El Marco Modérateur

3225 votes

  • Vinland Saga tome 2

    Makoto Yukimura

    7/10 Retour sur un épisode du passé, avec Thors, le père de Thorfinn, notre héros alors enfant. On découvre qu’il était auparavant un mercenaire, et on l’embrigade dans une bataille qu’il ne souhaite pas mais inclut la participation de son village. Seulement, surprise une fois le bateau parti : Thorfinn s’était dissimulé dans un des tonneaux. Comme Polarbear, j’ai moyennement goûté la façon dont il se débarrasse à mains nues de ses ennemis sur le navire, façon pro des arts martiaux, donc de manière anachronique et un peu déplacée, et je ne parle même pas du combat contre Bjorn, le berserker qui a gobé un champignon… Néanmoins, le combat final entre Thors et Askeladd tient toutes ses promesses, explique la haine farouche de Thorfinn et érige son père comme un individu d’une droiture exemplaire. Je continue volontiers cette série malgré mes petites réticences sur le côté graphique et trop nippon dans sa transposition.

    09/12/2021 à 19:46 3

  • Vinland Saga tome 3

    Makoto Yukimura

    7/10 Thorfinn est salement blessé par une flèche à l’épaule, et il ne doit son salut qu’à une femme anglaise ainsi qu’à sa jeune fille. Malgré son jeune âge, il est capable de tuer plusieurs soldats avant d’allumer un incendie dans la ferme afin d’alerter ses compatriotes en mer. Quelques années plus tard, l’Angleterre est la proie d’une terrible invasion. Thorfinn accepte la mission donnée par Askeladd, à savoir rapporter la tête de Thorkell, qui a décidé de se retourner contre les siens parce que c’était plus « amusant » que de continuer à combattre les Anglais, en échange d’un duel entre eux deux. Le côté trop nippon du graphisme et du traitement continue de me déranger (cf. le combat façon « Ken le survivant » entre Thorfinn et Thorkell), mais cet opus est très énergique et prenant.

    12/01/2022 à 17:14 2

  • Vinland Saga tome 4

    Makoto Yukimura

    8/10 Les troupes d’Askeladd et de Thorkell (qui a pris en otage le prince Canute) s’affrontent et le combat tourne à la faveur des premières grâce à un incendie (et à la fumée) provoquées par celles-ci. Un opus un peu moins bagarreur que les précédents (mis à part l’entame), où l’on apprend l’ascendance d’Askeladd, et où ce dernier démontre l’étendue de sa froide sauvagerie. Bref, un tome en apparence plus calme, mais dont le final, barbare, vient aussitôt corriger le tir.

    21/02/2022 à 18:42 2

  • Vinland Saga tome 5

    Makoto Yukimura

    7/10 Thorkell es sur le point de perdre son « pari » après avoir pris fait et cause contre ses propres compatriotes puisque le Danemark pourrait sous peu envahir et posséder l’ensemble du Royaume anglais. Mais quand il entend parler d’une troupe qui correspond très probablement à celle de Thorfinn qui l’a amputé de plusieurs doigts, il part sur place sur-le-champ. Ragnar, sévèrement blessé, confie à Askeladd les divisions à la tête de l’Etat. Un début un peu lent peut-être, mais l’affrontement psychologique, et presque à distance entre les deux clans, tient toutes ses promesses, sans compter les combats dans le dernier tiers, violents et bien sauvages, même si je regrette encore une fois leur esthétique et esprit proche de « Ken le survivant ».

    09/03/2022 à 18:29 3

  • Vinland Saga tome 6

    Makoto Yukimura

    7/10 L’affrontement entre Thorfinn et Thorkell reprend de plus belle, de façon brutale, même si ce graphisme et ce traitement si japonisant (cela n’a rien de méchant de ma part, c’est juste que l’univers viking n’avait pas à mes yeux à tant se laisser gagner par une esthétique à la « Ken le survivant ») me dérangent. Pendant ce temps, une scène inattendue et forte : comment la princesse parvient, même de manière éphémère, à convertir le guerrier berserker à un peu d’innocence et de paix. Retour au duel Thorfinn – Thorkell, où ce dernier raconte l’histoire du père du gamin, Thors, qu’il a bien connu par le passé et qu’il a cru un temps mort noyé. Un épisode clé avec beaucoup d’alliances qui se nouent à la fin, augurant d’un sacré virage scénaristique dans la série.

    12/07/2022 à 08:33 2

  • Vinland Saga tome 7

    Makoto Yukimura

    7/10 L’alliance récemment conclue semble stable, et c’est désormais de conserve que les principaux protagonistes de la série œuvrent afin de conquérir le territoire, tandis que le prince Canute à leur tête rêve d’une terre utopique, pleine de paix et de piété. Mais l’entrevue avec le Roi des Danois dans une église prétendument vide et qui devait tourner au guet-apens, se commue en une habile joute verbale où s’exhibe une belle lutte de pouvoir. Thorfinn veut enfin affronter Askeladd, mais Bjorn s’immisce avant lui pour se confronter au terrible combattant. Askeladd en profite pour raconter un pan important de son enfance, à savoir comment il a tué son propre père. Dans la droite ligne des précédents opus, avec un peu moins de violences et de bastons. Un final à plusieurs tiroirs, avec un piège, des retrouvailles, un sosie, bref, pas de quoi s’ennuyer.

    18/06/2023 à 19:36 3

  • Vintage

    Grégoire Hervier

    9/10 Thomas Dupré n’a rien d’un aventurier. Vingt-cinq ans, il a actuellement un emploi dans un magasin de guitares à Paris, et il écrit des piges obscures pour des revues musicales. Quand le propriétaire du commerce lui demande de se rendre en Ecosse pour apporter à un fortuné châtelain une guitare, ce n’est que le début d’une sacrée série de péripéties, à la recherche d’un instrument mythique : la Gibson Moderne.

    Grégoire Hervier signe ici un ouvrage on ne peut guère plus rock ‘n’ roll. Tonitruant, mené tambour battant, c’est une excellente partition qu’il compose et suit, avec une réelle fougue. Indéniablement fan de rock et de blues, l’auteur ponctue cette quête de riches informations sur nombre de guitaristes éminents et adulés : Jeff Beck, Jimmy Page, Eric Clapton, Muddy Waters, Billy Gibbons, et Robert Johnson pour ne citer qu’eux. Thomas Dupré, intrépide et attachant personnage, va alors se mettre à la recherche d’un instrument qui n’a peut-être jamais existé, et dont la simple évocation suffit à retourner les sangs des aficionados de musique. Une six-cordes exclusive, millésimée, à la sonorité exceptionnelle, et pour laquelle on est tenté, au choix, de débourser des sommes astronomiques pour l’acquérir, ou tuer. La France, l’Ecosse, Sydney, Memphis, Clarksdale, Chicago, New York, la Louisiane : un incroyable périple, fécond en rencontres où alternent accords majeurs (personnages hauts en couleur et croustillants) et mineurs (découvertes souvent sombres à propos d’un joueur appelé "Li Grand Zombi"). Le ton de Grégoire Hervier est primesautier, efficace, usant de toute son énergie pour des dialogues au cordeau, une remontée vers le passé fertile en renseignements, et la traque d’une guitare si mythique qu’elle se substitue sans mal aux trésors des romans d’aventure et autres repaires de tueurs en série. Bien évidemment, ce livre s’adresse en priorité aux fans de musique – et plus précisément de blues et de rock ‘n’ roll, mais son enthousiasme est si communicatif que l’on prend un indéniable plaisir à suivre la chasse de Thomas pour cet objet de convoitise, qui se situe quelque part entre le domaine de l’art et celui de la religiosité.

    Un immense moment de ferveur littéraire et musicale, sacrément original, culotté et jubilatoire, loin d’être anecdotique et superficiel, et dont le titre alternatif aurait pu être From The Cradle To The Grave, à tous les sens du terme.

    19/11/2018 à 17:57 4

  • Vipère au sein

    James Hadley Chase

    7/10 Susan est une danseuse d'une rare beauté qui, chaque soir, pratique un numéro hautement érotique au cours duquel, presque nue, elle joue avec un cobra. Steve Harmas, travaillant pour une compagnie d'assurances, apprend que Susan a obtenu d'un coursier de sa propre compagnie une assurance de cent mille dollars aux clauses très restrictives. Cela sent l'escroquerie à plein nez, d'autant que neuf autres assurances du même genre ont été contractées. Moralité : si la jeune artiste meurt, sous certaines conditions, il y aura une prime d'un million de dollars. Inutile de tergiverser : la machination est plus que probable, d'autant que Susan a une sœur jumelle. Pour Steve, rapidement aidé par son épouse, il va falloir tirer ça au clair, quitte à se frotter à des personnages bien patibulaires prêts à utiliser la force.

    La gémellité est un thème classique du cinéma et de la littérature policière (pour ne citer qu'eux, Le troisième jumeau de Ken Follett, ou encore Duelle par Barbara Abel). Écrivain mondialement connu pour son chef-d'œuvre Pas d'orchidées pour Miss Blandish, James Hadley Chase exploitait ce sujet dès 1951. Comme d'habitude chez l'auteur, l'intrigue est habilement imaginée, le récit rapide et l'action bien présente. La langue de l'écrivain est typique de ses autres œuvres : brève, lapidaire, sans temps mort, avec décors et physiques dépeints en quelques phrases. Les multiples personnages sont campés avec brio, et l'on s'amuse follement avec les dialogues très bien ajustés. Typiquement « hard-boiled », ce livre s'illustre par des protagonistes résolus et violents, peu fragiles, au point que certains lecteurs reprocheront à James Hadley Chase une certaine invincibilité de ses héros, comme dans ce passage : « Elle a été atteinte à l'épaule par une demi-douzaine de balles. Il n'y a pas de fracture, mais elle a tout de même perdu beaucoup de sang ». Néanmoins, par-delà certains aspects peu crédibles, l'histoire mérite très largement le détour.

    Malgré son âge, Vipère au sein est un roman à suspense qui se porte bien : original, efficace et adroit, il marque le lecteur qui n'aura de cesse, au gré des pages, de deviner quelle peut être la manigance imaginée autour de cette histoire d'assurances.

    06/12/2010 à 16:18

  • Virtualité réelle

    Estelle Tharreau

    9/10 Après la charge virulente du premier tome de son diptyque contre les nouvelles technologies et l’abrutissement des masses via les sciences prétendument libératrices et bienfaitrices, Estelle Tharreau revient avec, cette fois-ci, un pamphlet contre les univers virtuels, la programmation soi-disant panacée, la technologie intrusive et asservissante où « la liberté virtuelle est la clé d’une réalité apaisée ». Place aux enfants qui ne sont élevés que via des casques de réalité virtuelle, où le monde est au bord de l’abîme quand les ordinateurs ne fonctionnent plus, où les sirènes hurlent en cas de coupure électrique comme si le pays était subitement entré en guerre, où les hommes peuvent devenir de véritables prédateurs sexuels dès lors que la nuit numérique s’abat brusquement sur l’humanité. Un ton assurément plus sombre et dur que dans le premier opus du diptyque, le classant dans la catégorie « thriller ». Ce texte fut court mais, pour moi, indéniablement un puissant et salvateur pamphlet qui va à contre-courant de la doxa qui prône le numérique comme remède universel et vertueux.

    10/03/2024 à 19:01 3

  • Virus L.I.V. 3 ou La mort des livres

    Christian Grenier

    9/10 … ou comment, dans un avenir assez proche, la société est dominée par les Lettrés, des caciques, grands gardiens des livres, ou plus précisément des univers livresques, au point d’avoir relégué au rang de pestiférés ceux qui défendent les images, à savoir les Zappeurs. Le hic, c’est quand se propage un mystérieux virus qui fait s’autodétruire les mots dès qu’ils sont lus, ainsi que du livre au lecteur. Pour contrecarrer cette épidémie, les Voyelles (les quarante membres permanents de l’AEIOU) vont demander à la jeune Allis, une auteure ayant réussi dans son ouvrage « Des Livres et nous » à tenter une passerelle idéologique entre Zappeurs et Lettrés, à infiltrer la zone détenue par les rebelles. Une incroyable expérience littéraire que ce roman, partant d’un postulat remarquable et atypique, proche des univers de Serge Brussolo. Là-dessus, viennent se greffer toute une série d’événements, de personnages ou d’interrelations intelligentes. Des protagonistes forts, comme Allis, sourde et muette, envoyée au casse-pipe par ce cénacle d’idéologues forcenés dans la banlieue parisienne. Un chef des ZZ (Zappeurs Zinzins), à l’identité bien dissimulée. Emma, représentante des voyelles, qui a vu son fils lui échapper pour rejoindre le camp des défenseurs des images. Il y a aussi de sacrées trouvailles, comme les Hommes-Ecrans, qui ont un écran incrusté dans la poitrine et qui communiquent avec leurs semblables avec des outils informatiques. C’est aussi une charge sévère contre le milieu trop militant de la littérature vue comme un totem, une religion, et de l’intolérance en général, ainsi qu’une satire du monde de l’Internet, avec ses mirages et ses usurpations (à noter que le roman date de 1998, et quand on comprend ce qui se cache derrière le pseudonyme de Mondaye avec laquelle tchatte régulièrement Allis, on se dit que Christian Grenier était un incroyable visionnaire en la matière). Paradoxalement, c’est aussi un hymne poignant à la littérature, à ses univers fertiles, aux représentations qu’elle provoque en chacun d’entre nous, notamment au fil des incursions virtuelles dans les ouvrages, dont ceux de Jules Verne, Ray Bradbury, Albert Camus, etc. Il y a également pas mal d’action et de suspense dans ce bouquin qui se destine en priorité aux jeunes mais que les adultes peuvent sans le moindre problème entreprendre (et je recommande d’ailleurs fortement cette lecture à tout le monde). Même si certains passages (notamment lors des expériences virtuelles vécues dans les récits, presque des infiltrations humaines) risquent d’être un peu ardues pour certains, voilà une inoubliable expérience de lecture, saturée de symboles, comme le rapprochement d’Allis et du gourou des ZZ, avec leurs handicaps si poignants. Réellement, une pépite, et je m’en veux vraiment de la découvrir plus de vingt ans après sa publication.

    06/12/2019 à 17:20 1

  • Vis-à-vis

    Peter Swanson

    8/10 Lloyd et Hen viennent d’emménager à West Dartford, dans le Massachussetts, et font la connaissance de leurs nouveaux voisins, Matthew et Mira. Au hasard d’un tour du propriétaire, Hen découvre un objet pourtant anodin, un trophée d’escrime, qui lui fait aussitôt penser à l’assassinat, jamais résolu, de Dustin Miller, quelques années plus tôt. Le tueur avait emporté avec lui quelques éléments de chez sa victime, dont une statuette semblable à celle-ci. Coïncidence ? Hen n’est pas une personne comme les autres, depuis longtemps bipolaire et agitée de forts tourments mentaux. Est-elle devenue le jouet de ses propres lubies, ou bien est-elle tombée sans le savoir dans un piège tendu par un tueur en série ?

    Peter Swanson signe ici un roman psychologique d’une très belle tenue. Auteur, entre autres, de Huit crimes parfaits, La Fille au cœur mécanique et de Parce qu’ils le méritaient, il pose d’entrée de jeu ce rebondissement alléchant – ce trophée qui pourrait relier son propriétaire à un crime – avant de calmer le jeu. De façon chorale, il fait intervenir les quatre principaux personnages de son histoire – Lloyd, Hen, Mira et Matthew –, nous permettant de mieux les connaître, de découvrir leurs quotidiens ainsi que les zones d’ombre. On comprend également assez vite que Matthew n’a rien du paisible voisin qu’il semble être. Professeur et responsable d’ouvrages, il recèle, sous son apparent anonymat, un passé trouble et chaotique, notamment lié à la violence de son père et à la passivité de sa mère. Cette enfance disloquée, parsemée d’actes de sauvagerie et d’humiliations, a-t-elle pour autant fait de lui un psychopathe redoutable ? Pour notre plus grand bonheur, Peter Swanson se plaît à composer un récit loin des canons hollywoodiens du genre : pas de scènes sanglantes, aucun voyeurisme, et de multiples nuances dans ses portraits psychologiques, au point que rien n’est ni blanc ni noir. Prenant le temps d’apaiser le rythme de son ouvrage, il met en relief les relations de couple, leurs failles, le poids de la suspicion, la paranoïa également, au point que le lecteur se laisse prendre par cette cadence faussement moribonde. D’ailleurs, il nous a réservé quelques rebondissements joliment troussés, notamment en rapport avec le frère de Matthew, Richard, qui pourrait bien être le contraire de son justicier de frangin. Hen est aussi une protagoniste attachante avec ses failles : bipolaire, maniaque, sujette à la dépression, elle a par le passé fait montre d’agressivité envers quelqu’un qu’elle estimait coupable d’un méfait, ce qui rend ses soupçons à l’égard de Matthew d’autant moins convaincants.

    Un ouvrage assagi, ce qui ne l’empêche nullement d’être fort efficace et prenant.

    25/03/2022 à 06:59 3

  • Voiles de mort

    Didier Daeninckx

    7/10 Le thème de la femme fatale exploitée avec intelligence et originalité, moins au cours du récit que lors de l’épilogue, très intéressant. Une bien bonne nouvelle.

    17/11/2014 à 18:46 1

  • Voir Venise... et crever

    James Hadley Chase

    5/10 … ou comment le millionnaire / milliardaire américain Don Micklem en vient à essayer d’aider un ancien camarade de combat (ils se sont connus pendant un parachutage en Italie lors de la Seconde Guerre mondiale) John Tregarth par l’entremise de l’épouse de ce dernier. Sans le savoir, Micklem va devoir se rendre à Venise et affronter de dangereux sbires pour retrouver un document qui intéresse fortement les services secrets. Des ouvrages de James Hadley Chase, j’en ai lu quelques-uns, et le très bon alterne avec le médiocre. Ici, clairement, on est plutôt dans cette seconde catégorie. Factuellement, ça part plutôt bien : un héros charismatique et malin, quelques acolytes bien sympathiques (les relations avec son domestique, Cherry, sont bien amusantes), et il y a de l’action portée par une écriture simple mais éprouvée et efficace. Après, il y a pas mal de points qui me laissent perplexes. Les ennemis ne sont guère roués en plus d’être assez insignifiants au combat, au point que Micklem et les siens ont souvent trop facilement le dessus sur eux sans que ça ne soit leur métier. En outre, au vu de l’importance des documents à récupérer, les « méchants » (appelons-les ainsi, sans que ça ne soit caricatural, car leur côté malveillant n’est guère impressionnant) ne mettent que rarement en œuvre les moyens (financiers ou humains) pour parvenir à leurs fins, ce qui nuit à la crédibilité. Et puis, il y a cette cinquantaine de pages au cours desquelles Micklem et ses compagnons tentent d’échapper à la traque menée par leurs ennemis : longues, très longues, trop longues. Sans suspense, sans piment, sans frisson. J’ai autant accroché à cet interminable passage que de l’eau plate à un plafond. Bref, dans l’ensemble, indéniablement, ça se laisse lire, mais ça reste peu convaincant. C’est, en quelque sorte, une carte postale écrite et envoyée depuis Venise, mais rédigée à la va-vite histoire d’être expédiée juste avant la levée du facteur.

    08/08/2019 à 08:39 1

  • Voleurs à la douzaine

    Donald Westlake

    7/10 Imaginez-vous un voleur qui arrive en plein cambriolage et devient un otage ? Ce même voleur à qui un ancien détenu devenu artiste propose un casse pour faire grimper la cote de ses œuvres ? Ou encore un cheval en guise de cible pour un enlèvement ? Non ? Eh bien, c’est que vous ne connaissez pas encore Dortmunder…

    Personnage fétiche de Donald Westlake, que l’on retrouve par exemple dans Bonne conduite, Pierre qui roule ou Les Sentiers du désastre, Dortmunder est l’archétype du personnage à qui il arrive des aventures pour le moins cocasses. Voleur volé, voire volé voleur, un peu à la manière de l’arroseur arrosé, il vit dans ce recueil des péripéties drôles et toujours surprenantes. L’humour est omniprésent, dans les situations comme dans les dialogues, et l’on rit de bon cœur à de multiples reprises. Par ailleurs, c’est aussi l’occasion de découvrir une palette de personnages – complices de Dortmunder ou simples connaissances – très amusants. Cependant, il ne s’agit pas d’une simple démonstration désopilante, car les intrigues sont également réussies. Tel un leitmotiv, quasiment chacune des nouvelles qui composent ce livre comporte des rebondissements, et le final se ponctue d’une surprise enthousiasmante.

    Court, enlevé, séduisant, ce recueil d’historiettes est une petite perle. Certaines d’entre elles sont certes moins efficaces que d’autres, mais l’ensemble propose assurément un très agréable moment de décontraction.

    02/04/2012 à 18:35 2

  • Vomi soit qui malle y pense

    Gérard Lefort

    7/10 Même si l’intrigue est un peu faiblarde, elle a l’immense mérite de n’être dénouée que vers la fin de l’ouvrage. En plus, Gérard Lefort a une plume vraiment cocasse, et c’est bien souvent que je me suis marré lors de ce périple breton. Probablement pas la meilleure des enquêtes du Poulpe, mais un bien bon moment de lecture décomplexée.

    01/05/2015 à 22:56 2

  • Voodoo land

    Nick Stone

    9/10 Max Mingus et Joe Liston, policiers, enquêtent en novembre 1980 sur un cadavre découvert dans le zoo de la ville de Miami. Cet inconnu, retrouvé dans l’enclos des singes, a la bouche et le nez cousus, ainsi qu’une carte de tarot dans l’estomac. En remontant le fil mystérieux de cette affaire, les deux hommes vont pénétrer dans les arcanes d’une cité gangrenée par le crime et approcher d’un être à l’aura maléfique : Salomon Boukman.

    Après Tonton Clarinette, voici le deuxième opus de la série consacrée à Max Mingus et écrite par Nick Stone. Cette saga a reçu de remarquables échos de la part du public et de la critique, et il ne faut que peu de temps de pages pour comprendre cet engouement. Le style de l’auteur est absolument envoûtant, avec une écriture nerveuse et travaillée. Au gré de cette intrigue, prodigieuse et dédaléenne, le lecteur plonge sans ambages dans des univers interlopes, où se succèdent mafias, trafics, individus angoissants et sorcellerie vaudoue. On se souviendra ainsi longtemps de Salomon Boukman, terrifiant individu aux apparences changeantes, de Bonbon, assassin obèse qui utilise sa dentition pour massacrer ses proies et ayant une sévère addiction pour les sucreries, ou d’Eva Desamours, mortelle adepte de la sorcellerie. Les chapitres défilent, Nick Stone prend le temps de développer son histoire et d’approfondir la psychologie de ses protagonistes, et l’on ne voit pas passer les quelque six-cent-cinquante pages du livre. Les scènes d’effroi voisinent avec des moments d’action, d’autres passages frôlent le fantastique tandis que le suspense monte crescendo.

    Assurément, cette série de thrillers est l’une des plus réussies jamais écrites. Le rythme ne retombe pas, et l’on ressort de cette histoire à la fois médusé et sonné par tant de talent.

    23/05/2013 à 19:46 4

  • Vous parlez d'une paroisse !

    Hillary Waugh

    7/10 … ou comment une paisible ville du Connecticut, Crockford, suite au viol et à l’assassinat de la jeune Sally Anders, en vient à montrer ses failles. Une ambiance pesante, lourde de sa moralité bienpensante et de ses convictions religieuses, que vient percuter un drame, voire une tragédie, pour briser ce vernis de surface et faire apparaître la suspicion, le mensonge et la délation, en plus de toutes les tares de la société. Sur le principe, rien de très atypique, mais la forme surprend d’entrée de jeu : chaque chapitre est consacré au point de vue d’un personnage, avec quelques parties chorales, organisées comme des scènes de théâtre – conseil de l’église, commission d’enquête, conseil municipal, etc. – et ce jusqu’à la fin, avec l’identité du coupable révélée et le sort qui l’attend. Hillary Waugh a osé prendre ce parti et s’en tire sacrément bien, alors que je craignais que cela ne tourne rapidement à l’ennui et la redondance. Mais, malgré quelques effets faciles et autres clichés, les parties s’enchaînent à merveille, les réflexions sonnent avec justesse (notamment sur la piété de façade, la vertu nécrosée et le racisme, comme ce qui arrive à Reggie Sawyer et sa famille), et l’affaire progresse sous nos yeux avec intelligence. Selon moi, plus un coup de maître pour la forme que pour le fond, et une lecture, assurément noire, de grande qualité.

    19/11/2017 à 19:54 3

  • Voyages de noces

    Val McDermid

    8/10 Trois mariages et autant d’enterrements

    On vient de retrouver le cadavre carbonisé de Kathryn McCormick dans un véhicule. Visiblement, un tueur en série est à l’œuvre, faisant de cette victime la première d’une longue liste. Carlo Jordan et son équipe sont désormais réunies au sein de la BREP – Brigade Régionale d’Enquêtes Prioritaires – qui récupère de six brigades différentes toutes les affaires de mort violente, d’agression sexuelle aggravée mais aussi d’enlèvement d’enfants. Toujours épaulée par son fidèle ami le profileur Tony Hill, les voilà en train de traquer un individu qui, de serial noceur, est devenu un serial killer.

    Voici le dixième opus de la série consacrée à Tony Hill et à Carol Jordan, et Val McDermid n’a rien perdu de son talent. L’écrivaine connaît par cœur ses protagonistes, et c’est beaucoup d’humanité et de crédibilité qu’elle insuffle dans leurs comportements, leurs psychologies mais aussi leurs doutes. Carol est toujours minée par cette procédure de conduite en état d’ivresse à laquelle elle a échappé et suite à laquelle elle va se sentir responsable de la mort de cinq personnes tuées par un chauffard ayant échappé aux sanctions à cause d’elle. Dans le même temps, ses partenaires – Karim, Paula, Kevin, Alvin et Stacey – sont de véritables modèles de personnages policiers crédibles à la fois dans les procédures qu’ils suivent comme dans les raisonnements qu’ils tiennent. L’intrigue est très prenante, offrant cette fois-ci au lecteur la poursuite d’un individu, Tom Elton, capable des plus efficaces déguisements afin de fréquenter des mariages où il lève des proies féminines avant de les tuer puis de les incinérer dans des voitures. L’enquête sera longue, tortueuse, nous évitant le coup des deus ex machina et autres rebondissements téléphonés : tout y est parfaitement huilé, intelligent, vraisemblable, et ce récit ne s’en trouve que meilleur. D’autres histoires viennent se rattacher à la principale, comme les tourments de Carol à propos de son alcoolisme passé et de certaines conséquences évitées de justesse, mais aussi un chantage faisant suite à du cyberharcèlement et à du revenge porn, et la réapparition de Penny Burgess, une journaliste tenace et malveillante qui a juré la perte de Carol. Le roman se boucle de manière très originale, pour ne pas dire étonnante : dans une note finale, Val McDermid supplie ses lecteurs de ne pas dévoiler à d’autres l’épilogue de cette affaire. Il faut dire que ce dernier est osé, opérant un virage net et radical à la série.

    Un thriller à la fois fort réussi, captivant et plausible, qui ravira autant les fans de Val McDermid que les lecteurs n’ayant pas encore eu l’occasion de s’attaquer à l’un de ses opus.

    02/06/2022 à 07:18 5

  • Vue sur crime

    Sarah Cohen-Scali

    8/10 Récemment sorti de prison, le jeune Pascal Sirel a été victime de la malchance. Voleur, il a été arrêté alors qu’il cambriolait un appartement où se trouvait le corps d’une femme décapitée. En partie accusé, Pascal tente de se réinsérer dans la société, et on lui a confié un travail de commis boucher dans une petite surface. Mais au domicile qu’il occupe, il découvre l’étrange comportement d’un artiste, et lui prête rapidement des desseins meurtriers.

    Spécialiste de la littérature noire pour la jeunesse, Sarah Cohen-Scali s’est particulièrement illustrée grâce à des recueils de nouvelles, sombres et efficaces, comme Mauvais sangs ou Mauvais délires. Même lorsque sa plume s’attaque à des récits plus longs, la magie opère. L’histoire est dense, avec un personnage principal particulièrement travaillé : il ne cesse de repenser au sort qui s’est acharné sur lui, peine à trouver sa place hors des murs de la prison, et demeure marqué par sa détention. Il va d’ailleurs retrouver une partie de son moral aux côtés de son supérieur, Gabriel Castaigne, un homosexuel en pleine crise amoureuse.
    L’intrigue semble de prime abord très classique, puisque le sujet a déjà été maintes fois traité, en littérature comme au cinéma. Cependant, Sarah Cohen-Scali a su magnifier le scénario de son roman grâce à une écriture sèche et nerveuse, une concision qui sert ses propos, et surtout un rebondissement très malin vers la fin du livre. Le suspense est soutenu, les protagonistes crédibles, et l’on ne peut que ressentir de l’empathie, voire de la sympathie, pour Pascal. On trouve également de belles réflexions quant à l’homophobie et les difficultés de réadaptation pour les anciens délinquants.

    Destiné en priorité aux jeunes, mais largement accessibles aux adultes, ce roman captive autant qu’il divertit. Sarah Cohen-Scali compte parmi les écrivains les plus adroits pour ensorceler les jeunes et créer des univers obscurs où il fait si bon se perdre.

    01/03/2012 à 18:10

  • Vyshaya Mera, Marina...

    Chetville, Hervé Richez

    7/10 Une séance de torture dans un camp soviétique, puis un flashback pour commencer ce cinquième tome. L’idée de l’expérience de visualisation à distance est intéressante et bien menée, et malgré quelques longueurs et autres effilochements, j’ai repris du plaisir avec cette série. Souhaitons que le sixième et dernier tome soit à la hauteur de mes espérances, d’autant que Sam clôt cet opus avec une nouvelle vision.

    23/07/2023 à 23:32 1