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Depuis le temps de vos pères
8/10 Dan Waddell conforte son statut d'auteur à suivre avec ce deuxième tome des enquêtes de Nigel Barnes, son héros généalogiste qui aide la police - au premier rang de laquelle l'inspecteur Foster Grant - à denouer les fils complexes d'investigations ne pouvant être résolues qu'en explorant le passé. L'intrigue met un peu plus de temps à se mettre en place et s'avère un peu moins prenante que celle de Code 1879, mais elle est élaborée, solide et au bout du compte, très intéressante.
Pour le reste, on retrouve avec plaisir les personnages du premier opus, que Waddell approfondit ; et surtout le recours à la généalogie comme moteur de l'enquête, que le romancier pousse encore plus loin en la confrontant aux technologies modernes (notamment à l'ADN).
Bref, c'est du très bon et j'en redemande !12/02/2012 à 00:23 2
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Le vrai con maltais
7/10 Quand Marcus Malte fait se rencontrer Dashiell Hammett et Gabriel Lecouvreur - avec une pincée de Léo Malet pour faire bonne mesure -, cela donne un bon petit Poulpe ! Un peu bavard parfois dans les dialogues, mais fidèle aux passages obligés de la série et à son humour (le premier chapitre est jubilatoire.) Pas le meilleur Malte du point de vue du style (le roman date cependant de 1999), mais cela reste de très bonne facture.
11/02/2012 à 23:45 3
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Adieu
5/10 Un roman aussi peu sympathique que son héros, le commissaire Langelier, imbu de lui-même, paranoïaque et étroit d'esprit, persuadé d'avoir raison seul contre tous et prêt à tout pour le prouver. Le style d'Expert est pénible, factuel, tristement journalistique ; la conclusion, assez prévisible, ce qui fait tomber à plat la pauvre tentative de twist final osée par l'auteur.
Comme beaucoup de livres moyens, ça se lit - et ça s'oublie, dans le même mouvement.
Bref, drôle de choix de la part des éditions Sonatine, qui nous avaient habitué à beaucoup, beaucoup mieux...12/12/2011 à 01:59 2
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Storyteller
6/10 Un thriller simple et efficace par la forme - même si Siegel abuse des phrases courtes et des retours à la ligne -, qui vaut pour son intrigue élaborée et son héros solide, qu'on ne peut qu'avoir envie de soutenir, lui qui est seul envers et contre tous par sa propre faute... On est quand même loin des "Hommes du Président" (comparaison flatteuse de la quat' de couv'), mais l'auteur tient son affaire jusqu'à la fin. Pas inoubliable, mais rapide et très agréable à lire, à l'américaine.
03/12/2011 à 20:43 1
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Croco-Deal
8/10 Des personnages aussi frappés qu'attachants, une intrigue rondement menée par un Hiaasen dont l'ironie fait mouche sans coup férir, jusqu'à un final complètement débridé. Mon premier Hiaasen, qui en appellera d'autres !
03/12/2011 à 11:46 2
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Le châtiment des hommes-tonnerres
8/10 D’une plume très sûre, Michel Honaker nous fait voyager dans l’Amérique du XIXe siècle avec ce western fantastique mâtiné de polar. Le mélange des genres fonctionne très bien : la partie western nous plonge, entre réalisme et folklore, dans une atmosphère Far-West que l’on connaît par cœur – pour l’avoir vue et revue dans d’innombrables films – mais que l’on retrouve toujours avec plaisir ; la dimension fantastique s’appuie sur des légendes indiennes, dont le peuple est évidemment très présent dans ce roman ; et l’aspect polar assure le rythme et le suspense du récit, notamment dans un premier chapitre saisissant, très cinématographique.
Le tout est rendu vivant par des personnages bien campés, pas forcément attachants mais tous marquants, avec leurs parts d’ombre et de lumière. (Mention spéciale en ce qui me concerne à Calder Weyland, le vieux cow-boy “courant d’air”.)
Un premier tome palpitant et très documenté, qui donne envie de découvrir très vite la suite de la série !03/12/2011 à 11:43 3
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Bettý
9/10 Quand Indridason met Erlendur entre parenthèses, c'est pour écrire une tuerie qui s'appelle Betty. Cette histoire mettant en scène une femme obsédante, fascinante - donc forcément fatale - est déjà en soi un très bon roman noir, dans les règles de l'art. Mais Indridason va plus loin et dépasse les codes du genre en nous flanquant une surprise mémorable. Dire plus serait criminel... Mais que vous soyez amateur ou non du romancier islandais, foncez, c'est du très très bon !
25/11/2011 à 20:53 5
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Samedi 14
8/10 C'est du Pouy bien frappé comme on l'aime : moqueur, irrévérencieux, dangereusement gauchiste, auteur de dialogues succulents et créateur de situations merveilleusement drôles (l'évasion de prison...) Et il sait aussi se faire émouvant, dans des pages d'amour tendres et inattendues. Un très bon cru pour lancer la nouvelle collection des éditions la Branche.
24/11/2011 à 23:27 2
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Quelque chose pour le week-end
8/10 Après avoir dynamité les codes du roman d'espionnage dans "Taxi, Take Off & Landing", Sébastien Gendron s'amuse avec ceux du célèbre nonsense britannique. Le résultat est hilarant, truffé de personnages plus frappés les uns que les autres et de pingouins cocaïnomanes, aussi dingues, aussi nuisibles et aussi drôles que les Gremlins de Joe Dante. Au passage, Gendron dézingue à tout va : la lâcheté des politiques, l’irresponsabilité écologique, ou tout simplement les mesquineries ordinaires qui font notre quotidien. Vous voulez quelque chose à faire pour le week-end ? Lisez Gendron !
24/11/2011 à 23:23 1
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Désolations
8/10 Mika a tellement tout bien dit que je pourrais me contenter de copier-coller son avis. Qu'ajouter ? Que "Désolations" est différent de "Sukkwan Island", que ceux qui ont aimé le premier roman de David Vann (notamment pour sa grosse surprise et le choc inédit que celle-ci procure au lecteur, lui en laissant souvent un souvenir indélébile) ne doivent évidemment pas attendre la même chose, sous peine d'être déçus... même si, en deux romans, Vann montre déjà qu'il a un univers propre, un sens des personnages, des atmosphères, des décors et de la tragédie qui lui sont propres. Un auteur à suivre, décidément.
24/11/2011 à 21:28 2
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Quelque chose dans la nuit
8/10 Une réussite singulière, surtout au sein d'un polar français parfois stéréotypé. Le rythme du récit peut dérouter au début : avant d’entrer dans le vif du sujet, le romancier prend le temps d’approfondir ses personnages, de fouiller leur psychologie et leurs histoires. Pour mieux nous aspirer dans la spirale démente du meurtrier, ce qui nous vaut quelques scènes angoissantes et éprouvantes, et une accélération progressive du tempo qui laisse peu au lecteur l’opportunité de respirer jusqu’à un final spectaculaire.
Les amoureux du "Boss" Sprinsgteen seront comblés. Ceux qui ne connaissent pas son oeuvre se passionneront pour l'analyse du phénomène fan développé avec intelligence par Mikaël Ollivier.
Bref, un polar rock et littéraire, vraiment original, pour ceux qui cherchent à sortir des sentiers battus du genre.24/11/2011 à 21:03 1
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Jusqu'à la folie
8/10 Bonne surprise finalement que cette deuxième publication en France de Jesse Kellerman. Autant "les Visages" m'avaient un peu déçu (surtout par rapport au déluge d'éloges l'accompagnant), autant j'ai été happé par la spirale infernale de ce thriller psychologique oppressant. Il ne faut certes pas s'attendre à une lecture haletante, Kellerman prend toujours autant son temps, mais les longueurs sont moindres ici et vite passées. L'immersion dans le monde hospitalier est très réussie, la montée de la tension et de l'horreur également.
Faute de hausser le ton, la fin manque un peu de punch et de surprise. Mais l'ensemble vaut le déplacement.24/11/2011 à 20:52 1
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L'Armée furieuse
8/10 Vargas fait du Vargas, ce qui en soi suffit largement - car il n'y a qu'elle pour savoir le faire. Tout ce qui plaît à ses fans est donc au rendez-vous : Adamsberg, toujours aussi pelleteur de nuages, et son armée d'adjoints déphasés ; le sens du décalage de l'auteur, sa manière bien à elle de raconter une enquête policière en privilégiant les personnages et les situations improbables au détriment du réalisme procédural (et tant mieux) ; une idée d'intrigue invraisemblable, tirant légèrement sur le fantastique comme dans le précédent opus, inspirée d'une légende médiévale...
Après, on peut lui reprocher de ne plus trop se renouveler, de ne plus vraiment faire avancer son héros (même si la relation d'Adamsberg avec son "grand" fils, Zerk, est assez bien trouvée) ; d'escamoter à nouveau Camille et son fils... Tout ceci est vrai, mais encore une fois, le Vargas nouveau est un bon Vargas, moment de lecture plaisir garanti, et c'est tant mieux !19/05/2011 à 22:54 2
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Moonlight Mile
7/10 C'est sans doute le roman le moins sombre de la série Kenzie-Gennaro, le moins drôle aussi - alors que dans les précédents, un humour virtuose s'invitait souvent dans les dialogues, équilibrant des situations plus violentes.
En contrepartie, Lehane joue avec des émotions plus nuancées, mène ses héros ailleurs (ils sont parents), ajoute un peu de mélancolie et pas mal de tendresse, et il le fait avec sa maîtrise narrative habituelle.
Moonlight Mile ne restera pas mon roman préféré de Lehane, ni de la série, notamment en raison d'une intrigue plus moyenne que d'habitude, comme si le romancier n'avait pas bien su où emmener son excellente idée de départ. Mais cela reste du Lehane, donc cela vole assez haut dans la stratosphère polardesque !19/05/2011 à 22:45 3
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Le signal
7/10 S'il ne s'anime véritablement d'un peu de suspense que dans son dernier tiers, Le Signal est avant tout un roman magnifique, émouvant, tant par les sujets qu'il aborde - les illusions perdues, les échecs de la vie, les amours finissantes -, que par la beauté des paysages du Wyoming dont Carlson éclaire son récit, au fil de descriptions saisissantes.
Un livre que l'on referme en ayant envie d'enfiler ses chaussures de randonnée, de partir en balade à cheval ou d'apprendre à pêcher à la mouche...19/03/2011 à 16:09 4
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Au-delà du mal
9/10 Plus de trente ans après sa publication initiale aux Etats-Unis, ce roman littéralement monstrueux reste d'une modernité saisissante. Alternant temps forts - moments de suspense aussi cruels et brutaux -, et des passages plus lents, plus détaillés, où l'auteur fait preuve d'une précision documentaire dans sa description de son époque ou ses réflexions sur la violence, la peine de mort, le traitement journalistique des faits divers, "Au-delà du mal" marque surtout les esprits par la manière dont il aborde la figure du tueur en série. On comprend pourquoi ce livre, dense et intense, a autant influencé nombre d'auteurs des années 80 et 90, de James Ellroy à Thomas Harris. Un incontournable sans doute, à condition d'avoir le coeur bien accroché, car certains passages sont extrêmement éprouvants...
19/03/2011 à 15:33 4
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L'Oeil de la Lune
7/10 Légère déception à la lecture de ce deuxième opus, que j'ai trouvé moins malin, un peu moins bien écrit, beaucoup plus bourrin et primaire que le premier. Peut-être le fait que l'effet de surprise ne fonctionne plus y est-il pour quelque chose... L'intrigue m'a paru également plus confuse, plus diluée, en tout cas sur une grosse première moitié du roman. Cela dit, notre auteur anonyme manie toujours aussi bien le suspense et la mécanique du page-turner, et le dernier tiers du livre m'a semblé renouer avec l'action, l'humour et l'originalité que j'avais adoré dans "Le Livre sans Nom", pour atteindre une fin effectivement inattendue et pour le moins ouverte.
Le pitch du troisième volume (à paraître en juin 2011) étant particulièrement alléchant, j'attends le résultat avec impatience !14/03/2011 à 10:59 1
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Fractale
7/10 Mon avis rejoint les précédents. Un très bon texte de Marin encore une fois, exploitant avec intelligence l'un de ses sujets favoris, la souffrance et l'aliénation au travail. On se prend juste à regretter qu'il soit un peu trop court, tant on devine que, s'il n'avait pas été soumis à une contrainte d'écriture très spécifique (une pièce radiophonique), Marin aurait pu aller encore plus loin, à la fois en terme de suspense et de traitement du sujet. Mais ça mérite le détour, à n'en pas douter.
14/03/2011 à 10:52 3
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Serena
10/10 Le premier roman de Ron Rash était brillant, le second confirme le talent du bonhomme au-delà de toute expression. Portrait de femme exceptionnel, reposant sur une intrigue noirissime dont la structure emprunte autant au drame élisabéthain qu'au grand roman américain, "Serena" est porté par un souffle admirable, un superbe travail sur la langue et un soin méticuleux apporté à la reconstitution d'une époque (l'histoire se déroule au début des années 1930, pendant la Grande Dépression qui suit la crise de 1929.) Comme dans "Un pied au paradis", Rash fait entrer en résonance l'intime obscur des âmes avec la nature et l'Histoire. Un roman fascinant, intelligent et vénéneux, qui monte inexorablement en puissance au fil des pages. Magnifique !
06/02/2011 à 22:27 5
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Zone Est
9/10 Un thriller d'anticipation époustouflant, dans lequel Marin aborde avec brio ses sujets de prédilection (nanotechnologies, dictature marketing et technologique, rapport entre corps et machine...) sans jamais négliger la mécanique du suspense. Spectaculaire, intense, brillamment "mis en scène", Zone Est repose en outre sur des personnages ultra-crédibles, forts et attachants, Zigler et la sublime Sylia en tête. Marin se renouvelle tout en poursuivant une oeuvre singulière et audacieuse. Bravo !
06/02/2011 à 20:51 2