1207 votes
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Vilebrequin
7/10 Vilebrequin est une bande dessinée plutôt originale et réussie.
Le Gouëfflec, artiste brestois touche à tout (romancier, musicien, …) apporte là son style inimitable avec cet humour si particulier et sa vision décalée de la société.
Côté dessin, il y a une vraie recherche esthétique chez Obion, avec l’utilisation – réussie – du noir et blanc et certains passages excellents. Je pense en particulier à cette double page où il reprend dans chaque case le même motif, circulaire, à la manière de certains grands réalisateurs (cf. Hitchcock dans Psychose).
Vilebrequin, ou l’histoire d’un cambrioleur en plein doute, est une bonne bande dessinée, drôle et bien foutue.09/05/2018 à 23:53 3
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Putain d'usine
8/10 Levaray a sans doute vécu ces événements et cela se voit. Sans tomber dans le misérabilisme ni dans la dénonciation exacerbée, cette bande dessinée nous montre la triste réalité sociale du travail à l'usine, avec son lot d’accidentés du travail, d’alcooliques, de dépressifs, de suicidés et autres joyeusetés de même acabit. Heureusement, il reste quelques moments agréables avec les collègues.
Comme le dit bien la citation en début d’ouvrage : si le travail était si bien, les riches l’auraient gardé pour eux.
Avec ce livre on se rend bien compte qu’aujourd’hui toujours – peut-être plus que jamais – le monde appartient à ceux qui ont des ouvriers qui se lèvent tôt !09/05/2018 à 23:03 3
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Au nom du Père...
6/10 Le père d'Eva est désormais handicapé et elle s'en occupe au quotidien. Avant son AVC, il était tueur à gages, et même un bon. Il lui confie alors une mission périlleuse qu'il ne peut bien sûr plus assurer lui-même : faire avouer les quatre parties d'un code secret à quatre chefs de la Mafia bien entourés. Formée par ses soins, il sait qu'elle en est capable.
J'ai trouvé les dessins (noir et blanc) inégaux, y compris pour le même personnage, et même parfois franchement laids. Surtout, ils sont souvent vulgaires et il faut systématiquement que l'héroïne et les autres protagonistes féminins montrent qui leurs fesses, qui leurs seins. Un peu de nudité, ça va, surtout quand ça sert le récit, mais là, au secours !
Le scénario, intéressant au départ, devient un brin répétitif puisque chaque Mafiosa est encore plus difficile à atteindre que le précédent. Et puis, aux deux tiers environ – la BD est imposante avec ses près de 220 pages – l'intrigue prend un tour aussi inattendu que réussi, avec plusieurs rebondissements très bien sentis. Le final, bien qu'un peu prévisible, est de bonne facture.
Un noir bien musclé recommandable pour son scénario pour peu qu'on ne soit pas trop regardant sur le dessin.09/05/2018 à 22:23 3
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Mamie Luger
7/10 Après le succès de son premier roman, Cabossé, paru à la Série Noire (en 2016) et plusieurs fois récompensé, Benoît Philippon confirme avec ce vitaminé Mamie Luger qu'il sait y faire pour raconter une histoire et mettre en scène des personnages pas piqués des hannetons. On se souviendra assurément de Berthe, digne représentante du deuxième sexe sachant manier les armes et le verbe comme personne.
09/05/2018 à 01:18 11
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La Boîte noire
Tonino Benacquista, Jacques Ferrandez
8/10 Je ne reviendrai pas ici sur l’histoire de La boîte noire, qui est très bonne et dont j’ai déjà parlé dans mon vote concernant la nouvelle éponyme.
L’adaptation est extrêmement fidèle, tout particulièrement dans les dialogues, conservés à l’identique.
Cependant il existe une différence assez importante. Si la fin de la nouvelle est bien présente dans la BD, l’histoire continue encore pendant quelques pages, qui n’apportent selon moi rien de plus à l’efficacité de la fin, bien au contraire.
Le dessin de Jacques Ferrandez est un peu spécial mais ne m’a nullement dérangé, sauf peut-être (et encore) dans certaines cases délirantes représentant les rêves et cauchemars du personnage principal, où l’ensemble apparaît fouillis, surréaliste (pas anormal me direz-vous puisqu’il s’agit de représenter le monde onirique).
Chose amusante, le duo d’auteurs se permet dans une case un clin d’œil à L’Outremangeur. A vous de le débusquer.
Au final, La boîte noire dessinée par Ferrandez est une bande dessinée fidèle à l’œuvre d’origine de Benacquista et plutôt réussie.08/05/2018 à 23:23 2
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La Boîte noire
8/10 Cette nouvelle a vraiment un potentiel énorme (ce qui n’a pas échappé à certains), et on en vient à regretter après sa lecture que ça ne soit justement qu’une nouvelle.
Il y avait sûrement là matière à écrire un excellent roman, ce qui ne m’aurait pas déplu.
Je me suis rapidement pris d’empathie pour cet homme qui sort d’un coma à la suite d’un accident de voiture avec de mystérieux souvenirs en provenance de son passé oublié.
Il va donc essayer d’interpréter ces phrases étranges qu’il a prononcées malgré lui, ces rêves qu’il fait sans cesse, etc. dans le but de mieux se comprendre.
Il s’agit d’une sorte de quête initiatique sur l’inconscient, sur la mémoire et l’oubli. Il en découle certains questionnements philosophiques loin d’être inintéressants sur ces mêmes thématiques.
La chute, aussi logique et imparable qu’imprévisible est particulièrement réussie. Et que dire de la dernière phrase !08/05/2018 à 23:19 5
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Les Trois vies d'Antoine Anacharsis
8/10 Avec Les trois vies d’Antoine Anacharsis, Alex Cousseau confirme une fois de plus ses talents de conteur et propose à son lectorat, jeune ou moins jeune, un très beau roman d’aventures. Un auteur à découvrir pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore.
08/05/2018 à 15:49 3
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Poisson-Lune
7/10 Miro, le personnage principal est assez attachant, et son histoire sans être complètement extraordinaire sort assez de l’ordinaire pour qu’on s’y intéresse sans peine.
Du fait de sa cécité, l’auteur nous fait part des perceptions de son personnage, et c’est parfois très bien fait.
L’humour est un peu présent, le personnage principal n’hésitant pas à pratiquer l’autodérision, au sujet de son handicap notamment, ce qui nous offre parfois de belles phrases.
On dit que l’amour rend aveugle, l’étant déjà quel risque pourrais-je encourir ?
Mes yeux m’ont alors servi à quelque chose, j’ai pleuré.
Alex Cousseau manie bien la langue, en écrivant simple, avec des mots d’ados, sans délaisser pour autant la richesse des mots, avec des phrases imagées, voire parfois poétiques.
Ce court texte d’Alex Cousseau s’intéresse beaucoup aux relations, aux sentiments qu’entretiennent ses personnages les uns avec les autres. Cela nous offre pas mal d’émotion, sans qu’on ne tombe jamais vraiment dans le pathétique à deux sous.
Outre l’histoire d’amour entre le jeune aveugle et la belle Lune (c‘est le nom de la jeune fille dont Miro est amoureux), le roman aborde également des sujets plutôt délicats, comme la mort, sans tabous et avec des mots simples.
Ce Poisson-Lune est au final un beau roman, qui ne devrait pas laisser indifférent, les adolescents comme les adultes.08/05/2018 à 15:45 3
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Le Cri du phasme
6/10 Il est rare qu’un roman de cette excellente collection qu’est doAdo ne me convainque pas.
C’est le cas avec Le cri du phasme, qui ne m’a plu qu’à moitié, et encore.
Disons qu’il y a dans cette histoire du potentiel, mais j’ai eu l’impression que l’auteur s’est arrêté, comme bloqué dans son élan, alors qu’il aurait tout à fait pu en faire beaucoup plus (le roman fait à peine plus de cent pages).
Elliott, le personnage principal, sur lequel repose toute cette histoire est très intéressant, dans ses relations avec les autres comme dans ses réactions, souvent irréfléchies et démesurées.
Grâce à lui, Alex Cousseau nous permet de nous plonger dans la peau d’un adolescent mal dans la sienne.
Malgré le bon travail fourni sur le personnage principal et quelques belles séquences, je n’ai pu que regretter ce goût de « pas assez ». De plus, j’ai trouvé la fin un peu « cucul la praline » et donc décevante, ce qui n’a rien arrangé.
Je découvrais Alex Cousseau avec Le cri du phasme. J’en ressors assez déçu, mais on m’a de suite rassuré en me disant qu’il ne s’agissait pas là de son meilleur roman. Cette expérience ne m’empêchera donc pas de récidiver, pour voir…08/05/2018 à 15:27 3
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Sans la télé
8/10 Enfant sans télé comme lui, je me suis complètement retrouvé dans ce court roman autobiographique.
Guillaume Guéraud transmet avec talent et émotion ses souvenirs d’enfance et nous offre par la même occasion une belle ode au septième art. Un court texte très recommandable.08/05/2018 à 14:33 3
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Idaho
9/10 Idaho aborde la vie, la mort, la famille, la solitude, le bonheur, la tristesse, la nature, les enfants, le deuil, les souvenirs, l'avenir... Il y a tout dans ce roman magnifiquement écrit qu'on voudrait ne jamais refermer. Comme avec Dans la forêt, Gallmeister atteint un nouveau sommet. On en redemande, de même qu'on sera on ne peut plus curieux de suivre l’œuvre d'Emily Ruskovich.
05/05/2018 à 11:04 10
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Le Parisien
7/10 Efficace dans son genre, Le Parisien laissera sans doute certains lecteurs de polars de marbre mais devrait ravir les amateurs d'histoires de mercenaires et de règlements de compte dans le milieu du grand banditisme ainsi que les aficionados de DOA et consorts.
03/05/2018 à 11:36 3
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Tu sais ce qu'on raconte…
Daniel Casanave, Gilles Rochier
8/10 Le môme Gaborit est de retour au village. Enfin, c'est qui ce raconte, du troquet à la pharmacie en passant par la boucherie et chez les uns et les autres...
Racontée uniquement du point de vue des quidams de la bourgade, des gendarmes ou autres, voici un malicieux petit polar où l'on ne sait pas exactement ce qui s'est passé et dont le principal protagoniste est pour ainsi dire absent. Fallait oser, fortiche !27/04/2018 à 15:03 2
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Je suis un autre
8/10 Peppo et son frère Sylvio passent l'été sur une île méditerranéenne occupant leurs journées comme ils peuvent, entre pêche et observation des jolies touristes sur la plage. Une peintre aménage dans une villa toute proche. Peppo tombe sous son charme et délaisse son frère qui semble subitement jaloux. Lorsque la jeune femme est retrouvée poignardée, Peppo prend peur et ne peut que soupçonner son frère...
Un excellent thriller psychologique aux frontières de la folie et de la réalité servi par d'agréables dessins dans les tons clair.26/04/2018 à 22:58 2
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Dans l'épaisseur de la chair
7/10 Le côté patchwork de l’ensemble pourra rebuter les adeptes de linéarité dans le récit. Pour qui saura se laisser embarquer aux côtés de Thomas et d’Heidegger – son perroquet invisible ! – c’est la garantie de lire une grande fresque familiale aux personnages hauts en couleur avec, bien souvent, le sourire au coin des lèvres.
25/04/2018 à 17:53 2
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La Daronne
9/10 Avec La Daronne, oeuvre multi-récompensée – Grand Prix de Littérature Policière notamment – Hannelore Cayre signe assurément son meilleur roman à ce jour. Tantôt dramatique tantôt drôle, mais jamais politiquement correct, ce court texte est excellent. Et que dire de son personnage. La Daronne est inoubliable !
22/04/2018 à 12:24 5
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Proies faciles
9/10 Très belle découverte que cette bande dessinée noire du Galicien Miguelanxo Prado. L'originalité de l'intrigue happe le lecteur en un instant. Bien qu'une partie du mystère soit vite levée, ce qui permet à l'auteur de dresser un bilan calamiteux de la gestion des grandes banques espagnoles, les rebondissements se succèdent et la tension demeure forte jusqu'aux ultimes révélations. Les superbes dessins de Miguelanxo Prado sont un régal pour les yeux et – surtout pour qui ne parvient pas à s'y attarder en raison du suspense – font que l'album mérite, rien que pour eux, une seconde lecture.
Dans la veine du fameux Couperet de Donald Westlake, Miguelanxo Prado signe une BD noire ambitieuse et engagée de grande qualité. À découvrir absolument !20/04/2018 à 14:43 4
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Jusqu'à la bête
9/10 D'une puissance rarement égalée, Jusqu'à la bête est un cri désespéré contre cette société où la vie humaine passe après la course au profit. Un roman qui ne laisse pas indifférent et dont on ressort, sinon abattu, bien groggy.
15/04/2018 à 13:05 9
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Rouler avec le diable
8/10 Depuis sa cellule, Nobody continue de raconter son parcours mouvementé au Docteur Brennan. En haut lieu, on commence à se méfier de la psychologue, qui semble accorder trop de crédit aux élucubrations de ce mythomane patenté. Nobody lui, raconte son engagement forcé pour la CIA, et cette mission d'infiltration périlleuse dans un gang de bikers néonazis.
Un 2e opus un peu moins riche que le précédent mais néanmoins aussi rythmé que musclé et qui maintient assez de mystère pour qu'on n'ait qu'une envie : se plonger dans le tome suivant.14/04/2018 à 22:37 3
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Les Danois – Tome 1
7/10 Copenhague, 2018. Sorraya et son mari, tous deux originaires de Jordanie, donnent naissance à une petite tête blonde comme les blés. Incompréhension des époux ainsi que du personnel hospitalier. Très vite, d'autres cas de ce type ont lieu sans que les autorités ne se l'expliquent. On soupçonne un temps des adultères mais au bout de 6 mois et de 830 enfants blonds aux yeux bleu nés dans dans des familles d'origines diverses, cette version ne tient plus la route et l'affaire éclate au grand jour. C'est le début d'une panique sans nom au Danemark, qui s'étend bientôt aux pays voisins.
Un scénario original et abouti, pour une BD d'anticipation qui fait froid dans le dos. Car si le rétrovirus des bébés blonds aux yeux bleu paraît peu probable, les réactions en chaîne induites par ce dernier – pressions de l'industrie pharmaceutiques, explosion du racisme, recrudescence des attentats, etc. – semblent elles tout ce qu'il y a de plus plausible.14/04/2018 à 22:28 2
