Hoel Modérateur

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  • Un si joli jardin

    Marguerite Abouet, Donatien Mary

    7/10 La délinquance est en plein essor à Abidjan. Dans ce contexte déjà tendu, un juge célèbre est criblé de balles dans un hôtel de passe. Le Ministre en personne place le célèbre Marius Kouamé sur l'enquête. La pression est importante et pour avoir des résultats, le grand commissaire est prêt à prendre quelques libertés avec les droits de l'Homme, pour délier les langues des suspects notamment.
    Les dessins de Donatien Mary, très colorés, font un peu penser à ceux de Clément Oubrerie dans Aya de Yopougon, la série qui a fait connaître Marguerite Abouet – et qui a depuis été adaptée au cinéma. L'intrigue, qui s'étale sur une centaine de pages est assez solide et passionnante. Le dessin ne plaira pas à tous les amateurs de BD mais les touches d'humour (y compris dans la résolution de l'enquête) et le dépaysement sans doute davantage. Le running gag avec les véhicules improbables de l'adjoint notamment...
    Une BD sympathique et colorée et un personnage charismatique qu'on devrait bientôt retrouver...

    12/11/2018 à 11:34 3

  • Comme de longs échos

    Elena Piacentini

    7/10 Sans être sa plus grande réussite, Comme de longs échos est un très honnête suspense, écrit avec sobriété par Elena Piacentini, qui introduit là de nouveaux personnages qu'on sera sans doute amenés à revoir prochainement.

    11/11/2018 à 17:09 4

  • Requiem pour Miranda

    Sylvain Kermici

    7/10 Sylvain Kermici avait fait son entrée en littérature avec Hors la nuit, court roman paru à la Série Noire en 2014. Ayant suivi Aurélien Masson dans son nouveau projet Equinox, l'auteur est toujours aussi concis – 170 pages au format poche ici. Là où beaucoup font trop long ou peinent à stopper leur plume dans son élan, Sylvain Kermici sait faire ramassé et là, en l’occurrence, il n'y avait aucune nécessité à être plus disert.
    Dans un première partie, on s'interroge et tremble d'effroi avec cette jeune femme qui se refuse encore à voir sa fin venir mais qui ne voit pas comment elle pourrait se sortir de cette situation désespérée. Dans un second temps, l'objectif se fixe sur les deux hommes, deux êtres dangereusement ternes qui se sont trouvés pour le pire. Ils essaient vainement d'assouvir leurs pulsion mais semblent inéluctablement enferrés dans une fuite en avant de l'horreur. C'est donc tous les protagonistes qui sont donc enfermés d'une manière ou d'une autre : la première littéralement, les seconds dans leurs comportements dépravés dont ils retirent finalement à peine le plaisir escompté.
    C'est épuré, quasi clinique, surtout lorsque l'auteur s'intéresse aux deux « monstres » et il est bien difficile de recommander chaleureusement cette lecture, dérangeante s'il en est. Pourtant, Sylvain Kermici ne verse jamais dans la surenchère et les violences sont plus suggérées que gratuitement données à voir comme dans nombre de thrillers gores. Ici l'horreur est plus psychologique et peut-être, de ce fait, plus atroce encore.

    Avec ce curieux huis clos fort bien écrit, Sylvain Kermici revisite à sa manière le récit de séquestration. Terrible. Glaçant.

    08/11/2018 à 14:31 4

  • Candyland

    Jax Miller

    8/10 Bien que souffrant de quelques imperfections et d'un côté un peu hollywoodien par moments, Candyland est un très bon roman, oscillant entre noir et thriller et flirtant même avec le conte façon Grimm, qui ne laisse quasiment aucun répit au lecteur. On ne voit pas passer les quelque 500 pages, qui se lisent admirablement bien.

    06/11/2018 à 16:51 4

  • Profil perdu

    Hugues Pagan

    8/10 Avec Profil perdu, Hugues Pagan nous démontre, si tant est qu'il en était besoin, qu'il n'a rien perdu de son talent de conteur d'histoires noires. Décor, personnages, intrigue... : tous les éléments sont réunis pour un très bon roman noir. En attendant le prochain, un recueil de nouvelles paraît dans quelques jours, toujours chez Rivages, Mauvaises nouvelles du front.

    03/11/2018 à 20:39 2

  • Demain c'est loin

    Jacky Schwartzmann

    7/10 Demain c'est loin est un court texte rythmé, caustique et plus intelligent que n'importe quelle banale histoire de cavale – Jacky Schwartzmann joue habilement avec certains clichés qui ont la vie dure – qui donne envie de poursuivre avec la découverte de l'univers de l'auteur.
    Ça tombe bien, l'auteur invite ses lecteurs à le suivre en Pension complète, et ça s'annonce pas triste, là encore.

    01/11/2018 à 17:25 6

  • Une affaire d'hommes

    Todd Robinson

    8/10 Une Affaire d'hommes est un très bon divertissement littéraire qui a oublié d'être bête et où l'on rit beaucoup aux dépens des personnages, souvent hauts en couleurs. Vivement le retour de ces bras cassés, dignes héritiers du Dortmunder de Donald Westlake.

    29/10/2018 à 15:35 5

  • Fondu au noir

    Ed Brubaker, Sean Phillips

    9/10 Hollywood, fin des années 1940. Le McCarthysme bat son plein. Certains scénaristes et autres réalisateurs, jugés trop proches des idées communistes, sont mis à l'index. L'un d'eux, sur la fameuse liste noire, continue néanmoins d'écrire en cachette pour un scénariste en panne d'inspiration depuis sa participation au bombardement de Pearl Harbor qui l'a laissé traumatisé. Charlie (qui signe donc pour son binôme blacklisté) se réveille après une biture monumentale auprès de la vedette du film sur lequel il travaille actuellement. Enfin, auprès de son corps sans vie pour être exact. Qui l'a étranglée ? Charlie n'en a aucune idée, il ne se souvient de rien. En revanche, lorsqu'il apprend qu'elle s'est "suicidée", il comprend vite qu'Hollywood n'est qu'un panier de crabes impitoyable et que son implication dans cette sombre histoire est sans doute le début des emmerdes pour lui et ses proches. Parallèlement à son enquête officieuse, le réalisateur tient à tout prix à terminer le film, malgré la mort de l'actrice. Les affaires sont les affaires.
    Le scénario de Brubaker, sordide à souhait et faisant voir tous les mauvais côtés d'Hollywood (on pourra éventuellement trouver cela un chouïa too much par moment) est servi par les magnifiques dessins de Sean Philipps, qu'on ne présente plus dans le monde des comics. Une superbe BD noire à l'univers proche de celui d'Ellroy période quatuor de Los Angeles.

    29/10/2018 à 12:17 4

  • Intempérie

    Javi Rey

    9/10 Un enfant fuit son père et ses mains qui s'abattent par trop souvent sur lui. Dans un quasi désert, il se fait faim et surtout soif. L'enfant tente de voler un vieux berger qui le prend sur le fait. Commence alors une curieuse amitié, où les mots sont pour ainsi dire superflus, tandis que les villageois continuent à chercher l'enfant disparu. Un récit assez terrifiant. Les dessins, étrangement très colorés pour une histoire si sombre, sont agréables à l’œil. Une adaptation très réussie et fidèle du roman éponyme de Jésus Carrasco.

    29/10/2018 à 12:04 2

  • L'Été en pente douce

    Jean-Christophe Chauzy, Pierre Pelot

    7/10 Le temps est caniculaire, les corps suent, l'alcool coule aussi mais surtout, les esprits s'échauffent. Qui la femme, qui l'argent, qui la maison... Chacun jalouse et convoite, plutôt plus que moins, le bien des autres en essayant, plutôt moins que plus, de sauver les apparences. Connaissant Pelot, ça ne peut que mal finir. Les personnages dessinés par Chauzy sont laids, mais c'est sans doute un choix cohérent, à l'avenant de l'histoire. Des âmes laides dans des corps laids, le tout dans un climat aussi torride que malsain.

    29/10/2018 à 11:59 3

  • Le Travailleur de la nuit

    Léonard Chemineau, Matz

    7/10 Les travailleurs de la nuit, c'est une bande de malfrats qui se servent dans les maisons des "parasites" (bourgeois, banquiers et autres rentiers) pour redistribuer une partie de leurs larcins aux travailleurs. A la tête de ces Robins des bois des temps modernes, Alexandre "Marius" Jacob, anarchiste né à Marseille et tour à tour marin, pharmacien, imprimeur, voleur donc, puis condamné aux travaux forcés à perpétuité à Cayenne. Voilà une biographie passionnante d'une personnalité atypique du tournant du siècle (1879-1954) qui donne envie qu'on s'y intéresse (bibliographie intéressante en fin d'ouvrage). Charismatique, roublard, éloquent, cet illégaliste de la Belle-Epoque haut en couleurs aurait servi de modèle à Arsène Lupin. Une bioBD passionnante signée Matz servie par les dessins colorés et agréables à l’œil de Léonard Chemineau.

    25/10/2018 à 20:51 2

  • Empire des chimères

    Antoine Chainas

    7/10 Cet Empire des chimères est une bien curieuse expérience de lecture. L'univers donné à voir est très particulier, décrépit, assez dérangeant, et même parfois littéralement putrescent. Difficile dès lors de parler de « plaisir de lecture ». On n'est même pas tout à fait certain d'avoir tout compris en refermant cet opus qui, s'il ne conviendra assurément pas à tous, est pour autant réussi et pour le moins atypique.

    24/10/2018 à 15:02 5

  • La guerre est une ruse

    Frédéric Paulin

    8/10 Passionnant pour qui s'intéresse à l'Histoire du monde et à celle de l'Algérie en particulier, La Guerre est une ruse donne d'ores et déjà envie de poursuivre avec le prochain opus. Pour autant, sa spécificité et la densité de son intrigue et de ses personnages en font une œuvre qui ne conviendra pas à tous les lecteurs de polars.

    18/10/2018 à 15:33 6

  • Par les rafales

    Valentine Imhof

    7/10 Malgré un scénario léger, Valentine Imhof signe un roman puissant et au personnage principal charismatique. On se souviendra longtemps d'Alex, cette jeune femme torturée qui ne se laisse pas abattre, quitte à enfreindre elle-même la loi.

    14/10/2018 à 21:13 3

  • Suréquipée

    Grégoire Courtois

    8/10 Grégoire Courtois, dont c’est ici le second opus, offre à lire un roman fort original qui restera assurément en mémoire. L’interrogatoire d’une voiture intelligente qui détiendrait des informations quand à une disparition, fallait y penser. Mais l’auteur ne se contente pas de dérouler le fil d’une bonne idée, comme c’est parfois le cas. Le texte est un condensé de trouvailles et ce que Grégoire Courtois imagine au sujet de l’avenir de la recherche dans le domaine automobile fait parfois froid dans le dos tant ça paraît plausible à certains égards. Les descriptions de la Blackjag et de ses capacités, souvent inspirées du règne animal ou végétal, sont parfois très étonnantes. Les agissements des grands pontes du groupe automobile et leurs motivations sont à bien des égards glaçantes de réalisme elles aussi.

    Difficile d’en dire plus sur ce court roman – moins de deux cents pages – sans trop déflorer l’intrigue, passionnante et retorse à souhait. Si vous voulez en savoir plus, le plus simple est encore de vous procurer ce texte atypique et très recommandable.

    08/10/2018 à 11:40 4

  • La Parure – La Parure, suite

    Guy de Maupassant, Jack Moffitt

    9/10 La Parure est une nouvelle de Maupassant de 1884. Forcément, le texte paraît un peu suranné mais la dynamique du récit n'en reste pas moins efficace. Quant à la chute, c'est assurément un modèle du genre. On comprend aisément pourquoi les enseignants abordent souvent Maupassant et/ou la nouvelle à chute par ce court texte mémorable.
    Jack Moffit imagine une suite au texte original. Bien dans le ton (effort sur le vocabulaire, le style...), l'Américain poursuit l'histoire de Mathilde avec brio puis propose à son tour au lecteur une nouvelle chute, roublarde à souhait.

    04/10/2018 à 17:59 4

  • La Pension de la via Saffi

    Valerio Varesi

    8/10 Sachant prendre le temps qu'il faut sans jamais ennuyer son lecteur ni perdre de vue l'intrigue principale, Valerio Varesi s'affirme comme une valeur sûre du roman noir à la Simenon. Et son personnage récurrent, le commissaire Soneri, a un côté fragile, loin des héros bodybuildés et surentraînés des thrillers américains, qui achève de le rendre attachant.

    01/10/2018 à 18:05 3

  • La République des Enragés

    Xavier Bruce

    6/10 Quelques années après la Seconde Guerre mondiale, neuf enfants parviennent à s'échapper d'un centre d'expérimentation top secret.
    Nous les retrouvons seize ans plus tard, pendant les évènements de Mai 68. Ils ont tous développé une capacité extraordinaire (on ne peut s'empêcher de penser à X-Men).
    L'auteur mêle habilement personnages fictifs et réels (on croise bien sûr un certain Dany ou encore Serge July).
    L'idée est bonne, les rebondissements et l'action bien présents, mais le tout n'est pas totalement convaincant. Les personnages sont intéressants mais les scènes de sexe se multiplient (à l'excès ?) et certaines intrigues parallèles sont ouvertes sans être vraiment refermées.

    27/09/2018 à 15:24 3

  • Un petit boulot

    Iain Levison

    8/10 Quinze ans plus tard, Un petit boulot n'a pas pris une ride. Il a d'ailleurs été adapté au cinéma en 2016, en France, avec Romain Duris dans le rôle principal. Avec son regard acéré et sa plume caustique, Iain Levison a depuis parcouru du chemin et publié quelques titres de grande qualité, oscillant toujours entre roman noir et critique sociale. Citons Une canaille et demie, Arrêtez-moi là! ou encore Pour services rendus, paru cette année, dans lequel il égratigne l'image des vétérans du Vietnam et la vanité du débat politique américain. Au train où évoluent les choses là-bas, gageons que l'auteur aura encore matière à écrire quelques opus. Chose curieuse à signaler, il semblerait que Iain Levison connaisse un plus grand succès dans l'Hexagone qu'aux États-Unis où ses derniers ouvrages n'ont même pas été publiés. Alors, merci Liana Levi !

    27/09/2018 à 13:13 7

  • Les Yeux fermés

    Gianrico Carofiglio

    8/10 Après avoir abordé l'immigration et le racisme dans son premier roman, cette enquête prend à bras-le-corps le sujet peu évident des violences conjugales. Un procédural italien, très bien écrit, qui donne envie de retrouver le sympathique Guerrieri, amateur de musique et de boxe, dans ses enquêtes suivantes, Les raisons du doute et Le silence pour preuve.

    17/09/2018 à 17:58 4