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La Main droite de Lucifer tome 1
8/10 Un manga très fort, aux graphismes travaillés et à l’histoire prenante. Je serai assurément des prochains épisodes.
23/01/2016 à 08:27 1
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Connexions
7/10 Véra et Théo ainsi que leur père Tom arrivent par avion à Paris afin de retrouver leur mère. Ils ont longtemps pensé qu’elle était morte mais ils se sont rendus compte qu’elle était une hackeuse de génie et sur la piste d’une étrange corporation. Dès leur arrivée, les jumeaux sont séparés et leur père kidnappé. Bientôt, une curieuse relation unit les deux jumeaux : ils semblent être capables de télépathie…
Après Prédictions, Johann Heliot revient avec ce deuxième opus de la série Enigma. Même s’il est bien évidemment préférable de prendre la saga dans l’ordre, il est possible d’entamer celui-ci sans avoir pris connaissance du précédent livre. Au gré des pages, on découvre tous ces ingrédients qui, bien liés, augurent du plaisir du lecteur : de l’action, du suspense, de l’humour savamment distillé dans les dialogues entre les deux jumeaux, et des rebondissements intéressants. Sans bouleverser ou renouveler le genre – mais était-ce seulement l’objectif de l’écrivain ? –, on prend un grand plaisir à suivre les péripéties de ces jeunes aventuriers en herbe, dans un genre littéraire qui oscille sans cesse entre roman fantastique, policier et d’espionnage. Et si certaines ficelles tiennent parfois de la corde de chanvre, nul doute que le jeune lectorat auquel se destine cet ouvrage ne s’arrêtera pas à ces considérations : Johann Heliot mène son histoire avec une grande limpidité et un plaisir communicatif, d’autant qu’elle s’achève sur une scène qui donne envie de connaître la suite, à savoir Machinations.
Un écrit de belle tenue, enthousiasmant, que ne gâchent nullement certains poncifs et autres facilités.23/01/2016 à 08:25
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Ne crains pas la Faucheuse
8/10 Gregory Davis vient d'obtenir un poste dans le commissariat de Pacific View, ville balnéaire proche de San Francisco. Son arrivée coïncide avec la découverte du cadavre d’un jeune homme, atrocement mutilé. Dans son enquête, il est secondé par la belle Veronica Bloom. Assez vite, c’est un juge qui devient suspect en raison de la liaison que sa femme entretenait avec le défunt. Journaliste au San Francisco Chronicle, Faye Sheridan tente également de résoudre cet homicide tandis qu’une piste inattendue l’amène à se poser des questions quant à Davis et la mystérieuse disparition de son épouse.
Alexis Aubenque a déjà séduit un large lectorat avec sa dizaine d’ouvrages policiers. Ce Ne Crains pas la faucheuse charme rapidement par la plume de son auteur, fluide et allant à l’essentiel, ainsi que par la dynamique du texte. Les chapitres, courts et nombreux, s’enchaînent à toute vitesse, et tissent des liens à la fois multiples et complexes entre les divers personnages. Au-delà de l’intrigue principale viennent se greffer des histoires solides et intéressantes qui ajoutent un sel imprévu au roman. Une journaliste énigmatiquement volatilisée, un biker qui serait un tueur à gages, un héritage étrange pour Davis, des sœurs un peu trop belles et entreprenantes pour être honnêtes, un club de détectives anonymes qui se dissimulent sous des pseudonymes sur Internet, etc. Tout au plus, peut-on regretter une certaine vision « carte postale » des protagonistes, tous plus beaux et musclés les uns que les autres, aux noms qui empruntent trop facilement à l’imaginaire cinématographique.
Alexis Aubenque emmène donc avec un talent consommé son lecteur de la première à la dernière page, d’autant que l’épilogue, fusil à deux coups, détonne par la surprise qu’il provoque autant qu’il donne envie de connaître la suite de cet ouvrage. Un bien bel exemple de livre qui montre que les Français peuvent tailler des croupières aux Américains sur leurs propres terres littéraires.23/01/2016 à 08:19
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Méchant Garçon
6/10 Ronald Wilby aurait pu être un adolescent comme les autres. Mais il a de curieuses relations avec ses contemporains, et est couvé à l’extrême par sa mère. Quand il essaie de flirter avec la jolie Carol, cela tourne au viol, après quoi Ronald l’étouffe pour l’empêcher de tout raconter à ses parents. La mère du tueur l’installe alors dans une cachette de la maison, en attendant que les choses se calment. Mais Ronald finit par s’habituer à cette condition. Aussi, quand sa chère maman décède et que de nouveaux propriétaires emménagent dans le domicile, il y a fort à parier que l’intrus, malgré ses efforts pour rester invisible, va se rappeler au bon souvenir des occupants.
Datant de 1973, ce roman de Jack Vance étonne dans un premier temps. L’idée de la réclusion au sein de la maison, théoriquement provisoire, est saisissante. L’auteur, avec des mots particulièrement simples et une plume qui allie efficacité et concision, met en place un décor troublant et anxiogène. Ronald, dans son rôle de psychopathe en devenir, est à ce titre singulier. Il lutte contre lui-même pour demeurer très discret, fait de réguliers exercices de gymnastique pour ne pas trop grossir, guette les instants propices pour se ravitailler dans une cuisine qui fut autrefois la sienne, et se plonge dans un univers de fantasy au gré des récits et dessins qui meublent son oisiveté. Ce ver dans le fruit va finir par bondir hors de sa cachette, mû par des pulsions perverses, notamment à l’occasion de la venue d’un couple et de ses trois charmantes filles. Néanmoins, si l’essentiel de la tension est préservé, Jack Vance rate certains coches, comme on manquerait des rendez-vous. L’adolescent meurtrier n’engendre que rarement la peur, ses rares sorties hors de son repaire ne sont pas suffisamment angoissantes, et certains passages, que l’on pouvait espérer tels des points d’orgue de ce roman, laissent un goût d’inachevé. Par exemple, le final est assez plat, alors que le lecteur pouvait légitimement tabler sur un paroxysme de suspense. De même, les saynètes, multiples, décrivant avec force détails ce que mangent les occupants – et même si cela devient l’obsession compréhensible de Ronald – finissent par lasser.
Un postulat très intéressant et prometteur, mais qui manque souvent de relief, de nervosité ou de noirceur. Cependant, cet ouvrage, honorable quadragénaire, constitue une curiosité dans le domaine de la littérature policière, d’autant que Jack Vance a surtout écrit de la fantasy.23/01/2016 à 08:18 1
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Je suis un sournois
8/10 Buck Peters a tout pour plaire. Shérif dans une petite bourgade du Tennessee appelée Greenhill, il cumule les qualités : jeune, grand et musclé, il est en plus un fiston exemplaire ainsi que le marguillier de sa paroisse. Oh, certes, cela ne l’empêche nullement de coucher avec la belle Lacey, mais il faut tout de même avoir un minimum de vice, pas vrai ? Et quand on parle du vice, ne voilà-t-il pas que la belle Rita est retrouvée tuée par balle dans le chalet légué par son millionnaire de mari. Quelle poisse ! Une déveine d’autant plus épaisse qu’il ne faudrait pas que son journal intime, celui où elle décrit ses galipettes sentimentales avec la population mâle de Greenhill, tombe entre de mauvaises mains. Mais si ce sont les braves forces policières et catholiques qui s’en emparent, aucune raison de s’en faire, hein ? Non. Ou si peu…
Peter Duncan est une énigme. Il se murmure que ce pseudonyme serait celui employé par l’écrivain américain B. M. Atkinson Jr, mais rien n’est démontré. Ce qui est en revanche moins une énigme, c’est le parallèle évident à faire entre ce roman et le 1275 âmes de Jim Thompson. Quoique distants de cinq années, on y retrouve de nombreuses similitudes : un patelin américain, des habitants bien sous tous rapports – du moins en apparence, et un flic qui va mettre la pagaille dans ce gentil décor de pastels. Chez Peter Duncan, le ton y est toutefois beaucoup plus comique et moins féroce, avec de nombreuses réparties et formules que l’on relit plusieurs fois tant elles sont hilarantes. Les protagonistes, sous le vernis de la bien-pensance et de la religiosité, sont d’incorrigibles pécheurs. Un maire plein aux as qui paie de jeunes femmes pour assouvir ses fantasmes, en l’occurrence les héler avec un appeau à canards et les obliger à se trémousser en faisant les cris du palmipède. Un médecin qui en veut à Rita car elle l’a habilement dépossédé de cinq mille dollars et l’a obligé à rentrer chez lui seulement habillé d’un drap. Lacey et Pert, deux sœurs au tempérament de feu et aux courbes dantesques, à carboniser un bataillon de congélateurs. Un shérif-adjoint dénué de scrupules, qui va user de la possession du fameux carnet intime pour faire chanter la bonne société, quitte à outrepasser ses prérogatives. Et un inénarrable Buck, à la fois si pieux, puisqu’il en vient à prier Dieu en urgence lorsqu’il hésite sur la conduite à tenir et voit son Seigneur subitement lui répondre, et si fautif, quitte à coucher avec la sœur de sa maîtresse histoire de lui faire garder le silence, qu’il en devient jouissif.
Moins noir et féroce que 1275 âmes, ce Je suis un sournois n’en demeure pas moins sévèrement acide et drolatique. Une radiographie particulièrement cruelle et jubilatoire d’une communauté lambda, si réjouissante que la résolution de l’énigme, à savoir qui a tué Rita, passe volontiers au second plan.04/01/2016 à 18:27 4
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Piégés
8/10 Darius et Samuel continuent de former un duo étonnant. Ils sont capables de rentrer en contact avec les « Ex », ces « ex-vivants » qui ont encore un compte à régler avec les vivants. Leur amie commune Joanna leur envoie un message crypté depuis un internat isolé de la Suisse tel un appel à l’aide. Sur place, ils vont se rendre compte que leur don si particulier va à la fois leur être utile et se montrer très convoité.
Anne Fakhouri revient avec les personnages et l’intrigue qui avaient tant charmé lors du premier opus, Hantés. Le style est toujours aussi convaincant, nerveux et explosif, faisant la part belle au mystère et à l’occulte. On s’éloigne encore un peu du registre policier pour aborder les rivages de l’ésotérisme, rappelant en cela certains films comme Sixième sens. Les talents paranormaux des deux adolescents vont être mis à rude épreuve, sachant que les collaborations ou confrontations avec les fantômes leur occasionnent à chaque fois de douloureuses violences. Il sera ici question d’une pension où règne un règlement martial et de la spoliation des biens des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. L’intrigue demeure riche et prenante, sans temps mort, et les scènes faisant appel au spiritisme regorgent, notamment vers la fin de l’ouvrage où l’on assiste à un véritable feu d’artifice surnaturel.
Voilà donc un roman saisissant et alerte, habile prolongement du précédent livre, où les ressorts parapsychiques abondent jusqu’à l’étourdissement.04/01/2016 à 18:23
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Sale temps pour les chiens ! / Let Sleeping Dogs Die !
6/10 Une histoire assez bien menée, et des personnages suffisamment convaincants pour plaire aux jeunes lecteurs. Cependant, j’ai trouvé le nœud de l’intrigue trop tiré par les cheveux et peu crédible.
04/01/2016 à 18:20
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La Lance de sang
5/10 Un récit que j’ai trouvé plutôt longuet – de nombreux passages auraient pu nous être épargnés, pour une histoire au final assez quelconque et qui ne tire pas son épingle du jeu par rapport à la myriade d’autres ouvrages dans la même veine. Craig Smith sait néanmoins mener son affaire, mais on ne décolle jamais vraiment d’une écriture qui se veut cinématographique alors qu’elle demeure banale.
04/01/2016 à 18:19
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Détective Conan Tome 2
7/10 Une série que j’aime toujours autant suivre. Des personnages fort sympathiques, de l’humour et des histoires agréables. Au programme : un alibi apparemment imprenable, une mystérieuse jeune fille à la recherche de son père et une maison soi-disant hantée. Selon moi, leur intérêt va decrescendo mais l’ensemble demeure plaisant à lire.
04/01/2016 à 18:18 1
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Le Collier rouge
7/10 Une belle histoire où se mêlent Première Guerre mondiale, amour et une amitié si particulière entre un soldat et un chien. L'ensemble est vraiment bien écrit et le ressort concernant l'animal est joliment trouvé.
04/01/2016 à 18:18
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Langue de fer
9/10 Claire a tout pour être la plus heureuse des femmes. Marc, un vétérinaire, un mari aimant, parfait dans tous les domaines. Et c’est justement cette perfection qui oppresse Claire au point de vouloir le tuer. Elle a préparé son plan, est prête à l’exécuter. Mais il va peut-être lui falloir une aide extérieure, un tueur à gages, ou un complice. Les prétendants se multiplient alors, au même rythme que les impasses et les ennuis…
Pierre Grundmann n’est assurément pas l’auteur auquel on pense immédiatement lorsque l’on évoque les romans noirs, du fait notamment d’une bibliographie peu étoffée. Pourtant, à lire cet ouvrage, on pourrait aisément penser que l’homme n’en est pas à son coup d’essai. On retrouve en effet dans ce livre tous les éléments caractéristiques, dont le personnage de femme fatale, au physique de rêve et parée à toutes les manigances. Pourtant, l’écrivain sait se dégager de ce poncif pour créer un univers très particulier. Claire n’est pas machiavélique ni d’une intelligence rare, c’est une dame lambda, étouffée par le carcan des noces, et déterminée à briser les chaînes maritales. Un joli portrait de femme, tout en finesse et en clair(e)-obscur, d’où naît une figure dont les lecteurs se souviendront longtemps. Dans sa quête du meurtre parfait, elle va croiser des personnages interlopes, mus par le désir d’argent ou de chair. Un policier lubrique et retors, un dépanneur de voitures particulièrement angoissant, une femme de ménage plus rouée qu’il n’y paraît, un soi-disant combattant… Autant d’individus qui pensent, à leur guise, pouvoir manipuler ou se servir de Claire. C’est une des immenses points forts de cet ouvrage : Pierre Grundmann ne joue jamais des effets faciles, des épisodes téléphonés ou des clichés du genre ; il parvient même à se jouer des codes, jusqu’au final, pour croquer une compagne décidément aussi insoumise que dangereuse, à la fois opiniâtre et fragile, dont les ultimes lignes du livre confirment, paradoxalement, son immense humanité.
Un roman d’une grande noirceur, dont l’opacité se double d’une réflexion pointue sur la place des femmes dans la société. Un récit tragiquement humain et crédible, sans lyrisme malvenu ni niaiserie douteuse, qui emporte le lecteur de la première à la dernière page de cette sanglante tragédie.24/12/2015 à 08:57 6
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Crime Tattoo
9/10 Antoine a à peine le temps de courir après une jeune femme ayant oublié son portable dans l’atelier de tatouage de son père que le cours du temps s’emballe. La dénommée Pauline est enlevée par des inconnus et une bombe souffle la boutique, causant la mort du tatoueur. A peine arrivé à l’hôpital, Antoine découvre que des individus en veulent à sa vie.
De Christophe Miraucourt, on connaît déjà les bons Ce que je n'aurais pas dû voir et Surgi du passé. Avec ce troisième opus paru chez Rageot, il poursuit sa route dans la littérature policière pour les jeunes. « Il poursuit sa route » ? Doux euphémisme, car ce Crime Tattoo est assurément son meilleur ouvrage. L’écriture est devenue encore plus tendue et nerveuse, les scènes d’action et rebondissements palpitent au gré des quelque cent-cinquante pages du livre. Pas un seul temps mort. Un remarquable cocktail de suspense et de fièvre, au dosage millimétré, pour un rendu vraiment enthousiasmant, au point que Christophe Miraucourt pourrait largement en apprendre à certains écrivains pour adultes. Tous les éléments sont là : le complot, la traque, des personnages tantôt attachants (Antoine et Pauline) tantôt inquiétants (les deux sbires lancés sur leur trace, le Balafré et Mister Stéroïde), des moments particulièrement visuels et une intrigue savamment élaborée et novatrice où s’enchevêtrent techniques de tatouage et nanotechnologies. Si l’on voulait vraiment faire la fine bouche, on pourrait éventuellement reprocher à l’auteur le coup du lien psychique entre le père et le fils établi par les tatouages siamois, peu crédible certes mais qui donne surtout lieu à quelques raccourcis scénaristiques un peu inutiles. Mais l’on se montre d’autant plus exigeant que le plat présenté est réussi.
Avec ce roman vif et excitant, Christophe Miraucourt devient indéniablement l’un des jeunes auteurs de romans policiers pour la jeunesse les plus intéressants.24/12/2015 à 08:54
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Haumont 14-16 : L'or et la boue
7/10 Un roman très habile et prenant, conjuguant une plongée joliment documentée sur le front de la Première Guerre mondiale et une chasse au trésor. De bien jolies réflexions quant à l’amitié, le bellicisme acharné, et un témoignage, certes fictif, sur les horreurs du front.
24/12/2015 à 08:50
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Le Feu au lac
5/10 Une histoire bien écrite et menée, une forme de routine chez Jean-Hugues Oppel à laquelle on s’habitue bien volontiers. Néanmoins, je n’ai pas particulièrement accroché aux personnages, et l’histoire m’a semblé très prévisible. J’imagine que les jeunes auxquels s’adresse ce roman n’auront pas ce sentiment. Demeure une plume alerte et tendue qui emmène sans souci le lecteur jusqu’aux dernières pages.
24/12/2015 à 08:49
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La Tour de la Terreur
6/10 Comme d’habitude, une réelle technique chez R.L. Stine pour tenir en haleine et maintenir – même artificiellement – le suspense. S’il a choisi la carte de l’originalité pour son intrigue, cette histoire est à mon sens trop alambiquée pour réellement plaire aux jeunes lecteurs.
24/12/2015 à 08:48
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Mr Nobody Tome 1
9/10 Beaucoup de questions encore en suspens à la fin de cet opus, j’essaierai de lire les deux suivants. Un manga d’une rare noirceur, au propre comme au figuré, avec une intrigue âpre et violente. Un régal !
24/12/2015 à 08:46
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La Route sanglante du jardinier Blott
9/10 En apparence, ce n’est pas de la littérature policière. Néanmoins, son sujet, sa structure et son traitement me poussent à intégrer cet ouvrage à la base. Un humour sacrément corrosif, très british dans l’ambiance, avec de savoureux instants et une pléiade de personnages caustiques. Au programme : un jardinier au passé réinventé, une châtelaine grassouillette désespérée par l’inactivité sexuelle de son homme, un haut fonctionnaire dépassé par la tâche qui lui revient dans la construction d’une autoroute, et tant d’autres. Des moments mémorables, comme ces animaux sauvages lâchés sur le domaine, quelques séances sadomasos, Blott qui repousse avec succès les assauts d’hommes armés, des séries de jambes en l’air qui tournent au fiasco… Une bien belle tranche de pure poilade arrimée à une intrigue solide et complètement allumée. Je serai probablement au rendez-vous d’autres romans de Tom Sharpe.
05/12/2015 à 11:32 1
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Tu n'as jamais été vraiment là
9/10 Joe est une armoire à glace. On pourrait même dire avec plusieurs glaces tant il a su galvaniser sa carrure par des exercices physiques quotidiens. Ancien Marine, ex-agent du FBI, il travaille désormais pour McCleary, autrefois policier, pour des coups de force. Récemment, c’est le sénateur Votto qui vient de lui demander de retrouver sa jeune fille, retenue prisonnière par des hommes qui abusent d’elle. Sur le papier, rien d’impossible pour Joe. Mais dans les faits, il arrive que l’imprévisible se produise…
Quatre-vingt-trois pages, pas une de plus. Une nouvelle ? Pas vraiment. Plutôt un très court ouvrage. Trop court ? Non. Parce qu’en si peu de mots, Jonathan Ames rend son récit encore plus électrique. Un roman de prime abord assez simpliste : le malabar au passé trouble, la mission périlleuse qui exige en priorité ses muscles, la trahison et le carnage final. Mais l’auteur se joue avec maestria de ces codes. Joe est un personnage bien plus complexe. Il a vécu dans le cauchemar d’un père violent et alcoolique. Il vit désormais avec sa mère qu’il vénère et dont il sait qu’elle ne va pas tarder à sombrer dans une sénilité grandissante. Il a quitté les rangs du FBI après avoir ouvert les portes d’un camion où sont mortes étouffées une trentaine de travailleuses chinoises. Cette expérience traumatisante a même remodelé son rapport aux femmes. Il est désormais un remarquable outil de violence, particulièrement malin et sagace, aussi solitaire que capable de ressentir de puissantes amitiés. Ce livre est également un extraordinaire moment d’action, acéré comme il n’est guère permis, où résonne le fracas des armes contondantes (avec une prédilection pour le marteau) et des corps que l’on abat. Se côtoient dans cet opus des politiciens véreux, des mafieux et des policiers corrompus – qui poussent le vice jusqu’à commettre leurs méfaits habillés de leurs uniformes. Ultime coup de massue : les deux dernières pages, où Joe reconstitue l’historique de cette affaire, avec une haute teneur en abjection.
Un thriller d’une rare densité, noir comme les ténèbres qui hantent autant l’esprit de Joe que celui du commanditaire de l’affaire. Un verre minuscule contenant un alcool d’une exceptionnelle virulence et dont on sent la morsure à chaque étape de son passage, du palais aux tripes.05/12/2015 à 11:28 2
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La Mort de Clara
6/10 Thierry Mellec mène une vie somme toute banale. Scénariste, il vivote en attendant un contrat singulier, comme d’autres espèrent la vague mythique. Divorcé, il ne voit plus sa fille que par intermittence. Quant à son caractère, il est on ne peut guère plus pusillanime. Pourtant, c’est lui qui croise le chemin de l’homme qui vient d’assassiner Clara, sa voisine. Hors de question pour un homme tel que lui de jouer le héros : il va plutôt jouer la fuite, quitte à aller se cacher dans la jupe d’Hélène Billard, la belle inspectrice.
De Thierry Bourcy, on connaît principalement sa série consacrée à Célestin Louise, aussi est-ce avec beaucoup de curiosité que l’on approche cet ouvrage. Le ton y est résolument espiègle et farceur. Thierry Mellec est un personnage hautement sympathique, complètement débordé par l’ampleur de ce qui lui arrive, et qui n’a, en aucune manière, envie de jouer le surhomme. Durant tout le livre, il va fuir ce mystérieux meurtrier tout en cherchant, à sa façon, de comprendre ses motivations. Il est très amusant de le voir constituer un piège sonore avec quelques chaises empilées au cas où on viendrait l’agresser chez lui, lancer sur un adversaire une lampe avant que celle-ci ne retombe lamentablement au sol car retenue par le fil électrique. A mille lieues de ce que l’on peut lire, Thierry Bourcy compose un protagoniste auprès duquel on se sent bien et qui fait sourire. Parallèlement, l’intrigue n’est vraiment pas étonnante ni très solide. Les digressions affluent et les dernières pages, révélant la teneur réelle du crime, ne resteront probablement pas dans les annales.
Thierry Bourcy ne révolutionnera pas le genre ni ne remuera les tripes des lecteurs avec ce roman. Il a voulu signer une œuvre différente, qui peut même – suprême paradoxe – surprendre par son absence d’envie de surprendre. Et c’est au milieu de cette histoire plane et plaisante que se dresse cet attachant Mellec, parfois si empoté que l’on a envie de le baffer, et qui renvoie le liseur à sa condition d’être fragile et faillible avec d’autant plus de force.05/12/2015 à 11:26 2
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Horreur au magasin Lépouvanteur
6/10 J'ai retrouvé le style et l'univers typique de l'auteur dans cet opus. Une histoire bien agréable à lire, avec une entame quant à la genèse du personnage malfaisant réussie. Une histoire de chasse à l'homme prenante, des personnages réunis intelligemment dans ce dernier ouvrage de la série "Horrorland".
05/12/2015 à 11:25