Dodger

471 votes

  • L'affaire de Road Hill house

    Kate Summerscale

    8/10 Récit véridique d’une enquête criminelle ayant fait grand bruit dans l’Angleterre des années 1860, ce livre remarquablement documenté se dévore également comme les meilleurs des polars, grâce à la plume vive et inspirée de Kate Summerscale.

    09/07/2010 à 18:11 1

  • Shell

    Benoît Virole

    7/10 Ce polar ingénieux est tendu entre la violence du monde réel et celle des univers virtuels, qui plongent les joueurs dans des sociétés revisitées, aux contours à la fois utopistes et ultra-réalistes. Fin spécialiste de ces questions, Benoît Virole entremêle ces deux dimensions dans une intrigue très habile, qui fait de Shell un premier roman ludique et original.

    09/07/2010 à 18:08 1

  • Pirates

    Michael Crichton

    6/10 6,5 pour cet ultime roman de Michael Crichton difficile à noter, pas parce qu'il est posthume, mais parce que le bon moment de lecture que l'on peut passer à le dévorer ne dissimule pas toujours les nombreux clichés (notamment sur les personnages) qui encombrent le récit et le privent de toute originalité. Sans égaler les maîtres du genre, Alexander Kent et Patrick O'Brian en tête, Crichton se sort plus qu'honorablement des scènes de navigation et d'action maritime, et l'on se plonge sans difficulté dans l'atmosphère bouillonnante de la Jamaïque du XVIIe siècle grâce à l'habileté narrative et descriptive de l'auteur. A l'arrivée, un roman d'aventures sympa, idéal pour des vacances sans prise de tête, mais dont il ne faut pas trop exiger.

    09/07/2010 à 18:05 1

  • La Maison où je suis mort autrefois

    Keigo Higashino

    7/10 Un roman d'atmosphère intimiste dans le plus pur style des histoires d'angoisse à la japonaise, où l'on se laisse prendre de manière insidieuse par l'ambiance pesante de ce quasi huis clos. L'auteur dévoile petit à petit les éléments du mystère et tient son lecteur en éveil grâce à quelques révélations bien placées et bien trouvées. Sans être révolutionnaire ni palpitant, un bon petit roman à suspense.

    05/07/2010 à 09:58 5

  • Ne les crois pas

    Sebastian Fitzek

    7/10 Un deuxième polar (après "Thérapie") qui confirme l'habileté de Fitzek à captiver la curiosité de son lecteur et à lui faire tourner les pages de son roman à toute allure. J'ai trouvé l'intrigue un peu plus classique néanmoins, tirant trop vers le registre "blockbuster hollywoodien", et certaines ficelles - notamment psychologiques - un peu grosses. Mais rien qui n'empêche les amateurs de thrillers de passer un très bon moment.

    25/06/2010 à 08:15 2

  • Mort à Denise

    Sébastien Gendron

    9/10 De la verve, de l'humour, de l'imagination, de la castagne et du style : Sébastien Gendron s'empare du Poulpe avec bonheur en l'envoyant faire la révolution du côté des îles Grenadine... Réjouissant et totalement réussi !

    08/06/2010 à 22:19 2

  • La peur elle-même

    Laura Sadowski

    5/10 Une déception, d'autant que le pitch et le sujet étaient prometteurs. Je n'ai pas vraiment cru à cette histoire, et surtout pas à son héroïne, d'une naïveté telle qu'elle m'a vite paru insupportable, et impossible à suivre - d'autant plus que la psychologie de l'ensemble des personnages est atteinte du même mal. Plus ennuyeux encore pour moi : l'écriture, assez approximative, et plombée notamment par des horreurs dans les concordances des temps, qui me font me demander si l'éditeur a fait son travail de relecture correctement. Certes, si cela m'a gêné, cela ne m'a pas empêché d'aller au bout de ce roman, qui se lit vite et facilement. Les explications finales sont d'ailleurs intéressantes et relèvent un peu le niveau, mais elles me laissent le même goût d'inachevé qui me fait penser, au bout du compte, que Laura Sadowski n'a pas réussi à se montrer à la hauteur de l'ambition de son récit.

    21/05/2010 à 22:56 1

  • Une histoire d'amour radioactive

    Antoine Chainas

    7/10 Tout est dans le titre... Dans son quatrième roman, Antoine Chainas s'essaie (et plutôt bien, d'ailleurs) à une histoire d'amour - mais en la nimbant de toutes ses obsessions thématiques : malaise social, maladie, contagion, virus, épidémie... avec en prime, cette fois, une pincée de radioactivité.
    Le résultat est à l'image de l'oeuvre de Chainas : définitivement inclassable, à la fois fascinante par son inventivité et déroutante, voire dérangeante, par sa morbidité, sa crudité et ses excès pleinement assumés.
    Néanmoins j'ai terminé la lecture de ce roman avec une impression un peu désagréable, pouvant se résumer en une seule question : à quoi bon ? A posteriori, il me semble que "Versus" contenait un propos authentique dont cette "Histoire d'amour radioactive" est un peu dépourvue, finissant par ressembler à ce qu'est la centrale de Tchernobyl aujourd'hui : une coquille vide, pourrissante et mortifère.
    Ecrivain doué (et ce roman, formidablement écrit, plus classique dans la forme et sans doute le mieux maîtrisé du point de vue du suspense, le prouve une nouvelle fois), Antoine Chainas pourrait finir par s'exposer à n'être plus que la bête curieuse du polar français, s'il ne prenait soin d'insuffler encore plus de profondeur à ses propos - qui n'en manquent pas, mais sans doute se doit-on d'être particulièrement exigeant sur ce point avec un auteur dont le potentiel est aussi puissant et aussi singulier.
    Bref, voilà encore une véritable expérience de lecture, qui suscite invariablement la curiosité et la réflexion - ce qui est déjà, en soi, une bonne raison de s'y essayer !

    02/05/2010 à 09:56 1

  • Green River

    Tim Willocks

    9/10 Un choc authentique. Puissance du style, violence parfois hallucinante mais toujours maîtrisée, intensité de personnages évoluant tous, toujours, entre ombre et lumière, profondeur de réflexions qui exploitent avec originalité le cadre de l'intrigue : avec ce huis-clos carcéral tenu de bout en bout, Tim Willocks plonge dans le Styx de l'âme humaine avec une noirceur assumée, sans jamais négliger de se montrer nuancé quand il le faut. Univers clos mais pas forcément claustrophobique, Green River est un cadre extraordinaire dont l'auteur exploite chaque recoin avec une maestria narrative qui force le respect.

    13/04/2010 à 19:15 2

  • Noir Océan

    Stefán Máni

    6/10 Je n'ai malheureusement pas réussi à embarquer sur le navire infernal de Stefan Mani. J'ai trouvé trop longues et laborieuses les 80 pages d'exposition des personnages et de leurs situations avant d'enfin monter sur le bateau ; et ensuite, l'effet labyrinthique recherché par l'auteur dans sa description du cargo, reflet des âmes tourmentées de tous les personnages (pas un pour rattraper les autres), m'a trop perdu pour que je parvienne à prendre du plaisir à cette histoire d'une noirceur éprouvante. J'ai un peu le sentiment d'être passé à côté de quelque chose, mais malgré mon insistance, je n'ai pas réussi à être convaincu par ce roman. Dommage !

    03/04/2010 à 21:40 2

  • Discount

    Laurent Bonzon, Denis Bretin

    9/10 Fidèles à leurs excellentes habitudes, Denis Bretin et Laurent Bonzon changent une nouvelle fois de style et de perspective, pour signer cette fois un roman court et vif en forme de comédie noire complètement déjantée, cruelle et méchamment drôle. En plantant leur intrigue dans un hypermarché, l'un de ces temples gigantesques et sans âme, érigés à la gloire d'un capitalisme de plus en plus débridé et qui pullulent à la périphérie de nos villes, ils font voler en éclats avec une jubilation manifeste le miroir déformant de notre société de consommation. Transformant chaque article en vente dans les travées du magasin en arme de destruction potentielle - au moins intellectuelle, si ce n'est physique -, ils livrent leurs personnages, hilarante armée de losers et de minables aux rêves étriqués, à un jeu de massacre réjouissant.
    Comme ils aiment à le faire, les deux romanciers en profitent pour s'emparer d'un genre codifié - ici, le récit de prise d'otages - pour mieux s'en jouer et le pervertir. Ils piétinent au passage la médiocrité télévisuelle, incarnée par le miroir aux alouettes de la téléréalité, et servent le tout avec un style plein de punch et hérissé d'un humour mordant, parfois potache mais jamais trop. Sans surprise en ce qui me concerne, voici la confirmation que le duo Bretin & Bonzon figure parmi les auteurs les plus créatifs et singuliers du polar français.

    03/04/2010 à 18:11 4

  • Le Camp des Morts

    Craig Johnson

    9/10 C'est avec un plaisir intact que l'on retrouve le shérif Walt Longmire, ses acolytes et son Wyoming, dans une deuxième enquête où tous les ingrédients qui faisaient la réussite du premier opus sont à nouveau réunis : une écriture enlevée et poétique, de l'humour, beaucoup d'humanité et de chaleur (et ce, malgré les températures glaciales qui pétrifient nos héros), une nature et un environnement formidablement décrits et, bien entendu, des personnages si bien campés qu'on n'a aucun mal à leur donner trait et vie en imagination.
    S'ajoute à tout ceci, cette fois, une intrigue un peu plus élaborée que celle, assez classique, de "Little Bird", avec une plongée dans une sombre histoire de famille assaisonnée à la sauce basque - les membres de cette communauté, assez représentée au Wyoming, étant au coeur du roman. L'occasion pour Craig Johnson d'élargir le propos et de livrer une réflexion juste et émouvante sur le temps qui passe, l'amitié, l'amour... sans jamais se montrer lourdement démonstratif ni larmoyant. "Le Camp des morts" confirme le talent d'un auteur attachant et pertinent, dont on peut se réjouir d'attendre au moins quatre nouveaux romans, à paraître dans les prochaines années.

    03/04/2010 à 17:37 6

  • La Conspiration des Ténèbres

    Theodore Roszak

    10/10 Par son ampleur, la virtuosité de son style, la densité et l'épaisseur de son intrigue comme de ses personnages, "La Conspiration des ténèbres" mérite parfaitement, selon moi, l'appellation de chef d'oeuvre - qui m'a souvent fait penser à "L'Ombre du vent", mais en beaucoup plus littéraire et érudit, et prenant le cinéma comme sujet. L'élaboration de l'histoire est si convaincante que Roszak parvient à rendre l'existence de Max Castle, le cinéaste maudit, plus réelle que celle de bien d'autres réalisateurs existant ou ayant existé...
    En revanche, pour bien apprécier ce roman, il vaut mieux être prêt à prendre son temps et ne pas l'aborder en pensant qu'il s'agit d'un thriller, contrairement à ce que semblent vouloir prétendre le médiocre titre français et la couverture tape-à-l'oeil de l'édition de poche. Quand on sait qu'il n'y a pour ainsi dire aucun meurtre, on voit mal comment on pourrait lui coller cette étiquette beaucoup trop réductrice, qui ne rend pas justice au travail phénoménal de Theodore Roszak.

    03/04/2010 à 16:27 4

  • La Nuit glaciale du Kaamos

    James Thompson

    6/10 Un polar très noir mais qui ne m'a pas laissé un souvenir particulier (pas forcément bon signe, ça...) Son intérêt majeur est de nous faire découvrir certains aspects de la culture finlandaise, avec un regard un peu distancié car l'auteur, s'il vit en Finlande, est d'origine américaine. A part ça, certains rebondissements sont assez prévisibles, d'autres totalement téléphonés... A l'arrivée, ça se lit mais ce n'est pas transcendant.

    21/02/2010 à 19:50 1

  • Quai des Enfers

    Ingrid Astier

    8/10 Globalement le même avis que Nico. Ingrid Astier, qui fait preuve d'une jolie plume, décrit particulièrement bien Paris, et surtout la Seine, véritable héroïne de son polar. Un défaut : à force, j'ai eu le sentiment d'un trop-plein, que ce soit de personnages - même s'ils sont globalement bien campés - ou de thématiques - bien que l'auteur sache rendre la plupart intéressantes, grâce à un travail de documentation remarquable. A vouloir peut-être trop prouver, Ingrid Astier passe d'une oeuvre foisonnante à quelque peu étouffante, et finit par négliger un peu son intrigue, ainsi que la fin, plus faible et moins originale que le reste. Mais pour un premier roman, c'est tout à fait prometteur et ça vaut largement le déplacement.

    21/02/2010 à 18:41 1

  • Les canards en plastique attaquent

    Christopher Brookmyre

    9/10 Si la dimension polar n'apparaît clairement que dans le dernier tiers du livre, ce roman - qui n'a rien d'une farce potache, contrairement à ce que le titre pourrait laisser penser - m'a totalement emballé et passionné. Brookmyre s'amuse avec son lecteur en n'ayant de cesse de le faire douter par de très habiles manipulations littéraires. Comme les différents personnages qui croisent la route de Gabriel Lafayette, et qui prennent tour à tour la parole - multpliant ainsi les points de vue et les raisons de douter -, on est régulièrement partagé sur les étonnantes capacités du médium, et même le plus cartésien des lecteurs aura des motifs d'hésitation et de trouble, pour peu qu'il accepte de jouer le jeu. Ce qui n'est pas trop difficile, tant ce roman est formidablement mené, très bien écrit, avec de petites touches d'humour anglais toujours bienvenues.

    20/02/2010 à 10:35 2

  • La Onzième Plaie

    Aurélien Molas

    5/10 Un premier roman qui s'inscrit dans la lignée du thriller français actuel, parsemé de meurtres très violents et de descriptions sanguinolentes qui m'ont rapidement lassé. La construction en intrigues parallèles m'a parfois semblé confuse, et j'ai eu un peu de mal à en venir à bout, malgré le rythme élevé du récit et la tension, très forte (trop ?), que l'auteur parvient à maintenir jusqu'au terme de son histoire. Au moins n'est-ce pas trop mal écrit, bien que sans relief particulier non plus, dans un style visuel plus ou moins inspiré de celui de Grangé. Bref : franche déception en ce qui me concerne.

    16/02/2010 à 17:26 2

  • Mortelle collection

    Didier Sénécal

    8/10 Sénécal tisse une histoire réjouissante, dont il faut cependant reconnaître que la résolution du mystère n’est pas le principal intérêt. Tout tient dans la manière dont il enchaîne les péripéties rocambolesques de son héros sans sourciller, en s’arrangeant pour diluer les invraisemblances – assumées – du récit dans une documentation infaillible (marque de fabrique de Sénécal, dont le travail de fond est toujours formidable). Ici, il réussit l’exploit de nous faire nous passionner pour le monde étriqué des collectionneurs, et en particulier des monomaniaques de Bonaparte, avec une humour léger et irrésistible qui est l’une des clefs majeures de sa réussite. La narration à trois voix, bien équilibrée, n'est pas pour rien non plus dans le plaisir que l'on prend à dévorer ce roman une nouvelle fois très réussi.

    16/02/2010 à 17:18 2

  • Bien connu des services de police

    Dominique Manotti

    7/10 Très réaliste par sa description du quotidien des flics, surtout ceux de terrain, le nouveau roman de Manotti fascine par son ambition narrative, qui mêle tant et si bien le parcours de différents personnages qu'il ne s'en dégage aucun "héros" - et c'est bien son propos ici : face à la violence, face à un monde flou et mouvant où la définition même de bien et de mal n'a plus cours, il n'y a plus que des êtres humains démunis, qui tentent de s'en sortir comme ils peuvent. Brutes, rêveurs, idéalistes, politiciens roués : du haut en bas de l'échelle, tous, à un moment ou à un autre, percutent le mur du réel avec plus ou moins de dégâts. Un polar sombre et désenchanté, parfaitement mené de bout en bout, même si le style est parfois apauvri par quelques facilités et faiblesses évitables.

    15/02/2010 à 18:56 5

  • Un singe en Isère

    Marin Ledun

    8/10 Marin Ledun se glisse comme une évidence dans la peau du Poulpe ! Mieux, alors que certains des précédents opus de la série semblaient avoir plongé le héros libertaire créé par Pouy dans une neurasthénie qui ne lui allait guère, Marin le réveille de toute la saine colère dont il est coutumier dans ses propres romans. Il faut dire qu'ici, entre magouilles politiques, intérêts financiers disproportionnés, problématiques écologiques et la nécessité d'arracher le fils d'un de ses meilleurs amis des griffes de la justice, Gabriel Lecouvreur a de quoi faire... Maîtrisant son sujet de bout en bout, Marin Ledun ajoute sans faillir un très bon chapitre à la saga du Poulpe.

    15/02/2010 à 18:27 2