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En douce
8/10 Un roman noir, très noir, avec un personnage féminin d’une force inouïe, dont Marin Ledun a la spécialité, qui irradie cette histoire terrible de vengeance et d’impossible rédemption. Magnifique.
27/08/2016 à 15:47 8
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Les Loups à leur porte
8/10 Clairement, l’ombre de Stephen King plane sur ce premier roman impressionnant, signé par un jeune auteur hexagonal qui n’a vraiment pas froid aux yeux. Dès les premières pages, un long frisson nous vrille la nuque. Il suffit de quelques images faussement idylliques et d’un art de la suggestion magistral. Nous sommes en présence du mal, qui s’accrochera au livre jusqu’à ses dernières pages sans jamais lâcher prise - le mal, LE personnage principal du roman.
Pour fragiliser son lecteur et ne lui laisser aucun répit, Jérémy Fel s’appuie sur une construction brillante. Son roman est un kaléidoscope d’histoires apparemment sans lien, qui multiplient personnages et lieux, dont les destins s'attachent grâce au style puissant et visuel de l'auteur.
Des débuts littéraires implacables, qui laissent espérer le meilleur pour la suite. Fel, à suivre !18/07/2016 à 12:39 6
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Lagos Lady
8/10 Attention, révélation ! Lagos Lady, c’est un peu sur le fond la trilogie Millenium revue et corrigée à la sauce nigériane, et survitaminée en mode tarantinesque. Violent, sensuel, très chaud (dans tous les sens du terme), ce premier roman nous plonge dans l’atmosphère bouillonnante de la plus grande ville africaine, pointant du doigt aussi bien la corruption des élites ou de la police, l’opulence suspecte de certains de ses habitants que la misère de la plupart, notamment d’innombrables jeunes femmes contraintes à la prostitution et exposées aux pires des sévices.
Avec ce premier roman nerveux, rythmé, drôle parfois, Leye Adenle fait une entrée fracassante et place le Nigeria sur la carte du monde du polar. A découvrir !12/06/2016 à 10:28 6
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Surtensions
9/10 Après la révélation "Code 93" et la grosse claque "Territoires", mes attentes étaient immenses au sujet d'Olivier Norek ; je craignais même qu'elles le soient trop, au point d'être forcément déçu par son troisième roman. Heureusement il n'en est rien, et "Surtensions" confirme pour moi le talent incroyable de ce romancier désormais incontournable. Il parvient ici à se renouveler tout en prolongeant l'ambiance si particulière de ses deux premiers opus, notamment grâce à ses personnages, toujours aussi justes. Il continue également à creuser les travers, dérives et manquements de notre société, en soulignant certaines faiblesses de la justice et en pointant du doigt la catastrophe carcérale de notre pays. Suspense et rythme nerveux assurent de faire tourner à toute vitesse les 500 pages de ce polar captivant, parfaitement au niveau des précédents. Formidable !
06/06/2016 à 12:44 8
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Mon nom est N.
9/10 Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas aussi bien fait balader dans une intrigue pourtant complexe et tortueuse à souhait, qui masque son jeu tout du long et oscille entre plusieurs registres avec talent : thriller géopolitique, histoire de gang, espionnage, suspense psychologique… A mi-chemin entre la série "Homeland" et le film "Usual Suspects", une mécanique de suspense brillante, qui monte en puissance sans en avoir l'air pour mieux vous scotcher au fauteuil, avide de savoir comment tout ça va se terminer. Excellent !
06/06/2016 à 12:12 5
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Battues
9/10 Entre les mains d’un autre, "Battues" n’aurait pu être qu’un médiocre roman de terroir. Mais avec Varenne à la manœuvre, cette histoire prend des proportions dantesques, servie par son extraordinaire finesse psychologique et surtout son art de la construction romanesque. Petit à petit, au fil d'un récit non linéaire maîtrisé à la perfection, le romancier révèle ainsi la vaste trame d’un suspense courant sur plusieurs décennies, puzzle aussi délicat que diabolique dont il faut attendre de poser la dernière pièce pour saisir le tableau dans toute sa complexité. Ce garçon a décidément tous les talents !
25/04/2016 à 20:26 11
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Les Loups blessés
7/10 Encore un flic qui se met à l'écriture - en l'occurrence, rien moins que le patron de la BRI, excusez du peu. Son coup d'essai s'avère tout à fait honorable, efficace, au ras du bitume et au plus près de personnages tout de même réduits à leur fonction, pour l'essentiel. Un côté Olivier Marchal, en moins lyrique. Pas hyper original, mais prenant.
26/03/2016 à 08:04 2
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La Revanche du petit juge
6/10 Italien jusqu'à la caricature en raison d'un ton souvent machiste (le regard de l'auteur sur les femmes et la manière dont elles sont traitées dans le livre sont assez "velus"...) qui peut finir par agacer, ce roman est tout de même très intéressant par sa description du fonctionnement de la ‘Ndrangheta (version calabraise de la Mafia) et par son analyse des dessous peu glorieux des petites bourgeoises de province. Le tout est un peu longuet parfois, néanmoins. Impression mitigée au final.
26/03/2016 à 08:00 3
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Ce qu'il nous faut c'est un mort
8/10 Hervé Commère pousse pour la première fois son travail vers le roman noir social, engagé (à sa façon), délaissant les chers vieux truands et bandits d’honneur qui hantaient ses livres précédents pour se confronter aux voyous contemporains : les patrons amoraux, les fonds d’investissement cupides, les hommes de l’ombre dont le portefeuille a définitivement remplacé le cœur dans la poitrine. Il aborde le sujet sans naïveté ni angélisme, mais avec l’envie toutefois d'en découdre avec le réel et de rendre le monde meilleur, au moins en littérature.
Et ça marche : ce "faux polar" rayonne d'humanité - une humanité malmenée, niée, atteinte dans son intégrité, mais plus que jamais rayonnante, insistante, résistante -, comme jamais dans l’œuvre d'Hervé qui n'en manquait pourtant déjà pas. C'est ce qui nous le rend si précieux, comme un baume qui apaise la brûlure du monde tel qu’il est. Magnifique !26/03/2016 à 07:49 9
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The Whites
8/10 Au plus près de ses personnages, Richard Price (scénariste occasionnel de The Wire) raconte comme personne le quotidien des flics new yorkais, leurs doutes et leurs zones d'ombre, tout en tenant de main de maître un suspense impeccable. L'idée des 'whites" (notion intraduisible en français, il fallait donc garder le titre original) est captivante et très bien utilisée, moteur de ce nouveau polar impressionnant par son équilibre entre suspense et réalisme quasi documentaire des situations, sa maîtrise l’air de rien (la lecture est très fluide) et son empathie.
Plus de six ans qu'on attendait son retour, et on n'est pas déçu !26/03/2016 à 07:37 6
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Trois jours et une vie
6/10 J'ajoute ma voix au clan des (relativement) déçus par ce nouveau roman de Pierre Lemaitre, le premier depuis son Goncourt. Ereinté par le tourbillon médiatique causé par son prix littéraire, le Pierre ? C'est possible et on ne saurait lui en vouloir. En attendant, si ce livre compte de belles pages sur la culpabilité, le climat pesant des petites villes où tout le monde se connaît, et un passage de description de tempête étourdissant (de loin le moment le plus digne de ce dont il est capable), Lemaitre vaut beaucoup mieux à mon avis que cette histoire poussive, sorte de roman noir au parfum pesant de terroir mal digéré, guère plus intéressant qu’un scénario de téléfilm pour France 3. Et je ne parle pas de la fin, tentative de twist capillotracté qui débouche sur le genre de pschiiit amer que dégagerait une bouteille de Coca ouverte depuis trop longtemps.
Bref, un avis sévère, à la hauteur de la déception ressentie lorsqu'un auteur fortement estimé n'atteint pas les sommets auxquels il nous a habitués... mais ça reviendra !21/03/2016 à 09:02 9
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L'Homme posthume
7/10 En dépit d’un départ canon, et d’un rythme soutenu qui entraîne rapidement le lecteur vers la conclusion du livre, cet Homme posthume n’est ni aussi convaincant, ni aussi enthousiasmant que "L'Enfer de Church Street". L’intrigue ne tient qu’à un fil, tandis que les motivations et la construction des personnages manquent d’épaisseur. Néanmoins Hinkson assume la noirceur de son histoire et de ses personnages, et prouve qu'il a un beau talent et une belle énergie de conteur. Toujours à suivre, en espérant plus fort la prochaine fois.
19/03/2016 à 08:44 6
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Le Grand Jeu
6/10 Un peu déçu par ce roman, je l'avoue (alors que j'avais adoré Le Système Boone, par exemple). Il est plombé de longueurs et j'ai trouvé la construction bancale. La partie récit initiatique ne m'a pas convaincu et met un temps fou à se mettre en place ; quant à la partie géopolitique, il y a des choses convaincantes, comme toujours chez Percy Kemp, mais elle arrive tardivement dans le roman et avance parfois avec peine - comme dans un chapitre expliquant le nouvel état du monde imaginé par l'auteur au fil d'un exposé interminable et indigeste, qui doit durer une trentaine de pages...
Pas convaincu, donc, par cette entreprise littéraire, ce que je regrette d'autant plus que j'en reconnais l'audace et l'originalité. Mais je n'ai malheureusement pas adhéré.17/03/2016 à 18:23 2
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Il reste la poussière
4/10 Mais où est passée la Sandrine Collette que j'avais adorée dans "Des noeuds d'acier" ? Je n'ai pas cru une seule seconde à cette histoire, à ces personnages, à cette manière de raconter. Dès les premières pages, j'ai eu l'impression de voir le mauvais écrivain s'emparer d'un bon sujet qui n'était pas pour lui. Cela faisait très longtemps que je n'étais pas passé sous la moyenne pour un livre, mais là, je n'ai pas adhéré du tout à la démarche de la romancière. Comme disait OttisToole, ce bouquin ne plaira pas à tout le monde : je confirme...
09/02/2016 à 08:25 4
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Nous sommes tous morts
5/10 Le pitch était prometteur, la réalisation l'est beaucoup moins, hélas. Fortement influencé par Lovecraft, Izarra reproduit bien les techniques du maître, en bon copiste. Mais il n’y ajoute rien. Pire, il ne retrouve pas ce sens de l’effroi rampant, du monstrueux inexplicable et souterrain dont Lovecraft a su peupler nos cauchemars par sa seule force d’évocation et de suggestion. Comme le navire qui porte ses « héros », le récit stagne très vite pour ne jamais décoller, en dépit de sa brièveté. Si le jeune romancier poursuit dans cette voie du fantastique horrifique, espérons qu'il affirmera davantage sa voix.
07/02/2016 à 10:19 2
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Les salauds devront payer
9/10 Grand retour d'Emmanuel Grand - et je vous assure que j'ai écrit ce début de phrase sans penser au jeu de mots débile qui allait fatalement en découler :P
Non, sérieusement, je suis époustouflé par la maîtrise de ce deuxième roman, polar social au suspense impeccable, rythmé, riche de personnages toujours profonds et rarement aussi prévisibles qu'ils n'en ont l'air... Une grande réussite, qui surpasse allègrement son déjà prometteur coup d'essai d'il y a deux ans, "Terminus Belz". Un auteur à suivre !!!28/01/2016 à 08:50 5
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Ce monde disparu
9/10 Le romancier offre une conclusion crépusculaire à sa trilogie, dans la plus parfaite lignée des romans de gangsters. On suit avec passion Joe Coughlin, son élégance mortelle, son amour éperdu pour son fils, sa plongée vers les fantômes de son passé, ses tentatives de rester connecté à un monde qui change trop vite pour lui - comme pour tous ceux de son univers - ; un monde en pleine guerre mondiale, dont les codes se brouillent, s'effacent, emportant avec eux les ruines de valeurs surannées et les derniers vestiges d'espoirs trahis.
Un dernier acte noir et tragique, magnifique.21/11/2015 à 11:23 7
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Le Contrat Salinger
6/10 Je ressors de ce deuxième roman d'Adam Langer avec la même sensation qu'après avoir lu son premier, "Les voleurs de Manhattan" : celle d'avoir effleuré un très bon sujet sans jamais parvenir à entrer totalement dedans. La faute, sans doute, à un style sans relief et à un manque de rythme qui empêche d'être happé totalement par l'histoire, pourtant séduisante. Il y a tout de même de bons moments de suspense et la lecture est agréable. Pas mal, sans plus.
19/11/2015 à 08:59 2
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Mort à tous les étages
6/10 Très efficace, hyper rythmé, de l'adrénaline pure, des rebondissements à tous les coins de rue (ou à tous les étages, évidemment) avec une pointe d'humour pour faire glisser. Ah oui, et une fin à faire frémir... Un bon thriller "pulp", fun sur le moment, mais qui ne me marquera pas plus que cela (d'où la note apparemment modérée par rapport à ce que j'en dis !)
19/11/2015 à 08:51 5
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Steamboat
7/10 Un Conte de Noël à la sauce Craig Johnson ! Le romancier en avait débuté l'écriture comme l'une de ces nouvelles qu'il écrit rituellement en fin d'année, mais son sujet l'a cette fois dépassé, et amené à signer un bref roman d'aventure et d'action, aussi simple qu'efficace. Fan d'aviation, Johnson s'est surtout fait plaisir et agrémente son récit de références historiques et surtout de nombreux passages techniques, parfois ardus, que l'on peut néanmoins lire en diagonale sans rien perdre de la saveur du livre... Un roman mineur dans son oeuvre, néanmoins très plaisant.
07/11/2015 à 07:32 4