Surcouf

367 votes

  • Le Démon de la Tour Eiffel

    Jacques Tardi

    8/10 2e tome des extraordinaires aventures d'Adèle Blanc-Sec. L'ambiance générale évoque les œuvres d’Eugène Sue et ses romans feuilletons parisiens, Gaston Leroux pour le côté fantastique ou Maurice Leblanc pour le côté enquête. Suite d'Adèle et la Bête, l'histoire est très riche, avec beaucoup de cases explicatives et de nombreux personnages. On a déjà cette impression que Tardi nous ballade, sans savoir vraiment lui-même ou il va. Après un ptérodactyle, voici l’entrée en scène de Pazuzu, un démon assyrien, identique à celui qu'on voit dans le film L'exorciste. On déambule dans le Paris de 1911, parmi des flics incompétents, des savants un peu allumés, des malfrats pas vraiment efficaces, un privé qui verse dans l'orientalisme et des bourgeois qui se font frissonner avec des activités sectaires. Le trait de Tardi est encore fin et clair, avec beaucoup de détails. Alors, même si on ne sait pas où tout cela va nous entrainer, on suit Adèle avec curiosité et amusement, et la nécessaire concentration pour ne pas se perdre dans les dédales de l’auteur.

    17/04/2024 à 09:54 2

  • Le Mystère des profondeurs

    Jacques Tardi

    7/10 Rien à dire au niveau du dessin. Tardi semble encore prendre plaisir à croquer Adèle. Par contre, ça part un peu dans tous les sens au niveau scénario. On se demande parfois si l’auteur sait où il va où s'il navigue à vue au gré de son inspiration. Gros dérapage par contre au niveau de certains dialogues, il y a des grossièretés et de la vulgarité qui n'amènent strictement rien et qui sont en décalage avec le ton général de la série. Il reste heureusement ces textes décalés comme " la chanson de Craonne qui monte des égouts (des égouts de l'histoire ? )" et les trouvailles zoologiques improbables comme les limules, cette " bête drôlement tartignole " comme la décrit Adèle. On se demande où tout cela va nous mener.

    30/04/2024 à 09:46 1

  • Le Noyé à deux têtes

    Jacques Tardi

    8/10 11 novembre 1918, à quelques heures de la signature de l'armistice. C'est un deuxième cylcle des aventures d'Adèle qui s'ouvre. Fini les ptérodactyle, démon assyrien, momie, et autre salamandre. C'est dans une ambiance anarchiste, antimilitariste et pacifiste chère à l'auteur que débute ce nouvel album, avec des flics véreux, des piliers de zinc, et d'étranges artistes de cirque. C'est aussi la première apparition d'inquiétantes tentacules qui vont hanter les pages des prochains tomes. Les dessins sont chouettes illustrent bien cette saison froide, humide et sombre. Il y a un clin d’œil à Blake et Mortimer en page 37.

    03/05/2024 à 10:14

  • Le Secret de la salamandre

    Jacques Tardi

    5/10 C'est pour moi l'épisode le moins réussi. Beaucoup de phylactères censés expliquer tout un tas d'éléments enchevêtrés, des personnages en veux-tu en voila, le tout sans Adèle qui roupille au fond de son bac à glace. Tardi est essentiellement sur la ligne anti-guerre qu'il développe dans ses autres albums consacrés à 1914-1918. C'est un épisode transitoire sans vraiment de consistance sauf une conspiration mondiale abracadabrantesque tournée en dérision avec un cynisme total.

    06/05/2024 à 09:43 2

  • Tous des monstres !

    Jacques Tardi

    8/10 Un album parmi les meilleurs de la série grâce à un scénario un peu plus clair que d'habitude et un trait appliqué qui donne ces dessins pleins de détails chers à l'auteur. Le côté surréaliste reste dans des proportions raisonnables. On comprend enfin d'où sortent ces tentacule rouges. La boucherie de 14/18 est toujours en arrière-plan, les savants déjantés aussi et Tardi ajoute une dimension personnelle à travers les relations qu'Adèle entretient avec son éditeur. Dans un feu d'artifice final, on a des dessins de Boucq, Gotlib, F'murr, Mézières, Vuillemin, les enfants de l'auteur et quelques autres.

    02/05/2024 à 09:01 1

  • Une gueule de bois en plomb

    Jacques Tardi

    7/10 Pour une fois, Tardi s'inspire librement de Léo Malet sans reprendre un de ses scénarios, mais avec son héros, Nestor Burma. On retrouve le privé dans une des ces banlieues tristes et inhospitalières que Tardi se plait à dessiner. L'histoire débute au zinc d'un rade aussi accueillant que l'environnement. Un patron grimé en clown, une serveuse en tablier blanc, des clients amarrés à leurs verres, un décor classique pour une aventure qui va ramener Nestor dans les remous peu glorieux de la libération et de la résistance. Les dessins en couleurs servent bien l'ambiance pluvieuse. Un court album qui est tout à fait dans la lignée des auteurs.

    15/04/2024 à 11:46 2

  • La rivière de sang

    Jim Tenuto

    8/10 Excellent roman policier qui dispense une bonne ambiance de bout en bout. Dans un paysage préservé du Montana, ou au milieu coule une rivière, Jim Tenuto nous ballade entre sortie de pêche à la mouche, la plus élégante des méthodes, et élevage de bisons sur un immense ranch qui fait bien des envieux. Entre mormons très religieux, milice néonazie très allumée, militants animalistes très radicaux et quelques opérations boursières très lucratives, les raisons de tuer un homme sont nombreuses. L'enquête est menée par un guide de pêche, personnage principal, au caractère plein d'empathie. Les autres personnages sont également bien campés et l'humour dont l'auteur fait preuve arrondi les angles des plus redoutables. L'aspect policier, dévolu à un shériff local et au FBI, est traité avec un suspens bien dosé. L’écriture prenante et l'intrigue très bien traitée font un ensemble très accrocheur et très réussi.

    07/05/2021 à 09:53 5

  • Satan dans le désert

    Boston Teran

    8/10 Bienvenue chez les satano-junkies ! Une ambiance lourde et tendue du début à la fin. Mais l'évolution de la criminalité dans cette zone frontalière des déserts entre Usa et Mexique est si rapide et terrible que la réalité a dépassé la fiction. Les frissons sont, malheureusement, relativisés.

    26/04/2011 à 14:14 2

  • Je, François Villon

    Jean Teulé

    7/10 Jean Teulé romance (un peu) la vie du poète François Villon. Il nous fait découvrir son côté obscur, pour ne pas dire ténébreux. Villon est attiré par le crime comme une abeille par le pollen. Paris au 15e siècle lui offre de quoi satisfaire ses curiosités : cour des miracles, écorcheurs, ribaudes ... Le vice et la violence sont partout. Villon ira jusqu'à livrer sa fiancée aux coquillards. Le poète aura finalement une vie d'errance qui se termine par sa disparition après son bannissement. L'auteur ne se prive pas de descriptions sur les conditions de vie l'époque, vie ne tient qu'à un fil et qui peut facilement s'achever au bout d'une corde. Comme l'a écrit Villon dans son poème "La ballade des pendus". La noirceur historique de Teulé pèse sur toute l'histoire, et on est content de respirer un peu à la fin.

    09/04/2019 à 10:12 1

  • Mangez-le si vous voulez

    Jean Teulé

    9/10 Un fait divers romancé comme un combat de boxe, c'est très court pour le lecteur-spectateur, c'est très long pour les combattants, surtout le perdant. C'est le récit d'une journée dominée par la chaleur et l'alcool, et tous les bas-instincts d'une foule qui se libèrent. Comme dans ses autres ouvrages du même type inspirés par l'histoire ou des personnages historiques, Teulé en rajoute, mais le contexte historique, politique et social est bien étudié. Il n'en reste pas moins que dans la réalire, cette affaire de Hautefaye se termine par la condamnation à mort et l'exécution de 4 des auteurs des supplices.

    10/04/2019 à 11:36 7

  • Le Sang des pierres

    Johan Theorin

    7/10 Roman agréable à lire car les personnages sont finement décris, l'ambiance est très soignée et l'intrigue, matinée d'un soupçon de fantastique est prenante. Mais pour moi, il manque un petit je-ne-sais-quoi sur la fin. La conclusion, très courte, ne semble pas du même style que l'ensemble du livre.

    08/11/2016 à 10:06 2

  • Des clous dans le coeur

    Danielle Thiéry

    8/10 Immersion chez les flics de Versailles. Personnages ciselés, imbrication d'affaires, bonne description des enquêtes. De ces ingrédients résulte une lecture intéressante avec un personnage principal à la Maigret (avec un moins bon caractère !).

    15/01/2013 à 13:23 3

  • 1991

    Franck Thilliez

    8/10 Thilliez fait du Thilliez. C'est percutant, efficace, prenant et accrocheur. Le retour aux années 90 est réussi. La description des relations au sein d'une brigade aussi. On ne découvre rien d'extraordinaire quant au style, humour, émotion mais l'auteur déroule son histoire de façon maitrisée, en explorant le monde de la magie avec une touche d'exotisme vaudou pour les frissons. Et encore une fois, ça marche.

    07/06/2022 à 10:00 8

  • Puzzle

    Franck Thilliez

    5/10 Trop compliqué, trop d’invraisemblances, trop de pièces à ce puzzle pour que ce soit un tant soit peu crédible. Mais le style et le rythme sont accrocheurs.

    27/01/2015 à 11:40 1

  • Le Crime : Histoire d'amour

    Arni Thorarinsson

    6/10 Une tragique histoire de famille qui se dénoue en quelques jours dans ce court roman. Sujet intéressant mais qui manque un peu de profondeur dans son traitement. Une fois de plus, on se rend compte à quel point l'Islande est une terre propice aux aléas sociologiques.

    25/07/2017 à 09:53 4

  • Le Temps de la sorcière

    Arni Thorarinsson

    7/10 Dans le sillage d'Indridason, un autre islandais se distingue dans le polar. Dans la "grande ville" du nord de l'Islande, des évènements tragiques troublent la quiétude des habitants. Il est vrai que les choses changent, avec l'arrivée de nouvelles entreprises, de nouvelles activités économiques et de nouveaux immigrants, notamment de Pologne et Lituanie. En parallèle, des phénomènes racistes apparaissent. Le grand journal de Reykjavik décide donc d'envoyer une équipe pour lancer une édition locale. Et il y a matière : décés suspect d'une femme au cours d'une partie de rafting, suicide d'une adolescente, assassinat d'un jeune lycéen plein d'avenir et en prime, du trafic de drogue. Le bouquin prouve que malgré l'éloignement et la petitesse de la communauté, les maux de la société sont les mêmes qu'ailleurs. Comme Indridason, Thorarisson écrit à la manière de Simenon ; son roman est certes policier, mais c'est aussi une féroce étude de moeurs dans lequel humour et autodérision ne manquent pas.

    23/04/2010 à 15:01 1

  • Effacer les hommes

    Jean-Christophe Tixier

    6/10 Il est beaucoup question de la place des femmes dans ce roman noir. Victoire, patronne d'une auberge au bord d'un lac aveyronnais fait partie de celles qui dès les années 30 ont pris leur destin en main. Ceci n'a pas été sans conséquence sur les hommes qui l'entouraient. Aujourd'hui, 30 ans après, au seuil de sa vie, les suites de ses choix sont transmises à sa nièce Eve et sa belle-fille, Marie. Deux femmes que tout oppose. Une nonne austère et une jeune fille éprise de liberté. Les deux hommes qui ont un rôle dans le livre sont comme le dit le titre, effacés, faire-valoir, instruments. L'histoire est plaisante, avec quelques longueurs, un rythme assez lent calqué sur la baisse du niveau des eaux du lac du barrage qu'on vidange. Le livre au style agréable se lit bien mais ne laissera pas toutefois un souvenir impérissable.

    08/03/2023 à 10:54 3

  • Shibumi

    Trevanian

    7/10 Le début est un peu long et il faut de la patience avant de voir l'intrigue s'ouvrir clairement. Après, il y a un bon équilibre entre l'humour, l'action et de savoureuses descriptions des mentalités japonaises, basques ou américaines. Les caractères des personnages sont bien fouillés tout comme les lieux et les situations, notamment les Pyrénées basques et les épisodes de spéléologie. La critique d'une certaine Amérique est acerbe est bien sentie.

    15/01/2019 à 12:16 4

  • Loverboy

    Gabriel Trujillo Muñoz

    8/10 Un livre très incisif, très direct, écrit avec une plume acérée et sans concession, avec juste ce qu’il faut d’humanité et d’amour pour mettre en valeur l’avocat Morgado et Guadalupe Esperaza, les deux enquéteurs dans cette histoire de trafic d'organes au Mexique.

    15/06/2011 à 14:39 1

  • Mexicali city blues

    Gabriel Trujillo Muñoz

    6/10 Un peu simpliste par rapport aux deux premiers, dommage ! Comme à sa courte habitude, 90 pages, Gabriel Trujillo Muñoz nous entraine dans une enquête expéditive de son héros, l’avocat Morgado. Une fois encore il pourfend les manques de la police mexicaine, sa corruption et, quand elle n’est pas corrompue, sa bureaucratie pesante qui garanti une inefficacité rare. Il ajoute cette fois la dimension internationale, en citant expressément les Etats-Unis comme complices, passif ou actifs selon le cas, dans le trafic de drogue qui fait de la frontière mexicano-étasunienne un des hauts lieux planétaires des flux de stupéfiants. Il ne manque pas l’occasion, à travers son Parti Naturalite Mexicain, de railler le Partido Verde Ecologista Mexicano, parti officiel des Verts au Mexique, qui n’a de vert que le nom et les quelques plumes du toucan qui lui sert de logo.

    11/01/2012 à 12:33