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Issak tome 1
8/10 Septembre 1620, au sud-ouest de l’actuelle Allemagne. Un homme à l’allure, à l’équipement et à la technique de sabre d’un samouraï empêche une jeune femme, Zetta, de se faire violer. Alors que les nations et les religions s’entrechoquent, il n’a qu’un objectif : retrouver un traître dénommé Lorenzo qui a assassiné son maître et forgeron et a fui en emportant quelque chose de très précieux, aussi propose-t-il son aide à la Hollande protestante contre l’Espagne catholique. Déjà s’amorce une bataille entre la troupe du général Spinola, un désargenté que ses hommes suivent avec fidélité et combattant au nom du Prince Alfonso, et celle de Heinrich, au cours de laquelle le talent inattendu d’Issak en tant que sniper va bousculer le cours des événements. Un premier opus particulièrement réussi et dynamique (les scènes de la bataille sont assourdissantes), qui propose un héros attachant, avec un beau décalage par rapport aux soldats contre lesquels / auprès desquels il combat. En outre, contrairement à « Vinland Saga », les traits des personnages ne sont pas calqués sur ceux des Japonais, donc sont en adéquation avec une forme de crédibilité. Je vais poursuivre cette série.
18/12/2021 à 17:16 2
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Le Diamant et le brigand
8/10 Alors que Sam, Nina et Agathe se rendent aux Gourmandines, un salon dédié à la gourmandise, leur chien Maurice s’échappe pour ne revenir que plus tard à la maison, un diamant dans la bouche. D’où vient cette pierre précieuse ? A qui l’animal l’a-t-il prise ? De nouveau, nos jeunes héros se commuent en détectives.
Voici une autre aventure des apprentis détectives, et Agnès Laroche nous régale encore une fois. Un opus fort court (environ quatre-vingts pages), et, ce qui caractérise d’ailleurs cette série, pas le moindre aspect dérageant : aucun meurtre, pas de véritable sueur froide, pas la moindre goutte de sang ni violence. Pourtant, le registre demeure clairement policier, et le suspense est bien présent. Nous retrouvons ici notre trio de si sympathiques limiers, avec Sam en fauteuil roulant, Nina et sa sœur cadette Agathe, sans compter le facétieux Maurice, avec cette intrigue tournant autour de ce bijou dont ils ignorent l’identité du propriétaire ainsi que les circonstances au cours desquelles le quadripède l’a gobé. Agnès Laroche maîtrise son art et sa plume, sachant parfaitement les ajuster au public – jeune – auquel elle s’adresse, et les ressorts correspondent complètement à la trame attendue, avec des hypothèses, des observations, des personnes interrogées. Le final s’insère avec intelligence au cadre global de la recherche, avec bienveillance et happy end, ce qui ne manquera pas de satisfaire largement le lectorat visé.
Un autre roman très réussi pour cette série, proposant une aventure policière fort aimable et efficace.17/12/2021 à 07:55 2
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Ascension tome 3
8/10 La tension éclate au sein de nos grimpeurs de l’extrême. Buntarô est parti pour escalader ce Mont Akadake, mais il fait la dure expérience du froid de l’altitude ainsi que du vent, obligeant ses camarades ainsi qu’un spécialiste des hauts sommets à une mission de sauvetage. Un opus d’une magnifique tension, où les scènes d’ascension, de fraternité, de douleurs, d’appel des hautes cimes, d’espérance et de survie sont de toute beauté. Malgré un élément peu crédible (je ne le spoilerai pas) dans le final mais attendu, un tome encore une fois extra.
15/12/2021 à 19:41 1
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Alice in Borderland tome 1
7/10 Ryôhei Alice et ses deux camarades Chôta Segawa et Daikichi Karube, des adolescents, s’ennuient à mourir dans une société dans laquelle ils savent déjà que jamais ils ne pourront s’épanouir. Mais un étrange feu d’artifice, aveuglant et monstrueux, les transporte dans un autre monde, semblable au leur mais où ils sont seuls, avec davantage de nature. Ils en profitent à fond jusqu’à ce qu’ils tombent, dans une fête foraine, sur une belle jeune femme, Saori Shibuki qui leur fait rapidement comprendre la nature réelle de cet univers parallèle : ils vont devoir s’entraider pour survivre à des épreuves potentiellement mortelles. Les premières épreuves (avec les énigmes et les jets de flèches) plantent un décor intéressant, une agréable variation sur le thème des jeux de survie. Le thème n’est donc pas original mais la forme est sympa à suivre.
14/12/2021 à 19:45 2
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Sorry
7/10 … ou comment quatre amis (Tamara, Frauke, Wolf et Kris) ont l’idée géniale (en fait, c’est plus exactement Kris qui l’a eue) de créer une société qui s’excusera à la place de ses employeurs (principalement des entreprises), quitte à faire le lien avec la personne lésée et se commuer en conciliateurs. Mais leur route va croiser celle d’un tueur en série qui va les embarquer dans sa croisade meurtrière. Indéniablement, Zoran Drvenkar a eu une idée brillante, celle de cette société qui présente des excuses à la place d’autrui, et j’ai, globalement, apprécié cette lecture. Les personnages sont assez riches, la psychologie est travaillée, et j’ai aimé notamment l’analyse mentale du tueur, en proie aux démons de son passé, dans sa vendetta vengeresse, au cours de laquelle la victime devient bourreau. Des passages poignants, forts et marquants, comme avec les références au film « Butch Cassidy et le Kid », le martyr d’un enfant, la brutalité des pédophiles, ou l’utilisation des clous. D’entrée de jeu, la construction m’a cependant secoué (avec ces récits à la première personne, mais aussi à la deuxième), et ces chapitres un peu chaotiques, façon narration chorale, ainsi que cette manière que l’écrivain a d’interpeler le lecteur à de multiples reprises, m’ont fait craindre un décrochage. Mais je me suis accroché et bien m’en a pris. C’est dense, crédible, avec des passages percutants, d’autres beaucoup plus effilochés à mon goût. La rencontre entre le premier cadavre et nos protagonistes intervient après un peu plus de cent pages, ce qui est correct, mais ce que je reproche le plus à l’auteur, c’est finalement que ce postulat (s’excuser à la place d’autres personnes) ne m’est apparu que comme un prétexte pour montrer une confrontation avec un tueur en série : j’aurais aimé que cette idée, ce concept, soit davantage creusé, ou entre beaucoup plus en ligne de compte dans l’histoire (même si, une dizaine de pages avant la fin, le tueur explique les raisons pour lesquelles il a intégré nos protagonistes dans son périple sanglant). Bref, une bonne lecture en ce qui me concerne, même si, si l’on soustrait cette idée d’excuse par procuration, on se retrouve avec un roman à la trame finalement assez classique.
13/12/2021 à 17:57 3
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Un Monde parfait
Charlie Adlard, Robert Kirkman
7/10 Ça commence par une scène assez poignante avant que n’intervienne un homme, Aaron, qui, après quelques moments mouvementés, propose aux protagonistes de rejoindre sa communauté qui ressemble de prime abord à une sorte d’éden. « Nous avons pu retrouver notre vie d’avant à l’intérieur de ces murs », leur dit-on. Le titre de ce douzième tome, « Un Monde parfait », est-il justifié ? La violence est-elle définitivement révolue, comme l’exprime ce flash-back vécu par Michonne ? Est-ce un leurre ou la promesse de temps futurs plus tumultueux, comme le calme avant la tempête ? Réponse fort probable dans le tome suivant.
10/12/2021 à 19:36 2
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Vinland Saga tome 2
7/10 Retour sur un épisode du passé, avec Thors, le père de Thorfinn, notre héros alors enfant. On découvre qu’il était auparavant un mercenaire, et on l’embrigade dans une bataille qu’il ne souhaite pas mais inclut la participation de son village. Seulement, surprise une fois le bateau parti : Thorfinn s’était dissimulé dans un des tonneaux. Comme Polarbear, j’ai moyennement goûté la façon dont il se débarrasse à mains nues de ses ennemis sur le navire, façon pro des arts martiaux, donc de manière anachronique et un peu déplacée, et je ne parle même pas du combat contre Bjorn, le berserker qui a gobé un champignon… Néanmoins, le combat final entre Thors et Askeladd tient toutes ses promesses, explique la haine farouche de Thorfinn et érige son père comme un individu d’une droiture exemplaire. Je continue volontiers cette série malgré mes petites réticences sur le côté graphique et trop nippon dans sa transposition.
09/12/2021 à 19:46 3
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Possession
7/10 Kyle Barnes vit avec sa sœur Megan. Il est rapidement contacté par le révérend Anderson, une ancienne connaissance à lui, afin de venir à l’aide d’un jeune garçon, Joshua Austin, qui vit à Hume et sur qui les tentatives d’exorcismes ont échoué. Il faut dire que la mère de Kyle puis son épouse, Allison, ont visiblement été touchées par un événement – mais on ignore encore lequel – qui fait penser à Kyle qu’il est en quelque sorte maudit. Un premier opus assez intriguant dans la mesure où l’on se demande ce qui s’est passé, autrefois, avec la maman et la femme de Kyle, et une scène d’exorcisme assez particulière et violente entre Kyle et ce Joshua. Même si je suis moyennement attiré par le graphisme, tout en clairs-obscurs et autres traits que je trouve parfois grossiers quoique leur aspect si particulier peut souligner les ténèbres de cette histoire, je continue la série parce que dans ce premier opus, incroyablement long pour une BD (il contient pas mal d’opus parus séparément en VO), les éléments s’enchaînent ensuite assez vite et de façon prenante : Kyle au chevet de sa mère, dans un lit d’hôpital, pris de sentiments contradictoires à son égard, l’arrivée du policier Luke Masters, un passage par la case prison pour une séance d’exorcisme sur un détenu, une vieille dame assez étonnante, etc.
08/12/2021 à 19:45 1
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Peau de lapin
8/10 Alors qu’il fait des courses à la supérette avec sa mère, le jeune narrateur, Quentin, voit débarquer deux hommes cagoulés qui font un braquage. Parce qu’il ne saisit pas la gravité de la situation et que sa maman fait tout pour dédramatiser le contexte, Quentin en vient à penser que tout ça n’est qu’un jeu.
Un texte d’une rare efficacité, partant d’un pitch très original, où le sérieux concret de l’histoire éclate dans un puissant par rapport à la façon dont Quentin perçoit les choses ainsi que les divers événements, y compris la mort probable d’un homme. Mikaël Ollivier nous offre un récit remarquable d’intelligence, de tact, de personnalité et d’humour, au terme duquel Quentin va finir par changer radicalement d’avis quant au chocolat. Jusqu’à présent, dans les quelques ivres de cette collection que j’ai pu lire, mon préféré avec « Et si la mer était bleue ? ».06/12/2021 à 19:41 3
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Le Royaume sous le sable
Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme
7/10 Après deux mois de pérégrinations, notre famille accoste sur une île où vivent des hommes qui bénéficient d’une technologie très avancée, avant de devenir leurs prisonniers. Talkie-walkie, lévitation, pistolet laser, capsules qui captent les souvenirs, fusée : le moins que l’on puisse dire, c’est que ces individus sont particulièrement en avance sur l’époque, et ce choc des civilisations est un peu brutal à mon goût même s’il y avait déjà eu des épisodes présentant ces techniques précédemment. Ce mélange autochtones – directement inspirés des Touaregs – sables mouvants – Atlantide est très dynamique et original, qui me donne déjà envie de passer au tome suivant.
06/12/2021 à 17:55 3
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Le Cycle de l'air 1
8/10 Début du cycle de l’air avec ce cinquième tome. No héros cherchent à gagner la vallée des mille-vents-célestes. Kibyou, la fille de dame Mayudama, est malade : mutique, refusant de s’alimenter. Dans le même temps apparaît un samouraï colossal et vêtu d’une sorte d’exosquelette après un combat éprouvant contre un mage. Un opus détonant, restant dans la droite ligne des précédents, à savoir efficace et original, mais un événement pour le moins inattendu étourdit dans le final, même si je ne doute pas qu’il sera « corrigé » par la suite.
05/12/2021 à 20:02 1
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Le Cycle de la terre 2
8/10 Désormais accompagnés de la guerrière manchote Setzuka Bashimon, nos protagonistes prennent le chemin des bibliothèques interdites de Zanzhin. Dans l’un des manuscrits, ils apprennent qu’un ordre a, par le passé, mené de sinistres expériences médicales afin d’atteindre la résurrection. Un opus sombre et tendu, qui nous mène jusqu’au « grenier aux morts ». La fin du cycle de la terre, avec une belle bataille pour protéger le fortin, avec un sacrifice de la part de l’un des héros afin de sauver ses camarades. Toujours aussi distrayant et efficace.
04/12/2021 à 17:11 1
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Nuisible tome 2
8/10 Ryôichi Takasago a été attaquée par la belle mais terrifiante Kikuko Munakata, après quoi il continue d’être la proie de terribles cauchemars. Kikuko tue accidentellement la mère du lycéen, et elle prend une véritable emprise sur lui, tant physiquement que psychologiquement. L’intervention d’Akihiko Kuzumi se voulait déterminante, elle ne le sera pas, mais ça débouche sur une révélation sur les liens entre le lycéen et la créature ainsi que sur une terrifiante expérimentation. L’horreur monte d’un cran, sans pour autant tomber dans le gore ni l’inconvenant : entomophobes, s’abstenir ! Un opus ensorcelant et bien mené, même si l’intrigue reste objectivement à ce stade plutôt simple mais terriblement efficace.
02/12/2021 à 18:36 1
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Rendors-toi, tout va bien
9/10 Guillaume et Christelle Dumont. Deux enfants. Il est comptable dans une entreprise de pêche à Sète, elle femme au foyer. Un jeune couple sans histoire. Cependant, un vendredi soir, à la fin du mois de juin, tout bascule. Sur l’autoroute A31, Christelle a un accident de voiture. Elle est seule dans le véhicule. Que faisait-elle si loin de chez elle ? Retour en arrière. Le matin même, Guillaume est appréhendé par les gendarmes. Lentement, l’indicible s’écrit.
Il s’agit là du premier roman d’Agnès Laurent, mais l’on peine à le croire tant il est maîtrisé. Tout commence comme un fait divers, d’une banalité affligeante, mais sous le vernis de la platitude, couve une situation tragique. En reprenant le cours de la chronologie au matin de l’accident, le lecteur en apprend davantage sur cette famille Dumont. Un bonheur sans nuage ? Une joie réciproque ? Un éden domestique ? Pas si sûr… Graduellement, par lents paliers, en alternant les points de vue, on se rend compte qu’au-delà des apparences, quelque chose cloche. Le bistrotier où Guillaume a l’habitude de prendre son café avant de se rendre au travail, l’autostoppeur rencontré par Christelle dans sa fugue, le voisinage du couple, un simple conducteur, Christelle dans sa Renault 21, Guillaume aux prises avec les gendarmes qui veulent le pousser à avouer un énigmatique crime dont il ignore tout : l’éclairage est pluriel, les éclats de vie nombreux, et il faudra un peu moins de deux cents pages avant que la luminosité n’en devienne scialytique et le puzzle complet. L’écrivaine, journaliste à L’Express, est spécialiste des faits divers et de société, et ce livre montre clairement sa connaissance de ce type de cas criminels. L’écriture est haletante, épuisée, presque suffoquée, avec des phrases sans effets, un vocabulaire élémentaire, une ponctuation réduite à sa plus simple expression. Tout se situe à la hauteur des individus dépeints, et c’est avec une crédibilité puissante, presque sidérante, que l’on passe de l’autre côté du miroir. Vers la déchéance. Vers la folie. Le point de bascule est remarquable de vraisemblance, il ne faut à Agnès Laurent que quelques mots, délibérément ordinaires, délibérément toxiques, pour que l’on chavire dans l’aliénation, le sordide, et, paradoxalement, l’humain dans ce qu’il y a de plus primitif. Car, si quelques éléments sous-entendaient un dysfonctionnement – évitons de les révéler ici, ils viendraient désamorcer la découverte explosive de la catastrophe, nul ne pouvait s’attendre à quelque chose d’aussi dur, d’aussi cru. Et c’est la gorge nouée et les tripes vrillées que l’on achève ce roman, noir comme jamais, dont les deux derniers mots – une épitaphe – viennent éclairer cette horreur d’une lueur mordante.
Certains auteurs en font parfois trop pour décrire l’innommable, avec force effusions d’abominations peintes avec naturalisme et pléthore de détails. Agnès Laurent choisit une voie singulièrement différente : élémentaire, fluide, plausible, sans voyeurisme ni jugement moral. A coup sûr, un ouvrage remarquable, hanté par des ténèbres que l’on n’est pas près d’oublier.02/12/2021 à 07:07 6
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Les Secrets d'Orient
Jean-Luc Istin, Jacques Lamontagne
8/10 Taran, le disciple de Gwenc’hlan, plonge dans une grotte à la recherche des assassins de Ronan, et tombe sur un charnier d’une trentaine de corps, certains seulement paralysés. Taran et Gwenc’hlan découvrent alors un curieux enfant, habillé d’une peau de loup. Leur quête les mène à une forteresse inquiétante où les attend un individu qui leur rappelle la divinité gauloise Cernunnos ainsi que de terribles cannibales. Un incendie dantesque vient clore cet opus, nous menant vers le dernier de la série où toutes les réponses nous sont promises. Une BD forte et sombre, en espérant que la suivante sera du même acabit.
01/12/2021 à 17:51 1
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L'Ange aux ailes de lumière épisode 1/2
6/10 Jatred et Valika, deux agents, sont envoyés sur la planète Vaeroya, comptant 23 millions d’habitants. Sur place, une ambiance médiévale, ces colons ayant depuis longtemps oublié leurs origines ainsi que relégué les nouvelles technologies au rang d’hérésie, d’où l’accueil frisquet réservé à nos deux jeunes gens. Pire, la population est sous le joug d’une dictature noyautée par le fanatisme religieux. Ils sont sur le point d’assister à l’exécution de Sirane, une jeune femme enceinte qualifiée de « pécheresse », et comme ils ne peuvent supporter cette horreur, ils interviennent et la soustraient autant au bourreau qu’à la foule. Son tort ? S’être accouplé à ce qu’elle appelle un « ange ».
Une agréable lecture, mêlant l’univers de la SF façon Star Wars à des esthétiques plus fantasy, notamment pour les créatures (je pense notamment à l’immense bestiole du désert ainsi qu’aux milliers d’insectes que charrie ce monstre). Un graphisme très réussi, riche en couleurs et policé juste ce qu’il faut, même si l’intrigue ne constitue pas un summum du genre, surtout pour moi qui ne suis que moyennement attiré par ce type d’histoire. Néanmoins, c’est distrayant et ça donne surtout enfin de connaître la suite et fin dans le tome 2.29/11/2021 à 18:39 2
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Fais de beaux rêves...
7/10 Joachim Cantor n’est pas un ado comme les autres. Il a quatorze ans, ses parents sont décédés dans des circonstances obscures, il a été adopté par une famille cagnoise, les Russo, et il a de gros problèmes psychologiques. Plus exactement, il a des amis imaginaires (notamment Wata et Théo), des hallucinations, et ce n’est pas son psy, même sous hypnose, qui parvient à lui trouver des solutions. Il rencontre Aline Hollande, une gamine aussi fracturée que lui, quand la situation se complexifie : des voix provenant des murs, sa mère se matérialisant dans les rideaux de sa chambre, des bruits de raclements, des odeurs de pourriture… Et si ses parents, depuis l’au-delà, lui réclamaient quelque chose ?
De Philip Le Roy, on connaît autant ses ouvrages destinés aux adultes (entre autres Pour adultes seulement, Le Dernier Testament, Evana 4) que ceux adressés aux jeunes (comme son excellente série consacrée à la Brigade des fous). On retrouve l’univers si particulier de l’écrivain, avec des personnages méchamment fissurés, toujours sur le fil du rasoir, en équilibre instable entre la normalité et la folie. Joachim comme Aline composent ainsi un duo d’adolescents particulièrement réussis, aux enfances respectives saccagées, côtoyant des collégiens se comportant parfois comme les membres d’une meute immonde, et devant survivre dans un monde dans lequel ils n’ont jamais demandé de naître. Dans le même temps, les phénomènes inexpliqués qui assaillent Joachim tiennent sacrément la route : des manifestations occultes, rappelant les ambiances délicieusement anxiogènes de Dans la maison ou 1, 2, 3, nous irons au bois. Les références cinématographiques, littéraires et musicales de l’auteur, nombreuses, égaient l’atmosphère, préservant d’agréables oasis dans cette histoire trouble et touffue. De même, les dialogues entre Joachim et Aline, voire les réflexions de Wata, claquent comme des coups de trique, criants de vérité et apportant de belles bouffées d’humour dans un récit très sombre. Cependant, Philip Le Roy surprend, voire déroute, avec un choix scénaristique. La folie de notre protagoniste passe la main à une histoire assez différente, basculant vers une histoire où il est question de judaïsme, d’une secte et de pouvoirs hallucinants détenus par un objet sacré. Certes, cette option est inattendue, mais on a parfois l’impression qu’elle ne colle pas totalement avec l’entame du roman. La greffe prend, les sensations fortes ne manquent pas par la suite, mais il est probable que certains jeunes lecteurs ne goûteront pas nécessairement cette brusque bifurcation.
Un opus qui démontre, une fois de plus, l’étendue du talent de Philip Le Roy dont on attend toujours avec la même impatience les sorties de ses ouvrages, et qui, ici, a opté pour un récit pour le moins surprenant avec ce détournement au beau milieu de son roman.29/11/2021 à 07:06 2
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Opération Offshore
Jean-Claude Bartoll, Renaud Garreta
3/10 Retour de Najah Cruz, en réalité Isabel Mendoza, quelque part à la frontière entre le Cabinda et le Congo, et je retrouve les mêmes défauts que dans le précédent tome : une tueuse qui échappe on ne sait pas comment à des rafales d’arme automatique lourde, fait ensuite des katas dans la forêt en récitant du Sun Tzu, sauve in extremis les rescapés d’un crash sans même défriser son brushing, se déguise en nonne et pète des faces, se sort encore une fois de situations impossibles… Même vaporisée par une explosion sur une plateforme pétrolière, elle se retrouve à la flotte au milieu des flammes et trouve le moyen de secourir quelqu’un. C’est bien simple : à ce niveau-là, Rambo et Jason Bourne, ce sont deux gentils écoliers au nez humide à côté. Et je ne parle pas des allers-retours incessants sur le globe, parfois sans grand intérêt, de l’intrigue démoulée d’un film avec Steven Seagal et de poncifs alignés comme les grains d’un chapelet. J’ai encore quelques autres tomes à portée de main, alors je vais continuer encore un peu, mais cet opus en est presque navrant.
27/11/2021 à 17:39 2
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Le Mystère du cimetière
1/10 ... ou l'étrange disparition du pasteur Dobson, descendu dans la tombe de Joseph Burns que l'on vient tout juste d'enterrer, afin d'honorer son ultime requête : laisser tomber une boule en un point "A". Mais cette disparition, même mystérieuse, ne fait que s'amplifier avec l'apparition d'un dénommé Bell venu demander une rançon à la fille du disparu.
J'ai beau adorer l'oeuvre du sieur Lovecraft, là, j'ai été très négativement étonné. Une histoire beaucoup trop courte, et inutilement découpée en douze chapitres que ne font que souligner cette concision qui prend des allures de pastiche. Car c'est là que le bât blesse : tout ça m'a paru complètement invraisemblable. Un modus operandi pour l'enlèvement capillotracté à un point que ça en devient grotesque (ça ne doit pas être tous les jours que la volonté d'un homme soit que l'on dépose dans sa tombe une boule en un point marqué "A"...). Cette histoire partait déjà fort mal... Et que dire du fait que l'enquêteur trouve justement la bonne boutique et au bon moment où les conspirateurs échangent librement à propos de cette histoire ? De Bell qui laisse tomber les clefs de la geôle et que récupère le reclus ? Que la cellule de ce dernier est "magnifiquement éclairée" (un captif, qui plus est à qui on en veut, on le laisse dans le noir, non ?) ? Que Dobson parvient à faire un double avec la cire des bougies (Bell ne s'est donc pas demandé si Dobson n'avait pas profité de sa bévue ?) ? Que Dobson passe "le jour suivant à limer des clés pour les adapter à la serrure", mais avec quoi les a-t-il limées ? Avec les ongles de ses orteils ? Et que dire de l'absence (même pas partielle, non, totale !) de mobile, ou d'explication à ce sujet des frangins quant à ce stratagème si alambiqué ? Et puis Dobson, pour en revenir à lui, puisqu'il était si haï, personne n'était au courant de cette inimitié si agressive ? Personne non plus n'avait pensé à fouiller cette fichue tombe puisque Dobson y était entré sans en sortir ? Et que dire du final à l'eau de rose, si téléphonée que ça en devient pathétique ?
Non, là, désolé, ça n'est pas parce que j'apprécie beaucoup un écrivain qu'à titre personnel, je vais en être réduit à applaudir un texte qui, lu, dure une petite dizaine de minutes, et, factuellement, ne compte même pas mille cinq cents mots, et qui, surtout, aligne autant de non-sens et d'absurdités. A mon avis, à oublier au plus vite.26/11/2021 à 20:06 1
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Dans l'oeil du cauchemar
8/10 Le navire « Stornoway » est toujours de l’autre côté de la brèche : de curieux phénomènes astronomiques, une île inconnue, une végétation inédite, des insectes aberrants, etc. Nos héros expéditionnaires sont aux prises avec des créatures du même genre que celle qui avait agressé Adamson à Londres : une belle bataille en l’occurrence, digne d’anciens films de SF, et toujours magnifiquement soulignée par cette esthétique presque photographique. Le rythme est plus rapide que dans le précédent opus et se clôt sur des questions quant à ce que peut bien être la bestiole qui a attaqué Adamson et dont on vient de retrouver une patte.
26/11/2021 à 17:40 1