Mephisto

193 votes

  • A la Trace

    Deon Meyer

    8/10 IL Y A DE VERITABLES AMBITIONS A LA JAMES ELLROY CHEZ DEON MEYER. Pas toujours la maîtrise au niveau du récit, mais quand il ne se perd pas dans des détails techniques qui ralentissent et polluent même son récit, on se laisse embarquer par les envolées de l'auteur, ancien journaliste comme son congrère californien Michael Connelly. Pour son 7ème roman édité en France, Deon Meyer continue de sarcler son sillon et de décrire cette société sud-africaine métissée en plein bouleversement, tiraillée entre les haines ethniques, les a-prioris de chacuns, et les poussées d'extrêmisme religieux.

    30/01/2012 à 19:26

  • Apnée noire

    Claire Favan

    8/10 Ce thriller de près de 400 pages dans l'esprit de Thomas Harris ("Le Silence des Agneaux"...) ou plus proche de nous, de Karine Giebel ("Le Purgatoire des Innocents"...) s'avale à toute vitesse. Il m'a fallu moins de trois jours pour en venir à bout. Comme d'habitude chez Claire Favan, les protagonistes sont lourdement chargés (Le deuil et ses conséquences pour le lieutenant Sadino / Une étrange et morbide obsession pour l'agent Halliwelll). Les rapports entre ses personnages sont toujours aussi mouvants, comme dans un ballet ou plutôt un duel à fleuret moucheté qui va s'avérer particulièrement cruel pour l'un des deux héros. On ne sait jamais trop sur quel pied se balancer, et c'est ce qui amène beaucoup de nerf à ce thriller efficace, et plein de surprises. Une intrigue sadique particulièrement tortueuse mais dont la conclusion m'a paru finalement assez poétique.

    31/12/2013 à 01:33 1

  • Au fer rouge

    Marin Ledun

    8/10 Dense, nerveuse, documenté, l'écriture de Marin Ledun suscite d'emblée des images, comme une tragédie à la Michael Mann qui se déroulerait au fil des pages. Bien, Mal... Peu importe ! On s'attache à ces personnages sans manichéisme - héros ou zéros ordinaires - que traversent, transpercent des conflits qui les dépassent.

    14/01/2015 à 19:51 8

  • Au revoir là-haut

    Pierre Lemaitre

    8/10 Délaissant le genre polar où il excelle ("Travail soigné", "Alex"...), Pierre Lemaître signe un roman jubilatoire sur deux parias que rien, pas même la sacro-sainte "Morale" ne pourra arrêter. On se laisse emporter par la mécanique et surtout les personnages, sortes d'anti-héros, que la Vie avec un grand V va entraîner dans un mensonge qui va secouer la République et les puissants. Ni un polar, ni un roman noir, ni vraiment un thriller mais un sacré bon livre.

    29/09/2013 à 18:05 6

  • Back up

    Paul Colize

    8/10 La fin ne m'a pas surpris car je connaissais l'histoire ou plutôt la rumeur dont s'est inspirée l'auteur mais je tire un coup de chapeau à la construction de ce roman. A la fois complexe, et incroyablement fluide. Par contre, le protagoniste principal n'arrive jamais à devenir attachant, comme esquissé à travers un voile.

    24/11/2013 à 10:55

  • Bangkok Psycho

    John Burdett

    8/10 Qu'écrire ? Avec ce troisième roman situé dans les bas-fonds de Bangkok, John Burdett continue d'imposer sa patte, son style, ses fulgurances et son humour... Un polar idéal pour "découvrir" l'Asie, avec son héros mi-thaï, mi-ricain, toujours écartelé entre deux mondes, deux modes de pensée...

    27/07/2011 à 17:25 2

  • Ce monde disparu

    Dennis Lehane

    8/10 Troisième volet que Dennis Lehane consacre à la mafia de Floride, ce nouveau roman noir clôt en beauté cette saga crépusculaire digne pendant du "Parrain." L'écriture est toujours aussi fluide, et si la structure du récit est assez classique, on est quand même surpris par le virage violent que prend d'un coup "Ce monde disparu." Une sorte de tragédie grecque où les héros s'acheminent non sans crainte mais avec un côté bravache vers leur destin funeste.

    10/11/2015 à 12:15 7

  • Complot

    Nicolas Beuglet

    8/10 En vrai Machiavel, Nicolas Beuglet a l’art de mettre le lecteur en haleine, longtemps sans le lasser pourtant, avant de le lancer dans un dédale dont l’issue finale ne pourra qu’être fatale. Le début, particulièrement soigné, multiplie les indices sans trop en dévoiler. Puis le roman change de géographie et de rythme pour partir dans une cavalcade insensée. Si Sarah et son alter-ego, Christopher, continuent de former un couple très attractif, le bémol vient ici plutôt du "méchant" un peu trop omniscient et monolithique. Ambitieux, et efficace.

    24/05/2018 à 18:17 9

  • Conclave

    Robert Harris

    8/10 Au début, je me suis un peu interrogé, dubitatif sur la capacité de Robert Harris à m'intéresser pendant 320 pages aux coups de Jarnac d'une tripotée d'hommes en robe. Mais, connaissant le talent de l'auteur de Fatherland, Enigma, ou encore de L'Homme de l'ombre, j'ai décidé d'y jeter un oeil. J'aurai du me méfier. Me voilà happé, attrapé par ce huis-clos au suspense génial. C'est complexe, barré, et très malin. Le roman se dévore, et s'achève de façon jubilatoire. Tout ce qu'on demande à un bon livre. Et en plus, vous aurez l'impression de tout savoir sur les dessous du Vatican.

    10/11/2017 à 16:54 3

  • Dompteur d'anges

    Claire Favan

    8/10 Comme d'habitude avec Claire Favan, il ne faut surtout pas à se fier à la première impression de familiarité de ses intrigues. Si le chemin de départ paraît bien balisé, méfiez-vous ! Avec elle, tout est permis. Vraiment tout. Dans un style hyper économe, sans artifice, l'auteure nous entraîne dans l'incroyable vengeance mise au point par Max, mais là encore ce n'est pas la véritable histoire, mais plutôt ses conséquences... Claire fixe l'attention du lecteur, puis l'entraîne vers quelque chose de tout à fait inattendu.

    07/03/2017 à 03:14 4

  • Du sang sur la glace

    Jo Nesbo

    8/10 Pas trace de Harry Hole, le héros/jumeau de Jo Nesbo dans ce court récit mais on se laisse vite embarquer sans barguigner dans cette intrigue qui prend des tours et des détours, parfois sans surprise, et parfois aussi complètement inattendus (une histoire de côte de mailles, une odeur de poisson déterminante). L'auteur a le don pour créer des atmosphères, et rendre ses personnages particulièrement vivants. Pas de tueur en série, ni de crimes abominables, simplement des hommes confrontés à des choix, et qui se mettent à déraper. Il y a chez Nesbo toujours un certain sens du chevaleresque, et ses héros ressemblent à des guerriers fatigués mais toujours debouts. Un mini-polar recommandé mais un peu cher payé si l'on s'amuse à faire le ratio pages/prix.

    26/09/2015 à 22:12 1

  • Du vide plein les yeux

    Jérémie Guez

    8/10 Le genre de bouquin qui vous rend accro. Pourquoi ? L'histoire n'a rien de mirifique. A la limite, on s'en fout. Le héros, Idir, n'a rien de vraiment charismatique. Un petit branleur sympathique. Alors, c'est quoi qui fait que l'on ne lâche pas ce livre ? L'écriture tout simplement. Jérémie Guez a un don pour vous prendre par la main dès les premières lignes, et ne plus vous lâcher. Il vous fait cavaler à travers Paris et les 220 pages de ce petit roman noir, mais vous ne vous en rendrez même pas compte. Aucun signe de fatigue. Pas d'essoufflement. On ne referme pas ce livre en se disant qu'on est plus intelligent, mais juste qu'on a passé un sacré bon moment.

    02/11/2015 à 05:08 5

  • Dynamique du chaos

    Ghislain Gilberti

    8/10 Après une trilogie de thrillers très remarqués (« Le Festin du Serpent », « Le Baptême des Ténèbres », « Le Bal des Ardentes »), l’auteur dévoile son tout premier livre jusque-là disponible en autoédition sur la Toile, un roman d’amour fulgurant, déchirant, aux accents Bukowskien. Comme si Roméo et Juliette se télescopaient à l’ère des rave-party, sur fond de Daft Punk, Front 242 et des Stooges.



    ... ET C'EST COMMENT ?



    Violent, brûlant, ardent… Cru aussi ! Un voyage au bout de la nuit dont certains ne se sont jamais remis. L’écriture est déjà en place. Les mots jaillissent comme des balles de mitrailleuse, et canardent le lecteur… Un style très différent de la sobriété, voire une forme d’ascétisme, utilisée dans les intrigues au cordeau des trois thrillers.

    23/01/2017 à 17:02 6

  • En douce

    Marin Ledun

    8/10 Marin Ledun ne cherche pas à faire d'effet, il raconte cette histoire avec simplicité, efficacité. Si l'on compatit au début au personnage d'Emilie, frappée par la faute à "pas-de-chance" et sa déchéance physique, celui-ci s'avère beaucoup plus complexe au fur et à mesure que l'intrigue se densifie, que Simon cherche à s'enfuir. Un magnifique roman noir, court (250 pages), mais qui emporte son lecteur à toute vitesse.

    11/10/2016 à 12:58 7

  • Entre deux mondes

    Olivier Norek

    8/10 Deux mondes ? Les riches, les pauvres. Ceux du sud, ceux du nord. Ceux qui partent, ceux qui restent... Un bateau sur la Méditerranée, rempli jusqu'à la gueule de corps. Des hommes, des femmes, des enfants. Celui qui gêne, qui discute, qui tousse même, peut être jeté à la mer à tout moment par ces hommes qui conduisent d'autres hommes vers ce qu'ils imaginent être l'espoir. Ils fuient la guerre, la misère, un destin sans étoile. De l'autre côté, tout au nord de la France, il y a Calais. Là aussi des bateaux qui traversent. Mais pas de place pour les migrants. Leur seule chance de passer en Grande-Bretagne, la Terre Promise, ce sont les camions. Un flic, Bastien, plutôt jeune, débarque donc là-haut, dans le Pas-de-Calais. Il vient de Bordeaux avec sa petite famille, une femme en pleine dépression, et une adolescente qui se demande bien dans quel bled elle a atterri. A quelques kilomètres, son installation en ville coïncide avec l'arrivée dans la "Jungle", le nom donné à la No Go Zone où se rassemblent tous les candidats à la traversée de La Manche, d'un Syrien nommé Adam. Il est chrétien. Dans son pays, il était une sorte de policier. Il cherche sa femme et sa fille. Le sauvetage d'un gamin soudanais et le meurtre d'un autre Syrien, abandonné aux chiens, vont les mettre en relation, et leur faire débuter une étrange amitié.

    Après trois romans policiers très noirs situés dans Paris et sa proche banlieue (Code 93, Territoires, et Surtensions), Olivier Norek fait jouer la géographie et étend son territoire de jeu avec ce récit bourré de détails qui font vrai. L'auteur, lieutenant de police en disponibilité, s'est d'ailleurs documenté comme un journaliste en allant sur place plusieurs semaines et s'imprégnant de l'ambiance, des gens vivant sur place. Avec minutie, il a élaboré cette histoire complexe dans laquelle les apparences sont trompeuses jusqu'à la toute fin. Les innocents du moment sont parfois des bourreaux. En délaissant (pour un temps) son personnage fétiche, le capitaine Da Costa, Norek se renouvelle sans casser la dynamique mise en place par le passé. A savoir, des intrigues situées dans des zones peu explorées en littérature, et des personnages souvent faillibles, loin d'être monolithiques. Et s'il y a toujours une part d'humanité, presqu'un peu naïve, idéaliste qui pointe chez Norek, le final d'Entre Deux Mondes, sauvage et sans espoir, achèvera de vous sonner. Comme un bon gros coup de poing dans la gueule.

    09/10/2017 à 18:18 10

  • Été

    Mons Kallentoft

    8/10 Après le remarquable « Hiver », ce roman est la suite d’une série imaginée par Mons Kallentoft. L’écriture y est concise et méticuleuse, la progression implacable. Comme pour « Millénium », une adaptation cinéma est en cours.

    27/07/2011 à 12:53

  • Etoile morte

    Ivan Zinberg

    8/10 Sur une trame assez classique en apparence (alternance de chapitres avec d'un côté les flics, de l'autre le paparazzi), on plonge dans un monde ultra noir, et en même temps assez peu à ma connaissance décrit dans l'univers du polar, et de la littérature tout simplement. Peu à peu, Ivan Zinberg (lui-même lieutenant de police) donne chair à ses personnages (la passion de Sean pour le cinéma des années 80 avec un faible pour 37.2 le matin), créant des seconds rôles suffisamment étoffés (une psy asiatique blessée par balles, une starlette du porno et sa compagne...) pour que l'on s'y attache et que le doute s'installe quand à leur implication éventuelle dans cette double enquête. Le vrai plaisir est d'être manipulé jusqu'à la fin et de ne jamais avoir deviné qui était le, la ou les coupables... Un polar implacable dans sa construction, imprévisible dans sa conclusion.

    14/12/2015 à 20:48 3

  • Fantôme

    Jo Nesbo

    8/10 Chez Nesbo, tout se mêle, s'entremêle.... Quitte à ce que l'incroyable survienne ! C'est souvent tortueux, parfois (très) alambiqué, mais son personnage déploie une telle énergie que l'on y croit toujours. Comme d'habitude, Hole est à deux doigts d'y passer, ou plutôt à quelques goulées d'aire dans une scène de suspens mijoté aux petits oignons par Nesbo. Personnellement, j'avais un peu calé sur "Le Léopard" arrivant difficilement à la fin. Celui-ci, le neuvième volet des aventures de l'inspecteur Harry, m'a juste entraîné d'un bout à l'autre de l'intrigue sans temps mort. Et si un jour, Michael Connely (Los Angeles), Deon Meyer (Le Cap), Jo Nesbo (Oslo) et John Burdett (Bangkok) faisaient se rencontrer leurs héros ?

    26/10/2013 à 06:59 1

  • Il était deux fois

    Franck Thilliez

    8/10 En matière de mise en place, et de mise en situation, Franck Thilliez est plus que diabolique. C'est comme si, grand lecteur lui-aussi, il voulait sans cesse relancer l'intérêt de celui qui ouvre l'un de ses livres. Et Dieu, ou plutôt Diable, il y réussit. Avec ce one-shot qui fait pourtant écho dans sa 2ème partie à l'un de ses précédents romans (Le Manuscrit Inachevé, que je n'ai pas lu, mais rassurez-vous, cela ne nuit aucunement à la découverte de celui-ci), l'écrivain nordiste brasse tous les thèmes qui lui sont chers, quitte à vous envoyer sur quelques fausses pistes et à ne pas livrer toutes les clés de certains phénomènes étranges qui viennent émailler cette histoire. Vous y trouverez donc du fantastique, du confinement, des lieux étranges et sordides, des personnages abjects, mais aussi des clins d'oeil à Bernard Minier (l'auteur de Glacé qui sort ces jours-ci... La Vallée), des allusions à Stephen King et quelques-unes de ses obsessions, comme un certain cygne noir. Ultra-efficace, fignolé avec un duo d'enquêteurs forcés de travailler ensemble malgré eux, ce nouveau roman vous brûlera vite les doigts. S'il y avait un bémol à signaler, c'est que la fin, si elle s'avère surprenante (et tant mieux !), s'emballe tellement vite que le ou les méchants restent un peu désincarnés, trop in-humains d'une certaine façon.

    02/06/2020 à 00:38 13

  • J'irai tuer pour vous

    Henri Loevenbruck

    8/10 En s'inspirant d'une histoire a priori vraie ou du moins vraisemblable, Henri Loevenbruck a effectué un travail minutieux d'enquêteur, recoupant les faits et reconstituant l'histoire du terrorisme en France et au Proche-Orient dans les années 80. Résultat, un livre hybride qui n'est ni un thriller ni un témoignage mais un objet aussi étrange que passionnant à lire (même si le dernier tiers est un peu long, et s'effiloche). On referme ce roman/récit en ayant l'impression d'être un peu plus intelligent et d'avoir suivi l'incroyable destin d'un type pourtant sans grande conviction mais capable de choses, et surtout de sacrifices, que peu d'hommes pourraient supporter. Un livre à découvrir, même s'il faut s'accrocher un peu vu sa longueur

    05/04/2019 à 17:07 9