603 votes
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Darktown
8/10 On est en Géorgie dans la ville la plus peuplée de l’état suivant la seconde guerre mondiale. Pour la première fois des agents du département de police sont recrutés parmi la communauté noire. Dans cette atmosphère électrique, où malgré une volonté politique de poser les fondements d’une concorde et d’une égalité de façade, on assistera à la coexistence de deux unités policières distinctes. Et justement, l’équité de traitement, de mission, de statut restent loin d’atteindre son but. Le plafond de verre est toujours solide mais des hommes tentent de faire évoluer les lignes en se battant avec leurs armes.
18/10/2018 à 18:59 9
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Deux femmes
8/10 Deux courbes, deux arcs de vie. Deux destinées, deux passés. Le duo féminin est sur une ligne de départ aux couloirs parallèles. Pour l’une c’est une épreuve de vie, pour l’autre, un choix. Le ciel annonce le tumulte et la grisaille, la collision la noirceur…
14/10/2018 à 18:53 4
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Au coeur de la folie
7/10 Luca d’Andréa a une indéniable faculté de conteur. Il nous tend la main pour nous guider sur son sentier. Un sentier, pas une route, car l’homme est un homme de la terre, un homme des montagnes, un artisan. Il nous convie d’ailleurs de nouveau dans sa région natale, le Sud Tyrol. Et son roman tournera autour de quatre personnages cardinaux. Chacun possède un sens caractérisé de son existence, leur philosophie et leur construction divergent sur bien des points. Or ils se découvriront des bulles d’aspirations et des atomes qui auraient pu correspondre. Leurs lignes de vie resteront parallèles et s’insinueront dans des gouffres de désillusions et de funestes vertiges.
09/10/2018 à 18:14 7
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Route 62
7/10 Ren, Los Angeles, 2010
James, Twentynine Palms, 2006
Blake, Wonder Valley, 2006
Tony, Los Angeles, 2010
Britt, Twentynine Palms, 2006
Pas d’unité de lieu, de temps, on navigue avec plusieurs personnages dans des années différentes et des lieux variants. Pour la majorité ils sont dans un brouillard existentiel, vers une quête de vérité ou de solution. Car ils semblent marqués par l’impériosité de rattacher les wagons afin de donner une cohérence à leur vie, ne plus se mentir. Dans cette recherche ils feront face à leur conscience pour y trouver l’échappatoire de parcours cabossés. Ils se donnent les moyens d’y parvenir en extrayant le substrat vital de destinées bien trop souvent hantées par la crédulité ou la naïveté.
02/10/2018 à 11:14 4
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La Disparition d'Adèle Bedeau
7/10 C’est un duel, une confrontation, un face à face. Deux hommes sont en opposition, l’un flic de son état, l’autre témoin dans une affaire de disparition. Une jeune femme s’est volatilisée et cet inquiétant contexte ravivera un passé où les damiers noirs sont masqués par une mémoire défaillante. Les deux protagonistes rétablissent leur passé et éclaircissent leurs zones d’ombres. C’est de cette petite ville de province, à la confluence de la zone frontalière franco-germanique-suisse alémanique, que les scories spécifiques de cette petite communauté prennent une ampleur et une couleur traduisant, en quelque sorte, une part de désœuvrement social, des idées préconçues sur autrui et sur ailleurs.
28/09/2018 à 11:04 6
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Honky Tonk Samouraïs
8/10 Il est toujours un plaisir, enrobé d’excitation, que de se replonger dans une nouvelle aventure du duo formé par Hap Collins et Léonard Pine. Les potes d’enfance ont pourtant des antagonismes, or ils présentent, avant tout, une amitié indéfectible suçant les liens du liquide de vie. Complètement ancrés dans leur culture de l’ East Texas, ils sont tout de même investis, guidés par des valeurs de justice universelle, d’égalité inaliénable et de fraternité sans obstacle. Et c’est donc, avec délectation, qu’on les suivra dans cet opus qui les conduira à la lisière de l’indicible, de l’innommable.
26/09/2018 à 17:53 10
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Le Rôle de la guêpe
8/10 L’isolement, l’absence de repères familiaux, la lutte de jeunes individus pour se faire accepter dans une communauté fermée nous portent vers un intangible récit noir. Dans ce centre de détention temporaire et non comme une école, tel le précise en incipit le directeur de la structure, ne présage rien de positif et nous pousse benoîtement dans une atmosphère pointée par le mystère et l’effroi. Le doute ou l’espoir ne semble pas permis et dès les premières lignes on prend bien conscience de l’évidence….
20/09/2018 à 17:47 7
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Macbeth
4/10 Je partais dans l’inconnu à plus d’un titre en entrant dans ce roman noir. En effet, je n’avais pas eu l’occasion, ou la tentation d’entrer dans l’univers livresque de l’auteur scandinave, pourtant plébiscité dans le monde du noir. J’étais, de même, naïf du monde shakespearien. On est bien là dans une évocation, dans une adaptation libre et il m’est difficile d’y trouver des analogies fortes au su des explications fournies en préambule. Cette dramaturgie, basée sur des thèmes classiques transposés dans une modernité, pouvait augurer de frictions tendues, de source d’émoi pour l’adepte du genre.
17/09/2018 à 11:09 3
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Requiem pour Miranda
7/10 Il faut se délecter du nectar! Pas par soif vitale mais par unique plaisir, plaisir coupable, véniel, où l’on ressent au siège des émotions une emprise barbare et catalytique. De ces courtes pages, l’adhésion doit être totale afin de frissonner à l’insondable, de s’emplafonner dans l’innommable. La sécheresse du propos ne s’ampoule pas de détails superfétatoires. Et si l’on s’isole dans sa bulle, on fait face à une sombre fable, ouvrant la porte du royaume d’Hadès. On ose y entrer ou l’on refoule cet univers.
Pile ou face?09/09/2018 à 20:48 3
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1994
8/10 Les plaies ne cicatrisent pas, elles ne se referment pas après une décennie d’exactions où le manichéisme ne signifie plus grand chose. L’Algérie, de ses souffrances, tente de reconstruire, or son passé impacte le présent d’un indélébile trait. Le pays cherche à faire bonne figure en tutoyant des politiques qui ne sont pas les siennes, en reproduisant des codes et des organisations occidentales, elle voudrait s’affranchir des sources ayant abreuvé cette guerre civile fratricide de l’implosion. C’est en suivant des personnages taillés à la serpe que le romancier nous convie à suivre leurs destinés dans ces heures sombres et celles d’après.
04/09/2018 à 11:00 7
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Malavita
7/10 Lu à sa sortie par un été à la campagne....j'en conserve un doux souvenir où le plaisir de la villégiature familiale se conjugue avec l'angoisse d'être démasquée par des forces qui n'ont que l'ultime suppression en tête. De l'écriture qui a son grain, sa tessiture!
07/08/2018 à 19:47 4
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Chevauchée avec le diable
9/10 Les Bushwackers, bandits indépendants durant la guerre de sécession, restait attachés aux sudistes et, donc, vivaient de méfaits indépendamment des troupes confédérées. Ce récit tranchant, sans apprêts, est un récit de carnassiers. Carnassiers car ils tuaient pour éviter d'être tués, en particulier par les Jayhawks unionistes, dans un déferlement de peu de foi ni loi. Grand roman, grande écriture, de chemins parallèles du conflit fondateurs des Etats-Unis. (Adapté par Ang-Lee)
16/07/2018 à 22:59 5
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Traversée vent debout
8/10 Un Nisbet se mérite! Sur cet acte il est moins noir que "Prélude à un cri" ou "Injection Mortelle" et il nous délivre son message sur des thématiques évoquant le fonctionnement de notre monde sur différents prismes. L'écrivain manie le verbe, structure son récit avec un subjuguant niveau. Taxer ce roman d'oeuvre jubilatoire est une litote! Nisbet reste unique....
10/07/2018 à 18:40 6
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Une femme d'enfer
9/10 Une Femme d’Enfer, précédemment publié sous le titre « Des Cliques et des Cloaques » en 1967 pour sa version française, est l’ouvrage de Jim Thompson sur lequel Alain Corneau s’est librement appuyé pour nous conter son long métrage « Série Noire ». Il nous dépeint des destinées obscures qui ne semblent pas posséder d’avenir. Ce sont des petites gens qui survivent et tentent de s’accrocher à des chimères dont, eux-mêmes, ne sont pas dupes. Ils avalisent, sans volonté consciente, des bifurcations sur leurs routes d’existences les menant sans variations à leur perte. Sûrement pas de grandiloquence dans ce texte où l’émotion affleure par des vies moroses.
03/07/2018 à 16:58 5
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Les Guerriers de l'enfer
8/10 Originellement titré Dog Soldiers, Les Guerriers de l’Enfer, en 1974, lauréat du National Book Award en 1975 et adapté pour la toile trois années plus tard par Karel Reisz, ce roman décrit le pays à la bannière étoilée qui ne se réfère plus à ses valeurs. Il est une version d’une Amérique désenchantée, sortant de ce conflit vietnamien, en exposant au monde des stigmates profondes, traumatisantes.
28/06/2018 à 18:30 3
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Au pays des barbares
5/10 Faîtes vos jeux, rien ne va plus! Quand la bille tourne autour du plateau mobile, l’anxiété monte en se mêlant à une excitation liée au résultat aléatoire. Il en est de même dans le stratagème imaginé par des bas de plafond dont la motivation de fond reste bien superficielle, guidée par une immaturité pathologique. On entre dans le milieu du football des clochers, dans les existences de supporters acquis à une cause constitutive de celle-ci. Situé chez les cul-terreux, les rednecks, à une encablure de la Belgique, les Ardennes représentent le rond central d’une myriade de déchéances personnelles s’additionnant. De la grisaille, de la bière, pour des derviches tourneurs de la glanditude qui osent l’impensable et l’impensable reste possible pour les privés de conscience.
14/06/2018 à 18:58 3
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Je suis un Guépard
8/10 La sempiternelle question, l’infini débat, de la définition du polar reste posée. Dans une cascade de dominos, quel est le prépondérant le premier ou le dernier? Et c’est dans cet « affrontement » de deux couples dépareillés que les cartes sont rebattues. Il y a un manifeste manichéisme dans ce récit avec un couple que l’on pourrait étiqueter de gauche et l’autre de droite. C’est aussi par ce prisme que le roman sociétal s’exprime, il s’exprime d’autant plus dans cette dualité et cette opposition que dans les parcours de vie, où le chaos reste néanmoins plus prononcé pour le premier couple. Ce sont donc des fracturés de l’existence qui font face à un duo ayant connu un tracé plus linéaire. Pas de caricatures, de poncifs ni de raccourcis mais bel et bien un texte brut qui peu à peu revêt tous ses sens…
11/06/2018 à 19:02 5
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Là où vivent les loups
7/10 La frontière transalpine au cœur de cette région savoyarde est propice au passage de migrants…Mais quand un « boeuf-carottes » débarque pour un contrôle administratif de routine dans ce poste de la police des frontières, il se voit confronté à un meurtre dénué de rapport avec ces passages illégaux. Son personnage ingrat, rustre, quasi insociable s’impose pourtant et le résultat n’en est que plus savoureux, à la hauteur des diots aux crozets!
05/06/2018 à 22:44 7
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My Bloody Valentine
7/10 L’image de carte postale est idyllique, réjouissante. Se retrouver sur l’île de beauté en compagnie d’un autre couple et leurs enfants présage de moments de concorde, de bon temps. La mécanique ondule sous les rais du dieu Râ et l’huile des rouages semble se raréfier. Chacun vit avec son histoire, chacun vit avec son âge et ses attraits pulsionnels….
03/06/2018 à 01:47 2
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São Paulo confessions
6/10 Sampa, Sao Paulo, la « Suisse » du Brésil est le théâtre d’une enquête liée à une disparition. Menée par un avocat en simili-perdition professionnelle mais, surtout, personnelle, il s’escrime à définir les circonstances entourant cette disparition. Rapidement, aisément, on aura défini pour qui la référence pour cet homme volatilisé. Il ne fait aucun doute que cette star aussie correspond à ce rocker ténébreux lesté d’un passé ténébreux accompagné par « les mauvaises graines ». Implicitement, l’auteur nous livre son attirance musicale pour l’artiste de talent. Les vicissitudes d’une existence parsemée de drames, d’addictions, de décisions tumultueuses ponctuant, par la même, le récit pour tenter de détricoter une trame de vie. Pas de plages, de farniente, de naïades sculptées à l’envi par des coups de scalpel, pas de jeux de ballons, on est dans une réalité brute sans ponctuations.
30/05/2018 à 11:12 3