El Marco Modérateur

3404 votes

  • Blood + A tome 2

    Kumiko Suekane

    2/10 On prend les mêmes (défauts) et on continue et finit. Des personnages commutables (exemple : les 17 présentés d’entrée de jeu sont aussi dissemblables à mes yeux que les rayures d’un troupeau de zèbres pour un être humain lambda), un Raspoutine purement grotesque, un scénario global hallucinant de n’importe quoi, bien plus de violence par rapport au précédent tome comme si cela pouvait revigorer l’histoire alors que ça ne fait que l’enfoncer davantage dans le marais de l’insignifiance, une esthétique japonisante à l’excès (je respecte infiniment ce pays, son peuple, son histoire et sa culture, mais faire passer l’environnement russe par la moulinette des codes nippons est complètement absurde et risible), des dialogues plats comme un parquet, et un ensemble sans le moindre intérêt. Je suis habituellement plutôt doux dans mes votes et commentaires, mais là, c’est une purge intégrale.

    09/06/2022 à 20:45 3

  • The Irishman

    Charles Brandt

    9/10 Le 14 décembre 2003, Saddam Hussein est arrêté, éclipsant un autre événement : le décès à l’âge de quatre-vingt-trois ans de Frank Sheeran. Ce vétéran de la Première Guerre mondiale a longtemps été un tueur à gages employé par la mafia, plus précisément par Russell Bufalino. Peu de temps avec de mourir, il a confessé avoir assassiné Jimmy Hoffa, ce dirigeant syndicaliste ayant mystérieusement disparu le 30 juillet 1975. Pour l’auteur de ce roman, ancien procureur général du Delaware et avocat de Sheeran en 1975, le début d’une plongée dans les entrailles de la pègre et, plus largement, de l’histoire des Etats-Unis.

    L’auteur, Charles Brandt, est devenu le confident ainsi que l’ami de Frank Sheeran, et de ces entretiens est né ce roman. Comment ce gamin, rapidement devenu à la fois un géant et un colosse, issu d’une famille catholique, bègue, bon danseur et régulièrement boxé par son père, ancien combattant de la Première Guerre mondiale, a-t-il pu devenir le porte-flingue attitré du mitan américain ? Plus précisément, comment a-t-il pu gravir les échelons de la mafia au point de devenir un homme de main incontournable, au point que, d’après ses dires, c’est lui-même qui a abattu Jimmy Hoffa ? Ce livre, adapté par Martin Scorsese, avec Robert De Niro, Al Pacino et Joe Pesci, est une incroyable biographie – presque une autobiographie, d’ailleurs – de Frank Sheeran, où l’on découvre un personnage traversé de contradictions. Bon père de famille, doué d’un solide code de l’honneur, à certains égards presque sympathique, il n’en est pas moins un assassin sur commande qui livre ici une sorte de confession. De son enfance à ses quatre cent onze jours de combat, de ses premiers émois sexuels à la découverte du camp de Dachau, il a connu un itinéraire certes chaotique, il n’échappe à aucune question de Charles Brandt ni à aucun déballage. Par la suite, le lecteur va comprendre les rouages de la pègre, ses trafics, ses codes, même langagiers – la « peinture » quand on assassine quelqu’un et que son sang asperge les murs, la « menuiserie » lorsqu’on fabrique des cercueils et que l’on élimine un cadavre, ou encore le « petit frère » pour désigner une arme de petit calibre. Au-delà de cet aspect purement individuel, c’est également une radioscopie de la société américaine, des liens que la mafia a tissés avec le monde politique, artistique, judiciaire et syndical. De Frank Sinatra à John Fitzgerald Kennedy, de Fidel Castro à Joe Biden, nombre de personnages sont ici cités, mis en scène ou restitués dans leurs actions et attitudes de l’époque. Le point d’orgue de l’ouvrage reste néanmoins les circonstances avouées de la disparition de Jimmy Hoffa. Est-ce véridique ? Nul ne peut dire si ce que relate Frank Sheeran est exact ou non, mais tout le monde s’accorde à dire que c’est crédible. Des regrets de la part du tueur ? « Si vous me demandez ce que j’ai ressenti, assis dans cet avion, je suis désolé de le reconnaître, mais à l’époque, je n’ai rien ressenti. Ce n’était pas comme lorsque je montais au front. La décision a été prise de peindre la maison, et voilà ». Cependant, la part d’humanité de ce spadassin apparaîtra rapidement, avec ses remords profonds et son alcoolisme grandissant, après avoir lui-même éliminé l’une des rares personnes ayant compté dans son existence. Et même si, indéniablement, certains passages de ce livre sont superflus ou inutilement circonstanciés, voici une confession choc. A noter que l’édition de poche de ce livre, dont le titre I Heard You Paint Houses est une phrase que Jimmy Hoffa a dite à Sheeran lors de leur premier entretien téléphonique, recèle de très nombreuses et croustillantes anecdotes dans son épilogue ainsi que dans la conclusion baptisée « Histoires qui ne pouvaient être racontées jusqu’ici ».

    Un livre très intéressant, montrant de l’intérieur les rouages de la mafia, les atermoiements et manœuvres de ses pontes, et qui se conclut avec la – probable – réponse à l’une des plus célèbres disparitions de l’histoire des Etats-Unis.

    09/06/2022 à 08:28 4

  • Blade Runner 2019 tome 2

    Michael Green, Andres Guinaldo, Mike Johnson

    8/10 Après le tome 1, nous voici dans les colonies spatiales en 2026. Cleo a bien grandi, se fait surnommer « Lapin » et propose des trocs aux mineurs tandis qu’Ash fait semblant d’être clouée sur un fauteuil roulant. Une mutinerie de réplicants éclate, détruisant le réacteur, faisant sombrer le vaisseau et libérant nombre de ces humanoïdes. Ash croyait être passée définitivement sous les radars mais le passé vient de la rattraper et l’oblige à revenir sur Terre aux côtés d’une Blade Runner bien nerveuse et violente : Hythe. Un opus dans la droite ligne du précédent : de l’action, certes, mais un scénario ingénieux autour de ces êtres humains et de ces réplicants, séparés par une ligne de démarcation parfois étroite voire subjective. Une belle réussite avant le troisième et dernier tome.

    08/06/2022 à 18:00 3

  • Planète bleue

    Thierry Cailleteau, Olivier Vatine

    6/10 Un mélange toujours plaisant d’aventure, de SF, d’action. On oscille entre « Avatar », « L’Homme de l’Atlantide », « Waterworld », un soupçon de « Rahan » (certains sont évidemment postérieurs, c’est juste pour essayer de situer l’ambiance). De la banquise aux fonds sous-marins, d’un parc aquatique à l’espace, on voyage pas mal au gré de cette BD distrayante, ni géniale ni franchement mémorable, mais idéale pour passer un bon moment de lecture si l’on accepte de passer outre l’esthétique qui a forcément vieilli.

    07/06/2022 à 21:28 2

  • Black-Box tome 1

    Tsutomu Takahashi

    8/10 Ryoga Ishida est un jeune boxeur promis à une belle carrière lorsqu’il est interrogé par une journaliste, Rie Kimura, mais l’interview semble avoir davantage porté sur le fait que le père et le frère du sportif sont des criminels, d’autant qu’on le soupçonne d’avoir été présent sur les lieux du forfait perpétré par son frère. Un graphisme absolument magnifique, tout en nuances d’obscurités, rendant un hommage appuyé au « noble art » et servant le portrait d’un champion en devenir. Un premier adversaire, Morishige Araki, va venir se dresser sur sa route. Le propos n’est pas spécialement novateur mais le traitement est très réussi et prenant, sans parler de l’esthétique qui a elle seule mérite amplement le détour. La fin de ce tome consiste en un combat très attendu où le propre père de Ryoga va s’avérer être de très bon conseil. Très subjectivement, en plus, ça me change radicalement de ce que je lis habituellement et en ce moment.

    05/06/2022 à 08:36 3

  • Daytona

    Alain Henriet, Daniel Pecqueur

    6/10 Le jeune Daytona – que l’on surnomme ainsi parce qu’il rêve de gagner cette fameuse course automobile – est devenu le jouet d’un homme auprès de qui sa famille a contracté, il y a des années, une dette tenace : il continuera de rouler tant qu’il aura des obligations auprès de ce vautour. C’est alors que se prépare la « Golden Cup », une course prestigieuse. Kelly, la fille de son organisateur – monsieur Styler – est kidnappée. Un esthétique agréable, policée et sympa à suivre, pour un scénario qui part un peu dans tous les sens, je trouve, sans véritable colonne vertébrale. Je vais continuer en attendant de voir comment les auteurs vont nous structurer tout ça.

    04/06/2022 à 08:25 3

  • Voyages de noces

    Val McDermid

    8/10 Trois mariages et autant d’enterrements

    On vient de retrouver le cadavre carbonisé de Kathryn McCormick dans un véhicule. Visiblement, un tueur en série est à l’œuvre, faisant de cette victime la première d’une longue liste. Carlo Jordan et son équipe sont désormais réunies au sein de la BREP – Brigade Régionale d’Enquêtes Prioritaires – qui récupère de six brigades différentes toutes les affaires de mort violente, d’agression sexuelle aggravée mais aussi d’enlèvement d’enfants. Toujours épaulée par son fidèle ami le profileur Tony Hill, les voilà en train de traquer un individu qui, de serial noceur, est devenu un serial killer.

    Voici le dixième opus de la série consacrée à Tony Hill et à Carol Jordan, et Val McDermid n’a rien perdu de son talent. L’écrivaine connaît par cœur ses protagonistes, et c’est beaucoup d’humanité et de crédibilité qu’elle insuffle dans leurs comportements, leurs psychologies mais aussi leurs doutes. Carol est toujours minée par cette procédure de conduite en état d’ivresse à laquelle elle a échappé et suite à laquelle elle va se sentir responsable de la mort de cinq personnes tuées par un chauffard ayant échappé aux sanctions à cause d’elle. Dans le même temps, ses partenaires – Karim, Paula, Kevin, Alvin et Stacey – sont de véritables modèles de personnages policiers crédibles à la fois dans les procédures qu’ils suivent comme dans les raisonnements qu’ils tiennent. L’intrigue est très prenante, offrant cette fois-ci au lecteur la poursuite d’un individu, Tom Elton, capable des plus efficaces déguisements afin de fréquenter des mariages où il lève des proies féminines avant de les tuer puis de les incinérer dans des voitures. L’enquête sera longue, tortueuse, nous évitant le coup des deus ex machina et autres rebondissements téléphonés : tout y est parfaitement huilé, intelligent, vraisemblable, et ce récit ne s’en trouve que meilleur. D’autres histoires viennent se rattacher à la principale, comme les tourments de Carol à propos de son alcoolisme passé et de certaines conséquences évitées de justesse, mais aussi un chantage faisant suite à du cyberharcèlement et à du revenge porn, et la réapparition de Penny Burgess, une journaliste tenace et malveillante qui a juré la perte de Carol. Le roman se boucle de manière très originale, pour ne pas dire étonnante : dans une note finale, Val McDermid supplie ses lecteurs de ne pas dévoiler à d’autres l’épilogue de cette affaire. Il faut dire que ce dernier est osé, opérant un virage net et radical à la série.

    Un thriller à la fois fort réussi, captivant et plausible, qui ravira autant les fans de Val McDermid que les lecteurs n’ayant pas encore eu l’occasion de s’attaquer à l’un de ses opus.

    02/06/2022 à 07:18 5

  • Qui gagne perd

    Donald Westlake

    7/10 Chet Conway est chauffeur de taxi à New York. Sa vie est fade : célibataire, toujours fauché, son père passe son temps à éplucher des contrats d’assurance pour y découvrir une éventuelle faille. Ses seuls hobbys : le poker et les paris hippiques. Un de ses clients lui indique un cheval, Purple Pecunia, qui ne peut que gagner. Indubitablement, le coup du siècle. Et il se trouve qu’effectivement, il remporte la course. Chet avait misé trente-cinq dollars et en récolte neuf cent trente. Mais lorsqu’il se rend chez son bookmaker, Tommy McKay, ce dernier vient d’être abattu. De là à ce que l’on accuse du crime, qu’il devienne la proie de deux gangs rivaux, et que la sœur du défunt, croupière de black jack, se mette en tête de se venger, il n’y a qu’un pas… Un tout petit pas de rien du tout…

    Donald Westlake nous a quittés il y a plus de dix ans, et notre seule consolation, au-delà des souvenirs qui demeurent, c’est sa très riche bibliographie, dont ce Qui gagne perd qui date de 1969. Un roman qui ravira autant les fans de l’écrivain que ceux qui, éventuellement, découvriraient son œuvre. Le ton est immédiatement donné : ça sera drôle. La scène où Chet débarque dans l’appartement de McKay et devient aussitôt la cible des regards suspicieux de la tout juste veuve et des voisins est immanquable d’humour. D’autres passages sont à se tordre, comme lorsque le malfrat se cache dans la penderie alors que l’inspecteur Golderman pénètre dans le domicile, la raclée qu’inflige Abbie, la sœur du défunt à l’un des gangsters, et quelques autres moments où les dialogues sont succulents, resteront longtemps dans les mémoires. Dans le même temps, l’intrigue, assez classique mais très resserrée (le livre ne compte que deux cents soixante-dix pages), tient amplement la route, offrant de nombreuses pistes quant aux raisons pour lesquelles on a dessoudé le preneur de paris. Concurrence entre les bandes de Walter Droble et de Solomon Napoli ? Une histoire d’adultère ? Un flic ripou ? Une escroquerie montée par McKay et qui se serait retournée contre lui ? Le fin mot de l’histoire, inattendu, n’interviendra que dans les dernières pages, où l’auteur se permet même un whodunit pour le moins décontracté, presque parodique, où Abbie s’exclame : « Je dis que c’est pas du jeu. Dans un roman policier, ça ne marcherait pas ».

    Probablement pas le meilleur ouvrage de Donald Westlake, mais assurément un sacré moment de détente, cocasse à souhait, et dont l’humour ne sacrifie néanmoins pas l’intrigue, suffisamment solide pour retenir l’attention. Encore un opus qui consacre le personnage de loser, et nous, on adore ça.

    01/06/2022 à 07:23 6

  • Mare tranquillitatis

    Fred Duval, Gess

    5/10 Un deuxième tome qui se déplace vers l’espace. On y retrouve les ingrédients du précédent opus (SF, un peu de spiritualité nippone, même certaines combinaisons ressemblent à celles des X-Men, de l’informatique et des robots, des expériences médicales menées en apesanteur, etc.). Une fois la dernière planche passée, je ne suis pas certain de me souvenir longtemps de ce panachage de genres assez divers, d’autant qu’il n’y a pas, selon moi, de colonne vertébrale, de véritable « truc » scénaristique qui caractériserait définitivement ce tome.

    30/05/2022 à 18:47 3

  • Deus ex machina

    Fred Duval, Gess

    7/10 On retrouve le décor des déserts du Nevada. L’entité informatique Bugg (qui me rappelle de plus en plus physiquement la Storm des X-Men, en version masculine) s’impose au centre de ce tome qui s’emboîte parfaitement au précédent, avec quelques images bien marquantes des attaques des nanodrones, semblables à d’épais nuages de nuisibles.

    30/05/2022 à 18:46 3

  • Samuel Earp

    Fred Duval, Gess

    7/10 Une belle scène de fusillade dans un restaurant inséré dans un zeppelin volant au-dessus d’un désert pour l’entame de ce quatrième tome de la série, avec l’exfiltration et arrestation de ce Samuel Earp (qui donne son nom à cette BD), un industriel coupable d’une terrible catastrophe et qui s’est également fait connaître dans des traitements novateurs du maïs. Une ambiance très typée western, un « méchant » charismatique et pas mal d’action pour un opus très hollywoodien et distrayant.

    30/05/2022 à 18:45 3

  • Intrusions

    Fred Duval, Gess

    6/10 On retrouve notre Carmen Mc Callum, avec un prologue dans l’espace tandis qu’elle se prépare (armes + opération chirurgicale) à aller distribuer des gnons. Au programme : infiltration par la mer pour prendre d’assaut une citadelle tenue par les yakuzas, un débarquement musclé, un robot-geisha, etc. Pas mal d’action et une esthétique soignée (mêlant toujours un graphisme façon X-Men et autres comics purement américains). Je trouve ce tome bien au-dessus des précédents (sans pour autant être exceptionnel) mais qui divertit correctement et fournit son lot de beaux moments.

    30/05/2022 à 18:44 3

  • Btooom ! tome 5

    Junya Inoue

    6/10 … où l’on apprend comment Himiko (apparue au tome précédent) est arrivée sur cette île étrange avant d’être plongée dans la violence du jeu de survie qui s’y impose, avec un égorgement de l’un des participants dont elle est témoin. Anciennement victime d’une agression d’ordre sexuel, ce trauma se réveille sur cette île et la pousse, presque naturellement, à répondre à la violence par la violence. Un opus plutôt sympa qui se conclut sur la rencontre avec une ancienne infirmière, Murasaki, elle aussi victime d’un homme qui l’a trahie.

    30/05/2022 à 18:42 3

  • Piratage, paintball et ‌zèbres

    Robert Muchamore

    8/10 Robin Hood et ses camarades de fortune demeurent cachés dans la forêt de Sherwood, dans le Village des Marques, un ancien complexe commercial aujourd’hui désaffecté. Face à eux : Guy Gisborne qui tient sous sa coupe la ville de Locksley avec l’aide de Marjorie Kovacevic, la shérif de Nottingham. Dans le même temps, John, le demi-frère de Robin, est tombé sous la tutelle de la shérif. Il se pourrait que ces deux adolescents se retrouvent à la faveur de la lutte contre l’un des safaris organisés par Marjorie…

    Après Hacking, braquage et rébellion, Robert Muchamore, le génial créateur des séries CHERUB et Henderson’s Boys nous régale avec ce deuxième tome de celle consacrée à Robin Hood. Robin des Bois, cette figure légendaire du folklore anglais, tout le monde connaît, mais il fallait l’audace et surtout le talent d’un écrivain comme Robert Muchamore pour le ressusciter, dans une époque contemporaine, sans que cette régénération littéraire ne tourne au vaste gâchis. Avec une plume sûre et un sens indéniable de la narration, l’auteur nous invite à suivre de nouvelles aventures de notre jeune Robin. Courageux sans pour autant être invincible, hacker doué, expert en maîtrise de l’arc, il est entouré d’une belle bande de rebelles prêts à tout pour mettre fin au règne du sinistre duo Gisborne-Kovacevic. Parallèlement, la personnalité de son demi-frère, surnommé « Little John », débute cet opus dans de bien mauvaises conditions : harcelé dans son nouvel établissement scolaire, écarté de Robin dont il ne partage guère la lutte et les objectifs militants, va graduellement comprendre que les jupons de sa mère, la shérif locale, ne correspondent pas à l’image qu’il se fait finalement du monde. Robert Muchamore panache habilement scènes d’action, moments de suspense, passages volontairement plus légers et comiques, et fait la part belle aux beaux sentiments humains, qu’il s’agisse du combat pour la préservation des espèces animales, l’opposition à toute forme de dictature ou d’illégitimité, ou la fraternité d’armes.

    Le premier tome de cette série nous avait séduit, ce deuxième est tout aussi réussi et distractif.

    30/05/2022 à 07:25 5

  • Blood + A tome 1

    Kumiko Suekane

    2/10 J’avais bien aimé de Kumiko Suekane son premier tome de « Afterschool Charisma » et détesté celui de « Versailles Of The Dead », aussi me suis-je lancé avec un esprit un peu défiant dans cette autre série de l’auteur… et j’aurais peut-être mieux fait de m’abstenir. Des dessins japonisants à outrance (évidemment, aucun racisme de ma part, je trouve juste lourdement idiot de représenter des personnes ayant véritablement vécu sous des traits passés à la moulinette de la culture dont on provient, ce qui est, là, à mes yeux, du racisme), une ambiance manga débordant d’une allégresse si éloignée de l’historicité, une ambiance anachronique détestable (les musiciens qui apparaissent et jouent comme des rockstars, pitié…), le concept des vampires qui déboule d’un coup dans le scénario non pas comme un chien dans un jeu de quilles mais comme un éléphant obèse et rhumatique sur le dancefloor, des persos lisses et interchangeables au point que je les ai souvent mélangés, des bavardages inutiles et liquoreux (c’est tellement sucré et balourd que ça ressemble à de la meringue liquide). Je me suis ennuyé et agacé d’un bout à l’autre. J’ai l’autre tome sous la main : je vais me le faire vite fait, comme on se débarrasse d’une corvée, et aussi pour savoir si la suite et fin est aussi pourrie que ce premier tome.

    29/05/2022 à 17:14 2

  • Alice in Borderland tome 8

    Haro Asô

    8/10 Pas mécontent que la phase dans le palace soit achevée. Bref… Voilà nos « joueurs » dans un tunnel dont l’un des côtés est bloqué par une explosion. Un compte à rebours est enclenché, même s’ils ne savent pas encore quelles seront exactement les épreuves. Au programme : un guépard affamé, une inondation, des crocodiles, un froid polaire, une immense vague de feu et pas mal d’entourloupes. Je retrouve le panache des premiers opus pour cette série distractive et prenante. Un tome en deux temps, le premier étant une espèce d’entracte, tandis que le suivant nous permet de retrouver les personnages principaux, où un sniper muni de balles anti-char a décidé de faire un carton.

    28/05/2022 à 10:01 2

  • La Trace pâle

    Pierre Christin, Annie Goetzinger

    3/10 La suite directe du précédent tome. S’y entremêlent espionnage, l’étude d’un tableau où se trouve une inscription en cyrillique, etc. Malheureusement, je n’accroche toujours pas, et je crois que je vais en rester là pour cette série après ce second essai infructueux. Des dialogues longs et pénibles de platitude, un total manque d’action, de tension et de suspense (le moment le plus affolant et dingo, c’est tout de même Edith glissant sur du verglas…), et des rappels incessants et irritants au déroulé temporel (genre « Plus tard », « Un peu plus tard » et même « Vraiment plus tard, le même soir… »). J’ai été incapable de m’enthousiasmer pour cette BD comme pour cette série, c’est davantage une profonde léthargie qui m’a envahi, une torpeur à peu près égale à celle du scénario. Seul véritable point positif, mais très secondaire : m’avoir appris qui était Trofim Lyssenko, mais c’est méchamment maigre.

    28/05/2022 à 10:00 2

  • Nao

    Thierry Cailleteau, Olivier Vatine

    6/10 Suite à une catastrophe dans un vaisseau spatial, un bébé est évacué en urgence et livré à l’espace. Quelques années plus tard, il atterrit sur Aquablue, une planète apparemment habitable, où vivent des êtres anthropoïdes avec lesquels il apprend graduellement à vivre, jusqu’à ce qu’arrivent des Terriens… Un graphisme qui a vieilli (normal, la BD date de 1988) pour un sujet un brin naïf mais agréable à suivre, plutôt sympathique, mêlant aventures, robotique, SF (surannée, certes, mais loin d’être inintéressante), avec parfois des bavardages barbants et un côté surhomme du héros qui peut agacer.

    27/05/2022 à 06:57 3

  • City of Windows

    Robert Pobi

    9/10 Un tir de sniper, absolument prodigieux, envoie ad patres un conducteur de voiture dans New York, emportant littéralement sa tête. La victime appartient au FBI, et ce dernier décide de faire appel à Lucas Page, astrophysicien de génie, professeur à l’université, mais également expert en balistique. D’autres personnes se font alors abattre, sans lien apparent, à chaque fois d’un tir absolument inouï, et le canardeur ne semble pas décidé à s’arrêter en si bon chemin. Le début d’une traque ponctuée de cadavres, qui fera remonter les enquêteurs jusqu’à une tragédie – volontairement – oubliée, celle de Bible Hill.
    Je ne découvre qu’assez tard ce roman, et je dois dire que je me suis ré-ga-lé. Un thriller parfaitement calibré, taillé comme une balle, et atteignant mon cœur d’amateur de romans hollywoodiens, quand ceux-ci revêtent l’âme de ce qui se fait de mieux en la matière. Des chapitres particulièrement courts (parfois une ou deux pages), une écriture remarquable, des dialogues qui font mouche et où transparaissent un humour à froid de haute volée. J’ai adoré ce personnage de Lucas Page, et le fait que Robert Pobi, par touches intéressantes, nous fasse découvrir son passé pour le moins cabossé (notamment son adoption par cette Madame Page, sa marraine de cœur), est bien vu. Voilà un personnage pour le moins original : le résumé le dit « atteint du syndrome d’Asperger », mais ça n’apparaît jamais (ou alors ai-je zappé cet élément) dans le texte. Une jambe, un bras et un œil prosthétiques, une intelligence remarquable de sagacité, une famille composée d’enfants adoptés, en couple avec sa chère Erin, pédopsychiatre, et avec un caractère où l’agacement, l’emportement et l’irritabilité le disputent à l’humour, de (rares) sourires à la clef. Son acolyte, Whitaker, dont on ne connaît le prénom qu’à la dernière page, est également juste : une Noire solide, qui équilibre à sa façon le caractère génial de Page, capable de donner la réponse à la question que son interlocuteur n’a pas encore prononcée mais juste pensée. L’intrigue est aussi très solide, sans un mot de trop ni le moindre temps mort, nous permettant de côtoyer les milieux atterrants et opaques des milices, survivalistes, adeptes de l’autodéfense, complotistes de tout poil, racistes invétérés et autres défenseurs jusqu’au-boutistes des armes à feu (les passages où l’on découvre des Américains au milieu de dizaines d’armes et de milliers de cartouches sont à la fois vertigineuses, consternantes et malheureusement crédibles). L’histoire tient également la route, avec la lente mise à nu de ce qui s’est passé à Bible Hill, probablement inspiré de faits divers, et offrant un socle de plausibilité hautement efficace). C’est bien simple, c’est typiquement le genre de thrillers que j’adore : de l’action, de l’humour, des personnages consistants, mais également une âme, un esprit, de la profondeur. Deux – minuscules – regrets : on n’apprend pas dans cet opus ce qui a massacré le corps de Page, mais peut-être le saura-t-on dans un autre volume (un autre déjà paru, également traduit en France, « Serial Bomber », et un autre à paraître aux Etats-Unis, « Do No Harm »). L’autre, c’est le côté presque « magique » grâce auquel Page arrive si facilement à deviner les endroits d’où sont partis les tirs : qu’il soit brillant, ait ses propres méthodes de décryptage toponymique, ses ressorts intimes, oui, c’est bien expliqué, mais que ça nous tombe, à nous lecteurs, tout cuit dans le bec sans une amorce d’explication vulgarisée ni même de renseignements balistiques, c’est un peu gros, et ça m’a privé d’une partie du plaisir, comme une déduction trop aérienne, éthérée, inaccessible, bref, insaisissable. Mais ça n’a en rien gâché le plaisir que j’ai eu à lire ce livre, vraiment brillant.

    23/05/2022 à 18:35 9

  • Tokyo Revengers tome 1

    Ken Wakui

    8/10 Quand il apprend qu’Hinata Tachibana, « la seule meuf avec qui [il est] sorti de toute [sa] vie, est morte, Takemichi, qui mène une existence très morne, se retrouve subitement projeté douze ans en arrière, du temps où il était collégien, et où il appartenait à un gang qui faisait fureur dans son établissement. Il se trouve que le gang adverse de l’époque sera responsable – donc douze ans plus tard – de la mort d’Hinata. Et ce premier saut dans le passé, à défaut de sauver la jeune fille, va préserver quelqu’un d’autre. Il n’a donc plus qu’une idée en tête : revenir dans le passé pour sauver Hinata. Quitte à côtoyer de très près Manjiro Sano, dit « Mikey », le redoutable chef de la bande qui tuera Hinata.
    Un graphisme très typé manga, nuancé par de nombreux propos grossiers, et un scénario qui rappellera sans doute « Terminator », « Un Jour sans fin » et « Edge Of Tomorrow », mais avec beaucoup d’habileté. Je me suis laissé prendre par cette histoire et les rebondissements, tout en me demandant comment va pouvoir évoluer cette série. Je serai certainement au rendez-vous des prochains tomes.

    22/05/2022 à 20:37 2