El Marco Modérateur

3233 votes

  • Le Joueur d'Echecs

    Stefan Zweig

    9/10 L'idée de départ est particulièrement intelligente, et l'auteur nous démontre avec une concision exemplaire les tourments de l'âme humaine ainsi que le désespoir de l'Homme face aux brutalités de toute sorte. Le style a peut-être vieilli, mais cet écrit reste un chef-d'oeuvre de brièveté et d'ingéniosité !

    09/07/2007 à 18:14 5

  • Le Jour de la citrouille

    Jean-Michel Darlot, Johan Pilet

    7/10 Une BD très agréable à lire, mêlant suspense, ambiance ténébreuse et un léger humour. L’intrigue tient la route et les dessins sont fort sympathiques. Un léger bémol en ce qui me concerne : les personnages agissant au sein du cirque ne sont pas assez développés, alors qu’il y a nettement de la matière. Mais ça sera peut-être le cas dans les prochains opus.

    20/08/2014 à 15:27

  • Le Jour de ma mort

    Ludovic Bertin

    8/10 Bien étrange découverte dans le sous-sol d’une villa : un corps momifié, là depuis environ dix ans. La victime, rapidement surnommée « Le Desséché », est Louis Verbrughhe, propriétaire des lieux. Ce qui est encore plus étonnant est que c’est une fuite de gaz, visiblement provoquée, qui a engendrée la découverte du macchabée. Les deux policiers Desrozeux et Cyran se mettent à enquêter.

    Ce roman à suspense de Ludovic Bertin séduit dès les premières pages. Le rythme y est endiablé, la langue très agréable, et l’on prend un malin plaisir à suivre les investigations du duo de limiers. Des flics d’ailleurs très colorés. Cyran, qui va vivre une histoire d’amour véloce et torride avec la belle Pétronille Vanbleu, une sculpturale journaliste noire. Et surtout Desrozeux, son supérieur, surnommé « Zéro-Deux » en raison du taux d’alcoolémie mineur qu’il s’oblige à maintenir dans son organisme pour échapper à une situation personnelle chaotique. L’intrigue est délicieuse, très procédurale, où chaque indice ou témoignage va mener nos pisteurs vers d’autres informations. Le récit prend une dimension qui tient plus du thriller vers la fin du livre, avec un piège redoutable tendu par un sociopathe de haute volée.

    Un roman exquis, bien mené et original, qui enchante de bout en bout.

    07/05/2018 à 18:25 3

  • Le Jour des fous

    Jean Bastide, Robin Recht

    8/10 Lu à sa sortie, j'en garde le magnifique souvenir d'une BD esthétiquement ravissante autant que celui d'une histoire intemporelle magnifiquement adaptée par Robin Recht. Le format du roman originel et sa longueur ont certes été écornés par la concision de cet ouvrage mais la magie demeure, et cette redécouverte de l'oeuvre de Victor Hugo a été un véritable moment de délice littéraire.

    25/01/2023 à 07:02 2

  • Le Jour des Mortes

    Judith A. Jance

    8/10 Un thriller bien mené, captivant et prometteur, malgré des motivations peu singulières pour les assassins.

    22/12/2008 à 11:49

  • Le Jour du chien noir

    Si-woo Song

    8/10 « Poussé par une timidité maladive, Jeon Hak-soo tua Ra Sang-pyo » : c’est ainsi que commence cette histoire au cours de laquelle, donc, un homme en vient à assassiner l’un de ses voisins après une modique altercation. Le jeune avocat stagiaire Park Shim hérite du dossier de la défense. Dans le même temps, le corps de Sol Lisa est découvert dans la forêt, enterré, et c’est le policier Lee Pyeong-so qui va se mettre à enquêter sur ce cas. A priori, aucune ligne directrice entre ces deux affaires, et pourtant, Hak-soo et Pyeong-so vont graduellement aboutir à un même dénominateur commun : Ban Tak-shin, président d’une association et animateur d’un blog menant une lutte ouverte contre les anxiolytiques.

    Avec ce polar très sombre, Si-woo Song dresse un portrait accablant de son pays – la Corée du Sud – en proie à un taux de suicide ahurissant et au phénomène de la dépression. Si l’histoire semble de prime abord classique, l’auteur nous dépeint une contrée affligée par les automutilations, le mal-être, l’autodestruction et les ravages infligés dans la jeune frange de sa population. Chaque chapitre est habilement amené, s’intéressant à l’un des protagonistes du récit, et l’on ne peut que saluer la profondeur humaine que l’écrivain a conférée à chacun d’entre eux. Park Shim, avocat débutant aux sourcils charbonneux, s’illustre par sa pugnacité, Lee Pyeong-so déplore amèrement le fait que sa femme et leur enfant soient allés aux Philippines, et Ban Tak-shin mène un combat actif contre les firmes pharmaceutiques après la défenestration de son fils de douze ans qui se serait suicidé, d’après lui, après l’arrêt de son traitement à base d’antidépresseurs. Si l’intrigue purement policière passe parfois au second plan, Si-woo Song n’oublie jamais l’aspect sociétal dans ses récriminations et ses engagements, soulignant les maux causés par l’usage de certains psychotropes que des patients vont jusqu’à acquérir à l’étranger pour tenter d’échapper à leurs souffrances. Néanmoins, on se régale tout au long de ce livre, tant le sujet et le point de vue sont originaux, et c’est finalement dans une chambre d’hôpital que nos deux enquêteurs comprendront ce qui s’est réellement passé, avec en face d’eux un prédateur désormais démasqué, manipulateur et d’une rare psychopathie.

    Un roman atypique, tant dans le fond que dans la forme, et qui se distingue également par son scénario retors.

    18/01/2024 à 06:51 4

  • Le Jour du soleil noir

    Jean Van Hamme, William Vance

    6/10 Le premier tome des aventures de XIII, où s’amorce une série qui a connu un très grand succès. Si l’intrigue semble de nos jours classique et le dessin très vieilli (datant de 1984), l’ensemble se laisse facilement lire.

    15/01/2014 à 13:41

  • Le Kaiser et le Roi des menottes

    Vivianne Perret

    8/10 En tournée européenne, le magicien Harry Houdini arrive à Berlin en octobre 1900. Le magnat de l’industrie Friedrich Alfred Krupp le convie dans sa magnifique demeure pour une représentation privée, avec le Kaiser Guillaume II en invité privilégié. Quand il s’agit de mesurer l’agilité de Houdini à ouvrir une chambre forte, c’est pour trouver à l’intérieur le cadavre d’une jeune femme morte asphyxiée. Le roi de l’escapologie mène l’enquête.

    Ce deuxième opus de la série mettant en scène Houdini en détective regorge des éléments que l’on avait découverts dans le précédent tome, ce qui ne peut que séduire. Vivianne Perret dresse un portrait particulièrement sympathique du célèbre illusionniste, doué pour les tours de magie tout en étant remarquable dès lors qu’il s’agit de procéder à des observations et des déductions. Ici, son épouse Bess ainsi que son assistant Jim obtiennent une part plus importante dans le livre. C’est un véritable régal que de se balader aux côtés de ces personnages si vivants dans le Berlin de 1900, que l’écrivaine nous rend si réaliste, depuis ses hauts-lieux jusqu’aux quartiers plus interlopes. L’intrigue est également savoureuse, singulièrement bien bâtie, avec son lot de rebondissements et autres fausses pistes, qui permet de juxtaposer, voire de mêler, divers éléments d’un arcane complexe. On retrouvera ainsi une histoire d’espionnage industriel, de vengeance, de chantage, de liberté sexuelle, de magie, de crochetage, d’amour éconduit, etc. Un très bon patchwork de cabales qui ne nuit nullement à la lisibilité du roman, et qui vient même en exhausser la saveur.

    Un nouvel ouvrage de très grande qualité signé Vivianne Perret où, comme il l’est expliqué dans la postface, nombre d’informations sont véridiques.

    10/10/2018 à 17:14 2

  • Le Karma saut'ra

    Aïdé Caillot

    5/10 Un Poulpe assez anecdotique à mes yeux. C’est bien écrit et l’on ne s’ennuie pas vraiment avec cette secte aux forts délires sexuels avec, en prime, le frère de la disparue qui révèle un part à la fois sombre et explosive. Néanmoins, même s’il n’y a pas de temps morts, le récit est à mon goût trop lent et lénitif, on peine à rentrer dans le vif du sujet, et lorsqu’on y arrive, ça demeure pâteux.

    08/09/2015 à 19:53 1

  • Le Label N

    Jess Kaan

    7/10 Une voiture conduite par la dénommée « Blondasse » croise la route d’une biche. Mort au tournant. Accident tragique. Appelé sur place, Luc Mandoline, également connu sous le sobriquet de « l’Embaumeur », est chargé de redonner aux morts une allure acceptable. Quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il découvre que la défunte est en réalité… un honnête père de famille ! Il ne s’agit que du premier d’une longue liste de rebondissements qui vont mener l’enquêteur sur les pas d’un homme à l’identité mystérieuse, surnommé le Maître.

    Sixième opus de la série consacrée à l’Embaumeur, ce roman a été confié à Jess Kaan. On y retrouve les ingrédients qui séduisent et que l’on se plaît à retrouver : un héros pugnace, un scénario original, et une réelle liberté de ton. Derrière la plume, l’auteur remplit amplement le cahier des charges de la saga tout en y instillant des éléments bien personnels. L’univers du Nord de la France est ainsi rendu avec justesse et sobriété. D’ailleurs, par rapport à d’autres ouvrages, celui-ci se montre plus sombre et féroce, avec à la clef bien moins d’humour potache, même si certains dialogues et scènes, fort bien sentis, sont jubilatoires.
    L’histoire est très agréable à suivre, avec un bon nombre de retournements de situation. Jess Kaan a su imaginer et ériger une intrigue solide, prenante autant que parfois éprouvante, sans jamais tomber dans les effets faciles. Et même quand la limite du bon goût est atteinte, c’est avec un plaisir certain, presque coupable, que l’on traverse cette démarcation. Un seul bémol est finalement à apporter à ce Label N : les motivations profondes du Maître ne sont peut-être pas assez explicitées, ce qui aurait nécessité une volée supplémentaires de pages explicatives.

    À la fois fort des contraintes littéraires imposées par l’immixtion dans cette série que des particularismes salutaires apportés par les divers contributeurs, l’Embaumeur ne cesse d’enchanter et de se réinventer, au même titre que le cortège d’enquêtes du Poulpe. Dans le cas de ce roman, un très agréable exercice de style doublé d’une lecture décomplexée et séduisante. Yes, he Kaan !

    26/03/2014 à 18:01

  • Le Labyrinthe de Dédale

    Hélène Montardre

    6/10 … ou les épisodes combinés du labyrinthe de Dédale (bon, évidemment, le titre l’évoque), le Minotaure, Icare, et la mort de Minos. J’ai encore comme point de comparaison un livre similaire, celui de Guy Jimenes, « Icare aux ailes d’or », qui est une version très similaire du mythe, tous les deux étant destinés à la jeunesse. Indéniablement, Hélène Montardre a choisi deux éléments : concision et familiarité. Concision, car son texte, écrit trois ans avant celui de Guy Jimenes, est encore plus court (environ cinquante pages, et écrit en gros avec des illustrations), allant vraiment à l’essentiel. Familiarité, car le ton employé est très accessible : les personnages bégaient, hésitent, bafouillent, ont peur. Des sentiments, des attitudes, des comportements finalement très humains, ce qui place encore plus les protagonistes aux côtés du lectorat, comme des camarades, comme si le lecteur était l’un d’entre eux. En outre, la langue employée est très abordable, sans circonvolution ni grands effets narratifs ou littéraires. Du coup, je conseillerais plus volontiers cet ouvrage que celui de monsieur Jimenes à des gamins moins bons lecteurs, ou plus rétifs à cette activité, en raison de cette facilité d’accès. En revanche, si l’on souhaite plus de densité psychologique, de suspense ou de connexion avec le mythe originel, je préconiserais davantage « Icare aux ailes d’or ». D’ailleurs, à noter qu’Hélène Montardre prend parfois quelques raccourcis, comme le fait d’attribuer l’invention du fil salvateur à Dédale plutôt qu’à Ariane (étrange, même s’il finit par apparaître une certaine cohérence dans le texte, à sa façon, avec Dédale qui sait tout sur tout, et répond à de nombreuses reprises « Si » quand quelqu’un lui dit « Tu ne peux rien pour moi »). Et puis, puisque l’on en est aux reproches, le fait que la mort du Minotaure soit si rapidement évacuée (« Avec l’épée, Thésée tue le Minotaure et, grâce à la pelote de fil, il réussit à sortir du labyrinthe », sic) : à ce niveau, du point de vue narratif, c’est moins une ellipse qu’une réelle déception.

    22/04/2019 à 18:36 4

  • Le labyrinthe de Pharaon

    Serge Brussolo

    9/10 Anathotep est le pharaon qui règne d'une main de fer sur son empire. Afin de préparer son voyage vers l'au-delà, il demande à son architecte de lui créer un ultime autel où il reposera pour l'éternité. Le bâtisseur lui construit un labyrinthe dont les multiples pièges ne pourront être décelés que par un « nez » de grand talent. C'est alors le début d'une série de complots et d'alliances effrayantes où vont intervenir des pilleurs de sarcophages, une embaumeuse au système olfactif très développé et le sosie du monarque.

    Génialissime écrivain touche-à-tout, Serge Brussolo s'essaie ici à l'époque antique égyptienne, avec le même succès que ses précédents ouvrages. On retrouve avec un indéniable plaisir la langue si typique de l'auteur, travaillée et recherchée, prenant appui sur une intrigue énergique et très originale. Les divers personnages sont très bien campés, le récit remarquablement charpenté, et les chapitres s'enchaînent à merveille. Ce qui sidèrera le plus le lecteur, c'est l'incroyable imagination de Serge Brussolo : on a presque l'impression de trouver à chaque chapitre une nouvelle idée qu'il exploite parfaitement, et ce jusqu'à la fin, sans temps mort. Indéniablement, Le Labyrinthe de Pharaon est une réussite littéraire qui égrène savamment les trouvailles de l'auteur à un rythme effréné.

    Pour conclure, Le Labyrinthe de Pharaon est l'un des livres les plus réussis de Serge Brussolo. À la fois atypique, mené à toute allure et inventif, il offrira un pur moment d'extase. Son seul défaut réside justement dans cette avalanche de créativité. Il en va finalement de la lecture comme de la gastronomie : après un plat très épicé, les autres mets paraissent bien fades. Un seul conseil : préparez-vous un excellent roman après celui-ci au risque de craindre un instant d'être atteint d'agueusie littéraire.

    03/03/2010 à 18:02 1

  • Le Lagon de Fortuna

    Christophe Bec, Eric Henninot

    8/10 Dans d’un forage dans une fosse de l’océan Pacifique sud, en 1993, quatre ouvriers plongeurs découvrent une grotte souterraine puis tombent sur un mégalodon particulièrement vorace. On voyage ensuite du barrage de Sarrans à la Nouvelle-Galles, de la Roumanie à la Nouvelle-Zélande, en passant par la Russie, avec cette histoire de brèche ouverte sur la préhistoire. Une histoire passionnante, qui se refuse à toute linéarité avec ces flash-backs et autres sauts géographiques, pour un propos très intéressant, et également intriguant parce qu’à ce stade de la série qui comporte douze ouvrages, je ne sais pas vers quoi nous mènent les auteurs.

    28/02/2021 à 08:26 2

  • Le Lama blanc

    Georges Bess, Alexandro Jodorowsky

    6/10 Un rêve prémonitoire, avec un enfant agrippé à un avion et abattu à la mitrailleuse, porte un édile tibétain à mourir afin de permettre l’aube d’une ère nouvelle. L’esthétique a certes vieilli (cette BD date de 1988, tout de même, ceci explique amplement cela), mais le récit n’en demeure pas moins assez intéressant et plutôt original, même si je suis resté en partie hermétique à ce mysticisme bouddhiste (contre lequel je n’ai évidemment rien du tout, ça doit être ma mentalité et ma culture intrinsèquement occidentales qui doivent être en cause). Sympathique dans l’ensemble, mais peut-être pas au point de me porter à continuer cette série.

    19/12/2023 à 18:51 2

  • Le lézard lubrique de Melancholy Cove

    Christopher Moore

    9/10 Melancholy Cove, une petite station balnéaire des Etats-Unis. En apparence, une commune sans fièvre aucune, où le banal mois de septembre commence à apparaître. Mais cette fois-ci, il va y avoir du changement en ville.

    De ce roman complètement barré de Christopher Moore, il est vraiment difficile d’en dire plus sans dévoiler la série de catastrophes imaginées par l’auteur. Sur un ton absolument foutraque et enthousiasmant, le lecteur va aller de surprises en surprises, et la faune – humaine – locale est irrésistible. Jugez plutôt. Bess, une femme pendue à qui on a peut-être donné un petit coup de main final. Théo, le policier local, fumeur invétéré de marijuana. Une tenancière de bar dont le corps a été patiemment complété de pièces de métal jusqu’à devenir une femelle Terminator. Valérie, la psychiatre du patelin, qui décide de faire remplacer tous les antidépresseurs prescrits à ses patients par des placebos. Winston, le pharmacien qui ne peut avoir des érections qu’en pensant à des dauphins. Molly, une ancienne actrice de films de série Z, entendant une voix intérieure et vivant dans une caravane. Catfish, un joueur de blues qui cache un bien étrange secret. Cette arche de Noé vous paraît-elle déjà saturée ? Eh bien non, pas tout à fait. Vous auriez bien encore un peu de place pour un lézard géant, rendu mutant par les radiations, particulièrement fâché que Catfish ait un jour tué l’un de ses petits ? Christopher Moore n’est pas seulement un écrivain, c’est également une aventure à lui tout seul. Une imagination débridée, aussi imaginative et corrosive que celle d’un sale gosse qui couche sur le papier ses plus incroyables délires et fantasmes. Le risque était immense, voire presque inéluctable, que cette abondance d’idées décalées devienne une fange stérile, un pathétique bordel, du grand-guignol. Pourtant, l’auteur, par on ne sait trop quel enchantement, nous rend l’ensemble non seulement hilarant mais aussi terriblement efficace. Sur les quelque quatre-cents pages de ce capharnaüm littéraire, tout s’emboîte, au gré des relations interpersonnelles, des conséquences imprévues du moindre geste anodin, et des mécanismes désopilants mis en œuvre par Christopher Moore. On retiendra de nombreuses scènes réjouissantes, comme la tentative ratée d’accouplement entre le lézard géant et le camion-citerne, les pèlerins venus rendre hommage au monstre dans la grotte, son intolérance au lait des vaches qu’il aura dévorées, ou encore ces dialogues burlesques (comme ceux du premier chapitres, où les policiers tentent de savoir si la victime était amish ou mennonite en vertu du fait qu’elle possédait un mixer et des fermeture Éclair sur ses vêtements).

    Un roman sidérant, presque sidéral, assumant la plus saugrenue des déviances, de bout en bout. Une magnifique tranche d’un immense n’importe quoi, porté par le style et la plume décomplexés d’un Christopher Moore en état de grâce… ou sous l’emprise de puissants psychotropes, sachant que le lecteur n’est nullement obligé de consommer les mêmes stupéfiants pour prendre à son tour son pied.

    01/04/2017 à 09:53 3

  • Le Livre des choses cachées

    Francesco Dimitri

    9/10 Un pacte : c’est ce qui lie quatre amis d’enfance qui se sont jurés de se retrouver, chaque année et à date fixe, à une pizzeria. Il y a Tony, chirurgien, Mauro, avocat, et Fabio, photographe. Pour compléter le quatuor, on trouve Art, peut-être le plus intelligent du groupe, mais aussi le plus sensible aux sujets ésotériques. Sauf que, aujourd’hui, Art n’est pas là. A-t-il disparu comme il y a vingt ans auparavant, durant une semaine après avoir pénétré dans une oliveraie ? Est-ce lié à ses liens ambigus avec la mafia ? Ou avec cet étrange opus qu’il avait commencé à rédiger, intitulé Le Livre des Choses cachées ?

    Francesco Dimitri signait en 2018 ce roman très étrange, au point qu’il est difficile, voire impossible, de l’étiqueter. Il panache la sensibilité de la littérature blanche, le sens du suspense lié à la noire, un peu du thriller par certains moments, et une touche finale de fantastique, voire d’ésotérisme. Ce roman choral, alternant les points de vue des trois amis d’enfance d’Art, est un bijou de construction, les événements s’enchaînant à merveille, sans le moindre temps mort ni grain de sable dans la succession des chapitres et parties. Il y a également une certaine forme de magie littéraire dans les mots de Francesco Dimitri : qu’il décrive l’amour filial pour un être atteint de la maladie d’Alzheimer, une séance de danse des couteaux où le spiritisme en devient presque palpable, l’appât du sexe et les remords de l’adultère, la nostalgie pour les délices du passé, ou l’évocation de ce village du sud de l’Italie, l’écrivain sait captiver son lectorat et l’emmener jusqu’au bout de ce livre si atypique. Et le terme de « magie littéraire » n’est d’ailleurs pas une simple expression ou un tic de langage, dans la mesure où Art maîtrise certaines compétences d’ordre spirituel qui le rendent fascinant. Pour quelles raisons a-t-il disparu dans cette oliveraie alors qu’il était jeune ? Comment a-t-il pu guérir une fille d’un ponte de la mafia locale de sa leucémie ? A-t-il, comme il le prétend, accédé à une forme de puissance impénétrable ? L’auteur sait préserver le mystère autour de ses aptitudes jusqu’au final, mémorable : d’un mot d’un seul, il achève son ouvrage de façon magistrale, avec intelligence et subtilité.

    Un écrit splendide, qui parvient à rendre concret ce qui demeure inintelligible, et s’emploie avec virtuosité à déployer entre ses lignes l’occultisme qu’il décrit. Un exploit qui se double d’une formidable mise en abyme, avec des extraits passionnants de cet énigmatique Livre des Choses cachées rédigé par Art. Un pur moment de vertige.

    09/02/2021 à 07:08 4

  • Le Livre des trépassés

    Lincoln Child, Douglas Preston

    9/10 Un opus d'une de mes séries littéraires préférées, et celui-ci est encore une fois à la hauteur. Suspense, scénario intelligent, personnages fouillés, et le plaisir de retrouver Pendergast face à Diogène. Des scènes mémorables, et un épisode particulièrement important dans la série : l'explication – fameuse – de la haine que voue Diogène à son frère. Un régal !

    03/03/2011 à 18:30 1

  • Le Livre dont vous êtes la victime

    Arthur Ténor

    9/10 Une histoire très bien menée et imaginée, détournant avec intelligence les séries de romans dont le lecteur est sensé être le héros. Une intrigue efficace, des personnages attachants, et une idée de « book killer » savamment composée, entretenant un excellent suspense jusqu'à la fin de ce thriller fantastique pour jeunes lecteurs.

    19/01/2011 à 13:09

  • Le Livre rouge de Jack l'Éventreur

    Stéphane Bourgoin

    9/10 Stephane Bourgoin a beaucoup étudié les archives anglaises, communiqué avec divers organismes spécialisés, lu quasiment tous les ouvrages sur le sujet, regardé tous les films...Bref, un travail titanesque !

    Et le résultat est titanesque également. Il étudie tous les grands éléments historiques, géographiques et psychologiques de cette funeste affaire. Et c'est M-A-G-I-S-T-R-A-L ! C'est pertinent, astucieux, circonstancié, bref, c'est l'ouvrage de référence sur le sujet.

    Vous pensiez que Jack L'Eventreur méritait bien son surnon ? Faux.
    Vous pensiez que Jack L'Eventreur pouvait être médecin ? Pas si sûr...
    Vous pensiez que Jack L'Eventreur était un médecin proche de la famille royale ? Faux.
    Vous pensiez que Jack L'Eventreur "opérait" les prostituées dans un fiacre ? Faux.

    L'auteur étudie toutes les possibilités, la plupart parfaitement absurdes et non fondées, avant de n'en retenir que quelques-unes. Ne vous attendez pas à ce qu'en dernière page, on vous livre le nom de Jack L'Eventreur, vous seriez déçu. C'est un livre remarquable qui permet de tirer un trait sur certains suspects et de n'en retenir qu'un faible nombre.

    Bref, une première moitié de livre remarquable, à posséder absolument si l'on s'intéresse aux tueurs en série parmi lesquels Jack L'Eventreur est un des plus marquants ! Chapeau bas à Stéphane Bourgoin !

    Le mot de la fin revient à un policier, auteur d'un livre sur le sujet, et qui a écrit : " Quand viendra le jour du Jugement Dernier, où toutes choses seront connues, et que moi et les autres générations de ripperologues [ spécialistes de Jack The Ripper]demanderont à Jack L'Eventreur de s'avancer en déclinant sa véritable identité, nous nous regarderons tous, l'air complètement abasourdi et étonné, en nous exclamant : "Qui ça ? Lui".

    Maintenant, à vous de vous faire une idée sur le sujet et de découvrir sa réelle identité...

    Quant aux nouvelles qui suivent ce livre documentaire : variées, très bien écrites, tantôt angoissantes, tantôt purement policières, elles sont toutes, chacune dans leur domaine, de beaux joyaux.

    Deux faits à noter :

    - leurs époques (écrites entre 1891 et 1985), ce qui leur confère des styles très intéressants et vraiment originaux.

    - elles ont toutes été traduites par Stéphane Bourgoin himself, qui a selon moi très bien assuré, en conservant très nettement leurs sensibilités littéraires et leur charme désuet.

    Bref, partie documentaire sensationnelle + neuf nouvelles absolument excellentes = un livre dont on ne peut pas regretter l'achat !

    13/10/2009 à 20:24

  • Le Livre sans nom

    Anonyme

    8/10 Une histoire complètement barrée, de bout en bout, et un véritable festin ! Je ne me suis pas ennuyé un seul instant, et j’ai adoré cet enfilement de références cinématographiques, comme d’autres adorent enfiler des perles. De l’humour, de la violence, du surnaturel, et surtout, un auteur qui plane très haut dans la stratosphère. Un récit décomplexé, déjanté comme ça n’est guère permis, et qui distrait sacrément !

    25/06/2016 à 12:28 1