El Marco Modérateur

3708 votes

  • Les Monstres

    Maud Mayeras

    9/10 Une incroyable réussite pour ce roman que je ne découvre que bien tard. Ou comment Rosemarie ainsi que Jung et Eine en viennent à quitter le repaire où l’énigmatique Aleph les avait séquestrés, découvrant ainsi de leurs propres yeux ce monde des humains qui, jusqu’alors, ne leur avait été décrit que par Aleph ainsi que par les rares livres mis à leur disposition. La plume de Maud Mayeras est exceptionnelle de noirceur et, malgré le caractère hautement sordide de cette histoire (il y est tout de même question de détention d’individus, de viols et d’incestes), l’écrivaine parvient à ne jamais sombrer dans le voyeurisme, l’outrance ou la mise en lumière de ces actes déjà extrêmement glauques. Ce que j’ai beaucoup apprécié, c’est cette espèce de mythologie qui a graduellement imprégné les reclus, leur vision faussée de l’extérieur, et cette déformation de la réalité qui va les poursuivre même une fois qu’ils seront libres, continuant de croire en ce démon humain qui les a emprisonnés, outragés, mises enceintes et relégués au rang de matrices, de pondeuses, d’esclaves souterrains. Cela fait nécessairement écho à de – malheureusement – nombreux faits réels, et Maud Mayeras s’est emparé de ce sujet avec beaucoup de tact sans pour autant gommer l’horreur des événements et du processus de dégradation des détenus. Les derniers chapitres sont vertigineux du point de vue psychologique comme de noirceur. Une pure détonation littéraire, ce roman.

    17/03/2025 à 20:31 7

  • Échos dans le temps

    Pierre Bordage

    5/10 … ou comment Jeanne, malade au dernier degré d’une encéphalite spongiforme qui ne lui laisse guère espérer mieux que quelques mois à vivre, en vient à porter secours au mystérieux Kort, déboulé d’on ne sait où dans le causse Méjean. Ce dernier est en fait un individu envoyé du futur pour traquer et neutraliser des individus qui se sont enfuis de l’avenir via une faille temporelle qu’ils ont créée. Une traque s’engage alors qui mènera Jeanne et Kort, rapidement sensibles l’un à l’autre, jusqu’en Inde puis au Bhoutan.
    Un scénario qui rappelle immanquablement « Terminator » (et je ne parle même pas des quelques rebondissements finaux qui ne font qu’accroître cette ressemblance flagrante), le tout au gré d’un très court roman de 180 pages. Une écriture agréable, un rythme cadencé, pas le moindre temps mort, des messages échangés entre les fuyards qui viennent habilement engendrer des entractes dans le récit, mais je suis néanmoins resté sur ma faim : autant l’œuvre de Pierre Bordage m’attire, autant cet opus a un goût d’inachevé. Trop court, survolant son propos plus qu’il ne le creuse, usant de ficelles et d’éléments déjà lus ou vus des centaines de fois, l’ensemble s’apparente à une nouvelle inutilement rallongée ou à un roman demeuré à l’état embryonnaire. Bref, rien de bien original, et la concision de l’ensemble vient malheureusement souligner ce pâle constat. Vraiment dommage.

    16/03/2025 à 19:45 3

  • Digital Nation

    Def, Jean-Pierre Pécau

    6/10 Troisième et dernier tome de cette série, avec un début sur l’île de Xanadu entraperçue à la fin de l’opus précédent. Un clin d’œil appuyé à « Blueberry » avec les personnages apparaissant dans les hologrammes. Une fin un peu abrupte à mon goût mais une conclusion globalement à la hauteur de mes attentes.

    16/03/2025 à 06:01 3

  • Le Retour d'Effie Kolb

    Mike Mignola, Matt Smith

    7/10 Virginie (plus exactement dans les Appalaches) où « quelque chose va arriver », Russie, France, Angleterre, Géorgie : cinq histoires fort divertissantes (la quatrième est un peu succincte à mon goût) où l’on trouve des sorcières, des revenants, de la démonologie, etc. C’est agréablement survitaminé et ça donne un cocktail réjouissant.

    16/03/2025 à 05:59 2

  • Islandia

    Jean-Luc Istin, Zivorad Radivojevic

    8/10 Kirsten Konig sort de trente ans de cryogénie et on la charge aussitôt d’aller sur la planète Islandia pour établir un contact avec les autochtones. Les premiers échanges sont chaleureux et l’état-major décide de lancer la colonisation. Mais quand la colonie 2 ne donne plus la moindre nouvelle après ce qui ressemble à une altercation, on envoie de nouveau Kirsten sur place avec un contingent pour comprendre ce qui s’est passé.
    Une esthétique séduisante, prenant parfois des accents dignes de Star Wars ou d’Avatar, qui mêle machination, aliens, pyrokinésie – impossible de ne pas penser à « Carrie » en voyant la gamine mettre le feu autour d’elle. Un épisode de pure SF de toute beauté : ça n’est habituellement pas ma came, mais là, très objectivement, j'ai vraiment beaucoup aimé.

    14/03/2025 à 20:08 3

  • Le chien debout

    Sokal

    6/10 Quand Fernand revient au village de la Guerre d’Algérie, il n’a en tête que Fernande, et voilà qu’on lui apprend au bar qu’elle est morte et qu’on lui impute cet assassinat.
    Le côté anthropomorphe des personnages est intéressant et plutôt bien exploité, d’autant que l’intrigue bascule dans le dernier tiers vers une histoire qui les met directement en lumière. Si l’intrigue paraît somme toute classique et les traits d’humour assez inoffensifs, je n’ai pas vu venir la résolution (où Canardo cite même la planche et la case où ça a précédemment eu lieu), plutôt jouissive. Bref, ça ne casse pas trois pattes à un canard (désolé…) mais ça se laisse lire, au moins pour son côté graphiquement atypique.

    14/03/2025 à 20:07 4

  • Maigret à l'école

    Georges Simenon

    8/10 Plutôt convaincu de l’innocence de l’instituteur Joseph Gastin du meurtre de la vieille bique qu’était Léonie Birard, Maigret décide d’aller passer quelques jours à Saint-André-sur-Mer, non loin de La Rochelle. Sur place, il découvre vite l’ambiance si particulière d’un petit village, de la province : les rumeurs y vont vite, l’alcool coule à flot, la méchanceté et les médisances pleuvent. Joseph n’est pas du coin, on voit d’un assez mauvais œil cet individu qui n’aime guère la religion, et un témoignage l’accable. Mais notre commissaire saura tirer le vrai du faux, avec calme et habileté.
    J’ai encore une fois adoré me plonger dans la bibliographie – abondante – de Georges Simenon, et cet opus, court et dense, ne déroge pas à la règle de mes petits plaisirs littéraires. Une écriture sèche et acide, une atmosphère léchée, des personnages trouble, et toujours cette facilité de la part de l’écrivain pour la satire d’un monde plat, restreint et sclérosé, où tout le monde est le cousin d’un autre, où les calomnies et autres diffamations sont nombreuses. Certes, Maigret n’est pas particulièrement convaincu par l’innocence de Gastin, mais il ne fait pas du fait qu’il est un horsain la cause première de sa prétendue culpabilité aux yeux des autres habitants du hameau puisqu’il reconnaît volontiers : « Ces trois-là, Gastin, sa femme et leur fils, appartenaient à une race tellement différente que le commissaire comprenait la méfiance des paysans », sans même parler des descriptions peu flatteuses qu’il fait de ce couple au physique abâtardi. En outre, le fait que le professeur a été obligé de muter après un adultère de son épouse n’aide pas à en faire un citoyen apprécié des autochtones. Tout s’y déroule sur un filet de voix, entre découvertes de péchés locaux et autres vilénies toxiques, et où les témoignages de deux enfants seront déterminants. L'ensemble brille par son tact et son évidente force de percussion sociale. A noter que l’adaptation avec Bruno Crémer est assez différente, tant dans le début où c’est le fils qui appelle Maigret à l’aide avec un courrier, le rôle plus fort du docteur, ou encore le couple Gastin davantage photogénique et agréable.

    13/03/2025 à 05:53 4

  • Rejoins-nous dans l'Armée du 12 Octobre !

    Jérôme Camut, Nathalie Hug

    8/10 Dans l’arrière-pays niçois, Loki observe ce qu’il va bientôt dévaster. Dans le même temps, Mil tente de préserver ce qui peut encore l’être de la canicule et du manque flagrant d’eau. Sa sœur, Alix, a disparu pour rejoindre le camp des 12-10, des écoterroristes extrémistes. Les incendies naissent un peu partout. La violence est aux portes de leur monde, mais n’est-ce pas également le nôtre ?
    Une nouvelle particulièrement efficace, chargée jusqu’à la gueule de poudre, et parcourue d’individus pour qui il faut « détruire pour alerter ». Des références directes avec la série « W3 » et s’achevant sur une annonce concernant un autre opus de Jérôme Camut et Nathalie Hug, à savoir « Islanova ». « Islanova ? C’est l’espoir, le renouveau, la révolution ! Si ta frangine s’y trouve, alors ne réfléchis pas et vas-y ! Rejoins ceux qui vont changer le monde ! », est-il écrit à la toute fin de ce texte sans temps mort et qui offre une très belle articulation entre plusieurs ouvrages du duo d’écrivains. A lire absolument pour les aficionados du binôme d’auteurs ; quant aux autres, je leur en recommande tout aussi chaudement la lecture, comme un point d’entrée alléchant pour le reste de leur bibliographie.

    12/03/2025 à 18:47 2

  • Faims

    Patrick Senécal

    9/10 Kadpidi, vingt-mille habitants. Un cirque, le « Humanus Circus » y arrive, avec sa petite dizaine de forains. Mais les numéros circassiens ne correspondent pas aux poncifs du genre : les forains proposent des tickets gratuits aux citadins pour les convier à assister à des shows particuliers, avec des moments de violence et de sexe suggéré. Et les premiers morts se mettent à tomber en ville.
    Patrick Senécal, j’adore, clairement, et j’ai retrouvé ici son univers si particulier : un vocabulaire simple, une syntaxe tout aussi élémentaire, et une plongée graduelle dans une sorte d’univers parallèle où les déviances de l’être humain sont mises en relief. Ici, comme d’habitude, l’auteur n’y va pas de main morte : sexe, pornographie, pédophilie, cruauté, mais aussi adultère et suspicion de trahison dans le couple. Finalement, Francus, le medium du cirque, s’apparente à un tentateur, un artificier plaçant le détonateur, mettant chaque individu face à ses travers, ses appétits inassouvis, ses contradictions et ses failles. Au gré du récit de près de six cents pages, sans chercher l’effet pyrotechnique ou les scènes dantesques, il fait basculer le lecteur dans les limbes puis en enfer, sans pour autant atteindre le niveau de férocité atteint dans « Hell.com » ou dans « Les 7 jours du talion ». Un récit fort, où, une fois de plus, je suis étonné (et ravi) par la façon dont Patrick Senécal nous fait dégringoler dans une géhenne progressive, jusqu’au meurtre, jusqu’à la folie, jusqu’au coup de sang fatal, et jusqu’à l’implosion d’un monde que l’on pensait finalement si pacifique, vertueux et normal. Un grand moment de littérature, avec un final à plusieurs tiroirs, hautement symbolique avec l’animal et sa proie, et le véritable épilogue, tout en crédibilité et en fureur contenue. « Le crâne envahi d’un long cri silencieux », est-il écrit dans l’ultime phrase, et ça aura également été valable pour moi, même si l’écrivain est loin d’avoir placé le curseur aussi loin que dans les opus précités.

    11/03/2025 à 05:48 3

  • La Nuit du 3 août

    Jean Van Hamme, William Vance

    8/10 L’aventure se poursuit à Greenfalls, revenant sur les événements antérieurs (l’explosion et l’avalanche). L’ambiance nocturne, enneigée, en noir et blanc lorsqu’il s’agit de recomposer le passé, le passage avec le Ku Klux Klan dans la mine, et le regain d’action sur le final concourent à faire de ce septième tome un grand moment de bande dessinée.

    10/03/2025 à 18:32 2

  • À feu et à sang

    Manuel Garcia, Duane Swierczynski

    7/10 Raymond Garrison doit délaisser momentanément sa famille pour ramener vivant d’Afghanistan un dénommé Apanewicz. Mais à peine parachuté sur zone, il est littéralement détruit par un missile. Sa dépouille est récupérée au sol par les ravisseurs… mais Ray n’est pas mort. Grâce au projet « Rising Spirit », il est devenu une machine de guerre (grâce aux « nanites ») dans laquelle on a implanté de faux souvenirs de diverses familles qu’il n’a de toute façon jamais eues. Des traits nécessairement très comics (colorés, sanglants, enfiévrés, mais pas toujours à mon goût), et on voyage pas mal, de l’Afghanistan au Nevada, en passant par le Nouveau-Mexique. Pas mal d’action, bien évidemment, et même si je ne suis pas un fanatique des superhéros, celui-ci m’a fait passer un agréable moment de décontraction, même si j’ai eu du mal à me passionner pour ce personnage en quête de sa propre identité, parcouru de nanomachines avides de protéines et dont la mémoire est effacée à la fin de chaque mission. Deux autres personnages féminins importants apparaissent : Melissa, alias « Pulse », aux puissantes capacités électromagnétiques, et Kara, une ancienne infirmière militaire.

    09/03/2025 à 18:17 2

  • Aldoran

    Kyko Duarte, Jean-Luc Istin

    7/10 Shannon, fille de Keirn, finit par pénétrer dans l’étrange, colossal et solitaire Tyrom qui surprend l’intruse. Le début d’une solide amitié qui prend une tournure inattendue quand l’ermite crée un arc de lumière (de l’élémentalisme ?) tandis que le père de la gamine est assassiné.
    Un premier tome graphiquement très séduisant, coloré et empreint de la même magie si présente dans cette BD. Une belle quête de vengeance contre le roi Gérald qui est responsable de la mort du papa de Shannon. Je vais tâcher de continuer cette série, au moins pour quelques autres tomes.

    09/03/2025 à 14:12 2

  • Les Amphores de Pompéi

    Eric Corbeyran, Alexis Robin

    6/10 Un éclairage intéressant et assez instructif sur la viniculture au temps de l’Antiquité, mais j’ai moyennement apprécié les graphismes. Quelques autres éléments – le Vésuve, les combats de gladiateurs, le viol d’Ursina – viennent se greffer à l’histoire, mais je n’ai pas totalement été convaincu.

    08/03/2025 à 10:26 1

  • Les Femmes

    Merwan, Bastien Vivès

    7/10 Deuxième tome où l’on retrouve nos soldats dans la forêt. La Nature s’y avère luxuriante et ils dénichent une femme de toute beauté : elle parvient à fuir et mène nos poursuivants jusqu’à une citadelle fortifiée. L’accueil qui était de prime abord plus qu’affable tourne au cauchemar.
    A condition d’apprécier le graphisme si particulier de Bastien Vivès (personnellement, je n’aime pas du tout, mais j’ai fini par m’y faire), cet opus apporte enfin le coup de fouet que j’attendais après un premier tome qui m’avait laissé dubitatif. Pièges, fruits empoisonnés, traquenards charnels : ces Amazones sont de redoutables prédatrices.

    08/03/2025 à 07:31 2

  • La Fiancée de la mer 1/2

    Jenny, Patricia Lyfoung

    5/10 Une bande dessinée aux graphismes toujours aussi colorés et travaillés, mais les incessantes incursions du style manga – un par page, au moins au début – finissent par me lasser encore plus que dans les tomes précédents. Le ton gentillet de l’ensemble ainsi que les références et autres poncifs (de l’épave sous-marine contenant un trésor à la sirène) ne m’émeuvent toujours pas, d’autant que l’intrigue peine vraiment à décoller.

    08/03/2025 à 07:30 2

  • Les Ruffians

    Yves Swolfs

    7/10 Un transfèrement qui débouche sur une fusillade juste avant une exécution sommaire, et c’est reparti pour les chevauchées dans la neige. Une trame classique, un graphisme qui l’est tout autant, l’assaut de l’hôtel et les coups de feu échangés juste après illustrent le dynamisme du récit.

    06/03/2025 à 19:45 2

  • La Dernière Chasse

    Jean-Christophe Grangé

    8/10 A titre très personnel, j’ai beaucoup aimé cet opus de Jean-Christophe Grangé. Certes, j’en avais vu la version télévisée avant de lire cet opus, ce qui m’a privé de l’effet de surprise, d’autant que l’un et l’autre sont très fidèles, mais je ne boude mon plaisir de lecture. Un roman plutôt court pour l’écrivain, trois parties et soixante-huit chapitres hyper véloces, où j’ai retrouvé le style de l’auteur, unique, où les formules métaphoriques côtoient l’argot, les passages secs des références historiques, architecturales, artistiques ou autres. L’histoire est également typique de son univers, avec ses obsessions : la famille, le sang, le passé, les démons intérieurs, la rédemption, etc. Retrouver Pierre Niémans a été un grand moment, puisque nous l’avions abandonné à la fin des « Rivières pourpres » et le revoilà, bien plus tard, usé, encore plus grognon, ancien instructeur vrillé par son expérience à Guernon, et de nouveau sur le terrain en compagnie d’Ivana Bogdanovic. Pour lui, je me suis surpris plus d’une fois à oublier Jean Reno pour lui fixer les traits d’Olivier Marchal, mais peut-être est-ce plus lié au fait que j’ai été « influencé » par le visionnage de la série que par mes souvenirs lointains de l’opus de 1998. Pour elle, j’ai bien aimé ce cocktail détonnant de femme forte, laminé par l’enfance, ses contradictions (végane et grosse fumeuse, plutôt proprette physiquement et porté à l’autodestruction), et le fait qu’elle compose un écho féminin intéressant au personnage bourru de Niémans, dans une trajectoire de transmission comme d’équilibrage. L’histoire, sans être pour autant l’une des meilleurs de Jean-Christophe Grangé, se laisse très agréablement lire, sans temps mort ni réelle faute de goût (oui, des invraisemblances, c’est exact, mais ça demeure un thriller, genre assez porté sur cette dérive des faits parfois invraisemblables), où l’on retrouve les marottes de l’écrivain, presque des névroses qu’il traite pour notre plus grand plaisir en les couchant sur le papier et en leur donnant une dimension littéraire d’une rare force de percussion. En revanche, je ne suis pas d’accord avec des avis lus sur Internet et parlant de pure « novellisation », puisque j’y associe automatiquement une écriture sans âme, un style sans entrain, une commande purement factice, alors qu’ici, on retrouve vraiment la patte de l’auteur, dans le fond comme dans la forme. Bref, un très bon moment de lecture, rageur et sombre, et, même s’il y a des faiblesses et des énormités, je n’ai pas vu le temps passer au gré des quelque quatre-cent-vingt pages qui me donne envie de me replonger dans l’œuvre de JCG.

    06/03/2025 à 06:02 5

  • Blade Runner 2029 tome 1

    Michael Green, Andres Guinaldo, Mike Johnson

    8/10 2017 : Ash essaie d’appréhender un réplicant qui riposte et l’épargne. Douze ans plus tard, l’inspectrice Ashina est sur le point d’arrêter un autre humanoïde quand celui-ci dit « Yotun sauve » avant de se suicider.
    Un premier tome plus que séduisant, tant du point de vue graphique que scénaristique, et une autre habile relecture de l’œuvre de Philip K. Dick après la série « Blade Runner 2019 ». Une histoire tout de suite immersive et instantanément addictive. Un régal. La scène de destruction finale laisse augurer encore du très bon pour la suite.

    06/03/2025 à 06:01 2

  • Banni

    Yves H., Hermann

    8/10 An 84 après J.-C., dans l’Ecosse actuelle : Brigantus est un Picte œuvrant au sein de la légion romaine, un colosse impressionnant redouté de tous. Suffisamment romain pour tuer ses propres compatriotes, insuffisamment pour être reconnu comme réellement romain, c’est une bête de guerre, invincible sur le terrain, à qui sont confiées les pénibles tâches de terminer les blessés graves de son armée. Mais il fait tellement peur à ses frères d’armes que le choc est proche.
    Un premier tome intelligent, au graphisme épuré, qui refuse la violence gratuite et les clichés du genre. J’ai beaucoup apprécié ce protagoniste, puissant géant, qui va avoir le tort de prendre la défense d’une femme picte et subir la vindicte qui couvait chez les compagnons : verra-t-il enfin la lumière qu’il guigne ? Réponse dans les tomes suivants.

    05/03/2025 à 20:09 2

  • Psycho Killer

    Anonyme

    8/10 Habituellement, j’aime bien commencer mes chroniques et votes par un rapide rappel du pitch ou de l’histoire, mais là, je n’en vois pas trop l’intérêt, parce que ce roman, c’est de la pure dynamite rock’n’roll, et que cette musique, intrinsèquement, n’a pas besoin de se lester de mots, de messages à l’humanité, ou de grandes paraphrases, juste du gros son qui secoue les tripes, ce qui est le cas ici. Pour être bref : un tueur amateur de films violents qui se taille de son asile psychiatrique pour aller chercher à B Movie Hall où se trouve un bordel, le « Minou Joyeux », tenu d’une main de fer par un ancien du cinéma, Mellencamp, tandis que Devon Pincent, une huile du FBI, charge deux agents de mener l’enquête. Mais le reste de l’histoire est un explosif, détonnant, presque WTF, avec, en vrac : une référence à une œuvre d’Edgar Allan Poe, un patient qui se retrouve avec un déodorant dans le derrière, des chapitres où s’entrecroisent les points de vue des divers protagonistes, pas mal de fellations, des corps massacrés et qui tombent dans tous les sens (ça commence par une décapitation d’un policier et se termine – presque – par une autre), de la baston à tous les étages avec des armes blanches ainsi qu’à feu, pas mal d’humour et des répliques qui claquent comme autant de références aux réparties du cinéma d’action des années 1980 et 1990, des tueurs sacrément télégéniques (que ça soit cet Iroquois ou Mack, ce spadassin spécialisé dans les strangulations), et un scénario qui va révéler quelques rebondissements intéressantes, le tout avec une bande-son atypique, de « Dirty Dancing » à « Coyote Girls » en passant par « Lord of the Dance ». Alors, oui, effectivement, ce n’est pas de la « grande littérature » (j’entends par là que le récit n’est certainement pas marquant et n’a pas la prétention de figurer parmi les jalons du genre), mais j’ai pris un immense plaisir, de la première à la dernière page, en lisant ce cocktail sacrément jouissif, décomplexé et sautillant. De cet auteur, « Anonyme », je n’ai lu que le premier opus, « Le Livre sans nom », ce qui explique également peut-être que je n’ai pas ressenti la « lassitude » d’autres lecteurs, que ce texte m’ait donc paru plus « frais », et je dois dire, encore une fois, que si je suis bien conscient que ce livre est une sorte de plaisir honteux – la jubilation avec les scrupules qui vont avec –, non seulement je ne regrette pas un seul instant ce moment de littérature décontractée, désinhibée, mais en outre, cela m’a donné fortement envie de me replonger dans la bibliographie de cet écrivain de l’ombre.

    05/03/2025 à 05:41 2