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Epitaphe
8/10 L'ex-détective privé William Riskin apprend par hasard la mort de son ancien collègue Jean Goldblum, rescapé du camp d'extermination de Mauthausen. Quand il fouille dans les affaires de Jean, Riskin découvre qu'il n'avait pas tout à fait raccroché et que, selon ses propres dires, il était sur l'affaire la plus importante de sa vie. En souvenir du bon vieux temps et pour comprendre le décès de son ancien camarade, et malgré ses soixante-dix et quelques années, Riskin va poursuivre l'enquête commencée par Goldblum, ce qui l'amènera à déterrer un passé nauséabond qui n'épargnera personne.
Second ouvrage de James Siegel traduit en français après Dérapages, Epitaphe est un thriller original et brillant. Le personnage central, William Riskin, est touchant en vieil homme rongé par l'âge et une existence peu glorieuse, et également un enquêteur intelligent et perspicace. L'intrigue bâtie par James Siegel est originale et réaliste, offrant des rebondissements surprenants, et ce jusque dans les ultimes pages du roman. L'écriture de l'auteur est alerte et savoureuse, offrant de délicieux instants d'humour noir et en même temps d'une grande férocité quant à l'amitié, la vieillesse et la culpabilité.
Au final, Epitaphe est un thriller court et dense, émouvant et marquant, et qui place sans mal James Siegel parmi les auteurs à suivre de très près.21/02/2009 à 11:35
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Out
9/10 Au Japon, Yayoi, Masako, Kuniko et Yoshié travaillent comme ouvrières dans une usine de préparation de plateau-repas. Elles sont amies et leurs maris respectifs sont tous violents ou infidèles. Un jour, Yayoi étrangle son époux et demande de l'aide à ses camarades. Par amitié tout autant que pour l'argent, elles vont accepter de faire disparaître le cadavre de la victime en le découpant. Ce sera le premier jalon d'une longue descente pour ce quatuor féminin, surtout quand un dénommé Sataké, ancien sbire hanté par le souvenir du supplice qu'il a jadis fait subir à une femme, se retrouve bien malgré lui mêlé à cette affaire.
Premier roman de Matsuo Kirino, Out impose d'emblée son auteur comme un écrivain à suivre de près. Les personnages sont très denses, détaillés, et Matsuo Kirino n'hésite pas à se plonger dans les âmes de ses protagonistes pendant de longs moments pour les rendre encore plus réels. L'écriture est élégante, le scénario très bien bâti, et l'intrigue se révèle bien plus diabolique que ne le laisse paraître le résumé de la quatrième de couverture. D'ailleurs, il convient de prévenir les lecteurs que certains passages sont très difficiles par leur cruauté et leur réalisme. Et l'on referme ce livre le souffle court, frappé par son pessimisme et sa férocité, malgré des longueurs parfois inutiles et quelques excès de violence.
Au final, un thriller âpre et poignant, d'une noirceur absolue, proche des écrits de Mo Hayder et qui donnera envie de lire le deuxième opus de l'auteur, Monstrueux.15/02/2009 à 11:37
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Amères désillusions
8/10 Jeremy Davenport est un jeune étudiant américain qui souhaite faire la connaissance de son grand-père, Kurt Steiner, qu'il n'a jamais connu. Mais à son arrivée en Allemagne, il apprend que le vieil homme est mort. Intrigué par ce décès, Jeremy essaie d'en apprendre plus à son sujet et découvre que Steiner était lié à trois autres associés qui avaient rapidement fait fortune par le passé. Alors que les morts violentes se succèdent, Jeremy est amené à côtoyer des secrets bien étranges. Quel est ce fameux "phare des chimères" ? Quel est le lien avec ces courses de chevaux qui réussissaient tant aux quatre Allemands ? Avec le trafic de tableaux ? Avec ces enfants victimes de malformations ?
Avec Amères désillusions, Jérôme Bucy a signé un ouvrage très réussi. L'écriture est de grande qualité et offre une galerie de personnages nombreux et intéressants. L'auteur fait voyager le lecteur – Italie, Allemagne, Indonésie –, ce qui offre de nets regains d'intérêt. Par ailleurs, l'intrigue est beaucoup plus complexe que ne le laisse augurer le résumé de la quatrième de couverture, avec un grand nombre de fausses pistes, et ce jusqu'à l'épilogue, très bien amené et inattendu. Il est cependant dommage que certains éléments scientifiques de l'histoire ne soient pas très convaincants, ce qui nuit à la crédibilité du livre.
Amères désillusions est un donc roman à suspense de grande qualité, et inscrivant d'emblée Jérôme Bucy parmi les jeunes auteurs français à suivre de près, avec ses autres romans tels que Jérusalem interdite ou La chambre d'ambre.04/02/2009 à 15:31
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Le Chant des sirènes
9/10 A Bradfield, commune anglaise, un tueur en série sévit en massacrant des homosexuels à l’aide d’engins de torture inouïs. Son surnom est vite donné par la presse : le Bricoleur. Toute la police se met sur ses traces, notamment Carol Jordan, inspectrice de la criminelle, ainsi qu’un profileur, Tony Hill, dont les théories peuvent permettre l’arrestation du coupable. Ce sera le début d’une traque qui les marquera à jamais.
Avec ce premier opus mettant en scène Carol Jordan et Tony Hill, Val McDermid signe un thriller brillant. L’écriture est très élégante, et les chapitres alternent avec ingéniosité entre les points de vue des enquêteurs et les écrits laissés par l’assassin. Les personnages sont convaincants, du premier au dernier rang. Par ailleurs, la touche de psychologie utilisée par Val McDermid pour les rendre crédibles et humains est indéniable. Cette enquête offre son lot de rebondissements jusqu’à l’affrontement final, très marquant. Il est d’ailleurs à noter que certaines scènes de torture pourront gêner des lecteurs impressionnables. Le récit emprunte des voies exploitées dans d’illustres thrillers passés comme Dragon Rouge tout en assumant pleinement cet héritage, et ravira donc les amateurs du genre.
Au final, Le chant des sirènes est un très bon thriller, une magnifique ouverture pour la suite des investigations menées par Jordan et Hill, La fureur dans le sang et La souffrance des autres.27/01/2009 à 20:24
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Pauvres z'héros
8/10 En Moselle, la jeune Sylvette a été choisie pour encadrer des enfants, orphelins pour la plupart. Au cours d'une excursion, Joël, un trisomique de six ans, manque à l'appel. Où a-t-il bien pu passer ?
Parallèlement, dans le village, Nanase et Darou, deux hommes aux cœurs blessés, se sont depuis longtemps liés d'amitié. De petites combines en larcins sans envergure, ils forment un improbable duo de marginaux sur qui le sort semble s'acharner.
A la croisée de ces existences va se nouer une série de drames dont personne ne soupçonne encore l'ampleur.
Auteur prolifique, Pierre Pelot signe avec Pauvres z'héros un nouveau roman glacial et crépusculaire dans le nord-est de la France où il demeure. Comme à son habitude, l'écriture est léchée, très descriptive et s'attarde avec délice sur les paysages ainsi que sur les sentiments et tourments de ses personnages. Ces derniers sont d'ailleurs tous remarquables, du protagoniste principal jusqu'au dernier couteau, offrant une galerie de portraits particulièrement savoureuse. Le ton y est cynique et sordide, certaines exactions étant décrites de façon très crue, ce qui pourra choquer la sensibilité de certains lecteurs sans atteindre les sommets de brutalité de La forêt muette. Les multiples dénouements sont à cet égard représentatifs de l'ensemble du livre : cruels et désenchantés, contant le monde rural décrit par Pierre Pelot sans tenter de l'enjoliver, hanté de destins atypiques et brutaux.
Un roman noir, très noir, qui a également trouvé une déclinaison en bande dessinée : Pauvres zhéros.19/01/2009 à 18:24 1
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Le Mur du silence
7/10 Dans une Suède écrasée par un été de plomb, des appels anonymes signalent la disparition de deux enfants membres de la Vie Pure, une secte dont le but est de purger les âmes et les corps de toute souillure. Le commissaire Van Veeteren est appelé en renfort pour enquêter. On ne tarde d’ailleurs pas à retrouver un premier cadavre. Pour Van Veeteren, ce sera le début d’une traque dont il ne mesure pas encore toutes les conséquences.
Ce thriller scandinave, l’un des premiers à être traduits, est une belle réussite de Håkan Nesser. Le récit est intéressant, la langue agréable à lire, et l’humour qu’utilise l’auteur est délicieux. Les divers protagonistes sont très humains, perdus dans leurs contrariétés et leurs aléas sentimentaux. Il s’agit avant tout d’un opus axé sur la psychologie de ses personnages et la façon dont certains détails finiront par être primordiaux pour la résolution de l’histoire ; ici, pas de scènes gores ou spectaculaires, tout se déroule dans le feutré. Par ailleurs, l’intrigue, très correcte, offre son lot de rebondissements pour s’orienter vers une voie imprévue dans le dernier tiers du roman. L’ensemble, sans révolutionner le genre, se lit avec beaucoup de plaisir et offrira au lecteur de très agréables moments de détente.11/01/2009 à 20:15
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Lunes assassines
7/10 Dans l'Angleterre de 1935, les deux sœurs Malonet, Louise et Margaret, s'installent dans le manoir de leur oncle. Elles y apprennent l'existence d'une légende qui veut qu'un ancien propriétaire des lieux, un peintre, y serait devenu fou et s'y serait suicidé après avoir tué son épouse. La raison ? Un tableau qui rendrait en sa présence les gens complètement déments et les pousserait au crime. Louise et Margaret décident de mener l'enquête, et ce ne sera qu'après une nouvelle mort violente que la police s'investira dans cette chasse si particulière.
Auteur réputé pour ses livres mettant en scène des meurtres en chambre close, comme le fut avant lui John Dickson Carr, Paul Halter signe avec Lunes assassines un nouvel ouvrage intéressant. Les personnages sont assez nombreux et constituent autant de suspects potentiels. L'ambiance lourde de secrets de la demeure est bien rendue, et la langue de l'auteur est concise et efficace. Paul Halter a suffisamment truffé de fausses pistes son roman pour tenir le lecteur en haleine, jusqu'à l'arrivée du surintendant Francis Kay qui seul arrivera à dénouer le mystère, avec une sagacité et un rationalisme exemplaires. Il est juste dommage que le crime n'ait lieu qu'assez tard dans le récit, ce qui laisse un certain nombre de chapitres certes intéressants – avec les deux sœurs Malonet en enquêtrices improvisées – mais qui manquent un peu de sel.
Pour conclure, Lunes assassines est un bon roman à énigmes écrit à l'ancienne, malgré quelques longueurs inutiles vers le milieu du livre, et qui constitue une bonne entrée en la matière pour un lecteur néophyte désirant s'initier au roman proposant une énigme en chambre close. A noter qu'un auteur a déjà signé un autre très bon ouvrage au scénario proche de celui-ci, mettant en scène un tableau mortel mais sans crime en lieu clos cette fois-ci : Serge Brussolo, avec Conan Lord,Carnets secrets d’un cambrioleur.07/01/2009 à 08:48
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Soleil de plomb
6/10 Le couple anglais formé par Cassie et Graham décide d’accepter le travail offert par Larry. Le but : rester pendant une année entière dans la maison isolée dans les plaines australiennes pour prendre soin de la ferme et s’occuper de Mara, l’épouse de Larry. Rapidement, les deux jeunes gens se rendent compte d’un malaise insistant : Mara vit comme une recluse, nue et sous l’influence de médicaments qui la transforment en zombi. Quel secret cache leur hôte ? Que sont devenus les prédécesseurs de Cassie et Graham ?
S’appuyant sur une trame classique – le huis clos avec des personnages troubles, Lesley Glaister offre un roman efficace et prenant où l’accent est mis sur le désir et l’érotisme. L’écriture est très agréable et permet une véritable plongée dans la psychologie de ses personnages, notamment Cassie et Graham, très réalistes dans leur rôle de couple qui connaît des difficultés. Par ailleurs, la tension croissante dans le décor désertique du bush est bien maîtrisée et rendue. Le lecteur restera donc saisi au récit jusqu’aux dernières pages, ce qui est naturellement l’un des objectifs premiers du roman. Cependant, malgré toutes ces qualités, il est dommage que l’intrigue ne réserve pas plus de rebondissements ; en effet, on aurait aimé plus de retournements de situation pour éviter une certaine linéarité, d’autant que certains détails distillés tout au long du roman n’échapperont probablement pas au lecteur averti.
Au final, Soleil de plomb est un roman au suspense accrocheur mais auquel il manque quelques surprises supplémentaires pour parfaire l’ensemble.03/01/2009 à 12:06
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La Tête du cobra
10/10 Un thriller d'espionnage magnifiquement écrit, très réaliste et documenté. Un de mes coups de coeur !
26/12/2008 à 10:51
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Le Jour des Mortes
8/10 Un thriller bien mené, captivant et prometteur, malgré des motivations peu singulières pour les assassins.
22/12/2008 à 11:49
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Mauvais Sang
9/10 Le docteur Claire Elliot s'installe à Tranquility, paisible bourgade du Maine, avec son fils Noah pour tenter d'oublier la mort de son mari. C'est alors une série d'événements étranges qui surviennent : on retrouve de vieux ossements humains tandis qu'une vague de violences secoue la ville, le plus souvent à cause de jeunes habituellement si calmes. Et tout dérape quand les premiers meurtres arrivent. Claire, aidée par le chef de la police locale, Lincoln Kelly, va tenter de comprendre ce qui se passe… jusqu'à découvrir l'incroyable.
Habituée des thrillers avec comme toile de fond médecine et sciences, Tes Gerritsen livre un nouveau roman de très grande qualité. L'écriture est très agréable et alterne les scènes d'action avec d'autres, plus intimistes, consacrées à la psychologie de ses protagonistes. Ces derniers sont tous peints avec talent et humanité, avec une mention spéciale pour Lincoln Kelly en époux malheureux d'une femme alcoolique. Le suspense est habilement ménagé, avec des chutes de chapitres très accrocheuses qui saisissent l'attention du lecteur. Par ailleurs, l'expérience médicale de l'auteur nourrit son récit et offre une intrigue à la fois solide et même temps effrayante de réalisme.
Au final, Mauvais sang est une nouvelle réussite de la part de l'auteur de, entre autres, Le chirurgien et Fonctions vitales.14/12/2008 à 21:04
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La Carte du pendu
7/10 Même si ce n'est pas pour moi le meilleur opus avec Lincoln Rhyme, il n'en demeure pas moins vraiment bon, avec un déroulement intéressant et des personnages fouillés.
04/12/2008 à 18:55 1
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Le Vampire du stade Bollaert
6/10 Un roman très agréable à lire et prenant, mais qui manque dans sa forme d'un soupçon de folie et/ou de noirceur, donc d'un peu de piment.
01/12/2008 à 20:02
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Last Call
2/10 Plusieurs années après le drame narré dans Darkhouse, l’inspecteur Joe Lucchesi est confronté à New York à un nouveau tueur : des personnes sont retrouvées le visage massacré, un téléphone à portée de main. Celui que les médias surnomment déjà le Visiteur va jusqu’à narguer les autorités policières en leur adressant des lettres, et il semble bien déterminé à poursuivre son jeu de massacre. Encore traumatisé par le passé récent et le monstre qui s’en était pris à sa famille, Joe Lucchesi va devoir, avec son équipe, affronter ce nouvel ennemi.
Deuxième roman d’Alex Barclay, Last Call est une nouvelle déception, et de taille. L’intrigue est très basique, avec un énième tueur en série qui ne marquera jamais les annales de la littérature policière, tant il est passe-partout et sans envergure. L’écriture est médiocre, sans saveur, et le récit est très souvent ennuyeux, notamment en raison de digressions multiples quant à la vie privée de Lucchesi, et sans que ces chapitres soient pour autant émouvants ou intéressants. Les personnages n’ont aucune profondeur, sont stéréotypés, et Alex Barclay ponctue ses répliques d’un humour souvent de mauvais goût bien inutile. Le final est par ailleurs bâclé et sans panache.
Au final, Last Call est un thriller décevant, sans la moindre originalité. On a parfois l’impression de lire une novellisation sans âme d’un mauvais téléfilm.25/11/2008 à 20:38 1
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L'Or des Maures
2/10 Près des gorges de Kakouetta, un couple de randonneurs disparaît. L’inspecteur de la Police Judiciaire Michel Fabre, spécialisé dans les affaires paranormales, va mener l’enquête aux côtés de Muriel Lacan, docteur en physique et membre d’une unité de parapsychologie. Ils vont alors se rendre compte que depuis plus de cinquante ans, bien d’autres personnes se sont volatilisées dans cette région où une légende raconte qu’un trésor y aurait été dissimulé par les Maures, il y a plus de douze siècles, légende dont parle également Nostradamus dans une de ses prophéties et qui serait en rapport avec un étonnant héritage légué par des extra-terrestres.
Jouant sur le thème très en vogue de l’ésotérisme et de la religion, Jacques Mazeau a bâti un roman de bien piètre facture. Les personnages principaux – Michel Fabre et Muriel Lacan – n’ont que trop peu de charisme et sont sans réelle profondeur humaine. La langue de l’auteur est très plate, que ce soit pour les scènes d’action ou les descriptions alors que le décor se prêtait pourtant à une aventure haute en couleurs. Par ailleurs, l’intrigue traîne en longueurs, et il faut attendre au moins 200 pages pour que le suspense devienne plus intéressant. Et finalement, dans l’ultime chapitre, les explications apparaissent enfin, mais offrant souvent bien plus de questions que de réponses. A vouloir trop jouer sur la partition pourtant ouverte du thriller ésotérique, Jacques Mazeau ne parvient jamais vraiment à convaincre alors que le sujet promettait cependant d’être prenant.
Au final, L’or des Maures n’est qu’un roman de plus se fondant sur le paranormal et les versants mystérieux de la religion, mais sans apporter une nouvelle pierre à cet édifice littéraire. Reste un thriller qui ne provoque aucune fièvre ni ne laissera aucun souvenir exaltant au lecteur.23/11/2008 à 10:49
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Le Troisième secret
8/10 En 2005, le pape envoie monseigneur Colin Michener, son homme de confiance, communiquer un message en Roumanie à un vieux prêtre, le père Tibor. Ce dernier est en fait celui qui avait traduit l’un des mystérieux messages transmis par la Vierge en 1917 à Fatima, petite bourgade portugaise. Inquiet de cette manœuvre, Alberto Valandrea, secrétaire d’Etat du Vatican, va faire suivre Michener et tenter de lui bloquer la route, quitte à user des pires moyens. Car le secret qui est en jeu pourrait bien éclater au grand jour et bouleverser les fondements de l’Eglise.
Steve Berry signe avec Le troisième secret un ouvrage réussi dans le domaine du thriller religieux. L’auteur a particulièrement travaillé la documentation préalable, et l’ensemble de son récit sonne juste, depuis les psychologies de ses personnages jusqu’aux cérémonies en passant par l’histoire du Vatican. Son style est direct, sans la moindre fioriture, et l’on suit avec plaisir les aventures de Michener accompagné de son ancienne maîtresse à travers de nombreux pays. Même si certains protagonistes souffrent parfois de quelques stéréotypes, le roman se lit avec facilité, notamment en raison de l’alternance entre les points de vue des divers individus. Il est presque intégralement exempt de scènes d’action ; l’intrigue joue davantage sur les codes du roman d’espionnage, avec ses alliances, ses manipulations, ses faux-semblants et autres coups tordus. Par ailleurs, la clef de voûte du roman – la nature exacte de ce troisième secret jamais divulgué aux catholiques – pourra marquer les esprits car elle est très bien introduite et fait écho à de nombreux passages du roman, tout en restant parfaitement plausible et non téléphonée ; là où de multiples écrivains jouant sur le succès du Da Vinci Code ont opté pour des intrigues abracadabrantes et cherchant à tout prix le sensationnel, Steve Berry a choisi la sobriété, ce qui sert ses propos.
Au final, Le troisième secret est un opus très plaisant quoiqu’avant tout réservé aux inconditionnels du genre, mais qui satisfera néanmoins les autres lecteurs, ceux que l’explosion de romans sur l’ésotérique et le religieux aura fini par lasser.18/11/2008 à 06:53 2
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La Nuit des autres
7/10 Un bon roman qui joue dans le feutré, avec ce qu'il faut de suspense et de psychologie.
08/11/2008 à 17:01
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Echange mortel
3/10 Un roman à suspense qui commence très bien mais qui devient vite lassant, prévisible et sans intérêt. Selon moi, un immense gâchis !
04/11/2008 à 19:06
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Le Grand Sommeil
10/10 Le vieux général Sternwood engage le détective privé Philip Marlowe pour enquêter sur une tentative d’extorsion de fonds. Le problème est que Sternwood est affligé de deux filles dont il dit lui-même : « J’ai l’impression qu’elles vont à leur perte, séparément, par des routes légèrement divergentes. Vivian est gâtée, exigeante, intelligente et parfaitement impitoyable. Carmen est une enfant qui aime arracher les ailes aux mouches. Ni l’une ni l’autre n’ont plus de sens moral qu’une chatte ». Quand Marlowe commence son travail, il va rapidement être confronté à des gangsters sans scrupule, aux motivations très variées, jusqu’à ce que le premier meurtre éclate. Ce ne sera que le début d’une enquête au cours de laquelle Marlowe va affronter ce qu’il y a de plus vil chez l’être humain, y compris chez les proches du vieux général.
Ecrit en 1939, Le Grand Sommeil est à n’en pas douter l’une des pierres angulaires du roman noir. Raymond Chandler a imaginé une intrigue sombre et réaliste, prenante jusqu’à la dernière page, hantée d’individus peu recommandables et de femmes fatales. Les deux atouts majeurs de ce livre, en plus de l’énigme qui n’a pas le moins du monde vieilli, sont la langue de Raymond Chandler, à la fois drôle dans les dialogues et savoureuse dans ses descriptions et psychologies, et le personnage de Philip Marlowe, délicieusement sarcastique et tenace, interprété au cinéma par de grands acteurs tel Humphrey Bogart et Robert Mitchum.
Le grand sommeil constitue donc une inestimable pépite, un roman d’une rare intensité que l’on ne se lassera jamais de lire et relire, et qui aura inspiré des générations d’écrivains.30/10/2008 à 17:55 3
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Le Complot Sweetman
8/10 A Los Angeles, un tueur en série surnommé « Le dingue de l’autoroute » élimine des automobilistes qui ne semblent avoir aucun lien entre eux. Alors que John Cullen, modeste homme à tout faire pour vieilles dames, va chercher à l’aéroport son père, ce dernier se fait abattre sur le chemin du retour. Persuadé qu’il s’agit de l’œuvre du serial killer qui en est déjà à sa douzième victime, John, aidé par sa compagne et un camarade, va mener sa propre enquête. Au même moment, Carl X. Chapman, sénateur républicain très lié à des lobbys pétroliers, est obnubilé par sa candidature au poste de Président des Etats-Unis. Quel est le rapport entre ces deux affaires ? John Cullen l’apprendra à ses dépens, et bien chèrement.
Roman écrit par l’un des auteurs majeurs de l’horreur et du fantastique, Graham Masterton, Le complot Sweetman est un franc succès. L’intrigue est bien élaborée, exploitant une idée à la fois brillante et angoissante de réalisme, celle selon laquelle le politique peut faire assassiner sans le moindre remords, avec la réussite personnelle comme seul objectif. L’auteur a peint une belle galerie de personnages, tantôt attachants, tantôt révoltants, dont les actes et pensées alternent avec ingéniosité au gré des chapitres. L’ensemble se lit avec une très grande facilité tant la plume de l’écrivain est percutante et efficace, même si on peut lui reprocher une surenchère dans les scènes de sexe et une fin un peu abrupte.26/10/2008 à 10:41