El Marco Modérateur

3331 votes

  • Fortress of Apocalypse tome 2

    Kazu Inabe, Yuu Kuraishi

    6/10 Maeda croit être venu à bout de la « pyramide » en tirant sur celui qui semble en être le boss, mais rien n’est jamais simple au pays des zombies. Lui et les trois autres évadés tentent de survivre dans ce paysage envahi de zombies et vont même s’équiper, pendant que les violences sont également présentes dans le centre de correction qu’ils viennent de quitter. Toujours autant d’action et de sang, jusqu’au final où apparaissent des hybrides chiens-humains zombies, mais un angle narratif pas spécialement original dans le genre, comme dans le tome précédent. Et puis aucun suspense, puisque les monstres sont tellement lents et crétins que nos protagonistes s’en débarrassent avec une facilité déconcertante. La preuve : trois d’entre eux bousillent à tour de bras des zombies pour que leur quatrième ami puisse… faire une partie de flipper.

    08/02/2022 à 18:30 1

  • Qui a tué Glenn ?

    Leonie Swann

    9/10 George Glenn n’est plus. Cet aimable berger est retrouvé mort dans son champ, une bêche plantée dans le corps. Ce sont ses moutons qui trouvent le corps, mais ce ne sont pas n’importe quels moutons. Il en va d’eux comme des êtres humains : dans ce troupeau, il y en a qui sont intelligents, d’autres sages, etc. Et c’est ce cheptel, mené par la sagace Miss Maple, qui va mener l’enquête.

    De Leonie Swann, on connaît déjà le très bon Gray, ou l’investigation d’Augustus Huff, secondé d’un inénarrable perroquet, et c’est une histoire toute aussi improbable que l’écrivaine allemande signait en 2005. Nos si sympathiques ovidés vont plus ou moins faire bloc afin de comprendre qui et pourquoi leur pâtre a été assassiné. On y retrouve donc Miss Maple – joyeuse référence à la Miss Marple d’Agatha Christie, mais également Sir Ritchfield, le chef âgé du troupeau à l’ouïe si paresseuse, Cordelia qui raffole des mots alambiqués, Mopple la baleine dont la mémoire est infaillible, ou encore Willow, la brebis taiseuse, ce qui ravit ses autres congénères. Une bande hétéroclite, mais dont les diverses facettes vont pouvoir s’unir afin de faire toute la lumière sur le récent drame. Est-ce pour autant un roman parodique, voire bouffon ? Oh non. Indéniablement, il y a beaucoup d’humour dans les mots de Leonie Swann, comme cette scène où l’un des animaux est forcé par ses pairs à manger à toute allure des géraniums afin de dégager le paysage et pouvoir observer une scène, puis est aussitôt pris par la diarrhée, ou cet autre quadrupède dévorant par erreur du cannabis, sans compter encore nombre d’autres passages décontractés et distrayants. Mais dans le même temps, on se rend vite compte que ce livre va bien au-delà de la pochade. Les bêtes en viennent à avoir des pensées d’une singulière justesse quant aux contradictions des humains, découvrent leur voracité dès lors qu’un gain est possible, doutent de leurs qualités, pointent du doigt leur égoïsme intrinsèque, et en viennent même à douter du fait qu’ils puissent avoir une âme. Miss Maple et ses semblables, d’observations en déductions, de filatures en conjectures, en viendront à comprendre le mobile du crime ainsi que son auteur au terme d’une démonstration théâtrale au cours de laquelle les animaux se montreront bien plus lucides et fins que les bipèdes. Et c’est aussi au cours de ces moments, de pure grâce, que l’on remercie Leonie Swann de ne pas être tombée dans le piège de la farce totale ; il y a de puissantes émotions qui battent, affleurent et finissent par poindre, mettant à nu des sentiments forts et poignants, là où le résumé ne laissait augurer qu’un aimable pastiche.

    Indéniablement, un roman fort et singulier, ne ressemblant vraiment à aucun autre, où le cocasse le dispute au noir, et le primesautier au subtil. Une relecture habile du traditionnel whodunit anglais, inclassable et très réussi. Plus jamais vous ne verrez les moutons – et de façon générale les animaux – de la même manière.

    07/02/2022 à 08:30 4

  • Dead Tube tome 11

    Touta Kitakawa, Mikoto Yamaguchi

    6/10 Mashiro orchestre un véritable massacre en bousillant les membres du public après leur avoir appris que le seul moyen de survivre aux bombes était de traverser le ring où elle les attend avec impatience, d’autant qu’une autre tueuse, aussi redoutable qu’elle, apparaît pour accroître le charnier. Fin de cet épisode qui rebondit aussitôt sur un événement : Dead Tube a disparu, puisque le site est inaccessible. On suit alors les tourments de Shibasaki Manabu, poussé au désespoir après s’être fait chiper sa petite copine, Yoriko, et que l’on pousse à commettre un massacre au pistolet. Un tome moins axé sur la baston pure, mais qui regorge de violence, notamment avec ce carnage au lycée. Un adroit rebondissement dans le final (pas de très bon goût, mais cette formule n’a jamais pu s’appliquer aux précédents tomes non plus…) pour un manga qui offre une sorte de virage dans la série.

    06/02/2022 à 18:09

  • Alice in Borderland tome 3

    Haro Asô

    8/10 Troisième tome de la série, et troisième jour à Borderland. Flashback sur une épreuve passée par la jeune femme dans un métro, avec l’un des wagons empoisonné au gaz. Dans cet épisode, nos quatre protagonistes doivent jouer à une sorte de cache-cache « inversé » (un loup et trois agneaux, avec changement périodique des rôles) dans un décor de jungle avec viseurs intégrés et colliers probablement piégés, sauf que la règle est claire : l’un des quatre mourra. Beaucoup de psychologie autour de ce jeu tordu (on est donc loin des « Sky High Survival » et autres « Btooom ! ») et intelligemment trouvé et exploité, et pas mal de suspense et d’analepses. Vraiment un très bon tome !

    05/02/2022 à 08:11 2

  • Crime à Ålodden

    Jørn Lier Horst

    8/10 La marée a rapporté le corps d’un inconnu après une tempête, un homme avec un tatouage représentant une salamandre annotée d’un numéro. Trois adolescents se mettent alors à enquêter : Cecilia, Leo et Uriel, accompagné d’Ego, le chien de cette dernière. Une investigation qui va leur faire côtoyer des personnages troubles dont certains s’avèreront être des trafiquants.

    On connaissait déjà Horst Jørn Lier pour ses très bons romans policiers comme Fermé pour l’hiver ou Les Chiens de chasse, et voilà que paraît en France la série Clue, l’acronyme constitué avec les initiales de nos héros détectives. On est aussitôt projeté dans l’histoire, dès la première ligne, et le lectorat, jeune mais aussi potentiellement adulte, ne pourra qu’être maintenu en haleine jusqu’au final. Nos ados se montrent audacieux, malins et soudés, parés à affronter une adversité louvoyante et mal identifiée mais particulièrement déterminée à taire son commerce illégal. Horst Jørn Lier plante un décor typiquement scandinave au gré d’une intrigue habilement charpentée et dont le dénouement rappellera un ouvrage de Georges Simenon qu’il serait ici malheureux de nommer au risque de tout spoiler. D’ailleurs, l’histoire va bien au-delà de ce que proposent, parfois, d’autres auteurs, avec de jeunes limiers bien campés et au passé intriguant, notamment Cecilia Gaathe dont la mère a été retrouvée morte sur le rivage, portant une robe qu’elle n’avait pas la dernière fois que les témoins l’ont aperçue. Une piste qui sera par la suite exploitée ? On ne demande pas mieux.

    Horst Jørn Lier nous offre le premier tome d’une série qui s’annonce sous les meilleurs auspices : bien mené, original tout en jouant adroitement avec les codes – attendus – du genre. On n’en attendait pas moins du père littéraire de William Wisting.

    03/02/2022 à 07:05 6

  • Über Alles

    Carlos Puerta, Pierre Veys

    9/10 La fumée que les marins du « Stornoway » ont devinée au loin provient d’un cuirassé… allemand, ce qui donne lieu à un combat certes court mais de toute beauté. Pendant ce temps, un sous-marin accoste en Angleterre avec à son bord le personnage énigmatique entraperçu dans le métro londonien, et ça tombe bien : son chemin nous mène justement vers les entrailles londoniennes, pour un projet bien trouvé. Conclusion avortée de cette série, et je le regrette amèrement : j’adorais cette série, j’en aurais volontiers repris encore quelques tomes. En outre, le final est beaucoup trop ouvert à mon goût, que ça soit à Londres ou dans cette espèce de ville que découvrent nos explorateurs. J’ai lu sur Internet que la série avait été abandonnée par Delcourt, c’est vraiment très dommage. Du coup, comme tout le monde, je suis obligé de m’imaginer ce qui était prévu pour la suite, mais je me répète, c’est un véritable gâchis tant pour la qualité du scénario qu’esthétique !

    02/02/2022 à 18:56 1

  • Blade Runner 2019 tome 1

    Michael Green, Andres Guinaldo, Mike Johnson

    8/10 Début du 21ème siècle. La Tyrell Corporation a créé des humanoïdes afin de suppléer les êtres humains en tant qu’esclaves et soldats de substitution. Ces êtres – les Réplicants – ont été interdits sur Terre et pourchassés par des agents spéciaux, les Blade Runners, parmi lesquels l’inspectrice Aahna Asina – dite « Ash » – de l’équipe de Los Angeles. On lui demande d’enquêter sur la disparition de la femme et de la fille de quatre ans d’Alexander Selwyn, Isobel et Cleo. Quand le chauffeur est découvert mort, le doute n’est plus permis : il se trame quelque chose de lourd et de poisseux. Une BD qui commence avec une scène d’auto-énucléation et qui se poursuit dans le sillage futuriste et – peut-être – visionnaire de l’œuvre de Philip K. Dick et de son adaptation cinématographique. Une intrigue très intéressante et menée tambour battant qui s’achève sur la perspective d’un voyage dans l’espace.

    01/02/2022 à 20:32 3

  • Le Cycle du vide 2

    Hub

    8/10 Le final de la série. Cela commence avec un salon de thé déserté en raison de la présence d’un fantôme qui a définitivement fait fuir les hypothétiques clients. Flashback : un chemin jalonné de têtes de vaincus, les trophées de Shomon, mène le jeune Okko vers un duel. On apprend pourquoi Okko a renoncé à ses penchants vers l’alcool après la mort de Naoki et comment il a enfin fait la connaissance de Noburo. Une bien belle conclusion, sur le thème de la quête des origines, achevant avec intelligence une série vraiment très réussie.

    28/01/2022 à 22:09 1

  • Le Cycle du vide 1

    Hub

    7/10 Premier des deux tomes du « cycle du vide » qui va achever cette série. Pourchassés, à cran, Okko et ses amis en viennent à tuer des innocents par inadvertance (comme ce vendeur de nouilles venu leur apporter en courant leur plat). Parce qu’il se sent vieux, Okko a envie de rengainer son sabre, ce qui nous donne l’occasion d’en savoir plus sur son passé au gré de cette analepse. On y comprend d’où il vient, à quel point il était ingérable et batailleur, et comment il a rencontré un gang de gamins. Pas nécessaire, à part pour les fans de la série, même si le final réserve une belle révélation quant à deux des personnages récurrents.

    28/01/2022 à 22:08 1

  • La légende de Saint Nicolas

    Jean-Claude Baudroux

    7/10 Lu il y a longtemps, mais j'en garde le beau souvenir d'une esthétique belle et léchée au profit d'une histoire typique de celles des contes traditionnels, avec une morale intemporelle même si bien évidemment, l'ouvrage s'adresse à des enfants.

    27/01/2022 à 07:14 1

  • Le Treizième Prophète

    Jean-François Di Giorgio, Frédéric Genêt

    7/10 Encore un opus fort efficace et prenant, où le samouraï Reiko (physiquement très proche du Predator), réapparaît, avec pas mal d’autres péripéties, comme l’enlèvement de la jeune femme, le tatouage que porte Reiko sur le dos, le seigneur Akuma qui part en croisade contre l’empereur, et une conclusion intrigante (et inachevée) autour de ce tatouage. Pas mal de bruit et de fureur dans cet opus, peut-être même davantage que dans les précédents.

    26/01/2022 à 20:39 2

  • La Glace

    John Kåre Raake

    8/10 Anna Aune, trente-six ans, ancienne militaire, est missionnée pour accompagner Daniel Zakariassen, soixante-treize ans, pendant neuf mois au pôle Nord. Leur objectif : collecter des données afin de décrire les effets du réchauffement climatique sur a banquise. Mais un jour, le séjour tourne au cauchemar : une fusée de détresse, et les voilà qui viennent en aide à une base chinoise. Sur place, une dizaine de cadavres. Qui a fait ça et pourquoi ? Le ou les meurtriers tenaient probablement à dissimuler un secret, et la vie d’Anna et de Daniel n’est probablement que le cadet de leurs soucis.

    John Kåre Raake, dont il s’agit ici du premier roman, livre un thriller de premier ordre. Prenant l’Arctique comme décor, l’auteur décrit avec beaucoup de talent et de maîtrise cet environnement à la fois sublime et profondément hostile à la vie humaine. Dans le même temps, l’écrivain sait ce dont il parle : les techniques scientifiques, les méthodes de survie en ces lieux sauvages ainsi que les enjeux de pouvoir qui peuvent s’y déchaîner nous sont rapportés avec efficacité, sans jamais que ces éléments ne deviennent une démonstration scolaire ou pénible. Anne Aune, en ancienne sniper ayant notamment œuvré en Syrie face à l’Etat Islamique, devient rapidement une protagoniste qui attire la sympathie et dont le parcours de vie, fragmenté puis brisé, intrigue : John Kåre Raake nous livre, au compte-goutte, des informations à son sujet via des flash-back qui viennent émailler le récit, depuis sa terrible blessure par balle à sa rencontre avec le bel humanitaire Yann Renault, jusqu’au final, éprouvant et poignant. L’histoire de ce livre est très bien charpentée, hautement visuelle et cinématographique – le fait que l’auteur est scénariste n’y est certainement pas étranger, avec des cliffhangers à la fin de nombre de chapitres. Une aventure dure et âpre, où il sera question de découvertes sous-marines aptes à attiser la convoitise de pays ainsi que d’un drame ayant eu lieu une soixantaine d’années auparavant et qu’il faut à tout prix effacer pour de bon. Si l’auteur cède parfois à quelques facilités, notamment lors de scènes plutôt improbables, il n’en demeure pas moins que son opus est particulièrement réussi : pas le moindre temps mort, de multiples rebondissements, et un voyage au pôle Nord qui se dévore plus qu’il ne se lit.

    Voilà un très bon page-tuner, presque l’archétype de ce que doit être un thriller qui emprunte les codes américains du genre tout en proposant une intrigue originale, un cadre fort et des personnages marquants. Dans le genre, assurément une réussite.

    26/01/2022 à 07:05 6

  • Parasite Reversi tome 1

    Ohta Moare

    8/10 Trois victimes démembrées dans un parking souterrain : c’est ce que découvre le jeune Tatsuki, un témoin qui est calme, bien trop calme aux yeux des enquêteurs Fukami et Masuda, et qui prétend ne pas avoir vu le visage de l’assassin. Ce massacre rappelle méchamment des boucheries qui ont déjà ensanglanté le Japon précédemment. Suspicieux, les deux policiers se rendent compte que Tatsuki est vraiment étrange, et son père et ses amis également. Les enquêteurs tombent un piège et Masuda est littéralement découpé sur place par un inconnu qui prend aussitôt la forme d’un monstre. Un premier opus très sombre, fort et prenant, particulièrement cinématographique et au suspense engageant, le tout souligné par un graphisme mûr et épuré qui appuie avec intelligence sur le côté fantastique et horrifique sans pour autant tomber dans le crade.

    25/01/2022 à 19:01 2

  • Noire campagne

    Patrick S. Vast

    8/10 2 mars 2020 : des personnes se massent lors d’une cérémonie funéraire. Flash-back : deux ans auparavant, Alexandre Montjeune, maire de la petite ville de Seclemars, confie un poste dans le domaine culturel et économique à Gérald Régnier, et ce dernier est rapidement approché par le groupe industriel Deroulin qui voit en lui un poulain sur lequel miser afin d’obtenir son aval pour ériger un complexe commercial. Ce n’est que le début d’une lente mise en œuvre de rouages qui vont, les uns après les autres, broyer les protagonistes de cette histoire.

    Après des ouvrages marquants et remarqués comme La Veuve de Béthune, Boulogne stress, Potions amères, Duo fatal ou encore Nuits grises, Patrick S. Vast nous revient pour notre plus grand plaisir avec cet opus. D’entrée de jeu, on se réjouit de retrouver la patte de l’auteur : des descriptions réduites à leur plus simple expression, des personnages nombreux, une intrigue plausible, et surtout, cet art consommé pour construire un enchaînement de péripéties au cours desquelles les protagonistes vont se caramboler, se désagréger voire se détruire. Ses livres, nombreux et toujours réussis, sont principalement fondés sur une rythmique littéraire implacable, des engrenages parfaitement huilés et imbriqués, dont la rotation du premier, de prime abord insignifiant, va emporter le suivant, et ainsi de suite, jusqu’à la désintégration et l’annihilation. Ici, une fois de plus, les individus sont nombreux, variés, et très bien rendus, depuis le maire vieillissant Montjeune jusqu’à son jeune adjoint Gérald qui va devenir la marionnette d’un trust, du paysan surnommé « la fouine » au rôle plus important que prévu à Jocelyn, ancien fiancé de la compagne de Gérald, Coralie, en passant par Agnès, une assistante au physique aussi ensorceleur qu’utile et par Léopold Deroulin, membre d’une fratrie aussi vorace que pervertie. Patrick S. Vast nous enchante du début de son roman jusqu’à la fin, multipliant les rebondissements, les enchevêtrements d’histoires, et les répercussions inattendues. L’auteur se permet même de semer, au cours de son récit, des références explicites à des faits qui ont marqué ces dernières années, comme l’affaire François Fillon, la crise sanitaire, le mouvement #MeToo et autres joyeusetés, ancrant tout autant son histoire dans le réel que faisant écho à celui-ci.

    Encore un très bon livre de Patrick S. Vast, prenant et incisif où sont dépeints au vitriol des travers de nos sociétés comme l’appât du gain, l’individualisme effréné, le consumérisme, les corruptions de nos édiles. Pure fiction ? Allez savoir…

    24/01/2022 à 07:23 3

  • Le Cycle du feu 2

    Hub

    8/10 Parce qu’ils ont empêché le mariage et se sont rendus coupables de meurtre, Okko et ses camarades doivent échapper aux hommes lancés à leurs trousses par Tojiro, le père de la victime, ainsi qu’à la populace qui n’attend qu’un faux pas de leur part pour les lyncher. Ils filent à la cité des mille-forges. Un opus à la hauteur du précédent, plus fondé sur les mécanismes d’un complot que sur la castagne, avec une belle révélation quant à une imposture à la clef. Le cycle suivant, le final, dit « du vent », avec les deux derniers tomes de cette série, va commencer.

    22/01/2022 à 16:47 1

  • La Folle du Sacré-Coeur

    Jean Giraud, Alexandro Jodorowsky

    2/10 Alain Mangel, qui se qualifie de « moine universitaire », se fait annoncer par son épouse, Myra, qu’elle divorce, qu’elle aime Daouda, pourtant bien plus jeune qu’elle, et qu’elle est enceinte. Déboussolé, Alain va alors nouer une relation avec Elizabeth, une de ses étudiantes. J’ai été complètement hermétique à ce mélange de bavardages existentiels, de salmigondis religieux, de verve pornographique, de délire mystique, d’errance psychanalytique et de symbolique scatologique, d’où ma note, sévère. Je ne dis pas nécessairement que cette BD « mérite » cette note, non, c’est juste qu’elle ne m’a pas du tout plu et que je n’ai, à aucun moment, pris du plaisir ni saisi ce triste foutoir graphique et scénaristique.

    20/01/2022 à 18:55 1

  • Le dernier petit singe

    Sarah Cohen-Scali

    9/10 Karim, douze ans, aurait dû être plus attentif aux signes : parce qu’il doit se faire faire des photos d’identité, il tombe d’abord avec sa mère sur une inquiétante employée de la mairie, puis une cabine photographique bien loin de chez lui où il se retrouve enfermé. Pire : après une série d’événements inexplicables, une vieille femme spectrale lui indique qu’il a trois jours pour sauver une gamine. D’abord dubitatif, Karim comprend que la malédiction est bien réelle.

    On ne présente plus Sarah Cohen-Scali, écrivaine ayant à son palmarès une riche bibliographie et de nombreux prix littéraires. Avec ce roman, elle intègre la collection « Hanté », y révélant une fois de plus l’étendue de son talent. Sa plume est riche, exquise, mettant en relief avec beaucoup de malice les peurs primitives et les sensations fortes. En guise d’exemple, la séquestration dans le Photomaton, qui s’étend sur trois (courts) chapitres, aurait facilement pu virer à une série de descriptions sans âme ou au grandguignolesque, mais, grâce à Sarah Cohen-Scali, on est véritablement kidnappé, au même titre que le protagoniste de cette histoire, et tout aussi chamboulé. Pareillement, le huis clos dans l’appartement qui intervient plus tard est un petit bijou de littérature anxiogène. Le suspense est habilement entretenu, et le livre prend une tournure inattendue dans le dernier tiers, faisant écho à un véritable – et révoltant – phénomène de société auquel les lecteurs ne pourront qu’être sensibilisés. Et l’on ne parle même pas de l’ultime rebondissement, fort et inattendu, où l’auteure surprend autant qu’elle conclut avec maestria ce roman à la fois riche en tension et en émotions.

    Un opus aussi court qu’efficace qui, pour notre plus grand plaisir, entremêle les frémissements du thriller fantastique pour jeunes et engagement sociétal.

    20/01/2022 à 06:46 1

  • Dead Tube tome 10

    Touta Kitakawa, Mikoto Yamaguchi

    6/10 Justice-Man vient de massacrer « L’Honnête Patron » sous les hourras des fréquenteurs des réseaux sociaux, mais Mai Mashiro, la psychopathe de service et habile manieuse de sabre, reste sur le devant de la scène en provoquant ouvertement le superhéros. Mais le combat entre eux deux, dans une cage et sous les yeux de spectateurs, prend une tournure inattendue lorsque les acolytes de Mai montrent qu’ils détiennent Ten Arimura, la sœur chérie de Justice-Man. Au-delà des (sempiternels) dérapages violents et pornos de cet opus, quelques atouts indéniables, comme le machiavélisme de Mashiro, les rebondissements quant à cet incendie il y a dix ans de cela, et le twist final ayant trait au comportement de la combattante. Ça reste une série très particulière, peut-être peu recommandable, mais ce tome joue assez bien la carte du pastiche des superhéros, des fausses vérités, des manipulations et du caractère tout bonnement distractif.

    19/01/2022 à 17:40 1

  • La Maison aux secrets

    Sophie Rigal-Goulard

    9/10 Parce qu’elle n’y arrive plus financièrement, la mère de Garris et de Bianca décide de quitter leur appartement afin d’emménager à Verrey-le-Vieux, dans la maison que lui a léguée sa grand-mère Berthe, tout juste décédée. Même si ce coin de campagne ne réjouit guère nos jeunes citadins, il y a quelque chose qui inquiète davantage Garris et sa sœur cadette : la maison semble hantée. Des voix, des lumières : le domicile serait-il sous la coupe de Berthe et de son esprit ?

    Sophie Rigal-Goulard, dont la bibliographie est fort riche, signe ici l’un de ses rares romans policiers destinés à la jeunesse. Ecriture très maîtrisée, chapitres courts et dynamiques, ambiance rapidement pesante et propice à une forme de paranoïa : l’écrivaine possède indéniablement l’art et l’expérience pour emmener les lecteurs juvéniles vers le suspense. Dans le même temps, on ressent vite de la sympathie pour les divers personnages. Garris, en gamin encore mortifié par la mort prématurée de son père, et cherchant à comprendre ce qui se trame dans ce pavillon potentiellement hanté, tire son épingle du jeu au sein des divers protagonistes, même s’il ne faut pas oublier Christophe, le compagnon de la tante des enfants, ou encore Eliot, leur cousin, au fort tempérament et au verbe parfois haut. L’intrigue est bien imaginée, ouvrant diverses fausses pistes fort intéressantes, et le dénouement est à la fois bien trouvé et crédible. Parce que, sans rien divulgâcher, il y sera question d’un hypothétique trésor, d’armoires menant vers des couloirs secrets, d’une habitation tombant en lambeaux. Sophie Rigal-Goulard préserve d’ailleurs habilement le mystère autour de ce qui se déroule dans cette bâtisse avec le récit, à la première personne également, mais de Berthe cette fois-ci, de la fin 1942 jusqu’au même mois de 1972, avec de belles émotions à la clef.

    Un roman très prenant où se mêlent intrigue policière, phénomènes paranormaux, mais aussi amitié et amour. Une bien belle réussite.

    19/01/2022 à 05:22 1

  • Nuisible tome 3

    Masaya Hokazono, Yu Satomi

    7/10 Les insectes se déchaînent et attaquent en masse la ville tandis que se profile un probable accouplement à venir entre Ryôichi Takasago et Kikuko Munakata. Au programme : pyréthrinoïdes, catastrophes naturelles (passées comme actuelles), tentative de copulation. Un final un poil décevant dans la mesure où certaines scènes se trouvent déjà dans bon nombre de films et autres récits horrifiques, mais il y a néanmoins une certaine forme d’émotion dans cet épilogue, un traitement nettement plus trash que dans les deux précédents tomes, et une sorte de rebondissement qui, même si c’est là encore un élément déjà vu, n’en reste pas moins appréciable.

    18/01/2022 à 18:27 1