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Sharko
7/10 Avec cette nouvelle intrigue à vous glacer les sangs, Franck Thilliez vampirise l'actualité littéraire du thriller et place ses fidèles enquêteurs, plus que jamais en manque de veine, dans la position du chassé...
Le pitch est assez savoureux : en cherchant à maquiller une perquisition illégale ayant mal tournée, Sharko oriente ses collègues sur une affaire hors normes, comme lui seul les polarise...
Le degré d'exigence est tel, à chaque sortie d'un nouveau Thilliez, qu'il faut saluer la gageure relevée par l'auteur de parvenir à bâtir, une fois encore, une création aussi extravagante que son socle scientifique est solide...
Au fond, Franck Thilliez est un peu comme ces alpinistes qui s'en vont défier systématiquement les mêmes sommets, tout en empruntant des voies différentes... Même si, en l'occurrence, subsiste la sensation tenace de poser ses pas dans ceux d'un autre, comme si certains détails de son histoire faisaient écho à d'autres de ses romans, un petit air de déjà-lu assez prégnant...
Pourtant, fidèle parmi les fidèles, je continue à vouer à cet artiste un culte irraisonné, reconnaissant du travail bien fait, et admiratif, devant l'énergie déployée et les mésaventures enchainées, de persister à entretenir la mythologie Sharko avec une telle ferveur et une telle authenticité, l'élargissement du "cercle des héros" n'étant pas la moindre de ses réussites...
22/05/2017 à 15:30 9
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Fin de ronde
8/10 Cette fin de ronde, c'est la dernière ligne droite pour les deux principaux protagonistes de la trilogie de Stephen King: Bill Hodges, le flic à la retraite et Brady Hartsfield, le psychopathe catatonique... Un baroud d'honneur, le round final, mais sûrement pas la mise au rancart du talent de l'auteur qui intègre à sa diablerie policière un deus ex machina démesurément retors, et profite de l'aubaine pour s'offrir un duel au soleil (couchant), digne des meilleurs westerns...
Une touche de fantastique qui rehausse le teint d'une intrigue bien noire, pour moi, le meilleur tome de la trilogie, King n'étant jamais aussi habile que lorsqu'il surfe sur nos angoisses ordinaires, celles que l'époque, et son modernisme, charrie au quotidien, qu'elles soient insidieuses, pernicieuses ou malignes... Ici, la boucle est bouclée...17/05/2017 à 09:40 4
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L'Effet domino
8/10 Plutôt que l'Effet domino, c'est surtout l'effet miroir qui donne une complexion notable à ce roman; à quelques centaines d'années d'écart, rien, dans le domaine macabre du grand fait divers, n'a changé...
Bien que tout ne soit que fiction, François Baranger contextualise son intrigue en l'émaillant d'à-côtés historiques et sociétaux, qui mettent en lumière le caractère immuable de certains de ses acteurs ( la presse avide de sensationnalisme, le phénomène de bandes en périphérie de la capitale, les fameux apaches), tout en y glissant une touche de modernisme, avec son personnage d'inspecteur anti-conformiste et progressiste, en butte à l'obscurantisme et le nationalisme grandissants de son époque...
Très proche du dernier livre de Dominique Maisons, de par sa thématique et son traitement, je me suis interrogé sur le bien-fondé des nombreuses digressions qui balisent le roman, coupables de freiner la progression de cette manigance...Finalement, j'en suis venu à estimer qu'elles étaient nécessaires, afin de pouvoir refléter l'état d'esprit du personnage principal quant au basculement s'opérant chez ces protagonistes, à cheval sur deux siècles, voyant ces bouleversements changer radicalement leur mode de vie et leur façon d'appréhender le monde dans lequel ils évoluent...
En nous impliquant de cette façon dans son scénario, l'auteur réussit à nous transporter au coeur de son intrigue, subtilement bâtie, et abominablement incisive...08/05/2017 à 22:05 6
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Zanzara
6/10 Journaliste en quête de sensations, trompe-la-mort à ses heures perdues, égotiste et égoïste, le moins que l'on puisse dire du héros de Zanzara, c'est qu'il ne prête pas le flanc à l'empathie... Néanmoins, Paul Colize réhabilite cette attitude de tête brulée en parvenant à la justifier de façon totalement dramatique, et trouve le moyen de rendre son personnage, si ce n'est sympathique, du moins terriblement humain...
C'est l'axe fort du roman, celui qui le sort de l'ornière du tout venant, car pour ce qui est de l'intrigue, du déroulement de celle-ci, et de la chute, aussi brusque qu'elliptique, je suis resté sur ma faim...29/04/2017 à 20:31 7
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Majestic murder
7/10 Avec cette représentation insolite, Armelle Carbonel lève le rideau sur sa nouvelle oeuvre, frappant les trois coups comme l'esprit du lecteur, et nous convie à la générale d'un spectacle en trois actes: enfer/mement, souffre/rance, des vies/ance... En montant cette pièce outrageusement cruelle et funeste, l'auteure fait entendre une fois encore sa voix si particulière dans le concert du polar francophone...
Même si parfois, dans la volonté qu'elle a de retranscrire la noirceur qui caractérise l'état d'esprit de ses personnages, Armelle Carbonel nous immerge dans une opacité narrative assez dérangeante, l'habitude qu'elle a de mener son projet à son terme, sans renier son parti pris, est assez saisissante...
Le lecteur, qu'elle prend plaisir à rudoyer, assiste, interdit, au démantèlement de ses préjugés, pour finir par délibérer du caractère affirmé et réel de ce qu'il aura lu...26/04/2017 à 16:21 4
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Papillon de nuit
9/10 Ce vol de nuit, c'est le passage à l'acte d'un amoureux de la littérature américaine, la transformation de la chrysalide, avec l'affirmation d'un style, l'émergence d'une voix, le tumulte d'un souffle épique...
C'est aussi l'art d'évoquer de grands bouleversements historiques et sociologiques à travers le prisme d'une complicité compliquée par l'hypertrophie intellectuelle d'une minorité, à l'heure de la ségrégation...
Ce coeur en cage, ce sont les actes de bonne foi qui rachètent les égarements du temps d'avant, ou que l'on croit, comme le napalm pour cautériser la plaie du Vietnam, la chaise électrique pour s'asseoir sur sa mauvaise conscience, ou les droits civils pour redresser les torts passés...
Mais l'effet papillon, c'est surtout la théorie du chaos émotionnel: un battement de coeur au détour de chaque page, qui finit par provoquer un tremblement des sens, une effervescence sensitive qui chamboule nos âmes et saccage nos certitudes...22/04/2017 à 14:01 6
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Block 46
7/10 L'incursion au coeur de la barbarie nazie durant la seconde guerre mondiale, le quotidien des déportés esquissé durant la première moitié de l'ouvrage, à l'origine des délits qui y seront commis, octroie, par le contraste qu'il provoque, et son abject réalisme, une authentique valeur ajoutée au roman de Johana Gustawsson, qui tire sa singularité d'un détonnant mélange des genres...
En confrontant passé et présent, en jouant habilement avec les points de vue des différents protagonistes, son oeuvre sait nous tenir en haleine, en dépit d'une investigation quelque peu indolente, avec très peu de séquences d'action, mais un duo d'enquêteuses que j'aurais plaisir à retrouver, pour creuser encore un peu plus leurs zones d'ombre qui demeurent...16/04/2017 à 09:45 8
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Version officielle
10/10 Si vous lisez ces lignes et décidez d'accréditer ma version des faits, c'est que, quelque part, la vérité est ailleurs... Probablement au large des côtes de l'Alaska, sur une île ignorée de tous; c'est en tous cas la Version Officielle de James Renner, fiction "subversive" à propos d'une réalité historique instrumentalisée et frelatée...
Alors, dans ce monde, James Renner ne serait que la réincarnation du talentueux Rod Serling, et son roman une passerelle de plus vers la Twilight Zone, comme en témoigne la concordance des styles, et une familiarité indéniable dans la manière qu'ils ont d'exploiter le fantastique pour obliger le lecteur à raisonner et s'interroger...
Dans ce monde, l'auteur envisagerait notre rapport au passé comme quelque chose d'erroné, de prémâché, voire de suggestionné...La désinformation et la théorie du complot au coeur du récit, comme pour mieux souligner le pouvoir des mots et de la fiction...
Dans ce monde, le 11 septembre s'apparenterait à un acte de bravoure et d'héroïsme, Stephen King à un vulgaire copiste, boire l'eau du robinet à un lavage de cerveau...
Dans ce monde, James Renner parsemerait son récit follement conspirationniste de références à ses illustres devanciers: Pierre Boulle, Philip K. Dick, Ray Bradbury, dans un hommage à peine déguisé...
Dans ce monde, la virtuosité de James Renner nous sauterait aux yeux... Mais ça, n'est-ce pas déjà fait?...
11/04/2017 à 09:15 8
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Ragdoll
8/10 Du lourd, du très lourd avec ce thriller bankable, format cinémascope, un premier roman qui, s'il ne révolutionne pas le genre, sait jouer avec les codes pour faire preuve d'une redoutable vitalité...
Si l'appellation page-turner peut paraître certaines fois galvaudée, ici, elle prend tout son sens: l'enchaînement des péripéties et le machiavélisme de l'intrigue nous poussent à toujours vouloir en savoir davantage...Les personnages ont cette densité qui nous les aliène presque immédiatement, l'auteur réussissant la gageure de leur faire occuper à tour de rôle le devant de la scène, sans jamais que l'un d'entre eux n'accapare le récit...
L'omnipotence du bad guy pourra agacer les esprits chagrins; pourtant, qui peut dire si Seven sans John Doe, ou Usual Suspects sans Keyser Söze, auraient autant marqué les esprits qu'ils ne l'ont fait ?...
Seule note discordante dans ce très bel ensemble, la résolution finale qui ne m'aura pas franchement "converti"...
06/04/2017 à 10:18 9
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La Femme à droite sur la photo
5/10 Le plus surprenant avec le nouveau roman de Valentin Musso, c'est justement qu'il ne le soit pas, surprenant... D'une neutralité émotionnelle déroutante, je suis resté hors du cadre de cette photo de famille endeuillée, en bordure d'une histoire assez aseptisée, sans relief particulier, d'une linéarité assez déconcertante, quand on connaît les autres ouvrages de l'auteur...
On reste saisi devant ce récit qui imite un beau portrait sur papier glacé, d'une perfection distante, voire dilettante, nous tenant assez souvent à la périphérie de l'intrigue; de même que l'écheveau particulièrement fumeux charpentant le scénario, l'impression générale qui s'en dégage confine au flou artistique...
01/04/2017 à 22:47 2
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Date limite
8/10 Le délai de prescription n'a pas cours pour tous ceux qui seraient tentés de découvrir le savoir-faire de Duane Swierczynski, avec la lecture de ce roman sorti en 2010...
Ici, pas de round d'observation, ni de préliminaires, mais plutôt une impatience narrative qui nous force à une mise en route instantanée, et participe au plaisir que l'on prend à lire son histoire... La DLC ( Drôle de Lecture Compulsive ) donne à cette histoire des allures de course contre la montre temporelle, de fuite en arrière métaphysique pour le héros de Swierczynski...
L'intrigue est suffisamment bien bâtie pour tirer parti du mélange des genres et l'humour omniprésent...
On appréciera tout particulièrement l'échéance du récit, qui tisse d'épatants motifs d'amertume nostalgique sur la trame de nos vies rêvées...
25/03/2017 à 18:14 6
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On se souvient du nom des assassins
8/10 Plutôt que du nom des assassins, c'est de celui des défricheurs du thriller contemporain que Dominique Maisons nous enjoint de nous souvenir, par l'intermédiaire de ce remarquable roman...
Leroux, Conan Doyle, Leblanc, Souvestre et Allain, autant de références, directes ou indirectes, glissées ici et là par l'auteur, au fil d'un récit qui ressuscite le Paris d'époque: le politique, l'artistique, l'aéronautique, l'urbain, l'insolite, tout concourt à une immersion totale et complète du lecteur...
Qui peut s'interroger, pour partie, sur le pouvoir de fascination que peut exercer sur le public l'action criminelle, un romantisme canaille pour tout ce qui a trait au fait divers, et établir le parallèle avec notre époque, où l'on se délecte du goût du sang(sationnel), un temps où l'on se souvient du nom des assassins...22/03/2017 à 23:10 10
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Dompteur d'anges
8/10 Jusqu'à quel point la douleur infligée par autrui peut pousser à renier notre nature première, et nous transformer ?.. Sommes-nous uniquement le produit d'influences extérieures, ou disposons-nous toujours de notre libre arbitre ?..
Avec cette histoire, Claire Favan continue de tracer le sillon qu'elle creuse depuis ses premiers romans, et cherche à domestiquer la bête tapie en chacun de nous, et débusquer le monstre sous le vernis des apparences...
Toujours sur la corde raide d'une crédibilité et d'une cohérence indispensables à la réussite de l'entreprise, l'auteure est parvenue à apprivoiser mon scepticisme initial au fil des pages, et ce, malgré quelques situations dont elle s'affranchit tant bien que mal...
Néanmoins, on ne peut qu'être admiratif devant le remarquable mécanisme de son intrigue, l'imparable trajectoire de son récit, qui parvient à museler les doutes levés par certaines incohérences; des dissonances qui s'effacent sous l'impulsion d'une trame méphistophélique...
Elle s'efforce, systématiquement, de contextualiser le cheminement psychologique de ses personnages, et ainsi, de nous laisser seul appréciateur de leurs actes; un roman, qui par certains de ses aspects, m'a fugitivement fait penser au magnifique " Fil rouge" de Paola Barbato...08/03/2017 à 20:42 5
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Nuit
8/10 Passer à côté du nouvel opus de Bernard Minier NUIT gravement à l'équilibre littéraire de tout amateur du genre...
Avec le personnage du commandant Servaz, et ce retour aux sources d'un duel épique, Bernard Minier s'inscrit définitivement dans le gotha des incontournables du polar à la française; des plate-formes pétrolières de la mer du Nord aux sommets enneigés de Saint-Martin-de-Comminges, on a souvent cette impression, avec Minier, que le récit avance au ralenti, et qu'il ne s'y passe pas grand chose... Et pourtant, il s'en dégage toujours une atmosphère particulière, ouatée, quelque chose d'indéfinissable, qui le distingue du tout-venant...
Pénétrer les coulisses serait sacrilège, tant l'addiction peut s'avérer dangereuse... Mais s'il fallait détailler la recette du succès, peut-être faudrait-il la chercher du côté de la misanthropie humaniste de son personnage principal, cette bonhomie désenchantée qui vous rattache à une contemporanéité identitaire... Ou peut-être dans ce mano à mano atypique et savoureux, cet antagonisme presque gémellaire, véritable pierre angulaire de l'oeuvre de l'auteur...Ou plus sûrement est-ce le goût de celui-ci, volontairement non ostentatoire, refusant de sacrifier à la mode du tape-à-l'oeil, du chiqué, celui qui prend le temps de poser son cadre, de faire évoluer ses personnages, celui qui respecte une espèce de gestation fictionnelle, et qui parvient à nouer ce lien si ténu, et si rare, entre son univers et ses lecteurs, au fil du temps, fondé sur la sincérité et l'authenticité...
Un univers qui, fort de ses précédentes galaxies, exp(l)ose ici en ce qu'il a de meilleur: le glacé des apparences, la circonvolution des destins, les ténèbres enfouies en chacun de nous, la nuit funeste dans laquelle va se dépêtrer Servaz au bout du chemin...05/03/2017 à 16:38 8
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Les Enfants de l'eau noire
5/10 L'odyssée d'une bande de pieds nickelés, un pèlerinage comme un apprentissage, la promesse d'une seconde chance... Libérés du carcan familial ou désireux d'embrasser une nouvelle existence, les jeunes protagonistes du roman de Lansdale remontent le cours de la Sabine, direction Hollywood, comme s'ils faisaient le deuil de leur jeunesse envolée...
J'ai trouvé que le talent de l'auteur se manifestait davantage dans ces moments d'échange assez cocasses entre les différents personnages, leurs réflexions, leurs interrogations à propos de leur vie d'adultes qui démarre sous d'étonnants auspices... De façon beaucoup plus flagrante en tous cas que lors de la chasse à l'homme redondante et lénifiante, dont ils sont les proies, et qui sert de fil rouge à la majeure partie de l'histoire...
J'aurais sans doute aimé que cette escapade au fil de l'eau épouse le rythme d'une rivière en crue, déchaînée, plutôt que celui, placide et langoureux, de ce fleuve un peu trop docile...26/02/2017 à 20:32 5
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Lux
8/10 Comme la vague qui monte et balaie la petite ville de Ceduna, Maud Mayeras bazarde d'un revers de plume toutes nos certitudes, et nos repères la concernant, avec cette allégorie survivaliste qui donne du temps au temps...
Ce n'est pas un road trip boursouflé et survitaminé auquel nous sommes conviés, plutôt une errance méditative, une déambulation en pesanteur, qui ne s'apprivoise qu'au fil des pages; un long chemin de choix pour Antoine qui, mû par un désir incendiaire, va se heurter au postulat de Hobbes, "l'homme est un loup pour l'homme"... Une version moderne du mythe de l'arche de Noé, avec le révérend Jim Jones aux manettes...
L'écriture de Maud Mayeras s'attache à produire une espèce de dichotomie théologique, Nature vs Man, comme si la violence cataclysmique des éléments déchaînés s'établissait en contrepoint de la colère rentrée des êtres vivants, et que la manifestation de l'une contribuait à l'émancipation de l'autre...
Un troisième roman qui, sans faire l'unanimité, brille d'un éclat tout particulier, pour cette auteure qui se permet ainsi le Lux d'emmener ses lecteurs prospecter d'autres territoires, toujours plus différents, toujours plus délirants...17/02/2017 à 20:52 5
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Les Filles des autres
8/10 Lire ce roman d'Amy Gentry, c'est un peu comme tenter sa chance à cette attraction foraine, la galerie des glaces... Vous avancez à tâtons le long d'un chemin qui vous donne l'illusion d'être le bon, jusqu'à vous heurter à l'une des innombrables vitres qui jalonnent le trajet... Ici, c'est une histoire de mystification, de poids d'interrogation, de vie en suspension, le doute (dé)raisonnable en contrepartie d'une normalité sécurisante...
Jusqu'au parti audacieux pris par l'auteure de nous livrer sa version des faits comme on rembobine une cassette, remontant le fil de son histoire par à-coups... jusqu'à parvenir aux origines des choses afin d'en comprendre les raisons, insensée et émouvantes...
Jusqu'où l'incertitude est-elle permise, quand cela concerne les gens que l'on aime ???13/02/2017 à 18:39 4
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Mortels trafics
7/10 Dans les arcanes d'une enquête policière... Un honnête polar procédurier, sachant mettre en relief le poids de la bureaucratie et des rouages administratifs qui peut peser sur les épaules des fonctionnaires de police, et le rythme de l'enquête, au moins autant que la traque en elle-même...
Pierre Pouchairet dévoile les coulisses du long travail d'investigation mené par ce corps de métier; la collaboration inter-services, le porte à porte, les procès-verbaux à rallonge... Sans rien n'occulter, des coups de bourre aux coups de blues, en passant par les coups de filet... Ici, pas de glamour et peu de paillettes, mais plutôt la sueur des nuits passées à planquer et le teint livide des macchabées qu'on sort du fleuve...08/02/2017 à 09:40 3
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Et tu vis encore
7/10 Corinne Martel égrène son conte à rebours, jouant l'alternance des points de vue comme autant d'éclairages personnels sur le drame à venir... Avant tout, elle se veut l'architecte d'une intrigue où chacun de ses Plans nimbe d'un peu plus de mystère cette histoire hors du temps, hors des genres: elle emprunte le sillon des John Green et autres Guillaume Musso, tenant bon le cap de son drôle de roman, flirtant tantôt avec le polar, tantôt avec le fantastique, toujours avec humilité, pour mener à bien cette traversée solidaire...
01/02/2017 à 20:58 7
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Brutale
7/10 Jacques-Olivier Bosco fait le "JOB" avec ce personnage de Dexter au féminin; c'est efficace, ça brûle le pavé, on croise de bons gros psychopathes tendance sadique, des représentants des forces de l'ordre à la moralité parfois douteuse, une héroïne bien barrée et grave borderline...
Pourtant, quand Bosco lâche la poignée des gaz de sa grosse mécanique, l'emballement cède la place à plus de circonspection... L'impression d'un agencement idéal voulu par l'auteur, qui répondrait au cahier des charges du genre, un polar bling-bling, comme un de ces blockbusters à gros budget, calibrés et saturés d'effets spéciaux, auquel il manquerait un supplément d'âme...
Le gros paradoxe, c'est que, malgré toutes ses aspérités, j'ai eu du mal à accrocher au personnage de Lise Lartéguy... Comme si la thérapie de choc qu'elle entreprend pour canaliser la Bête qui sommeille en elle anesthésiait toute velléité d'empathie vis-à-vis de sa personne...31/01/2017 à 20:19 9