El Marco Modérateur

3740 votes

  • Papillon de nuit

    David Belo

    8/10 Tiffany Malcolm n’est plus que l’ombre d’elle-même : la photographe est devenue une junkie qui se scarifie après le kidnapping de sa fille Lily. Alors qu’elle lutte encore pour survivre, elle essaie une drogue nouvelle qui la catapulte dans cette ville d’Opatoma qu’elle continue d’arpenter, mais près de deux-cents ans plus tôt. C’est alors qu’elle découvre un sinistre personnage affublé d’un tricorne qui pourrait être le monstre qui a enlevé Lily. Mais est-ce seulement possible ?

    Après nous avoir enchantés avec Mon Ami Charly, David Belo nous revient avec ce thriller dont le pitch interpelle et allèche. Dès les premiers paragraphes, on trouve un rythme solide autour d’un récit qui sait se faire audacieux et sombre. Tiffany – dite Tiff – est une protagoniste prenante et l’on ne peut que nourrir des sentiments ambivalents à son égard, de l’empathie après la disparition de sa fille unique mais aussi une pointe de surprise quand on apprend les circonstances de la mort de celui qui était le père biologique de la gamine. La suite des événements est particulièrement échevelée : une mystérieuse maladie appelée la « Jouivénile », des voyages temporels, un étrange John MacDugall lié au passé de la ville, des Mohawks, un phare qui recèle bien des secrets, une vengeance venue de loin… L’auteur multiplie les fausses pistes autant que les pièces du puzzle et le dénouement, réussi, se nourrit de cette préalable multiplicité d’éléments – un dédale saturé de rideaux de fumée – pour proposer cette résolution singulièrement forte.

    Dans ses remerciements finaux, David Belo qualifie cette ville fictive d’Opatoma de « terrain de jeu inépuisable et insatiable » : on se plaira donc à lire ses prochains ouvrages, en espérant sincèrement que leur originalité et leur fougue soient au moins égales à celles découvertes dans ce livre.

    19/08/2025 à 07:45 2

  • Qaanaaq

    Frédéric Mars

    8/10 Liang, Hawford et Ullianson : trois ouvriers retrouvés morts au Groenland, visiblement massacrés par un ours. Problème : il a fallu crocheter une serrure auparavant, et d’autres indices viennent contredire la piste animale : « absence de bave sur les plaies des victimes, la langue lavée post mortem ». Le policier Qaanaaq Adriensen vient aider la maréchaussée locale, lui qui vient de cette partie du monde, sans savoir qu’il va mettre les pieds dans un sacré guêpier.
    Mon premier Mo Malo, et ça ne sera probablement pas le dernier tant ce thriller m’a plu. Accro dès les premiers chapitres, malgré l’épaisseur relative de l’ouvrage (environ 550 pages), je n’ai jamais décroché. Une magnifique peinture des mœurs locales, avec une très solide documentation pour venir étayer un récit passionnant et hautement addictif, même si l’auteur enchaîne parfois des éléments scénaristiques déjà lus ou vus auparavant. Entre sordides histoires de famille et complots politiques, quête du pétrole et immersion dans l’histoire groenlandaise (la partie liée au projet Icesworm, par exemple, est remarquable), un magnifique puzzle où la plupart des chapitres s’amorcent avec une référence au travail photographique de Qaanaaq que j’aurai plaisir à retrouver plus tard. « En passe de devenir une véritable affaire d’Etat, aux ramifications dignes d’un thriller », est-il écrit vers la fin pour qualifier cette enquête : je ne peux qu’être d’accord.

    16/08/2025 à 07:55

  • Tirs à vue

    Christophe Arleston, Serge Carrère

    6/10 Match d’ouverture de la Coupe du monde de football : l’Ecosse affronte le Brésil. Ronaldo est proche de la cage adverse quand un pirate informatique indique qu’il coupera les prochaines transmissions télévisées si on n’accepte pas son chantage tarifé.
    Un douzième épisode aussi jubilatoire que les autres, avec ses caractéristiques si facilement identifiables : un humour incessant, de folles courses-poursuites devenues en quelque sorte la griffe de la série. Les amateurs de foot apprécieront de voir quelques-unes de leurs stars apparaître (et même botter le derrière d’un militant corse). L’intrigue n’est pas la plus phénoménale du lot (il y en a même une seconde dans le dernier tiers de la BD) mais c’est un joli clin d’œil que les fans de sport apprécieront. Sympa, mais pour moi qui ne suis pas un aficionado du ballon rond, c’est vraiment sans plus.

    14/08/2025 à 21:31

  • Le grand désordre de l'an 1

    Xavier Fourquemin, Régis Hautière

    6/10 Un deuxième tome aussi sympathique que le précédent, où nos si jeunes héros vont se rendre dans une ferme abandonnée se trouvant dans la carrière dite de Misery. Même si le scénario n’est factuellement pas révolutionnaire, le récit est gentiment mené, et cette petite histoire sympathiquement policière se mêle à la grande Histoire.

    14/08/2025 à 21:29

  • Density tome 1

    Lewis Trondheim, Vince

    3/10 Chloé, son frère Gilles, sa sœur Gaëlle et une amie prénommée Amina passent leurs vacances aux Etats-Unis quand, en plein désert, ils tombent sur un extraterrestre qui électrocute Chloé. L’ADN de la jeune femme a ainsi été modifié, ce qui lui permettra, d’après ce gentil alien, de lutter contre une prochaine invasion de vilains extraterrestres.
    Dessins très moyens, scénario basique, récit plan-plan, rythme mollasson, absence de véritable humour, ensemble insipide et sans grand intérêt : une sacrée déception. Je pense que je vais m’arrêter là.

    14/08/2025 à 07:37 1

  • Obsédé par le meurtre

    Rylie Dark

    6/10 En Alaska, un pêcheur récupère le cadavre d’une jeune femme inuite dans un lac gelé. C’est aussi le moment où Sadie Price, agente du FBI, rejoint cet Etat dont elle est native, encore obnubilée qu’elle est par la mort mystérieuse de sa sœur il y a quinze ans de cela quand elle n’avait que dix-sept ans, également noyée dans un lac. Aidant le shérif local et son adjointe (qui est également la sœur de ce dernier), elle va tout mettre en œuvre pour arrêter ce tueur, potentiellement en série.
    Un ouvrage typique de Rylie Dark, caractérisé par les mêmes constitutifs que ses autres récits : protagoniste féminine rongée par un drame intime, écriture simple, pas mal d’éléments déjà lus ou vus ailleurs bien des fois, le tout au service d’une lecture distrayante, sans chichi, mais globalement efficace. On y retrouve son lot de fausses pistes, de la prostitution aux drogues en passant la culture inuite et par un prêtre farouchement opposé aux pratiques des autochtones et à leurs rites qualifiés de « païens ». L’ensemble est maîtrisé, le dernier tiers est même assez nerveux avec l’inévitable confrontation avec le tueur, et Sadie va apprendre des lèvres agonisantes de ce dernier que son propre père pourrait avoir un lien avec la mort de Jessica, sa sœur. Quand tombe l’identité de l’assassin, on n’est franchement ni surpris ni choqué, et c’est davantage la mécanique globale, plutôt réussie et efficace, qui retient l’attention. Bref, de la littérature policière suffisamment prenante pour nous embarquer du début à la fin, mais sans passage mémorable ni rebondissements fameux.

    13/08/2025 à 07:59

  • Friends Games tome 1

    Yuki Sato, Mikoto Yamaguchi

    6/10 Yûichi Katagiri est en deuxième année au lycée, et il est parvenu avec quatre de ses amis à réunir les deux millions de yens – un peu plus de douze mille euros – nécessaires à un voyage scolaire. Problème : le pactole a été volé. Réunis par de mystérieuses lettres, les cinq camarades tombent dans un traquenard, sont enlevés et séquestrés dans une pièce carrelée. Ils sont alors contraints de participer à une série de jeux au cours desquels leur amitié va être mise à rude épreuve.
    Un graphisme très plaisant et une tension psychologique constante, sans violence ni sang, qui joue plutôt habilement sur des codes déjà bien éprouvés. Cependant, je n’ai pas accroché plus que ça au scénario – peut-être justement à cause de ce manque d’originalité dans le fond comme dans la forme –, d’autant que je suis resté plutôt hermétique au calcul des dettes et à l’usage de ce jeu typiquement japonais qu’est le kokkuri. A voir si je poursuis la série, du coup.

    11/08/2025 à 07:59

  • Tonnerre à l'ouest

    Jean-Michel Charlier, Jean Giraud

    7/10 Un deuxième tome dans la droite ligne du précédent, aussi distractif que gentiment suranné, et même si certains passages semblent peu crédibles (le coup du tonneau d’explosif qui détonne pile au moment où la diligence est attaquée par les Indiens) et notre héros incroyablement dur au mal, l’ensemble demeure très plaisant en plus de ressusciter chez l’amateur de westerns anciens que je suis d’agréables souvenirs.

    09/08/2025 à 07:52 1

  • Reid Eckart

    Jean-Luc Istin, Erwan Seure-Le Bihan

    7/10 « Les nettoyeurs de l’espace » : voilà ce que sont en réalité ces Snipers, et l’un d’entre eux, Reid Eckart, décide de se rebeller contre sa hiérarchie, refusant de bousiller des autochtones qui ne méritent pas de l’être. Scénario intéressant, esthétique prenante, personnages « bad ass » (« Sparte, c’est nous ! ») : rien de franchement révolutionnaire pour le genre, mais suffisamment d’action pour rendre prenant et efficace.

    08/08/2025 à 06:51

  • La Femme parfaite

    Blake Pierce

    6/10 Jessie Hunt et son compagnon Kyle Voss viennent d’emménager dans le comté d’Orange, en Californie, fuyant Los Angeles pour un cadre plus agréable et coller au nouvel emploi de Kyle. Elle, étudiante en psychologie judiciaire, a suivi son homme plus qu’elle n’aspire à cet environnement de cancans, de femmes au foyer esseulées en journée par leurs époux respectifs. Mais elle comprend assez vite qu’ici, quelque chose ne tourne pas rond, et cela pourrait faire ressurgir les démons de personnalités tourmentées.
    Blake Pierce, je connais, et ce nouvel ouvrage vient souligner ce que j’en pense habituellement : c’est loin d’être extraordinaire mais c’est aussi loin d’être médiocre. Ici, on est davantage dans le « domestic suspense », sans grosse fièvre ni puissants frissons. Une ambiance d’abord très provinciale, avec la petite communauté des femmes locales, un club étrange autochtone (le « Club Deseo »), et il faut attendre l’entame du dernier tiers du récit pour qu’il y ait un meurtre. Blake Pierce mise donc tout sur l’ambiance, et à défaut d’être ensorcelant, c’est au moins correct. On retrouve les clichés du genre, avec Jessie se rendant dans cet hôpital psychiatrique où se trouve le taré Bolton Crutchfield qui en sait tant sur son passé, et les ultimes mots qui tombent des lèvres de notre héroïne sont tellement éculés qu’ils en sont presque risibles. Cependant, l’ensemble est plutôt sympa à suivre, sans tueur en série après lequel court notre jeune doctorante, et l’on a droit à un roman assez plaisant qui ne bouscule pas les genres ni ne renverse la table. Une lecture honnête, en somme.

    06/08/2025 à 08:02

  • Jour Z

    Jean-Luc Istin, Phil Vandaële

    8/10 Susann Cross : c’est la dernière victime en date d’Alice Matheson. Ce que fait cette dernière ? Elle tue ses patients avant de les ramener à la vie, sous la forme de zombis. Et les différentes personnages vont vite comprendre que la transmission de ce virus va être aussi rapide et brutale qu’une hémorragie.
    Un premier tome qui joue habilement sur le code des BD mettant en scène des morts-vivants. L’histoire peut sembler plutôt classique mais les dessins sont excellents, le scénariste a évité le poncif des inévitables bastons avec les créatures, l’ambiance dans l’hôpital est sacrément lourde, et les dernières planches où Alice se fait prendre la main dans le sac propulsent directement le lecteur vers le tome suivant.

    05/08/2025 à 07:56 1

  • L'Île

    Tomm Bulyne, Cee Cee Mia

    6/10 Adaline Parker, la fille d’un célèbre basketteur, est envoyée à l’hôpital après un banal accident, et ses deux parents décèdent. Elle manifeste d’étranges symptômes et on l’envoie sur une île dédiée aux orphelins. A priori, le lieu est paradisiaque, mais une menace zombie plane sur une frange de ces orphelins destinés à nourrir les autres.
    Rien de bien détonant pour ce premier tome, avec un graphisme agréable mais l’histoire est somme toute très banale : les expérimentations, la lutte pour la survie, le côté complotiste, un soupçon de romance avec Kareem, etc. Ça se laisse lire mais ça ne sort guère du lot.

    04/08/2025 à 08:07 1

  • Calvin Wax

    Fred Duval, Corentin Rouge

    8/10 Le portrait d’un sombre personnage néonazi selon qui « le Président Sheridan est devenu une menace pour notre civilisation ». Un opus davantage tourné vers les tensions, les jeux de pouvoir, le chantage et la politique que vers l’action pure, tout ça autour du supposé suicide de Julia Brooks. Une belle réussite.

    03/08/2025 à 07:54 1

  • Gannibal tome 12

    Masaaki Ninomiya

    9/10 La fête de l’offrande est imminente, au même titre que ne l’est l’assaut des forces d’auto-défense. Un récit toujours aussi sombre et torturé, saturé de ténèbres, génial dans l’histoire comme dans le graphisme. Cet avant-dernier tome est de toute beauté – une beauté enténébrée, évidemment.

    02/08/2025 à 08:07 2

  • Spirit of Bourbon

    Luc Brahy, Thierry Cailleteau

    5/10 Un bootlegger, Doyle Doohan, est assassiné par des hommes de main dans la Virginie de 1922. Sa fille Julie, est doctorante à l’université et si elle est dévastée par l’annonce de la mort de son père, elle compte bien reprendre les affaires laissées vacantes et se venger.
    Un premier tome qui mise tout sur l’action, au détriment d’un scénario guère original et de personnages assez stéréotypés, avec même des moments déjà lus ou vus bien souvent (l’attaque massive du troupeau dans la ville, par exemple). C’est dynamique et plutôt distrayant à défaut d’être mémorable ou franchement intéressant.

    01/08/2025 à 07:44 1

  • Kill or be killed – Tome 1

    Ed Brubaker, Sean Phillips

    8/10 Las de sa vie, se sentant trompé par la seule femme qu’il aime, le jeune Dylan se suicide en sautant du haut d’un immeuble… et survit. Mais un démon se rappelle vite à son bon souvenir et lui ordonne de tuer une personne mauvaise par mois (« On va appeler ça ton loyer »). Agresseurs dans le métro, pédophiles, proxénètes, mafieux : l’hécatombe va commencer.
    Graphiquement, c’est magnifique. Scénaristiquement, c’est classique mais très bien pensé, habile et huilé. Un véritable régal pour les yeux sans pour autant tomber dans les clichés du genre puisque la psychologie est finement épluchée.

    31/07/2025 à 07:48 2

  • Regarder le noir

    Ouvrage collectif

    8/10 Un ouvrage de nouvelles que j’ai beaucoup aimé. De base, j’aime ce format : la concision, l’obligation pour les auteurs d’aller à l’essentiel, la quête de ma chute, et je dois dire que le sujet me plaisait également. Et je dois dire que globalement, je m’en suis pris plein les yeux. Certains écrivains m’ont littéralement aveuglé : celui d’Olivier Norek, le premier, qui met dans l’ambiance et m’a bien eu sur le final. Julie Ewa qui nous fait voyager dans le monde des enfants rendus esclaves et dont les turpitudes ne sont jamais finies, même lorsqu’on le pense. Barbara Abel et Karine Giebel, avec leur récit commun très sombre et d’où surgissent à la fois une puissante désespérance et une poignante émotion. Claire Favan, avec ce texte si différent des autres, post-apocalyptique, marin et d’une certaine manière lié à l’eugénisme, très bien trouvé et mené, proche selon moi de l’univers de celui de Serge Brussolo. René Manzor m’a bien surpris également avec son ambiance anxiogène et très cinématographique, d’autant que je me suis laissé prendre par l’épilogue, inattendu. En revanche – et c’est le lot de tout spicilège, d’autres étaient certes bons mais moins marquants à mes yeux. Celui de R. J. Ellory est bon, certes, mais peut-être un eu trop lointain du sujet de ce recueil malgré son titre (« Private Eye »). « The OX » de Fred Mars est très agréable à suivre mais, malgré sa thématique olé-olé et son sujet atypique, le côté « Usual Suspects » était un peu trop facile à deviner avec une chute du coup un poil téléphonée. « Tout contre moi » est davantage de la littérature blanche que noire malgré sa noirceur, mais les accords grammaticaux, lorsque l’on est attentif et qu’on les remarque, tuent un peu le final, ce qui est dommage. « Anaïs » de Fabrice Papillon ne m’a pas trop convaincu non plus, trop classique selon moi, idem pour « La Tache » de Gaëlle Perrin-Guillet. Enfin, « Transparente » d’Amélie Antoine a littéralement pompé l’idée de « La Moustache » d’Emmanuel Carrère, et la phrase du SDF est beaucoup trop attendu. Alors arithmétiquement parlant, ça serait du 7/10 en moyenne, je pense, mais j’ai tellement apprécié le concept et la diversité des variations que je pense au final pour 8/10.

    29/07/2025 à 07:03 3

  • Le Diadème de la Princesse de Lamballe

    Takashi Morita

    7/10 En cette France du début du XXe siècle, les journaux bruissent d’une nouvelle retentissante : Arsène Lupin a encore sévi en s’introduisant dans la demeure du directeur de la banque Daley. Une réinterprétation de l’œuvre de l’immense Maurice Leblanc, agréable et aussitôt prenante, même si ce manga est un peu longuet parfois (quelques dizaines de planches en moins, ça n’aurait rien eu pour me déplaire), et un écueil très subjectif que je retrouve assez souvent dans les adaptations en manga : des visages trop semblables au point d’en être parfois interchangeables, ce qui rend certains passages visuellement confus, d’autant qu’il y a quelques détails anachroniques ou liés à la volonté du mangaka de coller à des codes purement japonais, comme cette pratique du jiujitsu (en France dans les années 1900 ? Mouais…). Mais cet opus demeure plaisant.

    26/07/2025 à 08:08 1

  • Impact

    Olivier Norek

    9/10 Virgil Solal, ancien soldat, a un compte à régler avec les pollueurs à qui il attribue la mort de son bébé, mort dès ses premières respirations à cause de l’air vicié. Il enlève et séquestre le P-DG de Total et se fait un devoir de rallier à lui la population et les médias en rendant publique cette croisade. Face à lui, un policier, Nathan, et une psychocriminologue, Diane. Le compte à rebours est lancé.
    Un thriller d’une excellente tenue, à la fois court, dense, d’une rare force de percussion et impossible à lâcher. J’ai beaucoup apprécié la prose d’Olivier Norek, puissante, hachée, parfois fulgurante, parfois chargée d’émotion. Des chapitres concis, un rythme haletant, des pauses orchestrées de temps en temps pour alerter sur le sort du monde, et une mécanique narrative impeccable. Un ouvrage très dans l’air du temps – ce qui n’est pas nécessairement pour moi un défaut, seulement qu’il correspond à une légitime interrogation sociétale et contemporaine, très marquante, dont je conserverai longtemps le souvenir, notamment en raison de l’intelligence de l’histoire, de moments mémorables – les individus aux masques de pandas, les scènes presque finales du procès, l’empathie des deux enquêteurs pour ce « criminel », etc. Deux bémols cependant : si la documentation est plus que solide, la surabondance de données et de faits nuit parfois à la fluidité du récit. D’autre part, le final ne correspond pas à l’idée que je pouvais m’en faire : trop heureux, trop bienveillant, trop saturé d’espérance. Je me doute qu’Olivier Norek est un optimiste qui y manifeste son espoir d’un monde meilleur, mais ce qui suit cette ellipse d’une vingtaine d’années m’a semblé trop florissant et béat pour être définitivement crédible et en adéquation avec la noirceur des propos antérieurs. Cependant, voilà un ouvrage percutant et ajusté pour distraire et surtout, alerter les consciences qui ne seraient pas encore averties par ce sujet brûlant.

    25/07/2025 à 07:41 3

  • Sans issue

    Rylie Dark

    6/10 Carly See, agente du FBI, est confrontée à une étrange affaire : un tueur en série qui laisse ses victimes – des jeunes femmes – avec des sonnets de Shakespeare dans la main. Sauf que Carly, en plus de ses capacités purement professionnelles bien aiguisées, a un talent très particulier : depuis la disparition de sa sœur Megan, elle est capable de communiquer avec les esprits des défunts. La médium et enquêtrice saura-t-elle mettre hors d’état de nuire ce prédateur si particulier ?
    Un nouvel ouvrage de Rylie Dark au compteur de mes lectures, et c’est plutôt bon. Une histoire simple et attendue mais prenante et globalement réussie, une protagoniste correspondant aux canons des Blake Pierce, Ava Strong et auteurs consorts, un rythme solide et une structure agréable. Ici, Carly compose un personnage parfois caricatural, au même titre que d’autres (le député paranoïaque qui est le père de la première victime, l’enquêtrice meurtrie par la disparition de sa sœur cadette et soumise à de terribles visions, le tueur en série persuadé d’avoir un lien fort avec William Shakespeare, etc.), mais l’ensemble est rondement mené et offre quelques heures d’une lecture distractive. Effectivement, il y a mieux ailleurs, mais certains passages (comme l’expérience de privation sensorielle) nourrissent plaisamment l’ensemble. Bref, pas de la grande littérature ni une lecture mémorable, mais un récit suffisamment efficace.

    21/07/2025 à 08:01