LeJugeW

1776 votes

  • L'Affaire Saint-Fiacre

    Georges Simenon

    8/10 Un des tout premiers Maigret (1932) que j'ai eu plaisir à écouter (livre audio). Simenon entraîne son héros sur les traces de son enfance au château de Saint-Fiacre (dans l'Allier) où son père était régisseur. La comtesse, qu'il a connu jeune, meurt en pleine messe, s'effondrant sur son missel. Sans une lettre anonyme adressée au commissaire quelques jours auparavant, on aurait pu croire à une mort naturelle. Il n'en est rien.
    A travers une intrigue solide, à l'atmosphère envoûtante, Georges Simenon décrit un monde en déclin où les souvenirs du commissaire Maigret semblent lointains face à la décrépitude du château et celle morale de ses occupants. La fin est remarquable avec un huis clos digne des meilleurs Agatha Christie, façon Hercule Poirot avec les principaux suspects dans la même pièce, sans que Maigret n'ait son mot à dire !
    J'ajoute que la sobriété de la lecture de François Marthouret colle parfaitement à l'ambiance de ce roman particulièrement réussi.

    11/11/2016 à 14:45 4

  • Prisonniers du ciel

    Claire Le Luhern, Marcelino Truong

    6/10 N'ayant pas lu le roman de James Lee Burke, je ne peux dire s'il s'agit d'une adaptation fidèle. Mais j'ai trouvé l'intrigue un peu alambiquée, j'ai eu du mal à m'attacher aux personnages (seul Robicheaux est vraiment exploité) malgré les 120 pages de BD. Et même si le dessin de Marcelino Truong colle plutôt bien à l'histoire, je n'ai pas accroché non plus, j'ai trouvé le dessin trop sombre.
    Reste ce Dave Robicheaux que la BD m'a donné envie de découvrir plus largement, mais dans les romans de James Lee Burke.

    09/11/2016 à 15:33 4

  • Ubac

    Élisa Vix

    8/10 La montagne, un huis clos, le passé qui ressurgit... miam, tout ce que j'aime dans un polar ! Mais la sauce va t-elle prendre ? Oh que oui ! Elisa Vix dès les deux premières pages nous entraîne dans un huis clos de plus en plus oppressant dans la blancheur alpine ou l'étrange Nadia, sœur sortie de nulle part, a des comportements étranges vis-à-vis de sa belle-sœur et de sa nièce mais aussi et surtout de son frère qui tient un bowling dans une station de sports d'hiver.
    Comme souvent dans ce genre de romans, la question est : paranoïa ou réalité ? Et force est de reconnaître que l'auteure en maîtrise bien les codes car on doute pendant la grande majorité du roman.
    La fin est à la hauteur de l'intrigue et mon seul regret est que le roman soit si concis (180 pages), j'aurais aimé que le suspense s'étire sur quelques dizaines de pages de plus.
    En bref, un très bon roman que j'ai eu grand plaisir à lire.

    05/11/2016 à 22:19 9

  • Noir-Express

    Ouvrage collectif

    8/10 Bon recueil de nouvelles ayant pour point commun le train. Chaque nouvelle est illustrée d'une photographie en noir et blanc, très souvent pertinente.
    Parmi les 9 nouvelles j'ai plus particulièrement apprécié celle de Michel Baglin, "Un personnage entre deux tunnels" pour son atmosphère mystérieuse, "Sugar" de Franck Bouysse, belle et triste mêlant train, campagne et boxe et enfin celle de Marie Wilhelm, la plus longue et qui clôt bien le recueil.
    Belle initiative de la part de la SNCF Limousin et du salon Vins Noirs de Limoges, à l'origine de la publication de ce recueil.

    28/10/2016 à 19:03 2

  • La Pêche aux avaros

    David Goodis

    8/10 Mon premier David Goodis et certainement pas mon dernier : j'ai beaucoup aimé cette histoire vieille d'un demi-siècle se passant pour majorité dans les marais du Delaware.
    Jander est un type normal qui vit avec sa mère et sa soeur à Philadelphie. Ces dernières ne sont pas des plus plaisantes (euphémisme !) et Jander aime de plus en plus s'évader. Le voilà en route pour une bonne partie de pêche. Mais un orage ravage son canot et l'homme part à la dérive... Va t-il se noyer ? Non, il réussit in extremis à s'en tirer et atterrit dans une maison retiré dans le marais, où une bande pour le moins patibulaire ne lui veut pas du bien... Je n'en dis pas plus mais je dois dire que l'intrigue, la façon dont elle est racontée (avec quelques flash-backs notamment), le rythme, l'interaction entre les personnages, la caractérisation des personnages, et le dénouement, tout m'a plu dans ce roman. Sauf le titre français, bien moins pertinent que ceux américains (la Série Noire de l'époque abusait des jeux de mots pour les titres traduits).
    Une précieuse découverte, je vais me pencher sur le reste de la biographie du monsieur !

    27/10/2016 à 14:01 3

  • Des pas sous la Cendre

    Laurent Scalese

    7/10 Dans une histoire de braquages plutôt banale, Laurent Scalese introduit une véritable originalité : Sage Gardella, son personnage principal (difficile de le qualifier de héros tant son comportement laisse parfois à désirer), métis franco-amérindien dont la culture paternelle baigne les pages du roman (jusqu'à nous emmener sur les terres de ses ancêtres). Pour le reste, l'écriture est fluide, le roman se lit vite et bien. Un bon polar, agréable à lire.

    27/10/2016 à 11:26 3

  • Ouarzazate et mourir

    Hervé Prudon

    7/10 Un Poulpe déjanté oui, plus dans l'écriture que dans l'intrigue d'ailleurs : j'ai trouvé pesants les incessants jeux de mots de l'auteur surtout dans la première partie du livre, l'auteur se concentrant davantage sur l'action dans la seconde moitié. Le livre se lit assez vite (car relativement court, aussi).
    Finalement un Pouple dans le ton de la série, mais plus déprimé que d'habitude et qui va se laisser entraîner au Maroc, à Casablanca, pour remplir un contrat que devait exécuter un ami de lycée, devenu SDF depuis. Un assez bon cru.

    26/10/2016 à 09:59 2

  • Le Jeu de l'ombre

    Cédric Sire

    7/10 Un roman à l'ambiance mystérieuse, teintée de fantastique, une plongée dans l'abysse en compagnie de Malko Swan, star borderline poursuivie par une ombre inquiétante. J'ai aimé l'atmosphère ténébreuse, bien rendue par l'ambiance sonore des studios VDB (livre audio) et la prestation des interprètes, notamment les (décidément) très bons José Heuzé et Hervé Lavigne.

    25/10/2016 à 12:44 2

  • Les Temps sauvages

    Ian Manook

    8/10 Ian Manook allait-il transformer l'éblouissant essai de Yeruldelgger, couronné par de nombreux prix ?
    Pour moi, la réponse est oui : l'intrigue est balèze (une belle pelote dont il fut parfois difficile d'en dénouer les fils, mais tout s'éclaire en toute fin de roman), des personnages toujours agréables à suivre (quoique Oyun est énervante par sa naïveté ), un dépaysement une nouvelle fois garanti et un cadre historique intéressant à suivre (j'ai beaucoup aimé celui qui concerne la région située à la frontière sino-russe notamment). Même la partie française (havraise pour être précis) ne fait pas tâche, l'auteur arrivant assez habilement à joindre les deux parties de l'intrigue.
    Bref, Ian Manook confirme son talent et il est indéniable que son thriller est très original comme l'indique la 4e de couv'. La troisième enquête de Yeruldelgger vient de sortir ? J'en serai !

    23/10/2016 à 20:45 6

  • Un requiem allemand

    Philip Kerr

    8/10 Dans ce troisième et dernier tome de la trilogie berlinoise, l'intrigue se déroule après guerre, dans un Berlin divisé en plusieurs zones d'occupation et où les habitants tentent de survivre, au milieu des décombres, avec un marché noir en plein boom. Mais assez vite l'action se déplace à Vienne, où l'on vit (un peu) mieux, pour tenter d'innocenter un Allemand accusé d'assassinat sur un soldat américain.
    Si P. Kerr a tissé une intrigue parfois complexe et qui demande une lecture attentive, il arrive encore une fois à récréer avec brio une ambiance, une atmosphère propre à une époque, ici celle de l'après-guerre, celle de la reconstruction des pays de l'ex-Axe, au moment où Soviétiques et Américains basculent doucement mais sûrement vers ce qui va devenir la Guerre froide. Et rien que pour cela, le livre vaut le détour.
    Autre chose que j'ai apprécié, c'est la façon fort intelligente avec laquelle l'auteur arrive à nous parler des années de guerre pour B. Gunther sans nous en dire trop, en laissant volontairement quelques zones d'ombre, mais en n'oubliant pas d'évoquer les atrocités nazies, en premier lieu desquelles on trouve les exactions des Einsatzgruppen sur le front est.
    Quelle riche idée d'avoir repris, quinze plus tard, ce même Bernie pour prolonger la série au-delà de la trilogie... j'ai hâte de découvrir ce quatrième "tome" !

    19/10/2016 à 10:10 10

  • Palissade

    Franck Villemaud

    8/10 Intrigué par les trois premiers chapitres que j'avais lu gratuitement sur le site de l'éditeur, j'ai acheté ce court roman en espérant prolonger au-delà des premières pages ce sentiment.
    Bien m'en a pris car en moins de 180 pages Franck Villemaud nous entraîne dans un huis clos où deux hommes, voisins séparés par une palissade, vont sympathiser autour du rock et de l'alcool. Sauf que chacun a un lourd passé... et qu'au fil des pages on se demande qui est le plus tordu des deux.
    C'est immersif (grâce notamment au ton du personnage principal, qui s'adresse directement au lecteur), c'est visuel (pas étonnant que le roman ait été adapté au théâtre, l'écriture et l'action s'y prêtent parfaitement), ça devient de plus en plus sombre, étouffant et même glauque sur la fin (que je n'ai pas vu venir, j'adore me faire "cueillir" de la sorte dans mes lectures).
    Bref, c'est du tout bon et c'est vraiment une agréable surprise. J'ajoute pour celles et ceux qui aiment lire en musique que chaque chapitre s'accompagne d'un titre rock.

    19/10/2016 à 09:59 5

  • Passé décomposé

    Christian Viguié

    8/10 Une bien belle surprise que ce court roman sans prétention qui met en scène un "enquêteur privé" chargé de suivre la femme de son client et... son client pour sa femme ! Derrière cette bizarrerie se cache une histoire vieille de la Seconde Guerre mondiale, dans les pas de l'ignoble Jean Filiol, fondateur de La Cagoule et membre de la Milice, assassin de résistants... Avec une ville de Limoges pluvieuse comme décor, une ambiance poisseuse qui sied bien à la période sinistre de la Collaboration. L'écriture de Christian Viguié est poétique, ce qui n'est guère étonnant lorsque l'on sait que l'auteur est un poète plusieurs fois récompensé. J'ajoute qu'un des personnages, Carpeaux le vieux flic à la retraite, m'a fait penser au capitaine Merhlicht, personnage des romans de Nicolas Lebel.
    Bref, une bien belle surprise, dommage que l'auteur n'ait pas commis d'autres polars !

    13/10/2016 à 22:25 2

  • La Fille du train

    Paula Hawkins

    6/10 J'ai mis un temps fou à rentrer dans cette histoire, tant l’héroïne principale, Rachel, m'était antipathique. Et puis au fil du récit j'ai commencé à comprendre sa détresse, même si j'ai continué à la trouver exaspérante. Au rayon des déceptions, j'avoue ne pas avoir apprécié le découpage du livre avec des parties qui s'étirent de façon excessive (que de longueurs !) et au contraire des "chapitres" très courts qui n'apportent pas pour autant du rythme (sauf à la fin du roman).
    Au final les thèmes abordés (la faiblesse, le mensonge, la trahison, le couple, la manipulation) sont assez bien traités mais le récit aurait gagné en dynamisme avec une bonne centaine de pages en moins. J'ajoute que la version audio du livre ne m'a pas franchement convaincu, je m'attendais à mieux.
    Sans pour autant nier l'intérêt du livre, j'ai un peu de mal à comprendre le battage médiatique autour de ce qui fut le "thriller de l'été 2015" en France, car j'ai clairement lu bien mieux en la matière.

    08/10/2016 à 19:48 6

  • La Ferme du crime

    Andréa Maria Schenkel

    7/10 Un (trop) court roman à l'ambiance poisseuse et aux personnages tourmentés ou tourmenteurs, dans l'Allemagne d'après guerre. Un récit original car multipliant les points de vue, chaque témoin plus ou moins direct apportant sa pièce au puzzle. C'est intrigant, dérangeant par moments mais, comme pour Finisterau du même auteur (qui possède de nombreux points communs avec La Ferme du crime) le roman est trop court et après 150 pages on le referme en se demandant pourquoi l'auteur n'a pas davantage développé son intrigue.
    Donc un court mais bon roman noir, qui vaut avant tout pour son atmosphère et ses sombres personnages, mais trop vite lu.

    01/10/2016 à 10:03 3

  • Le Policier qui rit

    Maj Sjöwall, Per Wahlöö

    9/10 Je continue de découvrir, dans l'ordre, la série de dix polars écrits par le couple suédois. Et je dois dire que c'est jusqu'ici (4e "tome") le plus remarquable que j'ai lu.
    Tout y est : le frisson de la scène de crime, une boucherie peu commune à cette époque (le mitraillage de 9 personnes dans un bus à Stockholm, un soir de novembre 1967), une enquête minutieuse, une intrigue captivante, une atmosphère très particulière (et particulièrement réussie), des personnages qu'on commence à bien connaître au fil des enquêtes et qu'on prend plaisir à voir évoluer (ou non)... et quelle modernité dans l'écriture, dans la réflexion sur la société suédoise de l'époque ! Bref, le summum du polar scandinave se trouve dans ce roman, d'une qualité remarquable et qui m'a procuré un immense plaisir de lecture.

    28/09/2016 à 11:41 5

  • Le crépuscule des Gueux

    Hervé Sard

    8/10 Très beau texte, porté par la belle plume d'Hervé Sard que je découvre et par des personnages aussi attachants que touchants. Les dialogues sont savoureux et nous permettent d'assister à des moments surréalistes et drolatiques. Beaucoup d'humour dans un roman au fond loin d'être drôle.
    J'ai beaucoup aimé ce moment de lecture. Je le conseille vivement.

    21/09/2016 à 10:11 5

  • Rapt De Nuit

    Patricia MacDonald

    4/10 Non, décidément, les romans de Patricia MacDonald ne sont pas pour moi. Sur le papier, comme souvent, une intrigue alléchante. Dans les faits, un suspense artificiel (le premier rebondissement arrive au chapitre 21 sur... 37 chapitres !), un personnage principal creux, des dialogues plats et des longueurs... La version audio n'amène rien en plus.
    3e essai, 3e échec. Dommage...

    17/09/2016 à 20:12 2

  • Dans le ventre des mères

    Marin Ledun

    5/10 Emballé par les cent premières pages (la scène apocalyptique du village dévasté laissait présager un thriller captivant), mon intérêt pour ce roman s'est lentement mais sûrement délité. Je n'ai pas accroché au personnage principal, ni à son histoire personnelle (l'impression d'avoir déjà croisé ce type d'antihéros dans des dizaines de lectures) et j'ai trouvé que l'intrigue comme l’enchainement des faits manquaient de crédibilité, de vraisemblances.
    Au final je l'avoue une grosse déception, j'attendais peut-être trop de ce roman.

    13/09/2016 à 10:56 6

  • On ne tue pas les pauvres types

    Georges Simenon

    7/10 Non, décidément, on ne tue pas les pauvres types. Voilà ce que se répète Maigret au début de l'enquête. Alors il creuse et trouve : la victime n'était peut-être pas le pauvre type décrit par sa femme...
    Une nouvelle plaisante à lire (une de plus), entre faux semblants et secret bien gardé.

    06/09/2016 à 10:16 2

  • Lontano

    Jean-Christophe Grangé

    7/10 Un tourbillon de 800 pages, sans pause, sans répit. Du Grangé pur jus, peut-être un peu plus politique que d'habitude (surtout au début, dans les réflexions de Morvan père). Une famille dont le ver est dans le fruit, des meurtres bien trash, la Bretagne, Paris, l'Italie et le Congo (ex-Zaïre) en toile de fond, l'armée, des mines de coltan etc... Dans ce maelstrom ô combien malsain, j'avoue avoir parfois tiré la langue, un peu usé par les descriptions gores, les vices des uns et des autres. Peut-être est-ce parce que ce type de thrillers n'est plus trop mon truc ou que la patte Grangé ne me plait plus autant qu'avant.
    Sûrement un peu des deux. En tournant la dernière page j'ai eu comme un sentiment de "too much" (comme lorsque j'avais refermé l'Empire des loups).
    Cela ne m'empêchera toutefois pas d'ouvrir Congo Requiem plus tard, poussé par l'envie de savoir ce qu'il s'est passé à Lontano...

    06/09/2016 à 10:10 8