El Marco Modérateur

3257 votes

  • Le Rectificateur

    Jeffery Deaver

    8/10 Dans les années 1930, Paul Schumann est un tueur à gages qui sévit à New York. Il est « le rectificateur » puisqu’il agit pour corriger ce qu’il appelle « les erreurs de Dieu ». Son futur contrat l’emmène dans Berlin où vont se dérouler les Jeux Olympiques, avec comme employeur non pas la mafia mais le gouvernement des Etats-Unis. Sa cible : Reinhard Ernst, huile du parti nazi qui semble développer un plan de réarmement massif du pays. Mais, comme va vite l’apprendre Paul Schumann, cette exécution programmée ne va pas se dérouler aussi simplement que prévu…

    Auteur de thrillers à succès, Jeffery Deaver s’essaie cette fois-ci au roman d’espionnage, et c’est une réussite. Les personnages sont très bien interprétés, l’écriture est fluide et très agréable, et l’intrigue de grande qualité, ménageant avec ingéniosité trahisons et rebondissements. L’ambiance de la capitale allemande en cette veille de Seconde Guerre Mondiale est subtile et brillante. Par ailleurs, même si le roman est assez long, il n’y a pas de temps mort, notamment grâce à l’alternance des points de vue des protagonistes qui rythme intelligemment le récit.

    Le Rectificateur est donc un opus brillant, dans le fond comme dans la forme. Une lecture à conseiller vivement, et pas seulement aux fans du créateur du personnage récurrent Lincoln Rhyme !

    10/03/2009 à 18:42

  • Le requiem d'Orphée

    Mickael Lepeintre

    8/10 David se retrouve immergé dans une cuve, alimenté en oxygène par une sonde. Il parvient à se défaire de ce dispositif et va chercher à recouvrer sa liberté. Dans le même temps, probablement non loin de David, Jezabel se réveille dans ce qui ressemble à une chambre d'hôpital. Où sont-ils ? Pourquoi ont-ils été enfermés ? À mesure qu'ils progressent dans un gigantesque complexe, ces deux individus découvrent d'autres prisonniers tandis que dans les coursives rôdent les ombres inquiétantes d'animaux monstrueux...

    Après le roman historique Le légat de Rome, Mickael Lepeintre signe avec Le requiem d'Orphée un ouvrage presque impossible à classer. D'entrée de jeu, grâce à une écriture très élégante, un postulat de départ assez excitant – les raisons de la claustration de plusieurs personnes dans un même lieu – et un indéniable talent de conteur, l'attention du lecteur est retenue. Par la suite, le récit dérive progressivement vers des scènes qui pourront rappeler à certains des épisodes de Lost ainsi que des séries de science-fiction, mélangeant des styles aussi divers que l'aventure, l'anticipation et l'action pure. Par ailleurs, Mickael Lepeintre a soigné la construction de son livre, avec de très nombreuses alternances entre événements passés, présents et même futurs, sans que l'on en comprenne au départ les réelles motivations ; si ce procédé est assurément maîtrisé, il n'en demeure pas moins qu'il risque de perdre dans ses méandres certains lecteurs si ces derniers ne restent pas très attentifs aux noms des protagonistes ainsi qu'à leurs actions. Peu à peu, les tenants de l'intrigue se dévoilent et le fin mot de l'histoire n'apparaît que dans les dernières pages, achevant de faire du Requiem d'Orphée un roman certes complexe et dédaléen, mais qui détient de multiples qualités parmi lesquelles l'imagination et l'habileté de Mickael Lepeintre ainsi qu'une histoire inimitable et inimitée.

    Pour conclure, Le requiem d'Orphée est un OLNI : un Ouvrage Littéraire Non Identifié. Définitivement atypique, il est en soi une véritable aventure romanesque, bousculant les codes et s'affirmant comme un ouvrage unique. Certains l'aduleront, d'autres seront désarçonnés, mais ce livre n'en reste pas moins un opus qui ne ressemble à aucun autre.

    28/01/2010 à 06:45

  • Le réseau Flandres

    Philippe Declerck

    8/10 Le policier Nicolas Dantès s'est tué d'une balle dans la tête à son domicile. Les preuves sont là, indéniables. Pour son ancien collègue et ami Olivier Béjot, ça ne colle pas. Pourquoi ce flic hors du commun aurait-il sans raison dirigé le canon de son arme contre lui et appuyé sur la queue de détente ? Face à l'incompréhension, Béjot va remonter le fil des dernières enquêtes de Dantès et faire apparaître un immonde réseau de pédophilie dont les ramifications pourraient bien s'étendre jusque dans les rangs de la police.

    Deuxième ouvrage de la série consacrée à Olivier Béjot après L'écorcheur des Flandres, Le réseau Flandres fait basculer le lecteur dans l'univers glauque et irrespirable de la pédophilie. La plume de Philippe Declerck a très nettement gagné en noirceur et en efficacité, au point de livrer un thriller qui n'a strictement rien à envier aux élites de ce genre littéraire. Le style est sec et nerveux, fonctionnant par ellipses, sans la moindre fioriture ni temps mort. C'est avec plaisir que l'on retrouve les personnages du précédent opus et que l'on voit de quelle manière ils ont évolué. L'ambiance est particulièrement lourde sans jamais tomber dans le voyeurisme malsain. Les parties consacrées à la vie privée d'Olivier Béjot sont d'ailleurs les bienvenues, apportant un peu d'air frais dans ce monde ignoble et méphitique, et le noir de ces atmosphères est encore plus saisissant quand il s'écrit sur le blanc de l'existence des protagonistes, dépeints avec tendresse et humanité. Le suspense est travaillé et le dernier paragraphe livre l'ultime clef pour comprendre le suicide du policier.

    Philippe Declerck s'est bonifié dans ce roman. Tension, rebondissements, originalité : il a su exploiter toutes les facettes du thriller, le tout servi par un style impeccable. Il n'y a plus qu'à espérer d'autres investigations menées par son policier fétiche.

    23/08/2010 à 11:26

  • Le Riche homme

    Georges Simenon

    8/10 … ou comment Victor Lecoin, dit « le riche homme », en vient à nourri un amour soudain, inattendu et exclusif pour Alice, la nouvelle domestique de la maison qu’il occupe avec son épouse, et de plus de trente ans sa cadette. Physiquement solide et imposant, cultivateur de moules, Lecoin a réussi dans la vie mais n’est guère très épanoui aux côtés de sa femme frigide, Jeanne, au point qu’il doit aller satisfaire ses besoins sexuels auprès d’autres dames. Mais l’arrivée dans sa sphère de la (très) jeune Alice va changer la donne : il va rapidement nourrir pour elle des sentiments passionnés, même si l’adolescente, déjà bien heurtée par la vie après être passée par l’assistance publique et avoir subi des gestes inappropriés de la part de son ancien patron, ne lui offre pas en retour les sentiments qu’il ressent. Une œuvre encore une fois fort sombre de la part du gigantesque (tant du point de vue de la quantité d’œuvres produites que de leur qualité) Georges Simenon, et typique : écriture minimaliste, acide lorsqu’il s’agit de pointer les contradictions, mœurs, et faiblesses de ses contemporains, décrivant avec une tempérance de mots remarquable cette espèce de déclivité qui va conduire Lecoin vers une inclination puissante et obsédante. Certains passages sont assez crus du point de vue charnel, d’autant qu’ils mettent en scène un quadra-quinqua en train de déflorer une ado de seize ans, et le final est à l’instar de l’opus : noir, dur, désespéré. Quelques pages de férocité, où se mêlent les conséquences inattendues d’une forte humanité, abattement moral et chicanes de couple (à cet égard, les deux dernières lignes sont un véritable brûlot). Bref, encore une fois, une œuvre à la fois mordante et toxique, au scénario pourtant très simple et crédible, mais dont Georges Simenon tire la substantifique moelle de cruauté.

    22/06/2020 à 19:36 1

  • Le rire du lance-flammes

    Serge Brussolo

    10/10 Mon gros coup de coeur du moment ! Quelque part entre le "Fahrenheit 451" de Ray Bradbury et le film "Soleil Vert". Une intrigue diabolique, une écriture absolument fabuleuse, des personnages très denses, et surtout de bien belles réflexions sur l'Humanité. Serge Brussolo nous a écrit un véritable chef-d'oeuvre !!!

    05/06/2006 à 15:20 1

  • Le Rituel de l'ogre rouge

    Michel Honaker

    8/10 Après ses exploits du Châtiment des hommes-tonnerre, le jeune agent de l’Agence Pinkerton reçoit une nouvelle mission : appréhender un membre de la Brigade Pâle, par ailleurs ancienne recrue de l’Agence Pinkerton. Mais rien ne se déroule comme prévu, et Neil est désormais aux prises avec un nouveau mystère : il est sur la piste d’une tribu d’Amérindiens et d’un cérémonial où œuvrent d’étranges papillons…

    Il est assez difficile d’en dire plus sans dévoiler la suite des péripéties présentes dans ce roman. À l’instar du précédent, Le Châtiment des hommes-tonnerre, il coule dans les lignes de ce livre une étonnante et prenante fusion entre plusieurs genres : western, policier, aventures et fantastique. Michel Honaker n’a guère son pareil pour insuffler une réelle dimension à ses personnages, les rendant rapidement et durablement, selon les cas, attachants ou angoissants. Dans la mesure où il s’agit d’une saga, on retrouve les protagonistes du précédent opus, ainsi que des nouveaux. Indéniablement, cette série, destinée en priorité aux jeunes mais également très accessible pour les adultes, dispose d’un nombre impressionnant de qualités, et on ne peut qu’attendre le troisième épisode avec impatience. Les scènes sont très visuelles, les rebondissements savamment coordonnés, et le scénario est toujours autant palpitant. Michel Honaker parvient à accaparer l’attention de son lectorat, sans jamais le délaisser, à grands coups de chevauchées dans l’ouest sauvage, de complots ésotériques et de moments particulièrement nerveux.

    Cette série réussit cette performance littéraire, pour sa seconde charge, de confirmer tout le bien que l’on pouvait penser de sa première aventure tout en posant les jalons pour la suite. C’est original, prenant, imaginatif, et empli de promesses pour l’avenir : autant d’excellentes raisons pour être présent au prochain rendez-vous donné par Michel Honaker.

    03/12/2011 à 08:49 1

  • Le Rituel de Morinaga

    Jean-François Di Giorgio, Frédéric Genêt

    7/10 Takeo et son disciple se retrouvent en bien mauvaise posture, mais Kinu va se sacrifier, après les avoir trahis, pour leur permettre de s’échapper. Pas mal de castagne, des scènes de guerre très réussies soulignées par un graphisme efficace, un siège fort bien décrit et un chouette rebondissement final. Comme pour les précédents opus, ça manque peut-être un poil d’originalité, mais l’ensemble demeure distrayant et plutôt addictif.

    14/02/2022 à 08:31 2

  • Le Roi du K.O.

    Harry Crews

    7/10 Eugene Talmadge Biggs est un boxeur à part. Il a un physique très agréable et quelques victoires à son compteur, mais il a un curieux handicap : suite à un combat, il peut désormais se mettre K.O. tout seul en se cognant la pointe du menton. Alors que le monde de la boxe semble vouloir le quitter, Eugene va faire une série de rencontres qui vont bouleverser son existence…

    Harry Crews, dont on adore quelques-uns de ses ouvrages qui sont devenus des classiques, comme Le Chanteur de gospel, La Malédiction du gitan ou La Foire aux serpents, signait en 1988 cet ouvrage complètement foutraque. Les scènes qui ouvrent l’ouvrage donnent d’ailleurs la mesure de la folie douce qui va suivre, et les divers personnages qui vont apparaître ne viennent qu’avérer ce fait. Un pugiliste capable de se mettre K.O. tout seul, deux entraîneurs qui se présentent comme des hommes alors que l’un d’eux est une femme, un individu émacié que l’on tient en laisse avec la tête prise dans un collier de clous que l’on surnomme « L’Huître », un ancien boxeur devenu projectionniste de films interlopes dont des snuff movies, un jeune coq au parler cajun tellement haché qu’il faut s’y reprendre à plusieurs fois pour comprendre ce qu’il baragouine, une jeune femme au physique intéressant qui veut faire une thèse sur Eugene, etc. Des êtres perdus, à la marge de la société et de la bien-pensance, et, comme toujours chez Harry Crews, éclatés soit par la Nature soit par la société. De belles tranches de rires au gré des pages incendiaires de cet opus, jamais aux dépens de ces protagonistes, mais plutôt au cours des scènes où ils apparaissent, en complet décalage avec certaines normes. Il y a également de nombreuses références au « noble art », que ce soit dans les techniques, les usages, les pratiques, mais aussi du point de vue historique. Le roman, quelque part entre le roman noir et la littérature blanche, se lit d’un bout à l’autre avec régal, même si parfois quelques temps morts viennent diluer la qualité de cet opus.

    Encore une réussite pour Harry Crews dont on ne cesse de (re)découvrir avec toujours autant d’appétit sa bibliographie, composée de livres extravagants et loufoques, et dont on ne saurait se lasser.

    02/08/2019 à 08:50 5

  • Le Roi Peste

    Edgar Allan Poe

    6/10 … ou le récit de deux matelots, Legs et Hugh Tarpaulin, en viennent à s’aventurer dans un quartier normalement interdit – car la peste y sévit – pour échapper à leurs poursuivants après un acte de grivèlerie et tombent sur un repas où se trouve une assemblée de six personnages aussi détonants qu’inquiétants. Un récit marqué à mes yeux par l’incroyable qualité des descriptions physiques (d’abord celles des deux marins, puis des six convives), mais aussi par les formulations quant à l’alcool qui transforme ses consommateurs en fous furieux et en grossiers personnages. Mais la fin, à mon goût assez banale et manquant du panache et du gothisme fantastique qui en caractérisent pourtant le début, m’a profondément déçu.

    09/06/2020 à 18:05

  • Le Rossignol de Stepney

    Jean-Blaise Djian, David Etien, Olivier Legrand

    8/10 Toujours aussi charmé par cette série. Des graphismes très agréables, du dynamisme, et une intrigue prenante, avec un rôle clef joué par Sherlock Holmes lui-même. Je me suis régalé !

    16/10/2016 à 17:33 2

  • Le Rouge idéal

    Jacques Côté

    7/10 A la fin de l'année 1979, une série d'événements effrayants survient : un message sanglant écrit sur le mur d'une université, une chienne retrouvée mutilée, une main découverte plantée sur une clôture accompagnée d'un message énigmatique, puis, en point d'orgue, le cadavre d'une jeune femme dans un cimetière. Daniel Duval, lieutenant à la Sûreté du Québec, va mener l'enquête avec son équipe et devoir plonger dans le passé pour comprendre ce qui motive le tueur.

    Jacques Côté a réalisé avec Le Rouge Idéal un bon roman policier à suspense. Les personnages sont fouillés et parfois déroutants avec leur parler canadien, les situations sonnent juste et l'ensemble est bien écrit. L'intrigue est maîtrisée et parfaitement construite, alternant les scènes d'enquête et un humour parfois grivois, même si elle n'est pas exceptionnelle. Au final, nous avons donc un livre qui atteint son objectif : passionner le lecteur jusqu'au dénouement final, même si on peut parfois lui reprocher un scénario qui aurait gagné à être plus original.

    20/12/2007 à 06:52 1

  • Le Royaume de Ressine

    Frédéric Genêt

    8/10 « Mon cher Benvenuto, que penserais-tu d’une bonne petite guerre ? » ressasse notre héros désormais emprisonné. Des scènes de bataille navale de toute beauté, avec un graphisme toujours aussi léché et efficace, où la magie intervient avec habileté, le tout au gré d’un récit épique. J’aime décidément beaucoup.

    30/03/2024 à 18:21 2

  • Le Royaume du chaos

    Roman Surzhenko, Yann

    7/10 Une amorce fantasmagorique pour ce troisième tome de la série, avec Louve se dissimulant dans des champignons géants pour échapper au Dieu Fenrir. Un chouette bestiaire de créatures surnaturelles, parfois inspirées d’animaux préhistoriques. Un opus indéniablement plus musclé et entraînant que les précédents. Ça ne réinvente pas la célèbre série par Jean Van Hamme mais ça la réinterprète ici avec pas mal de talent et d’allant.

    23/03/2023 à 18:49 3

  • Le Royaume sous le sable

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    7/10 Après deux mois de pérégrinations, notre famille accoste sur une île où vivent des hommes qui bénéficient d’une technologie très avancée, avant de devenir leurs prisonniers. Talkie-walkie, lévitation, pistolet laser, capsules qui captent les souvenirs, fusée : le moins que l’on puisse dire, c’est que ces individus sont particulièrement en avance sur l’époque, et ce choc des civilisations est un peu brutal à mon goût même s’il y avait déjà eu des épisodes présentant ces techniques précédemment. Ce mélange autochtones – directement inspirés des Touaregs – sables mouvants – Atlantide est très dynamique et original, qui me donne déjà envie de passer au tome suivant.

    06/12/2021 à 17:55 3

  • Le Sabre et le lotus

    Jean-François Di Giorgio, Cristina Mormile

    8/10 Un jeune homme disparaît près du lit d’une rivière. Takeo fait une fois de plus la démonstration de son habileté en se débarrassant de plusieurs ninjas pour ensuite aider la jeune femme qui a vu son promis disparaître à le retrouver. Un graphisme toujours aussi remarquable, quelques passages gentiment coquins, quelques moments d’action particulièrement réussis (notamment la seconde confrontation avec les ninjas). Autant le tome précédent m’avait un peu déçu, autant celui-là me réconcilie sans mal avec cette belle série !

    25/04/2022 à 17:58 2

  • Le Sabre sacré

    Yves-Marie Clément

    6/10 Un bon petit polar se déroulant au Japon, avec un protagoniste bien sympathique : aveugle, aimant en secret une camarade, et judoka de talent. L'intrigue est bien menée, l'histoire tient la route. Petits bémols : destiné à un jeune public, c'est court et il m'a semblé que l'auteur aurait pu aller plus loin dans l'originalité et la densité dramatique. Le sabre sacré conviendra à un lectorat de collège mais ne propose probablement qu'une simple lecture récréative aux adultes, sans souvenir mémorable.

    16/05/2010 à 19:52

  • Le Sacrifice

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    7/10 Thorgal est toujours mourant, et le reste de sa famille doit continuer à affronter des adversaires, entre chevaliers troubles et écumeurs des routes. Le moribond et Jolan vont été happés par un univers fantasmagorique. Une série de péripéties baignées d’un puissant imaginaire, où j’ai trouvé que les traits (et surtout les couleurs) de Grzegorz Rosinski font des merveilles. Un opus très divertissant et inventif, c’est indéniable, même si la surenchère d’événements, créatures, et autres épreuves, jusqu’au final où pointe une réelle émotion, finit par devenir un poil lassant.

    19/02/2022 à 08:35 2

  • Le Saint des seins

    Guillaume Nicloux

    6/10 Un ton sombre et un style emporté pour une histoire qui défile rapidement entre les mains du lecteur. Si l’ensemble se lit avec plaisir, il faut néanmoins reconnaître que l’intrigue est assez simple, voire simpliste. Un Poulpe mineur à mes yeux, même si à aucun moment, et encore moins après-coup, je n’en ai regretté la lecture.

    11/08/2014 à 00:23 3

  • Le Saint des tueurs

    Garth Ennis, Steve Pugh

    8/10 Autre époque, mais personnages similaires : un flashback permettant de connaître l’histoire – ou la légende – du saint des tueurs qui œuvra durant le temps des cowboys. Personnages très caractérisés et souvent sinistres, explosions de violence (la première dans cette BD se déroule dans un salon), les codes du western fidèlement réinterprétés, et des actes sacrément sauvages (scalps, viols de cadavres, fusillades nourries). « Tu as de la chance qu’il ne t’ait pas tuée ! Cet homme est pire que Satan ! ». Un massacre et un incendie homériques à Ratwater pour clore ce récit sombre et furieux.

    11/12/2023 à 19:47 2

  • Le Salon de beauté

    Melba Escobar

    7/10 Bogota. « La Maison de beauté » est un établissement sélect où l’on prend soin de riches clientes. Parmi les petites mains, Karen, une jeune maman qui déploie bien des efforts pour mettre de l’argent de côté et ainsi permettre à son fils de la rejoindre. Mais c’est un jour Sabrina, une adolescente, qui demande des soins à l’institut, avant d’être retrouvée morte le lendemain, officiellement d’un problème cardiaque. Et si sa mort n’était en réalité pas naturelle ?

    Ce seul ouvrage traduit en français de Melba Escobar séduit d’entrée de jeu. La plume de l’écrivaine est enchanteresse, gracile et élégante, donnant à voir de beaux portraits de femmes. Il y a bien évidemment Karen, principale protagoniste du roman, confrontée de plein fouet à la misère de la Colombie, prête à tout pour permettre à son enfant de quitter Carthagène et de lui offrir une jeunesse correcte. Mais est-ce encore possible quand il faut accumuler les heures de travail auprès de clientes parfois brutales, dédaigneuses, aux caprices incroyables, et avec une monnaie dévaluée, où il faut des milliers et des milliers de pesos pour s’offrir trois fois rien ? De même, son jeune âge et ses atours attirent l’attention de mâles prêts à troquer le désir charnel qu’elle provoque contre cet argent qui lui fait tant défaut. Dans le même temps, le lecteur sera marqué par d’autres beaux portraits de femmes, comme Consuelo Paredes, la mère de Sabrina, ou encore Lucia, devenue écrivaine de l’ombre pour son mari, bien plus jeune qu’elle, qui ne la conçoit que comme sa plume et non sa chérie, au point de ne plus la considérer avec la décence qu’elle mérite. Melba Escobar décrit donc avec beaucoup de tact et de justesse la condition féminine colombienne, avec une large palette de dames, toutes conditions sociales confondues, qui ne peut que faire écho au sort, plus global, de ces malheureuses, dévalorisées, réduites à des ventres, soumises au bon vouloir de prédateurs sexuels ou politiques. L’intrigue passe d’ailleurs au second plan, ce qui décevra probablement certains lecteurs.

    Même si l’aspect purement policier ne constitue pas sa plus flagrante qualité, voilà un roman original et très humain, sans effet lacrymal de mauvais aloi ni pathos étalé à la truelle. De belles nuances féminines éclairent ce texte subtil, et c’est en soi une grande vertu.

    05/11/2019 à 20:07 2