El Marco Modérateur

3575 votes

  • Carnage

    Gregorio Harriet, Alex Macho

    6/10 On a définitivement basculé dans le dur avec ce deuxième et dernier tome, et ça commence avec un homme qui se fait prendre à son propre piège – photographique – par le tigre. Du coup, le récit devient plus nerveux mais aussi beaucoup plus classique et les clichés affluent : la scène du chalet poussé par la bête et qui glisse le long des skis, et les occupants qui s’en sortent sans une égratignure, le prédateur qui survit à l’explosion et au brasier, son arrivée opportune pour s’en prendre au mafieux, etc. Bref, c’est certes divertissant mais ça ne se démarque vraiment pas des autres œuvres mettant en scène une bête sauvage.

    hier à 17:08 1

  • Taïga de sang

    Gregorio Harriet, Alex Macho

    7/10 Extrême-Orient russe, janvier 2019 : ça déforeste à tour de bras alors que trois naturalistes arrivent par avion pour tourner un documentaire. Sous prétexte de tourner leur film, ils veulent en réalité apporter un éclairage cinglant sur ce désastre écologique, ce qui ne va pas plaire aux trafiquants locaux, d’autant qu’un tigre va apparaître.
    Des dessins très réussis et une portée environnementale vertueuse et bienvenue, mais je trouve un peu préjudiciable que le récit hésite sans cesse entre tous les genres : lanceur d’alerte, aventures, un brin nerveux quand le tigre intervient – mais il faut attendre la moitié de l’ouvrage pour ça. Et puis, franchement, le coup de l’animal qui grimpe sur le toit du véhicule ou qui tranche des têtes…

    hier à 08:05 1

  • Celle qu'il a emportée

    Blake Pierce

    6/10 Adam Riker s’est échappé de l’institut psychiatrique où il était retenu. Ce psychopathe manipulateur a manœuvré un des gardiens pour s’évader, et c’est tout naturellement que le FBI, en l’occurrence l’agent Christopher Marriott, fait appel à la jeune Paige King pour remettre la main sur ce prédateur. Celle-ci a longtemps conversé avec le monstre pour conclure sa thèse et c’est probablement elle qui le connaît le mieux. Mais Riker a certainement un projet très complet de ce qu’il veut accomplir maintenant qu’il est libre, quitte à aller fourgonner dans les relations de Paige.
    On retrouve ici un canevas classique, au début proche de celui du « Silence des agneaux », mais Blake Pierce a eu l’intelligence d’aller au-delà de ce pitch très convenu en se documentant pas mal sur le sujet (les références à l’asphyxie positionnelle, au modèle neurobiologique de Gray ou encore à la règle de Betteridge viennent étayer adroitement ses propos). Après, le schéma est certes traditionnel voire attendu, mais le roman ne manque pas de rythme, avec pas mal de fausses pistes, des épisodes téléphonés mais plutôt efficaces, et juste ce qu’il faut de psychologie globale pour rendre l’ensemble attrayant. Le personnage de Paige King est intéressant : loin d’être une experte en matière de profilage et d’analyse psychiatrique, elle se plante tout de même successivement trois fois sur les cibles potentielles de Riker, et elle a trouvé son père mort assassiné par un tueur en série jamais capturé avant que son beau-père ne vienne se glisser dans son lit lorsqu’elle était adolescente. Quant au dénouement, il est à l’instar de tout ce qui le précède : classique mais satisfaisant. En bref, un livre qui ne décoiffe pas ni ne se fait véritablement novateur, mais il tient assez bien la route et propose de la littérature policière tout à fait convenable, concise et divertissante.

    17/04/2025 à 07:41 1

  • Rêves atomiques

    Terry Moore

    4/10 Julie Martin continue de vivre comme elle peut avec sa poitrine recouverte de cette armature en quelque sorte tombée du ciel. Malheureusement, les bavardages inutiles et autres longueurs intempestives ralentissent un rythme déjà mollasson, et les quelques scènes un peu percutantes (la tête retrouvée accrochée près de la porte) ne véhiculent que des regains d’intérêt beaucoup trop brefs. Ça veut jouer la carte des superhéros sans pour autant apporter l’entrain attendu. Cette série comme les tomes suivants séduiront peut-être des lecteurs, mais ça sera sans moi.

    16/04/2025 à 08:10 1

  • Déjà partie

    Blake Pierce

    6/10 Laura Frost, agent du FBI de trente-cinq ans, dispose d’un don – ou d’une malédiction, selon la vision que l’on peut en avoir : elle est sujette à des visions prémonitoires qui lui sont bien utiles dans son métier autant qu’elles la bousillent, moralement et physiquement. Ancienne alcoolique, elle a perdu la garde de sa fille, Lacey, et forme un duo efficace avec Nate, son coéquipier et ami. Après avoir sauvé la jeune fille du gouverneur de l’Etat d’un kidnapping, voilà qu’elle et Nate doivent se rendre à Albany, dans l’Etat de New York, où un tueur en série a commencé sa série meurtrière en étranglant des femmes sans rapport les unes avec les autres. Il se pourrait que ce prédateur en ait après Laura.
    J’ai déjà eu l’occasion de le dire : si les romans de Blake Pierce ne sont pas mémorables, ils ne méritent néanmoins pas les quolibets ni le dédain. Celui-ci, par exemple, est assez typique : tout répond au cahier des charges (une enquêtrice du FBI, un tueur en série, un binôme sympathique et une intrigue suffisante pour passer quelques agréables heures de lecture). S’il n’y a là rien de bien novateur (les visions, le gouverneur bien pourri, le serial killer qui s’en prend de manière détournée à la protagoniste, etc.), l’ensemble fonctionne très correctement et se lit vite et bien. Des poncifs, certes, mais aussi des passages assez bien écrits et quelques moments de tension plutôt bien troussés, qui font de ce roman un honnête divertissement, qui me conforte dans l’idée que Blake Pierce (ou plutôt l’escadron d’auteurs se dissimulant sous ce prête-nom ou une IA) est suffisamment convaincant pour que je continue à me plonger dans son œuvre.

    15/04/2025 à 07:57 2

  • Bienvenue à Mother's rest

    Lee Child

    8/10 « Savez-vous pourquoi cette ville s’appelle Mother’s Rest ? ». C’est la question que ne cesse de poser Jack Reacher, descendu d’un train au beau milieu de nulle part dans cette bourgade. Au départ, c’est la curiosité qu’il l’a piqué et l’a incité à aller faire un tour dans ce patelin dédié aux céréales et à l’élevage bovin. Mais ce qui l’a poussé à y rester, c’est l’attitude de Michelle Chang, ancienne agente du FBI, qui avait rendez-vous sur place avec un dénommé Keever. Sauf que ce Keever n’est jamais descendu du train, et pour cause : les premières lignes de ce roman nous apprennent qu’il vient d’être enterré en catimini. Dès lors, faisant alliance avec cette belle et robuste Sino-américaine, ils vont plonger vers le terrible secret de cette ville aux apparences si anodine.
    J’ai doré cet opus, si caractéristique de ceux de Lee Child : un beau pavé, épais mais qui se dévore, avec une écriture très particulière. Parfois sans le moindre chichi, directe et lapidaire, parfois très lente et détaillée dès qu’il s’agit de mettre en scène un passage de baston ou de fusillade. Par exemple, une simple confrontation entre Reacher et un autre costaud se déroule sur une bonne dizaine de pages, alternant psychologie d’engagement et pure castagne. Dans le même temps, l’intrigue est très bien construite, intelligente et habilement charpentée, préservant le mystère de ce qui se passe à Mother’s Rest jusque dans les derniers chapitres, et encore, cela se joue en deux temps : le premier était déjà bien efficace, mais le second s’apparente à une deuxième détonation, inattendue et bien sentie. Certes, ces deux sujets ne sont pas du tout nouveaux, mais ils n’en conservent pas moins une solide efficacité. Lee Child est l’archétype de l’écrivain du thriller d’action, saturé de testostérone, mais qui conserve son âme et son esprit (quelques belles réflexions, et toujours ce sens pointu du dialogue au couteau, avec quelques répliques très cocasses pour notre démonteur de tronches qu’est Reacher). Bref, un très bon opus ; j’avais beaucoup apprécié « La cause était belle », je pense que je serai au rendez-vous de d’autres aventures de Jack Reacher.

    05/04/2025 à 06:56 3

  • La Maison d'à côté

    Blake Pierce

    3/10 Chloé Fine, agente stagiaire du FBI, revient s’installer à Pinecrest, dans le Maryland, dix-sept ans après son départ de la bourgade, avec son copain Steven avec lequel elle compte prochainement se marier. Elle y retrouve sa sœur Danielle et toutes deux tâchent de ne pas penser au passé : on avait retrouvé leur mère au bas d’un escalier et leur père avait avoué sa culpabilité. Et aujourd’hui, quand Danielle reçoit des lettres anonymes de menace, il n’est pas dit que présent et passé ne se chevaucheront pas.
    Un Blake Pierce assez mollasson. J’ai apprécié le fait que l’auteur essaie autre chose que ses traques aux tueurs en série, mais là, c’est vraiment faiblard. Une enquête qui ne décolle jamais, un rythme apathique, des personnages exsangues, une intrigue sans entrain, des moments hautement téléphonés. Même Chloé Fine n’est guère inspirante : son supérieur la félicite quand elle pense à regarder sous les ongles de la victime ou quand elle procède à une analyse graphologique aussi superficielle que risible. Bref, un roman sans grande envergure (mis à part le piège dans lequel Danielle tombe sans le vouloir avec cette histoire de voiture jetée dans le lac), à la trame convenue et au style sans le moindre éclat.

    04/04/2025 à 18:24 2

  • Le Mangeur d'or

    Xavier Dorison, Ralph Meyer

    9/10 On fait appel à Jonas Crow, croque-mort, afin de s’occuper des funérailles de Joe Cusco à Anoki City. Le hic, c’est que Cusco n’est pas encore mort et que Crow va devoir trimballer le cadavre à venir sur 50 miles, et l’intéressé se suicide au curare après avoir avalé une belle quantité d’or… Autant dire que l’explosion de violence n’est guère loin.
    Un premier tome excellent, âpre et bien ficelé, avec un héros sacrément emblématique au passé sulfureux (a-t-il réellement commis ces 36 meurtres ?) qui distribue les coups autant que les balles de calibre .44. Beaucoup d’action et de noirceur tant en ville qu’au cours du voyage (ah, ce satané pont de liane). Bref, une perle que je ne découvre que bien tard, et qui exploite bien les codes du western tout en en dynamitant d’autres. Un régal.

    04/04/2025 à 16:05 3

  • La nuit n'est jamais complète

    Niko Tackian

    8/10 « Ruta n° 33 » : c’est sur cet axe routier que Jimmy et sa fille, Arielle, font connaissance avec Juan, Florencio et Victor. Des sortes d’exilés, en plein désert, dans un pays qui semble quelque part en Amérique du Sud (un indice, le nom d’une bière, permet de savoir que ça peut être l’Argentine, confirmé dans le final). Et les éléments, suspects, presque paranormaux, s’enchaînent : un policier qui leur barre la route en raison d’une prétendue faille gigantesque, un monstre qui rôde dans les parages (un puma ?), une mine désaffectée, des actes de violence, des blessures inexplicables. Le pire est encore à venir.
    De Niko Tackian, je ne connais que son « Avalanche hôtel », que j’avais bien aimé, et j’ai retrouvé ici son style : des chapitres très courts (61 pour un peu moins de 250 pages), une écriture simple qui n’empêche nullement la profondeur psychologique des personnages, un récit joliment kaléidoscopique, des découvertes macabres dans bon nombre des fins de chapitres, et un côté surnaturel, presque horrifique light, qui monte en puissance. D’un bout à l’autre, je me suis régalé de ce récit, sombre, qui interpelle, qui interroge, avec des protagonistes bien sentis (de Juan, la brute épaisse, à Jimmy, le père de l’adolescente déjà presque femme, encore mortifié par le décès de sa femme ravagée par un cancer, et poursuivi par une voix qui l’appelle constamment « coco »). Le mystère ne cesse de croître, habilement, graduellement, par petites touches presque impressionnistes, jusqu’au final qui rebat les cartes et oblige à une relecture de tout ce qui a jalonné le récit. Fort, vraiment très fort et, sans rien divulguer ici pour ne pas gâcher le plaisir et d’éventuelles surprises pour d’autres lecteurs, toutes les pièces du puzzle s’emboîtent, de ce fameux numéro 33 au personnage velu découvert dans la mine en passant même par cette faille, et tout le toutim. Niko Tackian s’est commué en adroit prestidigitateur, qui nous exhibe des éléments de son tour avant nous faire passer de l’autre côté du miroir, en quelque sorte, pour observer ces mêmes fragments sous un autre angle de vue, d’un flanc différent du prisme. Et c’est là d’ailleurs mon seul – léger – reproche à ce roman, pourtant bien bon : quand on a vu « L’Echelle de Jacob », « Le Sixième Sens », ou lu d’autres ouvrages du même acabit ou régis par le même principe, on n’est pas forcément chamboulé plus que cela. Certes, tout se tient parfaitement, c’est solide, c’est futé, c’est intelligent, c’est tout ce que l’on veut de positif, mais, au final, ça n’empêche pas d’être un chouia « facile » : c’est d’ailleurs ce sentiment qui a fini par me gagner au fur et à mesure de ma lecture, finissant par me douter que quelque chose de ce style allait se produire, et étouffant une partie de ce « prestige » final. Il n’empêche, dans ce genre précis, c’est un délice.

    03/04/2025 à 05:47 2

  • La Disparition de Chandra Levy

    Hélène Coutard

    8/10 La jeune Chandra Levy quitte sa famille et obtient un poste de stagiaire au Bureau fédéral des prisons : elle s’y manifeste par son intelligence et son professionnalisme. Mais le 1er mai 2001, elle disparaît aussi brutalement qu’énigmatiquement. Une rumeur se met à enfler avant de trouver un fondement solide : elle a eu une relation avec le député Gary Condit. L’homme politique aurait-il été le commanditaire de son enlèvement ? La découverte du corps de la jeune femme un an plus tard relancera les débats.

    Hélène Coutard signe ici un autre très bon ouvrage de la collection True crime chez 10-18. Ce fait divers qui a passionné l’Amérique a trouvé un retentissement particulier en raison de plusieurs facteurs : la jeunesse de la victime, le caractère adultérin de sa relation avec Gary Condit, les zones d’ombre et les révélations vécues comme autant de rebondissements, et un puissant battage médiatique lié aux circonstances. L’écrivaine, également journaliste, met en relief le contexte historique avec l’affaire Clinton-Lewinsky ou encore les attentats du 11 septembre. Dès lors, les médias ont réussi à transformer ce cas de disparition puis d’homicide en une sorte de série télévisée pour accrocher l’attention voire les sombres appétits des spectateurs. Au-delà de son traitement, cette affaire aura mis en lumière les errements des forces de police – des battues aux ordres mal interprétés, des prélèvements d’ADN problématiques, des preuves détruites par accident comme avec l’ordinateur de la victime – autant que l’addiction forcenée d’un public en mal de voyeurisme. Le travail de documentation réalisé par Hélène Coutard est très solide, son style soigné, et la brièveté de son ouvrage – à peine plus de deux-cents pages – n’éteint en rien la solidité de son œuvre exemplaire. Ce livre constitue également une radioscopie de la société américaine, avec ses travers moraux, comme le démontrent les exemples que sont ces « 90-days wonders », à savoir « les merveilles de quatre-vingt-dix jours » que sont les jeunes femmes dont l’attrait sexuel ne dépasse guère cette limite.

    Un autre très bon ouvrage dans cette collection qui ne cesse de nous ravir.

    01/04/2025 à 06:49

  • Le Diable 2.0

    Aurélie C. Moulin

    8/10 C’est le vol qui permet à Ethan Thomas d’obtenir un Pass très recherché ; à la clef, un séjour d’une semaine pour lui et les membres de sa famille dans un appartement équipé par LabTech d’une intelligence artificielle nommée « M.I.A. ». Si les premiers moments s’avèrent divertissants, M.I.A. manifeste des signes croissants d’ingérence, et ses injonctions concernant l’alimentation et l’hygiène de vie deviennent vite très oppressantes…

    Aurélie C. Moulin débarque dans la collection Hanté de Casterman avec ce livre, et le résultat est réussi. L’autrice, au gré d’un récit concis et bien mené, tisse la toile d’une ambiance qui va graduellement tourner au cauchemar : une famille prise en otage dans un appartement au sixième étage d’une tour, avec une intelligence artificielle en guise de geôlière. Les mots sont précis, le décor bien planté, l’histoire a de quoi faire frissonner et les péripéties finales, qui font dans un premier temps penser à un twist pour le moins classique voire éculé, dissimulent en réalité un rebondissement approprié et très efficace.

    Aurélie C. Moulin a donc construit un ouvrage de qualité, au suspense solide, et qui a en outre le grand mérite d’interroger les lecteurs – jeunes et moins jeunes – sur la pertinence des individus déléguant volontairement une partie de leurs libertés à des entités risquant d’échapper à l’emprise de leurs inventeurs.

    31/03/2025 à 06:40 1

  • La Part des ombres

    Emmanuel Herzet, Piotr Kowalski

    7/10 Après un court flashback en 1939, retour au présent : on en apprend plus sur la fameuse « Branche Lincoln », ses origines historiques, sa constitution et ses rôles. Des analepses intéressantes qui viennent casser la traditionnelle lecture chronologique, des épisodes efficaces se déroulant pendant la Seconde Guerre mondiale, des dessins classiques mais prenants et quelques scènes de baston typiquement hollywoodiennes. Toujours rien de transcendant mais ça n’en demeure pas moins réussi.

    30/03/2025 à 17:36 1

  • Le Serment d'Hypocrite

    Fabrice Jarzaguet

    4/10 Suite et fin de ce diptyque, aussi peu inspirée et inspirante que le précédent tome (rien que le titre, vraiment banal et bancal, met dans le ton). La fin en queue de poisson laisse supposer que la série n’a pas été achevée, ce qui ne me tire pas des larmes.

    30/03/2025 à 13:56 1

  • Coka

    Fabrice Jarzaguet, Jean-David Morvan

    4/10 Il faut attendre la quinzième planche pour savoir que nous sommes dans un monde scindé entre les gens sains et ceux dont on a pronostiqué une maladie à venir, obligés de vivre reclus dans ce que l'on appelle « les cours des miracles ». Un graphisme pas particulièrement agréable, un pitch pas fabuleux non plus, et des dialogues inutilement grossiers ou argotiques. J’ai eu du mal à rentrer dans ce premier tome, que je n’ai trouvé ni très inspiré ni très inspirant.

    30/03/2025 à 13:55 1

  • Le Club des cinq et le trésor de l'île

    Béja, Nataël

    5/10 Et s’il restait, quelque part, quelque chose d’Alban IV de Kernach ? Justement, son galion vient d’être arraché par la mer et son épave repose à présent sur la plage. Le coffret pourrait bien contenir une carte fort utile…
    Un premier tome très court et plutôt agréable, sans plus, mais desservi par une esthétique un peu trop surannée (voulant rendre hommage à l’histoire originelle, j’imagine) et une intrigue pour le moins simpliste. Oubliable.

    28/03/2025 à 18:03 1

  • Terre promise

    Mark Eacersall, Gyula Németh

    6/10 Une lecture réussie quoiqu’un peu scolaire à mon goût de la célèbre mutinerie du Bounty. Ce premier tome s’achève avec la découverte de l’île de Pitcairn le 15 janvier 1790. Plutôt agréable.

    28/03/2025 à 18:02 1

  • De bonnes raisons de mourir

    Morgan Audic

    9/10 Un homme, épinglé en haut d’un immeuble à Pripiat, dans la zone d’exclusion de Tchernobyl. Deux policiers vont enquêter en parallèle : Melnyk, un individu droit aux allures de bûcheron et Rybalko, métis, engagé par le père de la victime – un ancien ministre de l’énergie. Ce crime fait douloureusement écho à l’explosion de la centrale atomique autant qu’à un double homicide perpétré lors de ce tragique accident, lorsque deux femmes furent retrouvées assassinées. Et dans l’ombre, un tueur qui a une puissante revanche à prendre.
    Epoustouflé, voilà ce que j’ai été. J’ai découvert bien tard ce roman de Morgan Audic et je me suis ré-ga-lé. Une documentation sérieuse et remarquable quant à Tchernobyl, les radiations, la taxidermie, les fonctionnements de l’URSS déjà au crépuscule de ce qu’elle fut, les tensions entre la Russie et l’Ukraine dans le Donbass (ignoble résonance avec l’actualité), etc. Un ouvrage qui propose également une excellente intrigue policière, avec un suspense exceptionnel, d’un bout à l’autre, se payant en outre le luxe de dispenser quelques rebondissements jusque dans la dernière vingtaine de pages. Une écriture redoutable d’efficacité, ménageant autant l’action que la psychologie et le cadre historique et politique. Là où Morgan Audic fait aussi très fort, c’est avec les deux limiers qu’il a construits, notamment Rybalko : métis, surnommé péjorativement « Pouchkine », il a été gravement irradié lors de l’explosion lorsqu’il était enfant, sa fille est une handicapée auditive « par sa faute », et il apprend de son médecin qu’il n’en a plus que pour quelques mois, aussi accepte-t-il la mission de représailles offertes par cet (ancien) oligarque. Et même les personnages secondaires, comme Novak et Ninel sont soignés. Un livre surpuissant, un auteur qui maîtrise son récit en longueur, en largeur et en profondeur (tellement ingénieux que même pour la scène qu’il a empruntée à « Seven », il lui insuffle une dimension et un panache qui en font presque oublier l’originelle). Pour conclure, une magnifique découverte en ce qui me concerne. Espérons que Morgan Audic nous gratifiera à l’avenir d’autres livres de cet acabit !

    27/03/2025 à 05:58 7

  • Antinéa

    Christophe Bec, Robert Carey

    7/10 Deuxième tome de la série qui commence par la déclaration de l’évadé (avec cette histoire de tentacules meurtriers) que personne ne croit. La tension mondiale croît quand les légats des grandes religions annoncent une proche apocalypse (dans 150 jours). Le graphisme est toujours aussi réussi, les « Saulifuges » [sic] font de sacrés dégâts dans le désert, et il y a de belles trouvailles scénaristiques (cf. les cent masques).

    26/03/2025 à 16:49

  • Si-Naï

    Christophe Bec, Robert Carey

    7/10 Une attaque dans le désert, une arrestation en Australie, un mystérieux miroir au Japon, une bague découvert dans les souterrains d’une prison au nord de Jérusalem, un sacrifice au Népal, un tabernacle dans un bunker en Angleterre, et beaucoup de sang : une entame musclée et détonante où cinq religions sont concernées. Le graphisme est magnifique, le décor semble planté pour la suite tandis que des menaces naissent un peu partout dans le monde, que des cataclysmes arrivent et que Jésus lui-même apparaît au pape pour signifier l’arrivée d’Abaddon. Seules les dernières planches de ce premier tome me laissent sceptique.

    26/03/2025 à 16:47

  • Le Goût de la viande

    Gildas Guyot

    9/10 Comme nombre de ses malheureux camarades, Hyacinthe Kergoulé est propulsé dans l’horreur de la Première Guerre mondiale. La mort, les blessures ignobles, les canonnades, la fin d’une forme d’humanité. Ce qui va le marquer, c’est ce goût si particulier de la viande, celle de ses compagnons d’armes qu’il va littéralement gober lors d’un épisode accidentel et qui va profondément, et durablement, fracasser sa psyché. Il tuera un homme dans une étrange pulsion, mangera des rats et du vomi – y compris le sien, perdra un bras, avant de revenir à la vie civile. Mais il y a des démons qui restent chevillés à l’âme.
    Je découvre la plume de Gildas Guyot avec ce roman d’une rare noirceur. Dès les premières pages, dès les premières lignes, le lecteur est enseveli, au même titre que le protagoniste, dans ce magma de chairs mortes, assemblées, presque fusionnées, avec cet épisode traumatisant qui va transformer Hyacinthe. Un récit à la première personne, sans la moindre concession, parfois jalonné de quelques touches d’un humour noir, dont le style, la beauté des mots, la puissance évocatrice, m’ont percuté. C’est beau, magnifique, et en même temps d’une insondable cruauté, à ne pas mettre entre toutes les mains. On suit après le parcours de Hyacinthe, revenir chez lui, découvrir l’amour, le mariage, la parenté, exercer le métier de charpentier de marine puis de constructeur de cercueils, avant bien d’autres événements aussi sombres que ne le laissait augurer le prologue. A ce titre, le presque épilogue – où l’on apprend que tout ce roman était la confession – évidemment fictive, de Hyacinthe, écrite dans trois petits carnets et retrouvée par sa fille Héloïse revenue des Etats-Unis, est le point d’orgue de cet opus enkysté de ténèbres et d’une rare toxicité. Après, à titre très personnel, j’aurais imaginé un autre déroulé, voire carrément un ton différent, où Hyacinthe se serait avéré encore actif dans sa propre déchéance : par exemple, les pages consacrées à sa collaboration avec les Allemands sont certes fortes et cimentent la rupture avec Rosalie, son épouse, mais je m’étais imaginé un protagoniste davantage salaud plutôt que servile, plus barbare que seulement de connivence. Néanmoins, il n’en reste pas moins que ce livre est un pur brûlot, âpre et acide, et qui tient à la fois de la littérature noire et blanche, même si, dans les deux cas, c’est du noir de chez noir.

    26/03/2025 à 05:49 1