El Marco Modérateur

3221 votes

  • Le Chien des bas serviles

    Jean-Luc Poisson

    8/10 Un homme politique de la Mayenne assassiné dans son bureau. Une jeune femme handicapée poignardée, un bas de soie à la main. Une enquête typique pour Gabriel Lecouvreur, lui qui aime tant les faits divers. Sauf que le Poulpe est amnésique et incapable de la moindre investigation. Alors Cheryl, sa compagne, part sur place, sur les traces d’une secte et d’un monstre inquiétant.

    Soixante-dix-neuvième enquête du Poulpe signée par Jean-Luc Poisson, cet ouvrage se distingue immédiatement par son style narratif. La langue de l’auteur est épatante, regorgeant de jeux de mots subtils et aphorismes mémorables. Au gré des cent-vingt pages du récit, le lecteur ne s’ennuie jamais des mots de l’écrivain, d’autant que l’intrigue est riche et le cœur de l’histoire ne se révèle que tardivement. Cheryl, souvent reléguée au rang de faire-valoir de Gabriel, se montre aussi pugnace et habile que son complice, et c’est également avec plaisir que l’on voit le Poulpe sortir lentement de son amnésie grâce à l’aide de ses amis. La quête les mènera vers un étrange groupuscule qui aura su faire plier les édiles locaux grâce au chantage. Jouant sur le thème de la bête prodigieuse – d’où ce titre faisant référence au célèbre Chien des Baskerville de Arthur Conan Doyle, le livre met intelligemment en scène un puissant canidé capable d’émotions malgré son dressage… et également de s’adresser aux êtres humains !

    Jean-Luc Poisson signe un original et efficace épisode du Poulpe, où l’écriture croustillante et le scénario ingénieux s’allient avec bonheur.

    08/06/2014 à 08:28 1

  • Coup de foudre

    Neal Shusterman

    6/10 Une histoire sympathique, sans plus, dont le gros point positif est, selon moi, la légère débilité du tueur, en partie dépassé par ses "pouvoirs" : pour une fois qu'il ne s'agit pas d'une énième histoire de criminel machiavélique et à l'intelligence surhumaine...

    06/06/2014 à 18:06

  • L'Afrikaner de Gordon's Bay

    Caryl Férey

    5/10 Un peu déçu par cet ouvrage. Dépaysement garanti, mais l’histoire n’est, selon moi, ni originale ni vraiment prenante. Une sacrée pelletée de bons sentiments et de personnages un peu caricaturaux pour, au final, un moment de lecture certes sympathique, mais ni renversant ni mémorable.

    27/05/2014 à 16:08

  • Un film d'horreur

    R. L. Stine

    6/10 Une fois n’est pas coutume, une histoire sans élément fantastique. Un bon suspense, la patte de Stine, et les rebondissements attendus associés à un style certes léger mais efficace.

    27/05/2014 à 16:07

  • Plein le dos

    Jean-Bernard Pouy

    7/10 Une histoire typique de l’univers de Jean-Bernard Pouy, entre mystère et absurdité. Un ton fort, un humour omniprésent rehaussé par les illustrations, et une histoire peu banale, pour une nouvelle haute en couleurs et distrayante à défaut d’être totalement convaincante.

    27/05/2014 à 16:06 1

  • Le Vampire de Belgrade

    Jean-Luc Bizien

    8/10 Qui pourrait apprécier ce personnage central, raciste, homophobe, prêt à tuer de malheureux civils, et ne présentant aucun trait de caractère sympathique ? De même, qui oserait dire que le sujet est novateur ? Des vampires ? Un mercenaire en proie à ces sales bestioles ? Une ambiance crépusculaire et des scènes d’action que l’on se plairait à regarder, d’un œil mi-clos, dans une mauvaise série B ? L’absence totale de vraisemblance ? Et que dire de Jean-Luc Bizien qui ne daigne même pas signer ce roman de son propre nom, au point que l’on en vient à se demander s’il n’a pas honte de son engeance littéraire ?
    Et puis, curieusement, le charme opère. On se prend de passion pour la quête de Vuk Kovasevic. Énergique, volontairement débarrassée de tout bon sentiment, suant la testostérone par toutes les pages, l’écriture happe, garrote, étrangle, et ne libère le lecteur qu’aux ultimes pages. Certes, les éléments sont connus et l’histoire peu originale, mais la moelle de l’œuvre est ailleurs. Dans sa nervosité. Dans la jouissance que l’on ressent à voir ces goules se faire massacrer. Et, finalement, dans ce plaisir presque coupable de goûter à l’allégresse avec un texte si loin de nos préoccupations quotidiennes et de toute crédibilité que l’on fuit la routine. Rien que pour ça, merci monsieur Bizien !

    27/05/2014 à 16:05

  • Baby Leg

    Brian Evenson

    8/10 Kraus ne sait plus où il en est. Il se réveille au beau milieu d’une forêt, amputé d’une main, et poursuivi par une mystérieuse femme armée d’une hache et dotée d’une jambe de bébé. Ce qu’il ignore encore, c’est qu’un docteur Varner est à sa recherche et qu’il ne semble pas décidé à le laisser s’en aller.

    Kafkaïen. Cauchemardesque. Monstrueux. Les qualificatifs ne manquent pas si l’on souhaite caractériser cet ouvrage de Brian Evenson. On lui devait déjà un déjanté Confrérie des mutilés où le simple synopsis, profondément atypique, offrait des perspectives détonantes de lecture. Avec ce Baby Leg, le stade de l’anormalité est amplement franchi. Cent pages d’un pur délire littéraire, où se télescopent des personnages étranges placés dans des situations baroques. Le ton est également inhabituel, au point que le lecteur perd souvent pied, entre hallucinations et distorsions du réel. Il est d’ailleurs impossible de totalement définir cet Objet Littéraire Non Identifié car, quand se tournent les ultimes pages, des questions subsistent. Quiconque pensera détenir une vérité, ou tout du moins la sienne, car Brian Evenson a éparpillé quelques clefs que tout un chacun pourra faire entrer dans des serrures de sa convenance, ouvrant les portes sur d’hypothétiques éclaircissements. Si certains pourront, bien légitimement, reprocher à l’auteur de ne pas avoir opté pour une solution unique et rationnelle, il faut soutenir, tout aussi légitimement, le choix narratif de l’écrivain d’avoir choisi de ne pas choisir. Au final, chaque lecteur, avec son ressenti et l’explication qui lui semblera la plus évidente ou la moins douteuse, partagera un arpent du cauchemar vécu par Kraus.

    27/05/2014 à 16:04 1

  • Salt River

    James Sallis

    8/10 Shérif adjoint dans une bourgade du Tennessee, John Turner n’est pourtant pas sans activité. Un jeune homme qui s’encastre avec sa voiture dans un mur, un chien qui aboie sans raison apparente, un ami suspecté de meurtre…

    Troisième et dernier ouvrage de la série consacrée à John Turner après Bois mort et Cripple Creek, ce Salt River est animée d’une remarquable puissance littéraire. Certes, James Sallis n’est probablement pas ici l’auteur d’une intrigue inoubliable. Les affaires vont venir se télescoper et les divers éléments finissent par être élucidés, mais ils ne marqueront pas la mémoire des lecteurs. En revanche, la finesse d’écriture est absolument prodigieuse ; en quelques mots, quelques situations, quelques dialogues, les personnages s’imposent par leur densité. Moins de deux-cents pages, et tout y est dit et écrit. À la manière d’un réalisateur ayant parfaitement perçu ses acteurs, James Sallis maîtrise ses protagonistes et les rend tout de suite si humains. C’est d’ailleurs le cas pour John Turner, à propos duquel on ne peut qu’encenser cette maestria narrative, si poignante autant que lapidaire, avec laquelle l’écrivain nous dépeint ici l’ultime apparition.

    Sans offrir un immense moment de littérature policière, James Sallis brosse des portraits d’une si profonde humanité que la lecture de ce roman s’en passe bien volontiers. On en viendrait presque à sentir palpiter le pouls des personnages sous nos doigts à mesure que nous tournons les pages.

    27/05/2014 à 16:00 2

  • Transparences

    Yal Ayerdhal

    8/10 Un ouvrage fort, parfois handicapé par certaines longueurs, mais indéniablement magnifié par un style dense et une écriture savante, avec par exemple ce premier chapitre, écho littéraire et meurtrier de la mécanique des fluides.

    27/05/2014 à 15:59

  • Terrible internat

    R. L. Stine

    3/10 Une atmosphère intelligemment bâtie et un personnage de professeur qui saura intriguer voire remuer les jeunes lecteurs. Mais j’ai trouvé le final – les deux dernières pages – complètement ratées, risibles au possible, et achevant le récit sur une note totalement caduque. Selon moi, un fiasco complet en termes d’achèvement.

    27/05/2014 à 15:58

  • L'Aztèque du charro laid

    Philippe Delepierre

    7/10 Un Poulpe particulièrement saignant. Si le cœur de l’intrigue est en soi assez répandu dans la littérature policière – et encore, peut-être est-ce dû au fait qu’il a une quinzaine d’années et que le sujet a été exploité depuis, j’en retiens avant tout une écriture qui allie un ton nerveux, des scènes d’actions enflammées et un humour corrosif. Une peinture au vitriol de la société mexicaine – sans que cela ne s’apparente à un racisme de mauvais aloi comme il l’est indiqué judicieusement dans les dernières pages. Un bien opus dans une série dont je suis définitivement fan.

    27/05/2014 à 15:57 1

  • Festins de veuves

    Jean-Pierre Bocquet

    7/10 Deux hommes découvrent à Dunkerque le corps d’un ami dans son bateau. Spectacle stupéfiant : le cadavre est entouré de mouches et de veuves noires. Le commissaire Delambre et son équipe vont devoir mener l’enquête. Rapidement, des femmes amatrices de romans policiers font le lien entre ce fait divers et un plus ancien, où un mort avait été découvert dans des circonstances similaires. Serait-ce le même tueur qui aurait de nouveau sévi ?

    Après Dunkerque sous le signe d’Othmane, Un grand maître dunkerquois et Quai des cadavres, Jean-Pierre Bocquet poursuit son œuvre littéraire avec ses personnages récurrents. S’il est souhaitable de lire ces opus dans l’ordre chronologique afin de mieux discerner les évolutions des protagonistes, des rappels en bas de page permettent néanmoins de saisir les allusions aux événements précédents. Avec un style très volubile où les bons mots mitraillent le texte, l’auteur a bâti une intrigue qui sait saisir le lecteur dès le premier chapitre. On en vient vite à être intrigué par cette histoire atypique d’assassin usant d’araignées mais aussi de mouches et de grenouilles venimeuses pour mener sa vengeance. Jean-Pierre Bocquet dépeint avec un talent narratif certain les divers individus qui composent une galerie savoureuse, et où les dialogues, même s’ils sont parfois élaborés pour en faire jaillir des bons mots au point de parfois en perdre de leur naturel, sont bien cocasses. Au gré des pérégrinations dans le département du Nord, l’écrivain invite son lectorat à une plaisante balade d’où ressort avec un amour communicatif pour ce terroir. Le ton y est souvent badin, quelquefois trop disert, mais on ne s’ennuie jamais.

    Délaissant volontairement la piste du thriller, Jean-Pierre Bocquet oriente son intrigue et son récit vers des rivages moins sombres et tourmentés. Son scénario original et sa patte débonnaire achèvent de faire de cet ouvrage une bien agréable paire de parenthèses entre d’autres lectures où affluent les effusions de sang et les effets faciles.

    27/05/2014 à 15:55

  • Les Serpents du muséum

    Sophie Humann

    6/10 Juliette, une jeune fille, va passer une partie de ses vacances chez son oncle qui travaille au Muséum d’histoire naturelle. Dans ce Paris de 1875, les animaux présents dans les galeries produisent immédiatement sur elle une puissante attraction. Mais un jour, un des serpents s’échappe du pavillon des reptiles et un autre disparaît. Juliette se décide à mener l’enquête.

    Pour cet ouvrage, Sophie Humann s’est documentée sur les lieux et l’époque, ce qui permet, au-delà de l’intrigue, de passer un bien agréable moment de tourisme littéraire au beau milieu des diverses bêtes. C’est également un bon roman policier, à l’intrigue certes classique et simple, mais efficace et parfaitement adapté au public visé. Sur environ cent-vingt pages, on se prend rapidement de sympathie pour Juliette, son tempérament effronté, son esprit aventureux et son intelligence. Les autres personnages sont aussi joliment dépeints, et c’est un plaisir que de suivre cette investigation jusqu’à l’épilogue.

    En toute simplicité, Sophie Humann a su unir la finesse d’une histoire policière à un tableau accessible du Muséum vers la fin du dix-neuvième siècle. Et à ce mariage réussi viennent également s’inviter d’adroites réflexions quant au racisme et à la famille. Sans révolutionner le genre, voilà un livre aussi bien pensé que mené.

    27/05/2014 à 15:55

  • Régénérations

    Everett Owens

    8/10 Un texte particulièrement atypique et saisissant, qui m'a beaucoup plu.

    21/05/2014 à 17:35

  • Combattre le futur

    Elizabeth Hand

    7/10 Une synthèse de tout ce qui a fait le succès de la série : complot, extraterrestres, phénomènes inexpliqués. On y ajoute quelques éléments plus spectaculaires et visuels que dans d'autres opus et l'on obtient ainsi un ouvrage qui, sans transcender le genre, constitue un agréable moment de détente.

    21/05/2014 à 17:33

  • Mystère vaudou

    Les Martin

    7/10 Un bon moment de lecture, pour un récit typique de la série, où se mêle complot (certes à une petite échelle) et un ésotérisme sobre et bien mené.

    11/05/2014 à 19:47

  • Souvenir d'oubliette

    Ellen Steiber

    7/10 Une histoire intéressante, mais dont la concision atténue grandement le suspense, les émotions des victimes ainsi que la psychologie du bourreau. J’ai beaucoup aimé la fin, touchante.

    11/05/2014 à 19:47

  • La Règle du jeu

    Ellen Steiber

    8/10 A part sur le final, rien n’y est surnaturel ou occulte, et cette histoire au scénario retors et au dévoilement percutant est une bouffée d’oxygène entre les histoires de cabales et autres invasions extraterrestres. C’est également l’un des romans les plus courts de la série, mais le rythme ainsi insufflé augmente d’autant la tension, et d’autres chapitres auraient été bien inutiles.

    11/05/2014 à 19:46

  • Le Visage de l'horreur

    Ellen Steiber

    7/10 C’est prenant, sordide, et original. Un thriller qui parvient à faire apparaître le spectre du fantastique et du réel, jouant sur les nerfs du lecteur jusqu’à la fin, toujours à la limite de ces deux styles.

    11/05/2014 à 19:46

  • Nous ne sommes pas seuls

    Les Martin

    6/10 Une histoire pas mal menée, c’est surtout le départ de la série avec les divers éléments constitutifs : extraterrestres, complot, le côté cartésien de Scully auquel renvoie la croyance dans le paranormal de Mulder, sans compter ses touches d’humour. Rien d’exceptionnel, certes, mais on est immédiatement dans le bain à la fois de la série et de ses diverses novélisations.

    11/05/2014 à 19:45