chouchou

597 votes

  • Salut à toi ô mon frère

    Marin Ledun

    8/10 Marin nous a habitués aux écrits sociaux, politiques, ou purement et simplement sombres. On rentre là dans un exercice de style dont il ne nous avait pas habitués, bien qu’en interlignes de l’humour, du burlesque pointaient. Comme précisé par l’éditeur, et donc assumé, l’auteur se livre, ouvert, à un effort de la trempe de Daniel Pennac, époque Malaussène. Sans « traîtrise », sans le goût de la resucée, il nous expose un roman tel une soupape de respiration, pour expulser un pan algique de son existence qu’il combat par la dérision mais pas que…

    30/04/2018 à 11:06 10

  • Suburra

    Carlo Bonini, Giancarlo De Cataldo

    8/10 De ce quartier pauvre et malfamé de la ville antique des liaisons dangereuses, paradoxales se tissent au gré de magnétismes contraires aux lois de l’attractivité.

    Ecrit à quatre mains, l’alternance de dialogues et de descriptions plus contextuelles et narratives confère à celui-ci un tempo sustento.

    On est dans la démonstration des facultés exigibles pour être à la tête de la pyramide. Les descriptions humaines des différents protagonistes dans l’échelle hiérarchique dessinent une esquissse bigarrée et judicieuse des organisations mafieuses.

    Dans cet étalage graduel des rôles invoqués, la compréhension de l’architecture et des rouages des pouvoirs parrallèles s’éclairent avec minutie de par l’expertise liée à ses auteurs.

    Le sommet s’acquiert par l’empirisme, la « sagesse », l’intellectualisation du monde environnant. Samourai par ses rites, ses manies, son image incarne ses valeurs, les respecte et les « magnifie ». L’interpénétration des milieux politiques, judiciaires, activistes et mafieux dresse irrémédiablement les maux, les métastases de nos sociétés contemporaines.

    Suburra image éternelle d’une ville incurable. Demeure d’une plèbe violente et desespérée qui des siècles auparavant s’était faite bourgeoise et qui occupait le centre géographique exact de la ville. Parce qu’elle en était et en restait le cœur. Suburra, l’origine d’une contagion millénaire, d’une mutation génétique irréversible nous prend par la main dans les méandres de la pieuvre et ses ventouses…

    Même la philosophie est violence, souffrance. Car il n’est pas possible de penser décemment sans se faire mal. Vous vous ferez peut-être mal mais avec esthétisme.

    20/01/2016 à 23:07 5

  • À mains nues

    Paola Barbato

    9/10 Si l’auteure s’ingénie à tremper sa plume dans le fiel ses esquisses pugilistiques létales ne cherchent pas à nous rebuter. Elle nous laisse maîtres de nos émotions, de nos images sans inférer sur nos esprits.
    Cette qualité nous invitant à diriger notre lecture en disposant d’anfractuosités, de pitons pour assurer nos appuis. La navigation dans cet écrit limpide nous réconforte à cette littérature noire qui ne se veut ni moralisatrice ni interventionniste. On peut alors classer Barbato dans le camp des Behavioriste.
    Le bouquin scindé en trois volets nous projette violemment dans la destinée et la furie d’un ange vengeur, où la filation forcée de Davide et Minuto sert d’alibi à une quête euristique d’identité tapie dans un subconscient .
    Ecrit vénéneux, lourd par son fond, mais un réel plaisir littéraire. Attention à ne pas mettre dans toutes les métacarpes !

    29/12/2015 à 23:05 9

  • Darktown

    Thomas Mullen

    8/10 On est en Géorgie dans la ville la plus peuplée de l’état suivant la seconde guerre mondiale. Pour la première fois des agents du département de police sont recrutés parmi la communauté noire. Dans cette atmosphère électrique, où malgré une volonté politique de poser les fondements d’une concorde et d’une égalité de façade, on assistera à la coexistence de deux unités policières distinctes. Et justement, l’équité de traitement, de mission, de statut restent loin d’atteindre son but. Le plafond de verre est toujours solide mais des hommes tentent de faire évoluer les lignes en se battant avec leurs armes.

    18/10/2018 à 18:59 9

  • De chair et d'os

    Dolores Redondo

    8/10 Véritable juxtaposition du premier volet, l'auteur nous révèle, sur un ton antinomiquement melliflue, les remous et autres anfractuosités des histoires familiales. Me Redondo aime ses personnages et elle contribue à nous les faire aimer, elle aime ses racines et contribue à nous les faire apprécier. Sous le charme littéraire et dans l'impatience de la clôture du triptyque...

    08/12/2015 à 19:36 9

  • Ils ont voulu nous civiliser

    Marin Ledun

    8/10 Au décours d’une nuit, où les éléments naturels se déchaînent et que le dieu Eole trace son impitoyable sarabande, les existences de cinq hommes se trouveront mêlées dans des affrontement sans retour. La côte landaise en est le décor, les pinèdes formant un paysage reproductible à l’infini, et les haines, les colères couplées à cette apocalypse nous décriront un bal bien macabre.

    26/10/2017 à 11:57 9

  • L'Enfer de Church Street

    Jake Hinkson

    8/10 Confessions d'un meurtrier malgré lui.
    Geoffrey Webb a eu une existence paradoxale. Son parcours n'emprunte pas un chemin choisi et celui-ci s'agrémente de décisions paroxystiques brutales et définitives.
    Sous couvert d'une écriture brute, ciselée, sans esbroufe Hinkson nous délivre un polar noir khôl où transparaissent les déviances tapies dans l'âme humaine. L'auteur possède un sens aiguisé du rythme et se délecte à infléchir nos émotions, le tempo de notre lecture. Mélancolie d'une existence moribonde dépeigne l'acrostiche du message voulu par Hinkson en trompe l'oeil.

    16/12/2015 à 00:22 9

  • La Chambre blanche

    Martyn Waites

    10/10 Le noir ne se départ pas du noir, la violence ne se départ pas de la violence... On suit les parcours intriqués, entremêlés, entrecroisés de personnages tourmentés, meurtris voire pathologiques dans une fresque à la Pollock révélatrice des affres d'une vie et de sa genèse. Ebouriffé par la capacité suggestive de l'auteur qui "magnifie" cette noirceur en respectant un tempo, consistant du début jusqu'à son terme, on ressort de cette lecture blessé et groggy par moments. Malgré ce déchainements d'horreurs réalistes le dernier mot est ESPOIR. Martyn Waites est un maitre!
    N.B.: Pollock le peintre.

    24/10/2015 à 19:11 9

  • Les Enfants de l'eau noire

    Joe R. Lansdale

    7/10 On perçoit la ritournelle de Ben E. King, un fond typique Creedence Clearwater Revival, voire même du Grant Lee Buffalo... Dans un style simple, juste, l'empathie de Lansdale pour ses protégés nous mène dans cette mini-épopée au travers d'un rite initiatique. Charisme littéraire univoque caractérise la prose biométrique d'un auteur sensible cherchant à nous délivrer un message humaniste.

    13/12/2015 à 00:19 9

  • Les Larmes noires sur la Terre

    Sandrine Collette

    9/10 La brillance, les lumières de la métropole attisent les rêves. Quand ceux-ci sont déçus la chute est vertigineuse. Car la société en a décidé autrement, un tunnel sombre se profile devant une jeune femme à l’orée de sa vie.

    01/02/2017 à 11:13 9

  • Que le diable soit avec nous

    Ania Ahlborn

    7/10 Dans la collection Sueurs Froides de la maison d’édition, nous avions eu l’an passé un ouvrage de Nick Cutter « Troupe 52 » qui présente des analogies, à mes yeux, dans cette volonté de tension croissante et imprégnante. Ce n’est pas mon genre de prédilection, je reste souvent insensible à l’étalage d’épouvante, d’ouvrages qui cherchent à nuire à votre quiétude nocturne. Mais à l’instar du livre cité en préambule, si la construction, l’écriture, et si surtout l’auteur façonne des personnages crédibles, en explorant leur psychologie, il s’impose à ma lecture malgré mes réticences de genre. Et, justement, l’auteur conserve le souci d’explorer avec patience, minutie, cohérence les personnalités des acteurs principaux.

    16/02/2018 à 10:58 9

  • Une terre si froide

    Adrian McKinty

    9/10 Effectivement l'auteur se bonifie dans une maturité sans grandiloquence et la personnification, la trame du récit présente une densité, une cohérence et une construction proche d'un acmé voire d'une suavité conférant à l'alacrité dans la lecture de ce style littéraire.

    08/06/2014 à 22:50 9

  • American Rust

    Philipp Meyer

    9/10 Une merveille de roman noir! L'écriture, le cadre et le déroulement tout y est. Un grand auteur, une grande et passionnante histoire. (Lu à sa sortie, donc souvenir vivace mais avis lapidaire)

    16/07/2016 à 20:06 8

  • Bienvenue à Cotton's Warwick

    Michaël Mention

    7/10 Plongez en apnée dans une zone reculée, inamicale, du pays continent ! La dépravation inéluctable et brutale d’un îlot de congénères aux prises à une mystérieuse aberration, une damnation sans issue, débouchera sur un jeu de mikado hémorragique où le moindre relâchement, la moindre hésitation seront synonymes d’anéantissement au propre comme au figuré.

    07/12/2016 à 11:10 8

  • Brigade des Mineurs

    Raynal Pellicer, Titwane

    8/10 Dans le corps de la police judiciaire il y a une brigade spécialisée présentant une place à part. sa particularité, son image tient à la nature des problématiques gérées. On l’a vue dans Polisse, film événement de Maïwenn, là ce sont les compétences d’un graphiste et celles d’un documentariste/réalisateur qui permettent de pénétrer dans le quotidien de ce groupe de femmes et d’hommes qui sont aussi, pour une partie, des parents aux prises avec le sordide, l’abject, l’insoutenable, l’inconcevable qui pourraient générer un légitime sentiment atrabilaire….

    27/03/2017 à 11:12 4

  • Cavalier seul

    Nath Gevart, Fred Gevart

    8/10 Court récit de la passion, des passions. On s’engouffre dans la douleur, douleur du corps, douleurs des âmes. L’écriture à quatre mains révèle, sans mièvrerie ni condescendance, la souffrance humorale des adeptes du sport extrême et y conjugue avec aisance et équilibre, une description sensible d’une relation tumultueuse.

    04/05/2016 à 19:58 4

  • Emergency 911

    Ryan David Jahn

    8/10 A l'instar de sa première oeuvre, l'auteur conserve une prose et un style de très belle facture. Le récit est, il est vrai, plus classique mais surclasse des écrits de la même veine en jouant aussi sur la rupture du personnage central face à ses valeurs et ses préceptes. Le fond moral symbolise l'inénarrable lien paternel envers la chair de sa chair. Un écrivain solide dans ses convictions et sa maitrise des codes du roman noir! Une valeur sûre, espérons-le...

    02/09/2014 à 00:04 8

  • Jeux pour mourir

    Jacques Tardi

    8/10 Je crois que, probablement, cet effort reste ma BD de Tardi dans sa dimension sociale, tragique, et donc très polar. L'auteur conserve par ailleurs une certaine truculence tant au niveau graphique que scénaristique. La sensation poisseuse colle à l'épiderme et nous renvoie à des considérations politiques fortes et engagés; à la manière d'un Fajardie.

    07/05/2015 à 23:06 4

  • Juste après la vague

    Sandrine Collette

    6/10 Ce pourrait être nulle part, ce pourrait être partout. Ça semblerait être maintenant ou bien dans un autre temps. Le unités de lieu et de temps sont subalternes dans la narration de cette tragédie, où se mêleront des oppositions issues de forces naturelles et des cas de conscience lacérant des âmes meurtries, ce qui incline le récit à un dénuement, rattaché tel le muscle à son os. La force, le poids de l’histoire contée se logeront, donc, dans l’affrontement de destins infléchis par la colère de la terre, et où ambivalence, nuance, révolte sont bannis des mots clefs du roman.

    17/01/2018 à 11:30 8

  • L'Heure des fous

    Nicolas Lebel

    8/10 Sans se départir de sa verve, de son langage vert et fleurie, Nicolas Lebel conquiert son lectorat par son ambiance simple sans esbroufe et nous inclut dans cette famille sous la figure tutélaire de Mehrlicht. L'angle d'enquête direct mais cohérent offre une déclinaison policière attachante dans la complémentarité du groupe et ses nuances. Drop-goal tenté et réussi, à suivre...!

    20/09/2015 à 23:50 8