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Les Disparus du phare
8/10 Peter May fait partie des auteurs dont je peux me procurer les romans les yeux fermés. Je suis pratiquement certain qu’il va me faire rêver à me raconter les îles écossaises qu’il chérit tant à travers une énigme passionnante.
Les Disparus du phare ne déroge pas à cette règle. Cette histoire démarre par un homme qui se retrouve rejeté par la mer sur une plage. Il ne sait plus qui il est, les raisons de sa présence sur cette île. C’est en fouillant la maison qu’il occupe, qu’il prend connaissance qu’il n’est pas celui qu’il prétend être : ce Neal Maclean qui est décédé. Il n’y a aucune trace du livre qu’il est censé écrire sur cette histoire de gardiens de phare disparus sur l’île des Flannan. Alors il doute de lui, de ses voisins (à part de la femme de son voisin, la belle Sally, qui est apparemment sa maîtresse et de son fidèle chien Bran).
Pour retrouver la mémoire, avec l’aide de Sally, il revient sur ses traces et notamment sur l’île des Flannan, où il découvre le corps d’un homme assassiné. Et c’est l’effroi. Il pense qu’il pourrait être son assassin.
C’est une histoire captivante que Peter May a construit avec Les Disparus du Phare. Je regrette ce titre trompeur car l’Ecossais n’écrira que quelques lignes sur ces gardiens de phare. Ici, l’essentiel se trouve dans cette quête d’un homme sur son identité et sur les raisons de sa présence sur l’île. Un mystère qui prend son origine dans un complot effrayant.13/12/2024 à 08:56 4
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Dans les eaux du Grand Nord
9/10 Ancien médecin militaire de la Guerre anglo-indienne, ayant été déchu de son droit d’exercer, Patrick Sumner voit dans son embarcation sur le Volunteer, un baleinier anglais, une occasion d’exercer son savoir-faire et de renflouer ses caisses. S’il envisageait un simple périple sans incident ni heurt, Patrick Sumner va côtoyer, à côté de la crasse et de la vulgarité des marins, le côté le plus pervers et malsain de l’homme : sa cruauté et sa sauvagerie. Car, pour sauver sa peau, l’homme tue. Car, pour de l’argent, l’homme vole. Car pour son plaisir, l’homme est prêt à toutes les monstruosités.
Les baleines, victime d’une chasse intensive, se font plus rares. Il faut pêcher encore et toujours plus loin, près des icebergs, mettant en danger les marins. Elles rapportent de moins en moins également. Le pétrole qui vient d’être découvert constitue un combustible moins odorant et onéreux que la graisse des baleines. Au milieu de cette tension, Sumner va devoir soigner différentes blessures et découvrir le meurtrier d’un jeune matelot. Et par là-même, sauver sa tête alors que le Volunteer est en proie à une terrible et macabre machination.
Ian McGuire m’a véritablement transporté dans cette périlleuse chasse à la baleine. D’une écriture sèche et directe, brutale et sans fioriture, ce livre n’a pas de temps morts. Quelques scènes mémorables par leur horreur glaçante (le destin du jeune matelot et son autopsie) et d’autres remplies d’humanité (Sumner recueilli par ce prêtre missionnaire et sa rencontre avec ce peuple de chasseurs qui le prend pour un sorcier).10/12/2024 à 12:10 9
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Les rêves échoués
7/10 Clarisse est une élève très difficile. Diagnostiquée HPI, tout est prétexte pour qu’elle exprime sa colère envers ses professeurs. Ses parents n’arrivent pas à canaliser ses excès de violence. Séparés, ils font preuve d’absence, la mère s’étant réfugiée dans l’alcool, et son père dans les petites minettes.
Après avoir incendié à l’alcool à brûler la voiture d’un de ses professeurs, et redoutant les conséquences de son acte, Clarisse décide de partir de chez elle. Elle souhaite retrouver à Paris Sergio, un jeune homme romantique avec qui elle échange par mail et qui l’emportera loin à bord de son scooter rouge. Mais elle va se trouver face un homme âgé qui tente de la violer. Elle ne devra son salut qu’à Tony. Etrange jeune homme, celui-ci va prendre Clarisse sous son aile. Ils partiront ensemble au Portugal, apprendront à se connaître et à s’aimer.
Les rêves échoués, c’est un road trip sentimental par lequel on découvre la beauté du Portugal, les traditions et les valeurs humaines de la population. On découvre surtout deux jeunes perdus en quête d’eux-mêmes dans un monde incompris. J’ai pris ce livre, au final si prévisible comme une carte postale apportant un peu de lumière dans le milieu du noir où j’aime me noyer. Un roman triste, malheureux mais rempli d’un amour jeune et innocent.09/12/2024 à 14:55 2
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Les Deux Visages du monde
9/10 Toya, une jeune artiste afro-américaine, est venue passer l’été chez Vess, sa grand-mère maternelle, à Sylva, Etat de Caroline du Nord. Toya est aussi une activiste militantiste et aime, par ses actions, dénoncer l’histoire ségrégationniste de l’Etat.
L'adjoint du shérif Ernie Allison arrête un vagabond armé, endormi dans sa voiture. Sa carte d’identité est au nom de Willy Dean Cawthorn, originaire du Mississipi. Ernie constate, au regard des vêtements présents dans le véhicule qu’il est devant un suprémaciste blanc, membre apparent du KKK. Le lendemain de cette interpellation, Ernie qui voulait récupérer dans la voiture de cet inquiétant individu, l’étrange carnet d’adresses de notables locaux, constate qu’il a disparu. Et sa libération prématurée, ne comporte aucune justification.
Après avoir souillé de peinture rouge sang la statue d’un guerrier confédéré, Toya se voit arrêter par le shérif John Coggins. Ancien ami du défunt mari de Vess, il somme la grand-mère de surveiller sa petite fille. La population locale aspire à vivre en toute sérénité. Mais la tension est là. Toya est sommée d’assumer ses actes, et activistes blancs souhaitent aussi faire entendre leur voix. Willy Dean Cawthorn va tout faire pour que la situation explose. Et les drames arrivent… Un meurtre terrible et le corps violenté d’Ernie, laissé pour mort.
David Joy, auteur que je suis indéfectiblement depuis son premier livre, m’a, avec Les Deux Visages du monde, pris aux tripes. Ce roman noir est son meilleur à son jour. Le ton est juste, posé, même s’il est sensible, pour évoquer (sans vraiment prendre parti) le racisme, un passé esclavagiste enraciné culturellement, une histoire locale dépassée… Une société qui a évolué, dont le racisme ne se montre plus avec des cagoules blanches, mais qui se montre plus insidieuse, plus dangereuse car moins visible. David Joy se veut ici montreur en image arrêtée d’une société non pas archaïque, mais qui doit avancer avec toutes les composantes de cette société qui, de nos jours, montrent ses deux visages : belle quand elle est unie, et dévastatrice quand elle se divise.03/12/2024 à 16:12 6
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Ce qu'il nous reste de Julie
8/10 Sébastien, jeune écrivain, termine l’écriture de son nouveau roman. En échangeant avec le libraire du quartier, il repart avec dixit « le futur best-seller », intitulé Le Temps d'un Eté, premier roman de L.J. Dexley, jeune autrice anglaise dont la maison d’édition fait tout un mystère. Et à la lecture de celui-ci, digne d’un policier écrit par Agatha Christie, Sébastien en reste coi : les faits, les personnages, les lieux,… le ramènent à Julie, sa jeune amie, tuée par un serial-killer, il y a 20 ans, mais dont on n’a jamais retrouvé le corps. Hasard, coïncidences troublantes ? Ces ressemblances le poussent à retourner à Sainte Geneviève, sa ville natale pour y retrouver ses amis d’enfance, dont il n’est pas revenu depuis le terrible drame.
Arnaud est devenu policier à Sainte Geneviève, Émilie, psychologue dans sa ville natale et Vincent parcourt le monde, guitariste d’Amy MacDonald. Personne n’a oublié Julie, ni Audrey, toutes les deux victimes de Tramard, mort depuis, sans livrer d’explication ni dévoiler le lieu où les corps se trouvent. Pour Sébastien, L.J. Dexley doit détenir sinon les clés, au moins des explications : comment cette autrice peut connaître des faits que seuls eux 5 avaient connaissance ? Des hypothèses des explications les plus loufoques se trament dans leur tête ? Et si… Julie n’était pas morte ? Et si c’était elle qui avait écrit Le Temps d’un été ? Une seule solution : découvrir qui est cette mystérieuse L.J. Dexley.
Ce qu’il nous reste de Julie possède d’immenses qualités. C’est un roman qui se dévore, tant on a envie de découvrir les explications de ces meurtres et de cette mystérieuse L.J. Dexley. Il se lit vite, grâce aux nombreux dialogues et chapitres courts. Véritable page-turner, il possède aussi bien des personnages attachants qu’une énigme prenante et efficace. Toutefois, les situations facilitantes le bon déroulement de cette « enquête » ont un peu gâché le plaisir de cette lecture. Ce roman dans le roman est, bien qu’utilisé dans des romans similaires (on ne peut pas ne pas trouver quelques similitudes avec La Vérité sur l’affaire Harry Quebert de Joël Dicker), un peu léger : comment qualifier de roman, quand on constate qu’il n’a que 40 pages ? Mais je reconnais être un peu exigeant comme je reconnais les qualités de ce livre. Ma première lecture de cet auteur, mais pas le dernier. Belle découverte.03/12/2024 à 14:58 6
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Les Morts de Bear Creek
8/10 C’est à cause de la disparition inquiétante d’un mari, qui s’avèrera être avec sa maitresse, que la sauveteuse de Recherche et Sauvetage, aidée par le flair de son chien, va découvrir les restes de deux cadavres qu’un ours affamé à déterrer, aux sommets du Sphinx.
La shérif Martha Ettinger va solliciter l’aide de Sean Stranahan, grand connaisseur de la nature. Guide pêcheur, il va également être sollicité par ce Club des menteurs et monteurs de mouches, pour enquêter sur un vol de ces appâts artisanaux en forme d’insecte dont certains, les plus prestigieux et anciens, valent une somme rondelette.
Si l’intrigue développée par Keith McCafferty fait froid dans le dos, ce sont ses galeries de personnages, avec en tête, son personnage principal, Sean Stranahan, qui ont retenu toute mon attention, comme, bien évidemment, la nature, le décor sublime du Montana, ses rivières et ses montagnes. Ces vieux loufoques de ce Club au nom prédestiné sont de vrais hippies, de vrais épicuriens, avec qui on aimerait passer des soirées autour d’un bon whisky. Et que dire de Martinique, cette serveuse dans un coffee shop, étudiante en véto ? Sean Stranahan, ce pêcheur au grand cœur, nous séduit autant que pour sa personnalité que pour ses enquêtes. Une série attachante et séduisante.
25/11/2024 à 15:51 6
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Et la mer profonde et bleue
7/10 Harry Goddard, producteur de cinéma, dérive à bord d’un pauvre canoë de sauvetage. Son voilier ayant sombré quelques jours plus tôt, Harry économise la seule bouteille d’eau qu’il a réussi à emporter avec lui. La nuit engouffrant la lumière du jour et tout espoir de survie, Harry voit les lumières d’un bateau, en panne. Alors qu’avec ses dernières forces, il tente de rejoindre ce cargo, il ne devra son sauvetage qu’à une passagère qui regardait par hasard les vagues de cet océan.
Battant pavillon panaméen, Harry découvre ce bateau, son équipage et ses passagers. Alors qu’il pense arriver tranquillement à bon port, il est témoin d’une tuerie à bord. Et l’étrange comportement de l’équipage et de passagers l’intrigue profondément. Lui, producteur de cinéma, pense être témoin d’un drôle de scénario. Il est intimement persuadé qu’il ne s’agit pas d’un assassinat de sang-froid, mais d’un acte prémédité pour faire disparaître des criminels nazis. Mais à qui peut-il se confier ? Et s’ils étaient tous complices de cette machination ?
Charles Williams offre avec Et la mer profonde et bleue un livre à l’intrigue intéressante et subtile. Je regrette toutefois quelques longueurs ou divagations qui plombent la fluidité de cette lecture.25/11/2024 à 14:46 2
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À l'ombre de Winnicott
Ludovic Manchette, Christian Niemiec
6/10 Angleterre, 1934. Viviane Lombard, jeune institutrice française, vient prendre ses fonctions de préceptrice auprès de la famille Montgomery, vivant dans leur manoir de Winnicott. Elle fait ainsi la connaissance de George, ce petit garçon aveugle de dix ans, à l’esprit aiguisé et à la curiosité sans faille, un petit garçon très attachant. Ses parents, Lucille, la mère, qui voue une passion pour son club de lecture et Archie, le père, qui se passionne pour l’archéologie, ont quitté Londres pour s’installer dans cette demeure familiale où ils y ont entrepris des travaux. Cette communauté, à laquelle s’ajoutent les domestiques, pourrait vivre paisiblement si ce n’était quelques événements « anormaux » : tableaux qui bougent, bruits de pas, lustre qui tombe, meubles qui se déplacent…
Les membres de la communauté sont effrayés par ces événements inexpliqués. En l’absence de son père, parti en Irak, et sans avoir reçu ce cadeau tant attendu, un chien de compagnie, George parle à Tobias, un ami imaginaire, à moins qu’il ne s’agisse d’un fantôme. Dans cet environnement, Viviane trouve toujours des parades ou des explications aussi rationnels qu’honnêtes pour ne pas effrayer George. Une complicité va s’instaurer qui va permettre à George de vivre pleinement son enfance.
C’est ce couple attachant, qui sauve cette histoire d’une complète banalité. Car cette histoire de fantôme est d’un cliché sans nom. J’ai cru tenir entre les mains un conte pour enfant de 6 ans, tant c’est creux. Un livre rempli de dialogues qui permettent de parvenir très rapidement au bout de ces 500 pages. Seules quelques réflexions ou phrases prêtant à sourire sauvent cette histoire aussi convenue que quelconque.18/11/2024 à 14:34
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Les Visages écrasés
8/10 La sélection médicale est-elle la nouvelle forme d’organisation du travail ? La mort, l’unique solution pour les personnes qui ne supportent plus de travailler ? Face à la souffrance des salariés, quelle réaction adopter ? Les traiter de lâches ou les ignorer ? Sont-ils coupables de vouloir dénoncer ce qu’ils subissent ou sont-ils malades ? Telles sont les réflexions voire états d’âme de Carole Matthieu, docteur en médecine de travail dans ce centre de téléphonie près de Valence, où sévissent le management archaïque, les mises au placard, harcèlements moraux,…
Carole Matthieu a tué un de ses patients, une balle dans la tête. Il s’appelait Vincent Fournier, et ses traitements et arrêts de travail n’y suffisaient plus. Elle a donc décider de mettre fin à ce calvaire. Une manière pour elle de dénoncer les méthodes managériales de la boîte. Les suicides, les agressions physiques et psychologiques se succèdent sans que la hiérarchie ne réagissent.
Tuer mais se dénoncer bien évidemment. Elle y est prête, elle se soumettra aux policiers. Mais voilà, que le gardien de nuit est arrêté. Cela contrarie les plans de Carole.
Les visages écrasés est bien évidemment un livre sur la dénonciation des méthodes managériales où l’humain, la bienveillance sont des mots étrangers et qui renvoient aux drames des salariés morts de France Télécom en 2009. Sur un sujet encore d’actualité, en 2024, dans le privé, comme dans le public, Marin Ledun a offert un roman noir où la tension psychologique est à son comble. La souffrance des protagonistes est omniprésente et le lecteur a hâte de connaître le dénouement de cette triste et désespérante histoire.15/11/2024 à 15:41 5
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Trauma(s)
9/10 C’est avec une légère déception que j’avais refermé le tome 1 de Et chaque fois, mourir un peu. Je n’avais pas reconnu le style de l’auteure qui, avec ce tome 1, nous faisait voyager avec Grégory, cet infirmier humaniste, dont la vie ne lui a rien épargné, au cœur des différents conflits du globe. Ce catalogue de guerres et d’horreurs humaines avait pour mérite de faire prendre conscience au lecteur que la paix est une notion étrangère à l’homme.
J’avais toutefois refermé le livre en caressant l’espoir que le tome 2, Trauma(s) et donc la suite de Et chaque fois, mourir un peu allait me permettre de retrouver le plaisir pervers de l’auteure à maltraiter le lecteur, à le torturer psychologiquement, à lui faire traverser toutes les émotions, dont surtout l’effroi.
Et Trauma(s) m’a procuré ce « plaisir » retrouvé. Ce tome 2 dépasse la qualité du précédent volume. « Huis-clos », torture psychologique… J’ai été enfermé dans cette effroyable histoire. Un emprisonnement physique et psychologique. J’ai été surpris par ce twist, à tel point que j’ai dû vérifier que l’exemplaire du livre n’avait pas subi un problème d’impression. J’ai d’autant plus aimé ce revirement de l’histoire. Et chaque fois, mourir un peu est malgré tout une histoire d’amitié indéfectible entre deux hommes dont la vie a été cruelle.
13/11/2024 à 14:38 7
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Moi, mentir ?
7/10 Ray Jones est un chanteur de country à succès. En plein deal avec les services fiscaux, pour des arriérés de droits d’auteur, Ray Jones est inculpé de meurtres. Il se voit accusé de l’assassinat de sa collaboratrice dont le corps a été retrouvé dans un marais.
En plus des traces de sang dans sa voiture, Ray Jones n’a aucun alibi ce soir-là. Il a beau indiquer qu’il ne ferme jamais sa voiture à clé, la justice ne le croit pas. Les médias nationaux débarquent à Branson, Missouri. Ils souhaitent avoir la primeur des exclusivités sur cette affaire et sont prêts à toutes les manipulations, subterfuges et stratagèmes.
Sara Joslyn, journaliste à Tendances, hebdomadaire new yorkais, se voit offrir par l’attaché de presse de Ray Jones, une place de choix pour suivre le chanteur dans ses shows d’avant procès et au cœur du procès. Elle y verra Ray Jones, se savant innocent, complétement détaché de la terrible sentence dont il pourrait être jugé : la peine de mort.
Moi, mentir ?, titre référence à une chanson de Ray Jones, est un livre plaisant, n’atteignant pas les hauteurs des chefs d’œuvre (Le couperet, Histoire d’os,…) de Donald E. Westlake. Agréable de lire sous la plume de l’Américain (même si je l’ai connu plus drôle et acerbe) cette dénonciation de la presse à scandale et ses méthodes, cette parodie de justice américaine, et ce show-bizness sans foi ni loi.13/11/2024 à 14:12 1
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Ils sont partout
Morgan Navarro, Jacky Schwartzmann
7/10 Voici une BD vraiment très intéressante sur le complotisme et ses idéologues.
Vous connaissez la définition du complotisme ou conspirationnisme ? Il s’agit de « l’attitude consistant à remettre en cause abusivement l’explication communément admise de certains phénomènes sociaux ou événements marquants au profit d’un récit explicatif alternatif qui postule l’existence d’une conspiration et dénonce les individus ou les groupes qui y auraient pris part. »
Concrètement, que ce soit au titre du 11 septembre, du vaccin anti-covid, des élections présidentielles américaines, etc., on a tous entendu des propos remettant en cause les thèses officielles. Cette BD a pour vocation de mettre en lumière ces faits qui, si elles peuvent faire sourire pour des faits mineurs, ont des répercussions alarmantes pour d’autres situations (théorie du grand remplacement, par exemple).
Cette BD a eu le mérite de me faire découvrir cette idéologie et m’ouvrir les yeux sur ses dangereuses incidences. Une BD en forme de message à chacun d’entre nous. A moins que vous pensiez que cette BD ne comporte que des tissus de mensonges et a pour objectif de vous manipuler ?
05/11/2024 à 16:57 3
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Le crime d'Orcival
9/10 Aux aurores, en ce début juillet, dans la petite commune d'Orcival, La Ripaille et son fils préparent leur matériel pour aller relever leurs pièges à poisson, sur les bords de Seine. Ils vont découvrir le corps sans vie de la Comtesse de Trémorel dans son domaine de Valfeuillu.
Le Maire, Monsieur Courtois, est réveillé, et ce sont toutes les autorités locales dont le juge de paix d’Orcival, le père Plantat, qui sonnent le branle-bas de combat. L’agent de police Lecoq est dépêché sur place par le Préfet de police de Paris. Si le corps du Comte de Trémorel n’est pas encore trouvé, tous les protagonistes découvrent au sein du château une véritable scène d’horreur où le désordre fait montre d’une lutte sans merci et le sang répandu, la barbarie dont les assassins ont déployé pour voler le Comte. Car les témoins, les valets et servantes, sont unanimes. Avant qu’ils partent tous aux noces d’une des leurs, ils ont pu constater que par courrier, le Comte avait reçu une grosse somme d’argent. D’ailleurs, les témoignages montrent que l’un des leurs, Guespin, cette soirée-là, n’est pas allé aux noces. Et si Guespin n’a pas d’alibi, il a dans ses poches une belle petite somme d’argent et un joli couteau bien affuté. A moins que les coupables soient ces braconniers dont les discours sont bien confus.
Lecoq à la déduction imparable saura faire la lumière sur cette affaire dont chaque ligne apporte son lot d’événements et de surprises. Le pendant français de Sherlock Holmes, Lecoq est le personnage créé par Emile Gaboriau, qui en 1863, écrit les prémices des enquêtes policières.
Tout au long des 500 pages, j’ai pris un immense plaisir à découvrir cette histoire qui, à l’image d’une boîte de pandore, comporte son lot d’intrigues. On ne s’ennuie pas une seule seconde à découvrir les réflexions, les découvertes des protagonistes, le tout avec un français (que certains qualifieront de suranné voire de démodé) dont je me régalais à lire la conjugaison des verbes au subjonctif passé et au plus que parfait du subjonctif.05/11/2024 à 16:34 5
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Les Arnaqueurs
7/10 Après 2 lectures d’affilée en demi-teinte (Un nid de crotales et Les alcooliques), je retrouve enfin avec Les arnaqueurs un livre de Thompson où j’ai pris du plaisir. Grâce aux personnages, d’une part, surtout grâce à une histoire maitrisée et attachante. On rencontre Roy Dillon, le personnage principal baignant dans l’escroquerie depuis sa tendre jeunesse. Sa mère, Lily, une femme aux mœurs troublantes, qui après plusieurs années d’abandon, retrouve son fils souffrant, suite à une agression. Elle va le prendre en charge, et un jeu de pouvoir s’instaure entre les deux.
Si Les Arnaqueurs est loin de la qualité des chefs d’œuvre de l’auteur américain, il fait partie des romans de Thompson qu’il convient de lire, pour ce personnage de Roy, un malfrat attachant.
05/11/2024 à 15:56 2
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Les alcooliques
6/10 En lisant Les alcooliques, je me suis interrogé sur la nature exacte de ce livre. Par moment, dans ces échanges de dialogues cyniques et mélodramatiques, sur la nature des personnages loufoques, dans ce huis-clos que constituent cet établissement de sevrage alcoolique, je pensais me trouver dans une pièce de théâtre, genre de boulevard. Et pourtant, je n’ai pas souris. J’ai trouvé le style lourd, et la trame insipide. Et si les personnages étaient écrits pour être drôles, ils étaient pathétiques.
Je vais me plonger dans un autre Jim Thompson, et vite retrouver ce que j’apprécie chez ce talentueux auteur : une histoire sombre avec de vrais personnages lugubres.
30/10/2024 à 16:26 2
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La Veuve Couderc
8/10 C’est entre Saint-Amand et Montluçon que Jean est descendu du car qu’il a stoppé, quelques centaines de mètres après que la veuve Couderc en soit sorti. D’ailleurs, cette dernière n’a pas été surprise qu’il la rejoigne. C’est aussi tout naturellement qu’elle lui propose le souper et le coucher et puis de l’aider à la ferme. Jean est un fils de bonne famille montluçonnaise, les Passerat-Monnoyeur, mais après 5 ans de prison, Jean, sorti libéré, est toujours meurtri : car c’est de peu qu’il a échappé à la guillotine.
Pour la Couderc, elle voit Jean comme un fils, comme son fils parti loin à l’armée pour éviter de plus graves problèmes et dont elle n’a que de rares lettres. Les hommes, elle n’en pense pas grand-chose : veuve tôt, elle vit aux côtés du père de son mari, ce gros « cochon » qu’elle met dans son lit pour pouvoir garder la maison.
Cette maison, elle attise les convoitises des sœurs de son mari, qui n’habitent pas très loin, à côté du Canal du Berry. Là où habite la jeune Félicie, sa nièce, qui a eu un bébé, avec on ne sait pas qui. Bien qu’elle le mette régulièrement en garde, la Couderc se rend bien compte que Jean est très attisé par Félicie. C’est cette jalousie qui la poussera à mettre aussi Jean dans son lit. Mais la nature humaine est ainsi faite qu’elle ne pourra rien quant au drame qui en découlera.
Un roman fort de Simenon sur la jalousie, la convoitise et les angoisses du passé. Un roman vraiment différent de son adaptation cinématographique avec les immenses et talentueux Simone Signoret et Alain Delon, que j’ai eu sans-cesse en tête au cours de ma lecture.28/10/2024 à 16:00 1
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Main courante
6/10 Recueil de nouvelles de l’auteur français aussi différentes en qualité qu’en longueur. Thèmes variés et disparates. Je n’ai pas bien compris le lien entre ces histoires, mais on est loin d’un « ensemble tonique et stimulant » décrit en 4ème de couverture. Plutôt une compilation qu’un ensemble cohérent. Mais quelques histoires méritent heureusement leur lecture pour leur chute.
28/10/2024 à 15:16 1
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Un Nid de crotales
6/10 Jim Thompson est l’écrivain qui, pour moi, à donner ses lettres de noblesse au roman noir américain des années 50, en prenant comme toile de fonds ce Texas poussiéreux, et ses personnages hauts en couleurs. A chacun de ses romans, l’intrigue se dévoile et prend de l’ampleur au fil des pages dévoilant un scénario pervers.
Tom Lord, adjoint au shérif, est un personnage intriguant. On peut le prendre pour un homme charmant, mais, il aurait la gâchette assez facile. Lui, qui n’a pu achever ses études de médecine, est devenu un peu par hasard cet homme de loi, surtout pour rendre service au shérif. Mais Tom Lord n’aime pas qu’on la lui fasse à l’envers. Surtout par des magnats du pétrole qui ont acheté ses terres, en lui promettant de lui verser un pourcentage de la production de cet or noir. Mais Tom Lord n’a pas vu un seul dollar. En se rendant sur la plateforme, il constate que le puits est dans un sale état. Et il tue accidentellement le chef du site. Et les embrouilles vont commencer.
J’ai trouvé les personnages (jamais très anges, jamais très démons, non plus) et l’atmosphère sombre et opaque chers à Jim Thompson. Mais, toutefois, je n’ai pas vraiment pris du plaisir à lire ce livre. J’ai trouvé le déroulé de l’histoire pas très fluide et longuet, et les paroles (du style bouseux) si elles veulent rendre hommage aux personnages, alourdissent la lecture. Une déception pour ma part.23/10/2024 à 17:02 3
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Je suis leur silence
9/10 Une BD au scénario bien ficelé et à l’intrigue efficace.
Alors que certaines BD, ce sont les dessins qui priment et mettent le scénario au second plan, ici l’Espagnol propose une intrigue digne des écrivains. Une héroïne au caractère bien trempée, Eva, une psy intrépide et effrontée, va se trouver au cœur d’une enquête pour meurtre. C’est le dirigeant d’une grande famille viticole qui a été tué.
Elle raconte ces événements à son psy le Dr Lull, chargé de lui délivrer son accréditation d’exercer. C’est drôle, rythmé, prenant. A lire et à relire.23/10/2024 à 11:53 4
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Mater Dolorosa
9/10 Mario est aimé par Katja, sa mère, et Ines, sa sœur ainée. Depuis son enfance, elles lui vouent un amour maternel et fraternel indéfectible. En fait, depuis ses 5 ans, quand il a disparu en ce mois de juillet 2005 ou 2006, à la plage de Omiš. Cette disparition n’a pas duré longtemps, mais assez pour générer une effrayante panique et faire de Mario, « le plus beau et le plus adorable des garçons ».
Mais les temps ont changé dans ce Split des années 2000. Le père est décédé dans un accident de voiture. Katja vit de petits boulots en tant qu’agent d’entretien, et Ines, travaille à l’accueil d’une chaîne d’hôtels, où le patron, Davor, est devenu son amant. Et Mario passe ses journées à glandouiller dans leur appartement, hérité du modèle communiste.
Le meurtre de Viktorija, jeune fille de 17 ans, dont le corps est retrouvé dans une usine désaffectée, va bouleverser la vie de ces 2 femmes. Car la police, avec ses 2 enquêteurs, Zvone, jeune policier aux méthodes modernes, et son collègue Tomaš, ancien flic pratiquant les méthodes dures hérité du passé communiste, mène l’enquête et possède peu d’indice qu’elle décide de communiquer : une bandoulière d’un sac et un haut de survêtement du FC Barcelone. Et c’est la stupéfaction pour Katja et Ines. Ces affaires appartiennent à Mario. Pas besoin de paroles, ni de regards entre elles. Elles comprennent vite que la police va venir arrêter Mario. Pourtant, c’est un ancien condamné pour viol qui est arrêté. Les deux femmes savent que la police se trompe. Zvone le sait aussi…
Mater Dolorosa est le deuxième livre que je lis de cet auteur croate. Comme avec L’eau rouge, livre ayant reçu multiples récompenses, j’ai vraiment aimé cette lecture. Deux histoires et deux styles différents : si la Croatie, ses changements sociétaux et économiques servent toujours de toile de fond, ici, on rentre dans l’intimité des 3 personnages principaux, qui prennent à tour de rôle, la parole : Ines, Katja et Zvone.
Certes, on connaît le coupable du début mais cela ne nuit pas à l’intrigue, qui est ailleurs : dans le quotidien des gens qui voient leur vie terrassée, et qui après différentes crises dans leur pays, doivent faire face à la plus terrifiante des événements de leur vie.22/10/2024 à 17:17 6