Norbert

321 votes

  • Par la grande porte

    David Carnoy

    7/10 Un très bon polar, qui nous change des éternels thrillers à serial-killers, et nous réserve malgré tout bien des surprises ! Peuplé de personnages "croquignolesques", hauts en couleurs, troubles et ambigus à la fois, et doté d'une intrigue qui se révèle moins simple et basique qu'au premier abord et qui tient en haleine jusqu'à un dénouement surprenant, ce thriller addictif met en scène un anti-héros qui joue de malchance mais qui toutefois a l'air d'avoir plus d'un tour dans son sac... Très bien écrit par un auteur qui manie parfaitement ironie, cynisme et humour noir, et qui fait mouche dans les dialogues percutants et savoureux comme dans certaines situations décalées !
    Bref, du tout bon, un polar surprenant et captivant, un parfait divertissement. Punchy !

    10/06/2014 à 06:54 1

  • Boulevard

    Bill Guttentag

    8/10 Un roman noir à la fois poignant et dérangeant, de par l'envers du décor hollywoodien qu'il dévoile. Ces gamin(e)s, ces jeunes adolescent(e)s venus s'échouer à Hollywood pour fuir le plus souvent le cauchemar qu'il vivait chez eux et rejoindre ce qu'ils s'imaginent être la ville des rêves, des stars et des paillettes, où ils trouveront forcément leur place et leur part du rêve américain.
    Fuir un père incestueux, des parents alcooliques ou la misère pour se retrouver, une fois arrivé, face à une réalité qui n'offre aucune autre perspective d'avenir que de vivre dans la rue en mendiant, en volant et/ou en tapinant. La faim, le froid, la violence omniprésente de la rue et des maquereaux, enchaîner les passes pour pouvoir se payer une nuit au motel et de quoi manger, le Sida, se faire violer par un maquereau, Casey, 13 ans, va vivre tout ça à Hollywood. Heureusement, entre eux, ces jeunes sont soudés et forment une communauté, essaient de s'entraider, des amitiés se créent et parviennent à surmonter les drames et la vie au quotidien.
    Parallèlement, un ponte de Los Angeles vient d'être retrouvé assassiné dans une chambre du Château Marmont, et la police est sur les dents : il s'agissait d'un des meilleurs amis du maire et Jimmy qui va être chargé de l'affaire subit une forte pression de sa hiérarchie. Lui, la quarantaine, dont le fils devenu toxicomane à 15 ans a fui dans la rue, est aussi hanté par toutes les horreurs qu'il a pu voir au cours de son métier.
    Entre son enquête et sa vie, on suit donc aussi en parallèle le parcours de la jeune Casey, et l'auteur trouve le ton juste pour accrocher le lecteur, réaliste et sans pathos ni voyeurisme. On s'attache évidemment aux personnages, on vit et on souffre avec eux et, même s'il ne s'agit pas d'un thriller, la tension narrative qu'arrive à créer l'auteur tout au long du récit est une réussite. Quant au fond, malheureusement Bill Guttentag n'invente rien, lui qui a réalisé déjà plusieurs documentaires pour la télévision. La vérité qu'il dévoile est suffisamment glauque comme ça. Un très bon roman noir à conseiller, doublé d'une lecture salutaire.

    07/06/2014 à 14:05 2

  • Les âmes perdues de Dutch Island

    John Connolly

    8/10 Le livre idéal pour découvrir l'univers unique, sombre et tourmenté, de John Connolly. Si ici l'intrigue est un peu plus linéaire que dans une enquête de Charlie Parker, on y retrouve avec bonheur un concentré des atmosphères noires, fantastiques et poétiques développées par l'auteur irlandais. Avec une construction implacable, des personnages bien campés - dont une belle brochette de "méchants" très méchants - et un décor naturel exploité à merveille, le suspense est d'une redoutable efficacité et ne cesse de monter en puissance. Connolly a un don pour mêler une touche de surnaturel à son intrigue sans pour autant tomber ni dans le fantastique facile qui lui permettrait de balayer toute rationalité, ni dans le ridicule comme tant d'autres auteurs qui s'essaient à ce mélange. Au contraire, ce cocktail subtil fonctionne une fois encore à merveille dans ce thriller glaçant et oppressant. Une réussite.

    29/05/2014 à 18:58 9

  • Le passé est une terre étrangère

    Gianrico Carofiglio

    7/10 Une spirale de déchéance remarquablement décrite et totalement crédible, des sentiments humains sondés et décrits avec une grande justesse, Carofiglio signe ici un roman noir fort et subtil à la fois, dont la mécanique implacable captive le lecteur, tout en le questionnant sur ses propres choix si celui-ci avait été à la place de Giorgio. Envoûtant.

    27/05/2014 à 19:40 4

  • Little Girl Blue

    David Cray

    7/10 Au coeur même de la ville de New York, par une nuit glaciale d'hiver, le cadavre nu d'une fillette est retrouvé en plein Central Park. Commence alors une enquête trépidante, sans temps morts et pleines de rebondissements, sur la double piste d'un tueur en série et d'un réseau de prostitution d'enfants qui sévit dans le milieu huppé et "protégé" de la ville, et qui diffuse, notamment via internet, des vidéos pornographiques pédophiles. Un sujet brûlant d'actualité qui est ici traité avec subtilité mais réalisme par l'auteur. L'intrigue, parfaitement construite, se révèle captivante et tient en haleine jusqu'à la dernière page. Du même auteur, lire aussi "Avocat criminel", paru dans la même collection.

    27/05/2014 à 19:19 1

  • Terminus Belz

    Emmanuel Grand

    4/10 Au final, une déception d'autant plus cuisante que ce roman avait de prime abord de nombreux atouts de son côté et qu'il démarrait très bien. Mais une fois le décor planté sur l'île, malgré de très belles descriptions de la nature et de la mer, le travail de marin particulièrement bien rendu et une ambiance réussie, l'intrigue s'enlise peu à peu, d'autant plus que l'auteur a du mal à construire des personnages solides et crédibles, à quelques trop rares exceptions près. Jusqu'à la fin, la plupart ne resteront qu'un nom inscrit sur du papier, les "principaux" personnages secondaires n'étant esquissés qu'à grands traits, le personnage principal de Marko lui-même souffrant de crédibilité et de manque d'empathie, si bien que ses déboires comme sa rencontre amoureuse avec Marianne laissent le lecteur de marbre - et sans parler du personnage de flic totalement inutile et transparent.
    Si les légendes bretonnes peuvent être intéressantes, l'ajout de surnaturel apparaît vite comme une fausse bonne idée, tant certaines scènes et descriptions frôlent le ridicule, jusqu'à y sombrer complètement lors d'un final quasiment risible.
    Même constat pour la traque parallèle de la mafia qui fait elle aussi l'effet d'un pétard mouillé, d'un simple prétexte pour maintenir la tension durant le récit tant elle se termine de manière dérisoire. Avec des scènes d'action qui cumulent maladresses et procédés narratifs lourdingues, il est évident qu'Emmanuel Grand aurait mieux fait de resserrer son intrigue sur l'essentiel - l'île - plutôt que d'en superposer artificiellement plusieurs qui finissent par se dégonfler elles-mêmes comme des baudruches sans éviter l'écueil du ridicule.

    18/05/2014 à 20:02 2

  • Sale temps pour le pays

    Michaël Mention

    8/10 Un des meilleurs polars français lus depuis longtemps. Je l'avais justement commencé un samedi après-midi, et pris par l'enquête, la reconstitution passionnante de l'époque et le suspense j'avais été obligé de le lire d'une traite pour voir comment ça se finissait ! Plus que quiconque, Michael Mention a appris et digéré l'écriture béhavioriste des plus grands auteurs américains, tout en se l'appropriant pour la faire sienne.
    Le résultat est un style impeccable, c'est écrit à l'os sans un seul mot de trop, avec qui plus est quelques touches d'humour ou d'ironie ici ou là. Bref, un très très grand polar, à lire en écoutant la superbe BO concoctée par l'auteur !

    26/04/2014 à 18:02 9

  • Un vent de cendres

    Sandrine Collette

    8/10 Avec "Un vent de cendres", Sandrine Collette se hisse parmi les grandes plumes du roman noir français. Après le succès critique et public de son premier roman, consacré qui plus est par le Grand Prix de Littérature Policière, inutile de dire que Sandrine Collette était attendue au tournant.Or, si je n'avais personnellement pas été totalement convaincu par ce premier roman qui pêchait à mon avis par quelques menus défauts, j'avoue que j'ai été impressionné par celui-ci et sa maitrise absolue. Là où le précédent m'avait un peu frustré en ne me laissant pas vraiment de souvenir marquant, celui-ci sera parvenu à me laisser un certain nombres d'images et de sensations fortes.Il faut dire que l'auteur frappe ici très fort dès les premières pages, avec un prologue d'une redoutable efficacité, aussi percutant qu'habilement placé dans le récit, dont il permettra d'ailleurs de mieux interpréter le dénouement.Par la suite, elle nous plonge dans une sorte de version sombre et hautement vénéneuse de La Belle et la Bête, dévoilant un incontestable talent pour créer et jouer avec les atmosphères, alternant les ambiances, soufflant tantôt le chaud puis le froid.Le cadre naturel dans lequel se déroule l'intrigue est parfaitement restitué, des champs de vignes à la forêt qui les entoure, jusqu'à la grande maison élégante de ces propriétaires qui vivent reclus, blessés voire même au bord de la folie pour l'un. Les sentiments humains y semblent exacerbés, de l'attirance entre Octave et Camille dont naît une sensualité à fleur de peau à la colère de Malo face à ce rapprochement qu'il perçoit comme malsain.Grâce à une écriture évocatrice et un style qui a gagné en maturité, Sandrine Collette envoûte le lecteur dans cette espèce de conte revisité où la tension grandissante finit par exploser dans les derniers chapitres, jusqu'à un épilogue d'une infinie noirceur qui clôt ce magnifique roman noir par une seconde grosse claque pour le lecteur. Impressionnant !

    25/04/2014 à 23:52 8

  • Deux petites filles

    Cristina Fallarás

    6/10 Âmes sensibles, s'abstenir. Une plongée d'une noirceur totale dans les bas-fonds de Barcelone qui peut difficilement laisser indifférent. Un premier roman rageur, désespéré et étouffant qui, même s'il est parfois confus et manque de fluidité, se lit avec intérêt, l'estomac serré, et révèle toutefois un nouvel auteur prometteur.

    19/04/2014 à 03:04 2

  • On ne joue pas avec la mort

    Emily St. John Mandel

    9/10 Une pure merveille !
    Commencé en fin d'après-midi et finalement lu d'une traite jusqu'à deux heures du matin, impossible de décrocher de cette intrigue passionnante qui se dévoile peu à peu, comme les personnages, dans une construction absolument brillantissime qui ménage un suspense psychologique d'une rare finesse. Les personnages sont éblouissants de justesse, fascinants, avec leurs failles et leurs doutes. On devine qu'Emily St John Mandel a réalisé un véritable travail de dentelière pour que tout dans son texte soit si juste, si naturel, si touchant, si simple en apparence et s'enchaîne avec tant de fluidité. Subtile réflexion sur l'identité, les relations familiales et l'immigration clandestine, elle nous livre avec On ne joue pas avec la mort un roman en état de grâce.

    13/04/2014 à 13:45 4

  • Monstres à l'état pur

    Miguel Ángel Molfino

    8/10 Porté de bout en bout par une prose limpide et de toute beauté qui parvient à allier précision cinématographique et fulgurances poétiques, Monstres à l'état pur est un roman noir initiatique aussi fascinant qu'envoûtant. Ici, pas d'énigme à résoudre ou d'intrigue au cordeau - celle-ci servant davantage de fil rouge au récit - mais un texte magnétique qui nous fait voyager dans une Argentine méconnue et rurale : « Les épisodes relatés dans ce livre se sont déroulés en 1968 dans la province du Chaco, en Argentine. » Malgré la beauté des paysages, c'est un soleil de plomb qui sculpte ici, avec le dur labeur des terres, des hommes durs, travailleurs, secs comme des lianes. Certains paysans ont pu hériter de ces lopins de terre qui se transmettent de père en fils, uniques moyens de subsistance : c'est le cas du père de Miro. Pour les autres, ceux qui ne sont ni gros propriétaires terriens ni même paysans, seuls les combines et les petits trafics leur permettent de survivre. Confrontés à une police gangrénée par la corruption et capables des pires crimes, mieux vaut avoir la carapace dure. Pour Miro, adolescent solitaire, rêveur et fragile, ce n'est pas un endroit pour vivre. Maltraité par un père aigri par la vie, frustré de ne pas avoir eu un fils digne de lui et capable de reprendre à sa mort la petite exploitation familiale, il ne trouve guère de réconfort auprès d'une mère qui l'aime mais qui a malheureusement fui dans l'alcool. Après le meurtre de ses parents, conscient qu'il va être recherché par la police, il se décide une nuit à faire du stop et se retrouve dans la voiture d'un étrange personnage, Hansen. Celui-ci, trafiquant d'armes, le voit avant tout comme une aide provisoire, un bouclier humain pour la livraison à hauts risques qu'il s'apprête à faire, et dont il se débarrassera ensuite. Mais au fil de la route et des préparatifs à effectuer, il va découvrir peu à peu la personnalité complexe et les multiples facettes de Miro, lequel, de son côté, apprend à goûter à cette nouvelle liberté et à cette nouvelle vie d'aventurier qui s'offre à lui.
    Noir mais lumineux, un roman qui transporte littéralement le lecteur dans une Argentine aussi belle que sauvage, à travers un récit sinueux mais bien agencé qui permet d'en découvrir les plus sombres facettes. À travers une galerie de personnages hauts en couleurs, une atmosphère pleine de contrastes merveilleusement bien restituée et de somptueux paysages, Molfino signe un très beau texte, riche en images fortes et envoûtantes que le lecteur n'est pas prêt d'oublier...

    20/01/2014 à 06:19 6

  • Des noeuds d'acier

    Sandrine Collette

    7/10 Un premier roman réussi avec lequel Sandrine Collette aborde le huis-clos selon l'angle du roman noir, en traitant avant tout de la dépersonnalisation de la victime et de survie. Elle a également l'habileté d'y confronter un personnage peu sympathique, Théo, un ex-taulard condamné pour avoir quasiment réduit son propre frère en bouillie après que celui-ci ait séduit sa fiancée. Un pari audacieux, car jamais ce personnage principal ne réussira à susciter durant son calvaire beaucoup d'empathie de la part du lecteur. Malgré une écriture parfois un peu plate, elle réussit à planter un décor et une situation crédible et glaçants. Seules la rapidité et la facilité apparentes avec lesquels son personnage se soumet et abandonne toute tentative de révolte ou de fuite sont assez déconcertantes, avec pour résultat une progression dramatique du récit qui semble un peu trop courte, comme amputée d'un dénouement qui aurait pu faire culminer la tension. Malgré cela, le découpage serré du texte et sa relative brièveté facilitent et accélèrent sa lecture. Bien que captivant et globalement bien mené, on peut toutefois être un peu déçu de constater qu'une fois la dernière page tournée, ce premier roman prometteur se révèle au final un peu trop "court en bouche", et qu'il n'ait pas ancré davantage de sensations, d'images, de souvenirs et d'émotions dans l'imaginaire du lecteur.

    20/01/2014 à 03:15 5

  • Dans la rue j'entends les sirènes

    Adrian McKinty

    10/10 Après le déjà formidable "Une terre si froide", Adrian McKinty poursuit sa trilogie Sean Duffy digne de James Ellroy en signant à nouveau avec ce second volet l'un des meilleurs romans noirs de ces dernières années. Son écriture racée, parfaitement traduite par Eric Moreau, est puissamment évocatrice, teintée d'un humour noir et d'une ironie désenchantée qui font des merveilles. L'épaisseur des personnages, tous terriblement humains malgré leurs défauts et leur ambiguïté, est bluffante, le personnage de Sean Duffy, magnifique, gagne encore en profondeur et l'intrigue passionnante et menée de main de maître dévoile une fois de plus un pan de vérité trop méconnue sur cette période ô combien sensible de l'Irlande du Nord.
    [ MAJ de 2021 ] : Ne pas manquer la suite de cette série Sean Duffy avec l'excellent "Ne me cherche pas demain" (lauréat du Prix Polars Pourpres 2021), qui vient enfin - après des années d'attente - d'être publié chez Actes Sud.

    31/12/2013 à 17:33 11

  • La Méthode du crocodile

    Maurizio De Giovanni

    8/10 Déjà auteur de la série consacrée aux enquêtes du commissaire Ricciardi, Maurizio De Giovanni signe avec La méthode du crocodile un polar implacable et douloureux, impressionnant de maîtrise et d'efficacité. Dans une Naples glaciale et pluvieuse, hautaine et indifférente, où personne n'ose croiser le regard des autres de peur de devoir supporter la douleur qui ils y trouveront, passer inaperçu n'a jamais été aussi facile. Impossible de relâcher ce roman de 280 pages, découpé en chapitres courts qui alternent les points de vue des futures victimes, du tueur et celui de l'inspecteur Lojacano. Avec une écriture épurée, l'auteur construit pourtant des personnages touchants et d'une réelle épaisseur, des solitaires rongés par une séparation, un deuil, ou un divorce, mais qui, malgré tout, continuent d'avancer et de se battre. L'intrigue à la construction diabolique joue avec les clichés du thriller pour mieux s'en détourner au final et, le moment venu, prendre le lecteur à la gorge. Un polar suffocant et poignant, récompensé par le Prix Scerbanenco 2012 du meilleur polar italien de l'année au Festival de Courmayeur.

    23/12/2013 à 00:11 4

  • La Fille des souterrains

    Börge Hellström, Anders Roslund

    7/10 Comme à leur habitude, Roslund & Hellström nous livrent un polar d'autant plus glaçant qu'il est le fruit d'une longue enquête de la part des deux auteurs sur des faits malheureusement réels. Ici, l'arnaque à l'aide humanitaire dans les pays de l'Est doublée d'un portrait effroyable d'une population rejetée qui vit dans les égouts et les sous-sols de Stockholm, depuis que les coupes budgétaires de l'Etat suédois ont fermé ou réhabilité nombre d'établissements de soins psychiatriques. Tous les ingrédients du polar scandinave sont ici présents, le commissaire Ewert Grens est un personnage torturé par une vie privée insupportable. Chapitres courts qui alternent les points de vue, une écriture au scalpel et une intrigue policière qui n'oublie pas de secouer le lecteur jusqu'à la dernière page. Brutal et sans concession.

    22/12/2013 à 23:18 1

  • La Maison des tocards

    Mick Herron

    8/10 Un thriller psychologique sombre et addictif qui renouvelle les codes du roman d'espionnage.
    Dès les premières pages, ce qui marque et accroche le lecteur, c'est que Mick Herron, qui n'est pas un petit nouveau dans le monde du polar puisqu'il est l'auteur de plusieurs romans à succès en Grande Bretagne, possède un redoutable talent de conteur et une écriture d'une grande qualité qui captive l'attention par sa puissance romanesque. Mais contrairement à la 4eme de couverture qui laisserait croire qu'il s'agit presque d'une comédie policière, nous sommes bel et bien là plongés dans une parfaite ambiance de romans noirs, sombre et intrigante, même si l'humour noir notamment lors de certains dialogues fait mouche. L'intrigue est passionnante et renouvelle totalement les codes du roman d'espionnage : pas de gadgets ni de clichés à la James Bond ici, mais au contraire une lutte entre les services de renseignements anglais, comme s'il s'agissait de rivalités entre le FBI et la police locale aux USA.
    Après les attentats de Londres en 2005 qui ont bouleversé les consciences et culpabiliser les services secrets, la menace sur internet de l'exécution d'un otage va remobiliser les fameux "tocards" du MI5, mis au "Placard" depuis de longues années et réduits à des tâches administratives subalternes et déprimantes. Mais lorsque ceux-ci interviennent en croyant avoir des atouts, ils vont peu à peu démasquer une sombre machination...
    Personnages réussis et bien campés, suspense savamment dosé, rythme soutenu et une intrigue originale font de ce roman noir subtil et intelligent un thriller psychologique réussi, qui inaugure une série passionnante dont le deuxième volet, "Les lions sont morts", récompensé lors de sa sortie en Angleterre par le prestigieux Golden Dagger Award décerné par la Crime Writers' Association (CWA) et élu Polar de l'année par le Times, vient enfin de paraître dans la collection Actes Noirs des éditions Actes Sud : pas de doute, je serai au rendez-vous !

    22/12/2013 à 23:03 2

  • Châtiments

    Hans Koppel

    6/10 Roman noir et psychologique sur le thème de la vengeance, qui se veut une illustration de l'emprise des bourreaux sur leurs victimes, Châtiments se lit vite et sans ennui, grâce à quelques retournements de situation qui maintiennent l'intérêt du lecteur. Il y a aussi la dissection de la vie d'un couple trentenaire, avec ses non-dits et ses failles, qui est intéressante. Le lecteur ne connait pas ce qu'a pu faire la victime dans sa jeunesse pour susciter une quinzaine d'années plus tard de tels actes de vengeance, d'asservissement et d'humiliation de la part de ses bourreaux, jusqu'au dernier chapitre, percutant, qui éclaire alors ce "fait divers" sous un angle totalement différent et laisse un goût âpre. Malheureusement, si l'écriture directe et crue participe au malaise suscité chez le lecteur, elle manque toutefois singulièrement de souffle pour l'embarquer totalement, d'autant plus que les personnages secondaires ne sont absolument pas crédibles. Malgré quelques bonnes idées et une construction habile, le manque d'épaisseur et de consistance dont souffre ce roman l'empêche de dépasser le niveau anecdotique d'une série B vite lue, mais vite oubliée.

    29/11/2013 à 05:14 2

  • La Maison des absents

    Tana French

    9/10 Tana French a un talent formidable, une plume envoûtante qui cisèle la psychologie de personnages pour lesquels on éprouve une totale empathie, vivant leurs déceptions, leurs chagrins, leurs blessures. J'ai retrouvé ces mêmes sentiments de mélancolie, d'inéluctabilité qui m'avaient tant subjugué à la lecture de son premier roman, mais ici avec une fin asphyxiante de noirceur, comme une lente agonie, et l'impression que chacune de mes tripes passaient les unes après les autres à la moulinette.
    Tana French signe un roman noir et psychologique d'autant plus poignant qu'il illustre avec intelligence et subtilité l'un des fléaux de notre époque marquée par la crise. Une tragédie d'un réalisme vertigineux, à la conclusion quasi insoutenable.

    01/11/2013 à 00:37 5

  • Une terre si froide

    Adrian McKinty

    10/10 Adrian McKinty, le Ellroy irlandais !
    On pourrait nommer cette nouvelle trilogie d'Adrian McKinty "Underworld Ulster", tant, comme l'a fait Ellroy avec les Etats-Unis, McKinty nous plonge avec son personnage de Sean Duffy dans les arcanes d'une Irlande du Nord en plein chaos et en pleine guerre civile.
    Pourtant, loin d'assommer son lecteur de données politiques ou historiques, McKinty y déroule les bases d'une enquête à priori "classique", à la poursuite d'un tueur en série qui s'en prendrait aux homosexuels. Rapidement, le lecteur s'identifie au magnifique personnage de Sean Duffy qui va devoir affronter un mur du silence total mais qui, à force de volonté, va réussir à ouvrir des brèches qui vont le conduire de révélations en retournements de situation explosifs.
    Avec son écriture puissante, son humour à froid et son style racé, Adrian McKinty dresse une galerie de personnages fascinants, et signe un roman noir palpitant et sans concession, au contexte historique passionnant, qui prend le lecteur aux tripes.
    Si "Une terre si froide" peut bien évidemment se lire de manière indépendante, nul doute que les lecteurs qui liront cette pépite n'auront à la fin qu'une envie: se ruer sur la nouvelle aventure de Sean Duffy, "Dans la rue j'entends les sirènes", à paraître le 23 octobre chez le même éditeur !
    Du très grand roman noir, à ne pas manquer !

    19/10/2013 à 14:50 14

  • Belém

    Edyr Augusto

    10/10 Belém, ville cannibale, roman électrochoc. Sombre, violent, brutal et addictif, un véritable diamant noir à l'intensité dévastatrice ! Belém, impossible d'en ressortir indemne...

    18/10/2013 à 13:33 4