BMR

36 votes

  • La plage des noyés

    Domingo Villar

    9/10 Au fil des chapitres et des rencontres, le lecteur attentif devient peu à peu expert en parler-galicien, ce langage étrange où l'on répond à une question par une autre. Le plus curieux étant que visiblement ces gens-là se comprennent et que peu à peu l'enquête avance, mais si.
    Entre les petits restos du port et le marché à la criée, l'enquête avance à pas comptés, qu'on voudrait bien ralentir encore, peu pressés que nous sommes de quitter la compagnie de Leo Caldas.
    Voilà donc quelques heures assurées de belle lecture, assis sur les galets de la plage, sous la pluie, où Domingo Villar fait la preuve que Montalban n'est pas le seul auteur de polars espagnols !

    18/03/2014 à 14:41

  • La Vérité sur l'affaire Harry Quebert

    Joël Dicker

    8/10 Inclassable ce roman qui parle de littérature, d’écriture et d’écrivain, qui s’étend sur les affres des auteurs devant leur page blanche. C’est plein d’humour et d’autodérision, une histoire comme seuls les américains juifs new-yorkais savent les écrire. On connait bien. Sauf que ?
    Sauf que Joël Dicker est … suisse !
    Ce n’est certainement pas le roman du siècle (l’écriture reste simple, l’histoire superficielle, les rebondissements divertissants et certaines figures un peu convenues) et l’engouement dont ce bouquin a été l’objet est certainement disproportionné, ok, mais voilà quand même un bon gros moment de plaisir. À ne pas bouder, même si le tapage fut assourdissant.

    17/03/2014 à 15:56

  • Le Chinois

    Henning Mankell

    5/10 Le bouquin ne mérite guère l'étiquette de polar, l'intrigue policière n'est qu'un vague prétexte vite délaissé, le roman de Mankell est presqu'un essai de géopolitique (testament ou témoignage).
    Sa thèse nous montre les chinois d'aujourd'hui (ou de demain matin) prêts à néo-coloniser les terres d'Afrique pour y déporter leurs trop nombreux paysans pauvres que le modèle socio-économique chinois peine à satisfaire. L'Afrique personne n'en voulait plus, l'Empire du Milieu a des paysans à ne plus savoir qu'en faire, l'équation est simple.
    Bien sûr on comprend bien que Mankell cherche de bonne foi à défendre 'son' Afrique contre une troisième vague de colonisation mais malgré ses 500 pages, sa thèse a vraiment des relents nauséabonds de péril jaune et la démonstration est vraiment un peu courte.
    Dommage, car le sujet est vraiment passionnant et au cœur de l'actualité mondiale.

    18/03/2014 à 14:58 1

  • Le Dernier Lapon

    Olivier Truc

    8/10 Polar ethnique, thriller nordique, la bande annonce est alléchante, d'autant que le réalisateur, Olivier Truc, est un journaliste français correspondant du Monde à Stockholm.
    Un demi-coup de coeur : pas pour le côté littéraire (l'écriture est trop standard), pas pour le côté polar (l'enquête n'est qu'un prétexte), mais pour le volet ethno-socio-géo-politique. À lire comme un avant-goût de voyage.

    18/03/2014 à 14:45 2

  • Le deuxième voeu

    Ramón Díaz-Eterovic

    9/10 Comme tout bon auteur de polar un peu désabusé, Ramòn Dìaz Eterovic a entrepris d'explorer les zones d'ombre de la société contemporaine : après le racisme chilien qui servait de décor à La couleur de la peau, cette double enquête du Deuxième vœu va nous mener sur les traces de ceux qui exploitent la misère du troisième âge, allant jusqu'à rançonner les petits vieux pour faire main basse sur leurs pensions.
    Comme d'habitude, les enquêtes policières ne sont ici qu'un prétexte à peine nécessaire : prétexte à côtoyer pendant quelques pages Heredia et ses amis, à découvrir quelque face cachée de notre société, à parcourir les rues de Santiago. En somme, un prétexte pour passer un agréable et intelligent moment.
    Ramòn Dìaz Eterovic est assurément la découverte polar de cette année 2013.

    17/03/2014 à 16:08 1

  • Le printemps du commissaire Ricciardi

    Maurizio De Giovanni

    9/10 Après L’hiver du commissaire on s’était promis d’attendre le second épisode pour confirmer le coup de cœur : avec ce Printemps du commissaire Ricciardi c’est bel et bien chose faite et Maurizio De Giovanni est vraiment un excellent filon.
    Cette deuxième saison est encore mieux construite que la précédente, avec toute une kyrielle de personnages dont les tranches de vies s’entrecroisent pour donner un panorama un peu triste et mélancolique du petit peuple de Naples …
    On retrouve bien entendu le beau commissaire aux yeux verts, toujours affligé de son sixième sens, le sens de la douleur, le commissaire qui “voit” les morts et entend leurs dernières paroles, souvent mystérieuses.

    15/03/2014 à 11:39 3

  • Le signal

    Ron Carlson

    9/10 Concocté par Ron Carlson, le subtil mélange d'un passé, tantôt amoureux, tantôt galère, et d'un présent, souvent désabusé, est un élixir dont ne se lasse pas.
    Mais voilà ... on sent que ça ne va pas durer. Forcément cette balade va mal tourner. Forcément Mack va encore tout faire foirer.
    Et c'est peut-être ça qui nous rend accros : l'histoire de cet ex-couple est superbement écrite, on ne voudrait jamais les quitter, on voudrait continuer à les suivre au bout du Wyoming, mais les paysages défilent, les pages tournent, et on sait qu'on approche de la fin, inexorablement, zut, zut, allez je relis encore une fois ce chapitre.
    Oui, voilà, on voudrait lire ce bouquin à reculons, on voudrait que nos deux randonneurs soient en moins bonne forme, qu'ils fassent deux pas en avant et surtout un en arrière ... histoire de faire durer le plaisir.
    Un peu dommage que la suite du bouquin ne soit pas tout à fait à la hauteur des attentes éveillées par la magistrale première partie : une fin un peu convenue où le viril Mack zigouille les méchants qui ont osé toucher à son ex-chérie qu'il aime encore au fond de son cœur. D'autant que Ron Carlson disposait de tous les ingrédients dans son sac à dos pour laisser son histoire se poursuivre en demi-teinte et se terminer en queue de poisson ... pêché dans un lac de montagne.
    Que cela ne vous empêche pas de partir sans hésiter pour une très belle balade, sur les traces de Mack et Vonnie, un très beau couple.

    18/03/2014 à 15:12 3

  • Les talons hauts rapprochent les filles du ciel

    Olivier Gay

    2/10 Quel livre décevant ! Quelle écriture bâclée !
    Un soi-disant polar dans le milieu branché (pardon : hype) des soirées parisiennes.
    Intrigue nullissime, ambiance hype mais sans aucun intérêt.
    Quel dommage de voir ainsi gâché un aussi joli titre …
    Et de plus, c’est plutôt mal écrit et l’humour promis n’est que trop rarement au rendez-vous.

    17/03/2014 à 16:10

  • Requins d'eau douce

    Heinrich Steinfest

    8/10 Quel plaisir que cette lecture où la kulture est évidente sans se prendre au sérieux, portée par l'humour pince sans rire et les associations d'idées, où le sel de l'esprit est si savoureux et si impertinent qu'on se dépêche de passer les détails de l'intrigue policière dans la hâte de se perdre dans une nouvelle digression à demi philosophique.
    Une lecture où l'on retrouve un peu d'une ambiance entre l'inspecteur Derrick et Fred Vargas.
    L'inspecteur Lukastik est misanthrope, obsessionnel, impertinent, prétentieux et arrogant, un vrai parisien.

    18/03/2014 à 14:49 1

  • Sacrifices

    Pierre Lemaitre

    7/10 Bon, reconnaissons quand même qu'il s'agit là de l'épisode le moins bon de la trilogie, un épisode qui n'arrive pas au niveau des deux précédents qui avaient placé la barre très haut.
    On sent que Pierre Lemaître a voulu se consacrer aux tourments de son personnage et fouiller plus loin dans les recoins de son esprit, quitte à sacrifier un peu les acolytes et collègues (on s'y était attaché ...), donner une brillante conclusion à sa trilogie et boucler la boucle, plutôt qu'à renouveler un exercice de style désormais connu.

    17/03/2014 à 15:51 2

  • Seul le silence

    R. J. Ellory

    9/10 Seul le silence est un GRAND roman.
    C'est écrit par un anglais mais on jurerait du Truman Capote (à qui ce livre est dédié d'ailleurs), du Faulkner ou du Steinbeck, si, si.
    On y retrouve ce souffle des grands écrivains américains, de ceux qui savent raconter une histoire. Rien de moins que l'histoire de la vie, la dure et la vraie vie.
    À cette lecture on ne peut qu'évoquer ces auteurs US perdus dans les vastes étendues sauvages de l'Ouest.
    Sauf que R. J. Ellory a grandi à Birmingham même si son histoire se passe dans les États du Sud, en Géorgie.
    L'histoire policière passe au second plan : ce qui intéresse Ellory c'est le parcours de son jeune héros, écrivain en herbe, meurtri par la vie et bouleversé par les morts de ces petites filles. Et c'est ce qui fait la force et l'intérêt de son roman.
    Bien sûr, à la toute fin on saura derrière qui se cachait l'affreux, mais ces ultimes péripéties seront somme toute un peu convenues sinon décevantes : ce bouquin vaut essentiellement par sa longue première partie (fort heureusement, y'en a quand même pour deux bons tiers du pavé).
    On l'a dit, R. J. Ellory fait partie des grands qui savent raconter une histoire. Une grande comme des petites.

    20/03/2014 à 10:31 5

  • Témoin involontaire

    Gianrico Carofiglio

    8/10 Avec ce polar judiciaire, on n’est pas tout à fait dans une enquête policière et l’on découvrira les nouveaux éléments, un peu comme les jurés, au cours des débats et des plaidoiries : l’avocat Guido et son auteur savent ménager ses effets.
    Un bouquin bien fichu et très agréable à lire avec une ambiance fouillée qui fait un peu penser à celle du chilien Ràmon Dìaz-Eterovic (avec son privé Heredia et son chat Simenon).
    Outre la procédure judiciaire (pas trop compliquée, rassurez-vous), on se plait à suivre les démêlés de Guido avec sa déprime et ses petites amies et on se dit qu’on tient là encore une bonne série : d’autres épisodes nous attendent déjà et on va donc attendre le prochain avant d’épingler un coup de cœur … qui ne saurait tarder.

    15/03/2014 à 11:36 2

  • Un lieu incertain

    Fred Vargas

    9/10 Fred Vargas s'est déchaînée : un véritable feu d'artifice d'associations d'idées, un festival d'Adamsbergueries.
    Les personnages se multiplient (le commissaire british, le neveu serbe, les adjoints ahuris de la brigade du commissaire, ...) et les dialogues sont tous plus déjantés les uns que les autres.
    Fred Vargas manie le fil et l'aiguille avec doigté et saute du coq à l'âne avec souplesse.
    L'auteure a le don de nous faire toucher le tissu erratique qui sous-tend le monde que l'on dit rationnel. C'est pas du fantastique ou du surnaturel (il ne s'agit que de pensées, d'actes ou de paroles très humains, si humains justement) mais, comment dire, on n'a pas tous le don d'Adamsberg pour naviguer dans ces eaux troubles et discerner les connexions au-delà des apparences. On s'identifierait plutôt aux collègues ahuris de la brigade !

    18/03/2014 à 15:05 2

  • Un pied au paradis

    Ron Rash

    9/10 Certes il y a meurtre et assassin mais l'étiquette polar serait quelque peu réductrice pour ce roman remarquablement construit, avec une écriture forte et droite. Un très bon moment de lecture.
    Tout au long du récit, alors qu'on s'enfonce dans les mémoires, dans les vies et l'histoire de ces fermiers des terres du sud, la montée annoncée des eaux du barrage résonne comme le refrain d'un choeur antique.

    18/03/2014 à 14:42 1

  • Vendetta

    R. J. Ellory

    8/10 Un peu comme pour Seul le silence : R.J. Ellory a encore des progrès à faire pour terminer ses histoires qu'on ne voudrait pas voir finir - quelques rebondissements rocambolesques viendront clôturer le scénario : bien sûr on ne découvrira que dans ces toutes dernières pages pourquoi Ernesto Perez a monté cette machination, pourquoi il a enlevé la fille du gouverneur de Louisiane, pourquoi il voulait confesser sa longue série de crimes et de qui il voulait se venger.
    Et "comment".
    Car une chose est sûre, Ernesto Perez était bien trop malin pour ne pas avoir tenu compte de la sagesse sicilienne qui enseigne que :

    [...] Si tu cherches la vengeance, creuse deux tombes ... une pour ta victime et une pour toi.

    20/03/2014 à 10:28 2

  • Yeruldelgger

    Ian Manook

    6/10 Patrick Manoukian veut trop bien faire et accumule les maladresses.
    Pour faire moderne ou pour nous convaincre que les nomades sont branchés, l’auteur nous inonde d’iphone, ipad et autres igoogooleries. Ben voyons.
    Et puis non content d’en faire des kilos au rayon folklore local (au point de convoquer les moines de Shaolin !), il en fait des tonnes au rayon polar. Plus américain tu meurs. À tel point que certains chapitres hyper-violents sont bien trop complaisants envers les sévices infligés aux corps des jeunes femmes : on retrouve là des relents nauséabonds de Millenium. On n’aime pas du tout, du tout, cette tendance douteuse et dangereuse qui demande à être parfaitement maîtrisée, ce qui est loin d’être le cas chez Stieg Larsson comme chez Ian Manook.
    Manoukian s’applique d’ailleurs soigneusement à imiter un peu tout le monde : commissaire à la Nesbo, fantômes à la Indridason, nazillons à la Mankell, légiste à la Patricia Cornwell, far-east à la Craig Johnson et j’en passe. Cette accumulation facile, commerciale et maladroite de clichés (et de violences gratuites) finira donc par nous gâcher le plaisir du voyage.

    15/03/2014 à 11:20 3