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Je suis une légende
8/10 J'en garde le souvenir d'une lecture passionnante et intelligente, parsemée de réflexions sur l'individu. Comme le dit Horatio, le texte n'est pas à confondre avec sa plus récente adaptation cinématographique. Cela n'a rien d'un thriller survitaminé ponctué de scènes d'action. C'est avant tout le récit d'un homme lambda et esseulé essayant de survivre dans un univers hostile.
12/01/2014 à 12:05 2
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L'antizyklon des atroces
7/10 Je garde un bon souvenir de cette enquête du Poulpe, lue il y a longtemps. Un côté espionnage pas déplaisant pour une intrigue assez différente des précédentes.
15/12/2013 à 17:22 1
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Anvers et Damnation
8/10 Hubert Molas, homme politique français et grand argentier international, est assassiné dans sa chambre d’hôtel par la prostituée avec laquelle il venait d’avoir des relations tarifées. Le drame embarrasse les autorités belges. On confie le soin de la thanatopraxie à Luc Mandoline, dit l’Embaumeur. Aidé d’un fidèle comparse, ce dernier va vite se rendre compte que la mort du politicien cache un complot bien sombre.
L’avantage des préfaces quand elles sont habilement écrites, c’est qu’elles mettent immédiatement au parfum. Celle de Paul Colize est à ce titre parfaite : le récit mêlera le sang, le sexe et l’humour. Le moins que l’on puisse dire, c’est que, dans le genre, Maxime Gillio y va carrément. Et c’est sacrément jouissif ! Il ne faut que peu de pages pour être plongé dans son univers. Celles et ceux qui ont lu Les disparus de l’A16 ou La Fracture de Coxyde sauront de quoi l’on parle : l’auteur est un sale gosse qui prend immensément de plaisir avec un sens bourrin de la drôlerie, tant dans les répliques que les situations, en digne héritier spirituel de Frédéric Dard. Dans tous les chapitres, à chaque page, c’est burlesque, cocasse, jamais fin et toujours réjouissant. En auteur décomplexé de la plume, Maxime Gillio ne s’embarrasse d’aucun scrupule, pour notre plus grand plaisir, et nous emporte jusqu’au final sans jamais marquer de temps mort. Mais le cantonner à un simple rôle de provocateur serait particulièrement malvenu, car il sait également soigner le récit, avec de nombreuses scènes très visuelles, des personnages marquants ainsi qu’une intrigue sombre et solide.
Maxime Gillio, quand il écrit, c’est l’archétype même du gamin mal éduqué, sans retenue ni indécision quant à ses propres bouffonneries, et qui va même jusqu’à assumer les plus infâmes de ses farces. C’est ce qui le rend si attachant, d’autant qu’il allie à ses pitreries une histoire solidement bâtie. Et nous, lecteurs même pas honteux de tant de débordements, on en redemande !08/12/2013 à 08:49
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Sniper bleu
8/10 Erri est un sniper freelance qui peut s’enorgueillir de n’avoir jamais tué que des êtres nocifs. Mais une belle rencontre imprévue pourrait bien changer son destin…
Quinze pages, pas une de plus. Au même titre que Lucille de Franck Membribe, Boarding de Jean-Marc Demetez, Super haine de Jeanne Desaubry ou encore Gun de Max Obione, ce récit ultracourt est paru dans la collection « Petit noir » de chez Krakoen. Indéniablement, José Noce maîtrise son sujet. La nouvelle est très équilibrée, parfaitement construite et menée avec intelligence. Même si les mots manquent en raison de la concision du texte, l’auteur les manie avec tellement d’efficacité que leur carence n’érafle en rien leur précision. À la manière d’un sniper avec ses cartouches, José Noce emploie ses mots avec justesse et précision. Si l’histoire semble de prime abord classique (le tueur à gages, sa solitude, l’amour qui lui tombe dessus alors qu’il honorait un contrat), la suite des événements contredit ce pressentiment. La langue demeure belle voire poétique, et l’on se laisse prendre sans mal au jeu de ce livre.
On lit cet ouvrage avec une vélocité proche de celle d’une balle. Un très bon moment de lecture, à la fois subtil et pétulant, pour une belle fiction d’amour, de mort et d’humour.08/12/2013 à 08:48
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Tu ne verras plus
8/10 Un taxidermiste est retrouvé assassiné dans son atelier. Détail choquant : ses yeux ont été remplacés par des billes de verre. Le capitaine de police Félix Dutrey se met à enquêter. Les pistes sont nombreuses, et il faudra, à lui et son équipe, bien du flegme pour venir à bout de cette investigation.
Pascal Dessaint signait en 2008 ce roman d’une très grande classe. Le lecteur est immédiatement happé par le style de l’auteur, si personnel, où se mêlent avec une sensibilité éclatante un réel talent de narrateur et une maîtrise totale de l’intrigue. Félix Dutrey, en policier broyé par la vie et proche du suicide, ainsi que chacun de ses collègues, constituent des individus si humains, si touchants, qu’ils crèvent littéralement le papier où se couchent leurs existences. Oscillant entre l’humour parfois grivois de certaines répliques ou situations et une profonde noirceur où se noient nombre de protagonistes, cet ouvrage éclatant aurait pu sombrer dans le guignolesque, voire le bancal. Il n’en est rien. Pascal Dessaint restitue avec panache les attitudes, sentiments et psychologies de ses êtres d’encre. Les suspects et motivations du meurtrier se multiplient au gré des pages, entre rivalités amoureuses, trafics d’animaux et défense acharnée de l’écologie, mais on finirait presque par s’en désintéresser, même si l’axe policier de ce roman est à la fois subtil et efficace. Ce qui séduit, à la manière d’un chanteur qui nous roucoulerait à l’oreille des paroles d’une rare fadaise, c’est la voix si particulière de l’écrivain : dense, gracieuse, tantôt débonnaire, tantôt acide.
Pascal Dessaint n’en finit pas de nous séduire. Une plume immédiatement reconnaissable, une narration atypique, et des personnages qui continuent de vivre et d’évoluer dans l’esprit du lecteur bien après que la dernière page du livre est tournée.08/12/2013 à 08:48
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Marée Noire
9/10 Été 1981. Jay Porter, noir, avocat et ancien militant des droits civiques, fait un tour de bateau avec sa femme. Ils entendent des cris de femme puis des détonations. Jay se porte au secours de l’inconnue, sans savoir qu’il va mettre son bras tout entier dans un imbroglio qui pourrait bien le tuer.
Attica Locke explique, dans la postface, comment lui est venue l’idée de cet ouvrage. L’écrivaine est en fait née peu de temps avant le récit fictif de ce Marée noire, et du fait de sa situation familiale, a bien des raisons de connaître ce contexte historique. De ce fait, tous les éléments décrits sonnent avec une justesse phénoménale : la grève des dockers, les divers courants syndicaux, les atermoiements de la maire, les droits civiques imparfaits des Noirs, la mutation du Texas et sa mainmise par de grandes familles en raison de son sous-sol pétrolifère, les balbutiements de l’écologie, etc. L’intrigue policière de ce roman passionné et à la structure dédaléenne renverra, à un moment ou un autre, à tous ces éléments, mettant à nu les appétits des individus ou groupes de pression, dévoilant les personnalités cachées sous les lambris de la respectabilité quand la concupiscence l’emporte. C’est aussi un magnifique portrait, à la fois enthousiaste et désabusé quant aux illusions d’une certaine jeunesse un temps militante et revendicative, puis ayant renoncé à ses propres combats pour la justice sociale dès lors que le profit, qu’il soit financier ou politique, peut modifier la propre condition individuelle.
Alternant avec un immense talent de conteur le fil rouge qu’est l’intrigue policière avec le portrait circonstancié et virulent du Texas ainsi que de sa principale ville, Houston, qui peinent tous deux à trouver leur maturité sociétale et leur probité, Attica Locke signe un livre d’une absolue efficacité, tout en nuances, où la verve de sa plume met paradoxalement autant en lumière les errances d’un État qui lui est cher qu’une forme de foi aveugle en la droiture de certains êtres humains. Un roman offert comme une magnifique leçon, sans que jamais celle-ci ne se fasse pesante ou conformiste.08/12/2013 à 08:47 2
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La bonne a tout fait
7/10 Depuis un an, Gabriel reçoit des lettres émanant d’un certain Versus Bellum, un vieil anarchiste vivant dans le village de Painrupt, dans les Ardennes. Ce dernier le presse de venir enquêter sur la mort de la femme d’un propriétaire forestier. Sur place, Gabriel doit prendre l’identité d’un riche homme d’affaires italien et forcer le ploutocrate à se confier à lui. Y a-t-il un rapport avec la disparition de trois femmes ainsi que des animaux ? Et si la bonne du magnat en savait un peu plus qu’elle ne veut bien le dire ?
Deux-cent-quatre-vingt-deuxième enquête du Poulpe signée par Franz Bartelt, ce livre se distingue rapidement par son ton. Celles et ceux qui ont lu, entre autres, Le Jardin du bossu, sauront de quoi il est question. Entre aphorismes, formule colorées et autres saillies à la Michel Audiard, l’auteur excelle dans ces propos tantôt drôles tantôt profonds, où la langue française est secouée et molestée. Il en ressort de délicieuses rencontres, comme ce Versus Bellum, obstiné dans sa lutte contre les « gros » qui ne peuvent être, par essence, que coupables. On retient également de bien belles descriptions des Ardennes où les forêts et les virages sont rois.
L’intrigue est intéressante et conforme aux attentes des fans de la série, elle saura donc sans mal les régaler. On se laisse prendre, une fois de plus, et en même temps que le Poulpe, à l’inclination qu’il va nourrir pour cette domestique bien moins nonchalante qu’il n’y paraît. De même, si l’histoire du crime de la femme du propriétaire est classique, celle concernant les disparitions sont bien plus originales et prenantes, au point que leur résolution dans les ultimes pages offre un second souffle surprenant et inattendu au récit.
Jouant sur la partition désormais connue des autres aventures du Poulpe, ce roman est un petit régal, tant par son fond que par sa forme. Le seul véritable reproche que l’on puisse lui faire, c’est le choix du titre : le jeu de mots est sympathique, mais, choix étonnant, il est beaucoup trop informatif et annihile donc une partie du suspense.08/12/2013 à 08:46 1
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Opération renard noir
7/10 Un homme vient demander l’aide de Guillaume Delange. Il faudrait qu’il enquête sur la disparition de son grand-père, il y a de cela soixante-dix ans. Mais à peine Guillaume a-t-il accepté l’enquête que le client est kidnappé. La clef de l’énigme se trouve à Lyon, où un complot se trame.
Vingtième ouvrage de la série consacrée à Guillaume Delange, cet Opération Renard noir a été confié à Valéry Le Bonnec. En quatre-vingt-dix pages, l’auteur permet de passer un bien bon moment, avec cette histoire intéressante et adroitement construite. Accompagné de son chien Whysk, Guillaume Delange synthétise tous les éléments qui peuvent plaire aux jeunes à qui s’adresse ce roman : rusé et tenace, il saura rallier la sympathie des lecteurs. Autre point original de la série : le détective est aidé par une calculatrice baptisée « le pont des anges », qui lui permet de faire appel à une entité capable de pénétrer l’esprit d’un individu ou d’un animal. Même si l’idée peut sembler saugrenue, elle est habilement exploitée dans l’ouvrage. Il faut également porter au crédit de Valéry Le Bonnec une réelle intelligence des mots et du scénario, ainsi que le refus de clichés pourtant si facilement envisageables.
Une écriture prenante pour une histoire qui l’est également: autant d’atouts pour ce livre ainsi qu’une série qui méritent amplement d’être découverts.11/11/2013 à 08:38
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Satanique ta mère !
8/10 Répondant parfaitement au cahier des charges et doté d’une réelle personnalité, ce Poulpe constitue une très bonne cuvée. Acide autant qu’original, nerveux et agréable à lire, voilà un opus signé Gérard Lecas on ne peut plus réussi.
11/11/2013 à 08:33 1
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Peur express
7/10 Si l’on recherche un opus prompt à dresser la chair de poule pour des lecteurs adolescents, le compte y est, indéniablement. En revanche, l’étiquette de thriller lui sied moins bien, à cause de cette fin un peu trop ouverte et non tranchée. Néanmoins, le talent de Jo Witek est indiscutable et l’on se laisse facilement transporter aux côtés des passagers de ce train, au gré d’un wagon littéraire qui jamais ne déraille.
11/11/2013 à 08:29
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Le passager de l'orage
6/10 Le passager de l'orage pourrait, même abusivement, se résumer sous la forme d'une attente, voire d'une patience : il faut attendre sa toute fin pour comprendre où voulait en venir Claire Gratias. Si la chute est brillante, il est cependant à craindre que certains lecteurs, principalement des jeunes, trouveront le flot un peu léthargique. Un peu plus de nervosité ou de noirceur aurait peut-être été préférable, ce qui n'empêchera pas de reconnaître à cet ouvrage de nombreuses qualités.
11/11/2013 à 08:28 1
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Ô dingos, ô chateaux !
9/10 Michel Hartog a la charge de son neveu, Peter, suite au décès des parents du garçonnet. Il choisit Julie comme nurse, une jeune femme sortie d’un hôpital psychiatrique. Mais un tueur à gages, Thompson, a été engagé pour kidnapper Peter…
Adaptation en bande dessinée du roman de 1972 signé Jean-Patrick Manchette, avec Jacques Tardi à l’illustration, cet ouvrage séduit immédiatement. On retrouve le style si reconnaissable du dessinateur, tout de noir et de blanc, aux graphismes faussement simples, et dont l’esthétique sert à merveille le texte originel. D’autre part, l’œuvre originale est amplement préservée, voire magnifiée, et les aficionados de Jean-Patrick Manchette ne verront nullement dans cette bande dessinée un prétexte voire un outrage.
Les personnages sont nombreux et remarquables. Julie, ancienne patiente et toujours soumise à de puissantes pulsions animales. Peter, adorable petite peste dont certaines réflexions et attitudes ne pourront que faire rire au milieu de tant de noirceur. Thompson, assassin victime d’ignobles crampes d’estomac et qui en viendra à consommer de la viande crue. Sans compter les sbires du tueur, aussi retors qu’instables. Et tous ces individus en viendront à faire couler le sang au terme de ce périple qui tient autant de la bestialité que de l’absurde.
Les talents de Jean-Patrick Manchette et de Jacques Tardi se marient avec bonheur dans cette symphonie, cocasse et meurtrière, que l’on n’est pas près d’oublier.11/11/2013 à 08:28 1
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Douze minutes avant minuit
8/10 Londres, 1899. Les patients d’un hôpital psychiatrique sont tous victimes d’un même mal : peu de temps avant minuit, chacun d’entre eux se met à écrire des messages incompréhensibles, sur les murs, des papiers, voire sur leur propre peau. Pour démêler ce cas incroyable, on fait appel au célèbre Montgomery Flinch, auteur d’histoires terrifiantes. Petit problème : Montgomery Flinch n’existe pas. Il s’agit en fait d’une fillette de treize ans, Penelope Tredwell, qui écrit dans l’ombre les fictions de cet écrivain fantoche. Penelope va accepter de relever le défi, en conservant son anonymat, sans savoir qu’elle va ainsi s’approcher d’un ennemi mortel et bien réel.
Avec cet ouvrage diablement inventif, Christopher Edge fait une entrée remarquée et remarquable dans la littérature jeunesse. Son protagoniste Penelope Tredwell possède tous les attraits pour devenir une héroïne pour laquelle on nourrit immédiatement de la sympathie. Intelligente, courageuse, perspicace, sachant faire fi du danger, et douée d’un sacré tempérament, on a déjà hâte de la suivre dans d’autres aventures. Le scénario est également très réussi, avec une situation initiale autant appétissante que savoureuse : des êtres humains à la fin du dix-neuvième siècle en proie à des hallucinations aberrantes, comme des humains foulant le sol lunaire. Et même si l’énigme est un peu vite éventée par Christopher Edge au cours de son récit, elle n’en reste pas moins brillante et largement à même de satisfaire les lecteurs en herbe. La suite de l’histoire, sorte de seconde étape de la machination, est également bien pensée, et on est littéralement porté jusqu’à la fin du récit avec cette intrigue et ce style si prenants qui ne sont pas sans rappeler l’univers de Serge Brussolo.
Ingénieux et efficace, voilà un premier opus indéniablement réussi, pour les jeunes lecteurs comme les plus aguerris.11/11/2013 à 08:25
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Le Pacte des assassins
6/10 Voilà un roman taillé pour le jeune lectorat, à la fois efficace et prenant, mais qui emballera probablement moins les plus âgés. Mais, après tout, lorsque l’on achète un ouvrage de ce genre, c’est en connaissance de cause.
11/11/2013 à 08:22
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L'Encre et le sang
Laurent Scalese, Franck Thilliez
6/10 Une histoire intéressante, nettement héritée des écrits de Stephen King et consorts. Je me suis laissé prendre sans pour autant adhérer totalement, en raison justement de cette impression tenace de « déjà lu ». Dans le genre, avec peut-être le fantastique en moins, je conseille vivement ce livre qui m’avait tant marqué qu’est « Le Nuisible » de Serge Brussolo.
09/11/2013 à 09:08
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Les ombres qui attendent
7/10 Jeune femme, Marissa a vu l’une de ses meilleures amies mourir sous ses yeux. Accident pour la version officielle. Mais Marissa en est certaine : c’était bel et bien un meurtre. De nos jours, de retour à Aurora Falls, une ombre surgit alors qu’elle conduit, et elle n’échappe que de peu à la mort. Même si personne ne la croit, elle demeure persuadée que l’on essaie de l’assassiner.
Auteur d’une douzaine de romans policiers, Carlene Thompson sait faire la part belle aux psychologies humaines. Ce style si particulier, mettant l’accent sur les descriptions des émotions de ses personnages, s’illustre dès le premier chapitre. Remarquable sur ce thème, on se prend rapidement de sympathie pour Marissa Gray, avec ses forces et ses faiblesses, si typiquement humaines, ainsi que pour les autres protagonistes. De longs passages consistent en des portraits sentimentaux, depuis les relations entre les individus jusqu’aux introspections en passant par des dialogues mettant en relief les béguins et autres relations passionnées. Carlene Thompson doucement met en place les divers êtres humains qui gravitent autour de Marissa, nourrissant ainsi autant de pistes quant à l’identité du meurtrier. L’écriture est plaisante, et l’histoire crédible, tient facilement le lecteur jusqu’au final.
Si le talent de l’écrivaine n’est clairement pas en cause, il convient néanmoins de noter que son ouvrage est assez typé. Tout y est écrit au pastel. Les héros sont tous jeunes, beaux, musclés, irrésistibles, et leur capacité à rire à la moindre occasion alors que les homicides se multiplient force le respect dans le meilleur des cas, tout comme il peut irriter. En fait, c’est une vision très idéalisée de la société que nous offre Carlene Thompson, caractéristique de téléfilms à l’eau de rose, où, mis à part l’assassin, on peine à trouver des défauts à ces personnages immaculés, archétypes d’une certaine jeunesse magnifiée.
D’indéniables qualités littéraires, avec une plume agréable à lire et une intrigue solide, côtoient une écriture rose à l’extrême. Dans le genre, Carlene Thompson y excelle ; encore faut-il apprécier ce type de littérature.13/10/2013 à 09:07 1
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Sept détectives
9/10 Voilà une bande dessinée envoûtante. Le graphisme sublime se marie avec bonheur au scénario dédaléen. On en ressort essoufflé, mais également ravi d’avoir fait la rencontre de ces sept limiers et de cet assassin machiavélique.
13/10/2013 à 09:07
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Crimes parfaits
Ouvrage collectif
8/10 Un cambrioleur qui annonce la date et l'heure de son prochain vol alors qu'il se trouve en prison. Un homme tué par une arme invisible. Un couple dont le mari de la voisine a subitement disparu. Un magnat enfermé par une ombre dans son propre coffre-fort. Un corps découvert dans une rivière et qui n'a pu y être apporté qu'en empruntant un pont de verre... qui n'existe pas. Au total, huit nouvelles où faire appel au surnaturel semble être le seul moyen de résoudre l'énigme. Et pourtant...
Pour élaborer ce florilège, Christian Poslaniec a choisi huit auteurs reconnus, et pas seulement dans le domaine policier. Par ailleurs, les récits ne constituent pas obligatoirement les plus célèbres. Maurice Leblanc narre une habile machination orchestrée par Arsène Lupin, toute en ingéniosité, aux ressorts certes classiques mais efficaces. L'histoire de John Dickson Carr, extraite de Services des affaires inclassables, est typique, avec cet assassinat en vase clos, dont la résolution paraît pourtant si évidente quand elle se dénoue. Robert Arthur signe un récit particulièrement habile et audacieux qui mérite amplement de faire partie des classiques du genre. Celui d'Isaac Asimov met en scène le simple vol d'un objet anodin, mais avec une imagination louable. L'écrivain Fredric Brown, panachant humour et inquiétude provoquée par l'hypothétique recours à la magie noire, livre une histoire qui sonne comme un défi littéraire classique – le meurtre dans un champ enneigé et un problème d'empreintes – et propose un dénouement intéressant, mais que le lecteur attentionné saura peut-être résoudre de lui-même en raison d'un élément laissé un peu trop en évidence. Les écrits de John Lutz et de Pauline C. Smith sont assez courts et nerveux, et même si ces deux auteurs ne bénéficient pas de la renommée des autres écrivains choisis dans ce recueil, leurs histoires ont comme point commun une révélation finale très fine. Quant à la dernière nouvelle, celle de Donald Westlake, elle allie un scénario très original à un humour de haute volée.
En plus d'être des récits de qualité, ces huit nouvelles présentent l'intérêt supplémentaire d'être moins connues que d'autres, et, dans quelques cas, d'émaner d'auteurs moins illustres. Les choix de Christian Poslaniec sont donc intelligents à plusieurs niveaux et permettent à un lectorat jeune de découvrir le genre policier de manière originale. Une gageure doublée d'une réussite qui s'adresse également à des lecteurs adultes.13/10/2013 à 09:06 1
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L'Echappée
8/10 Carter « Doc » McCoy vient de sortir de prison. Son épouse Carol l’y a aidé grâce à un arrangement avec le juge. Mais ce couple infernal n’est pour autant pas décidé à rentrer dans le droit chemin, et se jette aussitôt dans un cambriolage. Les problèmes s’amoncellent rapidement au-dessus des têtes des criminels, et ces derniers doivent trouver leur salut dans la fuite.
Auteur majeur de la littérature policière américaine, Jim Thompson a marqué les esprits avec des ouvrages majeurs. Rivages a eu récemment l’excellente idée de présenter de nouvelles traductions intégrales de deux de ses œuvres, Le Démon dans ma peau devenu L’Assassin qui est en moi ainsi que Le Lien conjugal qui paraît sous ce titre de L’Échappée. D’emblée, le style séduit : personnages sombres, écriture dénuée de tout jugement, péripéties narrées de manière concise. Les deux protagonistes que sont McCoy et Carol sont presque des archétypes du genre : sans scrupule, calculateurs, et entourés d’amis et complices tout autant glacés que glaçants. On se régale de leur équipée sauvage, au cours de laquelle ils vont être confrontés à une palette d’individus peu recommandables : un juge prêt à se laisser corrompre, un associé aux dents longues et à la peau dure, un voleur malchanceux, une famille de gangsters avec une mère à la poigne forte etc. En deux-cent-trente pages, tout est là : les errances des fugueurs, les liens troubles de l’amour qu’ils nourrissent l’un pour l’autre, les traîtrises et les fidélités. Et la fuite se poursuivra jusqu’au troublant royaume d’El Rey, aussi étrange que fantasmagorique, où les ultimes pages du roman ne cessent d’interpeler le lecteur en raison de leurs divers niveaux d’interprétation et les multiples lectures qui peuvent en être faites.
Sur une partition pourtant très classique, Jim Thompson développe une mélodie imparable, aussi prenante que désespérée. Un délicieux moment de lecture à redécouvrir au travers de cette traduction inédite.13/10/2013 à 09:06
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L'Ombre de la mort
7/10 Sherlock Holmes n’est encore que bien jeune quand il est extrait de son pensionnat pour rejoindre la maison de ses oncle et tante. Sur place, il se lie d’amitié avec Matty Arnatt, un gamin des rues, qui lui narre une étrange histoire : il a été le témoin d’un mystérieux nuage quittant un appartement où venait d’être commis un meurtre. Puis ce sont d’autres morts brutales, apparemment liées à une maladie monstrueuse, qui vont avoir lieu.
En proposant une jeunesse, et donc un second souffle au personnage de Sherlock Holmes, le célébrissime limier créé par Arthur Conan Doyle, Andrew Lane s’était lancé un défi phénoménal. Au gré du premier opus de cette série, l’auteur propose une histoire très intéressante, prenante et bien menée, où sa plume régale le lecteur. Les ambiances, lieux et coutumes sont parfaitement retranscrits, et l’on suit avec un plaisir réel l’enquête d’un juvénile Sherlock. D’ailleurs, l’épilogue, avec la mention de la Chambre du Paradol, est une invitation à suivre ses prochaines aventures. L’investigation est intelligente, mais l’on ne regrette finalement qu’un seul point : c’est le manque relatif de panache intellectuel de Sherlock : beaucoup des observations, déductions et autres finesses cérébrales sont souvent plus dues à son tuteur Crowe, qu’à lui. Certes, on ne pouvait probablement pas demander à Andrew Lane d’en faire, dès son jeune âge, un être déjà perspicace et brillant comme il le sera à sa période adulte, au risque de casser toute crédibilité. Cependant, il convient de rappeler que cette saga est destinée à la jeunesse et doit donc demeurer accessible.
Avec ce héros en quelque sorte réinventé, Andrew Lane réussit son challenge, dès lors que l’on garde à l’esprit qu’il est là pour des lecteurs encore novices en matière de littérature policière. Ces derniers pardonneront donc sans mal à l’auteur ce que des adultes pourront considérer comme une hérésie, et poursuivront cette série qui se montre immédiatement attachante, avec son protagoniste intrépide et son écriture visuelle.02/10/2013 à 20:26 1