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La chambre des âmes
8/10 Fin des années 1950. Le psychiatre James Richardson accepte un poste dans un hôpital au fin fond du Suffolk, le poste étant vacant depuis le départ précipité de son prédécesseur. Son tuteur, le médecin Maitland, a conçu un projet expérimental : pour les soigner, il a plongé des patients dans une narcose prolongée, c’est-à-dire un sommeil chimique, celui-ci durant plusieurs semaines voire des mois. Richardson ne va pas tarder à se rendre compte que des phénomènes étranges surgissent dans cette mystérieuse salle.
Franck Tallis avait déjà charmé ses fans avec sa série consacrée à Max Liebermann, et il nous revient avec cet ouvrage original. D’entrée de jeu, sa plume séduit : de manière subtile et intelligente, il fait flotter avec un talent rare un voile de terreur sur cette contrée isolée ainsi que sur ce mystérieux asile. Un stylo qui chute, un murmure dans un couloir, une alliance qui réapparaît subitement : le moindre événement anodin devient, par la magie de son écriture, un délicieux moment de suspense voire d’effroi. Le lecteur aura droit à des scènes fortes, comme la découverte de Chapman, l’un des aliénés, terrassé par un mal inconnu, ou encore ces moments passés auprès des endormis où l’ésotérique s’allie à un puissant suspense. Le lecteur, au même titre que Richardson, doute, frissonne, tente de se raisonner, puis ploie sous l’énigmatique chape qui trône sur ce projet médical. En auteur espiègle et maître dans l’art de la diversion, Franck Tallis désoriente, offre des pistes de résolution, fait surgir le paranormal, avant que ne tombent les ultimes pages, surprenantes et obligeant à repenser l’ensemble du roman.
A la manière de Dennis Lehane et son fameux Shutter Island, voilà un ouvrage saisissant qui fait plonger dans les arcanes de la psychiatrie et où tout se dénoue dans un épilogue remarquable. Une réussite totale.01/04/2015 à 17:38 1
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Fer-de-Lance
7/10 Une affaire qui commence de manière assez classique : un ouvrier, Carlo Maffei, a disparu. L’enquête se dirige ensuite vers la mort présumée accidentelle d’un président d’université lors d’une banale partie de golf. Mais ce qui est bien moins banal, c’est la tournure que va prendre l’investigation, d’autant que le limier n’est autre que Nero Wolfe.
Il s’agit du premier ouvrage de la série consacrée à Nero Wolfe et datant de 1934. Assurément, c’est une lecture intéressante. L’intrigue est assez bien menée, va prendre des tournants inattendus, et s’orienter vers une piste que l’on ne pouvait guère soupçonner. Cependant, certains lecteurs pourront déplorer des temps morts ainsi que des atermoiements où l’aspect policier passe au second plan. De même, le titre ainsi que la couverture se révèlent bien trop informatifs.
Mais ce qui rend ce roman frappant, c’est la découverte de Nero Wolfe, personnage atypique. Dandy obèse, avare et beau parleur, brillant dans ses déductions et parfaitement asocial, impénitent buveur de bière qui estime qu’il faudrait vraiment qu’il se limite à cinq litres par jour, féru d’orchidées. Il est physiquement si imposant qu’il ne sort pas de chez lui, laisse son homme de main Archie Goodwin – narrateur de l’histoire – et passe de longs moments, immobile et silencieux, à résoudre mentalement l’imbroglio.
Voilà un livre charmant, désuet dans tout ce que cela peut avoir de positif, qui permet de faire la rencontre avec Wolfe, indéniablement moins lisse et fade que les autres grands enquêteurs de la littérature policière.01/04/2015 à 17:28
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Deadline à Ouessant
7/10 Luc Mandoline, alias l’Embaumeur, arrive sur l’île d’Ouessant où vient de disparaître en mer un ami. Sur place, la situation tourne rapidement au chaos : une bagarre entre deux personnes âgées et l’une d'entre elles décède, un mystérieux rôdeur dans un cimetière, le cadavre d’une femme découvert dans une barrique. L’Embaumeur se met alors à enquêter sans savoir que cette piste va le mener à un secret datant de la Seconde Guerre mondiale.
Il s’agit du quatrième ouvrage de la série consacrée à Luc Mandoline, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il débute sur les chapeaux de roues. Le suspense se marie habilement à une atmosphère de suspicion et de secret. Stéphane Pajot restitue agréablement le décor et l’envoûtement propre aux milieux insulaires et isolés, sans jamais tomber dans le piège du bavard guide touristique ou de la débauche de stériles anecdotes locales. Le récit est très intéressant, énergique et prenant, et une enquête de l’Embaumeur n’en serait dignement pas une sans humour. Et là, l’auteur y va franchement, se faisant au moins autant plaisir qu’à son lectorat. Jeux de mots, dialogues, situations cocasses : les zygomatiques n’ont pas le temps de prendre des pauses. En cela, l’ambiance rappelle beaucoup celle du Poulpe dont Stéphane Pajot a d’ailleurs récemment signé l’une des aventures, Aztèques freaks. La clef de l’énigme est également enthousiasmante et originale. A noter que dans cet épisode, ce sont aussi les proches de Luc, bien loin des terres ouessantines, qui auront fort à faire avec un étrange personnage que l’on retrouve lors d’un épilogue inattendu.
De l’action, de l’humour, du suspense, et une délicieuse touche historique. Un régal intégral qui confirme, s’il était encore besoin de le dire et l’écrire, tout le bien que l’on pense de cette série littéraire.18/03/2015 à 18:31
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Dans l'oeil du cyclope
8/10 1917. Grièvement blessé suite à ses nombreuses campagnes militaires, le colonel Louis Delamer, soldat versé dans le renseignement, se voit donner une mission épineuse : à Etaples, où se trouve un camp d’entraînement de soldats anglo-saxons, un cadavre horriblement mutilé a été retrouvé. L’homme, visiblement un militaire allemand, a été massacré, énucléé et un trou percé au beau milieu du front, le faisant ainsi ressembler à un cyclope. Pour les autorités, le contexte ainsi que le lieu sont sensibles : il faut mener l’enquête en toute discrétion. Louis Delamer ne se doute pas encore qu’il va croiser, au cours de son investigation, les services secrets de diverses nations ainsi qu’une étrange phalange de peintres.
La collection 14/18 chez l’éditeur Pôle Nord permet à des auteurs du Nord d’écrire des histoires en racontant, à leur manière, la Première Guerre mondiale. Pierre Saha, Claude Vasseur, Philippe Waret, Léo Lapointe ou Patrick S. Vast ont répondu à l’appel. Ici, c’est Jean-Christophe Macquet qui signe cet ouvrage. Assez court (environ deux-cent-vingt pages), il permet de connaître et cerner un épisode peu connu du conflit : soixante-mille militaires regroupés dans un casernement, soumis à la rudesse d’instructeurs tyranniques, au point qu’ils finiront par se révolter et pilleront le village jusqu’à l’intervention de troupes d’élite retirées du front par l’état-major pour maîtriser les insurgés. A partir de cet événement, Jean-Christophe Macquet a tissé une intrigue dense et soutenue, sans le moindre temps mort, où les fausses pistes se multiplient : espions, prostituées sur la voie de la vengeance, des artistes réunis par un terrible et douloureux passé, une légende ancestrale, etc. Pourtant, malgré les nombreux personnages ainsi que les fourmillantes voies de l’intrigue, tout est parfaitement maîtrisé. L’écrivain sait donner vie à ses créatures d’encre, avec une mention particulière pour Louis Delamer, soldat émérite et pourtant fragile, à la fois obstiné et brisé par les combats, que l’on peut également retrouver dans d’autres livres comme Le Sang de la gorgone ou Werewolf. Le cadre, tant historique que géographique, est retranscrit habilement, sans bavardages intempestifs ou érudition exubérante. Et le récit, quand il vient à s’éloigner de la grande Histoire pour être en partie résolu loin du conflit, n’en demeure pas moins intéressant et efficace.
Voilà un roman policier de grande tenue, riche en enseignements culturels, et mené avec autant de réussite que d’humanité par Jean-Christophe Macquet. L’auteur emprunte ce qu’il y a de meilleur aux littératures policière, historique et blanche pour cet opus tout en nuances. On a déjà hâte de lire les autres romans de cette collection.18/03/2015 à 18:30
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Ace Attorney Investigations tome 1
6/10 Deux intrigues sympathiques pour ce non moins sympathique manga, avec un cadavre retrouvé lors d’un bal costumé et un chanteur de rock tué non loin de la scène. Les traits sont agréables, l’humour bien présent avec un Dick Tektiv gaffeur et gamin à tel point que l’on a parfois envie de le baffer. Benjamin Hunter, en procureur perspicace, saura démêler le vrai du faux, avec flegme et raison. Un manga qui ne réinvente rien, ni du point de vue esthétique ou scénaristique, mais ça permet néanmoins de passer un bon moment.
18/03/2015 à 18:30
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La Volupté du billabong
7/10 Une histoire intéressante où le croisement des témoignages et des psychologies fera naître la vérité. Des personnages bien campés, crédibles, pour un récit qui oscille entre polar et drame découlant d’amours déçues. Une réussite.
18/03/2015 à 18:28 2
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La Lune dans le congélo
5/10 Un Poulpe original car se déroulant à New York. Une histoire avec une secte, des Coréens, des complots, mais pour moi, la sauce n’a jamais pris. Trop peu crédible (surtout que l’auteur n’y va jamais avec le dos de la cuiller), trop axé espionnage à mon goût. En fait, ce qui me dérange le plus, c’est l’absence d’orientation générale : on n’est jamais dans le noir ni dans le burlesque, d’où ce sentiment mitigé. Reste une langue sympathique et de jolies descriptions de la ville, ce qui reste insuffisant.
18/03/2015 à 18:28 1
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Une brume si légère
9/10 Une ambiance effrayante pour cette nouvelle particulièrement crédible, renvoyant à des interrogations très actuelles comme la misère, les marchands de sommeil et les milices. Une histoire d’amour en filigrane qui explose à la dernière page et trône au-dessus de ce récit définitivement réussi. Même si j’adore cette histoire, je suis plus réservé quant aux illustrations de Dominique Corbasson que je trouve bien trop légères puisqu’elle ne peint que très peu de décors, là où elle excelle habituellement selon moi.
08/03/2015 à 18:31 1
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Le serpent du camp Ython
4/10 Une histoire qui ne me marquera guère. On retrouve les ressorts habituels des histoires de l’écrivain, mais là, je les trouve un peu usés voire rouillés. A mon sens, à réserver aux fans de l’auteur.
08/03/2015 à 18:29
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Tango flamand
Jean-Christophe Chauzy, Marc Villard
3/10 Très déçu par cette nouvelle. Un emboîtement d’histoires, de psychologies ou de saynètes déjà vues maintes fois ailleurs, et, ici, jamais développées ni transfigurées, peut-être en raison de la concision du récit. Des passages invraisemblables : comment Jimi retrouve Tina, l’amitié tombée de nulle part entre Jimi et l’accordéoniste, la manière dont Francky se fait en partie avoir par la danseuse. Je reste sacrément sur ma faim avec cette bande dessinée.
08/03/2015 à 18:27
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Le Corbeau
7/10 Une intrigue prenante, avec une écriture enthousiasmante. C'est assez noir et bien mené.
08/03/2015 à 18:19 1
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L'Appel du Barge
4/10 Vraiment déçu par cet opus. Le croisement de deux figures, Gabriel Lecouvreur et Jeanne Debords était excitante. Mais le format trop court rend la rencontre elliptique, presque anecdotique. Le Poulpe va mal, la moitié du livre se passe dans des bars et se perd dans de grandes introspections mollassonnes. Quant au noeud de l'intrigue, il est assez simple, voire simpliste.
08/03/2015 à 18:17
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La Tour de l'immonde
6/10 Un petit Poulpe sans prétention mais bien mené, sur fond de trafics immobiliers et malversations entre investisseurs et milieux politiques. Rien n’est réinventé ni transfiguré dans cette histoire, mais le style de David Downie est agréable à lire et le cahier des charges rempli honnêtement.
25/02/2015 à 23:30 1
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Cannibales
9/10 Tout ce que j’adore dans la plume de Philip Le Roy : action, suspense et absence de temps morts. Énormément d’ingrédients en un seul si court récit (l’enlèvement, la traque, la peuplade cannibale, l’autre tribu, l’amour paternel, etc.), qui aurait pu conduire au brouet chez un autre auteur, mais avec un tel style, percutant et efficace, ça passe tout seul. Quant à la révélation finale, même si on pouvait s’attendre (craindre ?) quelque chose dans ce genre, c’est sacrément culotté.
25/02/2015 à 23:28 4
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Avec de l'ail et du beurre
7/10 Une histoire où l’humour alterne avec le suspense. Un très petit livre si facile à digérer et qui fait passer un bon et court moment.
25/02/2015 à 23:26
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Prophecy Tome 1
7/10 Un manga électrisant, sombre et prenant, dont ce premier volume permet de planter le décor et de comprendre l’émergence de « Paperboy » et ses motivations, ainsi que la création de son groupe. Je reste en revanche plus mitigé quant aux enquêteurs, à ce stade de la série bien fades et interchangeables.
25/02/2015 à 23:26 1
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Trois fêlés et un pendu
7/10 Comme d’habitude avec Jean-Hugues Oppel, une histoire joliment écrite et bien troussée. Un savoureux moment de suspense et d’humour pour les plus jeunes.
23/02/2015 à 23:05
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Robin au fond des bois
6/10 Un polar pour la jeunesse fort sympathique, à l’intrigue un peu maigrelette, et qui mise à fond sur la carte du suspense sans oublier une jolie touche d’humour. Sans être mémorable, ça permet de passer un agréable moment.
23/02/2015 à 23:04
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Opération "Maurice"
7/10 Une histoire très plaisante, bien écrite et avec une bonne dose d’humour, en plus d’aborder des thèmes comme le libre arbitre ou les conséquences de nos actes. D’autre part, l’intrigue concernant Noé et son « visiteur » est bien ficelée.
23/02/2015 à 23:03 1
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On a volé mon vélo !
6/10 Un récit bien gentil où la mise en valeur de l’amitié et la dénonciation du racisme prend le pas sur l’aspect policier. Du coup, les jeunes lecteurs amateurs de « véritable » littérature policière risquent d’être déçus.
23/02/2015 à 23:02