1164 votes
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Guerres psychiques et leurs influences invisibles - Rapport d'opérations 1/3
7/10 350 pages, et il ne s'agit là que du premier tome d'une trilogie ! C'est peu dire que Matt Kindt ne fait pas dans la sobriété scénaristique. Si l'histoire du Mind Management – une officine gouvernementale américaine créée pour contrôler d'autres personnes grâce à des agents aux pouvoirs psychiques redoutables – est originale et même parfois carrément passionnante, certains développements ne sont pas à la hauteur du reste. Le suspense est présent et bien entretenu notamment grâce au personnage de Meru Marlow et à ses problèmes de mémoire. L'ensemble est parfois un brin décousu et le dessin n'est pas particulièrement beau, ce qui rend la lecture parfois un brin ardue. Une BD qui se mérite en un sens mais qui m'a néanmoins donnée envie de poursuivre l'aventure du Mind Management.
17/01/2022 à 18:07 2
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La Proie
7/10 Malgré son épaisseur (quasi 600 pages), ce roman se lit très bien. Deon Meyer nous propose une double intrigue rythmée et passionnante. Rapidement, on se demande bien comment l'auteur va réussir à faire se rejoindre ces deux histoires tant elles semblent diamétralement opposées. D'un côté, un whodunit presque christiesque avec une mort mystérieuse depuis le wagon d'un train de luxe sudafricain. De l'autre, Daniel Darret, un ancien militant de l'ANC, qui s'est rangé des affaire et apprend l'ébénisterie à Bordeaux incognito. Jusqu'à ce qu'une ancienne connaissance, Lonnie, se pointe en lui demandant de l'aide.
Le plaisir de lecture était réel mais je tempère ma note car le roman n'est pas mémorable contrairement à d'autres œuvres de l'auteur, à commencer par L'année du lion. D'ailleurs, quelques semaines après, j'en ai déjà oublié une partie substantielle.17/01/2022 à 17:59 7
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Il faut flinguer Ramirez - Acte 2
8/10 Quel plaisir de retrouver Ramirez et d'en apprendre un peu plus sur son passé (de guitariste rock) ! Comme souligné par Polarbear, cet album est avant tout une course-poursuite et son scénario est par conséquent moins riche que celui de l'opus précédent. Mais l'action est omniprésente, les touches d'humour sont toujours au rendez-vous et surtout, le dessin est toujours excellent. Certaines planches sont magnifiquement agencées et pourrait être encadrées tant elles sont un régal pour les yeux. Cette série s'affirme comme un must read pour les amateurs de BD noires.
17/01/2022 à 17:45 5
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La République des faibles
7/10 J'attendais peut-être beaucoup de ce roman ayant déjà reçu le Prix Landerneau Polar et en lice pour le Prix du Roman Cézam. Le Lyon de la fin du XIXe siècle est bien décrit, c'est certain, mais j'ai trouvé l'intrigue policière un peu faible en elle-même. D'autre part, je n'ai pas réussi à accrocher aux personnages, notamment de policiers, tous plus ou moins horribles avec leur femme, leurs enfants... C'est sans doute tout à fait assumé par souci de réalisme par rapport aux mœurs de l'époque et au(x) rôle(s) attribué(s) à la femme, mais ça n'aide pas à s'identifier aux protagonistes. Le contexte historique de l'époque est lui aussi exécrable – montée de l'antisémitisme, affaire Dreyfus... – et bien intégré par Gwenaël Bulteau dans son histoire. Malgré une légère déception, j'ai trouvé ce roman très intéressant et je poursuivrai avec cet auteur si l'occasion se présente.
17/01/2022 à 17:38 13
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Sengo tome 6, Obsessions
6/10 L'espièglerie caractéristique du début de la série laisse place à des développements moins intéressants agrémentés de scènes de sexe parfois dispensables. Par ailleurs, Kawashima se met en tête d'aller retrouver les familles de ses camarades tombés au front, accompagné de Kadomatsu. C'est là la partie la plus intéressante de cet opus, plutôt moyen par rapport aux premiers épisodes.
17/01/2022 à 17:29 2
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La Fin du voyage
Charlie Adlard, Robert Kirkman
8/10 La tension entre la Gouverneuse Milton et une grande partie de ses administrés est à son comble, le soulèvement est inévitable. Rick va user de l'influence qu'il a sur ses camarades pour empêcher une véritable guerre civile mais cela semble compliqué pour Milton de rester en place. En parallèle, une énorme horde approche de la Communauté. Un avant-dernier opus assez classique dans la forme qui s'achève sur un énorme rebondissement. Place au dernier épisode.
17/01/2022 à 17:24 3
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GoSt 111
Mark Eacersall, Marion Mousse, Henri Scala
7/10 Goran Stankovic élève seul sa fille, qui a des problèmes cardiaques malgré son jeune âge. Il peine à joindre les deux bouts et accepte naïvement un job de chauffeur bien payé sans trop se poser de questions. Seulement, le coffre contenait de la drogue et Goran se fait arrêter. Pour éviter une lourde condamnation, un policier lui propose de leur livrer régulièrement des renseignements. Ce n'est pas le genre de Goran, mais pour sa fille, il ne peut pas se permettre la prison et son placement.
Une BD au scénario a priori plutôt anodin mais finalement plus riche que prévue. Mark Eacersall donne à voir avec un certain réalisme comment la police utilise ses indicateurs par rapport à ses seuls intérêts. Un "héros" loser et attachant qui fait de son mieux pour protéger les siens.17/01/2022 à 17:19 2
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La Maison du commandant
7/10 On retrouve dans ce sixième opus des enquêtes du commissaire Soneri les rives du Pô, et plus particulièrement la Bassa, la basse plaine du Pô, avec ses immensités inondables et ses brumes caractéristiques. Soneri est dépêché pour enquêter sur la mort d’un anonyme retrouvé sur le bord du fleuve, abattu d’une balle en pleine tête. Si la piste du règlement de compte est rapidement privilégiée, qui était ce jeune homme, vraisemblablement originaire d’Europe de l’est, et surtout, qui l’a tué, et pourquoi ?
Le manque d’éléments pour faire avancer l’enquête, sa connaissance de la région et ses élucubrations amènent bientôt le commissaire au domicile du « Commandant », qui s’avère être mort chez lui depuis un certain temps et ce sans qu’il soit certain qu’il s’agisse d’un acte criminel. De toute manière, qui aurait eu intérêt à tuer ce vieillard, un ancien partisan qui s’était visiblement retiré des affaires et vivait pour ainsi dire en ermite ? Sa mort pourrait-elle néanmoins avoir un quelconque rapport avec celle du jeune anonyme ou bien s’agit-il simplement d’une curieuse coïncidence ? L’opiniâtreté de Soneri, ici souvent épaulé par sa chère Angela, fera ressurgir des brumes insondables de la Bassa des secrets depuis trop longtemps enfouis.
Comme de coutume dans cette excellente série, l’enquête va piano piano, l’atypique commissaire est attachant et c’est toujours un plaisir que de s’attabler avec lui pour déguster les spécialités locales. Cette nouvelle aventure de Soneri est peut-être un tantinet moins entraînante que les précédentes mais pas au point de décevoir les amateurs de Valerio Varesi.08/01/2022 à 14:59 5
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Les algues assassines
7/10 Klervi a 17 ans. Elle est follement amoureuse de Lucas, ce qui ne plaît pas à Jez, son frère jumeau, qu’elle sent s’éloigner d'elle alors qu’ils étaient si fusionnels. Il faut dire que Jez est investi dans la défense de l’environnement et que Lucas est l’héritier des Royer, une famille très aisée de la presqu’île de Guérande soupçonnée de s’enrichir en partie par des activités illicites, à commencer par le braconnage des civelles, ces bébés anguilles qui se revendent si cher.
Un jour, Klervi se rend compte que son cheval ainsi que son frère ont disparu. Curieux, chacun a un cheval et ne prend jamais celui de l’autre. Paniquée, elle retrouve bientôt les deux êtres chers sur la plage la plus proche, inertes dans des algues vertes. Elle s’évanouit à son tour. À son réveil à l’hôpital elle apprend que Torka a succombé aux vapeurs toxiques et que son frère est entre la vie et la mort, plongé dans le coma. Klervi décide alors de faire son possible pour que les responsables paient.
Thierry Colombié est l’auteur de nombreux livres et documentaires. Spécialiste du grand banditisme, il s’est intéressé ces dernières années au travail de l’OCLAESP (Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique), qui l’a accueilli, ce qui lui a donné l’idée de se lancer dans le projet Polar vert. À l’heure où l’environnement est la principale préoccupation pour un tiers des jeunes et où certains souffrent même d’éco-anxiété, l’auteur était emballé par l’idée d’écrire une série de romans policiers pour jeunes adultes ayant pour principal sujet la criminalité verte. Ici, il est principalement question de la crise des algues vertes et du braconnage d’une espèce protégée – l’anguille argentée – dont les alevins font l’objet d’un trafic mondialisé. En effet, sur le marché asiatique, les civelles rapportent plus que la cocaïne, ce qui aiguise les appétits des organisations criminelles. Grâce au personnage de Klervi, tiraillée entre ses amis écolos et sa belle-famille qui s’embarrasse moins de scrupules tant que ça rapporte gros, Thierry Colombié nous donne à voir les différentes facettes des affaires que peut traiter l’OCLAESP, un service de police judiciaire de la gendarmerie nationale.
Le roman est passionnant et très abordable pour les ados comme pour les adultes. Il ne nécessite pas d’avoir des connaissances particulières en matière de luttes environnementales, l’auteur donnant à voir les tenants et aboutissants des questions évoquées tout en se gardant bien de donner son avis personnel.
Les algues assassines se dévore en quelques heures. Passionnant, on pourra seulement lui reprocher de ne pas se refermer sur une véritable fin. D’un autre côté, il donne sacrément envie d’ouvrir le second opus, Anguilles sous roches, qui paraîtra en février.13/12/2021 à 17:47 1
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Je suis le fleuve
8/10 Comme souligné par Emil, le lecteur doute dès le titre. Et ce sera comme ça pendant quasiment tout le roman. Nous sommes plongés en immersion dans l'esprit malade de Broussard, un soldat ayant fait la guerre du Vietnam et ayant fini la guerre côté laotien. L’homme semble toujours fuir, on ne sait trop qui ni pourquoi, il prend des produits pour tenir. On ne sait trop ce qui est vrai et ce qui relève du délire. À cet égard, le roman résume bien ce qu’est le désormais fameux PTSD (syndrome de stress post-traumatique), ici accentué par la prise de stupéfiants. Une curieuse expérience de lecture, assez forte, que j’ai trouvé très intéressante (livre lu quasiment d'une traite en quelques heures).
10/12/2021 à 09:59 7
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Je suis l'hiver
8/10 Ce roman est assez curieux, avec dans le rôle principal Pampa Asiain, un jeune policier limite autiste qui, lorsqu'il n'est pas au boulot, joue en boucle cinq morceaux de guitare appris en autodidacte dans un grand tuyau de béton. Lorsqu’il découvre le corps pendu d'une jeune femme dans une forêt, il reste à le contempler des nuits durant plutôt que de le signaler à sa hiérarchie. Ce qui lui vaudra d’ailleurs de faire progresser l’enquête, à sa façon peu banale. C’est assez poétique et contemplatif, avec une grande part faite aux descriptions qui sont parfois magnifiques. L'intrigue est réduite à la portion congrue mais efficace, avec un final marquant. Une belle lecture, que je ne conseillerai néanmoins pas aux lecteurs qui cherchent des polars "classiques".
10/12/2021 à 09:57 4
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Un dernier ballon pour la route
5/10 J'y suis allé assez confiant. La quatrième de couverture vendait bien le bouquin et je n'ai pas souvenir d'avoir été vraiment déçu par un roman de la collection Equinox. C'est désormais chose faite. J’ai trouvé le ton sympathique, certaines scènes amusantes, certains propos intéressants. Mais passé un gros tiers du roman, j’ai trouvé ça too much, trop de scènes de biture, trop de violence, trop de grand n’importe quoi, et ça tourne un peu en rond… Sans doute est-ce plus ou moins voulu, et je suis allé jusqu’au bout pour voir où l’auteur voulait en venir mais je n’ai pas été spécialement convaincu par la fin. Je mettrai cet auteur, à qui je laisserai sans doute une seconde chance, dans la même veine que Benoît Philippon (Mamie Luger, Cabossé) : de bonnes choses, de très bonnes critiques mais des romans qui ne me convainquent pas vraiment.
Il en sort un nouveau en janvier, La cour des mirages, qui sera plus « politique » et sans doute moins déjanté (ça se passe au moment des présidentielles de 2012 et s’intéresse aux dérives des politiciens de haut rang).10/12/2021 à 09:47 4
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Donbass
7/10 Donbass est le premier roman de Benoît Vitkine, journaliste et correspondant en Russie (pour Le Monde notamment). Cela s'en ressent pas mal, pour le meilleur et pour le moins bon. Les tenants et aboutissants du conflit au Donbass, inconnus du Français lambda, sont donnés à comprendre avec une certaine maestria. Pas de cours magistral ou d'explications imbitables, Vitkine fait preuve de pédagogie et illustre par des exemples disséminés dans son récit. En revanche, s'agissant d'un livre "policier", avec une enquête sur des meurtres d'enfants, je l'ai trouvé assez léger du point de vue de l'intrigue, sous-exploitée à mon goût. La fin, plus rythmée et réussie, atténue un peu ce ressenti mitigé. Des bémols mais une intéressante lecture et un auteur à suivre néanmoins.
06/12/2021 à 13:45 6
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La Petite Souriante
6/10 Gore effectivement, ça l'est. De bonnes idées dans cette BD très noire à ne pas mettre entre des mains trop innocentes. Malgré un certain plaisir de lecture, je n'ai pas tout compris au final, d'où ma note assez pondérée. Mais peut-être mon esprit était trop cartésien pour ce scénario assez extravagant ?
06/12/2021 à 13:34 2
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Vanda
8/10 Vanda vit avec Noé, son fils de six ans, dans un cabanon sur une plage marseillaise. Fusionnels, ils passent ensemble tout le temps où il ne sont pas séparés par la force des choses : lui, à l’école ; elle, à faire le ménage dans un hôpital psychiatrique. Arrive dans leur vie Simon, à qui Vanda avoue qu’il est le père de Noé. Dès lors, le jeune homme qui ignorait tout de sa paternité n’a plus qu’une idée en tête : assumer son rôle de père. Seulement, Vanda n’est pas du tout de cet avis.
Après le superbe et récompensé « L’été circulaire », Marion Brunet signe un nouveau roman qui fait la part belle à un personnage féminin. L’écriture, à la fois forte et poétique est toujours au rendez-vous. Le lecteur se doute vite que tout ça ne pourra que mal se terminer. Néanmoins, nous sommes efficacement accrochés et croisons les doigts pour que tout se termine au mieux. Un moment de lecture fort et éprouvant, qui restera durablement en mémoire.05/12/2021 à 21:37 2
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L'Assassin des ruines
8/10 Hambourg, 1947.
La ville hanséatique, à l’instar de Brest, est littéralement en ruines à cause des bombardements britanniques. Comme si cela ne suffisait pas, l’hiver le plus froid du siècle se profile. La nourriture manque, les habitants peinent à se chauffer, les sans-logis se réfugient tant bien que mal dans les caves des maisons détruites. Et par-dessus le marché, voilà que le corps nu d'une jeune fille est retrouvé parmi les décombres. L’inspecteur principal Frank Stave mène l’enquête. Seulement, personne ne signale la disparition de la jeune femme qui s’avère difficile à identifier. Avant que l’on ne retrouve une seconde victime, elle aussi non identifiée.
Inspirée d’une histoire vraie et jamais résolue, ce policier historique très solidement documenté est passionnant du début à la fin et rappelle (le ton caustique en moins), l’excellente série de feu Philip Kerr. L’inspecteur Stave, qui a perdu sa femme dans les bombardements et essaie en parallèle de retrouver les traces de son fils porté disparu sur le front de l’est, est attachant. Il s’agit du premier tome d’une trilogie qui se poursuit avec L’orphelin des docks et Le Faussaire de Hambourg.03/12/2021 à 16:07 7
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Le Dernier rêve de la raison
7/10 Désarçonnant. Après avoir réfléchi, je pense que c'est l'adjectif le plus adapté que je puisse trouver à ce très curieux ouvrage qui contient tout à la fois une enquête policière (sur des disparitions), du surnaturel (à commencer par les métamorphoses en poisson d'Ilyassov le Tatare ou les problème de cuisses du capitaine de police, lesquelles gonflent dans des proportions jamais vues par la médecine), une dose d'humour et une critique de certains pans de la Russie post-soviétique. Clairement pas pour tout le monde (je n'ai rien lu d'aussi curieux depuis l'excellent L'Homme qui savait la langue des serpents de l'estonien Andrus Kivirähk) mais, pour ma part, un agréable moment de lecture hors des sentiers battus.
26/11/2021 à 16:10 3
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Sengo tome 5, Comédies
7/10 Suite à leurs rencontres à la fin de l'épisode précédent, Tokutaro et Kadomatsu se retrouvent à travailler dans un cabaret. Le second protège les danseuses (parfois de très près) et le premier est désigné scénariste remplaçant (le titulaire du poste étant momentanément sous les verrous). Nos deux compères se plaisent bien avec les danseuses, notamment Kanna Izumi, une jeune femme rêvant de faire carrière dans la comédie. Parallèlement, on suit le père de Tokutaro, hanté par ses démons, qui n'en a pas fini de régler ses comptes avec le Japon et sa gestion de la guerre. Un épisode différent du début de la série, moins porté sur l'après-guerre. Agréable mais j'ai trouvé la partie "théâtrale" du départ inutilement longue.
24/11/2021 à 14:16 2
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Spada
7/10 Plusieurs malfrats d’origine tzigane sont tués en peu de temps à Bucarest. Le seul député tzigane de l'opposition dénonce l'inaction de la police et hurle à l’ethnocide tandis qu'en face, l'extrême droite se gargarise de ces meurtres et félicite sur ses réseaux "Le Poignard" qui va nettoyer la ville de cette racaille. Bien que "policier" d'une certaine façon (il y a crimes, il y a des policiers qui enquêtent), ce roman est avant tout une politique-fiction. L'enquête passe vraiment au second plan tandis que l'auteur donne à voir, sans prendre parti, les tenants et aboutissants de cette affaire, aussi bien sur le plan de la politique nationale qu'internationale, sans oublier le rôle important joué par les médias (Bogdan Teodorescu est journaliste de métier). Cette sombre histoire se déroule en Roumanie mais elle aurait très bien pu se passer dans n'importe quel autre pays ce qui la rend passionnante pour le lectorat francophone. A déconseiller aux amateurs de thrillers ou de whodunit, ce texte à la frontière du polar et du roman politique est une belle découverte.
20/11/2021 à 15:36 3
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Entre fauves
9/10 Elisa Vix, Colin Niel... Les éditions du Rouergue prennent du plaisir à publier de belles plumes françaises adeptes du roman choral. Et lorsque c'est si bien fait qu'avec ces auteurs, elles auraient tort de s'en priver, de nous en priver.
Ici, on suit Martin, garde dans le parc national des Pyrénées et particulièrement en charge du suivi des ours. Déprimé par le manque de moyens, obsédé par les chasseurs qui s'en vont tuer des animaux protégés pour la gloriole, et face à l'inaction des gouvernants, il décide de traquer ces chasseurs sur la toile pour les pointer du doigt. On suit Apolline Laffourcade, fille de bonne famille à qui le père, riche chasseur, offre un arc de haute précision et un séjour en Afrique pour son 20e anniversaire. On suit aussi Kondjima, un jeune himba qui rêve de conquérir le cœur d'une femme trop riche pour lui. Enfin, on voit évoluer Charles, un vieux lion mâle chassé par des plus jeunes.
Le départ est peut-être un peu plus exigeant en terme de concentration que les autres romans de l'auteur, le temps d'appréhender les différents personnages et les milieux très différents dans lesquels ils évoluent. Ensuite, la narration semble accélérer sans cesse et le derniers tiers est exceptionnel d'intensité et de suspense. Du grand polar, qui en dit beaucoup sur notre société actuelle bien que Colin Niel reste finalement assez impartial dans ses propos, nous donnant simplement à voir différents points de vue, sans spécialement juger.20/11/2021 à 15:24 11