El Marco Modérateur

3249 votes

  • Le Mystère de la jonque noire

    Julian Press

    7/10 Un agréable livre-jeu, avec quatre histoires proposant de visiter soixante tableaux où il faut trouver l’indice, le personnage, le détail, etc. manquant. Dans la mesure où cela s’adresse à de (très) jeunes lecteurs, les éléments à trouver son parfois aisés à découvrir, mais, par moments, il faut parfois s’user les yeux (comme cette image à propos du timbre contrefait). Un ersatz sympathique à sa série des « Où est Charlie ? », mais en version policière.

    03/07/2017 à 18:10

  • Territoires de fièvre

    Serge Brussolo

    7/10 Un bon moment de lecture, où je me suis laissé une fois de plus entraîner par le fourmillement d’idées et le style de Serge Brussolo. Des spationautes envoyés sur une créature immense qui découvrent, sur les chairs enfiévrées de celle-ci, des êtres ayant développé leurs propres règles de vie, soumis à l’anatomie si particulière de ce monstre à la taille démesurée. J’y ai retrouvé des thèmes chers à l’auteur, comme la survie, l’émancipation de l’humanité telle que nous la connaissons, et l’avènement de préceptes nouveaux. Les pages ont littéralement défilé sous mes yeux sans que je ne m’en rende compte. Cependant, j’ai trouvé que cette histoire collait un peu moins avec l’univers de D.E.S.T.R.O.Y., comme si Serge Brussolo, certes toujours en grande forme, calquait une de ses idées sur un canevas préétabli, sans pour autant que la fusion ne prenne.

    21/06/2017 à 18:41 3

  • Chemins toxiques

    Louis Sachar

    7/10 Un petit polar pour la jeunesse bien sympathique, qui se laisse lire du début à la fin. Des éléments attendus – l’amitié entre Tamaya et Marshall, le rôle de brute épaisse de Chad – qui côtoient des éléments plus inattendus – certaines scènes un peu plus dures, comme le sort provisoire de Chad, son comportement en fin de livre, les raisons de sa mauvaise éducation. Les extraits des dépositions des scientifiques sont bienvenus, avec un contenu intéressant, et propre à faire réfléchir les jeunes lecteurs auxquels cet ouvrage s’adresse. Une ambiance tendue et un sujet intelligemment traité.

    21/06/2017 à 18:40 1

  • Afterschool Charisma 1

    Kumiko Suekane

    7/10 Un manga très original, prenant pied dans une mystérieuse institution où ne sont admis que des clones de personnages historiques. Une ambiance pesante et des traits efficaces, jusqu’à l’assassinat du personnage-copie de JFK. L’ensemble est suffisamment étrange et enthousiasmant pour se ruer sur le tome suivant, d’autant que celui-ci s’achève sur un suicide inattendu.

    21/06/2017 à 18:39

  • Planète cauchemar

    Ouvrage collectif

    7/10 Des histoires fort sympathiques et prenantes : Philip K. Dick et un gamin qui découvre que son père a été remplacé par une entité extraterrestre, Robert Sheckley et une planète hantée où naissent des créatures issus des cauchemars des enfants, Richard Matheson et la courte confession d’un enfant pas tout à fait « normal », Fredric Brown et une histoire qui a certainement inspiré le film « Le Témoin du Mal », un récit d’invasion qui commence par des enfants pour Ray Bradbury, et enfin encore Robert Sheckley pour une créature qui joue aux anges gardiens, avec toutes les néfastes et imprévues conséquences que cela peut avoir. Pour moi qui ne suis pas fan ni très instruit en science-fiction, de délicieux petits instants égrenés tout au long de ces pages.

    21/06/2017 à 18:38

  • Terroriste... toi !

    Arthur Ténor

    8/10 Une intrigue passionnante et furieusement d’actualité, avec cette histoire autour d’un attentat sur les grands boulevards parisiens, et où l’un des terroristes reconnaît dans la foule de ses futures proies son propre petit frère. Une ambiance nécessairement sombre, violente malgré la pudeur des mots et des situations, mais qui renvoie à des événements si anxiogènes et traumatisants que les jeunes lecteurs auxquels se destinent cet ouvrage ne pourront être que secoués et émus. Ensuite, une habile analyse des raisons pour lesquels des êtres lambdas basculent dans le fanatisme religieux et criminel, ainsi qu’une étude juste et tout en retenue des liens familiaux brutalisés par cette horreur. Un ouvrage pertinent et approprié, dont la lecture en devient presque nécessaire.

    21/06/2017 à 18:37 3

  • Cage of Eden tome 1

    Yoshinobu Yamada

    6/10 Un manga bien sympathique, où des adolescents débarquent sur une île non seulement qui n’est pas censée exister mais également peuplée d’animaux disparus, de type préhistorique. Comme d’habitude, des personnages un peu cliché (le gentillet à qui rien ne réussit, le méchant garçon, la belle ingénue, le premier de la classe, etc.) et des passages convenus quoique bien croqués et dynamiques où se mélangent les univers de « Jurassic Park » et la série « Lost ». Bref, ce n’est guère original, mais ça demeure entraînant et plaisant à lire. Et quelques éléments laissés en suspens (l’identité de l’agresseur masqué, l’étrange turbulence juste avant le crash) entretiennent des interrogations qui aiguisent l’appétit et donnent envie de lire la suite.

    21/06/2017 à 18:35

  • Danger, chat méchant !

    R. L. Stine

    4/10 Tout cela a fort bien commencé à mes yeux, mais j’ai commencé à être déçu quand est intervenue cette histoire de contamination. Elle me parlait bien moins que celle de ce chat, Rip, malintentionné et particulièrement redoutable. Mais la fin a été très difficile à avaler : un félidé toujours inquiétant, mais auquel on ajoute Crystal et sa mère dont le comportement change de manière si abrupte qu’elle en devient risible, un soupçon d’expérimentations médicales, des fantômes convoqués d’on ne sait où, etc. Bref, un presque épilogue si bordélique, surchargé d’effets et d’amorces de sous-histoires que R. L. Stine emploie en même temps sans jamais trancher, qui coule vraiment la dynamique littéraire globale. Vraiment dommage.

    21/06/2017 à 18:33

  • Une affaire de sorciers

    George C. Chesbro

    9/10 Robert Frederickson n’est pas seulement docteur. Celui que l’on surnomme Mongo le magnifique, héritage du temps où il travaillait dans un cirque, est également un criminologue estimé et ceinture noire de karaté. Ah, il est aussi nain. Ces derniers temps, il semblerait que l’on ait vraiment besoin de lui. Le président de l’université où il enseigne lui demande d’enquêter sur les relations d’un collègue avec un hypothétique agent chinois. Un sénateur le sollicite pour prouver l’innocence d’un magnétiseur afin que ce dernier, une fois remis en liberté, puisse aider sa fille qui souffre d’une maladie pulmonaire. Et c’est aussi la fille de son voisin qui implore son aide pour qu’il défende son papa. Décidément, Mongo ne va pas chômer. Et, même s’il doit affronter une clique de sorciers, il n’est pas du genre à se laisser mener à la baguette. Ça tombe bien, il a décidé de se mettre à jouer des timbales.

    Ce troisième opus des enquêtes de Mongo est un petit bijou. Ecrit en 1979, il mérite amplement que l’on se (ré)intéresse à lui, sachant que le poids des ans ne l’a pas du tout accablé. George C. Chesbro, malheureusement décédé en 2008, conjugue ici toutes les qualités requises. Le récit est vif, entraînant, et l’on se régale à chaque chapitre. Comme on peut s’y attendre, les trois investigations vont finir par se rejoindre, et c’est avec brio que ces lacets vont lentement former, aux yeux du lecteur, un habile nœud, nœud que Mongo va délier avec entrain. C’est un plaisir que de voir ce petit homme se lancer à corps (et cœur) perdu dans ces recherches où rien ne lui sera épargné. Des sorciers réunis en une clique semblable à une secte, des expériences parapsychiques, un « livre des ténèbres » recélant d’étranges secrets, sans compter une ancienne star du rock (« Harley Davidson », excusez du peu !) aux mains d’un curieux agent, des pratiques maléfiques et une chauve-souris enragée particulièrement zélée ! Sous la plume d’un autre auteur, tout cela aurait été chaotique, voire franchement ridicule ; avec George C. Chesbro, cela devient un véritable enchantement. A la manière d’un Elmore Leonard, il entrelace le noir et l’absurde d’une manière si fine et juste que jamais le ton n’en devient hésitant ou ridicule. Un véritable tour de force littéraire. Car, au milieu des facéties, demeureront longtemps en mémoire des scènes effrontément brillantes et poignantes, comme ces saynètes où Mongo ouvre son cœur et son âme, le combat particulièrement électrique contre la compagnie de mages, ou encore ce final si saisissant où il affronte celui qui se cache derrière le pseudonyme d’Esobus, dans un spectacle pour le moins foudroyant. Préfacé par Stéphane Bourgoin, ce roman constitue une réussite totale !

    12/06/2017 à 14:16 4

  • Où es-tu Camille ?

    Gilles Debouverie

    8/10 Il n’aura fallu qu’un moment d’inattention de la part de la baby-sitter pour que la petite Camille disparaisse. Ses deux parents, Céline et Rolland Coudert, sont éperdus de douleur. Deux policiers, Maroun et Carpentier, sont mis sur l’affaire. Un cas d’autant plus inquiétant qu’il rappelle une série d’enlèvements, ceux de la Sensée.

    Ce roman de Gilles Debouverie tient toutes ses promesses. Sans le moindre temps mort, l’auteur embarque son lecteur, de la première à la dernière page. Le début du roman est en soi remarquable, presque exemplaire. Le duo de limiers va lentement éplucher les témoignages, amonceler les indices, battre toutes les pistes possibles pour comprendre où est passée Camille. Une écriture toute en finesse et en sobriété sert la crédibilité du récit, où les lieutenants de police deviennent des arpenteurs, des chasseurs, comptant sur les traces hypothétiques laissées par le kidnappeur. Les fausses pistes abondent, entre une baby-sitter s’adonnant à des jeux coquins et un jardinier rom, en passant par un voisin instituteur ayant eu des relations troubles avec des enfants. Le personnage de Johan Carpentier retient particulièrement l’attention : un solide quinquagénaire, adepte du footing, ayant une inclinaison particulière par la mère de la disparue, sa boulangère fétiche, épiant ses voisins pour tromper sa solitude et utilisant sa montre dictaphone pour y consigner tout élément intéressant. Il y a quelques jolis moments scénaristiques, comme dans le vingt-cinquième chapitre, avec une révélation inattendue quant à la famille de Carpentier ainsi que la mise en œuvre d’une singulière manipulation. L’histoire sait se montrer sombre et glauque, avec des ramifications vers des pratiques pédophiles, souvent clairement assumées, même du point de vue philosophique, par ses ignobles adeptes.

    Un opus d’ébène, suffisamment trouble pour remuer les tripes et l’âme sans jamais tomber dans le voyeurisme. Une belle claque littéraire, administrée avec intelligence, suscitant de légitimes sentiments courroucés et écœurés chez le lecteur, comme ce que ressent – et fera – Carpentier dans les ultimes pages, même si Gilles Debouverie indique, dans sa postface, qu’il ne saurait cautionner un tel acte.

    12/06/2017 à 14:10 2

  • La Disparition

    Jean-Luc Luciani

    8/10 En se rendant sur une aire d’autoroute, Damien Admentis perd de vue quelques instants sa fille Morgane : c’est amplement suffisant pour que la gamine disparaisse. Fugue ? Enlèvement ? Son père est un joueur invétéré, sa mère une vedette de la télévision. Pas de demande de rançon et aucun indice. Le capitaine Roullier et son équipe enquêtent.

    Cet opus de la série consacrée à la Brigade sud est un petit délice. On retrouve les divers personnages composant les adjoints du capitaine Roullier, ce dernier étant bien évidemment aidé par Inès, sa fille. Une véritable tension se dégage des pages, avec les zones d’ombre et les rebondissements nécessaires au maintien de l’intérêt des lecteurs. Avec des termes simples et efficaces, Jean-Luc Luciani exploite au mieux une intrigue très intéressante et crédible. Ce qui marque le plus, c’est probablement la psychologie du ravisseur : l’idée est à la fois forte et intelligente, nous changeant des habituels psychopathes et autres racketteurs uniquement motivés par l’appât du gain. Et il faudra toute la pugnacité ainsi que le courage d’Inès pour permettre, grâce une action particulièrement altruiste et presque chevaleresque, l’arrestation du coupable.

    Un roman pour la jeunesse vif et prenant, du début à la fin, et achevant de faire de la série comme de son auteur des éléments forts du paysage de la littérature policière pour la jeunesse.

    12/06/2017 à 14:05 1

  • Q Mysteries tome 1

    Chizu Kamikô, Hiro Kiyohara, Keisuke Matsuoka

    7/10 Un manga très original et élégant, avec de beaux moments de déduction (l’étude des affiches de sumotoris, le cours de cuisine, l’analyse de la pièce ayant joué un rôle dans l’attribution du domicile, etc.). Une experte, Riko Rinda, très énigmatique, même si je ne vois pas trop encore dans quelle direction va être décochée la suite de cette série.

    10/06/2017 à 17:08 1

  • Détective Conan Tome 11

    Gosho Aoyama

    8/10 Encore un opus exaltant ! L’épilogue de l’intrigue qui était en suspens à la fin du tome 10 (avec une nappe fort bavarde), un meurtre en chambre close qui se déroule dans le milieu de la télévision avec une résolution intéressante, un assassinat dans les toilettes d’un café (avec là encore une solution enthousiasmante même si elle m’a semblé peu crédible au vu du profil intellectuel du coupable), et une histoire à nouveau d’homicide dans une salle fermée dont l’auteur serait un démon. C’est dynamique, piquant et rondement mené ! J’en redemande !

    10/06/2017 à 17:07

  • Missions à haut risque

    Madeleine Deny

    6/10 Un livre-jeu ma foi fort sympathique, bien évidemment destiné aux jeunes lecteurs, et qui multiplient suffisamment de zigs et de zags pour produire d’assez nombreux cheminements, en fonction des choix effectués. Mais je demeure parfois dubitatif quant aux chemins proposés : c’est souvent du hasard qui mène à des conclusions intéressantes, et le bon sens ou la déduction ne sont pas systématiquement de mise pour progresser vers les meilleurs épilogues disponibles.

    10/06/2017 à 17:06 1

  • Lapoigne à la chasse aux fantômes

    Thierry Jonquet

    7/10 Une sympathique histoire sur l’amitié et les « gens de rien », portée par la plume alerte et si altruiste de Thierry Jonquet. Au-delà de l’intrigue policière qui repose sur des éléments comme l’escroquerie et la médiumnité, de belles envolées sur des personnages habituellement peu représentés dans la littérature, avec cette cohorte de gentils SDF, soudés par un solide ciment humain et l’envie de voler au secours de l’une de leurs amies, tombée sous la coupe d’un aigrefin.

    10/06/2017 à 17:05 3

  • Dangereuses photos

    R. L. Stine

    8/10 Un pitch intéressant et des rebondissements semés au gré du récit, jusqu’au retour nécessaire dans l’antre du docteur Herder. Une idée de départ intelligente, habilement entretenue par des scènes de suspense, comme un feu que l’on entretient en le nourrissant de bûches. Une réussite de bout en bout.

    10/06/2017 à 17:03 1

  • Croisière meurtrière

    Elizabeth Barféty, Pierre Uong

    6/10 Un Cluedo sympathique, à mon goût supérieur au précédent tome, qui oblige à se tourmenter un peu les méninges pour découvrir le coupable. Cependant, j’ai tout de suite trouvé qui était le criminel, car certains éléments m’ont sauté aux yeux. Est-ce dû au hasard ? Les ficelles – en l’occurrence, certains dessins – étaient-ils trop démonstratifs ? Je ferai le test avec certains de mes élèves pour qu’ils servent de « cobayes » et vérifierai leur avis.

    10/06/2017 à 17:02

  • La Chasse à l'ogre

    Michael Angelella

    9/10 Une implacable traque dans les années 1920-1930. D’un côté, Albert Fish, tueur en série particulièrement dément. Pédophile, coprophage, adepte du sadomasochisme, coprophile, s’automutilant (il s’est placé des tampons imbibés d’essence dans le fondement avant d’y mettre feu, ainsi que des aiguilles dans le bassin détérioré par une enfance douloureuse et une relation douteuse avec la religion. De l’autre, Will King, policier sagace et pugnace, prêt à tous les engagements dangereux, quitte à mentir sur son âge à plusieurs reprises pour s’enrôler dans l’armée au nom de sa preuse vision de la justice. Une intrigue qui se dévore plus qu’elle ne se lit, sans scène choc, fusillade, course poursuite ou autre pyrotechnie purement littéraire. Juste une chasse à l’homme crédible, s’appuyant sur la quête des bons indices, des témoignages, des recoupements. Un roman noir à la fois vertigineux et désarçonnant, aussi brutal dans les descriptions objectives des travers du monstre qu’habile et intelligent dans l’écriture employée. Et le plus innommable dans tout cela, c’est qu’Albert Fish a réellement existé, et que Robert Angelella n’a fait « que » retranscrire son histoire. J’en referme à l’instant l’ultime page, mais les frissons et la fièvre d’une telle lecture dérangeante ne sont pas prêts de me quitter. Je ne peux que vous conseiller d’aller lire sur le web ou ailleurs la biographie de Fish, parce que les croquemitaines de la réalité sont bien plus cruels, incroyables et barbares que ceux de la littérature. Un coup de cœur intégral pour ce livre inouï !

    23/05/2017 à 18:45 6

  • L’Amante d’Étretat

    Stanislas Petrosky

    6/10 Isabelle et Frédéric en viennent à tomber amoureux. Une idylle splendide et totale, qui voit le jeune couple emménager à Etretat. Au cours d’une sortie en mer, Frédéric disparaît. Folle de douleur, Isabelle va affronter les diverses étapes du deuil. Mais Frédéric a-t-il véritablement été avalé par la mer ?

    Ce roman de Stanislas Petrosky est si court qu’il ressemble à s’y méprendre à une longue nouvelle. Avec des mots et des situations élémentaires, l’auteur nous porte des premières pages (le journal intime d’Isabelle où elle narre les déboires de sa famille) jusqu’à la dernière, contenant nécessairement une chute. Si l’ensemble se lit avec grand plaisir et une vélocité incroyable, notamment en raison d’un vocabulaire simple, l’écrivain ne nous emporte pas complètement. Le dénouement, certes intéressant, demeure trop téléphoné. Si l’on attend de ce type de récit un rebondissement final, celui qui clôt cet ouvrage est un peu trop évident pour réellement surprendre. De même, là où une langue nerveuse, sombre ou électrique aurait pallié cette carence finale, le lecteur sera déçu de n’avoir que des saynètes peu originales, des épisodes un peu fades et une écriture manquant de maturation. Le roman reste prenant et addictif jusqu’à l’épilogue, mais la résolution demeure bien en deçà de ce que l’on pouvait attendre. Dans une version toute littéraire du speed dating, cette histoire de Stanislas Petrosky nous convie à une rencontre en partie décevante dans son dernier acte, où le lecteur est dépité de ne pas être plus amplement surpris.

    23/05/2017 à 18:41 2

  • Horreur boréale

    Åsa Larsson

    8/10 Viktor Strandgard vient d’être retrouvé mort dans l’église où il professait. Enucléé, poignardé à de multiples reprises, une main découpée. Celui que l’on surnommait « Le Pèlerin du Paradis » devait sa notoriété au fait qu’il avait soi-disant ressuscité d’un accident. En voudrait-on à l’église de la Force originelle ? Sanna, la sœur de Viktor, contacte aussitôt son amie Rebecka Martinsson, une avocate fiscaliste, pour venir la défendre. Ce sera, pour Rebecka, l’occasion de revenir en des lieux où nombre de ses plaies demeurent béantes.

    Ce premier ouvrage d’Åsa Larsson, datant de 2003, saisit d’entrée de jeu : il ne faut que les deux premières pages, décrivant la mort de Viktor, pour être plongé dans le récit. Et c’est ensuite une plume très élégante et poétique qui nous accompagne en ces lieux plongés dans le froid et la neige. L’occasion de croiser de nombreux personnages forts et denses. Anna-Maria, enceinte, pugnace et maligne. Car von Post, le procureur cassant et assoiffé de grimper dans la hiérarchie. Il y a aussi les deux filles de Sanna, Lova et Sara, attachantes en diable, et dont l’écrivaine nous les rend, en quelques mots et attitudes adorables, vivantes et palpables. Rebecka, bien entendu, qui a tant à craindre d’un retour à Kiruna, la ville minière où a eu lieu le meurtre. Un personnage fort et enthousiasmant, au point qu’Åsa Larsson lui consacre la place centrale de tous ses ouvrages. Et les fantômes des pasteurs, tous saisissants par les zones d’ombre au-dessus desquelles ils planent. Au-delà des mots, fort jolis et ensorcelants, il y a des maux : conflits d’intérêt, enfants oubliés, amours éconduites, rapports ambigus à la religion, familles au bord de l’implosion. Un puzzle funeste dont les diverses pièces vont se réunir au cours de ces six jours d’enquête, cadencés par de nombreuses références à la bible.

    Une bien belle réussite littéraire pour Åsa Larsson, avec ce livre séduisant et fort. Un ouvrage qui donne particulièrement envie de lire les autres romans de cette écrivaine.

    23/05/2017 à 18:38 4