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Le passeur de lagunes
Christophe Dabitch, Piero Macola
9/10 Paolo est un adolescent qui vit seul avec son père pêcheur sur l’île de la Giudecca. Les deux hommes connaissent la lagune comme leur poche. Alors que Paolo se laisse peu à peu entraîner par ses amis dans le trafic de drogue, son père disparaît sans laisser de traces. Un accident de navigation, une fugue ou bien un coup fourré de « l'Organisation » qui fait la loi sur toute la ville ? Paolo est bien décidé à en avoir le cœur net.
Bien que de facture assez classique, l'intrigue est très prenante, mêlant trafic de drogue, immigration clandestine et mafia. Dans une Venise magnifiée par les superbes dessins à l'aquarelle de Piero Macola gravite toute une galerie de personnages vivant plus ou moins en marge de la légalité. Les relations entre eux sont intéressantes, notamment entre Paolo et son grand-père en fin de vie.
Une BD très réussie entre chronique sociale et polar, loin des gondoles et du carnaval. Vous ne verrez plus Venise de la même manière...07/06/2024 à 16:47 3
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Coupable idéal
8/10 Des personnages plutôt attachants, du suspense, une tension qui monte crescendo jusqu'à un final très réussi. Si l'on peut imaginer que Mathieu n'est peut-être pas le coupable, on ne voit pas trop comment il pourrait s'en sortir. Pourtant, tout tient la route au final. Un très bon polar/thriller jeunesse.
21/05/2024 à 19:06 1
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Le Club
3/10 "Dans un huis clos étouffant, écrit comme un thriller, une fable magistrale sur l'imaginaire de l'enfance, nos peurs, nos doutes." peut-on lire en 4e de couverture de ce roman. J'ai été emballé par le pitch (en gros, le Club des 5 se retrouve à l'âge adulte). Je l'ai emprunté plusieurs fois, commencé plusieurs fois. Je suis en général assez (trop ?) persévérant mais il m'est à chaque fois tombé des mains malgré les rebondissements. C'est pas spécialement mal écrit mais je n'ai pas accroché et la partie fantastique (avec le club des 5 parallèle en Angleterre) a achevé de me perdre. Pas sûr d'avoir l'envie de m'y remettre une nouvelle fois.
17/05/2024 à 14:07 3
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Lost Lad London, tome 1
8/10 J'ai bien aimé ce manga assez original et "occidental". L'intrigue se déroule à Londres et débute avec l'assassinat du maire de la capitale anglaise (rien que ça), poignardé dans le métro. Le dessin de Shima Shinya, qui a elle-même été londonienne quelques années, le temps de faire ses armes dans l'animation, est aussi plus "européen" que la plupart des mangas japonais. Du côté de l'intrigue, on est sur un suspense solide, avec quelques rebondissements notables. Le duo qui se forme assez vite entre l'inspecteur Ellis, toujours blessé et Al, étudiant et suspect n°1, est intéressant. Vivement la suite, pour une série conclue en 3 tomes.
16/02/2024 à 18:19 3
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L'Aimant
8/10 J'ai vraiment apprécié cette BD bien épaisse (152 p.) mais qui se lit finalement très rapidement. Elle est peu bavarde et comporte même de nombreuses planches muettes. L'auteur met dans l'ambiance plutôt par le dessin. Les scènes nocturnes sont nombreuses et superbes, dans des tons rouge, bleu et noir. Si la touche de fantastique pourra peut-être rebuter certains, j'ai été happé illico par les mystères planant au-dessus des thermes de Vals et par l'entêtement de Pierre à percer les secrets du bâtiment conçu par Peter Zumthor. Le dessin, original et personnel, mêle plusieurs techniques et constitue une vraie réussite. Assumant un côté ligne claire tout en empruntant des éléments à l'art déco, à la sérigraphie ou même à l'architecture, l'auteur s'est encore amélioré depuis « La dernière rose de l'été ». Signalons aussi que le papier, épais et bien choisi, apporte un vrai confort de lecture.
A noter que la BD a été rééditée par Sarbacane dans sa collection poche (12€).31/01/2024 à 10:56 3
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Page noire
Frank Giroud, Denis Lapière, Ralph Meyer
8/10 Cette BD au scénario ambitieux m’a bien plu même si j’ai quelques (petites) réserves sur le dessin, très correct mais parfois un peu « vieillot » (mais le livre est sorti en 2010, déjà !). L’histoire est axée principalement autour de trois protagonistes : Carson Mc Neal, Kerry Stevens et Afia. Le premier est un écrivain mondialement connu sauf que personne ne sait de qui il s’agit en vérité, ni même s’il s’agit de son vrai nom. La seconde est une jeune et ambitieuse critique littéraire qui rêve de réaliser la première interview de McNeal pour lancer sa carrière. Enfin, Afia est une jeune Palestinienne qui cherche à se reconstruire et surtout à sortir du stress post-traumatique et des cauchemars liés à son passé (sa famille a été tuée devant elle, elle a connu la prostitution, la drogue).
Le scénario, signé Giroud & Lapière, est efficace et retors à souhait : on ne voit pas les 104 pages défiler. Une bonne pioche !31/01/2024 à 10:38 3
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L'Enfaon
8/10 La série « Les Humanimaux », chez Mini Syros, met en scène, comme son nom le laisse deviner, des personnages chimériques (mi-humains mi-animaux). Dans cet épisode, l'enfaon est autorisé par le Centre des Humains Génétiquement Modifiés a rejoindre une classe ordinaire, la classe de Leïla, 9 ans. Cette dernière tombe immédiatement amoureuse de ce curieux enfant aux grands yeux doux, rêveur sans être bête, qui n'excelle qu'en sport et en poésie. N'en disons pas beaucoup plus – le roman ne fait que 48 pages – mais Eric Simard parvient en peu de mots à conter une belle histoire, mettant en scène deux beaux personnages et délivrant un message fort sur la tolérance, sans jamais être trop lourd.
Le texte, plusieurs fois réédité, est aussi disponible aussi sur l'appli Nabook.31/01/2024 à 09:28 2
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Qui complote au pied du volcan ?
7/10 Lu en 15-20mn par un adulte, ce minipolar de 48 pages est sympathique. Hypatie est la fille d'un volcanologue. Elle rejoint celui-ci en Sicile mais une personne a saccagé le travail de recherche de son père sur l'Etna en accédant à son ordinateur. Grâce à un peu de ruse et à ses connaissances scientifiques, la fillette va démasquer le coupable et sortir son chercheur de père d'un mauvais pas.
A lire à partir de 8 ans et également disponible sur l'appli Nabook.31/01/2024 à 09:19 2
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Ce qui est enfoui
7/10 J'ai été très emballé au départ, j'ai aimé les personnages et l'espèce de nostalgie du passage de l'enfance à l'adolescence (la bande d'amis, les premiers émois amoureux...) qui m'a évoqué Stephen King et notamment son fameux Ça. Si j'ai vraiment pris plaisir à l'écouter (version audio lue par Christophe Grégoire), je n'ai pas accroché à la fin, qui part trop (pour moi) vers le surnaturel... d'où le fait que je ne mette pas 8. Une belle plume que ce Julien Freu, auteur à suivre...
20/01/2024 à 15:46 6
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Ce que le vent apporte
8/10 Alexandre, Moscovite fraîchement diplômé de médecine, prend un tournant dans sa vie. A la surprise de ses amis, il accepte un poste au fin fond de l'Oural dans une petite bourgade alors sans médecin suite au récent décès de son confrère. Lorsqu'il arrive sur place, il doit faire ses preuves et parfois même convaincre du bien fondé de la médecine moderne face aux superstitions locales. En parallèle, des morts étranges surviennent dans la taïga. Une bête rappelant celle du Gévaudan rôderait-elle dans les environs ?
Une BD noire très efficace, justement récompensée à sa sortie par le Prix Morvran de la BD du festival de polar du Goéland Masqué.20/01/2024 à 15:23 3
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Le Système D
7/10 Dans un New-York aux airs de fin du monde décimé par des attentats multiple et une pandémie de grippe létale, ceux qui ont fait le choix de rester sont dans la débrouille permanente. En effet, tout vient à manquer dans la Grande Pomme, à commencer par l’électricité et l’eau.
Dewey Decimal, lui, est satisfait d’être resté. Ayant perdu la mémoire (de manière pas très claire), il a décidé d’élire domicile dans la New York Public Library (la plus grande bibliothèque de New York), ce qui lui vaut son nouveau nom. Hypocondriaque et bien souvent parano, il gobe cachet sur cachet pour se calmer, passe son temps à se désinfecter les mains et souffre de curieux TOC, comme celui qui le contraint de toujours tourner à gauche lorsqu’il arrive à un embranchement. Lorsqu’il n’est pas en train de lire ou à ranger « sa » bibliothèque, il vivote en acceptant diverses missions pour le procureur. Mais tout cela prend une autre tournure lorsque l'édile lui demande d’éliminer un parrain de la mafia ukrainienne.
En tant que bibliothécaire, j’ai apprécié suivre les aventures d’un confrère « badass », loin des clichés éculés de la vieille dame à chat et à chignon. On ne la fait pas à l’envers à Decimal mais malgré ses bizarreries et sa dureté, il est plutôt attachant. L’intrigue n’est pas folle d’originalité mais ça se lit bien et je lirai volontiers sa seconde aventure : Le système nerveux.20/01/2024 à 15:18 3
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Scarlett et Novak
8/10 Novak court à perdre haleine. Il est poursuivi par deux personnes qui, visiblement, ne lui veulent pas du bien. Heureusement, Scarlett est là pour l'aider. Scarlett, c'est celle qui partage sa vie, qui l'accompagne au quotidien, l'assistante personnelle intelligente de son Brightphone™.
En 64 petites pages d'un thriller on ne peut plus efficace, Alain Damasio nous rappelle qu'il n'y a pas besoin de faire long pour faire bien. L'un des auteurs phares de la SF francophone contemporaine nous démontre à travers ce texte à quel point on est devenus dépendants (pour ne pas dire esclave) de notre smartphone. Un court texte salutaire à mettre entre toutes les mains.17/01/2024 à 16:41 3
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Sérum
Nicolas Gaignard, Cyril Pedrosa
8/10 Paris, 2050.
Depuis la Purge, le gouvernement surveille la société comme jamais. Le contrôle sur le population est énorme et même l'approvisionnement électrique est géré en haut lieu (ça va être tout noir !). Et pour ceux qui seraient tentés de se rebeller, une petite piqûre de zanadrine (un psychoactif rendant tout mensonge impossible) avant un interrogatoire en bonne et due forme.
Le job de Kader, c'est de veiller au bon état des éoliennes de la capitale. Il a reçu une trop haute dose du sérum et ne peut définitivement plus mentir. Mais sa vie est morne, et lorsqu'une organisation clandestine le contacte, il n'hésite pas longtemps à dévier du chemin qu'on a prévu pour son bien.
Pedrosa, plus connu pour ses BD intimistes (Portugal, Les équinoxes), signe ici une dystopie intéressante dans un monde qui érige la vérité absolue en dogme. Où se situe la frontière entre sécurité de tous et libertés individuelles ? Les auteurs préfèrent, et c'est louable, ouvrir la réflexion plutôt que d'asséner des réponses. Le dessin de Nicolas Gaignard, tout en couleurs froides, met d'emblée dans l'ambiance : glaçante.17/01/2024 à 16:39 2
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Grandville
7/10 Avouons-le tout de go, ce livre ne me tentait pas trop. Mais puisqu'on dit qu'on ne doit pas juger un livre à sa couverture et que je suis curieux, je lui ai laissé sa chance, et bien m'en a pris. Si le personnage de l'enquêteur animal antropomorphe (LeBrock, de Scotland Yard, est un blaireau) évoque au départ Blacksad, le dessin n'a rien à voir c'est plutôt à l'inspecteur Canardo que fait penser le style. Dans un univers steampunk assumé et une historicité parallèle (la France a envahi l'Angleterre, l'empereur Napoléon règne encore sur l'Europe...), Lebrock est là pour déjouer un terrible complot à base de rafales de mitraillettes et de coups de boule bien sentis. Pas mal d'action et des scènes très cinématographiques et assez tarantinesques. D'ailleurs, l'auteur ne se cache pas de ses influences et multiplie les clins d’œil, tantôt à la pop culture, tantôt à l'histoire de l'art ou à la littérature (pauvre Milou, tombé si bas !). Au final, bien que moyennement fan du dessin, j'ai trouvé cette BD bien menée et distrayante et je poursuivrai la série, laquelle compte 5 tomes et est actuellement en cours de réédition en France par Delirium (3 titres parus à ce jour).
17/01/2024 à 16:34 2
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Nous étions le sel de la mer
8/10 Lu dans sa version audio (avec l'accent québecois de Paul Doucet en prime), j'ai beaucoup aimé ce voyage en Gaspésie dans lequel on part, avec le sergent Moralès, sur les traces de Marie Garant, dont le corps a été retrouvé par un marin dans ses filets de pêche. La sensibilité de Roxanne Bouchard me rappelle un peu celle d'Arnaldur. L'enquête, sans être anecdotique, passe quasiment au second plan par moment tant l'auteure s'intéresse avant tout à ses personnages, fouillés et intéressants. Si le personnage principal est incontestablement la victime, une femme courageuse et amoureuse de la mer qui a toujours préféré sa liberté à tout le reste, on découvre aussi avec plaisir Moralès, en froid avec sa femme et incertain du bien fondé de son déménagement en Gaspésie, ou encore Catherine Day, qui débarque dans la Baie des Chaleurs pour renouer avec sa mère, qu'elle n'a pas connue.
La plume de Roxanne Bouchard, souvent teintée de poésie, est très belle. Une auteure à suivre. Ça tombe bien, deux autres enquêtes de Joaquin Moralès sont d'ores et déjà disponibles.16/01/2024 à 11:07 7
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Maigret et le voleur paresseux
9/10 Cela fait un moment que je voulais relire Georges Simenon et bien m'en a pris : j'ai beaucoup aimé ce titre. Ici, Maigret est appelé suite à la découverte d'un corps retrouvé en pleine nuit dans le bois de Boulogne. Bien qu'il soit très amoché, le commissaire reconnaît l'homme immédiatement. Il s'agit de Cuendet, un voleur d'origine suisse qu'il a déjà convoqué plusieurs fois. Seulement, sa hiérarchie lui signifie de ne pas enquêter sur ce cas, la priorité étant de retrouver la bande ayant commis un important braquage dans la capitale ces derniers jours. Pour autant, Maigret souhaite savoir qui a tué Honoré Cuendet, lui qui volait "proprement", sans la moindre violence, et pour qui le policier ne peut s’empêcher d'éprouver une certaine affection. Pire, il promet à la mère du défunt qu'il trouvera son meurtrier. Une double enquête très réussie qui se lit avec grand plaisir et donne envie de se remettre à lire Simenon.
16/01/2024 à 10:54 3
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La Dernière Reine
9/10 Gueule cassée et moral en berne, Édouard Roux trouve refuge dans l'atelier de la sculptrice animalière Jeanne Sauvage. Elle lui façonne un masque qui lui redonne un semblant de visage et de confiance et l'introduit au sein de son microcosme d'artistes Montmartrois. En contrepartie, Édouard souhaite lui faire découvrir la majesté du plateau du Vercors et l'histoire du dernier ours, tué lorsqu'il portait encore des culottes courtes.
Après Ailefroide et Le Loup, Jean-Marc Rochette récidive et nous offre une nouvelle bande dessinée superbe, faisant se croiser les destins du dernier ours du Vercors, d’Édouard et de Jeanne. En tant que bédéphile, on espère égoïstement qu'il revienne sur sa décision d'arrêter la BD (pour se consacrer exclusivement à la peinture).12/01/2024 à 17:50 3
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Du bruit sous le silence
6/10 Cela fait maintenant des années que je voulais lire ce livre, qui est l'un des très rares – et sans doute le premier – romans noirs à parler de rugby. Le récit s'ouvre sur l'assassinat du demi de mêlée de Toulouse, Maurice Tamboréro, abattu en pleine rue par un tireur embusqué. Deux policiers se mettent alors à enquêter : Benoît Terrancle, ancien rugbyman à deux doigts de passer pro mais stoppé net par une grave blessure ; et Élie Verlande, arrivé de Dunkerque avec sa mère alcoolique dans ses bagages.
L'intrigue n'est pas exceptionnelle mais tient la route malgré un final pas tout à fait convaincant. Certains passages sur le rugby peuvent être un peu longuets pour ceux qui regardent déjà pas mal ce sport mais c'est le jeu, le roman est aussi (ou surtout) fait pour ceux qui n'y connaissent rien (comme le commissaire Verlande). J'ai lu ce livre plutôt avec plaisir mais effectivement, pour avoir lu des ouvrages plus récents et excellents de Pascal Dessaint comme Les derniers jours d'un homme (très recommandable), j'ai été surpris par les comportements hommes-femmes dans ce roman. Je ne sais pas si tout est imputable à ce que l'auteur pense du milieu du rugby mais c'est parfois assez dérangeant (machisme, femmes objectivées...). En revanche j'ai bien aimé parcourir Toulouse avec les protagonistes, on sent que l'auteur connaît la ville et aime y flâner.12/01/2024 à 09:56 6
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Petite plage
6/10 Une jolie novella (88 pages), qu'on lit pour ainsi dire en sépia, mais qui ne me laissera pas de souvenirs impérissables. Sans doute la faute à des personnages peu charismatiques et pour dire vrai déjà presque oubliés. Pour autant, cela se lit agréablement.
11/01/2024 à 18:36 2
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Katja
7/10 En moins de cent pages Marion Brunet nous propose un récit fort intéressant où l'histoire familiale et la grande Histoire s'entremêlent. Un espèce de huis clos s'intéressant tantôt à la fin de vie (relation entre un vieil homme condamné et une jeune femme venu l'assister dans ses derniers jours) tantôt au passé (effondrement de l'URSS) avant que tout ne fasse sens, le tout servi par une écriture sensible. Une auteure décidément à suivre.
11/01/2024 à 18:32 5