El Marco Modérateur

3708 votes

  • Debry, Cyrano et moi

    BeKa, Jose Luis Munuera

    9/10 Iséa, une gamine dans une ambiance digne des westerns, regarde une vidéo montrant la fameuse scène du balcon extraite de « Cyrano de Bergerac ». Elle a une nurse immense, Debry, qui est en réalité un robot. Mais quand l’acariâtre mère d’Iséa renvoie Debry, la gamine n’a plus qu’une seule idée : retrouver son amie humanoïde.
    Une œuvre magnifique, poignante et graphiquement sublime de bout en bout, placée dans un univers steampunk de haute volée. J’ai beaucoup aimé la dénonciation du racisme latent (les Noirs ici remplacés par des robots, notamment dans les champs de coton et les travaux ménagers) tandis que le policier chargé par la mère de l’enfant, le « Limier Cdt-13g » compose, avec les autres limiers, une puissante réfraction du Ku Klux Klan. Une sublime BD où chacun tente de « chercher la beauté du monde ».

    13/05/2024 à 18:59 2

  • Rançons, raids et vengeance

    Robert Muchamore

    8/10 Robin Hood et ses camarades continuent de lutter contre la shérif Marjorie Kovacevic et le sinistre Guy Gisborne. La récente coupure d’électricité fait qu’ils vivent dans le froid. Un jour, le multimilliardaire Rex Lairde – ironie du destin : nos héros viennent tout juste de lui subtiliser une de ses nombreuses camionnettes – leur demande de l’aide : ses chiens ont été kidnappés et ils sont certainement quelque part dans les parages. Aidé de la brillante hacker DeAngela, Robin va tout mettre en œuvre pour mener à bien sa mission.

    Voilà donc le cinquième ouvrage de la série consacrée à Robin Hood qui ne déroge pas à la règle. On y retrouve avec entrain Robin Hood, adolescent indocile et sacrément tenace même s’il n’est pas parfait ou indestructible. Accompagné de ses fidèles amis, le voilà à nouveau en train de lutter contre l’adversité. Les épisodes d’action sont nombreux et ils s’illustrent même dès l’entame de cet opus au moins aussi vitaminé que les précédents. Même si le résumé de la quatrième de couverture s’avère trop bavard – la recherche de la cryptomonnaie dissimulée dans un fastfood n’apparaît que dans le trente-troisième épisode –, Robert Muchamore nous régale une fois de plus. L’humour n’est pas absent, la romance non plus, et même si ce livre se destine en priorité à des adolescents, la violence intervient parfois avec la vivacité de la foudre.

    Un cinquième tome très réussi et une série aux qualités intactes : Robert Muchamore creuse son sillon et n’en finit plus de nous réjouir.

    13/05/2024 à 06:53 2

  • Brel, une vie à mille temps vol. 1

    Salva Rubio, Sagar

    7/10 Une évocation biographique assez fidèle de Jacques Brel, de ses tentations pour la chanson aux premiers échecs, des revers amoureux à ses profondes amitiés, de la persévérance au succès naissant. Un graphisme assez particulier pour cette BD narrée à la première personne, soulignant l’acharnement de l’artiste après les revers répétés (« C’était le succès ou rien. Rien, c’était le retour à la cartonnerie familiale. Hors de question. ») Un bel hommage à l’homme, une BD intéressante quoi qu’il en soit.

    12/05/2024 à 19:54 2

  • Backhome tome 2

    Toni Caballero, Sergio Hernandez

    9/10 Grâce à d’habiles flashbacks et à l’intelligence artificielle qui a enregistré ce qui se passait dans le vaisseau, nos deux héros comprennent enfin complètement les enjeux des expérimentations. Graphisme remarquable (notamment quand Caleb est dans la capsule, ou lors de l’exécution de la soldate). Beaucoup de fureur, de violence mais aussi d’émotions mêlées dans ce second épisode qui a eu en outre la malice de ne pas réduire les monstres au rang de saletés de bestioles voraces comme les zombies. Vraiment très réussi !

    12/05/2024 à 16:41 2

  • Tupilaks

    Fred Vignaux, Yann

    8/10 La série renoue ici pleinement avec certaines caractéristiques de ses débuts, notamment avec ce mélange de pure fantasy et de SF, ici dans ce vaisseau où Thorgal va en apprendre beaucoup sur ses origines. Un quarantième tome musclé et hétéroclite, avec épisode spatial, tempête de neige, enlèvement par une tribu, expérimentations létales assez crades, bataille rangée au fond d’un gouffre, etc. Un opus tonitruant et particulièrement distractif qui se conclut sur une belle aurore boréale.

    11/05/2024 à 19:48 2

  • Crueler Than Dead tome 2

    Tsukasa Saimura, Kozo Takahashi

    8/10 Nos survivants parviennent au dôme de Tokyo devenu centre de réfugiés, mais même entre humains ayant été épargnés par la contagion zombie, la tension demeure très élevée. Un dernier tome beaucoup moins bourrin que le précédent, toujours aussi réussi graphiquement parlant, et même si la trajectoire scénaristique peut surprendre (le coup du virus qui rend certaines de ses victimes enceintes, les privations d’eau, la journée de la célébration, les émeutes et la récupération politique, etc.), dans le fond, je m’en réjouis, d’autant que le final évite les habituels happy ends tout en préservant une dose d’espérance. Un diptyque vraiment très réussi.

    11/05/2024 à 07:37 2

  • Psychic Detective Yakumo tome 1

    Manabu Kaminaga, Suzuka Oda

    5/10 Saitou Yakumo est capable de deviner quelles sont les cartes entre les mains d’une autre personne, et c’est parce qu’il a ce talent qu’une jeune femme vient le voir à propos d’un fantôme. Mais même s’il a triché pour observer les cartes, il prétend être capable de voir les fantômes. Puis, une histoire de spectre découvert dans un tunnel accidentogène (histoire inachevée dans ce tome). Des traits sympathiques, une bonne ambiance (parfois anxiogène, comme dans l’espèce de bunker), mais à ce stade de la série, j’ai trouvé cet opus un peu trop plan-plan, trop sage, sans réelle nouveauté, axe original ou élément qui puisse retenir l’attention. J’essaierai de voir le manga suivant pour savoir si je dois ou non définitivement passer mon chemin.

    09/05/2024 à 22:21 2

  • Les Chiens de Détroit

    Jérôme Loubry

    8/10 « Aidez-moi. Vous êtes ma rédemption » : c’est avec ces mots qu’un homme qui a enlevé et tué des enfants accueillent les policiers venus l’arrêter chez lui. Mais pour Sarah Berkhamp et Stan Mitchell, la vérité s’annoncera bien plus complexe. C’est la première fois que je lis un roman de Jérôme Loubry, et je me suis régalé. L’empreinte des thrillers américains est évidente, mais l’auteur a habilement su s’en démarquer et proposer une histoire forte, des personnages plausibles, le tout au gré d’une écriture dense et fort réussie. J’ai beaucoup apprécié les deux enquêteurs, avec Stan dit « Le Molosse », brisé par sa vie professionnelle et personnelle, sans pour autant tomber dans les clichés écules du genre, et Sarah, avec ses hallucinations auditives et sa quête désespérée pour devenir mère. L’intrigue est efficace, bien plus riche de de prime abord, avec quelques jolis coups de théâtre (notamment dans le chapitre 32) et des explications finales intéressantes. Même si je ne suis pas particulièrement fan de ce genre de pirouettes scénaristiques, je dois bien admettre qu’ici, c’est bien amené, avec tact et finesse. Un opus où les spectres de l’enfance sont encore souillés de certains péchés originels, et où je me souviendrai longtemps de quelques scènes, dont la dernière mettant en scène ce fameux « Géant de brume ». Jérôme Loubry a joué à fond la carte du thriller à l’américaine, mais avec un talent et un rythme tels que je me suis laissé envoûté par les divers protagonistes comme par la ville de Détroit en pleine déréliction.

    09/05/2024 à 07:58 4

  • Nymphe

    Dimitri Armand, Tristan Roulot

    9/10 Dans un monde postapocalyptique où le métal a été laminé par une rouille vorace jusqu’à modifier le fer présent dans le sang humain, un convoyeur, qui s’est déjà fait voler son précédent colis, doit apporter la tête tranchée de son fils au duc d’Arcasso.
    Un scénario singulier, un graphisme largement à la hauteur, de belles trouvailles – comme ces freaks, ces inquiétantes spores ou l’usage effréné du lance-flamme contre les « fonges » – et beaucoup de dynamisme dans le récit. Original et brutal : jouissif !

    08/05/2024 à 16:44 3

  • La Pratique Andromaque

    Aurélien Morinière, Nathalie Ponsard-Gutknecht

    8/10 Le soldat Georg Knielingen et son père en viennent à se battre à l’arme blanche, et l’on suit ensuite les trajectoires des deux parents de Georg. Un récit qui continue de multiplier les analepses, donnant du rythme à l’histoire, des planches toujours aussi belles et une intrigue qui demeure hautement prenante : un régal qui est d’autant plus surprenant à mes yeux que le traitement du thème aurait pu être attendu, déjà lu ou constellé de clichés.

    08/05/2024 à 08:24 3

  • Philtre pour l'enfer

    André-Paul Duchâteau, Daniel Hulet

    7/10 On montre à l’agent secret surnommé « Pharaon » un film déstabilisant : Aldo Ventori, homme d’affaires italien, qui cède à une crise de démence et tue des gens avant d’être percuté par une voiture. Désormais vacciné contre l’AZW4 qui a poussé cet homme à la folie, Pharaon s’envole pour le Brésil.
    Un cocktail assez daté d’espionnage, d’aventures, d’action et de mystères pour ce premier tome datant de 1980 que je ne découvre, au même titre que la série, que maintenant. Le rebondissement final quant à l’identité de « K » vient apporter un peu de piment à cette BD qui conviendra parfaitement à celles et ceux qui cherchent une lecture gentiment distractive.

    08/05/2024 à 08:22 2

  • Journal d'un braqueur 1988-2003

    Raoul Paoli, Shuky

    7/10 Elliot se retrouve en prison et l’histoire commence le 7 octobre 1988 et finira le 7 juin 2003. Il se fait rapidement bousiller par ses codétenus et s’ouvre le procès le concernant.
    Toujours ces dessins hautement colorés avec de jolis jeux avec les flous, également, et ce ton cocasse – quelle idée malicieuse pour le scénariste et le dessinateur d’avoir collé leurs trombines à la place de celles des deux truands qui ont braqué le gamin, et je ne parle même pas du clown Hershel, son compagnon de cellule. Bref, du point de vue scénaristique, rien de bien flambant, mais ici, la forme surpasse le fond. Pas bien moral – pas du tout, même, cf. l’image finale – mais très plaisant.

    06/05/2024 à 16:52 2

  • Journal d'un braqueur 1979 - 1988

    Raoul Paoli, Shuky

    7/10 Un père qui éclate la tête de sa femme, un accident avec un cerf, la fuite du géniteur, et voilà le petit Elliot, sept ans, recueilli par les shérifs puis par les habitants du village. La rencontre, quelques années plus tard, avec des braqueurs, lui donnera l’envie d’en devenir un lui-même.
    Une entame inattendue, colorée et plaisante, alors que le sujet est sérieux mais traité sur le mode humoristique. Ce mix journal intime / BD avec un graphisme si enjoué est intéressant et prenant. Ce n’est pas nécessairement ma tasse de thé – ça tombe bien, je préfère le café – mais c’est sympathique et original. Le final est bien troussé, donnant envie de savoir rapidement quelle est la suite après ce braquage sanglant et foireux.

    06/05/2024 à 16:51 2

  • Hollywoodland tome 2

    Eric Maltaite, Zidrou

    7/10 Des ânes transportant les lettres « Hollywood » qui copulent, un gigolo qui perd la raison, une figurante, un cireur de chaussures, l’arrivée des lunettes 3D, ou encore de magnifiques automobiles qui prennent cher : l’envers du décor hollywoodien sans le strass ni les paillettes, mais avec de l’humour, de l’ironie, des portraits parfois touchants et des trajectoires contrariées par la destinée qui leur est imposée. Un second tome aussi original et jubilatoire que le précédent.

    05/05/2024 à 17:20 2

  • Hollywoodland tome 1

    Eric Maltaite, Zidrou

    7/10 Des ouvriers noirs qui s’amusent avec des ampoules, une jolie fille qui peine à percer dans le milieu cinématographique, un vendeur de hotdogs travaillant à côté des studios, deux gamines un peu trop curieuses, un scénariste qui s’amuse avec ses personnages, des animaux, un patronyme trompeur, une couturière dont la mort est sublimée : une belle galerie de personnages et des situations à prendre comme des sketchs, où l’humour le dispute à la noirceur, le dévergondé au poignant. Un agréable éventail.

    05/05/2024 à 17:19 2

  • Les Montagnes hallucinées tome 1

    Gou Tanabe

    9/10 Antarctique. Le 25 janvier 1931 marque le départ d’une expédition de secours avec onze membres : ces hommes partent à la recherche de Lake et ses camarades, partis l’avant-veille et dont ils n’ont plus de nouvelles. Sur place, ils découvrent des cadavres mutilés. Une œuvre très forte, au propos typique de la bibliographie du génial HP Lovecraft, souligné avec intelligence et originalité par un graphisme de toute beauté faisant écho à ces paysages esseulés et envoûtants. Un très beau chapelet de découvertes ésotériques et autres phénomènes paranormaux (les étranges fossiles, les mirages vus depuis l’avion, les ensorcelantes montagnes noires, la découverte de la grotte et des spécimens qui s’y trouvent, le charnier et la découverte de l’étoile, etc.). Un manga bien plus long que d’autres (environ 290 planches), à l’ambiance lourde et anxiogène et qui a dû inspirer l’esthétique de films comme « The Thing ».

    04/05/2024 à 07:52 4

  • Le Pacte de l'étrange

    John Connolly

    8/10 … ou comment le détective privé Charlie Parker, à la demande de l’agent du FBI Ross, en vient à enquêter sur la disparition d’un autre détective privé, Jaycob Eklund, un limier spécialiste des phénomènes paranormaux et autres événements de l’occulte. Parker va s’approcher d’une étrange famille, les Martyrs de Capstead, également baptisés les Frères, et d’un univers bien singulier : celui des fantômes et des morts.
    Fan absolu de John Connolly et de son œuvre (même si je dois bien reconnaître que je n’ai pas tout lu même si je rattrape graduellement mon retard en la matière), j’ai retrouvé ici tout ce qui constitue le sel de l’œuvre de cet écrivain si doué : une écriture au cordeau, des dialogues ciselés, un humour à froid qui fait mouche, des personnages bien chtarbés, et des intrigues fortes qui flirtent sans vergogne avec le paranormal. Ici, Charlie Parker aura fort à faire puisque de nombreux individus – louches, glauques et meurtriers – vont apparaître sur sa route : Mère et son allure d’araignée, Philip, son fils pour le moins déplaisant, Caspar Webb, mafieux présumé défunt, époux de la première et père du second, les Frères évidemment, mais aussi le Collectionneur que l’on a fréquemment rencontré dans les précédents ouvrages et pour qui c’est ici la fin de l’aventure, Donn Routh, tueur inquiétant, sans compter les inénarrables Angel et Louis, partenaires de Parker. Il y est également question de Rachel, l’ex-femme de Parker et de Sam, leur fille désormais adolescente, qui manifeste d’étranges pouvoirs (cf. la scène avec l’oiseau qui se suicide en se jetant sur une fenêtre). L’intrigue est forte, nimbé d’un paranormal noir et angoissant et certaines scènes mettent cet aspect parfaitement en lumière (cf. les intrus dans le jardin des MacKinnon). Une histoire prenante donc, c’est indéniable, pour une fois pas racontée à la première personne, mais qui pâlit un peu dans le dernier tiers : si l’auteur excelle à faire de tous les protagonistes, même les secondaires et tertiaires, des êtres profonds et tout sauf désincarnés et juste ébauchés, il se perd un peu en descriptions et autres longueurs inutiles qui amoindrissent sa puissance d’impact littéraire. Il n’empêche, le roman est fort et, malgré ce rythme qui faiblit vers la fin, j’ai passé un très agréable moment aux côtés de cette belle brochette de tarés et autres composants humains d’un bestiaire dont seul John Connolly a le secret.

    03/05/2024 à 08:22 4

  • Les Deux Châteaux

    Djet, Maxe L'Hermenier

    6/10 La préface résume événements et personnages des tomes précédents, ce qui est appréciable. Un des héros tombe par hasard sur un pilleur qui parvient à disparaître. Le reste de ce troisième tome de la BD s’avère à l’égal des précédents : enlevé, coloré. Tournois, univers parallèle, procès : ce n’est clairement pas ma came mais c’est tout aussi clairement plutôt réussi, toute subjectivité étant mise à part.

    02/05/2024 à 17:20 2

  • Un Nouveau Monde

    Djet, Maxe L'Hermenier

    6/10 Nos jeunes héros sont parvenus au camp de la sorcière et un incendie se déclenche, réduisant les lieux en cendres. Un graphisme toujours aussi coloré et agréable pour un deuxième tome gaiement pourvu d’espérance, d’amitié et d’amour. Un tome agréable qui se conclut sur des péripéties bien menées, entre attaque de loups et pont rompu, avant que nos amis ne rejoignent Versailles. Plutôt sympa.

    02/05/2024 à 17:19 2

  • Gannibal tome 7

    Masaaki Ninomiya

    9/10 Agawa se réveille dans la grotte où on pratiquait le sacrifice des enfants, et la trace des dents de « Lui » sur l’avant-bras du policier pourrait constituer une preuve déterminante. Pendant ce temps, les forces de l’ordre approchent du village et ça pourrait castagner.
    Un suspense toujours aussi excellent, une esthétique ensorcelante (ah, cet œil qui voltige…), un sacré déluge de violence entre policiers et villageois, et une histoire qui conserve sa puissance de percussion alors qu’on en est tout de même au septième tome. Remarquable !

    02/05/2024 à 08:19 2