Dodger

471 votes

  • Oh, My Dear !

    T.J. Middleton

    6/10 Un polar qui démarre sur un ton de comédie presque potache (voire lourdingue), pour s'affiner et devenir plus subtil quoique toujours noir et cynique, tandis que l’intrigue évolue vers plus de gravité, évoquant des sujets comme la paternité et la filiation, la vieillesse. Le suspense s’installe dans le dernier tiers du roman pour déboucher sur une fin inattendue, assez cruelle.
    Dommage qu'il y ait de sacrées longueurs, et que l'auteur ne parvienne pas à mettre davantage en valeur des personnages réussis par une intrigue plus riche. Un premier roman à moitié abouti.

    11/07/2013 à 10:28 1

  • Polarama

    David Gordon

    8/10 Si vous aimez les polars qui laissent beaucoup de place aux personnages, à leur profondeur, leur complexité et leur intelligence, sans toutefois se prendre au sérieux, Polarama devrait vous plaire ! David Gordon s’amuse beaucoup en faisant de son héros narrateur un écrivain stakhanoviste dans différents domaines, du roman de détective à la S.F. érotique en passant par le bonnes vieilles histoires de vampires, dont il maîtrise les codes pour en livrer des parodies réjouissantes et crédibles.
    Côté suspense, Gordon tient bon la barre, sur un rythme assez lent. Au bout du compte, l’intrigue est ténue, mais le romancier parvient à la garder vivante grâce à des rebondissements bienvenus, et notamment une accélération explosive en plein milieu du livre, qui le fait enfin basculer dans le polar pur. Quelques indices discrets semés çà et là trouvent un écho dans le dernier tiers, qui tient ses promesses sans se montrer révolutionnaire.
    Un chouette premier roman, qui donne envie de voir ce que fera l'auteur ensuite !

    11/07/2013 à 10:23 5

  • Balancé dans les cordes

    Jérémie Guez

    6/10 Même si Guez a un talent intéressant, je sors de cette lecture un peu plus mesuré que d’autres. Côté points forts, il y a la description de la vie en banlieue, sans complaisance d’aucune sorte, qui ne déflore pas la réalité tout en collant aux codes du roman noir moderne. Il y a aussi des personnages forts, typés, qui envahissent la page et l’esprit du lecteur. Il y a le style de Guez enfin, sec, aussi affûté qu’un boxeur prêt au combat, qui crache les mots, la colère, la violence, dans une noirceur globale qui laisse peu de place à la lumière, fin comprise.

    D’un autre côté, ces qualités ne permettent pas encore à Jérémie Guez de sortir des cordes. Si elles sont prometteuses, elles le cantonnent pour l’instant à un roman noir classique, un peu déjà lu (ou déjà vu), qui sent bon son David Goodis ou son Martin Scorsese. La boxe, la cité, les deals foireux, les hommes aveuglés de violence et les femmes au tapis, il y a du passage obligé dans tout ça, qui m’empêche de considérer "Balancé dans les cordes" comme un roman marquant du genre.

    Néanmoins Jérémie Guez a quelque chose d’authentique, de puissant, dont je surveillerai l’épanouissement dans ses prochains romans. Jeune talent à surveiller !

    11/07/2013 à 10:17 1

  • Article 122-1

    David Messager

    7/10 David Messager signe un premier thriller plutôt réussi, même si les lecteurs aguerris auront peut-être des soupçons assez tôt… Thriller à la française, donc dans la lignée de Grangé, Thilliez et consorts, avec ses qualités – rythme soutenu, efficacité, noirceur et violence assumées, connaissances documentaires importantes – et, malheureusement, ses défauts : psychologie parfois balourde, excès de style et de métaphores chocs qui font pschitt...
    Néanmoins "Article 122-1" reste un bon polar parisien tendu, hyper carré dans ses descriptions du monde de la police et de la justice (sans tomber non plus dans l’excès), et axé sur la psyché perturbée de ses personnages. Auteur à suivre.

    11/07/2013 à 10:15 2

  • 400 coups de ciseaux

    Thierry Jonquet

    7/10 Ce recueil posthume est l'occasion de découvrir des textes rares ou introuvables, inégaux en qualité, mais qui tous présentent un intérêt, soit par leur atmosphère, soit par leur humour, soit par leur chute. Elles montrent l’habileté de plume de Jonquet, capable de passer sans faiblir d’un registre populaire à un ton délicieusement ironique ou un style plus soutenu ; capable également de changer de genre : anticipation post-apocalyptique, noir de chez noir, fantastique parodique, critiques féroces de l'art contemporain, de la société spectacle...
    Surtout, "400 coups de ciseaux" s'ouvre sur un texte autobiographique où Jonquet raconte sans fards son parcours, ses apprentissages, sa venue au roman noir pour exprimer sa colère, là où la politique et l’engagement l’avaient déçu.
    "Voilà comment ça s’est passé", c’est le titre, en dit plus que bien des thèses sur la forte personnalité d’un romancier du réel dont le regard acéré, la lucidité et le talent nous manquent énormément aujourd’hui.

    11/07/2013 à 10:09 2

  • Vadim Royal

    Stephan Ghreener

    8/10 Stephan Ghreener s’offre un vrai plaisir d’écrivain avec Vadim Royal : celui de creuser son personnage jusqu’à ses racines les plus profondes, les plus fondamentales. Les enjeux ici sont de l’ordre de l’intime, et ce French Bricolo 2, tout en s’appuyant sur des solides bases de roman noir aux codes impeccablement maîtrisés (errance du héros seul contre tous ou presque, alcoolémie notable, humour mordant, seconds rôles patibulaires), tire mine de rien vers un subtil thriller psychologique.
    S’il y a encore de très bonnes scènes d’action, notamment au début, elles laissent logiquement plus de place aux tergiversations de l’âme propres au deuxième tome d’une trilogie, moment de creux et de remise en question permettant d’amener à la libération finale dans l’ultime volume suivant. Encore une fois, vivement la suite !!!

    11/07/2013 à 10:00 1

  • Road Tripes

    Sébastien Gendron

    6/10 Petit coup de mou pour un Sébastien Gendron que je trouve ici nettement moins inspiré que dans ses précédents opus, "Quelque chose pour le week-end", "Taxi, Take Off & Landing" et son excellent épisode du Poulpe, "Mort à Denise". Non pas qu'il se soit assagi en passant chez Albin Michel : l'intrigue de ce roman est toujours aussi déjantée, emmenée par un duo de bras cassés improbables, et qui nous emmène à un train d'enfer sur les routes de France.
    Mais il manque ici la folie joyeuse, et surtout la maîtrise narrative qui faisaient la différence dans les autres romans de Gendron. Omniprésente, la grossièreté mine les dialogues, l'humour peine à décoller et certaines situations frisent la vulgarité des pires bidasseries. De bons moments, et l'évolution de l'amitié étrange entre le narrateur et son complice foutraque, relèvent néanmoins l'ensemble.
    Légère déception, donc, vu ce que Sébastien Gendron a déjà montré de son talent. Mais même les meilleurs ont droit à un petit coup de mou, et nul doute que le prochain sera à la hauteur !

    02/04/2013 à 10:27 1

  • Luther : L'Alerte

    Neil Cross

    6/10 Il paraît que la série tv dont ce roman est inspiré est remarquable. J'espère qu'elle vaut mieux que ce polar moyen, pourvu d'un style d'une platitude si frappante que l'on y sent à quel point Neil Cross est scénariste avant tout. Le personnage de Luther est costaud, certes, et justifie presque à lui seul, ainsi que la plupart des personnages qui l'entourent, de lire le roman en entier.
    Un pur thriller, avec ses qualités (efficacité, atmosphère crépusculaire bien rendue) et ses défauts (écriture neutre, intrigue stéréotypée, histoires secondaires pas très utiles...) Rien d'original ni d'inoubliable, en somme.

    02/04/2013 à 10:04 1

  • Dark Horse

    Craig Johnson

    8/10 Walt Longmire, le shérif au grand coeur, se remet en selle pour une cinquième enquête, prêt à toutes les cavalcades pour mettre au pas les teigneux d'Absalom, cette petite ville au sale caractère du Wyoming le plus sauvage, où il renoue aussi avec son passé...

    Quand il s'agit de nous embarquer dans un bon polar, Craig Johnson n'a décidément pas les deux pieds dans le même sabot !

    17/02/2013 à 17:28 4

  • La Guerre des Vanités

    Marin Ledun

    8/10 Tranchant et rugueux, le style de Marin Ledun est à l'image de son propos : engagé, révolté, sans concession. En évoquant le mal-être de notre époque qui touche jusqu'aux enfants, il appuie là où ça fait mal, terriblement.
    La Guerre des vanités est un thriller noir au rythme implacable, même si je souscris au bémol évoqué par certains concernant la fin, un peu bavarde et qui tombe un peu à plat. La maîtrise de Marin dans son traitement du sujet compense heureusement cette réserve.

    17/02/2013 à 15:36 3

  • Des noeuds d'acier

    Sandrine Collette

    9/10 La première grosse claque polar de l'année 2013 pour moi. Constamment sur le fil, Sandrine Collette fait évoluer l’histoire avec un souci constant de puissance et de rage qui passe par un choix très sûr et économe des mots, des sentiments et des sensations. Ancré dans le corps en déchéance et dans l’esprit bouillonnant de Théo, elle en saisit les variations, les réflexions, les dérives avec une finesse psychologique et une précision qui ne la font jamais dévier de son sujet.
    Une œuvre hyper aboutie, jusqu’à une fin très réussie, à la fois touchante et cruelle. Et comme en plus, c'est un premier roman, doublement chapeau bas !

    01/02/2013 à 17:51 3

  • L'été des deux pôles

    Stephan Ghreener

    8/10 Parmi les craintes que j'avais avant d'entamer L'Eté des deux pôles, il y avait celle du sujet : le tueur professionnel qui veut raccrocher, c'est du déjà lu. Le premier chapitre, remarquable, a aussitôt dissipé mon appréhension. Ghreener trouve d'emblée une voix à son héros, le rend attachant sans négliger ses zones d'ombre et le danger manifeste qu'il représente. Il investit pleinement les codes induits par le personnage tout en le singularisant par sa complexité, ses doutes et son humour.
    Oui, car ce roman est souvent drôle, ce qui ne gâche rien. Cela tient au ton du récit, aux réflexions ironiques ou distanciées de Greg, ainsi qu'à des dialogues enlevés et qui sonnent juste.

    Mais L'Eté des deux pôles ne s'en tient pas à cette simple histoire de dernier contrat à remplir ; cet aspect est même réglé à mi-livre, et c'est à partir de là que le roman de Ghreener prend une autre dimension, plus intéressante, en creusant le personnage de Greg Vadim mais aussi celui de ses proches, dont sa fille Camille. Une autre forme de suspense apparaît, qui mène à grande vitesse vers une fin ouverte à tous les vents. Oui, car Stephan Ghreener est un bourreau, de ceux qui torturent ses lecteurs en les laissant suspendus en pleine tension, enrageant devant la mention "à suivre"...

    Laquelle suite est annoncée pour le printemps 2013, c'est-à-dire presque demain. Et j'en serai !

    01/02/2013 à 17:43 1

  • Départs

    Hervé Commère

    9/10 Hervé Commère s'empare de la figure imposée du train pour élaborer une longue nouvelle (95 pages), où s'entrecroisent plusieurs destins, plusieurs trajectoires, parfois parallèles, pour certaines appelées à se rencontrer. Il compose un récit plein d'échos et de rebondissements, habité de personnages attachants (mention spéciale pour Suzanne, vieille dame tout simplement bouleversante) en quête d'un but ou d'une vérité. On retrouve son art si particulier de la narration, fluide et envoûtant, qui crée presque sans en avoir l'air un suspense d'une efficacité à toute épreuve, sans rien sacrifier à l'émotion brute qui émane de ses héros. Une petite merveille.

    02/11/2012 à 23:13 3

  • Interception

    Marin Ledun

    9/10 Côté thriller, c'est une réussite, comme d'habitude chez Marin : rythme proche de la tachycardie, écriture pleine d'énergie, personnages campés avec clarté et autorité. On a beau connaître la recette Ledun, elle fait mouche à chaque fois, et il y a des chances pour qu'elle plaise aux jeunes lecteurs. Sur le fond, le romancier élabore une intrigue labyrinthique, dans tous les sens du terme, et tellement riche de possibilités qu'on en a vite le vertige - pour le meilleur. Excellent, tout simplement. Et le mieux, c'est qu'il y aura une suite !

    17/10/2012 à 22:30 2

  • Le Deuxième homme

    Hervé Commère

    8/10 Non, cent fois non, Hervé Commère ne nous ressert pas la même chose que dans ses précédents romans ! Rien que son écriture évolue, plus lyrique, plus tourmentée, à l'image de la psychologie tortueuse du narrateur. Il noue ensuite avec méticulosité un roman noir sur le couple, dont les secrets et les mensonges, parfois anodins, ou plus inattendus, peuvent conduire aux plus terribles extrémités. Beaucoup plus sombre que les précédents opus de l'auteur, ce Deuxième homme est un roman d'amour désenchanté, qui n'oublie pas de jouer la carte de la surprise et de la manipulation avec une révélation finale qui ne manque ni d'impact, ni de cruauté. Commère confirme, et avec la manière.

    17/10/2012 à 21:54 11

  • Dans le ventre des mères

    Marin Ledun

    8/10 Au menu, quelques idées fixes de Marin Ledun : les progrès et les risques liés au développement technique, les nanotechnologies et leurs infinies possibilités (et dérives potentielles), le transhumanisme et ses effroyables théories… mais aussi la maternité et la transmission, des gènes comme de l’héritage moral et historique de chacun.
    En somme, une plongée littérale, physique et psychologique, dans le ventre des mères, le tout emballé dans un thriller endiablé, où le romancier fait montre de sa maîtrise du rythme et du suspense. Efficace ET intelligent !

    07/10/2012 à 18:37 3

  • Comme ton ombre

    Elizabeth Haynes

    6/10 Un polar psychologique habilement construit, que j'ai trouvé honnête mais sans plus. L'idée de départ est bonne, mais le roman souffre de petites longueurs et de répétitions excessives - d'accord, l'héroïne dans sa "deuxième vie" souffre de tocs, mais ce n'est peut-être pas la peine de nous infliger dix fois de suite le détail de ses manies pour qu'on comprenne à quel point elle est mal... Bien sûr, le procédé est compréhensible, mais il rend la lecture franchement laborieuse au bout d'un moment, et j'ai allègrement sauté quelques passages sans que cela nuise en quoi que ce soit à ma lecture.

    Il y a de jolies choses, notamment dans la description de la relation de Catherine avec les gens ; et puis bien sûr la construction en chapitres alternés entre avant et après le drame qui l'a métamorphosée. Mais je n'ai pas été totalement convaincu par la montée du suspense, un peu trop prévisible pour susciter l'empathie. Compensation : la fin est réussie !

    10/06/2012 à 10:56 1

  • La fin de l'innocence

    Megan Abbott

    9/10 Dans la lignée de Virgin Suicides, Megan Abbott signe un roman noir et vénéneux sur l'adolescence, avec tout ce que cela comporte de fêlures, de troubles, de perturbations, sans parler de l'obligation de se confronter à la responsabilité de grandir. Avec modernité, l'auteur parle délicatement mais sans tabou de la manière dont on se confronte au désir, à l'amour ou à la jalousie.
    Une réussite admirable, puissante et troublante.

    02/06/2012 à 17:25 2

  • L'Invisible

    Robert Pobi

    8/10 Un thriller qui monte en puissance, calqué sur le rythme de l'ouragan gigantesque qui s'approche peu à peu de la ville où se déroule le drame - et qui finit par exploser dans le dernier tiers, dans un déluge de vent et de pluie diluvienne, tout comme explose une violence parfois insoutenable. D'abord lent et minutieux, très axé sur la psychologie des personnages - surtout de Jake Cole, le héros très spécial du FBI -, le roman devient frénétique sur la fin, accumulant l'action et les meurtres sordides. Tout ce qu'il faut pour se laisser prendre et pour foncer vers la chute, effectivement très glauque - même si une lecture un tant soit peu attentive peut permettre de la voir venir.
    Je m'en tiens à 8 en raison de descriptions excessivement morbides, de quelques longueurs et délayages, et aussi d'une ou deux grosses ficelles scénaristiques (la petite fille autiste...) qui sont à deux doigts de fragiliser la crédibilité de l'ensemble. Cela dit, ça fonctionne, Pobi écrit bien, et pour un premier roman, c'est très costaud. Un auteur à suivre !

    28/05/2012 à 00:08 4

  • Sérum : saison 1, épisode 2

    Henri Loevenbruck, Fabrice Mazza

    8/10 Un deuxième épisode qui, comme je l'espérais, fait décoller la série. Cette fois, les personnages sont plantés, le suspense est installé, et on ne se préoccupe plus que de l'histoire. Bien sûr, les mystères s'épaississent, mais les séances d'hypnose à base du fameux sérum permettent aux auteurs de développer une trame psychologique plus forte et plus intéressante que dans le premier tome. La construction à base de chapitres courts, alternant entre différents personnages et différentes sous-intrigues, fonctionne à plein régime. Le thème journalistique est prometteur, et la fin, très accrocheuse... La suite est à paraître juste avant les vacances, le 27 juin !

    22/05/2012 à 23:25 1