El Marco Modérateur

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  • Le Fils de Slappy

    R. L. Stine

    7/10 Jackson Stander et sa sœur Rachel sont diamétralement opposés : le premier est un enfant bien sage tandis que l’autre est une furie qui passe son temps à mentir. Leur mère décide un jour de les envoyer en vacances (forcées) chez leur grand-père qui habite dans un manoir aux allures de château hanté. Le vieil homme, qui vit avec Edgar, son chauffeur, est un collectionneur compulsif (depuis les flamants roses jusqu’aux mygales, en passant par les méduses et les nœuds coulants ayant servi à de véritables pendaisons). Mais il collectionne également les marionnettes, et il y en a d’ailleurs une dont il faut se méfier : Slappy, dont la légende raconte qu’elle aurait été « taillée dans le bois d’un cercueil par un méchant sorcier », et qui pourrait revenir à la vie à la faveur d’une incantation et jouer de terribles tours à son propriétaire. Mais est-ce réellement une légende ? De R. L. Stine, on connaît bien l’œuvre et les marottes littéraires : pitch mettant en œuvre des phénomènes paranormaux, des chapitres concis, un style sec, et un suspense qui se doit d’être constant de bout en bout. Ici, rien ne déroge à la règle avec ce pantin, capable de posséder son propriétaire, de lui faire dire et faire des horreurs, d’autant que ce Slappy a décidé que Jackson allait devenir son fiston (d’où le titre de l’opus). Une histoire sympathique et prenante, même si, tout du long, c’est surtout une litanie de vilénies et d’autres comportements inappropriés que Jackson fait, bien malgré lui, ce qui rend l’ensemble un poil monotone. Cependant, le final, avec le twist traditionnel, vient nettement réveiller l’ensemble ; une idée très bien trouvée, intelligente, et qui relève d’un coup l’intérêt de l’ensemble du livre.

    08/04/2021 à 08:25 1

  • Le Fou au flingue

    Michael Collins

    7/10 … ou les tribulations de Dan Fortune, détective manchot, dans une ville de New York gangrénée par le crime et bien décidé à résoudre le meurtre d’une belle et jeune vietnamienne en pleine rue. Il se frottera à de nombreux milieux interlopes, notamment en lien avec le trafic de drogue et la prostitution, notamment de gamines. Par ailleurs, ses pas le mèneront à affronter un être tout de rage et de rancœur, prêt à délivrer une vengeance meurtrière dans une affaire dont les racines naissent au Vietnam et ont commencé à développer leurs sombres souches lors de la guerre. Michael Collins a structuré un récit noir, nébuleux et dense, avec de multiples rebondissements à la clef, à peu près aussi abondants que les cadavres que l’on va trouver tout le long de ce Minnesota Strip qui est le titre original de cet ouvrage. Un ton sombre, avec très peu d’humour, pour une enquête prenante et terriblement efficace, n’abandonnant aucun temps mort. Un petit bémol concernant le héros, Dan Fortune, pour lequel je n’ai pas éprouvé d’empathie particulière ni d’attrait spécifique, mais peut-être est-ce parce que j’ai entamé la série sans prendre les opus par ordre, d’où ce sentiment de n’être probablement pas monté dans le wagon idoine pour comprendre ce personnage ou en apprécier la saveur. D’autre part, avec des mots simples, l’auteur a réussi à mettre en exergue la transformation d’un individu lambda, que rien ne prédestinait à cela, qui va devenir une Némésis forcenée, au point de devenir ce que d’aucuns appelleraient un terroriste, avec cet épilogue où apparaît clairement un ultime fait d’armes, comme la preuve définitive de sa métamorphose idéologique et armée.

    06/05/2018 à 18:16 3

  • Le Fou de Bergerac

    Georges Simenon

    7/10 … ou comment notre commissaire Maigret, par le plus grand des hasards, en vient à pourchasser l’inconnu avec lequel il partage un compartiment nuit dans un train, descendu au beau milieu du voyage et l’ayant blessé à l’épaule d’une balle. Notre policier va vite se rendre compte que la ville de Bergerac, en Dordogne, où il est hospitalisé puis logé à l’hôtel, connaît une vague de terreur suite à des meurtres perpétrés par un « fou ». Toujours, la magie opère. La plume de Georges Simenon est brillante, sèche, dans la retenue, et pourtant, flagrant paradoxe, cette austérité dans la forme exsude une profonde richesse dans le fond. Portraits au vitriol, fines déductions, psychologie pertinente, un véritable banquet littéraire. Pas mal d’éléments intéressants dans cette enquête, comme le rôle important de son épouse qui va grandement l’aider dans son investigation, en étant non seulement ses yeux, ses jambes et ses bras puisqu’il est alité, mais aussi par ses raisonnements et son bon sens. Jules Maigret va d’ailleurs déployer un large éventail d’attitudes, de la bonhommie à l’ironie en passant par l’exaspération voire la colère. En outre, Maigret comprendra tout en restant dans sa chambre d’hôpital puis d’hôtel, dans la tradition du « armchair detective », avec beaucoup de finesse, d’opiniâtreté et d’intelligence. Un récit daté (1932) avec quelques égarements parfois misogynes et antisémites (sur la tendresse plantaire des Juifs, même si Maigret s’en défend dans la foulée dans un ricanement allègre), mais dont le style ne m’a pas décontenancé. Une histoire complexe (un peu trop, même, à mes yeux, au point de la rendre un peu capillotractée), riche, remontant dans le passé, puisant même outre-Atlantique ses racines, avec un final très particulier quant à la démesure que peut entraîner l’amour fou. J’ai été également surpris, moi qui me souvenais de l’adaptation avec Bruno Cremer sous le titre « Le Fou de Sainte-Clothilde », parce que cette transposition télévisuelle est très lointaine du roman, au moins dans sa résolution et les motivations du tueur, mais peut-être est-ce que je me trompe, il faudra que je la revoie dès que possible afin de confirmer ou d’infirmer ce point. Au moins, comme dans « Maigret se trompe », cela m’a permis de ne pas m’attendre du tout à la solution dans la mesure où j’en avais une autre en tête. Bref, une nouvelle réussite pour Georges Simenon et son enquêteur fétiche.

    08/08/2019 à 08:45 3

  • Le Gang du serpent

    Hervé Jubert

    7/10 Après ses précédentes aventures relatées dans Les Voleurs de têtes, Billie Bird, jeune voleuse de son état, sait que son père est encore retenu prisonnier d’un gang mafieux si elle ne leur rapporte pas d’autres parties d’une fontaine mythique. Cependant, elle se rend compte qu’une énigmatique clé, remontant à l’Antiquité, ainsi qu’un mode d’emploi de la machine que tentent de reconstituer les ravisseurs de son père, peuvent être récupérés. Ni une ni deux, Billie reprend le chemin du cambriolage !

    Deuxième opus de la série Vagabonde, ce Gang du serpent ravira à coup sûr celles et ceux qui avaient apprécié le précédent ouvrage. On retrouve avec plaisir Billie Bird et son équipe : son chenapan de petit-frère, l’énigmatique et ravissant Octave, et le grand-père, de plus en plus victime d’Alzheimer. Si les scènes d’action échevelées sont moins nombreuses que par le passé, ce roman s’axe davantage sur les personnages et l’émotion. Hervé Jubert creuse les relations entre les divers protagonistes, notamment entre Billie et Octave, avec une amourette attendue à l’arrivée. Par ailleurs, le grand-père, surnommé le Capitaine, et sa maladie neurodégénérative, devient le centre des attentions du groupe, avec de nombreuses scènes poignantes où s’insère néanmoins un humour salvateur.
    Billie, au volant de sa fidèle Vagabonde, un combi Volkswagen antédiluvien, prend de nouveau la route à la recherche d’objets à dérober, et l’auteur fait montre d’un humour omniprésent, dans les dialogues comme dans les situations. Les exploits, même moins fourmillants, sont assurément réussis, et l’ouvrage s’achève sur un rebondissement qui donnera forcément aux lecteurs l’envie de se ruer sur le troisième et ultime écrit de la série.

    Indéniablement captivant, ce Gang du serpent constitue une habile passerelle entre le premier et le dernier ouvrage des romans consacrés à Vagabonde. La plume d’Hervé Jubert est efficace, et l’on attend avec impatience le futur ouvrage, à paraître en octobre.

    25/09/2012 à 18:44

  • Le glorieux plan quinquennal

    Garth Ennis, Darick Robertson

    7/10 Je retrouve avec plaisir cette esthétique si particulière, ce ton loufoque et souvent grossier, et ce pastiche si réussi de l’univers de nos superhéros qui se retrouvent ici après un saut en avion sur le sol russe pour y retrouver une vieille connaissance (et qui porte son costume de façon très particulière !). Du cul, des grivoiseries en pagaille, une intrigue qui n’a pas été délaissée pour autant, et quelques belles trouvailles visuelles (comme le coup du vibromasseur dans l’avion ou le massacre des superhéros sur l’air de « L’Hymne à la joie »). C’est impertinent et franchement insolent, alors j’en redemande !

    15/11/2023 à 13:45 1

  • Le Goût des Oiseaux

    Julia Wallis Martin

    7/10 Un bon polar psychologique, bien mené malgré quelques longueurs parfois et un petit manque de suspense quant à l'identité de l'assassin.

    12/01/2006 à 09:14

  • Le Grand Voyage

    Franck Thilliez

    7/10 Un polar qui se lit vite et bien. Tous les ingrédients sont réunis pour une angoisse savamment menée. Un petit regret : l’élément à l’origine de la panique est trop vite dévoilé, et la révélation quant à son identité aurait peut-être pu être conservée sous un voile de mystère plus longtemps.

    11/05/2014 à 18:51 2

  • Le Hameau des Purs

    Sonja Delzongle

    7/10 Mon premier Sonja Delzongle (si l’on excepte le recueil de nouvelles « Phobia » auquel elle a participé), et j’ai beaucoup aimé les deux premiers tiers. Une ambiance lourde, plombée, poisseuse, avec une langue qui m’a rappelé celle de Jean-Christophe Grangé par moments, en plus de l’histoire : une communauté proche de la secte, avec ses secrets, ses mystères, et ses problèmes de consanguinité. Une intrigue qui commence, d’entrée de jeu, par la découverte de sept corps carbonisés et sur lesquels enquête Audrey Grimaud, native du hameau, et dont le passé est intimement lié à cette étrange société dont les descriptions la rapprochent des Amish. Pas mal d’éléments et de pistes intéressants, qui ne demandent qu’à être suivis (le passé de la Seconde Guerre mondiale, les petits enfants juifs, le personnage de Léman dit « le Gars », les corbeaux, etc.), sans compter l’ombre sauvage de ce tueur en série, l’Empailleur, qui ouvre ses victimes, les délestent de leurs organes et les recoud à l’aide de fil de pêche. Mais il y a ce – double – final qui me laisse perplexe : c’est trop. « Un rebondissement, ça va, mais deux, bonjour les dégâts ». Leur juxtaposition, si directe, si rapide, et à mes yeux pas nécessaire, me laisse un curieux arrière-goût en bouche. L’écrivaine n’a-t-elle pas su (ou voulu) trancher entre ces deux possibilités au point de nous en gratifier ? J’ai donc trouvé dommage cette presque superposition ultime, pas vitale, même si j’ai beaucoup apprécié cet ouvrage pour son atmosphère délétère et suffocante. J’essaierai de lire d’autres romans de Sonja Delzongle, parce que sa plume et son imagination, en revanche, m’ont largement convaincu.

    05/03/2021 à 08:24 4

  • Le Jardin des guerriers, première partie

    Serge Brussolo

    7/10 … ou comment Vickie, notre décoratrice spécialisée dans l’ornement de lieux extrêmes, en vient par l’entremise de sa psychologue Zoey Walden, à s’occuper d’un lieu, « L’Arche », où un paquet d’enfants surdoués sont regroupés sous la férule d’Hoobard Glooster, afin de préparer un éventuel cataclysme et pourvoir à la refondation de l’humanité. Accompagnées de deux orphelins, les deux femmes vont vite comprendre que ce bunker est encore plus torve que prévu. Tout Brussolo est là : la langue, la prolificité, l’imagination, les personnages déstructurés, et l’intrigue haletante. Néanmoins, le début m’a un peu déçu : le coup des gosses rassemblés sous la tutelle d’un drôle de zèbre aux allures de gourou, on connaît déjà. Néanmoins, la suite, avec Joan DeBregan et sa curieuse propriété dans le Maine, où elle dresse des mômes à rejouer la bataille de Gettysburg afin de prouver que son père avait raison de défendre la conduite de Longstreet, permet de surprendre le lecteur autant de que redonner un coup de fouet et des couleurs à l’histoire. Bref, un départ assez frustrant par rapport à la très haute estime que j’ai pour cet écrivain, mais que la suite contrebalance habilement.

    22/07/2023 à 08:39 2

  • Le Jour de la citrouille

    Jean-Michel Darlot, Johan Pilet

    7/10 Une BD très agréable à lire, mêlant suspense, ambiance ténébreuse et un léger humour. L’intrigue tient la route et les dessins sont fort sympathiques. Un léger bémol en ce qui me concerne : les personnages agissant au sein du cirque ne sont pas assez développés, alors qu’il y a nettement de la matière. Mais ça sera peut-être le cas dans les prochains opus.

    20/08/2014 à 15:27

  • Le Label N

    Jess Kaan

    7/10 Une voiture conduite par la dénommée « Blondasse » croise la route d’une biche. Mort au tournant. Accident tragique. Appelé sur place, Luc Mandoline, également connu sous le sobriquet de « l’Embaumeur », est chargé de redonner aux morts une allure acceptable. Quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il découvre que la défunte est en réalité… un honnête père de famille ! Il ne s’agit que du premier d’une longue liste de rebondissements qui vont mener l’enquêteur sur les pas d’un homme à l’identité mystérieuse, surnommé le Maître.

    Sixième opus de la série consacrée à l’Embaumeur, ce roman a été confié à Jess Kaan. On y retrouve les ingrédients qui séduisent et que l’on se plaît à retrouver : un héros pugnace, un scénario original, et une réelle liberté de ton. Derrière la plume, l’auteur remplit amplement le cahier des charges de la saga tout en y instillant des éléments bien personnels. L’univers du Nord de la France est ainsi rendu avec justesse et sobriété. D’ailleurs, par rapport à d’autres ouvrages, celui-ci se montre plus sombre et féroce, avec à la clef bien moins d’humour potache, même si certains dialogues et scènes, fort bien sentis, sont jubilatoires.
    L’histoire est très agréable à suivre, avec un bon nombre de retournements de situation. Jess Kaan a su imaginer et ériger une intrigue solide, prenante autant que parfois éprouvante, sans jamais tomber dans les effets faciles. Et même quand la limite du bon goût est atteinte, c’est avec un plaisir certain, presque coupable, que l’on traverse cette démarcation. Un seul bémol est finalement à apporter à ce Label N : les motivations profondes du Maître ne sont peut-être pas assez explicitées, ce qui aurait nécessité une volée supplémentaires de pages explicatives.

    À la fois fort des contraintes littéraires imposées par l’immixtion dans cette série que des particularismes salutaires apportés par les divers contributeurs, l’Embaumeur ne cesse d’enchanter et de se réinventer, au même titre que le cortège d’enquêtes du Poulpe. Dans le cas de ce roman, un très agréable exercice de style doublé d’une lecture décomplexée et séduisante. Yes, he Kaan !

    26/03/2014 à 18:01

  • Le Locataire

    Georges Simenon

    7/10 … ou comment Elie Nagéar, trentenaire professionnellement raté et au physique médiocre, en vient à se cacher dans la pension tenue par la mère de sa compagne, à Charleroi, après avoir tué un commerçant et volé son pécule. On retrouve la plume si particulière du génialissime auteur belge, Georges Simenon, avec tout ce qu’elle véhicule : rongée jusqu’à l’os, et ne conservant que cette substantifique moelle qui caractérise son style épuré. Ici, c’est Elie qui retient l’attention : esthétiquement passable, toujours couvert de sueur, capable d’être démonté par un simple torticolis et en proie à des crises de déprime au point de geindre comme un enfant, il a manqué un contrat juteux ayant trait à des tapis, et a été pris d’une folie meurtrière en massacrant avec pas loin d’une vingtaine de coups avec une clef anglaise sa proie. Une série de paradoxes émotionnels et psychologiques, comme quoi l’écrivain est doué pour dépeindre avec simplicité des âmes et situations que ne le sont pas. L’ambiance est toujours aussi pesante et lourde de suspicions, notamment dans la pension, avec quelques trahisons à la clef, jusqu’à l’épilogue, intéressant. Néanmoins, après avoir lu pas mal d’ouvrages du grand monsieur, j’ai trouvé celui-ci un peu moins prenant, symbolique, mémorable : il manque un je ne sais quoi dans l’histoire ou la peinture morale des autres protagonistes pour rester définitivement gravé dans mon esprit. Une bonne lecture néanmoins, pour cet écrivain qui demeure l’un de mes préférés.

    17/07/2020 à 08:29

  • Le Maître de Chaource

    Jean-Paul Fosset

    7/10 Au Moyen Âge, un artiste établi à Troyes, surnommé « le Maître de Chaource », est un tailleur de pierre réputé. Néanmoins, d'étranges signes s'amoncellent autour de lui, de sa famille et de ses proches : rumeurs, menaces, puis agressions physiques. À l'origine de ces dangers naissants, un individu appelé Mondé, vêtu comme un homme d'église. Plusieurs siècles plus tard, un homme encapuchonné s'en prend aux œuvres du Maître de Chaource. Le commissaire d'Artagnac et son équipe enquêtent ; ils ignorent encore que les dégradations ne sont pas les seuls méfaits de leur mystérieux agresseur.

    Premier ouvrage de Jean-Paul Fosset à être publié chez Ravet-Anceau, ce Maître de Chaource bénéficie d'une intrigue originale, où art et histoire se mêlent de sang. La langue est belle, très poétique, et ce récit court se lit d'une traite. Les chapitres alternent entre le XVIe siècle, l'époque contemporaine, et les propos de l'artiste, observant les policiers depuis les cieux. Il est d'ailleurs important de noter que le lapicide fut un personnage réel, à propos duquel les informations manquent malgré la qualité de ses œuvres (cf. cet article de Wikipédia). Indéniablement, Jean-Paul Fosset sait donner vie à ses personnages, notamment l'équipe du commissaire, composée de joyeux drilles, des protagonistes épicés et au verbe fleuri que ne renierait pas Fred Vargas. L'intrigue est également intéressante et se laisse lire avec plaisir, le suspense relayant des descriptions très crédibles des lieux et époques évoqués. Au milieu de toutes ces qualités littéraires qui donneront envie de lire d'autres ouvrages de Jean-Paul Fosset, on regrettera cependant quelques passages répétitifs, notamment lors des intimidations contre l'artiste, et une histoire qui aurait peut-être pu s'enrichir de quelques rebondissements.

    Le Maître de Chaource constitue un opus brillant et délicieux qui évite les poncifs du complot religieux. Ici, point de récit à la Dan Brown ou Steve Berry : on demeure dans le crédible, à mille lieues des productions anglo-saxonnes du moment. Malgré, peut-être, quelques menues faiblesses, on ne peut que louer les aptitudes de l'auteur et espérer d'autres écrits de sa part.

    17/10/2011 à 17:15

  • Le maître des couteaux

    Bruno Gazzotti, Fabien Vehlmann

    7/10 Toujours beaucoup de réussite dans le graphisme, à la fois bon enfant et dynamique, et le côté gentiment puéril de Terry (notamment avec ses chambres mises en scène selon des thèmes et les histoires qu’il se raconte) me plaît, tandis que le passé de Dodji se révèle avec pas mal de tact et d’humanité, avec une touche d’humour bienvenue (la scène au cinéma, avec un film visiblement un peu olé-olé). Et pour une fois que nos gamins (plus exactement, Dodji) toment sur un adulte, il faut que ça soit un psychopathe amateur d’armes blanches (enfin, la fin de ce volume apporte pas mal de nuances à ce sujet). A défaut d’être ébahi ou surpris, je me laisse gentiment prendre au jeu de cette bande dessinée plaisante et enjouée.

    01/08/2019 à 08:51 2

  • Le Maître des encens

    Jean-François Di Giorgio, Vax

    7/10 Une jeune et jolie bretteuse, Yukio, arrive sur l’île où s’entraîne durement notre jeune Takeo. Et voilà qu’une Tsuhiganô – une créature ressemblant à une araignée géante croisée avec un ver et crachant du feu – déboule à son tour. L’action se concentre autour du combat contre le monstre tandis que le maître des encens – qui donne son titre à cette BD – nous révèlera un sombre pan du passé de Yukio. L’événement final la concernant scellera d’ailleurs les motivations et la destinée de notre apprenti samouraï. Toujours aussi dynamique, enthousiasmant et bon.

    19/03/2023 à 19:36 3

  • Le Maître des montagnes

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    7/10 Thorgal découvre un inconnu dans la montagne qui joue de la trompette, au point de le tuer à cause des avalanches provoquées. Recueilli par Torric, ils se retrouvent tous les deux le lendemain matin comme téléportés en un lien très différent, dans une ferme où vit une jeune femme fort accorte, Vlana. Des voyages spatio-temporels, de la magie, et une intrigue qui diffère radicalement de celles que l’on trouve dans les autres opus (pour le moment) dans la série, pour une lecture très distrayante et efficace.

    25/07/2021 à 08:26 2

  • Le Maître du haut château

    Philip K. Dick

    7/10 Je ne découvre que maintenant cette œuvre de Philip K. Dick. Si l’histoire est très originale, avec cette uchronie concernant la Seconde Guerre mondiale, l’usage du Yi-King et autres trouvailles de l’auteur, je reste plus sceptique quant aux parties du récit relatives aux trafics d’objet d’art, ainsi que les rapports entre nazis et Japonais. J’aurais préféré une histoire plus resserrée autour du voyage et de la rencontre avec Hawthorne Abendsen par Juliana, ou encore autour des rivalités entre les deux blocs ayant gagné le conflit. Néanmoins, malgré son demi-siècle et une approche parfois baroque du sujet, il n’en demeure pas moins que ce roman détonnant conserve encore à mes humbles yeux une puissance littéraire doublée d’un formidable objet d’interrogations.

    26/07/2016 à 08:39 3

  • Le Mal bleu

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    7/10 Après avoir quitté la contrée d’Arachnéa puis la leur, Thorgal et les siens découvrent un bateau et un corps sous une bâche. Le cadavre est très décomposé et bleuté, et Jolan se fait mordre par un rat. Ils sont sauvés d’une tribu par Zarkaj, héritier du trône de Zhar. Jolan et Aaricia commencent à leur tour à se colorer de bleu, et Zarkaj leur apprend que rôde un mystérieux « mal bleu ». Une belle variation sur le thème de la lèpre et de ses malheureux pestiférés, une aile volante tout droit sortie d’un plan de Léonard de Vinci, pour une histoire chouette et prenante en partie racontée à travers les yeux de Jolan.

    10/10/2021 à 16:22 1

  • Le Manoir aux secrets

    Camille Brissot

    7/10 Pepper et Armand sont de fidèles camarades. Pepper est une jeune fille bagarreuse et courageuse. Quand à Armand, frêle et timide, il peut, à volonté, se métamorphoser en araignée. Un peu par défi, tous les deux se rendent dans un manoir possédé par Misma Mesmer, une vieille femme sur laquelle plane de nombreuses rumeurs. C’est à peu près au même moment que surviennent des séries de cambriolages dans toute la ville…

    Même si Camille Brissot a déjà écrit par le passé, il s’agit ici de son premier roman policier. Il s’intègre d’ailleurs parfaitement dans la collection Heure noire. Le style y est vif et espiègle, et l’on prend un réel plaisir à sillonner ces mots. Pepper et Armand sont particulièrement sympathiques et attachants, et leur acolyte lors de cette aventure et enquête, Miranda, constitue un bon contrepoids. Au même titre, Misma Mesmer est un personnage singulier, qui réserve moult surprises, et au caractère bien trempé. L’histoire est bien imaginée et construite, et l’on parvient à l’épilogue sans avoir vu passer les pages. Finalement, cet opus aurait pu se montrer assez classique si Camille Brissot n’y avait pas ajouté cet élément surnaturel qu’est la transformation d’Armand en araignée. Cette métamorphose arrive dès les premières pages du roman et n’est finalement jamais expliquée (cependant, était-il possible de l’être ?). Les lecteurs disposent, certes de l’épilogue pour obtenir une piste d’élucidation, mais peut-être certains d’entre eux trouveront-ils ce passage un peu tardif, léger, voire saugrenu pour éclairer ce phénomène.

    Un bon petit polar pour la jeunesse, alerte et efficace, avec une histoire de métamorphe qui pourra éventuellement diviser, mais n’en demeure pas moins intéressante.

    04/05/2016 à 22:08 1

  • Le Manoir de l'écureuil, deuxième partie

    Serge Brussolo

    7/10 Suite et fin de ce diptyque, de la série « Agence 13 », consacrée à l’écrivaine Savannah Warlock, et qui débute par la lecture de ce journal intime rédigé par la mère de Mickie, Anne. On y découvre, avec force détails, un sacré pan de la vie d’Anne, de cette curieuse relation qu’elle va nouer avec la romancière, et comment ce duo a lentement basculé dans l’aliénation avant de déboucher sur le sort, plus précisément, de l’écrivaine. Serge Brussolo épate toujours autant avec le foisonnement de son imagination même, comme je l’avais signalé pour le tome précédent, il ne cède pas aux sirènes du débordement de ses innovations littéraires et scénaristiques, ce qui sert ici le récit. Nous avons donc une histoire moins clivante et fantasmagorique que d’autres, même si certains passages sont sacrément électriques (je pense notamment à ce fameux « jardin d’hiver » qui donne le titre alternatif de cette œuvre, à savoir cet endroit où les jeunes enfants étaient dressés pour devenir de redoutables tueurs primitifs sous la tutelle de Tsar Makorius). Bref, probablement pas le plus réussi des ouvrages de Serge Brussolo ni le plus représentatif d’entre eux, mais il n’en demeure pas moins une porte d’entrée intéressante sur sa bibliographie en plus de constituer un thriller réussi et très agréable à lire.

    15/04/2023 à 08:00 3