BMR

36 votes

  • L'île des hommes déchus

    Guillaume Audru

    8/10 Le huis-clos est ouvert à tous les vents mais l’atmosphère insulaire est étouffante, alourdie de secrets et de non-dits. Et c’est pas le vieux squelette remonté à la surface qui va dire le contraire.
    On regrette juste encore quelques maladresses (de premier roman) dans les dialogues qui semblent parfois un peu décalés en regard de la violence des sentiments exposés.
    Un auteur à faire connaître avec cette lecture bien agréable.

    17/03/2014 à 21:11

  • Les talons hauts rapprochent les filles du ciel

    Olivier Gay

    2/10 Quel livre décevant ! Quelle écriture bâclée !
    Un soi-disant polar dans le milieu branché (pardon : hype) des soirées parisiennes.
    Intrigue nullissime, ambiance hype mais sans aucun intérêt.
    Quel dommage de voir ainsi gâché un aussi joli titre …
    Et de plus, c’est plutôt mal écrit et l’humour promis n’est que trop rarement au rendez-vous.

    17/03/2014 à 16:10

  • Le deuxième voeu

    Ramón Díaz-Eterovic

    9/10 Comme tout bon auteur de polar un peu désabusé, Ramòn Dìaz Eterovic a entrepris d'explorer les zones d'ombre de la société contemporaine : après le racisme chilien qui servait de décor à La couleur de la peau, cette double enquête du Deuxième vœu va nous mener sur les traces de ceux qui exploitent la misère du troisième âge, allant jusqu'à rançonner les petits vieux pour faire main basse sur leurs pensions.
    Comme d'habitude, les enquêtes policières ne sont ici qu'un prétexte à peine nécessaire : prétexte à côtoyer pendant quelques pages Heredia et ses amis, à découvrir quelque face cachée de notre société, à parcourir les rues de Santiago. En somme, un prétexte pour passer un agréable et intelligent moment.
    Ramòn Dìaz Eterovic est assurément la découverte polar de cette année 2013.

    17/03/2014 à 16:08 1

  • Il faut tuer Lewis Winter

    Malcolm Mackay

    9/10 La recette est inhabituelle et plutôt originale. MacKay a fait longuement dégraisser son polar à la cuisson et nous laisse en apprécier la substantifique moelle.
    Comme si l'auteur, visiblement aussi méticuleux que son héros, démontait pour nous, pièce par pièce, la mécanique de précision d'une machine à polar. Ici pas de descriptions savantes : on est presque surpris quand MacKay nous rappelle de temps en temps que ça se passe à Glasgow, tant son texte est universel et ressemble plutôt à une aventure new-yorkaise désincarnée.
    Dès les premières pages, on pense inévitablement à la bd de Luc Jacamon, Le tueur. Avec la même voix off qui traduit pour nous les pensées du tueur à gages méticuleux.

    17/03/2014 à 16:07 1

  • Julius Winsome

    Gerard Donovan

    8/10 Peu à peu, au fil des courts chapitres et de la belle écriture de Gerard Donovan, tout en douceur tranquille et inexorable, Julius Winsome s’enferme dans la folie et l’hiver.
    Et l’hiver de cette année-là dans le Maine s’annonce terrible et glacial.
    Conte de la folie ordinaire.
    Le bon gars sympa devient tueur en série. Tueur d’imbéciles chasseurs, forcément un peu beaufs (qui n’a pas un jour rêvé de faire un carton sur des chasseurs ?), mais tueur en série quand même.
    On peut trouver cette histoire peu vraisemblable même si elle est particulièrement bien écrite … mais on peut aussi croire à cette goutte d’eau qui a fait déborder l’ermite qui lisait au fond de sa tanière et se laisser emporter par cette insidieuse folie qui s’est introduite dans la cabane sur ses pas …

    17/03/2014 à 16:05 3

  • La Vérité sur l'affaire Harry Quebert

    Joël Dicker

    8/10 Inclassable ce roman qui parle de littérature, d’écriture et d’écrivain, qui s’étend sur les affres des auteurs devant leur page blanche. C’est plein d’humour et d’autodérision, une histoire comme seuls les américains juifs new-yorkais savent les écrire. On connait bien. Sauf que ?
    Sauf que Joël Dicker est … suisse !
    Ce n’est certainement pas le roman du siècle (l’écriture reste simple, l’histoire superficielle, les rebondissements divertissants et certaines figures un peu convenues) et l’engouement dont ce bouquin a été l’objet est certainement disproportionné, ok, mais voilà quand même un bon gros moment de plaisir. À ne pas bouder, même si le tapage fut assourdissant.

    17/03/2014 à 15:56

  • Comme dans un rêve

    Leif GW Persson

    7/10 Olof Palme c’est un peu le Mitterrand suédois et son assassinat mystérieux est un peu à l’Europe, ce que celui de JFK est aux US.
    Que ceux qui espéraient un polar à l’américaine, urbain et trépidant, passent leur chemin. La marque de fabrique de Leif GW Persson, c’est la procédure documentée, le dossier minutieux.
    Les amateurs de scoop fracassant ou de révélation croustillante en seront pour leurs frais.
    Il faut même un peu de courage pour rester accroché au copieux dossier durant ses 600 pages.
    Reste l'équipe d'enquête on l’a dit : quelques filles et garçons sympas (ouf !), ravis de travailler pour le grand patron qui dirige les investigations en douce et en marge de l'enquête officielle, sous prétexte de ré-indexation des archives du dossier Palme. Cela nous vaut quelques pages savoureuses.

    17/03/2014 à 15:54

  • Ce qui n'est pas écrit

    Rafael Reig

    5/10 Rafael Reig ne réussit malheureusement pas à tirer tout le parti de sa bonne idée et chacune des histoires imbriquées se terminera aussi laborieusement qu'elle a commencé.
    Les personnages sont à la limite de la caricature : un Carlos alcoolique et intransigeant, un fils faible et veule et une Carmen versatile et insignifiante.
    Finalement, on en vient à penser avec sévérité (sans doute trop de sévérité) que le bouquin de Rafael Reig ressemble au faux polar de son Carlos : pesant et glauque, maladroitement imbibé de whisky et inutilement épicé de sexe.

    17/03/2014 à 15:52

  • Sacrifices

    Pierre Lemaitre

    7/10 Bon, reconnaissons quand même qu'il s'agit là de l'épisode le moins bon de la trilogie, un épisode qui n'arrive pas au niveau des deux précédents qui avaient placé la barre très haut.
    On sent que Pierre Lemaître a voulu se consacrer aux tourments de son personnage et fouiller plus loin dans les recoins de son esprit, quitte à sacrifier un peu les acolytes et collègues (on s'y était attaché ...), donner une brillante conclusion à sa trilogie et boucler la boucle, plutôt qu'à renouveler un exercice de style désormais connu.

    17/03/2014 à 15:51 2

  • Back up

    Paul Colize

    9/10 Une fois accroché, impossible de lâcher le bouquin ou plutôt les bouquins puisque, à côté du polar, les souvenirs des sixties du batteur beatnik forment quasiment un roman dans le roman : l'occasion (sans doute en partie autobiographique) pour Paul Colize de faire défiler toute l'histoire du rock, l'histoire de ces années de libération sexuelle, d'effervescence musicale et d'agitation cérébrale (c'était la belle époque du LSD et d'autres pilules), depuis la guerre du Vietnam à la celle des Six jours (oui, c'était aussi l'époque de la guerre froide).
    Bruxelles, Paris, Londres et Berlin : une époque où l'on brûlait la chandelle de la vie par les deux bouts.

    15/03/2014 à 11:43 1

  • Le printemps du commissaire Ricciardi

    Maurizio De Giovanni

    9/10 Après L’hiver du commissaire on s’était promis d’attendre le second épisode pour confirmer le coup de cœur : avec ce Printemps du commissaire Ricciardi c’est bel et bien chose faite et Maurizio De Giovanni est vraiment un excellent filon.
    Cette deuxième saison est encore mieux construite que la précédente, avec toute une kyrielle de personnages dont les tranches de vies s’entrecroisent pour donner un panorama un peu triste et mélancolique du petit peuple de Naples …
    On retrouve bien entendu le beau commissaire aux yeux verts, toujours affligé de son sixième sens, le sens de la douleur, le commissaire qui “voit” les morts et entend leurs dernières paroles, souvent mystérieuses.

    15/03/2014 à 11:39 3

  • Témoin involontaire

    Gianrico Carofiglio

    8/10 Avec ce polar judiciaire, on n’est pas tout à fait dans une enquête policière et l’on découvrira les nouveaux éléments, un peu comme les jurés, au cours des débats et des plaidoiries : l’avocat Guido et son auteur savent ménager ses effets.
    Un bouquin bien fichu et très agréable à lire avec une ambiance fouillée qui fait un peu penser à celle du chilien Ràmon Dìaz-Eterovic (avec son privé Heredia et son chat Simenon).
    Outre la procédure judiciaire (pas trop compliquée, rassurez-vous), on se plait à suivre les démêlés de Guido avec sa déprime et ses petites amies et on se dit qu’on tient là encore une bonne série : d’autres épisodes nous attendent déjà et on va donc attendre le prochain avant d’épingler un coup de cœur … qui ne saurait tarder.

    15/03/2014 à 11:36 2

  • Étranges rivages

    Arnaldur Indridason

    9/10 Ce qui fait la réelle saveur de ce bouquin, c’est bien sûr le récit des questionnements d’Erlendur, ses échanges et ses dialogues avec les islandais qu’il croise, ce que chacun apporte peu à peu au récit et les clés des mystères qui nous sont délivrées peu à peu : le mystère de la disparition de Matthildur et le mystère de la disparition de Beggur, le petit frère d’Erlendur. Elles n’ont rien en commun ces disparitions : sauf d’être des disparitions islandaises comme seul Arnaldur Indridason sait nous en raconter.
    Si Erlendur ne semble passionné que par les morts et les disparus, Indridason lui s’intéresse bien aux vivants, meurtriers ou victimes, qui portent sur leurs trop frêles épaules le poids de ces fantômes.
    Indiscutablement, cet auteur vient là de couronner brillamment son œuvre.
    Toute bonne série a (malheureusement) une fin et celle-ci est particulièrement réussie.
    Si vous ne connaissiez pas encore (mais est-ce vraiment possible ?), on ne saurait trop vous conseiller de commencer par les autres ouvrages avant d’arriver vous aussi à cette belle conclusion.

    15/03/2014 à 11:24 5

  • Yeruldelgger

    Ian Manook

    6/10 Patrick Manoukian veut trop bien faire et accumule les maladresses.
    Pour faire moderne ou pour nous convaincre que les nomades sont branchés, l’auteur nous inonde d’iphone, ipad et autres igoogooleries. Ben voyons.
    Et puis non content d’en faire des kilos au rayon folklore local (au point de convoquer les moines de Shaolin !), il en fait des tonnes au rayon polar. Plus américain tu meurs. À tel point que certains chapitres hyper-violents sont bien trop complaisants envers les sévices infligés aux corps des jeunes femmes : on retrouve là des relents nauséabonds de Millenium. On n’aime pas du tout, du tout, cette tendance douteuse et dangereuse qui demande à être parfaitement maîtrisée, ce qui est loin d’être le cas chez Stieg Larsson comme chez Ian Manook.
    Manoukian s’applique d’ailleurs soigneusement à imiter un peu tout le monde : commissaire à la Nesbo, fantômes à la Indridason, nazillons à la Mankell, légiste à la Patricia Cornwell, far-east à la Craig Johnson et j’en passe. Cette accumulation facile, commerciale et maladroite de clichés (et de violences gratuites) finira donc par nous gâcher le plaisir du voyage.

    15/03/2014 à 11:20 3

  • Juste une ombre

    Karine Giebel

    4/10 Encore un polar tgv écrit et lu à vive allure. On se surprend même à lire en diagonale de nombreux passages : c’est dire que ces pages ne laissent pas un souvenir impérissable et qu’on se demande à quoi pensaient les jurés de Cognac en lui décernant le prix du meilleur polar français en 2012.
    Mais comme tous ces ‘page-turner’, une fois de temps à autre, ça permet de se relaxer les neurones et de se vider la tête.

    15/03/2014 à 11:17

  • Alex

    Pierre Lemaitre

    9/10 Pierre Lemaître sait vraiment construire d’excellents polars et renouvelle la gamme sans se répéter. Il réussit à s’approprier les codes du genre et à nous promener en bateau avec des constructions emboîtées, façon poupées russes ou mieux, façon labyrinthe de miroirs.
    La construction savante et tordue est peut-être moins sophistiquée que celle de Travail soigné mais elle est encore plus efficace et plus accessible, plus crédible si besoin. C’est donc également ici une réussite, différente, mais tout aussi plaisante.

    15/03/2014 à 11:15 5