461 votes
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Mon territoire
8/10 Bouquin original du fait que son personnage principal, Harley, est la fille d'un chef de cartel, élevée et formée pour prendre la suite de son père. Mais, même si elle se livre donc a des activités criminelles, elle a toutefois une certaine morale et des principes, notamment celui de défendre bec et ongles et protéger les femmes battues et leurs enfants. Il est donc très paradoxal de suivre l'apprentissage puis le quotidien de cette délinquante qui passe souvent pour une justicière. L'écriture est vive, il y a de l'action, du suspens, l'intrigue est très bien menée, les personnages crédibles et détaillés. L'auteure dresse un triste portrait de ces comté ruraux des États-Unis soumis aux violences des cartels, marasme économique, ravage des méthamphétamines, corruption des autorités et ou la loi du plus fort remplace la loi étatique. Elle insiste aussi beaucoup sur le virage suprémaciste que prennent les cartels dans ces zones. Lecture passionnante.
03/09/2024 à 09:04 4
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Plus bas dans la vallée
7/10 Un recueil de nouvelles un peu en dessous des précédents ouvrages de Ron rash. Toutefois,on retrouve avec plaisir Serena et son sinistre homme de main Galloway. Libérée de son mari, Serena apparait sous son plus mauvais jour, corruptrice, manipulatrice, violente ... Les autres nouvelles du volume sont plaisantes, entre mélancolie, vies rudes et de rares éclairs d'humour ou d'espoir.
02/09/2024 à 10:08 1
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Les Mal-Aimés
8/10 Roman d'une grande noirceur, sur la ruralité et le traitement des enfants délinquants au tout début du XXe siècle dans un village reculé. C'est dur, triste, violent et tragique. La plume de l'auteur est acérée mais sans se complaire dans l’excès. Les mots sont justes, suffisants et explicites pour décrire cette ambiance pesante. Les têtes de chapitres sont extraites des archives sur une maison de redressement. Ils viennent corroborer ce que raconte l'auteur d'une façon glaçante et lapidaire. Entre esclavagisme, alcoolisme, violence sexiste, jalousies et inceste, la paysannerie du lieu et de l'époque en prend pour son grade.
02/09/2024 à 09:24 3
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Tout cela je te le donnerai
9/10 Happé dés les premières lignes, cette sombre histoire de famille est très prenante. Dans un style différent de la trilogie du Baztàn qui faisait la part belle à un brin de fantastique, ici tout est terre à terre. Des personnages très divers et réalistes, de vieilles histoire, des braises qui couvent depuis des années au sein d'une famille d'aristocrates galiciens, tout conduit à d'inévitables affrontements sur fond de changements de mœurs, de déchéance morale et financière, le tout dans une région rurale ou le respect de l'ordre des choses, pourtant désuet et dépassé est toujours vivace. Critique sociale, familiale et religieuse, écrite dans un style très lisse, avec son lot de surprises et rebondissements, de moments de tension en traits d'humour, on suit l'enquête menée avec beaucoup de curiosité. Belle réussite !
12/08/2024 à 11:24 7
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Sang d'encre
8/10 Deuxième enquête de Sœur Juana, la novice Alina et la servante indienne Matea. Du cœur du couvent San Jeronimo à Mexico, ces trois femmes vont déjouer les plans obscurantistes visant à censurer une nouvelle publication d'un écrivain érudit. La Sainte inquisition est toujours la avec son fanatisme et les accusations d'hérétique promptement édictées. Ce volume fait la part belle aux codex mayas, aux religions précolombiennes et à ceux parmi les (rares) conquistadores éclairés qui souhaitent les connaitre et les comprendre plutôt que de les voir détruits à jamais. Complots de palais, luttes d'influence, espionnage de couloir rythment cette histoire avec le surgissement d'un brin de romantisme. Les descriptions de la société mexicaine, des espagnols à ce qui reste de la noblesse aztèque sont précises, tout comme les nombreuses préparations culinaires, notamment celles préparées au sein du couvent. Lecture divertissante,exotique et accrocheuse.
11/08/2024 à 15:48 4
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Les Nuits de San Francisco
8/10 Roman noir comme un nuit sans lune, déchirant comme une lame mal affutée, triste comme une pluie de novembre. En 100 pages l'auteur nous raconte la vie d'un Sioux né à Wounded Knee, sa lente déchéance, sa descente aux enfers avant de rencontrer son double féminin, son animal totem qui l’emmènera pour toujours sur les grandes plaines.
11/08/2024 à 08:47 2
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Mort au couvent
8/10 Sœur Juana, l’héroïne d'Oscar de Muriel, pourrait être la fille de Guillaume de Baskerville (Umberto Eco, Le nom de la rose) et l'arrière-arrière-arrière-arrière grand-mère de Robert Langdon (Dan Brown Da Vinci code). Elle est le personnage principal de ce roman à énigme monastique qui se déroule au couvent San Jeronimo de Mexico au XVIIe siècle. Roman original pour son héroïne donc, le lieu - un couvent de femmes hiéronymites mexicain -, l'époque - le Mexique colonisé du XVIIe. L’écriture est très fluide et très agréable. L'auteur nous immerge dans ce nouveau monde hispanique aux codes stricts et au système de castes extrêmement marqué. On a les espagnols nés en Espagne, les criollos (espagnols nés au Mexique), les métis (nés d'espagnols et d'indiens), les mulâtres (nés de blancs et noirs), les indiens et en fin de classement les esclaves noirs. Quant à l'intrigue, c'est un style classique, avec une unité de lieu puisque les sorties du couvent sont rares (les nonnes n'ont pas le droit de quitter le couvent). L'ambiance est mystique mais aussi éclairée par un vent nouveau des nouveaux philosophes et savants, mais aussi par une inquisition fanatique et aveugle toujours présente. Le coté exotique est très présent, la nourriture mexicaine est mise en valeur, comme le rythme de vie des nonnes de cet ordre de San Jeronimo aux règles plus souples que d'autres. Il est aussi raconté les dernières manifestations de la culture aztèque ou maya alors que tout est fait pour éradiquer le monde indigène, sauf la culture culinaire. Un bouquin très intéressant qui est le premier d'une série de 3, pour le moment. Soeur Juana Inès de la Cruz est un personnage historique, et une des poétesses les plus représentatives de la langue espagnole.
09/08/2024 à 17:05 4
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La Constance de la louve
7/10 Bouquin intéressant pour son époque (milieu XIXe), sa situation géographique (Lozère), son intrigue et surtout son dénouement. L'action se situe au nord de la Lozère, l'ancien Gévaudan, territoire encore rude, isolé et essentiellement rural. Le tout récent asile psychiatrique de Saint Alban est le point de départ d'une enquête touffue, compliquée et opaque menée par Victor Chastel, une infirmière et une orpheline, réunis par le hasard. Indices, preuves et témoignages sont difficiles à obtenir. Il faut se déplacer à pied ou à cheval ce qui prend du temps. C'est un peu le défaut du livre, sur 488 pages, une bonne centaine est consacrée à ces changements de lieux sans apporter vraiment d'intérêt. Les choses s'accélèrent au dernier quart de l'histoire et l'on découvre peu à peu les éléments qui ont conduit le trio sur la piste de 4 crimes. C'est original, inattendu et finalement on découvre une société traversée par des intérêts divergents. L'auteure se plait à décrire cette région ou elle a vécu et ses habitants marqués par l'histoire. Il y a un petit clin d’œil à l'affaire de la Bête du Gévaudan, Victor étant lié à Jean Chastel, tueur officiel de la Bête en 1767, alors que sa famille est toujours auréolée d'une réputation très controversée. Le style un peu académique et les lenteurs inutiles ralentissent un peu la lecture, heureusement la fin rattrape l'ensemble.
17/07/2024 à 09:20 3
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Les Cols des Amériques
7/10 Suite des tribulations du Poulpe, Gabriel Lecouvreur, à travers sa fille spirituelle, Gabriella, native de Bolivie. L'esprit libertaire qui animait le Poulpe souffle toujours sur ces pages, mais il s'est radicalisé à travers cette jeune métisse féministe, woke et partisane des gauches les plus extrêmes. C'est parfois un peu lourdingue. Si le Poulpe père était un esprit libre et un homme libre, Gabriella est quelque part prisonnière de ses engagements, de ses idéologies, de ses clichés et de ses poncifs. Si leur combat est le même, les arguments et ressources du Poulpe étaient plus originaux et plus convaincants. En plus, cette jeune fille ne boit pas de bière, adieu donc les découvertes de liquides pétillants et peu alcoolisés à base de houblon. L'auteur a toutefois l’honnêteté de reconnaître ici et la les limites des choix politiques et sociétaux de son héroïne. Le titre fait référence à la sinistre École des Amériques, école militaire et policière de contre-guerrilla. Côté décor, nous sommes en Lozère, entre Mende, le causse de Sauveterre et le Mont Lozère. Les lozériens s'y retrouveront. Quant à l'histoire, elle est bien menée, ça se lit vite, le style est agréable, les personnages bien façonnés mais j'ai trouvé l'intrigue trop manichéenne.
16/07/2024 à 09:51 1
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L'Archipel des oubliés
5/10 Gros essoufflement pour ce 3e volet avec les inspectrices Grace et Sarah. Si le premier tiers du livre reprend les ingrédients qui ont marché dans les 2 premiers tomes, tout le reste est consacré à des points de vue sociologiques, scientifiques, politiques ... sur les futurs possibles de l'humanité. J'avais apprécié les argumentations de l'auteur sur les travers d'une société hyper-numérisée, mais il tombe désormais dans des logorrhées sans fin, au détriment de l'action, du suspens, de l'originalité. Malgré quelques bons passages, l'ensemble m'a déçu.
08/07/2024 à 09:47 1
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Brouillard au pont de Tolbiac
9/10 Mon album préféré de la série des Nestor Burma dessinés par Tardi. Cette fois-ci les dessins sont non seulement impeccables pour les décors, mais dans plusieurs cases ils décrivent avec une grande sensibilité l'intensité des rapports humains, renforcée par l'omniprésence du brouillard. Les dernières scènes et les derniers dialogues avec Belita Morales sont particulièrement prenants. Tardi restitue avec brio toute la nostalgie de Léo Malet qui évoque nombre de ses souvenirs personnels dans cet épisode.
26/06/2024 à 11:04 2
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120, rue de la gare
8/10 Superbe adaptation d'un polar de Léo Mallet. Le trait de Tardi sert parfaitement les ambiances de l'histoire. Les décors urbains, Lyon, Paris, la banlieue sont toujours aussi réussis. L'intrigue est complexe, elle s'étire sur une longue période et dans une époque très troublée, mais l'imposante pagination permet à l'auteur et à son héros, Nestor Burma, de nous faire suivre dans le détail les révélations et les rebondissements de l'enquête, et de suivre les nombreux intervenants secondaires.
26/06/2024 à 10:49 2
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La Constance du prédateur
8/10 Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu maxime Chattam. J'ai retrouvé avec plaisir son style des débuts, d'autant que l'histoire est expurgée des scènes parfois insoutenables ou malsaines qu'on a pu lire auparavant. Le scénario et les personnages principaux sont originaux. L'environnement dans lequel l'action se déroule est aussi bien trouvé. Cela rajoute au profil déjà bien chargé du tueur. La question sous-jacente qui est le fil rouge du livre, à savoir la transmission, l'éducation ou la soumission au mal interpelle. La réponse proposée par l'auteur rassure un petit peu.
24/06/2024 à 10:51 4
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La Bête qui sommeille
9/10 Roman noir qui a la violence, la rapidité et l'impact d'un coup de poing. A la suite d'un fait divers tragique, l’auteur nous décrit un terrible enchainement de sauvagerie, de haine et de brutalité. C'est le portrait d'une humanité aveuglée par la bêtise, la lâcheté et l'ignorance la plus crasse. Les bas-instincts sont a leur sommet. Un livre qui décrit le mécanisme de réveil d'une bête qui sommeille en chaque être humain, et ses conséquences meurtrières.
03/06/2024 à 15:58 7
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Bleu Calypso
8/10 J'ai découvert Charles Aubert avec le 3e volet du "cycle de l'étang des Moures", Vert Samba, qui m'avait enthousiasmé. Je me suis tout naturellement dirigé vers les deux premiers. Bleu calypso est de la même veine. L'écriture est très agréable, le style précis et charmeur, avec un talent descriptif qui donne beaucoup de couleurs à ce roman noir. Il y a en plus un humour discret, du romantisme élégant et une histoire bien sombre. Les personnages sont sympathiques, le suspens est bien dosé et la trame est prenante. Le seul petit reproche serait peut-être un excès de rythme dans le final qui contraste trop avec l'ensemble du bouquin, et une conclusion un poil alambiquée. L'auteur restitue à merveille cette sérénité et ce calme qui règne aux abords des rivières ou des étangs, et la patience qui est la vertu première du pécheur.
21/05/2024 à 11:27 3
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Le Secret de la salamandre
5/10 C'est pour moi l'épisode le moins réussi. Beaucoup de phylactères censés expliquer tout un tas d'éléments enchevêtrés, des personnages en veux-tu en voila, le tout sans Adèle qui roupille au fond de son bac à glace. Tardi est essentiellement sur la ligne anti-guerre qu'il développe dans ses autres albums consacrés à 1914-1918. C'est un épisode transitoire sans vraiment de consistance sauf une conspiration mondiale abracadabrantesque tournée en dérision avec un cynisme total.
06/05/2024 à 09:43 2
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Le Noyé à deux têtes
8/10 11 novembre 1918, à quelques heures de la signature de l'armistice. C'est un deuxième cylcle des aventures d'Adèle qui s'ouvre. Fini les ptérodactyle, démon assyrien, momie, et autre salamandre. C'est dans une ambiance anarchiste, antimilitariste et pacifiste chère à l'auteur que débute ce nouvel album, avec des flics véreux, des piliers de zinc, et d'étranges artistes de cirque. C'est aussi la première apparition d'inquiétantes tentacules qui vont hanter les pages des prochains tomes. Les dessins sont chouettes illustrent bien cette saison froide, humide et sombre. Il y a un clin d’œil à Blake et Mortimer en page 37.
03/05/2024 à 10:14
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Tous des monstres !
8/10 Un album parmi les meilleurs de la série grâce à un scénario un peu plus clair que d'habitude et un trait appliqué qui donne ces dessins pleins de détails chers à l'auteur. Le côté surréaliste reste dans des proportions raisonnables. On comprend enfin d'où sortent ces tentacule rouges. La boucherie de 14/18 est toujours en arrière-plan, les savants déjantés aussi et Tardi ajoute une dimension personnelle à travers les relations qu'Adèle entretient avec son éditeur. Dans un feu d'artifice final, on a des dessins de Boucq, Gotlib, F'murr, Mézières, Vuillemin, les enfants de l'auteur et quelques autres.
02/05/2024 à 09:01 1
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Le Mystère des profondeurs
7/10 Rien à dire au niveau du dessin. Tardi semble encore prendre plaisir à croquer Adèle. Par contre, ça part un peu dans tous les sens au niveau scénario. On se demande parfois si l’auteur sait où il va où s'il navigue à vue au gré de son inspiration. Gros dérapage par contre au niveau de certains dialogues, il y a des grossièretés et de la vulgarité qui n'amènent strictement rien et qui sont en décalage avec le ton général de la série. Il reste heureusement ces textes décalés comme " la chanson de Craonne qui monte des égouts (des égouts de l'histoire ? )" et les trouvailles zoologiques improbables comme les limules, cette " bête drôlement tartignole " comme la décrit Adèle. On se demande où tout cela va nous mener.
30/04/2024 à 09:46 3
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Le Manuscrit de Birkenau
9/10 Avec ses remarquables talents de conteur et d'écrivain, José R. dos Santos parvient à dire, décrire et écrire l'indicible. On ne reste pas aux portes de l'enfer, on les franchit pour pénétrer au cœur de la plus sinistre entreprise de mort jamais construite par des hommes. Basé sur des sources et des personnages historiques, la lecture est dure, pénible et bouleversante. Dans ses notes, l'auteur cite Frank Kafka qui disait : " je pense que nous devrions lire que les livres qui nous mordent et nous transpercent ". Le Manuscrit de Birkenau y réussit totalement. Un livre incontournable.
23/04/2024 à 09:06 1