El Marco Modérateur

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  • La Nuit des pantins

    R. L. Stine

    7/10 Un « Chair de Poule » classique et maîtrisé, où les ficelles sont certes un peu épaisses mais soutiennent les effets que l’on attend d’une telle lecture. J’y ai ressenti, plus que d’habitude encore, les influences de Stephen King, tant dans la manière d’écrire que de la mise en scène de certains passages, ce qui est, à mon goût, un compliment.

    12/03/2014 à 18:18

  • Tigre ! Tigre ! Tigre !

    Jean-Hugues Oppel

    8/10 Un opus très proche de « Nuit rouge » pour la structure avec l’alternance des deux points de vue. Une écriture nerveuse pour ce récit qui tangue entre suspense et livre-catastrophe. Une réussite pleine et entière qui plaira probablement aux jeunes lecteurs avides de sensations fortes.

    12/03/2014 à 18:16

  • Le Crime parfait

    Peter James

    8/10 Une histoire à double tranchant, bien menée et qui se laisse lire avec grand plaisir. J’aime toujours autant l’écriture de Peter James, même dans la concision de cette nouvelle. Malgré la chute devinable, je me suis laissé embarquer pour mon plus grand plaisir.

    12/03/2014 à 18:16

  • La Nuit ne viendra jamais

    Joseph d'Anvers

    8/10 Un très beau roman, écrit d’une plume poétique et enivrante, dont je me suis surpris à plusieurs reprises à relire la prose. L’intrigue est également réussie, avec en toile de fond une peinture des milieux musicaux et artistiques qui sonne juste. Une belle leçon d’amour et de mort à laquelle j’ai trouvé des accents faustiens.

    12/03/2014 à 18:15 1

  • Cinq minutes de prison

    Jean-Hugues Oppel

    7/10 Une œuvre originale, prenant place lors d’un match de hockey sur glace. Si ce sport est peu populaire en France et risque donc de dissuader des lecteurs de se lancer dans cet opus, les règles et modalités sont bien expliquées. L’histoire est atypique, ou comment un jeune joueur sent venir un drame lié à une querelle amoureuse, et tente donc d’empêcher le tueur en puissance d’agir. Le suspense est bien mené, les sentiments de chacun intelligemment construits. Une belle expérience.

    12/03/2014 à 18:15

  • Sale eau de Montreuil

    Karl Dazin

    5/10 Si le roman de Karl Dazin ne démérite pas, il est cependant minimal. Pour reprendre le thème du livre, le texte ainsi que le réquisitoire auraient pu être agités, bouillonnants, glacés ou brûlants ; ils demeurent ici à l’état d’eau tiède.

    12/03/2014 à 18:14 1

  • Les ficelles du crime

    Nathalie Charles

    7/10 Tandis qu’elle rentre chez elle, Louise ne peut s’empêcher d’admirer les vitrines des grands magasins où, à l’occasion de Noël, les commerçants démontrent leurs talents artistiques. C’est alors que Louise découvre, dans l’une de ces devantures, une jeune femme morte. Détail qui l’inquiète au plus haut point : elle avait croisé la victime peu de temps auparavant dans une boutique. Et si le tueur était beaucoup plus près d’elle qu’elle ne le craignait ?

    Ce roman policier de Nathalie Charles offre un bien bon moment de lecture. D’entrée de jeu, les jeunes lecteurs auquel s’adresse ce livre ne manqueront pas d’être intrigués par l’étrangeté de ce crime. Concis, habilement construit, le récit progresse au gré d’une ambiance sombre et étrange, où, quelque part dans une zone d’ombre, est tapi un assassin particulièrement motivé et diabolique. Sur cette histoire classique de vengeance, Nathalie Charles tisse une intrigue efficace et solide, qui se lit rapidement, et où l’on a le plaisir de croiser des personnages parfaitement campés.

    Quoique traditionnel, cet opus se singularise par une narration ingénieuse et prenante. Si l’auteure venait à poursuivre dans la voie de la littérature policière, souhaitons-lui au moins autant de réussite pour la suite.

    12/03/2014 à 18:14

  • Si tu meurs, elle reviendra

    Maud Tabachnik

    8/10 Francis O’Mara et son épouse ont tout pour être fiers de leur fille, Patricia. Mais au vingt-cinquième anniversaire de cette dernière, alors qu’elle revenait chez ses parents pour l’occasion, elle est renversée par un chauffard qui s’est enfui. Francis se jure alors de retrouver l’assassin et le châtier.


    Auteure reconnue en littérature policière pour les adultes, Maud Tabachnik a également régalé les jeunes avec Dans l’ombre du monde, toujours chez Flammarion. Dans ce récit lapidaire, l’écriture sèche fait écho à la nervosité qui anime les protagonistes. Sans temps mort, on suit ce père, déchiré par le deuil de sa fille unique, et prêt à tout pour appréhender le meurtrier. Sur le canevas classique des représailles personnelles, Maud Tabachnik a su tisser une histoire forte et prenante, sans la moindre fioriture, où les mots portent là où ça fait mal, ce qui engendre un puissant sentiment d’empathie pour cet homme ravagé par la tragédie. En revanche, les férus de trames policières seront peut-être déçus par quelques hasards faciles et des ressorts inattendus, comme celui de la page cent-trois qui amoindrit le suspense lié à la traque du conducteur en fuite. Mais à côté de ce défaut, il y a le final. Brutal. Violent. Exceptionnel. D’une redoutable puissance psychologique, où le pardon et la rédemption s’annihilent en un épilogue mémorable.

    Parfois léger au niveau de l’intrigue et de ses jalons, ce drame noir tire tout son intérêt de l’observation des émotions de Francis et de cette conclusion marquante et époustouflante. Un grand moment de littérature pour les adolescents.

    12/03/2014 à 18:14 1

  • Lucille

    Franck Membribe

    8/10 Un homme, médecin conseil de l’Assurance Maladie et chargé de lutter contre la fraude, découvre ébahi Lucille, une splendide femme, déléguée à la culture. Obsédé par cette beauté, il va vite se rendre compte que son amour platonique est la proie de personnages peu recommandables…

    Avec cette nouvelle, Franck Membribe signe une histoire très prenante. Treize pages, écrites d’une plume experte, sans qu’il y ait besoin d’en dire plus. On y retrouve les thèmes du roman noir classique : la femme sublime qui envoûte un individu lambda, antihéros, obligé de se placer dans une situation inconfortable pour sauver sa belle. En prenant comme titre la célèbre chanson de Little Richard, l’auteur enfonce le clou : le fond comme la forme sont un hommage appuyé aux origines du polar. Le lecteur ne peut que ressentir une puissante empathie voire sympathie pour cet anonyme qui saura se surpasser pour aider sa douce, sans jamais devenir une caricature américaine, sortant indemne de l’épreuve traversée.

    Une nouvelle simple et efficace, où Franck Membribe prouve que l’on peut embarquer son lecteur avec une situation archiconnue et peu de mots, à condition que ces derniers soient bien choisis.

    12/03/2014 à 18:13

  • Au clair de la mort

    Nicola Upson

    8/10 Dans l’entre-deux-guerres, Josephine Tey commence à écrire un nouveau roman concernant deux tueuses d’enfants exécutées à la fin du dix-neuvième siècle. Son projet littéraire se présente sous les meilleurs auspices, notamment grâce à l’aide d’une ancienne gardienne de prison. C’est bientôt une couturière que l’on retrouve assassinée, non loin du cadavre de son père. Et si le passé n’était pas entièrement révolu ?

    Après Crimes à l’affiche et L’Ange aux deux visages, voici la troisième enquête de Josephine Tey. Nicola Upson continue d’enchanter son lectorat avec sa prose élégante et raffinée, témoignant de la gracilité du style littéraire anglais des années 1930. En femme indépendante et obstinée, Josephine est un personnage singulier et attachant, et c’est avec un réel plaisir que l’on en profite pour vagabonder à son bras dans le Londres de cette époque. Ce roman livre également une intrigue réussie, où l’histoire et le présent s’emmêlent avec intelligence, faisant perdurer des fantômes particulièrement saisissants. À ses côtés, l’agent Penrose est tout aussi digne d’intérêt, faisant preuve d’une rare sagacité.

    Cet ouvrage est autant réussi par son intrigue que par les décors et les ambiances qu’il décrit. Avant tout policier, il n’en oublie pas pour autant d’être instructif et érudit, avec en prime de beaux passages quant à la condition des femmes et la manière dont l’homosexualité était vécue à cette période.

    12/03/2014 à 18:13

  • Romeo dog

    Stephen Hunter

    9/10 Bob Lee Swagger est le meilleur tireur d’élite des États-Unis. Il vit désormais reclus dans l’Arkansas, avec la seule compagnie de son chien. Une organisation l’approche, soi-disant pour étudier un hypothétique tir de sniper qui pourrait viser le Président. Swagger est le seul à être en mesure de déterminer d’où partira la balle, et il est d’autant plus motivé que l’arbalétrier serait l’homme qui a jadis tué son camarade d’arme. Sans le savoir, il est tombé dans un traquenard…

    Auteur de romans remarqués comme Sept contre Thèbes ou Le 47ème samouraï, Stephen Hunter signait en 1993 ce thriller de haute volée. Le lecteur est immédiatement pris par l’intrigue, et n’est plus lâché à un seul moment. L’écriture, simple et sacrément efficace, s’apparente à cette science balistique que l’auteur a étudiée pour élaborer son ouvrage : tout y est amplement pesé, mesuré et évalué pour atteindre sa cible. Les personnages, nombreux, sont suffisamment travaillés pour tenir la route, et l’on se délecte du complot mis en œuvre au même titre que de la manière dont Swagger s’y empêtre avant de se révolter. Parfaitement calibré, à forte teneur en poudre, cet opus est serti de scènes visuelles marquantes, comme la fusillade dans les collines ou l’échange final. De même, et contrairement à ce que le cinéma hollywoodien en a fait en l’adaptant, des individus tout aussi denses que Swagger émaillent ce récit, comme Lon Scott, sniper handicapé, ou Nick Memphis, ancien tireur d’élite ayant blessé un civil lors d’une prise d’otages avant d’épouser sa victime.

    D’une rare efficience, cet ouvrage démontre l’incroyable talent de Stephen Hunter pour frapper le lecteur de son style direct et de son intrigue prenante. Un excellent roman, chemisé comme une balle, dosé pour causer un maximum de dégâts, et tiré en pleine poitrine. Si l’on est adepte du genre, à n’en pas douter, il s’agit d’une pépite.

    12/03/2014 à 18:13 1

  • Mémoires funestes

    Johann Moulin

    7/10 Yvan est un psychopathe de la pire espèce. Il parvient à s’évader du centre médical où il était retenu et croise la route de Stan, lui aussi enclin à certaines névroses. L’équipe spéciale de policiers qui retenaient Yvan est d’autant plus alarmée que les deux hommes semblent se connaître. Et si ce duo fortuit avait un passé commun ?

    Quatrième ouvrage de Johann Moulin à être paru chez Ravet-Anceau après Le tueur de la Somme, L’Irlandais de Brighton et Amiens sous les balles, ce Mémoires funestes intrigue d’entrée de jeu par son scénario. Qui sont réellement Yvan et Stan ? Quel étrange passé semblent-ils partager ? Autant de questions dont les réponses apparaissent progressivement, au gré d’un récit qui évite la narration linéaire et qui sait préserver quelques zones d’ombre. Johann Moulin manie son intrigue avec intelligence, et l’auteur a visiblement pris du plaisir à écrire cet opus, impression soulignée par un style qui semble rendre hommage au thriller anglo-saxon. Si certains passages sont un peu attendus, voire téléphonés, l’histoire se lit avec un grand plaisir, depuis les scènes d’action pure où interviennent les arbalétriers de la police jusqu’aux moments singuliers où des bribes de souvenirs reviennent aux deux fugitifs.

    Un thriller de bonne tenue, mené avec efficacité, et qui a également le mérite, au-delà de son aspect distractif, de poser de légitimes réflexions quant au libre arbitre, la rédemption et les travers des politiques sécuritaires.

    12/03/2014 à 18:12

  • L'Instinct maternel

    Barbara Abel

    9/10 Jeanne et Richard avaient tout pour réussir leur mariage. Pourtant, le temps, leurs sentiments réciproques et des vents contraires les ont progressivement éloignés l’un de l’autre. S’ils semblent heureux, ça n’est qu’en apparence. Richard finit par annoncer à sa femme qu’il va la quitter. Dans un accès de fureur, Jeanne tue Richard dans ce qui ressemble à un banal accident. Mais même de sa tombe, Richard poursuit son travail de destruction : sans héritier mâle, Jeanne ne peut hériter de la fortune de son défunt mari. Pour toucher ce patrimoine, elle se rapproche de Suzanna, la maîtresse de Richard enceinte de ce dernier, et met en place un plan diabolique pour capter la fortune.

    Prix du roman policier du Festival de Cognac en 2002, ce livre de Barbara Abel mérite amplement les éloges reçus. Avec une écriture soignée, le lecteur suit la lente descente aux enfers de la jeune portugaise, faite prisonnière par cette veuve noire mue autant par la soif de vengeance que l’appât du gain. Tout se fait lentement, par paliers successifs, avec une rare ingéniosité autant qu’avec un réalisme qui fait froid dans le dos. Tous les personnages sont croqués avec intelligence, dans leurs névroses comme dans leurs errements. Suzanna, en victime recluse, est bouleversante de sincérité, tandis que l’on s’étonnera d’éprouver des sentiments ambivalents pour Jeanne, à la fois abjecte de cruauté et parfois touchante dans son aliénation.

    Une œuvre infernale, qui prend aux tripes en même temps qu’elle interroge sur les démences humaines, avec des moments particulièrement forts, comme ce vingt-cinquième chapitre où se déploie toute l’envergure de la folie de la geôlière.

    12/03/2014 à 18:12 1

  • Six pieds sous les vivants

    Antoine Chainas

    6/10 Une écriture virulente que je découvre grâce à ce court roman. Déchaînement des sentiments, violence des propos et des situations, acidité du scénario, et virulence des scènes où se mêlent combats entre êtres humaines et animaux, sexologie nécrophile et trafics stupéfiants. Mais j’ai souvent eu le sentiment que l’intrigue partait dans plusieurs directions au lieu de se focaliser sur une seule, ce qui aurait, à mon sens, servi le récit. Néanmoins, j’essaierai à l’avenir d’autres ouvrages d’Antoine Chainas, car, même si je ne suis pas foncièrement convaincu par cet opus, il y a indéniablement dans cette plume alerte et vitriolée une rythmique et des envolées qui sauront me plaire dans d’autres ouvrages de cet auteur.

    12/02/2014 à 18:17

  • Enquête par correspondance

    Ann Rocard

    6/10 Une histoire sympathique, sans grande ambition ni réel panache, qui a néanmoins le mérite de délasser. La forme épistolaire relève un peu le niveau et s’achève sur une note sentimentale et psychologique assez inattendue.

    12/02/2014 à 18:16

  • La Vigie

    Thierry Jonquet

    9/10 Une nouvelle originale et très prenante, où la verve de Thierry Jonquet sert un scénario très fort. Les thèmes chers à l’auteur s’allient à merveille : ses égards pour la Première Guerre mondiale, son attachement aux gens normaux, les petits désordres de la vie quotidienne, les tragédies contemporaines, sans oublier une critique virulente de la société, sous un angle atypique et sans jamais se donner des ambitions de censeur. On retiendra notamment cette étrange et marquante gémellité des drames à près de quatre-vingts ans d’écart. Une réussite totale !

    12/02/2014 à 18:15

  • Sherlock Holmes et le chien des Baskerville

    Arthur Conan Doyle, Richard Unglik

    9/10 Tout le monde connaît la célèbre histoire du Chien des Baskerville d’Arthur Conan Doyle. Elle a été adaptée au cinéma, à la télévision, a inspiré nombre d’autres récits où plane encore la face angoissante de ce terrible molosse. Il fallait du cran et du panache pour se lancer dans une énième relecture de ce livre monumental. Richard Unglik a opté pour un angle d’attaque original : cet album où les Playmobil servent à illustrer l’histoire. C’est un ouvrage détonnant où l’on s’attarde autant à relire le texte qu’à observer avec attention ces tableaux magnifiquement mis en scène. Les éclairages léchés, le soin apporté aux décors, et même les expressions faciales de ces petits jouets constituent autant de petits enchantements, page après page. Comme l’enfant qu’il n’a jamais cessé d’être, le lecteur replonge aux origines de ses premiers jeux, retrouve son âme malicieuse et parcourt avec un entrain gamin ces feuilles délicieusement travaillées. C’est aussi l’occasion de redécouvrir le texte d’Arthur Conan Doyle puisque Richard Unglik a eu le bon goût d’en conserver l’essence sans le simplifier par pure facilité éditoriale.

    Il s’agit donc d’un album mémorable, s’adressant en priorité aux jeunes lecteurs, mais également aux adultes qui se délecteront de cette réinterprétation surprenante et mémorable. Et… en avant les histoires !

    12/02/2014 à 18:15

  • Le Cinquième est dément

    Jean-Marc Ligny

    6/10 Gabriel Lecouvreur vit un rêve : la restauration de son avion un Polikarpov, avance à grands pas quand son vieux copain Pedro lui offre une manivelle pour le train d’atterrissage. Mais Gabriel s’effondre du haut de ses illusions quand la manivelle lui est dérobée au sortir du bar. Après avoir poursuivi le voleur, il découvre une famille constituée de cinq individus étranges d’autant que les disparitions s’enchaînent du côté de leur caravane. S’il veut retrouver sa pièce d’aéronautique, le Poulpe comprend vite qu’il doit avant tout mettre un terme à ces kidnappings.

    Cent-quatre-vingt-neuvième enquête du Poulpe signée par Jean-Marc Ligny, cet ouvrage se concentre avant tout sur les personnages qu’il présente. Véritable famille Adams avec, entre autres, un sosie de Johnny Hallyday, un nain et une prostituée si charismatique, on comprend vite que l’intrigue ne constituera pas le point fort du livre. Les protagonistes sont sacrément croustillants, et l’on se régale de chacune des rencontres ou confrontations avec Gabriel, tant dans les dialogues que les situations. Néanmoins, l’enquête aurait mérité amplement d’être développée voire approfondie, et l’on ressort de cette lecture avec, certes, la satisfaction évidente d’avoir passé un agréable moment, mais on aurait apprécié un peu plus de nerf ou d’originalité dans les ressorts narratifs, d’autant que de nombreux passages, à défaut d’être téléphonés, n’en demeurent pas moins aisément prévisibles.

    Un Poulpe très honorable sortait donc en 2000, sans pour autant constituer un jalon de la série. Une lecture plaisante et divertissante, certes, mais qui ne marquera pas longtemps les esprits.

    12/02/2014 à 18:14 1

  • Le vieux canard et la mer

    Sokal

    8/10 Un dessin animé sort, mettant en scène Momo le Mérou, un délicieux petit mérou à pois. Aussitôt, le public prend la défense de cet animal, au point que, non loin des côtes africaines, l’île de Koudoulia risque de péricliter, elle qui fournissait au monde entier la chair de ce poisson. Quand l’épouse d’un nabab de l’immobilier du Belgambourg est enlevée par des pirates, Canardo est envoyé sur place, accompagné de son neveu. Et encore, les ennuis ne sont pas finis !

    Vingt-deuxième bande dessinée de la série consacrée à Canardo, cet opus ne déçoit pas, loin s’en faut. L’idée de départ, savoureuse, n’est que la première de tant d’autres. Au gré des saynètes, le lecteur bascule complètement dans l’univers de Sokal, où tous les personnages ont des visages d’animaux. Et c’est un régal burlesque de chaque instant : les pitreries de Marcel, qui va devenir le chantre de la lutte contre l’impérialisme, ses parents qui vont y voir un bon moyen de se faire de l’argent, le portrait acerbe de ce poisson qui ne correspond en rien à la vision édulcorée offerte par le dessin animé, les relations entre les États, les tirades finales de la Duchesse du Belgambourg, etc. Au-delà du saugrenu, passent de véritables messages, profonds mais dénués de toute pesanteur professorale, notamment à propos du racisme, du consumérisme et des relations géopolitiques.

    Voilà une bande dessinée détonante, aussi absurde en apparence que très sagace dans les idées qu’elle véhicule. Un exquis moment de lecture, où le rire côtoie la pertinence, à partir du moment où l’on réfléchit aux discours à peine déguisés de Sokal.

    12/02/2014 à 18:14

  • A pile ou face

    Samantha Bailly

    9/10 Emma a perdu son frère Maxime dans un accident de voiture. Plusieurs mois après le drame, la lycéenne reçoit un mail envoyé par le défunt grâce à un ingénieux système qui permet de délivrer des courriels à retardement. Maxime lui parle de la puissance du Yi King, un livre ancestral permettant de décrypter la réalité et savoir quelle voie emprunter en cas d’embarras. Emma découvre progressivement que Maxime travaillait pour Mantis, une étrange fondation. Et si cette dernière était responsable de sa mort ?

    Samantha Bailly signe ici un thriller de très haute volée pour les adolescents. Le style, mature et terriblement efficace, sait faire vivre en quelques mots un personnage, une attitude, une pensée, ce qui accroit la crédibilité de l’ouvrage. Sur le thème original du Livre des mutations, l’écrivaine a su bâtir une intrigue solide et prenante, originale et marquante, où les pièges, faux-semblants et rebondissements affluent. Fait remarquable, et assez rare pour être encensé : ces effets n’apparaissent jamais comme une surenchère, là où tant d’auteurs, à force de quérir la surprise ou de susciter l’étonnement chez le lecteur, finissent par se perdre en raisonnements dédaléens abscons et autres situations abracadabrantes. Et le récit, s’appuyant sur cette vraisemblance, ne fait que gagner en qualité, et ce jusque dans les ultimes pages, où les raisons profondes de l’enlèvement d’une jeune fille sont révélées.

    Dans cet univers clair-obscur, où les ténèbres le disputent à la clarté, Samantha Bailly a réalisé un roman d’une très grande classe, énergique et passionnant, aussi distractif que captivant par les questions qu’il impose au lecteur quant au libre arbitre et au destin. Une réussite totale !

    12/02/2014 à 18:13