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Maigret chez le ministre
8/10 Une tragédie. Un peu plus tôt, cent vingt-huit enfants traités dans un sanatorium sont morts lors d’une catastrophe liée aux intempéries. Maigret a reçu chez lui un coup de fil du ministre des travaux publics, Auguste Point, parce qu’il a reçu de mains de Piquemal le rapport Calame, établi bien avant le drame, et qui prophétisait ce cataclysme. Malheureusement, le rapport a été volé et Point, homme de cœur et d’une immense probité, souhaite que le commissaire le retrouve avant que l’on ne prétende qu’il l’a sciemment détruit pour protéger des hommes politiques.
Encore un très bon ouvrage de la part de Georges Simenon. Pour une fois, pas une enquête criminelle à proprement parler, mais une investigation au cours de laquelle il va falloir remettre la main sur ce fameux rapport, savoir qu’il l’a subtilisé et pourquoi. Ici, Maigret fait beaucoup appel à ses fidèles coéquipiers, ce qui délite parfois un peu l’intrigue avec quelques allers-retours où notre protagoniste est un peu moins mis en avant que dans d’autres des ouvrages. Néanmoins, deux points, excellents, ont marqué mon attention : la diatribe de l’auteur contre la classe politique (ce qui est en outre original dans sa bibliographie), avec les collusions, vilénies, manigances et autres chantages malodorants, où l’on comprend mieux pourquoi Maigret indique qu’il n’apprécie guère ces cercles. Deuxième point, qui en vient presque à contrebalancer le premier : la personne de Point. Résistant zélé et discret dont on n’a su que tard le rôle primordial pendant l’Occupation, c’est un individu intègre, un peu venu à la politique par hasard, tard, alors que tant de ses confrères n’y sont allés que par appât du gain ou des dorures, tremblant pour sa vertu quand il se voit déjà voué aux gémonies pour un forfait dont il est innocent. D’ailleurs, les dernières lignes, en peu de mots, avec une immense pudeur, révèlent l’étendue de sa probité et de sa belle éducation. Bref, un roman qui tranche avec les autres autant qu’un bien beau moment d’une lecture qui nous évite les poncifs du « tous pourris ».09/04/2022 à 08:12 4
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Résister ou mourir
6/10 Riku impressionne Rénoma par son courage, allant même jusqu’à le protéger après ce début de match de rugby d’un dangereux et violent gardien de prison. Le pourtant trouillard Suguru se montrera décisif tandis qu’un personnage féminin apparaît, Aï Torasawa, nouveau médecin de cette zone du pénitencier. Où l’on découvre le passé de Rénoma, les raisons pour lesquelles il a basculé dans la violence, ainsi que le cachot si particulier pour prisonniers têtus, où la victime est attachée au sol tandis que la pièce est remplie d’eau. Comme dans le précédent tome, rien de bien sensationnel, mais un ensemble typiquement manga, agréable, parfois drôle parfois violent, qui se laisse lire sans pour autant provoquer de réels frissons ni de souvenirs indélébiles.
06/04/2022 à 18:08 2
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Syndrome 1866 tome 4
7/10 Miroku est toujours chamboulé par le double homicide qu’il a commis. Alors qu’il peine à se remettre à l’écriture, il tombe sur un homme, Sudô, grand jouisseur de l’existence, en train de forniquer qui pourrait bien avoir une grande influence sur sa trajectoire émotionnelle, en le poussant à avoir « les yeux d’un assassin » et en « affirmant ses désirs ». Un bon opus qui joue sur les leviers émotionnels d’Hikaru et de toute être humain poussé dans ses derniers retranchements, à assumer sa conscience malpropre et ses appétits malveillants. Vivement la suite, d’autant que ce Sudô est un tentateur de la trempe de la défunte Hikaru.
06/04/2022 à 18:07 1
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Le Manoir de l'écureuil, Première partie
7/10 … ou comment Mickie Katz, pour ce quatrième tome de l’Agence 13, doit cette fois-ci s’occuper de la maison de Savannah Warlock. Cette femme, auteure de best-sellers policiers, avait sombré dans l’anonymat après s’être subitement éclipsée en traçant subitement dans le désert bordant sa maison isolée, mais la récente réussite au box-office de l’adaptation de l’un de ses livres l’a remise sur le devant de la scène. Une disposition testamentaire indique que sa maison d’édition continuera de bénéficier de royalties si sa demeure est entretenue, d’où le fait que l’on fait appel en urgence à Mickie afin qu’elle redonne de l’éclat à la maison. Sauf que rien ne semble si limpide : un agent littéraire aux allures de golden boy, l’ancien fondé de confiance de l’écrivaine, un ex policier, sans compter cette meute d’aficionados de Warlock qui se sont baptisés « Les Fils de la hyène » (d’où le titre alternatif de ce roman), et une sourde et énigmatique menace qui pèse sur les épaules de la jeune femme. Fan de Serge Brussolo, je découvre cet opus après avoir découvert qu’il était disponible gratuitement sur le site de l’auteur, et je me suis régalé. Son imagination sans limite, son ton maîtrisé tout en restant agréablement foutraque, l’exubérance de ses idées qui naissent et galopent tout au long du récit, pour un ouvrage certes court mais efficace, traversé de multiples références assumées à la culture américaine, où Serge Brussolo pose habilement les pions d’une histoire qui se clôt avec la découverte d’un courrier dont l’identité de l’émetteur va probablement plonger notre jeune héroïne dans une relecture de sa propre histoire familiale. Du bon Brussolo avec, une fois n’est pas coutume, plus de retenue que d’habitude de la part de l’auteur dans la profusion de ses idées.
04/04/2022 à 17:28 3
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Shobei
Jean-François Di Giorgio, Frédéric Genêt
8/10 Ce sixième tome de la série porte le nom du vieux mais terrible samouraï que va affronter Takeo. Le combat en plusieurs manches avec des armes en bois tient toutes ses promesses, est équilibré, mais dans le même temps, une histoire d’empoisonnement engendrant une maladie mortelle vient rebattre les cartes et faire tourner les esprits des serviteurs du prince yakuza. Un final à la fois intéressant et émouvant qui se conclue par la réapparition d’un personnage farouche de la série.
03/04/2022 à 20:28 2
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Sayuri
Jean-François Di Giorgio, Frédéric Genêt
6/10 Takeo, son frère Akio et Shiro sont de retour, et Takeo se fait vite remarquer par son art du maniement des armes dans un dojo. D’ailleurs, peu après, même avec une canne à pêche, il est capable de faire des ravages tandis que son frère, avec ses bras cuirassés, est également apte à de beaux combats. Pendant ce temps, le sinistre Reiko réapparaît et Takeo découvre la passion auprès de la belle Sayuri. Le passé des frères ressurgit avec un monologue d’Akio évoquant un personnage nommé Ogomo, responsable de la mort de leur père. Un opus avec un peu moins de castagne que les autres mais qui livre des clefs nécessaires à l’histoire globale de la série, même si celles-ci, pour le moment, ne semblent guère originales.
03/04/2022 à 20:28 2
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The Fable tome 4
7/10 Kojima, le récent sorti de prison après une peine de quinze ans, montre son sale caractère ainsi que sa dangerosité, et son ami, Ebihara, est victime d’un malaise et se retrouve à l’hôpital. Pas mal d’éléments dans ce tome, comme Fable qui voit son fan devenir de plus en plus pressant, le collègue de Misaki qui se fait des films après avoir découvert qu’elle avait participé à des films érotiques. etc. Kojima marque les esprits par sa cruauté et sa violence, nimbées d’un immense sang-froid alors qu’il se met en tête de se lancer dans une entreprise d’escortes, s’approchant bien près de Misaki. Voilà qui semble augurer d’un virage scénaristique ainsi que la possibilité de donner un coup de fouet à la série.
02/04/2022 à 08:24 1
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La Bataille d'Asgard
7/10 Thorgal cherche à récupérer Aniel, l’un de ses fils, tandis que Jolan, son autre enfant, est toujours sous la coupe de Manthor, qui le charge d’une mission : récupérer une pomme d’éternelle jeunesse auprès d’Idun afin de sauver Vylnia, la mère de ce magicien. Jolan, par son audace et sa combattivité, gagne vite ses lettres de noblesse auprès des hommes qu’on a confiés à son commandement, au point de presque devenir l’égal de son père. Un opus réjouissant et fort distractif, y mêlant pas mal de personnages et références vikings (Loki, Odin avec son marteau et son bouclier).
31/03/2022 à 19:42 2
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Le Bouclier de Thor
7/10 Une inquiétante menace, presque une prophétie, plane sur Aniel, le fils que Thorgal a eu avec Kriss de Valnor. Pendant ce temps, quelques tensions naissent entre les cinq compétiteurs tombés sous la coupe de Manthor, le terrible magicien au masque de fer, avant les ultimes épreuves permettant de les partager et de désigner l’Elu. Un opus marquant en raison de quelques informations et autres événements importants, pour un ton toujours aussi réussi et une esthétique renouvelée depuis quelques tomes qui ne cesse de me séduire de plus en plus.
31/03/2022 à 19:41 3
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The Fable tome 3
7/10 Fable se fait bien à sa cohabitation avec son perroquet Boss tandis qu’il se met en tête de chercher du travail histoire de combler son oisiveté, Youko voit partir l’homme de main mal remis de sa biture. Fable revoit Misaki et cette dernière lui permet d’obtenir un job. Plaisant de voir Fable se lancer dans une forme de sociabilité tandis qu’il nous apprend pourquoi il mange par exemple les cosses de je ne sais plus quel légume ainsi que la peau de la pastèque. Un rythme langoureux, sans scène d’action, et je me fais vraiment à cette série, originale et, malgré cette cadence paresseuse, prenante.
30/03/2022 à 18:32 1
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Alice in Borderland tome 5
8/10 Alice est encore séquestré dans une chambre tandis que Yuzuha est aux prises avec les appétits vicieux de ses kidnappeurs, et cette « plage », rêvée, fantasmée, montre l’envers de son décor idyllique. Un jeu s’organise soudainement au sein de l’hôtel, une chasse aux sorcières autour du cadavre d’une jeune femme poignardée : il va falloir retrouver son assassin. La foule montre à quel point elle est stupide, grégaire et malveillante tandis que les membres du « Groupe 2 » sont prêts à tuer tout le monde sans le moindre état d’âme. Un opus tendu et sauvage, avec un sacré massacre à la clef même si, encore une fois, il n’y a pas de violences explicites ni de voyeurisme béat.
29/03/2022 à 20:37 2
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Akumetsu tome 13
7/10 Le système du clonage est enfin découvert (un détail, un amusant clin d’œil : on voit sur une des planches les diverses identités supputées qu’aurait pu prendre Jingûji, dont Sherlock Holmes, Hercule Poirot, ou encore… Détective Conan !). Un tome radicalement différent des autres, expliquant la genèse d’Akumetsu entre autres, sans véritable scène d’action alors que les précédents opus en regorgent, ce qui peut décevoir, mais dans le même temps, il apporte pas mal d’explications plutôt intéressantes au lieu de poursuivre l’habituel jeu de massacre. Une charnière, en somme. A voir comment vont se passer les tomes à venir.
29/03/2022 à 20:36 1
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Les Quatre coins de la nuit
9/10 Coéquipiers, les policiers Bank Arbaugh et Mack Steiner reçoivent un appel : une gamine de douze ans, Tamara Shipley, a disparu. Un simple fait divers, une affaire de plus dont il faut s’occuper. Sauf que cette histoire fait douloureusement écho à une autre : Jamie, la fille que Bank a adoptée alors qu’elle n’était encore qu’un bébé, a également disparu sept années auparavant. Commence alors le douloureux – et si noir – récit d’une amitié sans pareille autant que d’une tragédie.
En 1998, Craig Holden nous offrait, comme on fait don d’un présent d’une extrême valeur, ce roman d’une rare noirceur. Rédigé à la première personne et nous proposant le point de vue de Mack Steiner, on plonge graduellement dans un récit lourd, poisseux, remarquablement écrit, et dont on sent que les plaies de cette nouvelle éclipse d’un enfant vont déchirer des cicatrices encore plus anciennes. Deux personnalités se manifestent clairement : Mack et Bank, mais c’est clairement ce dernier qui sidère par sa complexité et sa profondeur. Si tous les deux se sont connus enfants et ne se sont guère quittés depuis, ce colosse se hisse au premier plan de l’intrigue. Orphelin, physiquement impressionnant, gouailleur, policier de terrain sillonnant le bitume et raflant des filets saturés de suspects, c’est également un homme de cœur, capable d’une incroyable empathie avec les familles des victimes qui se confient à lui comme elles le feraient avec un proche voire un homme d’église. Craig Holden a construit une intrigue d’une exceptionnelle densité, forte et sombre, prenant le temps de décrire les passés de ses protagonistes, leur donnant de la chair, des sentiments, et une âme. Dialogues au cordeau, psychologies ardentes, tous ces êtres d’encre palpitent en profondeur. C’est aussi une puissante narration de cette ville – anonyme – de l’Ohio, de la nuit ainsi que de la faune qui la peuple, et des services de police ici décrits qui passent par des changements et refontes multiples – parfois absurdes. Et il y a cette révélation, gluante, asphyxiante, nuisible, l’ultime gorgée de poison après tant de ténèbres. Impossible d’en dire plus sans rien divulguer, mais ce rebondissement, assorti de quelques autres épisodes d’une humanité singulière, achèvent ce roman noir autant qu’ils le portent assurément parmi les meilleurs du genre. On n’oubliera pas de sitôt l’épisode où Bank, au péril de sa vie, pénètre dans un véhicule en feu pour en sauver le conducteur, un petit malfrat, ni ce dénouement de l’histoire qui nous hantera encore longtemps.
Avec ces Quatre Coins de la nuit, Craig Holden nous a ouvert l’une des fenêtres les plus palpitantes et mémorables sur l’obscurité de l’âme humaine autant que sur ses contradictions primitives. Quelque part entre James Ellroy et Dennis Lehane, une œuvre d’une incroyable force de percussion.29/03/2022 à 06:32 5
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Sanctum tome 1
7/10 Alors qu’ils se rendaient à Las Vegas, la famille de la jeune Luna Hazuki est percutée par un poids lourd. Seule rescapée de ce tragique événement, sept années plus tard, Luna vit heureuse mais elle est un jour agressée par un homme : l’un des membres de l’équipe de secours qui s’était rendue sur la zone de l’accident. Il se trouve que Luna, à la morgue, avait scellé une sorte de pacte avec un démon qui avait accepté de ressusciter sa famille… mais quel en sera le prix à payer ? Une esthétique parfois davantage typée comics que manga très réussie (notamment les visages, particulièrement soignés, ainsi que les scènes d’explosion ou fantasmagoriques). Le scénario peut sembler convenu mais il se révèle rapidement plus complexe que prévu, avec notamment une exploitation plutôt habile de la religion et de l’ésotérisme. Pas nécessairement ma came, mais je me demande si je ne vais pas continuer cette série malgré ça.
27/03/2022 à 18:56 1
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Le Trou bleu tome 1
7/10 A la recherche du mystérieux et préhistorique poisson qu’est le cœlacanthe, des scientifiques découvrent des poissons encore plus gros, énigmatiques et… dangereux. Persuadé qu’ils vivent dans un étrange « trou bleu », ils partent vers cette fosse lointaine et découvrent de féroces animaux, des dinosaures, ayant survécu à l’extinction de leurs semblables. Un graphisme qui a nécessairement vieilli (l’ouvrage date de 1992), mais l’ensemble est très agréable et distrayant, quelque part entre « Abyss », « Les Dents de la mer », « En eaux troubles », « Jurassic Park » version marine, sous-marine, terrestre mais aussi aérienne, récits à la Jules Verne et consorts. C’est esthétiquement très manga et divertissant. Soyons honnêtes, c’est bien davantage distractif que crédible ou même scientifiquement viable, mais ça permet de passer un chouette moment d’une lecture décomplexée qui s’achève sur une intrigante pluie d’étoiles filantes.
27/03/2022 à 16:46 1
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Vis-à-vis
8/10 Lloyd et Hen viennent d’emménager à West Dartford, dans le Massachussetts, et font la connaissance de leurs nouveaux voisins, Matthew et Mira. Au hasard d’un tour du propriétaire, Hen découvre un objet pourtant anodin, un trophée d’escrime, qui lui fait aussitôt penser à l’assassinat, jamais résolu, de Dustin Miller, quelques années plus tôt. Le tueur avait emporté avec lui quelques éléments de chez sa victime, dont une statuette semblable à celle-ci. Coïncidence ? Hen n’est pas une personne comme les autres, depuis longtemps bipolaire et agitée de forts tourments mentaux. Est-elle devenue le jouet de ses propres lubies, ou bien est-elle tombée sans le savoir dans un piège tendu par un tueur en série ?
Peter Swanson signe ici un roman psychologique d’une très belle tenue. Auteur, entre autres, de Huit crimes parfaits, La Fille au cœur mécanique et de Parce qu’ils le méritaient, il pose d’entrée de jeu ce rebondissement alléchant – ce trophée qui pourrait relier son propriétaire à un crime – avant de calmer le jeu. De façon chorale, il fait intervenir les quatre principaux personnages de son histoire – Lloyd, Hen, Mira et Matthew –, nous permettant de mieux les connaître, de découvrir leurs quotidiens ainsi que les zones d’ombre. On comprend également assez vite que Matthew n’a rien du paisible voisin qu’il semble être. Professeur et responsable d’ouvrages, il recèle, sous son apparent anonymat, un passé trouble et chaotique, notamment lié à la violence de son père et à la passivité de sa mère. Cette enfance disloquée, parsemée d’actes de sauvagerie et d’humiliations, a-t-elle pour autant fait de lui un psychopathe redoutable ? Pour notre plus grand bonheur, Peter Swanson se plaît à composer un récit loin des canons hollywoodiens du genre : pas de scènes sanglantes, aucun voyeurisme, et de multiples nuances dans ses portraits psychologiques, au point que rien n’est ni blanc ni noir. Prenant le temps d’apaiser le rythme de son ouvrage, il met en relief les relations de couple, leurs failles, le poids de la suspicion, la paranoïa également, au point que le lecteur se laisse prendre par cette cadence faussement moribonde. D’ailleurs, il nous a réservé quelques rebondissements joliment troussés, notamment en rapport avec le frère de Matthew, Richard, qui pourrait bien être le contraire de son justicier de frangin. Hen est aussi une protagoniste attachante avec ses failles : bipolaire, maniaque, sujette à la dépression, elle a par le passé fait montre d’agressivité envers quelqu’un qu’elle estimait coupable d’un méfait, ce qui rend ses soupçons à l’égard de Matthew d’autant moins convaincants.
Un ouvrage assagi, ce qui ne l’empêche nullement d’être fort efficace et prenant.25/03/2022 à 06:59 3
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Double.Me tome 1
7/10 Un réseau social, « Double Me », vient de développer une nouvelle application baptisée « Résurrection », qui promet une forme d’immortalité pour ses utilisateurs. En cas de décès, une intelligence artificielle va analyser toutes les informations sur le défunt et le faire revivre, au moins virtuellement. Aiko et Eri sont deux lycéennes, les meilleures amies du monde. Vient le jour où Eri est abattue chez elle par un inconnu d’une balle en pleine tête et il se pourrait que cette exécution soit en rapport avec les liens que son père, un homme politique, entretient avec les yakuzas. C’est alors que le « double d’Eri se manifeste et que Aiko va lentement se laisser manipuler jusqu’à aboutir à l’assassinat, tout ça pour les beaux yeux de Dosan. Un scénario intéressant, je me suis vraiment laissé prendre par l’histoire mais le rythme est assez lent, ce qui a au moins l’avantage de bien poser les personnages et de rendre l’ensemble plausible, et le récit met davantage en avant les amourettes d’Aiko pour Dosan, avec cette satanée Cho qui vient s’immiscer entre eux deux. Le final relève le niveau, avec (enfin) un peu d’action et une image ultime forte et inattendue qui offre une belle passerelle pour le tome suivant. Je pense que je serai au rendez-vous.
24/03/2022 à 18:58 1
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Disparition inquiétante
8/10 Alors que l’affaire résolue dans Meurtre mode d’emploi (à l’usage des jeunes filles) est en train d’être jugée au tribunal, Pip, dix-sept ans, est contactée par Connor Reynolds : son frère Jamie a disparu. Le jeune homme est coutumier du fait : il s’est déjà maintes fois éclipsé par le passé avant de réapparaître, raison pour laquelle la police ne se mobilise pas. Néanmoins, la famille et les proches de Jamie s’inquiètent au point de convaincre Pip de les aider. Celle qui a précédemment mené des investigations et les a partagées via un podcast se décide à replonger dans une nouvelle enquête.
Holly Jackson signe un nouvel opus très réussi. Revenant sur les événements antérieurs, cet ouvrage dispense quelques éléments qui risquent de gâcher le plaisir de celles et ceux qui ne l’auraient pas lu. Néanmoins, l’écrivaine nous enchante en enchevêtrant les deux intrigues, lâchant quelques moments surprenants, prouvant que sa série est loin d’être achevée. L’intrigue, dense et efficace, nous permet de suivre Pip, jeune investigatrice au caractère bien trempé et douée dans les échanges humains, s’occuper de cette disparition qui va s’avérer plus alarmante que ne le pensent, de prime abord, les forces de police. Les rebondissements sont nombreux, l’histoire fort bien bâtie, et Holly Jackson a concocté un livre bien épais (environ cinq cents pages) qui ravira autant les jeunes que les adultes. L’ouvrage est intelligemment parsemé d’extraits de podcasts, d’enregistrements de témoignages, de photographies et d’échanges de textos, ce qui vient enrichir les propos de l’auteure. Cette dernière marque également les esprits avec sa protagoniste qui va bien au-delà des poncifs du genre, avec des réflexions très justes : doit-elle se lancer dans une nouvelle enquête au risque de mettre à nu des secrets qui risquent de blesser des gens ? N’est-elle pas réduite à son simple rôle de limier amateur, au risque d’oublier qu’elle est aussi une simple adolescente ? Tous les efforts qu’elle a déployés par le passé étaient-ils justifiés ? D’ailleurs, Jamie Reynolds, voleur occasionnel, en conflit avec son père, professionnellement instable, récemment largué par sa petite copine et visiblement troublé depuis quelque temps, était-il directement visé, ou n’est-il que la victime imprévue d’une histoire plus ancienne ? Autant de questions auxquelles Holly Jackson répond avec beaucoup de pertinence.
Un roman aussi riche que réussi, qui nous régale de la première à la dernière page.23/03/2022 à 06:51 1
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Chasse à mort
8/10 Helen Grace a dix-huit ans et elle vient d’intégrer la police du Hampshire, plus spécifiquement la police des transports. Un jeune homme, nus pieds et portant de multiples traces de torture, est percuté alors qu’il traversait une route. N’écoutant que sa curiosité et menée par sa ténacité déjà bien forgée, elle en vient à enquêter sur cet accident qui prend rapidement des accents de crime raciste.
Parue en même temps que Point de non-retour, cette nouvelle écrite par M. J. Arlidge vient offrir un point de vue enrichissant et agréable sur les premiers pas de la policière Helen Grace. Jeune et pourtant mue par une énergie rare, un caractère bien trempé et une belle sagacité, elle va donc mener l’enquête – alors qu’il ne s’agit pas de l’une de ses prérogatives – sur cet « incident » que nombre de ses collègues méprisent en raison de la couleur de peau de la victime. Obstinée, animée par un acharnement qui va lui permettre par la suite d’intégrer la brigade criminelle, elle va démontrer l’étendue de son talent professionnel et de sa fougue. Elle en viendra à mettre à nu de terribles lieux où certains individus sont relégués au rang de bétail humain, maltraité voire martyrisé. Un éclairage fort et nécessaire sur l’esclavage humain, le trafic d’êtres humains et la discrimination dans son acception la plus radicale. Comme à son habitude, M. J. Arlidge articule son récit autour de chapitres courts et enlevés, et un détail quant au criminel viendra le trahir, mettant en relief la perspicacité de cette policière.
Une histoire concise, de cent vingt pages environ, qui démontre tout autant le talent de M. J. Arlidge que l’inclination que les lecteurs, bien inspirés, vont éprouver de manière croissante pour Helen Grace au gré d’une série hautement addictive et dont le succès ne se dément pas.22/03/2022 à 06:58 4
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USS Nebraska
Christophe Bec, Xavier Dorison
7/10 2 mai 1945. Les victorieuses troupes soviétiques ont soumis Berlin et accèdent à une salle des coffres pour laquelle on est prêt à tuer. Douze ans plus tard, un sous-marin en Méditerranée implose après qu’un officier a délibérément dégoupillé une grenade par peur de ce que lui et ses compagnons étaient sur le point de découvrir. 2029 : l’USS Nebraska repère un étrange signal sous-marin. Ils y découvrent un autre bathyscaphe où des soldats ont été ligotés à leurs lits comme des déments ainsi que des tablettes antiques…
Un scénario plutôt classique mais bien ficelé, avec le classique déchaînement et enchaînement de phénomènes inexpliqués, des suicides aux hallucinations en passant par l’apparition de ce qui s’apparente à la peste et autres moments dignes d’un film catastrophe à l’ancienne pour un résultat prenant qui, à défaut d’être mémorable ou très original, se laisse lire en procurant ce qu’il faut de suspense et de distraction. A part ça, je suis moyennement fan de ce graphisme, notamment des visages qui semblent inspirés de photographies.21/03/2022 à 19:52 1