El Marco Modérateur

3401 votes

  • Akumetsu tome 12

    Yoshiaki Tabata, Yûki Yogo

    7/10 Akumetsu, qualifié de « premier terroriste de l’histoire du Japon », est suivi par la population. Cette fois-ci, il s’en prend à l’ancien président de la division pharmaceutique du Ministère de la santé, et il est bien décidé à lui faire âprement payer une histoire similaire à la tragique affaire du sang contaminé que nous avons connue en France, en l’opérant lui-même. Parallèlement, et sur une majeure partie de cet opus, on comprend, à la toute fin, d’où vient Akumetsu avec le dévoilement de cette vérité incroyable dans un laboratoire souterrain. Cette note ultime vient d’ailleurs donner, à mes yeux, un coup de fouet à la série au lieu d’une énième mise à mort doublée d’une satire des mondes politiques et financiers.

    08/10/2021 à 17:30 1

  • Lontano

    Jean-Christophe Grangé

    9/10 Moi qui n’avais pas lu de romans de Jean-Christophe Grangé depuis quelque temps (« Kaïken », terminé en novembre dernier), je me suis plongé avec ravissement dans ce pavé (presque 950 pages en version poche), et j’ai été emballé. J’ai donc retrouvé la patte de l’auteur, avec ces meurtres sordides, sa connaissance parfaite des techniques policières et judiciaires, et ce scénario, typique de l’homme. Cela commence par un missile qui a désintégré le corps d’un jeune soldat, et cela part ensuite très vite, et surtout très loin. Cette famille des Morvan est vraiment détonante (bon, parfois, il y a de la surcharge littéraire et psychologique, mais cela passe sans mal avec les qualités de l’ensemble). Un père dont j’ai adoré la psyché et la trajectoire (ses penchants très gauchistes, sa traque de l’Homme-Clou, sa mémoire incroyable, sa mainmise sur l’Etat politique français, sa diplomatie, et des connaissances en Afrique, en plus d’avoir des relations pour le moins torturées avec ses trois enfants). D’ailleurs, chacun d’entre eux jouera un rôle dans cette toile d’araignée dont l’origine du tissage semble remonter à l’Afrique. Quiconque a déjà lu du Grangé (on peut en parler comme d’une marque, presque) sera en territoire connu : ses obsessions (la famille déstructurée, la quête des origines, l’Afrique, la médecine et la science – j’ai adoré cette histoire de « lignée immortelle », la violence, le tueur en série énigmatique et machiavélique, etc.) tout comme sa patte (cet art de la langue, de la formule qui claque, de la prose travaillée, un pur régal). A côté de ça, j’ai moins apprécié les fonctions plus à la marge de Loïc et de Gaëlle (ils sont « utiles » à l’histoire, c’est indéniable, mais moins qu’Erwan), certains tics d’écriture (les dialogues quasiment tout le temps coupés après un « et… ») et, paradoxalement, cette proximité avec ses autres ouvrages (ils baignent tous dans une sorte de même bain amniotique littéraire, presque monomaniaque, mais du coup, il y a moins cet effet de surprise). Il reste encore quelques questions en suspens (dont une posée par Erwan dans le 147e et dernier chapitre) dont les réponses jailliront probablement dans « Congo Requiem ». Je serai assurément au rendez-vous de ce second tome. Bref, globalement, un délice de noirceur !

    06/10/2021 à 17:01 8

  • Tokyo, Bombe A

    Maza, Richard D. Nolane

    6/10 Une BD qui commence fort avec un bel affrontement (et un jeu de passe-passe) entre avions alliés et un sous-marin japonais. Un opus d’ailleurs très étonnant, puisque le Visiteur et les Allemands disparaissent de l’intrigue pour laisser place aux Japonais et Américains avec des événements qui collent – presque – intégralement à la vérité historique. Un entracte, en quelque sorte, esthétiquement excellent, et augurant, je l’espère, de nouveaux rebondissements et d’un coup de fouet du point de vue scénaristique pour les tomes suivants.

    04/10/2021 à 20:37 1

  • Tista tome 2

    Tatsuya Endo

    7/10 Le second opus commence à toute allure avec une fusillade avec une bande de mercenaires, et l’on en apprend rapidement un peu plus sur Tista Lone – en réalité Tista Rockwell, son enfance, son parcours de « guerrier saint » et ses blessures intimes. Du coup, ce manga est bien plus axé sur la psychologie que le précédent et se montre supérieur, d’autant que le long final avec ce sniper aux allures de tueur christique est prenant et que les ultimes pages sont inattendues.

    04/10/2021 à 18:26 1

  • La Cage

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    6/10 Thorgal quitte la princesse Syrane mais cette dernière n’est vraiment pas prête à le laisser partir, quitte à mandater à deux reprises des hommes. Et comme on ne le reconnaît pas quand il revient sur ses terres, Thorgal est enfermé dans une cage en bois en attendant qu’Aaricia et Jolan reviennent. Un épisode intéressant, pas nécessaire du point de vue de l’action ou de l’originalité, mais qui se montre presque indispensable dans la série, puisqu’il compose une articulation, une charnière dans l’histoire de la série et, dans les ultimes planches, offre un souffle nouveau avec le départ de notre famille sur deux bateaux, direction le sud.

    03/10/2021 à 17:40 2

  • Swag

    Elmore Leonard

    8/10 Frank Ryan n’en croit pas ses yeux : un individu lui vole une des voitures qu’il essaie de vendre sous son nez et avec une totale décontraction. Rapidement arrêté, cet homme que l’on surnomme « Stick » finit au tribunal… et Frank prend sa défense en revenant sur sa déclaration. Pourquoi ? Parce que Stick lui a, à sa façon, tapé dans l’œil. Aussitôt, il propose à ce voleur à la petite semaine une association, pour des braquages, puisque ces derniers semblent être très lucratifs. Et ça tombe bien : Frank a justement écrit dix règles d’or du parfait braqueur pour toujours s’en sortir. Seul problème : les règles, lorsqu’elles sont trop belles, sont justement là pour être enfreintes…

    De Elmore Leonard, on retient une imposante bibliographie, du western au polar, et dont des ouvrages ont été adaptés au cinéma. Ce qui marque également, c’est son écriture, unique, remarquable entre mille : un style sec, une immense économie de mots, et des dialogues qui claquent en restant crédibles et débarrassés de toute recherche littéraire. Comme il le disait lui-même, nous le rappelle Laurent Chalumeau – l’auteur de Elmore Leonard, un maître à écrire – dans la préface : « If it sounds like writing, I rewrite it ». Ce roman ne déroge pas à la règle : des réparties excellentes, crédibles, jamais travaillées. C’est aussi l’occasion de découvrir deux sacrés protagonistes : Frank, petit rusé, parfois sanguin, qui abuse des alcools et s’associe parfois à des personnes peu recommandables, et Stick, plus flegmatique, guignant les bons coups, même illégaux, pour mettre de l’argent de côté et en faire profiter sa fille, et avec une solide forme de moralité – enfin, pour un braqueur… Elmore Leonard avait déjà imaginé, en 1976, dix règles qu’il transposera, près de trente ans plus tard, pour caractériser ses spécificités d’écrivain dans Mes dix règles d'écriture. Mais, comme on s’en doute un peu, ces préceptes ne vont pas être totalement suivis, et les problèmes ne tarderont pas à survenir. Un roman noir dans la plus pure tradition du genre, à l’intrigue simple mais redoutable d’efficacité, mettant en scène quelques autres personnages bien sentis comme le policier Cal Brown, ou encore Arlene, belle et désirable jeune femme.

    Elmore Leonard, en auteur roué et maître de sa technique dès les seventies, signait alors un opus fort réussi et entraînant, reposant pourtant sur une histoire réduite à la portion congrue mais dont, dans un puissant paradoxe, l’écrivain a su tirer le meilleur justement grâce à cette belle sobriété et son expertise dans les dialogues. « Less is more » : dans tous les arts, le minimalisme a parfois du bon, et on ne cessera jamais de célébrer cette ligne de conduite littéraire dès lors qu’elle s’exprime avec autant de talent.

    29/09/2021 à 07:21 2

  • Les Elèves de l'ombre

    Anaïs Vachez

    7/10 Jade Viala fait sa rentrée en classe de cinquième, l’estomac noué. Elle va s’y retrouver avec Romane et sa meute de suiveuses, ses harceleuses. Même l’arrivée d’un nouvel et sympathique collégien, Adry Patkin, ne change rien à son état d’esprit. Mais un événement inattendu vient bouleverser les choses : un nouvel enseignant de français, monsieur Erbenet, qui sera également son professeur principal. D’allure sinistre, dictatorial, il impose à tout-va des heures de retenue à ses élèves d’où ces derniers ressortent métamorphosés, presque des zombies. Jade et Adry vont tenter de comprendre qui est cet individu si inquiétant.

    Avec ce court roman, Anaïs Vachez se joint à la collection Hanté qui doit procurer des sensations fortes et des poils qui se hérissent à de jeunes lecteurs. Ici, la trame est classique : un professeur trouble, une ambiance anxiogène, des phénomènes inexpliqués, une touche de magie, et deux protagonistes aussitôt sympathiques auxquels on peut sans mal s’identifier. Le suspense va crescendo, avec des épisodes plutôt marquants, comme l’épisode au cours duquel Jade va observer une sorte de métamorphose physique de la part de l’un de ses camarades ayant subi une retenue de la part de ce monsieur Erbenet, ou ce curieux élixir qu’il boit dans le prétendu secret de la salle des professeurs. L’atmosphère, lourde et occulte, n’est d’ailleurs pas sans rappeler celles que l’on découvre dans les ouvrages de R. L. Stine. Cependant, d’autres romans de cette collection, comme L’Amie du sous-sol, La Maison sans sommeil, Maudite poupée ou Le Camping de la mort, se sont montrés un peu plus convaincants. En effet, certaines ficelles scénaristiques sont ici assez épaisses, et l’on achève cet ouvrage avec un léger goût d’inachevé : la résolution est incomplète, nombre d’interrogations demeurent en suspens, et l’on en vient à regretter qu’Anaïs Vachez, dont le talent est indéniable, n’ait pas davantage creusé le sillon de l’originalité ou conclu cet Elèves de l’ombre sur une note moins attendue.

    Pour résumer, un livre très agréable et qui se laisse lire, mais qui propose davantage de questions qu’il n’offre de réponses. Mais peut-être était-ce le but de l’écrivaine que de susciter ces énigmes dans la tête de ses lecteurs et de leur laisser conclure l’ouvrage à leur guise.

    28/09/2021 à 07:21

  • Géants

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    7/10 Parce qu’il vient d’entendre son véritable nom, Thorgal, devenu Shaïgan suite à un enchantement de Kriss de Valnor, s’isole avec un prisonnier : va-t-il recouvrer la mémoire ? Un épisode, proche d’une foudre, va le conduire aux côtés de la belle Swanée puis vers une expérience fantasmagorique où il sera notamment… rapetissé. De nouveau un souffle épique de grande qualité, et un opus qui marque un net virage dans la série. Vraiment bon.

    27/09/2021 à 15:32 3

  • La Nuit des requins

    Jean-Christophe Tixier

    8/10 Pour l’anniversaire de Camille, sa demi-sœur qui va fêter ses huit ans, la famille se réunit sur une île privée appartenant au beau-père de Léo, dix-sept ans. Heureux de l’événement, même si Lisa, sa copine, lui manque, Léo voit débarquer deux inconnus cagoulés à la réception. Le pacte est simple : un virement d’un million d’euros en échange, sinon, les malfrats partiront avec Camille. Les quatre séquestrés sont pris au piège… Mais Léo va tout de même tenter quelque chose.

    Après Le Centre de Fabien Clavel et Témoins à abattre d’Olivier Gay, voici le troisième opus policier de la collection « Flash fiction » qui, rappelons-le, est destinée aux lecteurs n’aimant pas lire, présentant une « dys », et dont le vocabulaire ainsi que d’autres paramètres ont été soigneusement étudiés afin de convenir au plus grand nombre. Ici, Jean-Christophe Tixier propose un scénario certes classique, mais dont les rouages et l’intelligence du récit sont patents. Les quatre membres d’une famille retenus prisonniers sur une île, deux malfaiteurs à leurs côtés ainsi qu’un troisième à l’extérieur, le temps impétueux, la mer démontée, et un adolescent prêt à tout pour sauver les siens. Tentative d’évasion, sabotage, stratagème courageux : Léo attire sur-le-champ la sympathie, et les efforts qu’il déploie sont nobles et héroïques. Pas le moindre temps mort durant cette centaine de pages, fort bien écrites, réservant quelques beaux symboles, comme cette analogie presque finale entre les bougies soufflées par Camille et les fusées de détresse.

    L’auteur de la récente – et excellente – Affaire Diego Abrio et de tant d’autres ouvrages pour la jeunesse nous régale d’un bout à l’autre avec ce roman efficace qui compose, en outre, une porte d’entrée réussie à la bibliographie si riche de Jean-Christophe Tixier.

    27/09/2021 à 07:18 2

  • Albedo, l'oeuvre au blanc

    Jérémy, Alexandro Jodorowsky

    8/10 Ça commence fort : un nain dont la voix est si puissante qu’elle tue des boucs (je vous jure, je suis à jeun) avant de les ressusciter avec un autre hurlement (pas un verre, je vous dis). Asiamar se fait méchamment engueuler par Imhotep et les autres alchimistes immortels, avale un champignon vénéneux et croit mourir quand il revient du coma avec une mission : assassiner Napoléon Bonaparte. Ce dernier, ogre ambitieux, a vécu une curieuse expérience en Egypte, a acquis une véritable force hypnotique et menace le sort de l’humanité.
    Je retrouve avec plaisir ce cocktail détonnant d’arts martiaux, de combats à la « Matrix », de complots, de phénomènes occultes, avec un prétexte historique auquel se mêle un grand n’importe quoi (l’intervention de Beto, le singe géant, face aux hommes de Napoléon, par exemple), le tout servi par un graphisme remarquable et mémorable. Une série que je recommande chaudement, ne serait-ce que pour la juger soi-même. Je la continue d’ailleurs de ce pas avec entrain.

    24/09/2021 à 18:37 1

  • Feuille

    José Robledo, Marcial Toledano

    6/10 Le deuxième opus commence avec une partie de poker que gagne TJ, et l’on se rend rapidement compte que les mensonges, entraperçus dans la première BD, sont en fait beaucoup plus importants. On comprend enfin la raison du nom donné à la série, mais, même si les auteurs brouillent les pistes en alternant les genres, j’ai bien moins aimé ce volume que le précédent. Une tueuse à gages sans merci, presque indestructible, des coucheries et autres trahisons entre nos protagonistes, je n’ai pas des masses apprécié ce virage. Néanmoins, il ne me reste qu’une BD pour terminer cette série, je m’y colle rapidement.

    23/09/2021 à 18:48 2

  • Crime au « Bar du Peuple »

    René Byzance

    7/10 8 août 1946, à Saint-Crépin. Gonzague Raveau, dit « Le Professeur », a quitté le tumulte parisien pour choisir d’être affecté dans une brigade mobile. Comme il n’est guère argenté, il est descendu au « Bar du peuple », tenu par Victor et Martine. Mais le crime semble collé aux basques du policier : on retrouve Martine au matin, égorgée, une feuille en partie déchirée dans la main, le tiroir-caisse vidé.
    Une intrigue fort sympathique pour une enquête bien et rondement menée par ce Professeur, limier intéressant, solitaire et sociable, malin et doué pour déchiffrer les énigmes humaines, mais aussi capable d’un sacré coup de bluff final pour faire craquer un criminel. L’histoire, courte, nous fera remonter jusqu’à un passé, quelques années plus tôt, stationné à Douala, au Cameroun. Un ton très agréable, une prose qui se paie le luxe de se montrer appétissante, cherchant les beaux mots au lieu de simplement se montrer descriptifs et, même si j’ai trouvé le final un peu abrupt, voilà un texte qui m’a réjoui.

    22/09/2021 à 20:07 1

  • Akumetsu tome 11

    Yoshiaki Tabata, Yûki Yogo

    7/10 La confrontation entre Akumetsu et Gamon ainsi que les hommes de ce dernier se poursuit dans le pavillon… avant de repartir aussitôt sur la Lamborghini Countach sur laquelle est agrippé le corrompu. Un manga aussi fou-fou que les précédents, avec ses pamphlets contre les corruptions politico-financières, avec un nouvel adversaire, Kenzô Michinaga, et agrémentés d’un petit rappel historique quant à la construction des routes dans le Japon de l’après-guerre. Vraiment plaisant et distrayant, dans le ton comme dans la forme.

    20/09/2021 à 16:39 1

  • Blaze

    Stephen King

    8/10 … ou comment Clay Blaisdell Junior, jeté gamin plusieurs fois du haut de l’escalier par son paternel au point d’en être resté intellectuellement amoindri, en vient à élaborer un plan avec son copain George : enlever un gamin pour se faire de l’argent, en l’occurrence Joe Gerard. Sauf que, bien évidemment, rien ne va se passer comme prévu, d’autant que George est mort et que Blaze, bien plus bête que méchant, n’est pas au bout de ses propres bêtises. Dès la préface, l’immense Stephen King explique le cheminement de son texte, les références qui sont les siennes (depuis Jim Thompson jusqu’à Cain et McCoy en passant par « Des Souris et des hommes »), et l’on voit de quel type d’ouvrage il va s’agir : une forme d’hommage à une littérature ancienne, presque perdue, typiquement américaine. Je me suis sans mal laissé prendre par l’écriture du maestro, et me suis pris de sympathie pour ce colosse de Blaze à l’intérieur duquel s’agite encore un petit enfant perdu, de même que j’ai pas mal ri de ses propres âneries (quand il revient sur les lieux de son hold-up en indiquant au propriétaire que, cette fois-ci, il n’a pas oublié de se mettre un bas sur le visage, ou quand il donne son nom complet à l’opératrice téléphonique pour appeler les parents du babiche kidnappé, ne se rendant compte de sa bourde que deux heures plus tard). J’ai également apprécié la construction du livre, avec des flashbacks pour nous expliquer le cheminement psychologique et moral de Blaze, les moments qui ont marqué sa jeunesse (le pensionnat, le chien tué, son déniaisement, sa rencontre avec George, leurs larcins, etc.), flashbacks qui, intelligemment, ne se présentent pas par ordre chronologique. Pas mal d’émotion également dans la relation naissante entre notre (anti)héros et le poupon, et quelque chose d’intéressant dans celle entre Blaze et George, décédé d’un coup de couteau à cran d’arrêt mais s’adressant toujours à son camarade (ou plus exactement à son cerveau perturbé). Bref, un bien bon moment de lecture, même si quelques passages sont attendus (notamment le final) et d’autres déjà lus ailleurs, mais j’ai véritablement trouvé de la densité et de l’humanité dans ce roman marginal de Stephen King, qui mérite amplement d’être (re)découvert, ne serait-ce que par cette agréable note dissonante et néanmoins réussie qu’il constitue au sein de sa bibliographie.

    16/09/2021 à 18:36 3

  • Le Meurtre d'un ange

    Frédéric Sipline

    3/10 Tancrède Ardant s’apprête à cambrioler le château de Labrouhe où réside la famille de Bonnay lorsqu’il observe le spectre évanescent d’une jeune et belle dame puis découvre le cadavre d’une femme, étranglée. Il revient alors au château en rapportant le butin volé et fait du chantage auprès de Mechthilde, la sœur de Mathilde, la défunte, pour rester quelque temps sur place et mener son enquête.
    Une enquête qui commence de façon intrigante, avec cette histoire de fantôme et de cambrioleur au cœur bien plus grand et sensible que ne le laissent présager les apparences. Ce Tancrède Ardant, en réalité Laloy, est habile de ses mains, souple et athlétique, et plutôt perspicace, même si sa tendance à soliloquer a eu tendance à me taper sur le système. Mais pour le reste du récit, mon intérêt s’est vite arrêté là : paradoxalement, une nouvelle qui présente des longueurs, un mobile ordinaire de façon abyssale, des personnages stéréotypés (mis à part le père des sœurs, certes malade mais capable de pas mal de promesses de sévices pour démasquer l’assassin de l’une de ses filles), un ton agréable mais pas phénoménal, une intrigue qui est tout sauf mémorable, une fin si gentillette, si sucrée, qu’elle en devient risible, et le fait que ça n’est finalement pas Tancrède qui résout l’énigme, le relayant au rang de cambrioleur certes zélé et bienveillant, mais finalement assez fadasse. Bref, sans être un ratage complet, cette nouvelle est à mes yeux un joyeux fiasco.

    15/09/2021 à 17:44 2

  • Hors-la-loi

    Robert Muchamore

    8/10 Fay Hoyt a eu une enfance brisée. Quand elle avait dix ans, elle est rentrée du supermarché pour découvrir sa mère découpée en morceaux. Quelques années plus tard, sa tante, avec laquelle elle faisait des cambriolages visant des malfrats, a été étouffé en prison alors qu’elle attendait son procès. Elle-même a fini en détention après avoir salement blessé un policier à la joue. La racine commune de ces malheurs ? Erasto Ali Anwar, dit « Hagar », trafiquant de drogue et individu redoutable. Fay est déterminée à le punir, et l’unité CHERUB va tout faire pour l’aider dans sa croisade vengeresse.

    Ce quatrième opus de la série Aramov est une pure réussite. On est immédiatement subjugués par le style de Robert Muchamore, vif et efficace, qui nous plonge au cœur de l’action. Pas le moindre temps mort au sein de ce roman destiné aux jeunes, certes, mais dont certains passages – dialogues parfois crus, passages à tabac, tortures et exécutions – tendent également à s’adresser à un public plus âgé. On y suit la quête de Fay, petit bout de femme de quinze ans qui a vu sa mère puis sa tante assassinées par le terrible Hagar, trafiquant de drogue anglais dont les activités sont très diversifiées et la personnalité intimidante. Dans le même temps, l’organisation CHERUB, grâce à laquelle Robert Muchamore a conquis un très large lectorat, va s’intéresser de près à ce puissant gangster, avec l’envoi de deux de ses agents, Ning et Ryan, infiltrer son gang, développer une guerre ouverte avec une bande concurrente et tâcher de le démanteler en faisant apparaître au grand jour qui sont les réels donneurs d’ordres. Un travail qui n’ira pas sans s’accompagner de coups de force, fusillades, intimidations et autres éclats de violence

    Robert Muchamore nous régale d’un bout à l’autre avec ce livre enfiévré et trépidant, où la dureté de quelques scènes fait légitimement écho à la brutalité des monstres qu’il s’agit ici de foudroyer.

    13/09/2021 à 20:19 3

  • La Couronne d'Ogotaï

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    6/10 Thorgal, encore sous le charme et devenu Shaïgan-sans-merci, reçoit un coup de couteau dans le dos tandis que Kriss de Valnor se poignarde et se défenestre. Joal, Darek et Lehla subissent une énorme tempête et naufragent. Jolan est recueilli par un dénommé Jaax, et le voilà de retour dans le village des Xinjins grâce à un voyage temporel, trente mille ans plus tard. La couronne d’Ogotaï pourrait permettre à Jolan de se déplacer dans le temps pour sauver son père et intervenir avant son assassinat. Un thème du déplacement dans le temps assez classique mais bien exploité, pour une BD plutôt prenante quoique parfois un peu bavarde à mon goût.

    12/09/2021 à 20:20 2

  • La Marque des bannis

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    6/10 Alors qu’Aaricia, Jolan et Louve sont sans nouvelles de leur père, un dénommé Erik est de retour au village, blessé, et prétend que le terrible Shaïgan-sans-merci qui règne sur les flots avec son bateau d’assaut n’est autre que Thorgal. Aaricia est marquée au fer rouge au visage comme tous les bannis, puis elle et ses deux enfants sont ostracisés. Un tome qui a le mérite de s’intéresser d’un peu plus près à Aaricia et à ses gamins, et qui, sans être mémorable, fait la part belle aux enfants puisque ces derniers ne vont pas manquer de ressources ni de courage pour se dresser contre l’adversité.

    11/09/2021 à 16:43 2

  • Crépuscule

    Jean-Luc Istin, Jacques Lamontagne

    7/10 Gwenc’hlan et ses amis druides risquent leur vie face aux hommes de Verus tandis que les Pictes s’en prennent aux Vikings. Le frère Gwénolé est toujours pris de remords pour ses mauvaises actions, et cette fois-ci, l’action va se poursuivre en Amérique du Nord. Les ultimes révélations apparaissent, dévoilant la teneur du complot, un peu trop attendue et téléphonée à mon goût, pas de quoi tomber de sa chaise, mais l’ensemble est finalement plutôt bien mené. En revanche, surprise avec un meurtre sauvage dans la dernière image qui relance la série et nous mène directement vers les trois derniers tomes.

    11/09/2021 à 16:41 1

  • Orphelines

    Franck Bouysse

    8/10 Elle s’appelait Michèle Partenay, et un homme vient de découvrir son cadavre dans une carrière de tuf. Mains et pieds tranchés. Pour enquêter sur ce crime atroce, deux policiers : Bélony et Dalençon, des professionnels que tout oppose, ce qui n’empêche nullement une forme indéniable de camaraderie. Et il va leur en falloir, de l’affection, pour remonter la piste de ce tueur, puisque d’autres corps ne vont pas tarder à être retrouvés.

    De Franck Bouysse, on connaît principalement, entre autres, Né d’aucune femme, Grossir le ciel, Glaise, ou encore son dernier ouvrage, Buveurs de vent, et c’est avec plaisir que l’on (re)découvre ce Orphelines, écrit en 2013. Le texte est très court (environ deux cents pages), et l’on retrouve l’écriture si magnifique de l’auteur, empreinte de poésie et de lyrisme, au point que l’on s’attarde à de nombreuses – et délicieuses – reprises pour lire et relire certains passages. Par exemple, le portrait qui est dressé de l’une des victimes de l’assassin, Eva Myskina, dont le père a été l’un des sacrifiés, pardon, l’un des « liquidateurs » après la catastrophe de Tchernobyl, est un pur festin de mots et de maux. Les deux protagonistes retiennent également l’attention. Bélon est un policier bourru dont l’épouse vient de décéder après un long coma, rejoignant dans le trépas leur fille unique Mathilde après un terrible accident de la route. Dalençon est également une enquêtrice fort sympathique, errant d’une liaison sans lendemain à une autre, et dont les parents coexistent de façon mémorable. Entre ces deux limiers, une puissante fraternité, une amitié forte, presque une relation de substitution père-fille, qui va être mise à l’épreuve par cette traque au prédateur. Le tueur en série détonne avec cette mise en scène de corps massacrés, cabossés, reproduisant un schéma peu conventionnel, et laissant sur ses proies des messages énigmatiques – une partition du Temps des cerises, un extrait d’une chanson de Christophe, des aliments bien particuliers dans le système digestif de ses victimes, etc. Les pages, peu nombreuses, défilent à toute allure et sans le moindre temps mort, et l’on ne finit par regretter qu’un léger manque d’originalité dans le profil psychologique du monstre.

    Un roman prenant et efficace, où la forme – remarquable et enivrante – l’emporte, voire magnifie le fond, et où la plume de Franck Bouysse s’impose comme une poétesse de premier ordre.

    10/09/2021 à 05:52 4