El Marco Modérateur

3237 votes

  • Vinland Saga tome 2

    Makoto Yukimura

    7/10 Retour sur un épisode du passé, avec Thors, le père de Thorfinn, notre héros alors enfant. On découvre qu’il était auparavant un mercenaire, et on l’embrigade dans une bataille qu’il ne souhaite pas mais inclut la participation de son village. Seulement, surprise une fois le bateau parti : Thorfinn s’était dissimulé dans un des tonneaux. Comme Polarbear, j’ai moyennement goûté la façon dont il se débarrasse à mains nues de ses ennemis sur le navire, façon pro des arts martiaux, donc de manière anachronique et un peu déplacée, et je ne parle même pas du combat contre Bjorn, le berserker qui a gobé un champignon… Néanmoins, le combat final entre Thors et Askeladd tient toutes ses promesses, explique la haine farouche de Thorfinn et érige son père comme un individu d’une droiture exemplaire. Je continue volontiers cette série malgré mes petites réticences sur le côté graphique et trop nippon dans sa transposition.

    09/12/2021 à 19:46 3

  • Vinland Saga tome 3

    Makoto Yukimura

    7/10 Thorfinn est salement blessé par une flèche à l’épaule, et il ne doit son salut qu’à une femme anglaise ainsi qu’à sa jeune fille. Malgré son jeune âge, il est capable de tuer plusieurs soldats avant d’allumer un incendie dans la ferme afin d’alerter ses compatriotes en mer. Quelques années plus tard, l’Angleterre est la proie d’une terrible invasion. Thorfinn accepte la mission donnée par Askeladd, à savoir rapporter la tête de Thorkell, qui a décidé de se retourner contre les siens parce que c’était plus « amusant » que de continuer à combattre les Anglais, en échange d’un duel entre eux deux. Le côté trop nippon du graphisme et du traitement continue de me déranger (cf. le combat façon « Ken le survivant » entre Thorfinn et Thorkell), mais cet opus est très énergique et prenant.

    12/01/2022 à 17:14 2

  • Vinland Saga tome 4

    Makoto Yukimura

    8/10 Les troupes d’Askeladd et de Thorkell (qui a pris en otage le prince Canute) s’affrontent et le combat tourne à la faveur des premières grâce à un incendie (et à la fumée) provoquées par celles-ci. Un opus un peu moins bagarreur que les précédents (mis à part l’entame), où l’on apprend l’ascendance d’Askeladd, et où ce dernier démontre l’étendue de sa froide sauvagerie. Bref, un tome en apparence plus calme, mais dont le final, barbare, vient aussitôt corriger le tir.

    21/02/2022 à 18:42 2

  • Vinland Saga tome 5

    Makoto Yukimura

    7/10 Thorkell es sur le point de perdre son « pari » après avoir pris fait et cause contre ses propres compatriotes puisque le Danemark pourrait sous peu envahir et posséder l’ensemble du Royaume anglais. Mais quand il entend parler d’une troupe qui correspond très probablement à celle de Thorfinn qui l’a amputé de plusieurs doigts, il part sur place sur-le-champ. Ragnar, sévèrement blessé, confie à Askeladd les divisions à la tête de l’Etat. Un début un peu lent peut-être, mais l’affrontement psychologique, et presque à distance entre les deux clans, tient toutes ses promesses, sans compter les combats dans le dernier tiers, violents et bien sauvages, même si je regrette encore une fois leur esthétique et esprit proche de « Ken le survivant ».

    09/03/2022 à 18:29 3

  • Vinland Saga tome 6

    Makoto Yukimura

    7/10 L’affrontement entre Thorfinn et Thorkell reprend de plus belle, de façon brutale, même si ce graphisme et ce traitement si japonisant (cela n’a rien de méchant de ma part, c’est juste que l’univers viking n’avait pas à mes yeux à tant se laisser gagner par une esthétique à la « Ken le survivant ») me dérangent. Pendant ce temps, une scène inattendue et forte : comment la princesse parvient, même de manière éphémère, à convertir le guerrier berserker à un peu d’innocence et de paix. Retour au duel Thorfinn – Thorkell, où ce dernier raconte l’histoire du père du gamin, Thors, qu’il a bien connu par le passé et qu’il a cru un temps mort noyé. Un épisode clé avec beaucoup d’alliances qui se nouent à la fin, augurant d’un sacré virage scénaristique dans la série.

    12/07/2022 à 08:33 2

  • Vinland Saga tome 7

    Makoto Yukimura

    7/10 L’alliance récemment conclue semble stable, et c’est désormais de conserve que les principaux protagonistes de la série œuvrent afin de conquérir le territoire, tandis que le prince Canute à leur tête rêve d’une terre utopique, pleine de paix et de piété. Mais l’entrevue avec le Roi des Danois dans une église prétendument vide et qui devait tourner au guet-apens, se commue en une habile joute verbale où s’exhibe une belle lutte de pouvoir. Thorfinn veut enfin affronter Askeladd, mais Bjorn s’immisce avant lui pour se confronter au terrible combattant. Askeladd en profite pour raconter un pan important de son enfance, à savoir comment il a tué son propre père. Dans la droite ligne des précédents opus, avec un peu moins de violences et de bastons. Un final à plusieurs tiroirs, avec un piège, des retrouvailles, un sosie, bref, pas de quoi s’ennuyer.

    18/06/2023 à 19:36 3

  • Dog End tome 1

    Yurikawa

    7/10 Kiichirô Hatori, inspecteur de police un peu austère, se voit confier une mission : assurer la protection d’une gamine de 14 ans, Mana Narusawa, poursuivie par des criminels. Pour cela, le supérieur du policier a fait sortir de sa cellule Kurômaru Wakatsuki, un tueur particulièrement efficace que l’on surnomme « Black Dog », retenu pour le moment prisonnier dans le sous-sol du commissariat. Mais s’il est connu pour ses aptitudes meurtrières, Black Dog est aussi un drôle de type, capable de passer de prime abord pour un joyeux raté.
    Un premier tome qui joue habilement sur les codes du duo mal assorti sans pour autant les dynamiter, et cette entrée en matière est globalement réussie (cf. la confrontation entre Black Dog et le tueur en maillot de bain à l’ancienne, ou encore face aux deux assassines lesbiennes). Un ton décalé, qui refuse toute vraisemblance, notamment dans les combats, et qui s’avère assez jouissif. Je continuerai cette série, c’est certain.

    26/10/2023 à 08:29 3

  • Dog End tome 2

    Yurikawa

    7/10 Où l’on retrouve notre duo impossible composé d’un assassin à gages sorti de sa cellule pour prêter main-forte à un policier assez rigide pour protéger une môme de 14 ans, et on en revient au combat inachevé face aux deux tueuses. Le problème est qu’Hatori, l’inspecteur, est empoisonné et qu’il ne lui reste plus que 48 heures à vivre : du coup, c’est Black Dog et l’adolescente qui vont devoir travailler ensemble, accompagnés également d’une toute petite gamine, Iroha. Un cocktail toujours aussi divertissant d’humour et d’action, tandis que l’on découvre également une famille bien barrée et que des assassins venus du monde entier s’apprêtent à débouler au Japon. Jubilatoire.

    24/11/2023 à 18:49 1

  • Dog End tome 3

    Yurikawa

    6/10 Alors que nos trois compères roulent vers la Sky Tower, un obstacle se dresse devant eux en la personne d’un tueur à gages muni d’une batte de baseball, et ça ne sera pas la dernière des confrontations avec ces assassins venus leur barrer la route. Un ton toujours aussi WTF, et même si les combats à la Dragon Ball peuvent surprendre voire décevoir et lasser (ce qui est un peu ce que je ressens), l’ensemble demeure amusant et plutôt plaisant. Néanmoins, j’espère que la suite sera plus mordante.

    02/12/2023 à 22:45 3

  • L'Oeil du chien enragé

    Yûko Yuzuki

    8/10 Shûichi Hioka, jeune lieutenant de police, a été muté dans une zone rurale. A l’occasion des funérailles de son oncle, il reconnaît un homme malgré son déguisement dans un restaurant : Kunimitsu. Ce dernier, un yakuza, surnommé le « guerrier businessman », fait alors une curieuse proposition au policier : il acceptera qu’il lui passe les menottes, mais plus tard, une fois que certaines histoires auront été réglées. Hioka et Kunimitsu, malgré le fossé qui les sépare, peuvent-ils se mettre à nourrir l’un pour l’autre des sentiments de respect voire d’amitié ?

    Après Le Loup d’Hiroshima, voici cet Œil du chien enragé, le deuxième polar de Yûko Yuzuki à être traduit en France. Ces deux livres mettent en scène le lieutenant Shûichi Hioka mais il n’est pas indispensable d’avoir lu le premier tome de cette série pour s’attaquer à celui-ci. On y retrouve donc cet enquêteur, cette fois-ci muté en plein désert agricole, fort loin des préoccupations à la fois urbaines et criminelles de son précédent poste. Il y vivote, s’est fait aux relations si particulières qui animent les individus vivant en milieu paysan. Il y trompe son ennui en prenant soin de lui et de son alimentation, donne même des cours à la jeune Shôko, et c’est le plus grand des hasards qui va lui faire croiser la route de Kunimitsu. Alors que la guerre des gangs sévit et que l’on compte les corps des mafieux, ce yakuza semble préparer quelque chose. Un mauvais coup ? Est-ce en lien avec la construction d’un golf dans le voisinage ? Songe-t-il à prendre du recul, voire sa retraite ? Au gré d’une langue riche et agréable, Yûko Yuzuki nous donne à voir une société japonaise proche de la schizophrénie, où les gangsters ont parfois pignon sur rue, riches comme cela n'est guère permis, dans un pays où la multiplication des lois antigangs ne parvient pas à détruire leur profond enracinement. « Le gang était en fait une meute de bâtards avides et égoïstes. Bonne bouffe, vins fins, voitures de luxe et jolies gonzesses. Ils auraient sauté à la gorge de leur propre famille », est-il écrit. Néanmoins, dans cet obscur entrelacs de clans, de soumissions aux divers chefs, de quête avide d’argent et de trahisons opportunistes, peut-être existe-il encore des yakuzas animés par une morale à l’ancienne, dont fait partie Kunimitsu. Entre ce dernier et l’enquêteur, cela va être le début d’un étonnant rapprochement, entre méfiance et déférence, solidarité et services rendus ou à rendre. Yûko Yuzuki a l’excellent goût de nous éviter les poncifs du genre, tout en mettant en lumière les complots de palais au sein des organisations de la pègre, les infidélités de passage comme les loyautés durables. Une belle histoire d’hommes, au cours de laquelle Hioka saura prêter main-forte à Kunimitsu à propos – en langage codé – d’un improbable oiseau venant déféquer sur la tombe de son père.

    Une belle intrigue policière qui se double de remarquables moments d’émotions contradictoires et ambivalentes.

    03/08/2023 à 08:22 3

  • Une Assemblée de chacals

    S. Craig Zahler

    9/10 1888, dans le Montana. Le dénommé Jim va se marier. Ce que tout le monde ignore, c’est qu’il a été, dans une vie antérieure, membre d’une bande de criminels appelés le « Gang du grand boxeur ». Les trois autres anciens acolytes sont d’ailleurs invités à participer à cette grande fête. Mais un télégramme a informé Jim qu’il va y avoir un autre invité à la célébration. Un spectre issu de leur passé commun. Et qui va les obliger à déterrer leurs armes et faire parler la poudre.

    Voilà un western que l’on n’est pas près d’oublier. Craig S. Zahler livre un ouvrage d’une puissance et d’une férocité inégalées. Le prologue met d’ailleurs immédiatement dans l’ambiance, ou comment les jumeaux en viennent à avoir un échange pour le moins musclé avec un couple, avant que n’arrive la silhouette inquiétante de leur mentor. Car ce livre est saturé de démons devenus hommes. Nous avons bien entendu ces deux frères, dont l’un a perdu l’usage de la parole lors d’un événement atroce, mais également Quinlan, le chef de meute, victime d’Indiens et dont le physique est hallucinant et ce Français qui, sous ses atours agréables, dissimule un pervers de la mutilation. Dans le même temps, nos quatre cowboys (Jim, Oswell, Godfrey et Dick) sont remarquables, en anciens monstres ayant réussi à se débarrasser de leurs obsessions criminelles pour devenir d’honnêtes citoyens. Comme pour les personnages du film Impitoyable de Clint Eastwood, se posent de bien intéressantes et pertinentes questions quant à l’innocence et la culpabilité, la prescription et le rachat, la rédemption et la déchéance. Craig S. Zahler, avec son écriture fascinante, nous offre également des scènes d’anthologie, comme la séquestration de la population dans l’église, la scène de torture de Dicky, ou le sort de Quinlan lorsqu’il a été le jouet des Indiens Appanuqis.

    Un rythme trépidant pour ce western magistral, remarquable d’humanité et de sauvagerie. Une vision à la fois brulante et glaçante du Far West, peuplée de personnages en proie aux pires contradictions. Avec de telles qualités émotionnelles et visuelles, on se demande même pourquoi ce livre n’a pas encore été adapté sur grand écran. En attendant, on ne pourra que se ruer sur les autres romans de l’auteur, à savoir Les Spectres de la terre brisée et Exécutions à Victory.

    18/05/2020 à 18:16 9

  • Viens poupoulpe

    Christian Zeimert

    4/10 Voilà un Poulpe un peu pâlot, qui s’égaie dans une histoire où il semble être le seul à s’amuser. On a parfois l’impression que l’auteur s’est fait plaisir en jouant les marionnettistes du fameux limier sans pour autant chercher à combler les groupies de Gabriel. Il en ressort donc cette impression bancale quand on quitte une chambre d’hôpital où l’on a rendu visite à un ami malade : ce sentiment mitigé, quelque part entre la joie de retrouver le Poulpe et la tristesse, une fois le récit achevé, de l’avoir vu en si petite forme.

    02/06/2013 à 08:41 1

  • Bletchley Park

    Mark Zellweger

    8/10 Août 1941. Les espionnes regroupées sous le titre d’Espionnes du Salève et basées en Suisse sont devenues les fers de lance de l’activisme antinazi. Ces femmes, mues par des raisons diverses, sont unies dans la lutte contre l’ennemi allemand et prêtes à tout donner pour détruire cette hydre. Et certaines d’entre elles seront d’autant plus zélées que l’on vient de s’en prendre à leurs proches.

    Après le très bon L’Envers du miroir, Mark Zellweger signe ici son deuxième roman de la série consacrée aux espionnes du Salève. On y retrouve le style si particulier de l’écrivain : des phrases courtes et sèches, pour un style simple et direct, et surtout, une documentation et une maîtrise impressionnantes des sujets abordés. D’ailleurs, à cet égard, les pages finales, comptabilisant les « personnages ayant existé, par ordre d’entrée en scène », sont au nombre de cinq. Il faut ainsi souligner l’ampleur de la préparation de l’auteur qui se livre à une reconstitution remarquable du panorama des forces en présence : les divers protagonistes, les services de renseignements, les officines de dénonciateurs et autres agitateurs, les réseaux naissants ou avortés de résistance dans tous les pays concernés, les dates et événements-clefs, etc. Mark Zellweger se fait le scribe adroit d’une époque particulièrement trouble, puisant dans de solides connaissances pour nous rendre l’époque comme les jeux de pouvoir aussitôt accessibles. Dans le même temps, l’intrigue nous fait voyager : du Maghreb à la Libye, de la Norvège à l’Angleterre, de la France à la Suisse, nos héroïnes, femmes au caractère affirmé et d’une rare efficacité, vont déployer des trésors de courage et d’abnégation pour lutter contre les Allemands et leurs séides. Elles vont ainsi guerroyer pour dénoncer les camps d’extermination, mettre à terre une usine utilisant de l’eau lourde, aider à la lutte contre le Generalfeldmarschall Rommel, ou encore aider à empêcher l’infiltration de contre-espions au QG de Bletchley Park. En trois cents pages, Mark Zellweger convainc du début à la fin, même si on peut, à la marge, lui reprocher quelques détails, dans la forme (la surabondance souvent injustifiée de points d’exclamation, ou le recours à l’expression « des plus » qui tourne au tic verbal) comme dans le fond (des protagonistes toujours sauvées de situations inextricables, capables de prouesses physiques qui défient l’entendement, ou dont les succès dans le contrespionnage sont un peu trop énormes pour être crédibles).

    L’auteur, en habile acrobate des mots et intrigues, maintient avec conviction l’équilibre entre l’historicité de certains événements et la fantaisie littéraire qu’il y introduit. Un ouvrage prenant et efficace, et qui donne d’autant plus envie de lire le troisième et dernier opus de la série, Le Pacte Allen Dulles.

    08/06/2021 à 07:05 1

  • L'Envers du miroir

    Mark Zellweger

    8/10 Alors que la Seconde Guerre mondiale fait rage en Europe, la Suisse a un positionnement assez particulier, du fait de sa neutralité. Néanmoins, cela ne l’empêche pas de recueillir de nombreux renseignements contre l’Allemagne nazie, au cas où cette dernière tenterait finalement de l’envahir (comme le prévoit l’opération Tannenbaum), au profit des Alliés. C’est ainsi que Victor Farrell, le vice-consul britannique, et son cabinet en viennent à créer une escouade de jeunes femmes, baptisées « Les Louves » ou encore « Les espionnes du Salève », afin de lutter de manière discrète contre le Troisième Reich : Thela, Sev, Ruth, Marieke, Adèle, Marie et Louise vont ainsi unir leurs forces pour contrer un ennemi géographiquement si proche.

    Premier opus de la série consacrée aux espionnes du Salève, ce roman de Mark Zellweger séduit dès les premières pages. Prenant place dans la Suisse du début de la Seconde Guerre mondiale, ce qui constitue un cadre géographique original dans la longue liste des ouvrages se déroulant durant cette période. Avec un style simple et une plume qui va à l’essentiel, l’auteur nous décrit le contexte international, les divers services de renseignements, les luttes de pouvoir, les pressions, chantages et exactions, etc. Plusieurs intrigues naissent dans ce premier tome de la série, depuis l’arrestation d’un lycéen dont le père a été exécuté en raison des messages hostiles à l’Occupant que le jeune homme avait laissés jusqu’à la probable présence d’un traître dans le réseau de Résistance, en passant par un gradé faisant disparaître des tableaux afin de pouvoir les récupérer. Une série d’histoires qui s’emboîtent à merveille, toutes prenantes et sonnant avec authenticité, même si on pourrait reprocher, à la marge, que l’auteur ne creuse pas davantage les psychologies de ses protagonistes, ou que certains passages ont un goût de déjà-vu ou de déjà-lu.

    Une saga littéraire qui commence fort bien, sortant du lot des autres romans d’espionnage, solidement documenté, et proposant des histoires intelligemment enchâssées. Voilà qui donne furieusement envie de lire les ouvrages suivants, à savoir Bletchley Park et Le Pacte Allen Dulles.

    06/09/2020 à 20:09 3

  • Le Pacte Allen Dulles

    Mark Zellweger

    8/10 21 juin 1943 : Jean Moulin, représentant du général de Gaulle en France et missionné pour tenter de rallier les diverses ramifications de la Résistance, est arrêté. Plusieurs mois plus tôt, les espionnes du Salève ont fort à faire, d’autant que la zone libre vient d’être envahie par les forces allemandes et italiennes au cours de l’opération Anton. Agents doubles, suspicion d’expérimentations à Dachau, armes diaboliques : les Alliés autant que les nazis vont peut-être dévoiler ici leur ultime carte.

    Après L’Envers du miroir et Bletchley Park, voici le troisième et dernier tome de la série consacrée aux espionnes du Salève. Mark Zellweger, une fois de plus, nous régale avec ce roman qui, paradoxalement, surprend très rapidement. En effet, nos héroïnes que sont ces six jeunes femmes, aux motivations et profils si divers, n’entrent que rarement en jeu. Certes, elles vont risquer leur vie, tâcher d’extirper des renseignements aux ennemis, traquer les informations par tous les moyens, mais leur rôle passe ici largement au second plan, laissant l’auteur déployer son incroyable connaissance de la Seconde Guerre mondiale, de la Résistance et des enjeux politiques que cette dernière a induits. Au final, c’est presque une radioscopie des divers mouvements de lutte contre l’occupant nazi et une fresque ayant comme centre de gravité Jean Moulin que Mark Zellweger nous offre. D’ailleurs, là où l’on ne pouvait que reconnaître son érudition en la matière dans les précédents tomes, celui-ci se révèle encore plus impressionnant de maîtrise. Des faits, des dates, des lieux, des personnages en quantité, pour la plupart réels, et dont les noms, fort nombreux, sont cités dès l’entame du livre… sur près de six pages. Que l’on soit porté sur la culture historique ou pas, ce roman passionne d’un bout à l’autre, davantage, vous l’aurez compris, en raison des enseignements véridiques et incontestables qu’il véhicule, que pour sa réelle fantaisie littéraire. Certains déploreront peut-être ce choix, occultant presque le sort de ces dames émérites et valeureuses dont nous nous étions entichés, au profit de cette représentation presque documentaire, de même que l’on pourra, à la marge, reprocher à l’écrivain quelques dialogues peu crédibles, mais cet opus n’en demeure pas moins brillant à bien des égards.

    Mark Zellweger enchâsse la petite et la grande histoire pour notre plus ample plaisir, dressant par la même occasion un portrait nuancé de la Résistance où se sont écharpés tant de tendances et d’égos, certes pour un objectif commun, mais au gré de soubresauts, tiraillements et autres querelles individuelles. Un livre fort, au terme duquel Jean Moulin entre dans l’Histoire « avec [s]on terrible cortège ».

    12/10/2021 à 19:06

  • Opération Gold

    Mark Zellweger

    7/10 Les espionnes du Salève continuent de lutter pour contrer la machine nazie. Face à elle, plusieurs combats sont désormais à mener : le frère de Ruth a disparu, d’étranges mouvements ont lieu entre le Crédit suisse et la légation – c’est-à-dire l’ambassade – allemande de Berne, et un sous-marin contenant de l’or a été repéré du côté de Buenos Aires.

    Ce quatrième volet de la série consacrée aux espionnes du Salève reprend tout ce qui a fait le succès des précédents tomes. En auteur roué, Mark Zellweger a préparé son ouvrage avec un solide travail de documentation, et c’est ainsi que le lecteur va côtoyer des personnages réels comme imaginaires. Les cadres historiques et géographiques sont très bien restitués, et l’on se plaît à suivre les périples de nos héroïnes, toujours aussi déterminées et courageuses dès lors qu’il s’agit de triompher de l’obscurantisme. Malgré leur vaillance, elles n’en demeurent pas moins humaines, avec leurs zones de faiblesse et leur humanité, et l’écrivain a le bon goût de ne pas torpiller son récit en mettant en scène des protagonistes lisses et indestructibles. On passe un agréable moment auprès d’elles, de la France à la Suisse en passant par l’Argentine, entre infiltrations, opérations de prise de renseignements, commandos contre l’équipage d’un U-Boot et autres actions fort audacieuses. Les moins de trois-cents pages défilent à toute allure, la petite histoire de la fiction se mêlant à celle s’écrivant en lettres majuscules, avec un final qui laisse presque déjà augurer d’une ou de plusieurs suites. Dans le même temps, il est vraiment dommage que le roman soit émaillé d’autant de fautes d’orthographe et d’approximations syntaxiques, et que certains passages, à force de trop vouloir mettre en valeur la bravoure de ces jeunes femmes, en deviennent capillotractés voire improbables.

    Un bon roman d’espionnage, ménageant l’action, le suspense, la restitution de l’époque ainsi que le fonctionnement des réseaux de résistance. On en regrette d’autant les multiples coquilles et certaines scènes assez peu crédibles.

    06/12/2023 à 06:47 3

  • Le Joueur d'Echecs

    Stefan Zweig

    9/10 L'idée de départ est particulièrement intelligente, et l'auteur nous démontre avec une concision exemplaire les tourments de l'âme humaine ainsi que le désespoir de l'Homme face aux brutalités de toute sorte. Le style a peut-être vieilli, mais cet écrit reste un chef-d'oeuvre de brièveté et d'ingéniosité !

    09/07/2007 à 18:14 5