El Marco Modérateur

3405 votes

  • Avalanche hôtel

    Niko Tackian

    7/10 … ou la très curieuse succession d’expériences inexpliquées de Joshua Auberson, vigile dans un hôtel proche de Montreux en Suisse, vécues comme les pièces disparates d’un puzzle : la disparition d’une adolescente dans les années 1980, un énigmatique barman, une curieuse pérégrination dans la neige, une piste de bobsleigh aussi abandonnée que l’hôtel où travaille Joshua… puis un retour à une époque contemporaine. Mon premier roman de Niko Tackian (je mets à part « Phobia », le recueil auquel il avait participé avec une nouvelle), et j’ai vraiment apprécié cette expérience. Une écriture fluide et qui va à l’essentiel, une histoire qui semble au départ très décousue et qui finit, graduellement, par faire se rejoindre ces divers blocs de vérité, le tout dans un décor anxiogène et prenant de montagnes enneigées, d’un établissement désaffecté ainsi que ces « entrailles de la Terre » qui participent à la réussite de l’ensemble. Quelques rapides touches d’un humour salvateur à travers la présence de Sybille, la partenaire de Joshua, mais l’ensemble, si l’on met de côté la note finale d’espoir, est sacrément sombre. L’intrigue est très bien menée, mais il est vrai qu’à force de loucher – je dis cela sans méchanceté aucune, c’est juste une sorte de filiation littéraire ou de mitoyenneté scénaristique – sur les œuvres de Franck Thilliez ou de Jean-Christophe Grangé, la chute apparaît vite transparente, aisément devinable, presque téléphonée, et constitue à mes yeux le seul réel défaut de cet opus. En vrac dans cette histoire : les thèmes de la famille, le syndrome de Marfan, la mémoire et l’hippocampe, la quête des origines, le coma, et encore pas mal d’autres éléments qui concourent à créer une histoire riche en fausses pistes diverses et au rythme très prenant et efficace. Un bien bon moment de lecture, et je tâcherai de lire d’autres romans de cet écrivain dans un avenir proche.

    28/11/2023 à 18:45 6

  • Raison de tuer

    Blake Pierce

    6/10 Avery Black a été une brillante avocate avant de défendre un client, Howard Randall, qui s’est avéré en réalité coupable. Désormais, Avery travaille à la police de Boston et fait de son mieux pour atteindre la rédemption professionnelle auprès de ses collègues qui continuent de la conspuer comme auprès de sa fille, Rose, avec qui les relations sont très distendues. Et voilà qu’un tueur en série qui laisse des femmes taxidermisées dans des positions lascives commence à faire des ravages.
    Je l’ai déjà écrit, Blake Pierce n’est certainement pas le réel auteur des ouvrages qu’il signe, et c’est avec un peu de scepticisme que je me suis lancé dans cette lecture qui s’est avérée néanmoins honnête. On retrouve le format classique, avec un serial killer, une enquêtrice, des relations houleuses avec son partenaire, des courses-poursuites, des interrogatoires, des fausses pistes et la confrontation finale avec le prédateur. Le style est loin d’être mauvais à défaut d’être mémorable, et l’intrigue est suffisamment correcte pour offrir quelques agréables heures de lecture. Dans le même temps, les clichés pleuvent par intermittence : Howard Randall qui reçoit Avery dans sa prison et livre des indices à l’enquêtrice façon « Silence des agneaux », le passé familial sanglant de la policière (assez superflu et venant coller une couche inutile sur la psychologie de celle-ci), et un tueur en série dont les intentions sont au final guères originales. Bref, on est dans du plutôt efficace sans pour autant être croustillant ou atypique. Sympa, mais sans plus.

    27/11/2023 à 17:25 3

  • La Confrérie

    Luigi Critone, France Richemond

    7/10 Le jeune Johann Friedrich Böttger découvre aux côtés de son grand-père, qu’il aurait un don pour l’alchimie. Cinq ans plus tard, il se rend à Berlin pour se perfectionner, ce qui va l’amener à côtoyer une société secrète qui compte beaucoup sur ses capacités.
    Une belle esthétique et un scénario plaisant pour ce premier tome de la série. La promesse de l’un des personnages (« Je t’apprendrai à commercer avec le Diable ») est alléchante pour la suite. Rien de sensationnel mais ça passe plutôt bien.

    26/11/2023 à 18:16 2

  • Dog End tome 2

    Yurikawa

    7/10 Où l’on retrouve notre duo impossible composé d’un assassin à gages sorti de sa cellule pour prêter main-forte à un policier assez rigide pour protéger une môme de 14 ans, et on en revient au combat inachevé face aux deux tueuses. Le problème est qu’Hatori, l’inspecteur, est empoisonné et qu’il ne lui reste plus que 48 heures à vivre : du coup, c’est Black Dog et l’adolescente qui vont devoir travailler ensemble, accompagnés également d’une toute petite gamine, Iroha. Un cocktail toujours aussi divertissant d’humour et d’action, tandis que l’on découvre également une famille bien barrée et que des assassins venus du monde entier s’apprêtent à débouler au Japon. Jubilatoire.

    24/11/2023 à 18:49 3

  • La Prisonnière du désert

    Alan Le May

    9/10 Texas, vers la fin de la décennie 1860. La famille d’Henry Edwards vient d’être massacrée dans sa ferme par des Comanches, et seules les filles Lucy et Debbie ont échappé au carnage, enlevées par les Indiens. Amos, le frère d’Henry, et son neveu Martin – un jeune homme en réalité adopté – ainsi que quelques autres cowboys partent à leur recherche. Cette traque, qui durera de longues années, les éprouveront plus qu’il n’est possible de le dire.

    L’adaptation en film de 1956 est un bijou du septième art, et c’est avec entrain que l’on entame la lecture de ce roman publié deux ans plus tôt. On se délecte rapidement de la plume et du style d’Alan Le May, à la fois racée, profonde et dense. L’auteur refuse les poncifs du genre, brouille les codes, se joue d’eux avant de les brutaliser au gré de ce récit héroïque. Il n’y a guère de bons ou de méchants, même si les premiers chapitres ne laissent aucun doute quant à la sauvagerie des monstres qui s’en sont pris aux Edwards : les victimes ont été assassinées à coups de couteau, et Martha, la mère de famille, a même eu le bras tranché puisque certains Amérindiens pensaient que les personnes amputées ne pouvaient pas rejoindre l’au-delà. Dans le même temps, les Blancs ne sont pas exemplaires non plus, seulement de braves gens médusés par l’horreur de l’événement, contraints de déployer des trésors de résilience et de courage pour aller, des années durant, pister ces Comanches en espérant ramener Debbie à la maison. A cet égard, Amos compose un personnage édifiant : solide mais taiseux, tassé sur son cheval « comme un sac de grains », il va lentement être pris par une rage destructrice au point que Martin, son acolyte, va même craindre qu’il ne veuille achever la malheureuse Debbie une fois qu’ils l’auront secourue parce qu’elle aura été « souillée » par ses kidnappeurs. Dès lors, s’amorce une chasse à l’homme – ou plutôt à la fillette – qui va permettre au lecteur d’en apprendre davantage sur le territoire texan, les us et coutumes de l’époque, les mœurs amérindiennes, etc. On se régale de cette battue, dans l’aridité des déserts comme dans le froid des glaces, où chaque information ressuscite la frêle espérance de remettre la main sur la gamine. Le film de John Ford a fidèlement repris la trame de cet ouvrage ainsi que des passages marquants – les circonstances de la découverte de Lucy, le piège ourdi par Futterman, la rencontre avec le chef Scar. C’est aussi tout le talent d’Alan Le May qui éclate sous nos yeux près de sept décennies après la parution de ce western à la fois désenchanté et gorgé d’espoir. Le final, différent de celui du film et encore plus poignant, vient clore avec maestria ce livre d’une rare puissance narrative.

    Un roman remarquable d’humanité comme de brutalité, au scénario inoubliable, et qui rend dans le même temps un hommage appuyé aux femmes et hommes qui ont participé à la conquête de l’Ouest. Une évocation d’autant plus vibrante qu’elle est directement inspirée du drame vécu par Cynthia Ann Parker et qui démontre, s’il en était encore besoin, que ce processus de colonisation fut autant un récital de chants de sirènes que la promesse de sombres tragédies.

    24/11/2023 à 06:43 6

  • De la brièveté de la vie

    Sophian Cholet, Olivier Peru

    8/10 L’émotion reprend avec ce deuxième opus autour d’une inhumation en mer et du sale état de santé du jeune Josh. Sam part en expédition avec le type qui avait survécu aux morsures de zombies quand il tombe par hasard sur une photo de sa fille tandis qu’une immense marée de morts-vivants franchit la frontière de l’Oregon (« C’est une nation en mouvement… » dit l’une des protagonistes). Un ton toujours aussi entraînant et, même si effectivement il n’y a pas grand-chose de très neuf du point de vue scénaristique, le graphisme et la fluidité du récit rendent l’ensemble presque imparable. Quelques scènes marquantes comme les retrouvailles entre Sam et sa gamine, ou l’assaut du bateau par les créatures. Encore un très bon moment d’une lecture distractive et cathartique.

    23/11/2023 à 19:57 2

  • La Vengeance du Persan

    H. R. Woestyn

    6/10 Un dénommé monsieur Pascal vient rencontrer Pinson, il dirige une pension du même nom. Trois professeurs assurent l’enseignement de jeunes gens en ce lieu. Parmi ces enseignants, Boutron pris d’amnésies qui disparaissent graduellement lors d’un séjour de repos mais qui reviennent à la charge lorsqu’il revient dans la pension, au point que Pascal imagine et suggère une machination au sein de cette institution. Et les premiers soupçons de Pinson se portent sur Abdul-Hafiz, le fils d’une sommité vivant à Téhéran et l’un des plus riches élèves de la pension…
    Une nouvelle assez simple mais bien menée. On est dans le registre du classique mais c’est agréable à suivre, même si je regrette amèrement que le titre ainsi que l’image de la couverture présente sur le site Audiocite (reprenant une illustration originelle présente dans l’ouvrage où se trouvait ce texte) assassinent littéralement le suspense en offrant à la fois clairement l’identité du coupable et la méthode employée par ce dernier.

    22/11/2023 à 17:37 3

  • Grillade provençale

    Christophe Arleston, Serge Carrère

    7/10 Loden s'apprête à prendre ses vacances en Bretagne quand un promoteur immobilier, Duchastel, également propriétaire de la société qui possède l'appartement loué par notre détective, se trouve aux prises avec un maître-chanteur. Un début bien cadencé avec des incendies dans la garrigue et un corps retrouvé brûlé. Une série de BD qui reste réjouissante, avec de l'humour et de l'action, et, au-delà de son côté badin et cocasse, ce tome propose une intrigue intéressante.

    21/11/2023 à 19:40 3

  • Adieu ma Joliette

    Christophe Arleston, Serge Carrère

    7/10 Tonton loco a à peine le temps de retrouver un vieil ami (Amédée) que ce dernier décède : voilà de quoi attirer l'attention de notre détective privé et de son oncle.
    Humour omniprésent, de l'action (cf. les scènes en jetski), notre héros kidnappé : une nouvelle carte postale très plaisante envoyée depuis les Bouches-du-Rhône.

    21/11/2023 à 18:51 2

  • Les Sirènes du vieux-port

    Christophe Arleston, Serge Carrère

    7/10 Devenu le treizième détective privé de Marseille, Léo Loden en vient à enquêter sur la disparition de Pamela, étudiante en journalisme.
    Une BD qui panache humour et intrigue plutôt solide, où tonton loco, avec son verbe haut et son attitude cocasse, en vient presque à voler la vedette au héros désigné. La dernière scène, avec l'avion attaqué sur la piste de décollage, apporte un peps final bienvenu.

    21/11/2023 à 18:43 3

  • Terminus Canebière

    Christophe Arleston, Serge Carrère

    7/10 Le commissaire Léo Loden reçoit un coup de fil et voit un homme se faire abattre. Le voilà revenu à la vie civile et, avec l’aide de son inénarrable tonton loco, il va tenter de comprendre ce qui s’est passé sur le port de Marseille.
    Une BD très plaisante, avec des moments très cocasses (l’assassin muni d’une arbalète mais qui ne dézingue qu’un oiseau et un écureuil), qui entremêle donc avec beaucoup de décontraction humour, action et intrigue très correcte. J’aime vraiment.

    21/11/2023 à 18:36 3

  • La Pierre d'Onyx

    Fred Burton, Jean Wacquet

    3/10 Coleman Wallace mène un navire intergalactique mais il savait également chasser en son plus jeune temps (cf. la scène d’ouverture où il se bat contre une sorte de dinosaure). Quand un prêtre décide de prendre le contrôle au nom d’un Dieu tout-puissant, les ravages approchent à grands pas.
    Je le dis tout net : je n’ai pas du tout accroché à ce premier tome. Une histoire qui brasse des dizaines d’autres déjà maintes fois lues ou vues, un graphisme auquel je n’ai pas du tout adhéré, une histoire abracadabrantesque qui s’éparpille et ne m’a jamais accroché. Je pense que je vais m’arrêter là.

    20/11/2023 à 18:23 2

  • Les ombres aussi ont peur du noir

    Philip Le Roy

    7/10 Mathis Chamberland n’est plus. Une sortie en wingsuit l’a envoyé se fracasser sur une falaise à plus de deux-cents kilomètres-heure. Depuis quelque temps, il avait repéré des phénomènes étranges au sein du château qu’occupe sa famille, des faits inquiétants et proches du surnaturel. Mais Mathis réapparaît. Vivant. Tout bonnement impossible. Est-ce un miracle ou une énigme de plus au sein de la famille Chamberland ?

    On connaît fort bien l’œuvre de Philip Le Roy, et on a beaucoup apprécié ses livres pour adultes (Pour adultes seulement, La Dernière Arme, La Dernière Frontière), mais aussi pour les jeunes et les adolescents (la série consacrée à la Brigade des fous, 1, 2, 3, nous irons au bois, ou encore Des Voisins trop secrets). C’est justement vers ce lectorat que revient l’écrivain avec ce titre sombre et intrigant, où les menaces et les moments d’angoisse sont légion. Des bruits sinistres dans l’immense maison, un passé familial sur lequel règne le secret et le silence, Mathis qui ressort indemne d’un accident qui aurait dû le transformer en purée sanglante, des apparitions fantomatiques… Indéniablement, Philip Le Roy maîtrise les codes des films d’horreur (de nombreuses références viennent confirmer cette évidence) autant que ceux des romans de Stephen King, le tout au gré de chapitres très courts, d’un style travaillé et de dialogues secs et particulièrement drôles. Le lecteur est ainsi emporté vers un pur royaume de peur et d’appréhension où Mathis et sa copine Hedy seront confrontés à de terribles épreuves. Mais là où le bât blesse, c’est justement au niveau de cette surabondance des sujets traités et des histoires enchevêtrées : spectres, manipulations familiales, origines dissimulées, expérimentations nazies, monstre lové dans la demeure, etc. Cette profusion de récits – individuellement réussis quoique déjà vus ou lus – en devient parfois embarrassante, au point de nuire à la crédibilité de l’ensemble autant qu’à sa lisibilité, comme si l’auteur avait voulu condenser en un seul ouvrage ce qui aurait amplement pu tenir dans trois ou quatre livres distincts.

    Un bon roman de plus de la part de Philip Le Roy, qui séduit par les ambiances qu’il tisse avec maestria, même si on peut lui reprocher ce débordement d’histoires autant que leur juxtaposition assez déconcertante.

    20/11/2023 à 06:56 2

  • Turuk

    Olivier Peru, Diogo Saïto

    7/10 « Qu’est-ce que je fichais ici ? » se demande Turuk, un Orc amnésique, qui se met à fouiller une ville désormais fantôme sur une île qui semble également abandonnée. Il finit par découvrir des créatures dangereuses, et la vue d’une belle arbalétrière, Dalyam, va enfin lui permettre de se souvenir : sa mémoire va le ramener à une prison sordide…
    Un premier tome très réussi, esthétiquement remarquable, jouant habilement sur les codes du genre et offrant une lecture particulièrement agréable. Les scènes de l’assaut du clocher sont particulièrement réussies. Je vais continuer cette série.

    19/11/2023 à 17:35 1

  • La Passe des Argonautes

    Def, Jean-Pierre Pécau

    6/10 Tim Page, un ancien net-runner et ex-mercenaire, est contacté dans un bar d’Euro-Lopa où on lui fait « une offre que vous ne pourrez pas refuser ». Une intrigue assez réussie et un univers graphique à la Blade Runner (qui a nécessairement vieilli : cette BD date de 1997). Un ouvrage globalement sympa et distrayant sans pour autant être inoubliable.

    19/11/2023 à 08:05 2

  • Gannibal tome 1

    Masaaki Ninomiya

    8/10 Le village de Kuge, au Japon. Le calme, la sérénité, la concorde. Tout le monde semble y être heureux. Malgré les lointaines rumeurs de cannibalisme. Malgré le côté inquiétant des chasseurs. Malgré la disparition du précédent policier, Kanô, en poste dans ce bourg. Jusqu’à ce que l’on retrouve un cadavre dans la forêt, tellement amoché que l’on pense qu’il s’agit de l’œuvre d’un ours. Le nouveau policier, venu ici avec femme et enfant, va vite se rendre compte que quelque chose cloche.
    Une ambiance très lourde, habilement appuyée par une esthétique pesante et travaillée. Des moments palpitants, comme la battue en forêt, la découverte du doigt humain, l’attaque de l’ours, la séance de dégustation collective des chairs de l’animal, etc. La folie qui affleure, le passé également, au gré de planches particulièrement réussies et aussitôt addictives. Extra !

    18/11/2023 à 08:23 4

  • 30 secondes...

    Xavier Massé

    8/10 Billy Wake est la star montante du football américain. Jeune, turbulent, il a pour compagne la belle Tina. Mais un jour, le rêve tourne au cauchemar : un accident de voiture et les deux amants sont violemment percutés. A l’hôpital, Billy ne se souvient plus de rien et il est pris en charge par le docteur Borg qui pratique l’hypnose. Il va falloir que le sportif aille fouiller dans sa mémoire et comprendre ce qui s’est réellement passé, quitte à révéler l’indicible.

    Xavier Massé nous offre ici un thriller de premier ordre. Fortement influencé par ses illustres pairs d’outre-Atlantique, l’auteur signe un ouvrage où se mêlent de nombreux éléments parmi lesquels hypnose, amnésie, faux souvenirs, ruades d’un subconscient qui ne se laisse pas facilement percer, paris sportifs, syndicat mafieux, etc. Un cocktail particulièrement riche que l’écrivain maîtrise de bout en bout. Au fil de l’ouvrage, le lecteur va se laisser embarquer, s’émouvoir, douter, être surpris, et enchaîner ainsi de multiples émotions contradictoires. Que cherche le docteur Borg ? Que cherche son mystérieux assistant ? D’où proviennent ces sons étranges ? Quels sont ces énigmatiques messages que va découvrir Billy à mesure qu’il s’enfonce dans les limbes de sa mémoire ? Comme il est écrit : « Finalement, toute cette histoire est comme un film qui me serait révélé chapitre après chapitre ». Xavier Massé exploite – peut-être un peu trop, d’ailleurs – des pistes complexes et changeantes, faisant parfois penser au film Inception avec ce récit labyrinthique qui ménage un immense rebondissement à la fin du dix-huitième chapitre. Un twist remarquable, imparable, inattendu. Dès lors, une nouvelle réalité s’impose, offrant un second souffle surprenant et assez fou à ce livre.

    Un thriller à la construction savante sans jamais être embrouillée, réservant d’habiles coups de théâtre et qui, malgré une indéniable inspiration hollywoodienne, sait s’en affranchir pour proposer sa propre voix.

    17/11/2023 à 06:56 3

  • Versailles Of The Dead tome 4

    Kumiko Suekane

    1/10 Je retrouve avec déplaisir cette série dont je n’avais vraiment pas apprécié les trois premiers tomes, et je replonge dans ce quatrième opus comme un ouvrier redescend dans la mine. Puisque je l’avais sous la main, j’ai re-re-retenté de m’y agripper, mais ça ne passe décidemment pas : graphisme quelconque, visages des personnages interchangeables, scènes ouvertement grotesques (notamment l’apparition d’un dieu façon « Mythologie pour les nuls » et raid en règle d’anges masqués), Jeanne d’Arc qui revient d’entre les morts, etc. Et je ne parle même pas des ingrédients surnuméraires et tous aussi risibles (un démon, un golem, un échange de corps) qui viennent s’ajouter à ce brouet, comme si la mixture n’était pas déjà suffisamment poisseuse et immangeable. Allez, plus qu’un seul tome et c’en sera fini.

    16/11/2023 à 19:42 1

  • Le Cadavre du Palais-Royal

    Laurent Joffrin

    8/10 26 septembre 1789. La Révolution française ne porte pas encore ce nom mais les premières convulsions sont apparues dans la société : le peuple hurle de faim et de misère, Louis XVI atermoie encore pour trouver la solution la plus adaptée, et de sourdes machinations naissent à la tête de l’Etat. C’est alors que réapparaît le commissaire Nicolas Le Floch, demandé par son collègue et ami Pierre Bourdeau. L’affaire qui préoccupe ce dernier est loin d’être légère : un assassinat avec un corps au visage martyrisé et l’enlèvement d’une femme. Dans cette ambiance de soufre, Le Floch va vite se rendre compte que cette histoire va le mener vers un complot visant directement le roi.

    Né sous la plume talentueuse de feu Jean-François Parot, l’enquêteur Nicolas Le Floch a ressuscité en 2021 grâce à Laurent Joffrin avec cet ouvrage. Rapidement, le style séduit : l’auteur s’est solidement documenté sur cette période trouble, en équilibre précaire entre chaos généralisé, répression forcenée et fièvre passagère. D’ailleurs, les passages relatant l’Histoire – nécessairement écrite avec une lettre majuscule – sont remarquables de crédibilité, ne tombant jamais dans les poncifs idéologiques ni dans la superficialité. Au-delà de cette peinture saisissante, Laurent Joffrin a noué une énigme solide, retorse à souhait, s’ouvrant sur de multiples tiroirs allant de la politique à la sociologie, et ce qui n’aurait pu être qu’une simple investigation de droit commun bascule promptement sur une cabale fort plausible. D’ailleurs, l’un des personnages a, sur le final, des mots qui synthétisent parfaitement cette affaire : « Bref, nous avons volé d’erreur en erreur jusqu’au succès final. » Nicolas Le Floch ne manquera ni de courage ni de sagacité au gré de ces quelque trois-cents pages, avec des moments marquants – comme le combat sur la machine de Marly – et rencontrera des personnages criants de vérité comme Danton, Choderlos de Laclos, Mirabeau, Robespierre, La Fayette, ou encore Louis XVI et Marie-Antoinette.

    Laurent Joffrin exauce les vœux des fans de Jean-François Parot en faisant renaître son limier emblématique avec un talent d’historien et de conteur qui force l’admiration.

    16/11/2023 à 06:47 3

  • Le glorieux plan quinquennal

    Garth Ennis, Darick Robertson

    7/10 Je retrouve avec plaisir cette esthétique si particulière, ce ton loufoque et souvent grossier, et ce pastiche si réussi de l’univers de nos superhéros qui se retrouvent ici après un saut en avion sur le sol russe pour y retrouver une vieille connaissance (et qui porte son costume de façon très particulière !). Du cul, des grivoiseries en pagaille, une intrigue qui n’a pas été délaissée pour autant, et quelques belles trouvailles visuelles (comme le coup du vibromasseur dans l’avion ou le massacre des superhéros sur l’air de « L’Hymne à la joie »). C’est impertinent et franchement insolent, alors j’en redemande !

    15/11/2023 à 13:45 1