées, le rôle des méchants sans virer dans le manichéisme primaire, l'ouverture que la fin propose: à quand la suite? C'est en cours, il me semble?? youpi!

    26/10/2009 à 08:04 3

  • Paz

    Caryl Férey

    9/10 Caryl Ferey réussit le nouveau tour de force de nous embarquer dans une géopolitique dense dépourvue de manichéisme. Où situer la Justice dans une Colombie en proie à son histoire ?
    Les personnages incarnent les multiples facettes du conflit et j'ai salué tout au long du roman la criticité détachée de l'auteur qui alterne entre faits documentaires glaçants et écriture de fiction.
    C'est ultra violent mais il n'y a pas de demi mesure possible dans cette quête fratricide dans le clan Bagader, où on rechigne tout au long du roman à se rappeler que non, l'amour n'est pas toujours vainqueur. J'ai voulu y croire toutefois dans les parcelles de lumière déclinante. Jusqu'au bout.
    Quel livre !

    18/11/2019 à 08:48 8

  • Porteurs d'âmes

    Pierre Bordage

    9/10 mon premier Bordage! j'ai bien apprécié l'alternance des chapitres, qui nous tiennent bien suffisament en haleine. Oh que oui il était bien celui là. avec des héros attachants...

    10/09/2009 à 21:55 1

  • Purgatoire des innocents

    Karine Giebel

    9/10 Une merveille de noirceur qui n'épargne ni les personnages, ni le lecteur, à savourer uniquement pour les amateurs du genre. En néophyte, ça doit bruler les yeux. Mais ciel ! quelle réussite.

    10/07/2013 à 17:00 5

  • Quand sort la recluse

    Fred Vargas

    9/10 Une excellente promenade en compagnie des habitués, le jeu des mots, les tours et détours, l'intelligence du propos et le fait détaillé toujours limpide, Fred Vargas se bonifie avec le temps. Les caractères des personnages de la Brigade sont explorés en profondeur, cela ajoute à l'histoire déjà fabuleuse, puisque c'est de cela dont on parle, une fable ! Comme le Lieutenant Froissy et ses contes de fées, j'ai adoré plonger dans ce délicat roman fait de toiles d'araignées et de nids d'oiseaux.

    15/06/2017 à 08:48 7

  • Rafael, derniers jours

    Gregory Mcdonald

    9/10 Rafaël ou comment la vie, l'espoir et l'amour renaissent de la mort programmée. Un récit court très bien écrit (et parfaitement traduit). Déconcertant, et poétique.

    16/09/2013 à 10:58 2

  • Raisons obscures

    Amélie Antoine

    9/10 Livre habile et détonnant.
    La construction est celle chère à l'auteur, deux facettes d'une même histoire.
    On parcourt la première partie à travers les yeux des quadra , les parents de 2 familles qui traversent des galères "habituelles" (voisinage, travail, désamour, illusions, crises familiales et professionnelles).
    La deuxième partie se passe au collège avec les filles des deux familles, et là, la tension monte d'un cran et c'est le cœur en étau que j'ai lu ces pages d'une violence désarmante.

    Les cloisons qui s'ignorent, bien montées entre les générations d'une même famille, sont le thème central de ce roman où tout s'enchaîne de manière inéluctable.

    13/12/2019 à 09:04 9

  • Regarde

    Hervé Commère

    9/10 Là où Hervé Commère continue d'être très fort, c'est qu'on lit "Regarde" avec les oreilles. Dès l'incipit, j'ai été charmée par la musique et les sons rythmés, clairs et lumineux du charleston, qui accompagnent le staccato des talons de Mylène, le charleston : cette paire de cymbales constitutives de la batterie dont joue Pascal, ce jeune homme de qui Mylène tombera follement amoureuse au point de renverser sa vie.
    La musique poursuit son épopée déterminante dans "Regarde", en bouleversant la vie de Mylène et de son batteur d'amant. Il a 26 ans et elle 45.
    Mylène, on l'avait déjà croisée dans Sauf. C'est merveilleux de retrouver l'univers cadencé de l'atelier de brocante et de s'attarder sur les vies de Mat, Anna et Gary. Aujourd'hui, dans Regarde, Mylène a une soixantaine d'années. Son train de vie de bourgeoise est du passé et désormais elle tente de reprendre pied dans une vie simple. Sauf qu'un doute, étayé par de nombreux indices, vient troubler son quotidien. Et si Pascal, poignardé en prison, était finalement encore en vie ?
    Outre la musique, l'amour est le ressort du roman. Le légitime, l'adultère, le fraternel, l'amical.
    Et le troisième ressort, on le découvre tardivement. Shakespearien. Sublime.
    Les paysages décrits par l'auteur sont ceux d'un amoureux des espaces sauvages. Les écrins décrits font partie intégrante du récit.
    Hervé Commère signe là un roman puissant, à l'image de cette femme qui ne perd jamais le pouvoir sur sa vie qu'elle mène avec élégance malgré les épreuves (qu'elle assume). C'est elle qui décide. Elle ne vit pas dans le regret, mais plutôt sur le qui-vive, toujours prête à se lancer.
    J'ai aimé Mylène.
    On termine ce roman, la main sur la poignée, avec Mylène et Gary. Prêts à regarder ? Foncez.

    23/03/2020 à 08:40 8

  • Replay

    Ken Grimwood

    9/10 Et je mesure ma note! Histoire originale et rondement menée, j'aurai aimé rencontrer Jeff et Paméla lors d'un de leur replay... Ce livre suscite plein d'interrogations et renvoit à des préoccupations bien quotidiennes. Sûre que je ne vais pas l'oublier de sitôt.

    11/11/2009 à 18:01 8

  • Rouge armé

    Maxime Gillio

    9/10 Travail documentaire de fou pour nourrir un roman intriguant et diablement bien écrit.
    Inge et Patricia, les deux principales protagonistes de cette histoire, forment un duo de juments terribles pour un rodéo enlevé qui surfe sur l'Histoire allemande des années 70-80.
    Je précise que je ne suis habituellement pas fan des romans historiques et que Rouge Armé mérite amplement son terme de roman noir.
    Une belle prouesse pour un brillant Maxime Gillio qu'on découvre dans un nouveau style.

    06/11/2016 à 20:03 6

  • Sauf

    Hervé Commère

    9/10 Le retour de mon chouchou comme si ce roman avait été écrit pour moi. Une succession de poupées russes , le drame familial fondateur qui va déployer ses tentacules, un quatuor de choc qui bouscule les codes tout en les parant de dorures, les absents qui brillent par leur présence. L’amour et l’argent , ces ressorts permanents, comme l’explique Gary, façonnent un roman à tiroir que j’ai dévoré de manière compulsive en 5 Heures.
    Les paysages sont superbes et le décor scandinave, berceau du dénouement , est tonitruant.
    Hervé, you rock !

    17/03/2018 à 10:07 9

  • Seules les bêtes

    Colin Niel

    9/10 Excellente surprise.
    Voilà exactement le bien fondé du prix PP : sortir de l’ombre un roman au titre peu attractif et à l’emballage loin de me séduire. Dans ce polar sans une goutte de sang versée (la morte l’est dès le début), cinq voix s’articulent pour traduire leur tranche de vie, originale, sans répétitions. Quel exercice périlleux ! Réussi. Le puzzle s’emboîte avec talent. A chaque nouveau chapitre, le style se renouvelle, diffère, et l’auteur nous fait voyager dans l’histoire incongrue d’Evelyne Ducat.
    Le Causse, magnétique, tourmenté, battu, isolé, est un décor simple, adapté et décrit de manière magnifique.
    La thématique du battement d’ailes du papillon qui génère mille rebondissements n’est pas sans me rappeler les parfaits livres d’Hervé Commère.

    03/02/2018 à 20:47 14