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Etrange étranger
Ouvrage collectif
8/10 Voilà une belle initiative de la part de la Cimade, du Festival International du Roman Noir de Frontignan et de la Manufacture des livres : rassembler 14 nouvelles noires pour soutenir l'action de la Cimade en faveur des réfugiés, notamment. Cette association d'inspiration protestante, née en septembre 1939 pour permettre l'accueil des habitants de l'Alsace-Lorraine après l'entrée en guerre contre l'Allemagne. Depuis, elle a poursuivi cette action et est particulièrement sollicitée ces dernières années avec, entre autres, la guerre en Syrie, et nous rappelle, par son slogan, que "l'humanité passe par l'autre".
14 nouvelles noires, sous le titre emprunté à Jacques Prévert, Étrange étranger (1951), écrites par des auteurs souvent engagés (comme Sophie Loubière, par exemple), parfois en lien avec le sujet des migrants mais pas toujours.
La gamme du noir est plutôt étendue, du noir pur (grosse claque avec la très courte mais choquante nouvelle de Sophie Loubière) à du plus léger (Serguei Dounovetz, Bernard Pouy).
"Il n'y a pas d'étrangers sur cette terre, seulement des êtres humains" : cette phrase qui occupe la 4e de couverture amène à la réflexion, entamée ou prolongée par la lecture du recueil. A découvrir.09/01/2016 à 11:05 4
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Un petit boulot
8/10 Premier roman de Iain Levison pour moi et c'est une bonne pioche : Un petit boulot est une critique acerbe du libéralisme à outrance, du capitalisme à l'américaine et des dégâts qui en résultent. J'ai vraiment aimé le ton du livre, empreint d'humour noir caustique. La fin est plutôt originale : ni hard-boiled, ni moralisatrice. La voix d'Olivier Cuvellier (livre audio) se prête particulièrement bien à l'atmosphère du roman.
Bref, une réussite à tout point de vue et un plaisir de "lecture".04/01/2016 à 21:04 6
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Ceux qui osent
8/10 Un dernier tome dans la lignée du précédent : nous sommes en Arcanecout, la terre de la liberté qui déplait tant aux royaumes coalisés, ces "roicos" bien déterminés à anéantir l'Arcanecout et ses habitants. Il faudra beaucoup de courage, d'espoir, d'abnégation à nos amis devenus grands pour faire face à de nombreux périls, y compris intérieurs.
Quelques passages redondants dans ce tome (forme choisie oblige) mais toujours ce souffle épique qui fait tourner les pages avec plaisir.
Ceux qui osent, comme le reste de la trilogie, est une ode à la liberté, l'amitié, la solidarité. Une belle fable qui porte de belles valeurs et qui plaira assurément à nombre de jeunes lecteurs (à partir de 10-12 ans) et qui séduira les plus grands.03/01/2016 à 13:27 3
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Les Enfants de l'eau noire
8/10 East Texas, dans les années 1930. Un territoire plus proche de la Louisiane que du reste de l’Etat, c’est-à-dire rural, pauvre, ségrégationniste. Frappé par la Grande dépression.
C’est là que May Linn, adolescente qui rêve d’un futur hollywoodien, est retrouvée morte, le pied attaché à une machine à coudre. Ses trois plus proches amis, Sue Ellen, Terry et Jinx se mettent alors en tête d’apporter ses cendres à Hollywood. Une manière symbolique de réaliser son rêve mais aussi de partir de cette terre qui ne promet rien d’autre qu’un avenir médiocre voire dangereux : Sue Ellen, toujours sur la défensive entre une mère toxicomane et surtout un père alcoolique et incestueux, Terry suspecté d’être une « pédale » (mot du père de Sue) et Jinx, dont la couleur de peau l’expose de plein fouet à la ségrégation raciale.
Le monde dans lequel vivent ces adolescents est résumé dans cette phrase : « Dans mon monde, rencontrer un quadragénaire avec ses dents, ses deux oreilles et un nez pas cassé était à peu près aussi rare que de trouver une pastèque dans un poulailler » (p.145). Ici comme dans d’autres passages, l’auteur utilise des métaphores souvent drôles et bien trouvées. J’ai aimé aussi le clin d’œil aux Raisins de la colère (p.245 à 247).
Leur parcours jusqu’à Gladewater (première étape avant le voyage vers Hollywood) sera semé d’embûches, de cadavres et de sang, de drames mais aussi et surtout de moments forts d’amitié, de solidarité.
Une lecture très plaisante, c’était mon premier Lansdale, ce ne sera assurément pas mon dernier.30/12/2015 à 13:43 10
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Le Train bleu
8/10 Je n'ai pas (encore) lu le roman d'A. Christie, mais cette adaptation de Marc Piskic m'a donné envie de le faire. J'ai cependant trouvé que les traits physiques prêtés par le dessinateur à Hercule Poirot n'étaient pas les mieux choisis (mais c'est très subjectif).
Ces adaptations en BD des romans d'Agatha Christie sont, pour les quelques-uns que j'ai lus, de bonne facture.29/12/2015 à 13:55
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Fin de contrat
7/10 Je découvre cette série dédiée au détective privé Jérôme K. Jérôme Bloche avec ce 20e opus. Dans cet album, le jeune détective privé (jeune, ou aux traits juvéniles ?) est poursuivi par un tueur qui tente de l'assassiner par tous les moyens possibles.
Le dessin est sympa, l'intrigue agréable à suivre, et une forte amitié semble souder les différents protagonistes (sauf le méchant of course). Je pense néanmoins qu'il faut avoir lu les tomes précédents en raison des références qui sont faites (notamment le tome précédent).28/12/2015 à 11:20
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Cinq petits cochons
David Charrier, Miceal O'Griafa
8/10 Je n'ai pas lu le roman de 1942 mais j'ai vu l'adaptation télévisuelle très réussie de 2011 (Saison 1 des Petits Meurtres d'Agatha Christie) avec Antoine Duléry, Vincent Wintherhalter ou encore Michel Muller. Et cette adaptation BD est fidèle à mes souvenirs. Une intrigue de base très bien ficelée, finement scénarisée par Miceal O'Griafa et joliment illustrée par David Charrier.
Une réussite.25/12/2015 à 19:37 1
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Je suis une légende
10/10 "Viens, Neville !" [...] "Mon Dieu, faites que le matin vienne…" [...] "Ca devait donc finir ainsi…"
Rien d'étonnant à ce que ce court roman de Richard Matheson soit considéré comme un chef-d’œuvre : l'auteur reprend le thème du vampirisme pour l'adapter à son époque, la Guerre froide. Nous sommes en 1954 et la guerre nucléaire n'est pas une vue de l'esprit, surtout depuis que l'URSS maîtrise l'arme nucléaire (1949). Mais Richard Matheson utilise l'idée d'un virus plutôt que celle de bombes atomiques (quoiqu'il y a des références nombreuses à la guerre, aux "bombes qui entrainent des tempêtes de poussière") pour imaginer une humanité anéantie, devenue vampire, où un homme seul, sorte de Robinson Crusoé de l'Apocalypse, Robert Neville, survit.
Maîtrisant parfaitement le texte de l'Irlandais Bram Stoker (père du Dracula romanesque), il va loin dans l'analyse du vampirisme et de ses références (croix, gousse d'ail etc...) en tentant de comprendre, via son héros, comment fonctionnent ces êtres de la nuit qui le font douter de sa propre humanité (les scènes de jour sont à ce titre fort intéressantes).
Loin de l'adaptation cinématographique récente (2007, avec Will Smith), par ailleurs non dénuée d'intérêt mais différente, Richard Matheson livre un roman intelligent qui fait réfléchir le lecteur sur l'humanité et sur sa propension à s'autodétruire.
Comme l'écrivait Plaute, il y a plus de 2000 ans : "Homo homini lupus est".23/12/2015 à 20:53 9
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La Voix secrète
7/10 Michaël Mention choisit un sujet (Lacenaire) et une époque (la Monarchie de Juillet) pour en faire un thriller atypique et immersif.
Le style est (déjà) reconnaissable et fait de ce polar historique un roman résolument moderne. Le croisement entre réalité (avec notamment les citations de passages des textes de Lacenaire) et fiction est réussi. A découvrir.23/12/2015 à 20:25 7
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Le Secret de Chimneys
François Rivière, Laurence Suhner
7/10 Adaptation d'un des premiers romans de la Reine du crime. N'ayant pas lu le roman je ne saurais dire s'il s'agit d'une adaptation fidèle. Elle m'a en tout cas donné envie de lire l'original.
23/12/2015 à 20:19
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La Nuit qui ne finit pas
Frank Leclercq, François Rivière
6/10 Fidèle adaptation du roman éponyme qui ne m'avait pas emballé. Les dessins sont très classiques et l'intrigue plutôt fade. La note sera donc la même.
22/12/2015 à 19:48
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L'Onde Septimus
Antoine Aubin, Jean Dufaux, Etienne Schréder
6/10 N'ayant pas lu La Marque jaune, j'ai été un peu perdu dans cette intrigue qui m'a longtemps paru nébuleuse et très axée S-F.
Au final, si j'ai été séduit par le dessin très réussi, je ne garderai probablement pas beaucoup de souvenirs de cet épisode des aventures de Blake et Mortimer.22/12/2015 à 18:21
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La Ferme
9/10 Si Tom Rob Smith change de registre après trois romans dédiés à l'URSS, il confirme son talent exceptionnel de conteur pour nous plonger dans une histoire où doute, paranoïa, folie, suspense forment ensemble un thriller hyper addictif. J'ai adoré suivre le récit de Tilde, la mère du narrateur, dans cette partie retirée et glaciale de Suède, dans cette ferme et ses alentours où se trament des évènements pour le moins étrange. Avec toujours, cette question qui nous fait avaler les pages à une vitesse folle : dit-elle la vérité ?
Je n'ai pas été déçu du tout par la fin, à la hauteur du reste du roman à mon avis. Et j'ai apprécié la "note de l'auteur" en fin d'ouvrage qui permet à celui-ci de revenir sur la genèse du roman, tiré de sa récente et perturbante expérience personnelle.
Un coup de coeur.22/12/2015 à 11:55 9
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Venge-Moi
8/10 « Et moi au milieu… un gosse perdu élevé dans la tragédie jusqu’à croire que le monde n’avait pas de couleurs »…
C’est l’histoire d’un petit garçon, élevé par une mère ancienne déportée du camp de Flossenbürg, parce que juive, parce que dénoncée. Une enfance imbibée du souvenir de la déportation.
C’est une histoire où vengeance, trahison, ressentiment, enfance volée et mensonge s’entrechoquent sur fond de Seconde Guerre mondiale et de Shoah.
C’est un beau et très bon roman, sombre et triste, douloureux, bien écrit quoique souffrant à mon goût de quelques longueurs. La fin m’a surpris, je n’ai pas vu venir la révélation finale.
Une lecture qui laissera des traces.17/12/2015 à 20:37 6
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Les Nuits de Reykjavík
9/10 On pourrait croire qu’avec ce 13e opus dédié à Erlendur, Indridason s’expose à l’usure, usure de son écriture, de son imagination, usure du lecteur.
Il n’en est rien. L’écriture ne cesse de s’améliorer pour atteindre des sommets qui font d’Arnaldur Indridason un des grands écrivains contemporains. L’intrigue, minimale au départ, permet à la fois d’aborder la personnalité déjà complexe et torturée d’Erlendur mais aussi les changements que connaît l’Islande dans les années 70, la place des SDF à Reykjavik, celle des femmes (un thème de nouveau abordé après La Rivière noire notamment), et celle de l’alcool dans la société islandaise (cela m’a d’ailleurs beaucoup frappé)... et de multiplier les fausses pistes.
C’est toujours poétique, beau, admirablement bien écrit.
Chapeau bas à Indridason pour ce nouveau roman aux qualités nombreuses.17/12/2015 à 20:36 8
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L'homme qui partit en fumée
7/10 Alors que Martin Beck s'apprête à profiter de quelques jours de vacances en famille, le voilà qui répond à un appel pressant de sa hiérarchie : un journaliste suédois a disparu en Hongrie. Pour éviter tout incident diplomatique (nous sommes en pleine Guerre Froide, de l'autre côté du rideau de fer), il serait bon de le retrouver rapidement. Martin Beck prend donc la direction de Budapest où il va aller de surprise en surprise.
Comme pour Roseanna, le rythme de l'intrigue est très lent. J'ai aimé cette lecture pour le voyage à Budapest dans les années 1960 et pour ce je ne sais quoi d'envoûtant... J'ajoute enfin que le titre est juste excellent !
Bref, je poursuis la série du duo suédois.14/12/2015 à 21:52 4
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Les Arènes
Bruno Gazzotti, Fabien Vehlmann
7/10 Super au niveau du dessin (terrible la "Nouvelle Salem" !), moins au niveau de l'histoire, dans laquelle se déroulent des épreuves bien cruelles. On sent que le public visé au tout début de la série a grandi et que les auteurs s'adaptent. Je n'ai pas très bien compris le sens de toute cette cruauté. J'espère comme zonedead que les nombreuses questions soulevées au fur et à mesure des tomes vont enfin avoir des réponses !
Bref, comme Hoel, pas très convaincu mais par contre graphiquement c'est très réussi.10/12/2015 à 22:33 2
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Mala Vida
7/10 Complètement d'accord avec l'avis de Chouchou.
J'ai aimé suivre les pas de Diego, journaliste "caution" de la droite conservatrice qui arrive au pouvoir en Espagne. Une droite dure qui permet aux fantômes de Franco de renaître. Et à Diego d'enquêter sur cette sombre histoire, hélas vraie, de "bébés volés du franquisme". Et à Isabel de renouer avec un passé familial dramatique. J'aurais aimé davantage de rebondissements et un petit retour plus journalistique en fin d'ouvrage (l'auteur a travaillé pour Courrier International) avec pourquoi pas une bibliographie indicative ou des liens internet pour creuser un peu plus cette monstruosité idéologique.
Un roman salutaire, "vivifiant" comme le dit Chouchou, à découvrir.09/12/2015 à 20:01 3
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Les Gens du Balto
8/10 Après 40 pages lues, on se dit "rien à voir avec un polar" puisque pendant ces quarante premières pages l'auteure fait parler ses différents personnages qui ne font que se présenter. Mais c'est en fait une nécessaire mise en place pour comprendre les interactions entre les personnages (qui est qui ? et par rapport à qui ?).
Même le mort a voix au chapitre.
Puis on entre dans le vif de l'enquête. Les chapitres sont parfois entrecoupés d'extraits de journaux/radios/télé (Le Parisien, France Bleu Ile-de-France, France 3 Ile-de-France...) sur l'affaire. Les deux derniers tiers du livre sont composés d'interrogatoires (à la première personne) des différents protagonistes à la gendarmerie.
Le dernier chapitre sonne comme un roman noir, car la vérité est finalement bien sombre.
Au final, il s'agit à la fois d'un roman chorale, d'un roman à énigmes (un classique whodunit) et d'un roman noir.
Le tout en 172 pages qui se lisent à vitesse grand V et saupoudrées de l'humour si appréciable de Faïza Guène.09/12/2015 à 19:51 1
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Thérapie
8/10 Thriller glaçant, huis-clos délirant sur l'île de Parkum avec cette question qui enfle au fur et à mesure de la lecture : "folie, ou pas ?".
S'il est parfois difficile de suivre le récit du docteur Larenz, ce roman vaut avant tout pour son ambiance hyper mystérieuse et inquiétante (j'ai réellement frissonné lors de certains passages). Rien que pour celle-ci, Thérapie est à découvrir. Et l'écoute du livre (ce fut mon cas) ajoute, je pense, de la tension au récit (grâce à l'ambiance sonore, même si certains bruitages ne sont pas toujours bienvenus).
Bref, un super moment de "lecture" que ce Thérapie, je le conseille. 8.5.09/12/2015 à 19:31 9