El Marco Modérateur

3237 votes

  • Wet Moon tome 1

    Atsushi Kaneko

    8/10 L’inspecteur Sata arrive sur les lieux d’un terrible homicide : une geisha, nue, se trouve sur une chaise dans une posture semblable à celle d’une prière, ficelée et éviscérée. Son enquête le mène vite à Kiwako Komiyma, qui est néanmoins parvenue à prendre la fuite. Obsédé par le tueur, Sata va être victime d’un accident, avec un éclat de métal dans la tête ainsi qu’un profond trauma crânien, qui va profondément le perturber, lui donnant des hallucinations où il se rend sur la lune. « T’as des ratés dans le carafon ou quoi ? » lui lance un collègue. Un opus très noir et déjanté, appuyé sur des flashbacks qui distordent le cours de l’histoire, un graphisme assez particulier (volontairement suranné), et où les hantises de Sata pour la lune (jolis clins d’œil à Georges Méliès, sans compter les emprunts graphiques à Roy Lichtenstein) et ce démembreur au gré de ces cases qui s’entrechoquent, ont fait que j’ai bien apprécié ce manga même si le côté désarticulé, parfois ésotérique dans le fond et syncopé dans la forme peuvent rebuter.

    26/08/2023 à 08:21 1

  • White Shadow

    Philip Le Roy

    8/10 Les six membres du programme Noé viennent d’éliminer le dangereux Moon Kan, leur ennemi juré. Mais ils doivent immédiatement repartir en mission, avec comme objectif une étrange base dans les Alpes. Mais sur place, rien ne se déroule comme prévu.

    Après Blackzone et Red Code, Philip Le Roy poursuit sa série consacrée à la Brigade des fous. Ce troisième opus se situe dans la droite ligne des précédents épisodes. La demi-douzaine d’adolescents qui composent l’escouade sont toujours aussi déjantés et savent user de leurs caractéristiques pour se compléter. L’humour demeure bien présent, notamment dans les dialogues, et l’on ne voit nullement le temps ou les pages filer tant le rythme du récit est véloce. Avec, en arrière-plan, des considérations écologiques et citoyennes, l’auteur embarque son lectorat sur quatre-vingt-trois chapitres denses, nerveux et concis, où se multiplient cascades, fusillades et scènes d’action en tous genres. Un véritable petit explosif littéraire à destination des jeunes lecteurs, qui auront également le privilège de voir cette équipe de mercenaires insolites enrôler une nouvelle recrue en la personne de Joachim, un aveugle à l’ouïe surdéveloppée.

    Le plaisir de retrouver les membres de la Brigade des fous demeure intact. L’écriture ébouriffée et ébouriffante de Philip Le Roy joue à plein, offrant un degré de fougueux divertissement rarement atteint en la matière. On en vient presque à regretter de n’avoir pas un troisième bras que l’on plongerait dans un pot de popcorn tandis que l’on tourne les pages de ce roman endiablé, tant l’analogie avec certains films d’action semble évidente.

    03/11/2014 à 18:44

  • Widowland

    Jane Thynne

    9/10 Londres, avril 1953. L’Allemagne nazie a remporté la Seconde Guerre mondiale et c’est désormais un protectorat qui régit le Royaume-Uni. A quelques semaines de l’arrivée du Leader – comprenez le Führer – dans la capitale ainsi que du couronnement du roi Edouard VIII, Rose Ransom, vingt-neuf ans, est chargée d’aller enquêter dans les Widowlands, ces territoires où sont recluses celles qui ne présentent que peu d’intérêt au sein de la hiérarchie des femmes. Déjà en charge de la réécriture des classiques de la littérature afin qu’ils coïncident avec les nouvelles normes sociétales du régime, Rose trouvera peut-être l’opportunité de marquer sa différence.

    Ce roman de Jane Thynne séduit dès la lecture de ce pitch, fort original. A la fois dystopique et uchronique, le récit expose la nouvelle structuration de la société, où les femmes sont classées selon des castes en fonction de leur apport à la communauté – à chaque fois selon un prénom emblématique : les Geli, les Klara, les Leni, les Paula, les Magda, les Gretl, ainsi que les Frieda. Dans le même temps, les autorités ont décidé que les grands ouvrages devront désormais être réécrits afin de corriger les élans féministes et autres mouvements allant à l’encontre de la doxa, et notre héroïne, Rose, est justement l’une de ces révisionnistes. C’est d’ailleurs à elle que va revenir la charge de sonder le Widowland situé à l’extérieur d’Oxford pour essayer de comprendre qui barbouille depuis peu les murs de slogans subversifs. Jane Thynne, en plus d’avoir imaginé cette histoire singulière, dispose d’une écriture ravissante, et l’on se plaît très souvent à relire certains passages tant ils sont harmonieusement rédigés. Si l’on regrette parfois que l’écrivaine ne soit pas allée plus loin dans ses idées quant à la révision des textes majeurs de la littérature anglaise et des questions philosophiques que cela implique, elle captive néanmoins par une intrigue atypique et quelques beaux destins de femmes. C’est aussi une superbe – et effrayante – radioscopie de cette société remodelée par les vainqueurs du conflit, imposant au lectorat des réflexions nécessaires quant au rôle de nos mères, épouses et filles. Les dernières pages sont marquantes, offrant à notre Rose un rôle majeur et déterminant : il est plus que probable que l’on ne verra plus jamais le Frankenstein de Mary Shelley de la même manière.

    Un livre majeur et mémorable, au scénario et à l’écriture remarquables : Jane Thynne fait fort avec ce récit féministe et militant.

    08/04/2024 à 06:55 3

  • William Wilson

    Edgar Allan Poe

    9/10 … ou le récit quasiment schizophrénique d’un homme qui, pour les besoins de l’histoire, afin de protéger son anonymat, se renomme « William Wilson ». Ce personnage, enfant est particulièrement malin et versé dans les études, jusqu’à ce qu’un nouvel élève ne vienne lui permettre d’assoir totalement sa supériorité intellectuelle sur les autres élèves. Ce nouveau venu a d’ailleurs trois particularités : il a le même prénom, le même nom, et est né le même jour que lui. Désormais, ça sera un chassé-croisé étonnant et détonant d’où surgira, sans qu’il ne s’agisse d’un murmure, la mort et la folie. Une nouvelle un peu plus longue qu’à l’accoutumée, peut-être un peu longue à démarrer (les descriptions un peu étirées sur la maison d’enfance du narrateur n’ont pas eu de charme particulier sur moi), mais ensuite, j’ai trouvé ça prodigieux. Et il y a surtout ce final, vertigineux et en quelques lignes, qui constitue une sorte de pendant au « Horla » et autres récits horrifiques sur l’identité. Un bijou.

    21/06/2020 à 19:28

  • Winterkill

    C. J. Box

    7/10 Un roman toujours aussi original, atypique pour son décor et son héros si humain. L'intrigue est bien menée, jouant sur des rebondissements qui dépassent ce que laisse croire le résumé de la quatrième de couverture. Une pierre angulaire dans les enquêtes du garde-chasse Joe Pickett !

    13/01/2007 à 10:39

  • Wizard of the battlefield tome 1

    Daisuke Hiyama

    5/10 Un premier opus qui ne m’a pas vraiment transporté. Certes, c’est indéniable, il y a suffisamment de personnages, d’action et de mystères pour éventuellement me décider à entamer la suite de cette série. Néanmoins, à mes yeux, quelques défauts majeurs. Le premier est que le côté fantastique est mal relevé : OK, la gamine « devine » les vies humaines mais très peu d’éléments mettent en valeur cet aspect, au point que l’on pourrait tout simplement la prendre pour un excellent sniper. Ensuite, du point de vue graphique, ça oscille trop entre le côté sympathique du manga classique (grosses bouches, humour parfois potache, etc.) avec un côté dur inhérent au sujet, ce qui fait que j’ai eu en permanence du mal à adhérer au récit. Enfin, il y manque un je ne sais quoi d’explication quant au contexte (une guerre ? pourquoi ? pour quelles raisons ? entre quels belligérants ?), ce qui fait que, d’entrée de jeu, je n’ai pas pu être embarqué par l’histoire. Au final, je suis donc dubitatif, et peut-être que les ouvrages suivants viendront corriger ce scepticisme.

    22/02/2024 à 19:10 2

  • Wonderland Avenue

    Michael Connelly

    8/10 Une enquête prenante et réaliste, manquant peut-être de nervosité, mais néanmoins très agréable à lire.

    03/06/2009 à 20:14 5

  • Xue Dan

    Marco Dominici, Thomas Mosdi

    7/10 Macao, 10 avril 1706 : à peine débarquée, on attente à la vie d’une jeune femme. Un scénario prenant et efficace de bout en bout, à l’esthétique très réussie. Les combats avec des épées sont efficaces, et le sexe n’y est que suggéré et non explicite, ce qui est bien mieux selon moi.

    04/02/2024 à 14:56 2

  • Y a-t-il un assassin dans l'immeuble ?

    Béatrice Nicodème

    7/10 Un livre policier pour la jeunesse très intéressant, avec un protagoniste attachant en diable et une histoire prenante. Si certains ressorts sont attendus, le roman se lit aisément et avec plaisir.

    11/05/2014 à 18:48

  • Yama

    Sylviane Corgiat, Laura Zuccheri

    7/10 Comme tombée du soleil à la façon d’un astéroïde, une épée s’abat près d’un village et fend une roche blanche qualifiée de sacrée. Sous la coupe d’un seigneur appelé Orland, Yama, une petite fille, voit sa mère offerte à ce suzerain et, de colère, s’enfuit dans la forêt… et tombe sur une bête étrange, premier jalon d’une série de péripéties. Une bande dessinée aux traits particulièrement agréables et clairs, pour une histoire tout aussi réussie, qui panache des concepts déjà anciens (l’épée sacrée façon Excalibur, une quête en fusionnant les messages des diverses armes, la lutte contre un despote, etc.), mais de manière fort plaisante et graphiquement soignée, débouchant sur une planche qui constitue assurément une charnière vers l’opus suivant.

    24/05/2020 à 18:04 1

  • Über Alles

    Carlos Puerta, Pierre Veys

    9/10 La fumée que les marins du « Stornoway » ont devinée au loin provient d’un cuirassé… allemand, ce qui donne lieu à un combat certes court mais de toute beauté. Pendant ce temps, un sous-marin accoste en Angleterre avec à son bord le personnage énigmatique entraperçu dans le métro londonien, et ça tombe bien : son chemin nous mène justement vers les entrailles londoniennes, pour un projet bien trouvé. Conclusion avortée de cette série, et je le regrette amèrement : j’adorais cette série, j’en aurais volontiers repris encore quelques tomes. En outre, le final est beaucoup trop ouvert à mon goût, que ça soit à Londres ou dans cette espèce de ville que découvrent nos explorateurs. J’ai lu sur Internet que la série avait été abandonnée par Delcourt, c’est vraiment très dommage. Du coup, comme tout le monde, je suis obligé de m’imaginer ce qui était prévu pour la suite, mais je me répète, c’est un véritable gâchis tant pour la qualité du scénario qu’esthétique !

    02/02/2022 à 18:56 1

  • Yeah Yeah Yeah

    Andrés Garrido, Kid Toussaint

    7/10 Dans un monde futuriste, Karel Rossum, robot, fait la connaissance sur un quai du métro parisien d’Elle Van Eden : connaîtront-ils l’amitié, voire l’amour ? Une histoire bien gentillette, adorablement mise en scène par un graphisme cartoonesque, de l’humour (notamment la 30ème planche avec les références directes aux films « La Belle et le Clochard », « Ghost » ou « Quand Harry rencontre Sally »), ce qu’il faut d’émotions pour ces androïdes régis par les lois d’Asimov et qui n’ont pas droit à l’amour avec les humains. Un final prenant avec la montée d’une révolte chez les robots. Habituellement, ce n’est pas trop ma tasse de thé, mais là, ça passe impeccablement.

    01/08/2022 à 08:27 1

  • Zaya tome 1

    Jean-David Morvan, Huang Jia Wei

    5/10 Une sculptrice qui maîtrise un indélicat, un étrange sniper qui fait feu sur le véhicule d’une famille, une main balancée dans un collecteur de déchets : une entame très particulière, autant que le graphisme à la Enki Bilal. Les allers-retours entre les scènes de ces diverses planètes, le fait que l’histoire ne soit pas plus directement et immédiatement plantée m’a fait tiquer et j’ai plusieurs fois failli abandonner, sans compter des bavardages longuets et des discours presque abscons. Ce n’est clairement pas ma came.

    01/05/2023 à 08:30 2

  • Zaya tome 2

    Jean-David Morvan, Huang Jia Wei

    5/10 Je retrouve ici, dans ce deuxième tome, les qualités et défauts que j’avais trouvés dans le précédent tome : un graphisme sacrément léché mais une histoire qui ne se dévoile pas assez concrètement. Cette prise d’otage sur le bateau est pourtant bien menée, voire très habilement orchestrée, mais cette surabondance de scènes de baston fera que cette BD n’intéressera probablement que les fans du genre, malgré la succession de planches finales, muettes, expliquant en partie la genèse de ce qu’est devenue Zaya. Oui, ça manque cruellement à mes yeux d’une colonne vertébrale scénaristique, comme s’il s’agissait d’un libre exercice graphique…

    10/10/2023 à 19:37

  • Zaya tome 3

    Jean-David Morvan, Huang Jia Wei

    4/10 Je termine ici cette trilogie alors que je n’avais que moyennement apprécié les précédents tomes, mais comme j’avais ce troisième opus sous la main… L’esthétique est vraiment très réussie, mais j’ai toujours ressenti le même mal à rentrer dans l’histoire, peut-être parce que ce genre de BD n’est habituellement pas trop mon genre, certes, mais aussi parce que beaucoup d’éléments y sont assez abscons. Trop compliqué, alambiqué, artificiellement entortillé à mes yeux, avec ces bavardages, ces paradoxes temporels, et également l’absence de résumé des BD précédentes. Vraiment dommage.

    27/01/2024 à 15:42 2

  • Zombi la mouche

    Grégoire Forbin

    8/10 Un opus du Poulpe très dynamique et engagé, avec une situation de départ orginale et un traitement prenant.

    02/06/2011 à 08:11 2

  • Zombie ball

    Paolo Bacigalupi

    6/10 Une histoire fort sympathique, de prime abord déjantée et foutraque, ou comment des gamins pratiquant le baseball se mettent à lutter avec leurs pauvres moyens – des battes de leur sport favori – pour combattre une invasion de zombies dans leur bled perdu. Malgré ce postulat original et bien mené, il y a des longueurs dans le milieu du récit, notamment tout ce qui concerne le devenir de Miguel et de sa famille capturée par les services de l’immigration. Par la suite, le traitement demeure efficace mais beaucoup plus sage, voire anodin. On retiendra des scènes marrantes et mémorables (la rencontre avec le premier non-mort, ou les attaques des vaches zombies), et à part ses séquences moins calquées sur ce que l’on a déjà pu lire ou voir ailleurs, en littérature ou au cinéma, demeurent de jolies leçons quant à l’amitié, le racisme et la solidarité humaine. Bref, pour moi, pas le coup de cœur escompté en raison d’un traitement de l’intrigue parfois trop sage, pas assez excentrique ou singulier, mais une lecture agréable néanmoins.

    18/08/2016 à 08:42