1 vote
-
1/10 Russell Edwards fait l’acquisition en 2007, lors d’une vente aux enchères, d’un châle qui aurait appartenu à l’une des victimes de Jack l’Eventreur. Il met également la main sur le journal intime du jeune Henry Simpson, journal écrit en 1888 alors qu’il n’avait que treize ans. Henry était le fils d’Amos, un sergent de Scotland Yard et avait alors mené une enquête parallèle aux côtés d’un journaliste.
Je découvre la plume de Sophie Crépon via ce (court) roman. Points positifs : une écriture agréable. Et je m’arrête là. Parce que la liste des défauts, à mes yeux de lecteur adulte, n’est pas énorme, mais leur côté rédhibitoire l’est, en revanche. Et d’un : je crois que l’auteure s’est trompée de catégorie. L’écriture hésite sans cesse entre le lectorat jeunesse et adulte, sans jamais trouver sa voie. Au final : les jeunes n’accrocheront probablement pas, et les adultes s’ennuieront ferme voire trouveront le livre beaucoup trop court et simpliste. Et de deux : la documentation. Je me disais – naïvement – qu’aborder un tel sujet sans avoir sérieusement potassé le sujet (sans même faire remarquer que le livre est sorti en 2018, soit belle lurette après des milliers de romans et de documentaires : quand on arrive après les autres, la moindre des corrections, c’est d’essayer de proposer mieux ou un angle différent). Or, l’écrivaine confesse avoir exploité… deux ouvrages. A ce niveau-là, ça n’est même pas maigre : c’est indigent, voire indécent. Et de trois : si la restitution historique et sociologique du Londres de l’époque est potable (pour des jeunes, s’entend), le reste du coté soi-disant véridique du récit tient du canular honteux. La preuve ? Madame Crépon pointe du doigt, dans le final, un suspect (parmi une liste longue comme une autoroute) déjà connu. Elle écrit [sic] qu’une analyse d’ADN a été découverte et « qu’untel a fait partie de la liste des principaux suspects de Scotland Yard. Selon moi, cette coïncidence prouve de façon presque certaine sa culpabilité. » Tadaaaaaaam ! Waouh ! Il est magnifique, ce travail de fond : j’ai jeté un coup d’œil en diagonale à la page Wikipédia sur le sujet et on y trouve ce fait. Moralité : il suffit de trouver une information sur Wikipédia et de prendre de grands airs satisfaits pour dire : « Les autres ont pataugé, mais moi, en un claquement de doigts, J’AI COMPRIS, JE SAIS ! ». En vrai, cette écrivaine sait juste lire. En fait, non, pas vraiment : si elle était allée au bout des deux paragraphes (mais peut-être n’en a-t-elle pas eu le temps : deux paragraphes, c’est long à éplucher, faut croire), elle aurait appris que cette piste est, comme toutes les autres, très controversée voire contredite. Et encore : je ne suis pas un spécialiste de ce tueur en série, loin de là, mais la différence entre l’écrivaine et moi, c’est que j’ai la modestie de le confesser plutôt que de m’autodéclarer grand expert en la matière (avec deux livres pour justifier une certification, tout de même). Bref, selon moi, même si ça permet éventuellement de passer un agréable moment de lecture ou d’effleurer le mystère Jack l’Eventreur, j’ai trouvé madame Crépon d’une rare malhonnêteté morale pour les raisons indiquées ci-dessus. Si son ouvrage avait été de la pure fiction, oui, pourquoi pas. Mais accuser avec aussi peu de preuves, surtout lorsqu’on est une dilettante, c’est désarmant de grossièreté et d’amateurisme, selon moi.15/03/2023 à 18:41 El Marco (3455 votes, 7.2/10 de moyenne) 3