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Ce que je n'aurais pas dû voir
7/10 Arthur est un lycéen à qui tout réussit. Auteur à succès, enfant sans problème, il assiste un soir à l’étranglement d’une inconnue dans une maison voisine de la sienne. Cependant, on ne retrouve aucun corps. Face aux doutes des policiers, saura-t-il prouver sa bonne foi ?
Sur le thème classique du témoin importun, Christophe Miraucourt signe un roman réussi pour la jeunesse. Concis, écrit avec habileté, il se lit vite, et le suspense est très bien mené. Les divers personnages qui peuplent le récit sont crédibles, suffisamment denses pour constituer autant de suspects potentiels, et l’on se laisse très facilement embarquer par cette histoire. Peut-être aurait-il fallu un peu plus de rebondissements, voire une volée de pages supplémentaires pour accroître la tension dramatique, mais les jeunes lecteurs auxquels s’adresse ce livre seront indéniablement comblés.
Réaliste, intelligent et bien bâti, voilà une nouvelle démonstration que la collection « Heure noire » de l’éditeur Rageot est l’une des plus habiles et prenantes dans la littérature policière pour les adolescents.23/05/2013 à 19:47
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Voodoo land
9/10 Max Mingus et Joe Liston, policiers, enquêtent en novembre 1980 sur un cadavre découvert dans le zoo de la ville de Miami. Cet inconnu, retrouvé dans l’enclos des singes, a la bouche et le nez cousus, ainsi qu’une carte de tarot dans l’estomac. En remontant le fil mystérieux de cette affaire, les deux hommes vont pénétrer dans les arcanes d’une cité gangrenée par le crime et approcher d’un être à l’aura maléfique : Salomon Boukman.
Après Tonton Clarinette, voici le deuxième opus de la série consacrée à Max Mingus et écrite par Nick Stone. Cette saga a reçu de remarquables échos de la part du public et de la critique, et il ne faut que peu de temps de pages pour comprendre cet engouement. Le style de l’auteur est absolument envoûtant, avec une écriture nerveuse et travaillée. Au gré de cette intrigue, prodigieuse et dédaléenne, le lecteur plonge sans ambages dans des univers interlopes, où se succèdent mafias, trafics, individus angoissants et sorcellerie vaudoue. On se souviendra ainsi longtemps de Salomon Boukman, terrifiant individu aux apparences changeantes, de Bonbon, assassin obèse qui utilise sa dentition pour massacrer ses proies et ayant une sévère addiction pour les sucreries, ou d’Eva Desamours, mortelle adepte de la sorcellerie. Les chapitres défilent, Nick Stone prend le temps de développer son histoire et d’approfondir la psychologie de ses protagonistes, et l’on ne voit pas passer les quelque six-cent-cinquante pages du livre. Les scènes d’effroi voisinent avec des moments d’action, d’autres passages frôlent le fantastique tandis que le suspense monte crescendo.
Assurément, cette série de thrillers est l’une des plus réussies jamais écrites. Le rythme ne retombe pas, et l’on ressort de cette histoire à la fois médusé et sonné par tant de talent.23/05/2013 à 19:46 4
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Vertige
7/10 Un thriller dédaléen, nourri de références cinématographiques, et mené de main de maître par Franck Thilliez. Les énigmes successives apparaissent, les pièces du puzzle s’emboitent, et le suspense monte crescendo. De nombreuses scènes me resteront en mémoire, immédiatement visuelles, marquant l’histoire d’autant de jalons, pour une intrigue qui m’a souvent fait penser à du Serge Brussolo. Petit bémol pour ma part : j’ai souvent eu du mal à trembler pour les personnages en raison justement de ces scènes trop tirées par les cheveux à force de vouloir être marquantes, d’où cette sensation bien subjective de ne jamais avoir été totalement embarqué par cette histoire. Néanmoins, ça ne retire strictement rien à la virtuosité que je reconnais pleinement à Franck Thilliez d’imaginer et peindre des histoires effrayantes.
19/05/2013 à 11:24
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Nuit blanche au lycée
7/10 Alors qu’elle est en retenue dans son lycée, Lana Blum aperçoit des inconnus. Armés et motivés, ces hommes prennent en otage les personnes présentes sur les lieux. Une nuit de cauchemar commence.
Après Décollage immédiat, Fabien Clavel revient dans la collection Thriller de Rageot, avec une nouvelle fois Lana comme protagoniste. Le ton y est nerveux, l’action et le suspense ne manquent pas, et Lana est toujours aussi attachante. Face à elle et ses camarades, il y a ces terroristes d’extrême-droite, enthousiastes à l’idée de faire couler le sang et faire disparaître des preuves bien embarrassantes. À l’image du film « Piège de cristal », on retrouve les canons du genre cinématographique, ici transposés à la littérature, avec des ennemis retors et des héros sympathiques. Si certains passages sont téléphonés et les rôles distribués sans réelle nuance, Fabien Clavel maîtrise indéniablement son œuvre : c’est enlevé, jouissif, et captivant.
Sans transcender ni renouveler le thème de la prise d’otage, cet ouvrage riche en scènes d’action saura certainement combler les attentes de lecteurs adolescents.12/05/2013 à 20:05
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Retour vers la côte
7/10 Des lettres anonymes. Un rat mort. Les pompes funèbres venues chercher son prétendu cadavre. Décidément, on en veut à Maria Vos. Pour échapper à ce cercle menaçant de plus en plus proche d’elle, elle décide d’aller passer du temps avec ses enfants chez sa sœur, Ans. Mais l’ennemi rôde toujours.
Ce premier ouvrage de Saskia Noort se lit avec beaucoup de plaisir. Le style, simple et direct, est une délectation. On se passionne rapidement pour les personnages, avec notamment Maria, femme à la fois forte et fragile, chanteuse qui a bien du mal à percer, aux amours malheureuses. Le suspense est savamment entretenu, les moments de tension étant suffisamment nombreux pour angoisser le lecteur, et le scénario, bien bâti, sait entretenir de bons moments d’angoisse. Certes, on finit par deviner assez facilement l’identité de l’inconnu, mais ses motivations profondes, mettant habilement en relief les pans sombres de l’âme humaine, sont très intéressantes.
Avec tact et retenue, avant Petits meurtres entre voisins et D’excellents voisins, Saskia Noort est parvenue à construire une intrigue solide et plausible qui saura tenir en haleine les lecteurs.12/05/2013 à 20:01
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Alice
9/10 Voilà un véritable régal de roman noir. Impertinent et singulier, à travers le regard lucide d’une gamine trop affranchie pour se conformer aux usages, Paul Cabine signe, pour son premier écrit, un ouvrage difficilement classable et terriblement envoûtant. À la fois simple et subtil, au-delà du portrait de femme qu’il peint, il offre aussi un cliché au vitriol de ce que pourrait être notre avenir. Et l’on serait bien coupable, une fois le livre achevé, d’oser dire que l’on n’aurait jamais imaginé pareille société.
12/05/2013 à 20:01
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Les chambres closes du Dr Hawthorne
9/10 Une lettre qui disparaît au beau milieu d'individus dans un relais de poste. Un homme assassiné dans une ferme complètement verrouillée. Un cadavre avec une balle en plein cœur sans la moindre plaie apparente. Un pilote d'avion poignardé en plein ciel alors qu'il était seul dans son appareil. Quinze récits où le bon sens, de prime abord, ne peut l'emporter sur l'incompréhensible.
Nombre d'auteurs policiers ont magnifié le genre des meurtres en chambre close, parmi lesquels John Dickson Carr, Paul Halter ou Paul Cummings. Si Edward D. Hoch n'est pas le plus illustre d'entre eux, il n'en demeure pas moins un de ses plus exemplaires interprètes. De 1974 à la fin des années 1990, il publia de multiples nouvelles, dont une partie est ici compilée. On découvre avec beaucoup de plaisir le docteur Hawthorne, un médecin aussi habile dans son métier qu'à dénouer les fils les plus inextricables d'assassinats en apparence impossibles. Comme souvent dans ce type de littérature, un méfait est commis dans un lieu clos, et les rares amorces de solutions tiennent le plus souvent de l'occulte ou de la magie. Néanmoins, Edward D. Hoch parvient toujours à résoudre l'intrigue de manière très cartésienne, grâce à son seul bon sens. Les personnages sont très crédibles, la langue agréable à lire, et la résolution des mystères très convaincante. Il y a en permanence un indice, ténu élément anodin qui le met sur la piste de la vérité, et le lecteur, tel un enfant, se sent souvent bien idiot de ne pas y avoir pensé plus tôt. L'ensemble de ces nouvelles ne présente aucun temps mort ni histoire moins réussie que la précédente ou la suivante : il s'agit d'un véritable florilège de récits ingénieux, prenants, où la complexité du postulat côtoie la simplicité de la résolution.
Avec un flegme tout britannique, Edward D. Hoch se hisse au plus haut rang des auteurs de meurtres en chambre close. Un émerveillement à chaque épilogue, se jouant des codes du genre pour mieux glorifier l'entreprise de ce limier de premier ordre qu'est le docteur Hawthorne. C'est une véritable gageure que de convaincre à chaque conclusion, et d'émerveiller le lecteur. A n'en pas douter, cette anthologie est un jalon du genre.12/05/2013 à 20:00 3
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Jeu de tueur
8/10 En vacances en Camargue avec sa copine Sabina, Alex Rider pensait pouvoir enfin passer du bon temps. Erreur. Sur place, le hasard lui fait croiser Yassen Gregorovitch, l’homme responsable de la mort de son oncle. Rapidement, les événements s’enchaînent et le père de Sabina est grièvement blessé par l’explosion de sa maison. Alex se décide à mener l’enquête et découvre que le commanditaire de cet attentat pourrait être Damian Cray, le célébrissime chanteur pop anglais.
Quatrième ouvrage de la série consacrée à Alex Rider et écrite par Anthony Horowitz, ce Jeu de tueur séduit immédiatement par le ton qui a fait le succès des précédents. Dès les premières pages, le lecteur bascule dans un univers où l’action sera omniprésente. De même, Alex Rider est décidément un personnage que l’on a plaisir à revoir au gré de ses péripéties, et celle-ci ne fait pas exception. Entre manigances terroristes, rôle trouble joué par le MI6 et délires opaques d’une star des médias, notre espion en herbe n’aura pas une seconde à lui. Le récit, qui s’ouvre sur un prologue qui ne prend son sens qu’à la fin du roman, recèle quelques informations personnelles à propos d’Alex et laisse donc augurer de futurs opus où la quête d’identité de l’agent secret sera un fil rouge.
Action tonitruante, plume nerveuse, scènes à forte teneur visuelle, Anthony Horowitz maîtrise parfaitement les ingrédients du genre et continue de proposer une série pour les adolescents fortement addictive.12/05/2013 à 19:59
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Le Dernier pape
7/10 Le pape est sur le point de mourir, et de sombres complots semblent agiter le Vatican. Stéphane, ancien soldat et membre d’un organisme étudiant les phénomènes ufologiques et spatiaux, apprend qu’un astéroïde s’approche dangereusement de la Terre. Et si toute cette histoire était déjà écrite ?
Dans cet ouvrage écrit par Edouard Brasey, les aficionados de cabales trouveront leur compte. S’y mêlent des conjurations religieuses, des traductions d’événements anciens, des promesses de fin du monde, ainsi que de nombreuses considérations scientifiques. Comme le firent Dan Brown, Raymond Khoury et consorts, l’action bat son plein et les révélations éclosent au fil des chapitres, servies par une écriture nerveuse et expérimentée. Indéniablement, Edouard Brasey a consciencieusement préparé son livre et s’est documenté. Autre élément qui ravira les fans du genre : les passages obligés. Le héros est charismatique et prompt à distribuer les coups, les ennemis sont particulièrement retors, et de multiples secrets – ou prétendus tels – liés à la croyance chrétienne sont dévoilés. Et à ces ingrédients s’ajoutent les extravagances, des invraisemblances ainsi qu’un manichéisme tartiné à la truelle. Mais, paradoxalement, cela constitue probablement un point fort pour les amateurs de conspirations littéraires : Edouard Brasey enfile certains poncifs au gré de son intrigue comme les petites perles d’un chapelet, et les lecteurs auxquels il destine son récit auraient certainement été déçus de ne pas les trouver.
Même s’il ne ralliera probablement pas les suffrages des allergiques aux complots ésotériques, Edouard Brasey a su bâtir une histoire vive et endiablée, à même de tailler des croupières à certains ouvrages anglo-saxons jouant sur la même partition.12/05/2013 à 19:59 1
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Seuls en enfer
9/10 Pélagie a été enlevée par un inconnu portant un masque de Mickey. Angst tente de retrouver la mémoire grâce à ses séances chez un psychiatre. Arturo livre des pizzas. Trois personnages dont les destinées vont se croiser et s’entrechoquer au gré de ces fragments de souvenirs qui, une fois réunis, livreront les motivations du kidnappeur.
Auteur réputé pour la jeunesse, Hubert Ben Kemoun signe ici un nouvel opus fort et prenant. Il est quasiment impossible d’en dire plus quant au scénario sans risquer d’en dévoiler des éléments importants, et c’est d’ailleurs l’une des grandes lignes de force de l’ouvrage : il manipule littéralement. Un peu à la manière de Thierry Jonquet dans Mygale, avec certes une noirceur moindre, Hubert Ben Kemoun a élaboré une intrigue remarquable, constituée de faux-semblants parmi lesquelles le lecteur pensera détenir la vérité avant que les cartes ne soient rebattues. Seuls les plus chevronnés parviendront à comprendre le fin mot de l’histoire avant la fin. Par ailleurs, la plume de l’écrivain est saisissante de talent : les personnages sont croqués avec brio, leurs existences respectives remarquablement mises en scène, et la concision de cet ouvrage renforce cette efficacité.
On passe donc un excellent moment, à s’interroger quant à l’identité du ravisseur, à tenter d’en concevoir le mobile, et à essayer d’ordonner le chaos de ces vies apparemment sans le moindre lien. Un sacré tour de force de la part de Hubert Ben Kemoun, qui parvient à élever ce roman nerveux et angoissant à la portée des jeunes et des adultes.12/05/2013 à 19:58
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Le prédateur de Saint-Quentin
9/10 Un ignoble tueur en série sévit aux alentours de Saint-Quentin. Il viole et assassine des femmes. La paranoïa croît aux environs. Le monstre est de sortie, et nul ne semble à même de l’arrêter. Pourtant, cet ogre n’est autre qu’un homme. Seulement, sa vie amoureuse tumultueuse a décidé qu’il ne pourrait jamais être un individu comme les autres.
Sous ses allures de thriller, cet opus n’en est pas un. Même si la figure toute-puissante du tueur en série existe, l’ouvrage est avant tout un portrait. Violent. Cinglant. Celui d’un être humain de prime abord ordinaire, paisible quidam qui cultive ses fruits et légumes, a des voisins avec lesquels il converse avec sympathie, et dont n’importe qui dirait qu’il n’éveillait pas les soupçons. Pourtant, c’est un terrible criminel. Dès l’enfance, la destinée a fait de lui un pervers, abandonné auprès d’une mère affectueuse. Très affectueuse. Trop affectueuse. Car entre eux deux s’est nouée une puissante passion. Sentimentale. Charnelle. Ce couple amoral, jouissant au propre comme au figuré des instants partagés, a vécu dans le secret un désir barbare, sans commune mesure, et ayant à jamais brisé les relations que l’enfant pourrait un jour nouer avec d’autres femmes. Gilles Toulet a une plume absolument magnifique, emplie de poésie et de lyrisme, mettant en scène de très nombreux passages où l’érotisme est clairement matérialisé. La virtuosité de son style contraste d’ailleurs brillamment avec la férocité des liens entretenus entre les deux amants. C’était une véritable gageure que de rendre cette relation avec beauté alors que la réalité des faits la rend hideuse, vicieuse, écœurante. Pourtant, grâce à un talent de narration absolument fabuleux et un véritable chatoiement de sentiments, Gilles Toulet y est parvenu.
Voilà un roman singulier, et d’une rare dureté, aussi magnifique dans ses propos que brutal dans son histoire. Un long inceste, traduit avec sensibilité, où un homme, brisé par cet amour irraisonné et affûté par les guerres auxquelles il aura participé, s’est transformé en prédateur sexuel. Une œuvre sensuelle et enragée qui n’a certainement pas fini de diviser les lecteurs. Mais pour ses partisans, il aura constitué un ouvrage d’une exceptionnelle gravité, bien au-delà des codes établis en la matière.11/04/2013 à 19:16
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Deux mille kilomètres avec une balle dans le cœur
6/10 Daniel Ferrey mène une vie inexistante. Vivant de petits paris sur les chevaux pour le compte de son beau-frère grâce à d’habiles calculs et statistiques, il en vient à être la victime d’un tireur, non loin d’un abribus. Pourquoi a-t-on cherché à le tuer ? Mystère. Tout ce dont il se souvient, ce sont des mains qui se sont penchées vers lui et d’une personne qui lui a porté secours. Il n’aura alors de cesse de découvrir qui a bien pu être ce bienfaiteur.
Ce premier roman de David Agrech interpelle rapidement par son étonnant phrasé. Racontée à la première personne, avec des chapitres très courts et un style indirect martelé, l’histoire séduit immédiatement, et l’on se plait à en savoir plus à propos de ce protagoniste singulier, antihéros absolu, tentant de vivre du mieux qu’il peut de médiocres expédients. Le récit est intelligemment bâti, il intrigue autant qu’il enjôle. Si les différents éléments finissent par se rejoindre comme les pièces du puzzle patiemment réunies, il faut néanmoins apporter un bémol, et de détail : les bavardages. David Agrech est capable de tenir de longues dizaines de pages pour expliquer sa fausse martingale pour recevoir des dividendes de ses paris équestres, sa relation chaotique avec le mannequin de chairs et d’os qui figurait sur l’abribus au moment où il a été la cible du criminel, ou encore les plus de cinquante pages où la prostituée Clara se livre quant à sa jeunesse et les raisons qui l’ont menées en France. Ces passages, étirés et furieusement prolixes, auraient probablement pu être abrégés ou rendus moins logorrhéiques, quitte à développer, par exemple, cette passion presque symbolique et fantasmée que Daniel entretient, sans la connaître, avec la personne qui lui a probablement sauvé la vie.
Si le style est unique et l’histoire brillamment métaphorique, permettant plusieurs lectures du livre, voire plusieurs niveaux de lectures, il n’en demeure pas moins que cet opus aurait peut-être mérité davantage de retenue ou de concision. Néanmoins, ce choix littéraire est clairement voulu et assumé par David Agrech. Il faut alors se dire que l’écrivain s’adresse de prime abord moins à des habitués de romans policiers qu’à des lecteurs avides de se plonger dans un récit d’amour qui ne ressemble à aucun autre.11/04/2013 à 19:15
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L'Enigme du poison putride
8/10 Sur l’île de Cooper, Wilma Tenderfoot, jeune orpheline, continue de chercher dans quelles circonstances elle a échoué à l’Institution pour Petits Malchanceux. Idolâtrant toujours le détective Théodore P. Lebon, elle en vient à enquêter au Théâtre des Vaillantes Variétés, où les acteurs s’effondrent les uns après les autres, victimes d’un bien étrange mal.
Après L’Énigme des cœurs gelés, Emma Kennedy poursuit sa série, et c’est un plaisir de retrouver Wilma comme héroïne. Aussi intrépide que gaffeuse, et déterminée que novice en matière d’investigations, elle conserve à ses côtés son fidèle beagle Pétrin, un camarade autant qu’un allié pour ses recherches. L’univers si saugrenu de l’île de Cooper reste un décor de choix, délirant et burlesque, qu’Emma Kennedy continue d’explorer, secteur après secteur, offrant à chaque fois l’occasion de mener une nouvelle enquête. Même si l’effet de surprise n’a plus lieu comme lors du premier roman, le style demeure très agréable, avec un humour enfantin et de sacrées réparties, qui feront certainement plaisir aux jeunes lecteurs. L’intrigue n’est pas en reste, avec des rebondissements intéressants et un coupable à l’identité inattendue.
Emma Kennedy approfondit le sillon laissé par L’Énigme des cœurs gelés : un monde littéraire bien à part, des protagonistes drôles et marquants, et un scénario qui tiendra en haleine les jeunes lecteurs jusqu’à la fin. À cela s’ajoutent la quête intime de Wilma qui se précise, un jeu de société présent à la fin du livre, ainsi que l’annonce du troisième ouvrage de la série : L’Énigme du fantôme maudit. Il y a fort à parier que nombreux seront ceux présents à ce rendez-vous.11/04/2013 à 19:15
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Ca s'est passé demain
8/10 Maxime est un jeune spécialiste de l’informatique ainsi qu’un inventeur en herbe. Il commence à recevoir d’étranges mails, dévoilant la une d’un journal qui ne paraîtra que le lendemain. La mort d’un ami, un sabotage sur les rails d’un train, une maison qui explose… Tous ces événements vont arriver ! Mais qui croira Maxime ?
Avec Crime d’auteur et Plongée fatale, Jacques Asklund est un auteur remarqué au sein de la littérature jeunesse. On trouve ici une plume alerte et nerveuse, avec une intrigue ingénieuse. Les divers personnages sont croqués rapidement et avec finesse, ce qui ne manquera pas de les rendre attachants et identifiables auprès des jeunes lecteurs. L’ensemble est parfaitement maîtrisé, avec de très bonnes charnières scénaristiques. D’ailleurs, on pouvait craindre que Jacques Asklund abandonne l’histoire sans interprétation ni dénouement, laissant, d’une certaine manière, le suspense en suspens. Il n’en est rien. L’écrivain propose une conclusion intelligente, certes déjà exploitée ailleurs, mais qui trouve ici tout son impact.
Enlevé, adroit, posant d’intéressantes questions quant au libre arbitre, ce roman s’impose facilement et naturellement comme l’un de ceux devant figurer dans les bibliothèques pour jeunes.11/04/2013 à 19:14
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Cinq cent mille euros d'argent de poche
7/10 Aurélien découvre une sacoche près d’un cadavre. Mû par une irrésistible curiosité, le garçon escamote la besace. Mais quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il se décide à l’ouvrir : cinq cent mille euros. Se posent alors d’innombrables questions. D’où vient cet argent ? Qui est le mort et pourquoi l’a-t-on tué ? Et surtout, Aurélien doit-il conserver le butin ?
Après 29 février, Rémi Stefani signe à nouveau chez Rageot ce court roman pour la jeunesse. Le ton est très agréable, avec des personnages savoureux, depuis Aurélien jusqu’à son ami Louis, en passant par les membres de la famille de l’adolescent. L’intrigue est également intelligente, avec une idée de départ intéressante, et qui permettra au lecteur, probablement jeune, de se poser de justes questions quant à la morale, la responsabilité et le sens de la justice. Néanmoins, ces réflexions soulignées par l’auteur ne sont jamais envahissantes ou moralisatrices : elles existent essentiellement pour permettre à chacun de méditer quant au comportement qui aurait été le sien en pareille situation. Le récit préserve de bons moments de suspense, tous parfaitement calibrés pour de jeunes lecteurs, avec également des rebondissements judicieux et un humour léger et omniprésent.
Pour ce deuxième ouvrage, Rémi Stefani a su devancer les attentes de son lectorat et proposer une intrigue à la fois prenante et non dénuée de crédibilité. Il y a fort à parier que le succès sera à la clef.10/04/2013 à 16:50
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Minuit, impasse du cadran
8/10 En octobre 1899, la fin du monde à cause d’un astéroïde semble proche et inéluctable. C’est également à ce moment que l’on découvre un corps dans Paris, impasse du cadran. À ses côtés, de petits objets hétéroclites, tous en rapport avec le cours du temps. À la demande d’un ami policier, membre de la famille du défunt, Victor Legris et Joseph Pignot se lancent dans cette enquête.
Onzième ouvrage de la série consacrée à Victor Legris, ce nouvel opus synthétise tous les éléments qui ont fait le succès de cette saga. L’auteur – ou plus exactement les deux auteurs, car Claude Izner est le pseudonyme de deux sœurs – immerge le lecteur dans le Paris du dix-neuvième siècle, et tous les aspects de cette période – historiques, géographiques, artistiques, politiques, etc. – sont parfaitement rendus, sans que ce déploiement tourne au stérile étalage. Et même si certains passages apparaissent superflus, ou du moins sans rapport direct avec l’intrigue, c’est avec plaisir que l’on se perd dans la capitale avec un narrateur aussi instruit. Le scénario est solide, et la pléthore de personnages rend la résolution de l’énigme encore plus ardue. Il faudra d’ailleurs à nos deux limiers user de toute leur sagacité car les racines de ce crime et de ceux à venir plongent vers un ancien fait divers et un puissant appétit de vengeance. La crédibilité de cet épisode, conjuguée à celle des divers protagonistes et de leurs attitudes, contribue d’ailleurs largement à celle du roman.
Cultivé sans être trop bavard, prenant sans tomber dans la facilité, ce livre de Claude Izner tient toutes ses promesses. Au gré de ses trois-cent-soixante pages, c’est tout à la fois une délicieuse incursion dans le Paris du dix-neuvième siècle qu’une intrigue solide qui nous sont offertes.06/04/2013 à 17:49 1
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Le fantôme de Sarah Fisher
8/10 Sarah vient de mourir. Et pourtant, elle n’est pas tout à fait morte. Revenue sous la forme d’un fantôme, ou plus exactement d’une revenante, elle est bien décidée à comprendre pourquoi quelqu’un l’a poussée du haut d’une falaise.
Auteur des bons Murder Party et Sauve-toi Nora !, Agnès Laroche signait en 2011 ce roman policier de haute tenue. Avec une idée de départ insolite, l’ouvrage, assez lapidaire et découpé en chapitres courts, tient en haleine du début à la fin. La plume est très agréable à lire, les personnages convaincants, et les rebondissements nombreux et intelligents. L’intrigue s’achève d’ailleurs de manière originale, avec une solution à laquelle il était presque impossible de penser, où cette touche humaine, présente tout au long du récit, claque avec d’autant plus de force.
Bien au-delà du simple roman policier, Agnès Laroche livrait un ouvrage à la fois simple et riche, où l’efficacité du scénario se clôt avec une grande sensibilité et un tact certain, accréditant le talent de son auteur.06/04/2013 à 17:49
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Sombres créatures
9/10 Un labrador torturé et marqué au fer rouge d’une croix gammée. Un chat reconstitué et ayant l’apparence de la créature de Frankenstein. Un chien écrasé aux abords d’une route où semblent se dérouler d’étranges commerces. Au total, huit courts récits où il est question d’animaux, avec comme personnage central le docteur David Westbrook, vétérinaire dans le comté d’Algoma, Michigan.
Avec ce recueil de nouvelles, Doug Allyn a obtenu de nombreux prix. Ces histoires, très variées, sont emplies d’une profonde poésie et d’une grande richesse littéraire. Les chiens constituent le fil rouge de ces récits, à part celui intitulé « Les Plages du Paraguay ». Proies, victimes de la barbarie des hommes, monstres éduqués pour combattre leurs congénères, ces animaux remplissent également une fonction métaphorique, puisqu’ils sont souvent bien moins féroces que leurs maîtres. Avec comme protagoniste David Westbrook, ancien détenu et homme de cœur, Doug Allyn a créé un univers bien à lui, à la fois extrêmement lyrique et très cruel, peuplé de personnages retors, où se déclinent des complots épouvantables et des sentiments nauséabonds. Et par-delà ces qualités scénaristiques, où le lecteur avale avec entrain ces nouvelles, l’auteur multiplie les morales, de manière juste mais jamais naïves ou trop démonstratives, où l’animal devient souvent le miroir de nos propres errements.
Brillant et atypique, ce recueil est un ouvrage d’une immense sensibilité en plus d’être singulier. On a hâte de retrouver ces qualités dans le roman L’Instinct de la meute.06/04/2013 à 17:48
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La Citadelle des cauchemars
9/10 Partant d'une situation simple en apparence, l'auteur tisse une intrigue fantastique – au propre comme au figuré – qui ravira jeunes et adultes. On plonge dans cent-quarante pages dans un univers singulier, entre onirisme et limbes, peuplé de personnages inquiétants. Parallèlement, Christian Lehmann est un romancier nourri des mots d'illustres prédécesseurs, comme Lovecraft, Conan Doyle ou Bram Stoker. Par une très habile et ingénieuse mise en abyme, il convoque ces trois écrivains de manière inattendue et se permet, au passage, de griffer le monde de l'édition, avec notamment une charge virile mais correcte contre R. L. Stine même si ce nom a été légèrement maquillé.
La citadelle des cauchemars est donc une véritable aventure littéraire, dépassant largement le cadre du simple roman d'angoisse. C'est très bien écrit, osé, unique et marquant.20/03/2013 à 17:08
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Les Brigades vertes
7/10 J'ai bien aimé. Le sujet est très original, et les questions idéologiques revenues sur le devant de la scène politique depuis quelques années le prouvent aisément. L'écriture est agréable : concise, enlevée, sans temps mort. Les divers personnages sont bien campés, depuis ces jeunes perclus de bonnes intentions et dépassés par les enjeux qu'ils voulaient défendre, jusqu'au cénacle de politiciens véreux. Les idées avancées dans le roman évitent la plupart du temps les facilités et confèrent à cet opus écrit il y a une dizaine d'années une lucidité et une clairvoyance étonnantes. Au-delà du message, Les Brigades Vertes constitue également le douloureux récit de destins croisés, portés par des idéaux généreux et louables, mais pervertis par leur désir de bien faire et l'incapacité de la classe dirigeante. Les quelques poncifs sont vite oubliés grâce à la qualité du texte et du scénario.
Pour résumer, Les Brigades Vertes constituent un bon livre, à la fois visionnaire, instructif et divertissant.20/03/2013 à 17:06