jackbauer

699 votes

  • Bienvenue à Cotton's Warwick

    Michaël Mention

    9/10 C'est un peu comme si, au détour de Cotton's Warwick, vous tombiez sur le chaînon manquant faisant la jonction entre la tribu de rednecks du Délivrance de John Boorman et la troupe de freaks de Todd Browning; son invraisemblable communauté de tarés, cette monstrueuse galerie de personnages, c'est Rendez-vous en terre inconnue version Tobe Hooper, une plongée hallucinante au cœur d'un territoire hostile, au fond d'un abyme de désespérance, d'horreur et d'abandon...
    Ici, on copule en famille, on enterre sa peine et ses rêves d'ailleurs sous des couches de cynisme frelaté, on survit en vase clos... Ici, Darwin côtoie Hemingway, George Miller et Alfred Hitchcock... Ici, le genre humain en est réduit à la portion congrue, et finit par s'étioler sous les coups de butoir d'une barbarie et d'une bestialité crasse, symboles décadents d'une société privilégiant l'individualisme et le repli sur soi...

    05/01/2017 à 00:00 7

  • Billy Summers

    Stephen King

    7/10 Parce que c'est Stephen King, et parce que le talent ne se perd pas, j'ai fait l'effort d'aller au bout d'une histoire qui gagne en intérêt au fil des pages, sans pour autant s'approcher du niveau de ses meilleures intrigues...
    Mais parce que c'est Stephen King, je me dois d'être honnête, et de dire que si un auteur lambda avait été à l'origine de ce roman, j'aurais sans doute abandonner en cours de route cette histoire qui aurait pu tenir en moitié moins de pages, et qui aurait fait une formidable nouvelle...
    Et pourtant, parce que c'est Stephen King, je referme le livre le sourire aux lèvres et les larmes aux yeux, la faute à cette foutue humanité qui traverse ses personnages, même les moins mémorables, à son improbable duo beaucoup mieux assorti qu'on aurait pu l'imaginer au départ, à ces dernières pages dans lesquelles l'auteur se livre presque trop, sur le pouvoir de l'écrit et de l'écrivain...
    Et de me dire : " Vivement le prochain..."

    02/04/2023 à 18:34 7

  • Biotope

    David Coulon

    9/10 Lecture éprouvante, lecture dérangeante, j'ai ressenti, en parcourant les pages de ce Biotope, le même malaise qu'à la lecture du Vide de Patrick Sénécal, malaise d'autant plus saisissant qu'il suscite là aussi une vraie réflexion quant au sujet très clivant du roman...
    Le sujet, qui rappelle le Fil rouge de Paola Barbato, ou les Sept jours du talion du même Sénécal, génère une impression d'inéluctabilité, liée à sa mécanique implacable, dont David Coulon nous donne, par petites touches, les clés, pour tenter d'appréhender l'ignoble et l'inconcevable...
    L'approche psychologique finement menée, apporte une réelle plus-value à cette œuvre sans concessions...

    31/01/2023 à 21:57 8

  • Black Coffee

    Sophie Loubière

    7/10 Sophie Loubière conduit son récit en épousant le tracé sinueux de la Mother Road : on s'y perd parfois, mais le voyage mérite quand même le détour. Un road trip aux allures de chasse à l'homme et de rédemption, qui permet de passer un agréable moment.

    20/05/2013 à 21:30 4

  • Blanche

    Matthieu Biasotto

    9/10 Ayant eu la chance de lire ce roman en avant-première, et même celle de pouvoir y " collaborer ", lors d'une lecture sociale mise sur pied par l'auteur lui-même, je viens dire ici tout le bien que je pense de ce nouvel opus d'un auteur particulièrement talentueux...
    N'y voyez là point de flagornerie, je désire seulement partager un sentiment assez rare, celui d'une aventure humaine étonnante, combinée à l'accouchement d'une œuvre diabolique...
    Le plaisir indissociable d'une lecture participative et d'un récit protéiforme, comme une fugue dissociative, tantôt dans la peau de l'auteur, tantôt dans celle de ses personnages...
    L'impression d'une beauté fragile et dévastée, d'une œuvre imparfaite et à parfaire, d'esquisses définitives et de vérités renouvelées...
    L'impression d'avoir participé à la naissance d'une héroïne atypique, quand l'émotion naturelle qui nous porte à l'empathie se révèle le plus troublant et le plus sournois des conseillers...
    L'impression de connaître ce chemin qui mène à  l'infernal traumatisme, et que, bien que pavé de louables intentions, il n'en demeure pas moins de travers(e)...
    L'impression de n'y plus rien comprendre, et de se dire, qu'après tout, ce qui compte, ce n'est pas le sens des mots, mais plutôt l'essence d'émoi...
    La réalité d'une conclusion unanime, qui promet presque un peu plus ( un peu
    trop ? )...
    L'impression d'avoir passé plus d'une nuit (avec) Blanche, et de se dire que, parfois, les cauchemars ont de bien beaux atours dans leur sac...

    09/05/2019 à 22:46 7

  • Block 46

    Johana Gustawsson

    7/10 L'incursion au coeur de la barbarie nazie durant la seconde guerre mondiale, le quotidien des déportés esquissé durant la première moitié de l'ouvrage, à l'origine des délits qui y seront commis, octroie, par le contraste qu'il provoque, et son abject réalisme, une authentique valeur ajoutée au roman de Johana Gustawsson, qui tire sa singularité d'un détonnant mélange des genres...
    En confrontant passé et présent, en jouant habilement avec les points de vue des différents protagonistes, son oeuvre sait nous tenir en haleine, en dépit d'une investigation quelque peu indolente, avec très peu de séquences d'action, mais un duo d'enquêteuses que j'aurais plaisir à retrouver, pour creuser encore un peu plus leurs zones d'ombre qui demeurent...

    16/04/2017 à 09:45 8

  • Bon à tuer

    Paola Barbato

    6/10 Si la violence était la matrice d' "À mains nues", et du "Fil rouge", et si ses personnages la subissaient de plein fouet, ici, c'est nous qui devons nous faire violence pour ne pas s'arrêter aux premières pages, quitte à devoir rendre les armes à peine le livre entamé...
    Une première partie assez confuse, dont on n'émerge qu'à la moitié du livre...
    Une première partie pendant laquelle, il faut bien le reconnaître, il ne se passe pas grand chose, surtout après ce qui est révélé par la quatrième de couverture, si bien que, pendant un moment, je me suis demandé s'il n'y avait pas eu erreur...
    Une première partie vampirisée par ses nombreux personnages, qu'elle met en avant l'un après l'autre, sans que l'on sache toujours distinguer qui est qui, et qui fait quoi...
    L'intrigue ne décolle vraiment qu'à partir de la deuxième partie, quand tous les personnages sont amenés à interagir, et que l'aspect policier s'affirme, que la chasse à l'homme commence...
    Ce troisième roman dénote sensiblement dans l'univers de Paola Barbato, eu égard à ses deux précédents ouvrages, et n'aura pas laissé la même empreinte dans mon imaginaire de lecteur...
    Mais qu'elle se rassure, contrairement à Guido Brugnati, je ne lui en tiendrais pas rigueur...

    13/10/2019 à 19:54 4

  • Bon retour en enfer

    Florence Lemaire

    5/10 Un thriller qui, sans renouveler vraiment le genre, s'appuie sur une intrigue plutôt réussie, mais souffre malgré tout de dialogues ratés ; un portrait de femme flic, parfois touchant, mais qui par moments nous plonge dans un inconfort délicat, notamment lorsque l'auteur relate la séquestration de l'héroïne et les tortures endurées...
    Un récit en demi-teinte donc, un souvenir de lecture pas indélébile...

    01/10/2017 à 17:45 3

  • Boréal

    Sonja Delzongle

    7/10 C'est l'horreur boréale qui se lève sur la nouvelle histoire de Sonja Delzongle... Un récit comme un iceberg, dont la partie immergée, qui ne se livre qu'au compte-gouttes, se révèle d'une redoutable efficacité, souvent à contre-courant de ce à quoi le lecteur peut s'attendre, même si le volet britannique de l'intrigue peut apparaître comme superfétatoire...
    Des personnages sous ( hautes ) pressions, une sorte de Dix petits nègres au Groenland, un aréopage de caractères bien trempés confronté à l'indicible...
    Ce polar polaire résonne des références à John Carpenter et se décline comme un roman de la survivance, où la bestialité des pratiques ataviques nous renvoie en pleine face (nord) la cruauté et l'égocentrisme de notre monde moderne, quand se répondent rituels contre nature et agressions contre Nature ...
    L'auteure nous livre alors des pages d'une atrocité glaciale en décrivant le calvaire de ses protagonistes, et dénonçant le côté obscur de l'humain, illustrant ainsi la phrase de Hobbes " L'homme est un loup pour l'homme" ...

    21/03/2018 à 10:08 6

  • Brutale

    Jacques-Olivier Bosco

    7/10 Jacques-Olivier Bosco fait le "JOB" avec ce personnage de Dexter au féminin; c'est efficace, ça brûle le pavé, on croise de bons gros psychopathes tendance sadique, des représentants des forces de l'ordre à la moralité parfois douteuse, une héroïne bien barrée et grave borderline...
    Pourtant, quand Bosco lâche la poignée des gaz de sa grosse mécanique, l'emballement cède la place à plus de circonspection... L'impression d'un agencement idéal voulu par l'auteur, qui répondrait au cahier des charges du genre, un polar bling-bling, comme un de ces blockbusters à gros budget, calibrés et saturés d'effets spéciaux, auquel il manquerait un supplément d'âme...
    Le gros paradoxe, c'est que, malgré toutes ses aspérités, j'ai eu du mal à accrocher au personnage de Lise Lartéguy... Comme si la thérapie de choc qu'elle entreprend pour canaliser la Bête qui sommeille en elle anesthésiait toute velléité d'empathie vis-à-vis de sa personne...

    31/01/2017 à 20:19 9

  • Bull Mountain

    Brian Panowich

    9/10 C'est une histoire universelle que choisit de nous raconter Brian Panowich : l'environnement familial qui pèse sur une vie, l'impossibilité chronique de se défaire des liens du sang, et cet atavisme qui peut, parfois, comme un poids mort, vous tirer vers le bas...
    Dès les premières lignes, dès ce premier chapitre qui, en peu de pages, brosse le portrait d'hommes soudés aux valeurs terriennes, presque insulaires, on imagine un western contemporain, baroque et funeste à la fois... Une ruralité génétiquement ancrée dans le clan Burroughs, définissant leurs actes et leurs combats, un attachement à cette terre, leur fief, modelant leurs attitudes et leurs habitudes, forcément en butte au respect des règles établies... Le style de Panowich, qui fait alterner les points de vue et les époques, un peu à la manière d'un George R.R Martin dans Game of Thrones, nous relate le schisme fratricide qui sous-tend l'intrigue, et renoue avec certaines grandes tragédies antiques; son récit, d'une beauté presque fielleuse, viscérale, touche à l'intime et à l'authentique, amenant ses personnages, et le lecteur, au point de rupture émotionnel à chaque tour de page...

    07/05/2016 à 21:53 11

  • Burn out

    Didier Fossey

    7/10 Chronique désenchantée d'une poignée de flics, acteurs patentés de la rubrique des faits divers, ce Burn Out n'épargne pas la profession, cri d'alerte d'un homme de terrain...
    Il se dégage un plaisir presque coupable à voir les hommes du groupe Le Guenn endurer déboires et coups durs, à plonger avec eux au cœur de la dépression qui guette, l'éloge en revenant à l'auteur d'avoir su tisser une connivence bonhomme avec ses personnages à la marge...

    11/08/2017 à 08:51 2

  • Ça

    Stephen King

    10/10 Quand je repense à " Ca ", je me revois allongé dans ma chambre, à même le sol, par de chaudes journées d'été, ado rêveur, heureux de retrouver la petite bande du " Club des ratés ", et de suivre leurs pérégrinations dans leur petite ville de Derry, à vouloir les rejoindre dans les "Friches-Mortes".
    Quand je repense à " Ca " , je revois ce pavé incroyable et foisonnant, pour paraphraser Shakespeare, " écrit par un génie, plein de bruit et de fureur, plein de signification"; ces personnages magnifiquement campés, les différentes facettes de l'Adolescence, aux profils si bien dessinés, tout en rondeurs et aspérités, que la vie se chargera d'araser ou d'effiler...
    Quand je repense à " Ca " , plus qu'à un excellent roman d'horreur, je repense à l'un de mes plus grands souvenirs de lecteur, si ce n'est le plus intense, et à la première fois où j'ai espéré qu'un roman ne se termine jamais... Merci Mr King...

    08/10/2013 à 10:15 4

  • Ça peut pas rater !

    Gilles Legardinier

    8/10 Gilles Legardinier nous gratifie d'un nouveau " feel good book ", une histoire d'humour pour ses personnages au sens de l'amour... Et même si le côté Amélie Poulain désenchantée a un petit air de déjà-vu, on est emporté par la tendresse, la bienveillance et la loufoquerie de ses personnages...

    28/12/2014 à 10:45 4

  • Cabossé

    Benoît Philippon

    8/10 Cabossé, ça pourrait être le nom de la fée plutôt cruelle qui, à la naissance, se serait penchée sur le berceau de Raymond, alias Roy: comme si, en pleine partie de poker existentielle, elle avait choisi son âme pour se défausser... Un personnage de conte défait, dont la légende s'écrit à coups de beignes dans la gueule, la sienne, mais surtout celle des autres... Un prince désenchanté, à qui le destin octroie un nouveau départ... Bonne pioche ?
    Benoît Philippon s'invite à la table des forts en gouaille, les Michel Audiard et autres Frédéric Dard, avec cette fable contemporaine et profondément humaniste; des chapitres courts et nerveux comme autant d'uppercuts, qui vous vrillent la face et le coeur, balançant entre humour et déconvenues...
    Charitable envers ses personnages, sans être acrimonieux, avec ce road book à l'eau de chardon, il parvient à transformer d'attendrissants anti-héros en d'épatants Michel Simon et Arletty des temps modernes...

    18/01/2017 à 21:16 8

  • Candyland

    Jax Miller

    9/10 Sous ses dehors à la Bull Mountain, Candyland dépose sur vos pupilles une saveur âcre-douce : le désespoir charbonneux de ses trajectoires individuelles, malgré les tentatives d'extraction d'une destinée à la marge, vient vous brûler les iris, jusqu'à annihiler toute perspective enchantée...
    Jax Miller vous apâte avec une pleine poignée de friandises, de beaux mots sucrés, qu'elle enrobe de fiel et d'amertume, et qu'elle vous force à ingurgiter ad nauseaum, de ceux qui vous filent mal au bide, le cœur au bord des larmes, les émotions en vrac...
    Une lecture éprouvante, au sens étymologique du mot, car c'est en effet une véritable épreuve que de se confronter à cette déréliction, cette chienlit émotionnelle, qui affecte chacun des protagonistes, magnifiée par l'écriture incarnée de Jax Miller...
    Une tragédie shakespearienne intense et mémorable, l'un des romans les plus marquants de cette année...

    04/12/2017 à 21:22 12

  • Canyon Creek

    Alexis Aubenque

    5/10 On sent bien qu'Aubenque à intégré les codes du thriller à l'américaine, mais il lui manque le souffle, la flamme pour se démarquer du tout venant et emporter l'adhésion... Pas mauvais, mais pas transcendant non plus...

    19/02/2013 à 21:38 1

  • Cari Mora

    Thomas Harris

    7/10 Le nouveau thriller de Thomas Harris, post-Hannibal Lecter, suscite une sorte d'intérêt distancié, car il pâtit d'une forme de précipitation, qui voit l'auteur enchaîner les séquences, et les péripéties, comme si le temps lui était compté...
    On n'a pas le loisir de réellement s'attacher à ses personnages, que, déjà, ils sont priés de quitter la distribution...
    Dommage, car certains d'entre eux auraient mérité une plus grande considération, voire, que l'histoire se concentre plus spécifiquement sur leur personne...
    En guise de trait d'union entre cette histoire de chasse au trésor et l'univers de son célèbre docteur anthropophage, l'auteur n'omet pas de parsemer son récit d'exactions au sadisme prononcé, ou suggéré, même si, là aussi, le traitement reste superficiel...

    16/06/2019 à 09:14 6

  • Carnets noirs

    Stephen King

    7/10 Plus qu'une simple suite à Mr Mercedes, c'est à un rallongement de l'aventure initiale que nous convie Stephen King, avec cette histoire de rapt littéraire, attisant les convoitises, et déchaînant les passions...
    Dans une première partie, au demeurant fort réussie, il parvient à concilier son amour pour toutes les formes de littérature, avec la mise en place d'une intrigue suffisamment accrocheuse, qui va, malheureusement, s'essouffler assez rapidement... Mais en cela ne réside pas la ressource essentielle du roman; plutôt, dans le questionnement de la destinée de ces personnages de fiction, auxquels l'auteur va, à un moment donné, lâcher la bride, s'accomplissant dans l'imaginaire des lecteurs... Ici encore, comme dans Misery, King pousse le curseur au plus haut point de fanatisme, s'interrogeant sur cette étrange relation pouvant unir auteur et lecteur...

    19/05/2016 à 10:56 6

  • Carter contre le Diable

    Glen David Gold

    2/10 La magie n'a pas opéré, je suis resté hermétique à cette histoire, là où d'autres ont pu se montrer si dithyrambiques... C'est bien la première fois que je ne lis pas un livre jusqu'au bout, mais là, rien, ni le style assez plat, ni l'histoire assez convenue ( pour le peu que j'en ai lu) ne m'ont donné envie de persévérer... Peut-être suis-je passé à côté, ou bien ai-je perdu mon âme d'enfant, la faute à tous ces croque-mitaines, auteurs de thrillers, qui peuplent mes lectures régulièrement....

    01/10/2014 à 17:53