Mephisto

193 votes

  • Entre deux mondes

    Olivier Norek

    8/10 Deux mondes ? Les riches, les pauvres. Ceux du sud, ceux du nord. Ceux qui partent, ceux qui restent... Un bateau sur la Méditerranée, rempli jusqu'à la gueule de corps. Des hommes, des femmes, des enfants. Celui qui gêne, qui discute, qui tousse même, peut être jeté à la mer à tout moment par ces hommes qui conduisent d'autres hommes vers ce qu'ils imaginent être l'espoir. Ils fuient la guerre, la misère, un destin sans étoile. De l'autre côté, tout au nord de la France, il y a Calais. Là aussi des bateaux qui traversent. Mais pas de place pour les migrants. Leur seule chance de passer en Grande-Bretagne, la Terre Promise, ce sont les camions. Un flic, Bastien, plutôt jeune, débarque donc là-haut, dans le Pas-de-Calais. Il vient de Bordeaux avec sa petite famille, une femme en pleine dépression, et une adolescente qui se demande bien dans quel bled elle a atterri. A quelques kilomètres, son installation en ville coïncide avec l'arrivée dans la "Jungle", le nom donné à la No Go Zone où se rassemblent tous les candidats à la traversée de La Manche, d'un Syrien nommé Adam. Il est chrétien. Dans son pays, il était une sorte de policier. Il cherche sa femme et sa fille. Le sauvetage d'un gamin soudanais et le meurtre d'un autre Syrien, abandonné aux chiens, vont les mettre en relation, et leur faire débuter une étrange amitié.

    Après trois romans policiers très noirs situés dans Paris et sa proche banlieue (Code 93, Territoires, et Surtensions), Olivier Norek fait jouer la géographie et étend son territoire de jeu avec ce récit bourré de détails qui font vrai. L'auteur, lieutenant de police en disponibilité, s'est d'ailleurs documenté comme un journaliste en allant sur place plusieurs semaines et s'imprégnant de l'ambiance, des gens vivant sur place. Avec minutie, il a élaboré cette histoire complexe dans laquelle les apparences sont trompeuses jusqu'à la toute fin. Les innocents du moment sont parfois des bourreaux. En délaissant (pour un temps) son personnage fétiche, le capitaine Da Costa, Norek se renouvelle sans casser la dynamique mise en place par le passé. A savoir, des intrigues situées dans des zones peu explorées en littérature, et des personnages souvent faillibles, loin d'être monolithiques. Et s'il y a toujours une part d'humanité, presqu'un peu naïve, idéaliste qui pointe chez Norek, le final d'Entre Deux Mondes, sauvage et sans espoir, achèvera de vous sonner. Comme un bon gros coup de poing dans la gueule.

    09/10/2017 à 18:18 10

  • Impact

    Olivier Norek

    7/10 Émotion, suspense… Tout y est. Et plus encore. Olivier Norek (Code 93, Territoires, Entre Deux Mondes, Surface) surprend et signe un thriller écolo hyper efficace. Une sorte de bombe verte à fragmentation. Avec cette touche finale d’optimisme qui est (un peu) la signature de cet ancien flic (très) concerné par le monde.

    22/10/2020 à 21:13 9

  • Surface

    Olivier Norek

    8/10 Avec une nouvelle héroïne terriblement attachante, Olivier Norek s'invente un personnage complexe, ambigu, traversé par des conflits affectant jusqu'à sa personnalité, son identité profonde. Qui est-elle ? Est-ce que l'ancienne Noémie a survécu l'opération ? Mais l'auteur évite soigneusement d'en faire des tonnes sur le sujet, et se lance dans une intrigue assez inattendue où tout se retrouve marqué par la dualité : ville contre campagne, présent contre passé, etc. Une histoire qui prend son temps pour se déployer après une longue introduction autour du personnage principal, avant de prendre de la vitesse en mode thriller. Un polar fluide, dense, et surtout profondément humain. Une vraie réussite.

    26/03/2019 à 17:27 13

  • Le sabot du diable

    Kem Nunn

    8/10 Kem Nunn reste fidèle à ses obsessions et considérations "surfistiques" dans ce 2ème roman qui mêle la quête de la "Big Wave" ultime et celle d'un photographe sur le retour... Pas de palmiers, ni d'huile de coco, on se pèle les miches dans la Californie du nord en espérant échapper aux dents de la mer...

    28/07/2011 à 18:12

  • Surf City

    Kem Nunn

    10/10 Tous les surfers vous le diront, c'est "Le" livre à lire sur le milieu des érafleurs d'écume, des raboteurs d'océans. Un polar dense et marquant.

    28/07/2011 à 18:02 2

  • Tijuana Straits

    Kem Nunn

    8/10 Ancien surfer, accro aux drogues et à l’alcool, Sam pensait vivre loin du fracas du monde quelque part au bord du Pacifique, dans ce no man’s land désolé de Tijuana Straits. Là, se frôle la Californie et le Mexique. Madgalena, une activiste mexicaine blessée, pourchassée par des tueurs, va bouleverser sa tranquille existence. Dans la lignée de Cormac McCarthy (« La Route ») ou de l’Australien Tim Winton (« Respire »), Kem Nunn délivre sous l’apparence d’un thriller écologique un superbe roman sur l’état des relations Nord/Sud.

    28/07/2011 à 18:13 2

  • Le Temps des barbares

    Laurent Obertone

    8/10 Je n'avais jamais lu Laurent Obertone même si j’en avais beaucoup entendu parler (en bien, et en mal !), et en l'ouvrant je me demandais vraiment si ce tome 2 de Guérilla pouvait tenir la route tout seul, comme un grand. Et la réponse est un grand... OUI ! Mais attention, âmes sensibles et cœurs d’artichauts, taillez la route, car on en prend vraiment plein la gueule. Et ce, dès le premier chapitre particulièrement apocalyptique mais qui fait écho à des scènes réelles s'étant déroulé en Syrie, notamment dans la ville de Deir es-Zor. Ce Temps des Barbares se lit comme une suite d'épisodes à suivre, un peu en mode jeu vidéo, ou - pour les amateurs de série – très proche de l’esprit survivaliste des comics et de la série The Walking Dead. Qui survivra à ce chaos ? Qui succombera ? Les "forts" extermineront-ils les "faibles" ?

    07/10/2019 à 17:08 3

  • La Fabrique de la terreur

    Frédéric Paulin

    8/10 .. ET C'EST COMMENT ?
    Avec un vrai brio, mais surtout avec une construction implacable, l’écrivain Frédéric Paulin décortique une guerre qui n’a pas cessé, n’est sans doute pas près de cesser, une guerre que l’on ne sait pas toujours très bien nommer, ni très bien situer. Pour donner un point de comparaison, Frédéric Paulin serait un peu l’équivalent de l’écrivain américain Don Winslow lorsque celui-ci écrit sur la politique, la drogue, les Etats-Unis, les narcos dans les difficilement contournables La Griffe du Chien, Cartel et La Frontière, sauf qu’ici le territoire géographique de ce Parisien devenu Breton d’adoption, c’est le Maghreb et la France. Comme le confie, Frédéric dans une interview remontant à 2019 publiée sur ce blog : « La littérature, ce sont des mots qui ont un sens, qui donnent un sens à la vie parfois. Un bon livre, c'est suffisamment de mots qui ont un sens, les uns à la suite des autres. » S’il y a un roman noir à découvrir en ce drôle de printemps, c’est cette Fabrique de la terreur. C’est dense, mais c’est écrit à hauteur d’homme.

    18/05/2020 à 18:08 9

  • La Nuit tombée sur nos âmes

    Frédéric Paulin

    9/10 Peut-être un des très grands romans noirs (et politiques) de cette rentrée, avec cette qualité rare de n'être jamais donneur de leçon.

    07/09/2021 à 21:27 5

  • City of Windows

    Robert Pobi

    9/10 Juste impossible à lâcher. Le vrai bouquin qui se dévore. Chaque fin de chapitre vous donne une irrépressible envie de commencer le prochain. Est-ce que c'est bien écrit ? Oui, sans doute mais c'est surtout construit comme une nasse. Au début, vous vous y plongez en prenant un peu de marge et en vous disant "Bon, ok, un bon petit polar qui ne casse pas des briques." Mais voilà, dès que vous avez glissé le début de l'extrémité d'une nageoire, pardon, d'un membre, vous serez irrésistiblement attiré vers la fin. L'auteur canadien de L'Invisible (2012) et des Innocents (2015) n'est pas du genre à gratter du papier à tire-larigot, mais ce fan de Motörhead (vraiment ?) réussit avec ce 3ème roman un petit exploit. Le meilleur polar ou thriller paru en ce début d'année, écrit en pesant vraiment ces mots.

    30/03/2020 à 23:10 12

  • L'Invisible

    Robert Pobi

    6/10 Trente ans que Jack Cole, profiler au FBI, n’était pas revenu à Montauk, sur la côte Est des Etats-Unis, là où il a grandi. Mais son père, le célèbre peintre Jacob Coleridge, vient d’être hospitalisé. Diagnostic : Alzheimer. Alors qu’un ouragan s’apprête à frapper la ville, Jack est appelé par le shérif local pour l’assister sur des crimes particulièrement sanglants. Qui est l’étrange tueur en série de Montauk ? Pourquoi s’acharne-t-il sur l’entourage de Jack ? Sur cette trame, le Canadien Robert Pobi met en place un suspens poisseux, saupoudré d’une pincée de fantastique. Prenant ! A part une fin téléphonée que l'on voit venir de très loin tout en espérant jusqu'au bout qu'elle puisse être différente.

    29/07/2013 à 19:31 2

  • 88

    Pierre Rehov

    6/10 Plutôt bien foutu au début, ce thriller de Pierre Rehov (auteur et journaliste ayant réalisé plusieurs documentaires liés au Proche-Orient ou au conflit arabo-israélien) se prend très facilement en main, genre page-turner, avec vite un petit côté très filmesque/ésotérique rappelant les aventures d’Indiana Jones ou celles d’Allan Quatermain, éventuellement aussi Tomb Raider. Vous voyez ce que je veux dire…. Ca bouge donc beaucoup, partout, avec la découverte d'endroits assez incroyables et des personnages attachants mais complètement hors-sol. On est plus dans James Bond (toujours les films) que dans John Le Carré (les livres et les films) avec une héroïne et son compagnon qui semblent pouvoir faire fi des frontières

    15/01/2022 à 14:02 1

  • Un jour, tu paieras

    Pétronille Rostagnat

    6/10 Un thriller assez court (260 pages) dont, en gros, les deux premiers tiers se laissent avaler sans effort. L'écriture est fluide (beaucoup de dialogues), pas de fioritures, les personnages plutôt bien campés, et Pétronille sait doser ses effets pour faire basculer son lecteur d'un point de vue à l'autre sans l'égarer. Alors... Alors, quoi ? Un dernier tiers qui ne tient pas vraiment la route, tellement téléphoné ou plutôt tarabiscoté qu'on finit par survoler l'histoire et se désintéresser des ultimes rebondissements. Comme si cela n’avait plus d’importance, et tout s’empilait jusqu’à ce que : pschiiiit. Dommage, car je confesse sans mentir que je m'étais laissé guidé en douceur et que j'espérais sinon une fin en apothéose, au moins une intrigue bien bouclée. Un mois après l’avoir fini, j’ai refait trois petits tours sur les premiers et derniers chapitres par acquis de conscience, mais non… Ca coince. Par contre, le début est toujours aussi (sur) prenant. En résumé, une auteure à suivre, mais encore un peu tendre.

    17/05/2020 à 19:07 5

  • Le Chant du converti

    Sebastian Rotella

    8/10 Les événements du 13 novembre à Paris donnent un étrange reflet à la lecture de ce roman du journaliste Sebastian Rotella, grand reporter vivant aux Etats-Unis et spécialisé dans les questions de terrorisme international. Le profil des djihadistes décrits dans cette histoire renvoie à ceux dont ont lit les portraits dans les quotidiens français ou à la télévision aujourd'hui, celui de petites frappes qui entrent en Islam comme s'ils rejoignaient un gang les autorisant à tout faire, tout commettre, tout excuser au nom d'Allah. Ce roman qui prend vite la tournure d'une intense et immense chasse à l'homme au niveau mondial, depuis la Bolivie jusqu'à l'Irak en passant par la France et ses banlieues, est assez passionnant, documenté, sourcé pour que l'on n'ait pas une seconde envie de le lâcher. La fin, un peu trop abrupt à mon goût, laisse l'impression que ce "Chant du Converti" aurait pu encore se ménager 150 à 200 pages de plus. Une lecture que l'on peut compléter sur des thématiques assez proches avec "Pukhtu" de D.O.A. ou encore "Le Festin du Serpent" de Ghislain Gilberti...

    02/12/2015 à 18:41 1

  • L'Origine du Silence

    Jed Rubenfeld

    4/10 Je n'ai franchement pas aimé. J'ai trouvé les personnages indigents, sans psychologie, et j'ai calé au trois quart du livre, exténué par un intrigue qui volait à 2 cm du sol. Pas ma came.

    13/10/2011 à 01:26

  • Les Brillants

    Marcus Sakey

    8/10 Quelque chose s'est passée dans les années 80... Un événement qui a modifié, affecté et amélioré les capacités d'1% de l'humanité. Certains de ces hommes ou de ces femmes sont devenus des "lecteurs", ayant la possibilité d'analyser, de décrypter et d'anticiper les comportements. D'autres perçoivent le temps différemment, et se déplacent d'autant plus vite qu'une seconde écoulée en vaut onze pour eux.

    21/08/2017 à 16:07 2

  • América, tome1 : la treizième colonie

    Romain Sardou

    7/10 Quelque part en Amérique, Tomoguichi, un jeune Indien de la tribu des Yeohs est abattu par un blanc. Froidement. De l’autre côté de l’Atlantique, un brigantin, le Fairmont, fuit l’Irlande à feu et à sang avec à son bord Harry et Sally Bateman. Ils sont catholiques et leur avenir est à l’Ouest. Comme des milliers d’Européens, futurs colons, et émules de Colomb qui espèrent une vie meilleure dans ce nouvel Eden… Après sa trilogie médiévale, Romain Sardou se lance avec panache dans une étourdissante saga historique où s’entrecroisent l’amour, la haine et l’aventure avec un grand A.

    27/07/2011 à 12:55

  • Les Enfants de Chango

    Christophe Semont

    8/10 Un thriller aussi énergique que monstrueusement flippant. Après Soleil Noir dont l'action se situait en Amérique du Sud, puis Une Danse avec le Diable qui se déroulait en Asie du côté de la Thaïlande, le Harlem Globe Trotter de l'écriture poursuit son exploration de la planète avec une histoire à Cuba. Je ne sais pas si Christophe Sémont qui a pas mal baroudé compte se faire, un par un, les 193 pays que compte actuellement l'ONU mais ce qui est certain, c'est que chacun de ses romans aspirent, respirent l'authenticité.

    05/10/2017 à 18:41 3

  • Soleil noir

    Christophe Semont

    6/10 L'écriture est sans fioritures. Les chapitres courts téléportent le lecteur au milieu d'une atmosphère à la fois exotique et poisseuse dans laquelle viennent s'immiscer/s'inviter d'anciens nazis (tiens, tiens !), une documentariste bien renseignée, un camionneur bien intentionné, et un chasseur de serpent suicidaire. On y est, et on tourne avec plaisir les pages de ce thriller sans prétention mais dont la résolution s'achève malheureusement de façon bien abrupte, laissant pourtant augurer une suite à teneur fantastique, voire horrifique. C'est là que je n'ai pas été totalement convaincu.

    31/10/2015 à 11:16 1

  • Vindicta

    Cédric Sire

    8/10 8 ou 8,5/10... Jusque-là, après une tentative infructueuse, j'évitais avec soin les romans de Sire Cédric, devenu Cédric Sire. Trop gothiques, trop fantastiques pour mes goûts. Autant dire, ou plutôt écrire que j'ai ouvert Vindicta avec un peu de circonspection, prêt à tout remballer. Mais bon, l'avis enthousiaste d'une proche, puis d'une libraire énamourée de Cédric Sire, tout cela m'a poussé à persévérer. Et bingo ! Précision, en inversant l'ordre de son nom et prénom, Cédric Sire a voulu aussi marquer une nouvelle étape dans son écriture. Vindicta fait partie de ces thrillers qui vous hantent et que vous avez beaucoup de difficultés à lâcher. Lu l'été dernier, j'ai du le ratiboiser en trois jours maxi. Côté écriture, cela mériterait parfois d'être un peu plus resserré, mais cela reste très agréable à lire. Les chapitres sont courts. Efficaces. Côté personnages, c'est aussi parfois un peu leste. C'est à dire que les personnages sont silhouettés, parfois un peu improbables dans leurs aspérités mais il y a quelque chose. Voilà pour les petites critiques... Mais côté imagination et mécanique, difficile de ne résister à la cavalcade dans laquelle vous entraîne l'auteur. Juste bluffant, ultra maîtrisé, et abominablement noir et sans espoir.

    23/05/2020 à 21:38 6