755 votes
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L'Ombre
5/10 Le mythe du loup-garou revisité à la sauce magyare, par Stephen Lloyd Jones, un peu à la façon d'un " Jeepers Creepers"... Trois époques, trois moments clés dans la chronologie d'une légende qui pèse comme une malédiction sur la famille du personnage principal...
Une fable gothique, dans laquelle le personnage de Jakab et son ombre portée, la paranoïa, s'affirment comme l'intérêt majeur d'une histoire dont le découpage, même s'il permet de faire monter doucement la tension, nuit au rythme, du fait de certains passages obligés, et inintéressants, qui cassent la dynamique du récit... Et finit par galvauder l'ensemble...25/01/2016 à 19:43 3
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Vengeances
8/10 Découvert dans le cadre du Programme des Lecteurs Polars Pourpres, une petite pépite sombre, pleine d'amertume et glacée, voire glaçante...
Le froid justement, comme partie prenante du récit, s'incorporant et gangrénant toutes les strates de l'histoire: froideur des lieux, froideur clinique de l'action, d'une violence brute et sauvage parfois, froideur des sentiments...C'est un livre qui vous prend à rebrousse-poil, sans jamais tomber dans la facilité, la caricature ou le trash...Une quête de la vérité comme antidote à la douleur, ce besoin de racheter une vie, des vies, sa vie, par une autre, puis une autre, puis une autre...
Au-delà d'une intrigue dure et sans aucune concession, ce sont surtout les personnages qui nous bouleversent: celui de Blum, véritable oxymore vivant, en lutte perpétuelle; Réza, Massimo, et les autres... Une prometteuse découverte...20/01/2016 à 10:00 10
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Les Fantômes de Belfast
7/10 Gerry Fegan, le héros de Stuart Neville, traîne sa souffrance dans un Belfast félon, exécutant d'un contrat moral passé avec lui-même, pour expier ses fautes et se racheter sa conscience... L'auteur ose un parallèle entre son personnage principal et le pays qui l'a vu naître, tous deux dans le repentir d'une époque douloureuse et révolue, entre doutes et désenchantement...Un entre-deux mondes encore rempli de violences et de coups bas, dans lequel errent encore toutes sortes de chimères, anciens combattants mis au rencart et victimes d'une guerre qui ne dit pas son nom...
18/01/2016 à 22:09 6
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Le Fil rouge
9/10 Le tourment d'un homme qui, pour combler le grand trou au sein de son existence, remplit les petits avec du vide, au lieu d'une vie... Un homme de la renonciation, comme soufflé par la déflagration de la perte, et qui, instrument d'une justice du talion, va s'improviser assassin par procuration, pour se rendre finalement compte qu'on est tous le bourreau de quelqu'un...
Paola Barbato dévide la bobine de son histoire patiemment, sobrement, déroulant le fil rouge de l'affliction partagée, en nous prenant à témoin, nous défiant de juger ces martyrs collatéraux, pris entre le marteau et l'enclume; c'est là sa très grande force, cette neutralité romanesque qui confine au pudique...
Elle déploie avec vigueur, dans un même temps, tout un panel d'émotions exacerbées, exaltées, s'incarnant dans chacun des personnages croisés au fil des pages, pour finir par nous délivrer une subtile réflexion sur la culpabilité du survivant et l'appréhension du deuil... Poignant.11/01/2016 à 20:21 9
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Criminal loft
7/10 Dix petits nègres version réality-show...
Armelle Carbonel organise la rencontre paroxystique, mâtinée d'horreur gothique, entre deux des maux les plus symptomatiques et les plus fascinants ( bien que tout un chacun s'en défende ) de notre époque; quand huit sociopathes jouent leur liberté à pile ou face sous les projecteurs de la télé-réalité...
Un récit sous pression, qui diffuse un étrange malaise, une perturbante inversion des rôles, à partir de laquelle le lecteur devient obscurément coupable d'un voyeurisme pervers, comme si la scrutation de ces monstres finalement si pathétiquement humains faisait écho aux exactions qu'ils ont commises...
L'auteure pousse à bout cette expérience de Milgram, qui laisse à penser que la vraie nature du genre humain réside quelque part au milieu de cette folie, où le libre arbitre n'est pas forcément la clé vers la liberté...Il est néanmoins regrettable que le suspense, présent durant la majeure partie de l'ouvrage, ne trouve pas un climax à la hauteur de l'analyse psychologique des ses personnages...07/01/2016 à 20:50 6
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Delta Charlie Delta
7/10 Laurent Guillaume nous administre la preuve, une fois encore, à l'instar d'un Olivier Norek, que son expérience de flic confère à ses polars une empreinte aisément identifiable, marquée du sceau de la réalité, loin de toute fictionnalité et autres exagérations...Et même si son intrigue n'a pas le cachet d'une folle originalité innovante, le fait de retrouver son personnage de Mako, l'incarnation vivante de Ste Rita en saint patron des causes désespérées, nous permet de passer un agréable moment...
31/12/2015 à 08:31 2
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Le Roi des crânes
7/10 Le second volet des aventures de Mako à l'image du personnage: solide, carré, tendu... Une valeur sûre...
28/12/2015 à 18:35 2
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Mako
7/10 Dans la veine du style hyper réaliste et très immersif, dont lui et Olivier Norek se posent en chef de file, Laurent Guillaume nous livre un polar solide et accrocheur, dont on peut penser que le héros s'inscrira naturellement dans l'imaginaire collectif des fans de romans policiers...
28/12/2015 à 18:05 3
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Grossir le ciel
7/10 Terroir, c'est noir... Un roman qui parle de la terre, des terriens, qui s'empare du quotidien de ces gens qui cultivent, bêchent, aident au vêlage, labourent, au caractère bourru et entier, qui ne transigent que rarement, et pour qui la solitude est presque un acte de foi, faute de convertis...Une chape de plomb, à l'image du climat hivernal qui sert de toile de fond à cette histoire, pèse sur les personnages et préfigure du drame, qui tarde à venir... Une sorte de " Sukkwan Island" paysan...
Un peu refroidi justement par le côté ascétique et linéaire de l'histoire, qui gâte le rythme d'une intrigue très terne, trop dans la contemplation, sans pouvoir me raccrocher à une qualité d'écriture certaine, très naturaliste, d'une poésie brute et brutale...24/12/2015 à 09:30 6
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Revival
9/10 Depuis quelques romans, Stephen King feuillette les pages d'une époque révolue, d'une enfance perdue - voire idéalisée-, comme les accords d'une vieille rengaine qui resterait dans nos mémoires, bien après la dernière note jouée...Ici encore, sous couvert d'une critique acerbe du rôle des télé-évangélistes dans l'Amérique d'aujourd'hui, et du "pouvoir guérisseur" de la religion, il évoque ce sentiment de perte, comme un fil conducteur à ses dernières oeuvres: perte de la foi ( en soi, en Dieu), perte de nous-mêmes, perte du premier amour...
Plus qu'une décharge électrique, c'est une puissante décharge émotionnelle que l'on se prend de plein fouet, lors d'une première partie franchement réussie...Loin d'être branchée sur courant alternatif, l'histoire nous gratifie d'un second acte sous haute tension; et même si l'on se dit que la foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit, le résultat s'avère tout bonnement flamboyant...21/12/2015 à 17:33 3
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Tout le monde te haïra
3/10 Rien de neuf, même sous le soleil pâle de l'Alaska: un style quelconque, des personnages qui se ressemblent d'un livre à l'autre, notamment dans les rapports qui les unissent... Tout est interchangeable dans les intrigues d'Alexis Aubenque; j'ai même parfois eu l'impression d'avoir entre les mains une épreuve non corrigée... Quand au terme de l'histoire, consternant de naïveté et d'absurdité... C'est sûr qu'à force de produire de pareils ratages, tout le monde va peut-être bien finir par le haïr...
11/12/2015 à 20:50 2
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Lontano
8/10 Qui va piano...Va Lontano: une enquête au long cours pour ce nouvel opus de JC Grangé, qui prend le temps de mettre en place son histoire, et ses protagonistes, brossant le portrait de sa famille modèle façon Dallas: J.R., Sue Ellen, Lucy, Bobby...Quand on fraie avec JCG, on accepte de franchir les frontières de la vraisemblance; là encore, fort d'un salmigondis mystico-financio-judiciaire qui peut paraître indigeste, il nous livre une histoire dont il a le secret, et parvient, quand même, à nous tenir grave en haleine durant les quelques 700 pages du bouquin...Alors, bien sûr, on aurait pu se passer du final son et lumière, façon Fort Alamo, et du twist de fin, littéralement ahurissant, mais, quoi qu'on en pense, qu'on aime ou pas, force est de constater que pour ce genre d'histoire, Grangé reste le taulier, qui pourra me compter au rendez-vous des prochaines aventures du clan Morvan...
08/12/2015 à 09:41 10
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Nous rêvions juste de liberté
9/10 Ce bouquin, c'est la vie de Bohem, l'histoire d'une amitié virile, de mecs qui s'aiment sans se l'avouer vraiment, des fois que ça fasse causer, les 400 coups d'une bande de bras cassés et de coeurs fêlés qui nous jouent le remake de la Fureur de Libre... A l'étroit dans leur peau, dans leur ville, dans leur vie, ils aspirent à être intensément, et mettent les gaz et les voiles, comme pour se raccrocher à leurs rêves...
A la lecture du bouquin, j'ai eu la sensation d'entreprendre un périple de néophyte, le cul vissé sur un bon gros chopper, et mon seul petit regret, c'est que l'histoire n'ait pas réussi à se débrider assez rapidement, qu'elle ait gardé cette allure indolente, nonchalante, et que l'ensemble soit demeuré sur la réserve une dizaine de pages de trop, à mon goût...
Néanmoins, demeure, comme une belle persistance rétinienne, cette foutue dernière ligne droite, comme un triste point d'exclamation à cette vie d'errance, où l'on conserve au fond de soi des images, des sons, des goûts, et surtout un sentiment d'appartenance, la conviction qu'après avoir fait tout ce bout de chemin avec ces drôles de cow-boys des temps modernes, le temps d'un roman, le rêve d'être libre soit devenu une criante réalité...
La plus belle leçon que nous donne Hugo, c'est de savoir que quelle que soit la distance que l'on met entre nous et les embûches de la vie, elle n'est jamais aussi grande que celle qu'il existe entre nous et nos rêves déçus, et qu'il n'existe qu'un seul instrument à même de la mesurer: notre coeur...27/11/2015 à 20:33 10
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Peine maximum
7/10 Après avoir pris perpète lors de la lecture des premières aventures de Sébastien Tourraine, je replonge volontiers dans l'univers tortueux de Gilles Vincent; chronologiquement parlant, cette première enquête de Tourraine prend sa source, une fois de plus, dans le tissu cicatriciel de notre mémoire collective... Comme à son habitude, l'auteur n'épargne rien à ses personnages principaux, et malgré quelques péripéties saugrenues, parvient à exciter notre curiosité jusqu'au dramatique épilogue...
17/11/2015 à 16:38 1
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La Ferme
5/10 A partir d'un pitch rigoureusement minimaliste, dans un style me rappelant celui de Steve Mosby ou Jesse Kellerman, ce suspense psychologique entretient un doute irraisonné, qui fait long feu jusqu'à son dénouement, en-deçà de ce à quoi on aurait pu s'attendre...
13/11/2015 à 22:02 3
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Quelqu'un pour qui trembler
5/10 Ayant pourtant 2 zouaves pour qui trembler, je n'ai absolument pas été touché par le nouvel opus de Gilles Legardinier; contrairement à ses autres livres, à l'effet euphorisant et revigorant, et qui m'avaient franchement emballé, et même remué, ici, je n'ai pas pu aller plus loin que le premier quart du roman... Peut-être que, pour une fois, j'ai regretté que la réalité soit trop éloignée de la fiction, et que cette idéalisation du rapport parental ne prenne pas un tour un peu moins gentillet...
Peut-être que cette fois, j'ai regretté le côté trop lisse du personnage principal, pas assez azimuté, même si la galerie de personnages de la résidence de seniors mérite le détour...
Peut-être, me rends-je compte, que c'est la part féminine de Gilles Legardinier, quand elle s'exprime et qu'elle " prend le pouvoir", qui me séduit le plus...
Peut-être que ce n'était tout simplement pas le bon moment, peut-être me suis-je senti de trop au milieu des retrouvailles entre Thomas et sa fille, plus observateur que complice...08/11/2015 à 16:03 2
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Celui dont le nom n'est plus
7/10 Une histoire plutôt bien troussée, des personnages auxquels on finit par s'attacher, le concept de mémoire cellulaire, qui entre en résonance avec l'un des derniers thrillers de Franck Thilliez, un rush final en forme de contre-pied; beaucoup d'éléments réunis pour passer un agréable moment, en compagnie d'une voix singulière de la fiction à la française...
04/11/2015 à 20:04 4
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La Fille du train
6/10 Cette histoire, c'est un peu comme une partie de billard français, un coup à trois bandes; un récit à trois voix, où chacune vient caramboler les deux autres et apporter un éclairage différent aux versions de chacune...Des personnages sujets à caution, des anti-héroïnes qui se sont construites sur des manques, qu'elles tentent de combler à grand renfort d'addictions plus ou moins avouables, pour finir par mener des vies par procuration ou sublimées...
Mais tout comme Rachel lors de ses fameux trous noirs, je n'ai pu m'empêcher, à certains moments, de décrocher de l'histoire; un rythme de croisière pianissimo, l'impression tenace de tourner en rond, jusqu'au final un poil décevant,que l'on devine assez rapidement, si l'on est rompu à ce genre d'histoire...27/10/2015 à 21:33 9
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Le Jour des morts
8/10 Après avoir fait sonner le tocsin dans l'Heure des fous, Nicolas Lebel organise la chasse aux sorcières entre Paris et Limousin, dans ce second volet des aventures du capitaine Mehrlicht et de son équipe...En creusant la psychologie de ses personnages, et refusant tout dualisme, il étoffe leur caractère et les rend attachants...
En prenant toujours soin d'ancrer le contexte de son histoire dans une réalité sociale contemporaine, les ombres de son intrigue se dessinent derrière le paravent des grands évènements historiques, et nimbent de mysticisme cette nouvelle enquête, qu'accompagne un humour ravageur, porté une fois encore par les tirades dévastatrices du capitaine Mehrlicht...25/10/2015 à 14:39 7
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Modus operandi
7/10 Une expérience de lecture qui provoque le malaise, une impression de non-assistance à personne en danger qui prend de l'ampleur au fil des pages ... Une chute continue, dans le sillage d'un personnage principal cabossé et désabusé, pour qui l'espoir sert de carburant...
21/10/2015 à 08:12 8