LeJugeW

1780 votes

  • Fête Fatale

    William Katz

    7/10 Avant toute chose, ne lisez pas le résumé du livre, car il dévoile les trois quarts de l'intrigue !!! Quel dommage car, effectivement, trop peu de surprises dans ce roman, hélas éventées en quelques lignes sur la 4e de couv'...
    Un résumé sans trop de spoiler aurait pu ressembler à cela : "Samantha Shaw s'est marié il y a quelques mois avec Marty, un homme d'affaires aux nombreuses qualités. Pour son 40e anniversaire, elle souhaite une fête grandiose, à la hauteur de l'amour qu'ils se portent l'un pour l'autre. Mais lorsqu'elle se penche sur le passé de son homme pour agrémenter l'anniversaire de souvenirs heureux, ce qu'elle découvre la plonge dans une incompréhension croissante. Marty est-il réellement l'homme qu'il prétend être ?". Bon, c'est court certes, ça casse pas trois pattes à un canard mais au moins on ne dévoile pas 150 pages sur 200 !
    Malgré ce gros point noir, j'ai apprécié le récit de William Katz. Car il y a quand même du suspense, notamment au moment de la fameuse fête, et l'on partage la peine de cette pauvre Samantha. La construction est habile et il m'est arrivé de douter malgré tout à deux reprises... L'ultime pirouette de l'auteur est cependant prévisible, celui-ci ayant laissé un indice de taille au cœur du récit.
    Bref, un texte plutôt agréable à lire qui n'a pas trop vieilli je trouve. Mais la réédition de 2012 aurait dû s'accompagner d'une 4e de couv' moins bavarde !!!

    04/11/2018 à 21:48 4

  • Mississipi blues

    Gus Weill

    9/10 Nous sommes en 1974 à Black Bayou, Mississippi. 2200 âmes. Particularité : être la seule ville entièrement noire des Etats-Unis et ce volontairement.
    On se tient à l'écart des Blancs parce qu'ils sont synonymes de maux (en mots, cela donne : Ku Klux Klan, racisme, ségrégation).
    La ville est tenue par Lionel Jackson, le maire, dont la famille a créé Black Blayou. La vie y est tranquille à l'écart des "dragons" (comprendre les Blancs).
    Mais voilà, la violence se déchaîne sur la ville. Elle a pris les traits du "père Bonnet", l'équivalent du père Fouettard. Sauf qu'elle ne joue pas qu'avec la peur des enfants. Le père Bonnet (The Bonnet Man, titre original) est sanguinaire, cruel, il s'acharne à coups de haches. Les victimes ? Des personnes isolées, sans défense.
    Et un seul témoin, un gamin traumatisé par l'assassinat sauvage de son oncle auquel il a assisté.
    Alors Black Bayou accepte l'impensable : faire appel à un Blanc pour arrêter le massacre.
    Et c'est ainsi que débarque Brendan Cassidy, flic à New York mais surtout ami du maire depuis un passage commun à l'armée.

    Dire que j'ai aimé ce roman noir est un euphémisme. On emprunte les pas de Brendan Cassidy et on découvre, avec ses yeux, la vie à Black Bayou. L'homme n'est pas un ange, il a lui aussi ses préjugés racistes mais son amitié avec le maire lui permet d'aller jusqu'au bout de sa mission. Son arrivée ne coïncide pas avec la fin des meurtres et l'on s'interroge, au fil des pages, sur l'identité du père Bonnet ; on soupçonne un tel, puis un tel, sans jamais arriver à deviner avec certitude. La fin est d'ailleurs particulièrement prenante, mais je n'en dis pas plus. Toute cette galerie de personnage (Brendan, le maire, la famille du maire, les conseillers municipaux, les flics etc...) est très réussie, tout comme l'atmosphère qui se dégage de ce "bout du monde" pour reprendre une expression d'un des personnages.

    Bref, un très bon et très beau roman que ce Mississipi Blues, que je garderai assurément en tête pendant longtemps.

    04/11/2018 à 16:12 5

  • Le retour d’Ataï

    Didier Daeninckx

    8/10 Didier Daeninckx reprend le personnage de Gocéné, découvert dans Cannibale, pour, 70 ans plus tard, partir sur les traces d'un crâne kanak, celui du chef révolté Ataï, vendu aux enchères à Paris. Gocéné n'a pas remis les pieds en métropole depuis l'Exposition coloniale de 1931. Son voyage fait remonter ses souvenirs à la surface (je conseille de lire Cannibale avant Le Retour d'Ataï d'ailleurs) et l'on suit l'histoire de ce crâne dans les méandres de l'histoire coloniale française.
    Encore une page peu glorieuse de notre histoire que l'auteur engagé à su sortir de l'ombre car si Le Retour d'Ataï est un roman, il s'appuie sur une histoire vraie.
    C'est d'ailleurs l'abnégation de l'écrivain qui a permis, en 2011 (soit 9 ans après le roman et 23 ans après la promesse de la France de rendre le crâne à la Nouvelle-Calédonie), de remettre la main sur le fameux crâne, présent dans les réserves du Musée de l'homme. C'est chose faite en 2014 avec le retour officiel du crâne d'Ataï sur son île natale.

    31/10/2018 à 12:11 5

  • Le Lys rouge

    Karen Rose

    8/10 Une belle surprise ! Alors que je m'attendais à un truc guimauve parsemé de scènes érotiques, j'ai lu un très bon thriller, avec une intrigue habile, des rebondissements qui relancent sans cesse l'intérêt du lecteur et des personnages intéressants, bien que manichéens. Cela reste un "Harlequin", donc il y a bien les fameuses scènes mais elles ne sont pas trop nombreuses, elles arrivent après 200 pages et elles ne ralentissent pas trop le rythme du roman (20 pages environ sur plus de 500).
    L'écriture n'est pas sensationnelle, ni la traduction (quelques tournures de phrases un peu étranges), mais l'histoire contée par Karen Rose est palpitante.
    Ou comment Tess Ciccotelli, brillante psychiatre à Chicago, voit plusieurs de ses patients se suicider. Pire, tout semble la désigner comme étant responsable de ces morts. Au fur et à mesure qu'on avance, on mesure l'immense piège tendue à la jeune femme et les morts s'accumulent autour d'elle... La manipulation orchestrée dans l'ombre est machiavélique !
    Bref, une bonne surprise pour mon premier Harlequin, à voir si je réitère l'expérience, peut-être avec un(e) autre auteur(e).

    30/10/2018 à 10:59 4

  • La Blonde au coin de la rue

    David Goodis

    7/10 Philadelphie, 1936. Ralph, trente ans, vit chez ses parents. Sous le toit familial, on trouve aussi deux soeurs qui s'échinent au travail, comme le père.
    Ralph, lui, est chômeur. Comme tant d'autres jeunes hommes dans la ville, dans le pays, dans le monde.
    Alors il traîne, avec ses amis, Georges, Ken qui compose des mélodies et rêve de Floride où il espère percer dans la musique. Il y a aussi Dingo, dont on peut douter de la santé mentale... Et puis il y a Lenore, mariée à Clarence, le frère de Dingo. Une femme insatisfaite, dont la sœur malade sert de prétexte à une infidélité quasi maladive. Elle est "la blonde au coin de la rue".
    Ralph, bel homme fan de boxe et qui manie les poings avec dextérité (la scène du métro ou celle de l'usine !), semble alors une proie de choix pour la femme fatale...
    La Blonde au coin de la rue c'est effectivement "un constat désespéré sur la jeunesse de l'époque" comme écrit sur la 4e de couverture. Mais c'est aussi une ambiance, des scènes en apparence banale mais qui restent bizarrement en mémoire... Pas étonnant alors de voir Goodis autant adapté au cinéma, tant le style est cinématographique (l'auteur a d'ailleurs travaillé pour Hollywood, une expérience plus que mitigée).

    23/10/2018 à 19:54 5

  • Le Crime de l'Orient-Express

    Agatha Christie

    7/10 Ce classique de la littérature policière est souvent considéré comme un des 3-4 meilleurs de l'illustre Anglaise. Ce n'est pas forcément mon avis, j'ai largement préféré Dix Petits Nègres, Le Vallon ou encore A.B.C. contre Poirot. J'ai trouvé que le texte n'avait pas très bien vieilli, et même s'il faut le remettre dans son contexte (années 1930), le racisme ordinaire des personnages (Poirot compris) et par là même de son auteure, agace.
    Chaque personnage a un caractère hérité de son lieu géographique, pire de sa "race": l'Anglais est nécessairement flegmatique, l'Italien volubile, voleur et potentiel assassin au couteau (forcément...), les Américains sont excités etc, etc... Et comme ces pseudos caractéristiques interviennent dans l'enquête de Poirot ("ce meurtre ne peut être l’œuvre d'un Anglais mais plutôt d'un Latin, vu que la victime est morte de douze coups de couteau"...), ça en devient énervant. Du coup, même si le récit reste plaisant à suivre, ces références qui reviennent plus ou moins régulièrement font tiquer et lassent.
    Et c'est au final davantage ce que je retiendrais de ce roman, ce qui est bien dommage car une fois de plus la construction de l'enquête, l'intrigue elle-même sont fort habiles. Si on arrive à faire fi de ces références gênantes (ce que je n'ai pas su faire), alors on a là, incontestablement, un bon whodunit.

    21/10/2018 à 12:29 4

  • Le temps est assassin

    Michel Bussi

    7/10 Un peu moins "charmé" par cet opus de Michel Bussi, on navigue comme toujours entre présent et passé, on suspecte beaucoup de monde en sachant qu'un twist ending va nous avoir, forcément... La recette lasse un peu à mon goût, même si, il faut l'avouer, les révélations finales sont "scotchantes". La lecture (livre audio) de Julie Basecqz est réussie et colle bien au récit. Pas dans mon top 3 de l'auteur.

    21/10/2018 à 12:17 5

  • La Capture du tigre par les oreilles

    Jean-Bernard Pouy

    7/10 Une contrainte littéraire dont on s'amuse à "vérifier" le résultat et une histoire certes pas inoubliable mais plutôt drôle, qui mélange conflit social et absurde (la fameuse scène de la capture). L'anecdote sur les enfants bagnards est intéressante.
    Bref, un petit texte réussi et qui remplit à merveille sa raison d'être (je l'ai d'ailleurs lu dans un train).

    18/10/2018 à 16:57 3

  • Retour à Malaveil

    Claude Courchay

    9/10 Très belle et triste histoire, à l'atmosphère tantôt chaleureuse tantôt oppressante dans ce beau coin du Gard.
    L'histoire d'un innocent, Noël, injustement condamné et qui revient sur sa terre natale, terre du prétendu crime qu'il est sensé avoir commis. Les racines de l'accusation sont profondément plongées dans un passé sombre, comme les années de guerre...
    La tension qui habite Noël est adoucie par l'apparent calme qu'il tend à voir aux autres, masque cachant de sombres desseins... Adoucie également par la bienveillance de Coco, le cafetier, personnage sympathique, empathique, comme un père que Pivolo n'est pas.
    C'est bien écrit, admirablement bien construit et la fin est une belle claque.
    Vraiment une très belle découverte que je conseille chaudement. Une histoire et un texte qui ont, en outre, bien vieillis.

    03/10/2018 à 14:46 3

  • Demain j'arrête !

    Gilles Legardinier

    3/10 Commençons par le positif : Gilles Legardinier a construit habilement son récit, en plaçant différentes pièces de puzzle tout au long de son récit qui s'emboîtent parfaitement (quoique hâtivement dans le dernier chapitre) à la fin de celui-ci. Voilà.
    Pour le reste, ce fut d'un ennui... J'ai failli prendre au mot l'auteur et son titre à plus d'une reprise. Mais je me suis accroché bien que consterné par tant de niaiseries. Pourquoi consterné ? Pour la simple (et bonne ?) raison que son héroïne est pathétique et si peu crédible. Comment peut-on, à presque trente ans, s'accrocher comme une ado attardée à un type dont seul le nom sur une boîte aux lettres nous intrigue ("Ricardo Patatras", tout un programme...). Sa quête n'est pas drôle, elle est ridicule. Tout comme certains passages du roman, exemple p. 69 "Je garde les photos de mes voyages au mur, mais je range mon nounours à l'abri des regards. Il s'appelle Toufoufou. Je lui fais un bisou, je lui demande pardon mais il va passer son samedi dans mon tiroir à sous-vêtements". Non, non cela ne sort pas de la bouche d'une ado mais bien de notre héroïne de 27 ans... Autre passage (p.17) : "Ma copine Sophie dit toujours qu'il n'y a que les mauvais garçons pour avoir de belles fesses, et Didier en avait de magnifiques". Voilà, voilà...
    Je me plains mais en même temps, la quatrième de couv' aurait dû me mettre la puce à l'oreille puisque sur l'édition Pocket, il y ait écrit "Un succès surprise...", (tu m'étonnes !) une formule plus que maladroite mais qui après lecture se comprend mieux...
    Bon, j'arrête là sinon je vais me faire traiter de vilain cynique (comme l'évoque l'auteur dans ses remerciements). Les histoires d'amour dans les romans ne me posent aucun souci, encore faut-il que j'y crois. Et là, je n'y ai pas cru une seule seconde.

    30/09/2018 à 21:54 6

  • Mort d'une Héroïne Rouge

    Qiu Xiaolong

    8/10 Premier contact avec cet auteur et belle découverte au final.
    Qiu Xiaolong nous amène dans le Shanghai du début des années 90, dans une Chine en pleine mutation bien que toujours marquée par le poids écrasant du Parti, par une corruption omniprésente, et une pollution étouffante. Les passages sur le passé de la Chine sont passionnants (notamment ceux qui touchent la Révolution culturelle voulue par Mao et ses désastreuses conséquences).
    Teinté d'humour et d'une bonne (et belle) dose de poésie, le texte de près de 500 pages (format poche) se lit avec plaisir, curiosité (tant pour connaître le dénouement de l'intrigue que pour en apprendre plus sur cette Chine-là) et parfois gourmandise (nombreuses références culinaires).
    L'inspecteur principal Chen est un policier original, à la fois poète et flic bien en vu (soutenu par certains caciques du Parti). Cette double étiquette, ce mélange surprenant est un véritable atout (l'auteur est lui-même poète) et me donne envie de poursuivre l'aventure à ses côtés dans les autres titres de la série.

    26/09/2018 à 10:55 5

  • L'enfant aux cailloux

    Sophie Loubière

    9/10 Un bijou de suspense et un vrai fond qui amène le lecteur à réfléchir à un thème difficile mais excellemment traité ici.
    Quand le fond et la forme se conjuguent aussi brillamment, je ne peux qu'applaudir. C'est très habilement construit, ça se lit comme un page-turner avec l'envie chevillée à l'esprit de savoir à tout prix (est-elle folle ou non ?).
    Pas prêt d'oublier Elsa Préau, bravo Mme Loubière pour cet excellent roman, pétri d'humanité !

    26/09/2018 à 10:46 7

  • Le Géant inachevé

    Didier Daeninckx

    6/10 Si j'ai apprécié le cheminement de l'enquête dont il est difficile d'imaginer l'issue au moment du meurtre de Laurence Cappel, cette même résolution est finalement assez classique du genre. Le décor du Nord, l'ambiance du carnaval d'Hazebrouck ne sont peut-être pas assez exploités à mon goût.
    Rien de déplaisant dans ma lecture, mais je ne me suis guère passionné non plus. L'inspecteur Cadin, s'il est sympathique, manque de profondeur pour susciter davantage. Je ne suis pas sûr de garder longtemps en mémoire cette histoire.
    Bref, un peu déçu de ce Daeninckx (une fois n'est pas coutume).

    26/09/2018 à 10:41 6

  • Cat 215

    Antonin Varenne

    6/10 Récit moite dans la touffeur de la forêt amazonienne, où Marc replonge dans un monde interlope qu'il connaît pourtant, plein de violence larvée, zone de non-droit sur fond d'orpaillage clandestin.
    C'est assez prenant, ça tourne vite au duel en huis clos mais le hic c'est, à mon humble avis, la fin. Comme si l'auteur, à l'image de Marc et sa Caterpillar réparée, nous disait : "voilà, moi j'ai fait le taf, maintenant démerdez-vous"... dommage car le reste est vraiment réussi, dans un format novella.

    20/09/2018 à 22:07 7

  • Une plaie ouverte

    Patrick Pécherot

    8/10 La Commune de Paris, épisode mêlant utopie et tragédie (la Semaine sanglante), aux balbutiements d'une IIIe République tenue par des monarchistes (Thiers...), après la défaite face à la Prusse, est une page de notre histoire trop méconnue (et qui me passionne personnellement) et peu abordée au rayon polar.
    Que Patrick Pécherot soit donc remercié d'avoir pris ce sujet à bras le corps, avec une plume élégante mais un texte parfois difficile à suivre.
    Le plus intéressant est finalement l'immersion dans le Paris des années 1870-71, entre la contre-offensive prussienne, le siège d'un Paris affamé et l'utopie qui naît des canons de Montmartre. C'est véritablement un très beau texte, où l'on côtoie de près Jules Vallès, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, le caricaturiste André Gill où encore l'institutrice révolutionnaire Louise Michel, mais aussi Buffalo Bill et Calamity Jane.
    On termine le roman à la toute fin du XIXe s., toujours imprégné par la très bonne documentation de l'auteur, avec les inventions de l'époque et la conclusion de "l'enquête".
    Quelques frustrations pour ma part : l'absence de bibliographie en fin d'ouvrage, tout comme j'aurais voulu en savoir plus sur La Réunion de Considérant au Texas (même si ce n'est pas le propos du roman). Et pour les moins "aguerris" sur la période, quelques notes de bas de page n'auraient pas été de trop.

    08/09/2018 à 10:04 6

  • La fuite de monsieur Monde

    Georges Simenon

    7/10 Norbert Monde, 48 ans, grand bourgeois, travailleur, qui porte sur ses épaules l'entreprise familiale, est méprisé par sa seconde femme (après avoir été abandonné par la première), négligé par sa fille, oublié par son fils... Il décide de tout quitter, sur un coup de tête, direction le Sud.
    Sans trop savoir où aller, M. Monde échoue à Marseille, puis à Nice où il change d'identité.
    Cet éloignement volontaire mais soudain et sans préméditation lui permet d'ouvrir les yeux sur son immense solitude et nous ouvre les yeux sur sa bonté, dans un univers familial bouffé par l'individualisme.
    Encore un bon Simenon !

    06/09/2018 à 11:34 4

  • Le Cheptel

    Céline Denjean

    9/10 Une 4e de couv' intrigante, un titre qui inspire effroi et dégoût... mais que se cache t-il derrière ce beau pavé (650 pages en grand format) ?
    L'envie de savoir est trop grande, je profite du salon Lire à Limoges pour me le prendre, dédicace et échange sympa avec l'auteure en sus.
    Et bien mes amis, bien m'en a pris ! Car quel thriller ! Ma-chia-vé-lique !
    Alors il est difficile pour moi de parler de l'intrigue sans en dire trop. Disons pour faire simple, qu'il s'agit d'un cas de manipulation mentale à une échelle juste vertigineuse mais tellement crédible dans le même temps. Le tout sur fond de Seconde Guerre mondiale (aïe, en ai-je déjà trop dit ?), mais c'est vraiment un truc de dingue que nous a pondu là Céline Denjean !
    Et quand, en plus, l'auteure a le souci de trouver le mot juste, de travailler son écriture en plus de son intrigue à la construction pertinente, je dis "chapeau" Mme Denjean !
    Je ne suis plus fan des thrillers, mais des comme ça, j'en redemande !
    Pour moi, le meilleur thriller lu en 2018, un possible candidat au prix PP.

    02/09/2018 à 20:51 14

  • Jusqu'à la bête

    Timothée Demeillers

    7/10 En quelques 150 pages, Thimothée Demeillers nous amène dans un monde que l'on connaît finalement peu, sauf à y travailler et qui pourtant nous sert quotidiennement, sauf à être végétarien/végan etc, celui des abattoirs. Ici, nous sommes dans la banlieue d'Angers. Erwan, ancien employé d'un abattoir près d'Angers, est en prison. On ne sait pas pourquoi, mais l'on pressent qu'il a commis quelque chose de très grave pour écoper d'un peine de 18 ans.
    Alors, à travers un récit à la première personne, on retrace avec lui son parcours, enfant de la banlieue pavillonnaire, fils d'un père autoritaire, d'une mère soumise, peu concerné à l'école, il échoue aux abattoirs où, très vite, la violence et la monotonie des gestes comme du lieu vont le transformer en... bête. Chaque heure qui passe affecte les cinq sens : l'odeur de la mort, que l'on ne sent même plus à force d'habitude au bout de quelques semaines, la vue de ce sang noir qui jaillit des bêtes égorgées et des néons qui brûlent les yeux, le bruit incessant des clacs de la chaîne, le goût de fer qui émane du sang et qui peut couper l'appétit, et le toucher, rendu parfois douloureux par le froid omniprésent (Erwan travaille aux frigos).
    Très documenté, l'auteur nous immerge dans ce décor sanglant et glacial, où l'on tue par dizaines des bœufs, des vaches et des veaux et ce à chaque heure de la journée, 24h/24. L'aspect répétitif du récit que l'on peut reprocher à l'auteur nous permet cependant de se mettre dans la peau de Erwan et de subir avec lui.
    Peu de lumière, sauf cet amour estival, Laétitia, rencontré aux abattoirs lors d'un job d'été, trop vite partie vers d'autres cieux plus cléments, moins rouge sang.
    C'est pesant mais juste, et l'auteur nous amène à réfléchir à la fois sur la condition des employés dans ces abattoirs mais aussi le rapport du monde "moderne" à l'animal (attention, ce texte n'est pas non plus un plaidoyer pour le véganisme !).
    De par l'originalité du lieu choisi et son traitement, Thimothée Demeillers atteint son but, celui de questionner nos pratiques, nos habitudes et le cadre libéral qui l'englobe. Une réussite.

    28/08/2018 à 17:10 5

  • La Bande mouchetée

    Arthur Conan Doyle

    8/10 Un recueil de nouvelles publiées en 1891-1892 fort plaisantes à lire.
    Dans le détail, j'ai préféré L'Association des Hommes roux que j'ai trouvée très originale ! Vient ensuite L'Escarboucle bleue, ou comment Holmes arrive à retracer le fil d'une intrigue mêlant chapeau melon, oie morte et diamant, très réussie. Les deux autres nouvelles sont également réussies mais je les ai trouvées moins prenantes. : Les Cinq pépins d'orange aborde le Ku Klux Klan tandis que La Bande mouchetée traite d'un mystère en chambre close mais rien de bien transcendant à mon humble avis.
    L'ensemble demeure vraiment agréable à lire, avec un style suranné fort appréciable. . Je ne connais pas beaucoup l'oeuvre d'Arthur Conan Doyle mais ces 4 textes m'ont donné l'envie de me replonger prochainement dans d'autres enquêtes de Sherlock Holmes.

    22/08/2018 à 18:19 3

  • La Route sanglante

    Pierre Fossard

    8/10 Triste je suis, après avoir lu le dernier polar de Pierre Fossard. L'auteur, parti bien trop tôt, n'aura eu le temps que d'écrire 5 livres (dont trois comportant des nouvelles).
    Dans ce recueil de 4 nouvelles, Pierre Fossard reprend ses ingrédients favoris : un homme seul, désespéré. Une (ou des) femme(s) fatale(s). Et la route, comme lieu de rencontre(s) tragique(s). Le tout dans le même cadre, le Limousin (et souvent Limoges).
    Les 2 premières nouvelles ("Mathilde", "Alex") sont déjà présentes dans le recueil "Les Hasards de la route", que j'ai chroniqué ici : https://polars.pourpres.net/polar-18535-votes.
    Les deux suivantes ("Fabien", "Le Truc") sont dans la même veine, avec cette proximité entre le narrateur et le héros, peut-être due à l'emploi de la première personne, sûrement due à l'écriture immersive de Pierre Fossard.
    C'est toujours sombre, souvent désespéré, même si l'auteur parsème ses récits de quelques lueurs d'espoir...
    Oui vraiment triste de devoir refermer le dernier de ses 5 polars édités. Me reste plus... qu'à les relire.

    19/08/2018 à 10:53 3