El Marco Modérateur

3484 votes

  • Terreur sous l'évier

    R. L. Stine

    7/10 Un bon divertissement à destination des plus jeunes, ou comment une étrange chose découverte sous l'évier peut entraîner la peur au sein d'une famille et d'un groupe d'enfants. R. L. Stine maîtrise les codes du genre, avec rebondissements et accroches en fins de chapitres, et un langage simple mais efficace. Certaines ficelles et autres ressorts du genre paraîtront simplistes aux lecteurs plus chevronnés, mais l'ensemble est parfaitement calibré pour des collégiens.

    20/03/2013 à 17:04

  • La marque du diable

    Moka

    6/10 Ça commence comme un polar, avec un net accent fantastique. Une plume simple et efficace pour une intrigue qui se met intelligemment en place. Je suis plus dubitatif quant à la suite donnée par l’auteur : ça navigue un peu trop entre plusieurs genres (onirique, policier, fantastique…) au point de partir dans trop de directions en même temps, et certains effets sont un peu trop appuyés selon moi. Néanmoins, je comprends parfaitement que ce type de récit puisse plaire à de jeunes lecteurs amateurs de sensations fortes.

    20/03/2013 à 17:02

  • Dino

    Nick Tosches

    9/10 Un ouvrage documentaire puissant et profond, reconstituant avec panache le destin d’une star du cinéma et de la chanson qui n’en a jamais manqué. A la fois décontracté, enjoué et charmeur, ce remarquable homme de scène aura traversé une époque troublée, marquée par l’influence de la politique, du fric et de la mafia. Nick Tosches, dans ce récit saturé d’anecdotes et d’événements croustillants, aura réussi à croquer le portrait d’un être sans commune mesure, aphoriste et nonchalant, qui se sera lentement lassé de ses propres succès et de sa propre image. Un travail de documentation inouï, et au final, une remarquable et vibrante épitaphe apposée sur la tombe d’une star déchue.

    20/03/2013 à 17:01

  • Le Prisonnier

    Robert Muchamore

    8/10 En ce printemps 1942, Marc Kilgour, adolescent, est enfermé dans un camp de prisonniers en Allemagne. Agent secret, il a été entraîné pour endurer toutes sortes de supplices, et également mener à bien des opérations paramilitaires. Malmené par ses geôliers, il n’a plus qu’un seul objectif : s’évader.

    Après CHERUB et avant CHERUB 2, Robert Muchamore avait initié en 2009 une autre série pour la jeunesse, à savoir Henderson’s Boys. Voici le cinquième opus de celle-ci, Le Prisonnier. L’écrivain, talentueux et reconnu par le public comme la critique, joue sur une partition qu’il connaît par cœur et maîtrise à la perfection : espionnage, protagoniste sympathique et redoutable, et adversaires cruels. Prenant pied durant la Seconde Guerre mondiale, cette aventure est particulièrement énergique, avec de nombreuses péripéties auxquelles se mêlent des scènes d’action tonitruantes et d’autres moments plus intimes, comme les instants que Marc partage avec Jade. Bien évidemment, ce récit ne résisterait pas à une analyse historique sérieuse ni ne peut passer pour crédible. Néanmoins, ce n’est absolument pas le dessein de Robert Muchamore : il offre à son lectorat un livre dynamique qui le réjouira.

    Tonitruant et fougueux, ce roman de Robert Muchamore constitue un très bon ouvrage pour les jeunes, même s’il est à noter que certains passages risquent de heurter les âmes sensibles.

    09/03/2013 à 11:52 1

  • Où les borgnes sont rois

    Jess Walter

    8/10 L’inspectrice de police Caroline Mabry voit arriver au commissariat un homme qui dit avoir un meurtre à lui avouer. Ce borgne prétend qu’il ne peut cependant pas lui livrer le nom de la victime, et que la policière doit au préalable l’écouter. Clark Mason a effectivement une longue histoire à relater, qui commence dès son enfance. Qui commence dès sa rencontre avec Eli Boyle.

    Deuxième ouvrage de Jess Walter à être traduit en français après Les berges du crime, ce roman étonne par sa structure. Il s’agit des longs et minutieux aveux d’un individu qui va faire débuter son récit à l’époque où il fréquentait l’école. Mason va ensuite dérouler la pelote de sa vie jusqu’aux heures qui ont précédé son arrivée au commissariat. Sa rencontre avec Eli Boyle, souffre-douleur des petits caïds en raison de son apparence physique, leur relation de haine puis d’amitié, les premières amours, puis l’âge adulte, ponctué de coups bas, de rêves de grandeur, avec notamment des escroqueries financières et des velléités politiciennes. Jusqu’à ce que les désirs inachevés où s’entremêlent passion, argent et ambition, débouchent sur le drame. Indéniablement, ce récit de Jess Walter emprunte tout autant au polar (par son intrigue, son agencement, et l’évidence d’un homicide) qu’au drame (analyse des relations humaines, des sentiments des personnages, et de la progressive autodestruction d’un groupe de personnes soumis aux aléas de l’existence). L’ensemble, pour peu que l’on se laisse prendre par le courant des paroles de Mason, est rapidement prenant, et la langue de l’auteur, à la fois subtile et pertinente, offre de bien belles pages. L’aspect policier est également réussi, avec une lente mise en place des éléments, des rebondissements bienvenus, et l’explication finale, si poignante.

    Quelque part à la lisière entre la tragédie moderne et le polar, voilà un livre plutôt singulier, bouillonnant d’émotions humaines, où les larmes et le sang se côtoient à merveille. Jess Walter montre l’étendue de son talent grâce à ce roman si touchant de sensibilité et qui ravira de la même manière les amateurs d’une littérature policière qui peut si bien parler au cœur et à l’âme.

    09/03/2013 à 11:52 2

  • Une affaire flamande

    Geneviève Reumaux

    6/10 Mildrède est une jeune assistante sociale qui officie dans le nord de la France. Son quotidien : aider les personnes en difficulté. Entre les femmes battues, les paysans aux revenus modestes et autres foyers d’agriculteurs meurtris par les accidents de la vie, elle n’a pas le temps de chômer. Aussi, dévouée et appréciée comme elle est, Mildrède comprend d’autant moins qu’un inconnu essaie de pénétrer à son domicile de nuit. Un ennemi, elle qui n’en a pas ? Le commissaire Luigi Pedri se porte à son secours.

    Premier roman de Geneviève Reumaux, cette Affaire flamande est un récit dense et court, d’à peine cent-trente pages. Le lecteur est immédiatement pris par l’ambiance décrite, où le social et la peinture des mœurs occupent une place prépondérante. L’écrivaine connaît bien les lieux et l’histoire de la région décrite, ainsi que la population paysanne. Les affres du métier agraire, les embarras financiers, les ménages soumis aux rendements de la terre, tous ces éléments sont rendus avec beaucoup de crédibilité et de tact, et contribuent à rendre l’ensemble de l’ouvrage à la fois prenant et original. Du coup, l’intrigue en passerait presque au second plan, avec si peu de personnages mis en scène qu’il en devient presque aisé de deviner quel est le tourmenteur de Mildrède. Néanmoins, l’impact humain de cet opus demeure, avec un singulier et succinct portrait du milieu rural.

    Si l’on attendait de la part de Geneviève Reumaux un roman purement policier, cette Affaire flamande décevra certainement en raison de la concision et la modestie du scénario. En revanche, si l’on souhaite entreprendre un ouvrage à la fois simple et facile à lire ayant comme toile de fond le milieu paysan, il permet de passer un agréable moment, sans pour autant marquer les esprits.

    09/03/2013 à 11:51

  • Et l'ange de Reims grimaça

    Jean-Pierre Alaux

    8/10 Le 14 juin 1974, toute la communauté rémoise assiste dans la cathédrale à l’inauguration des vitraux réalisés par Marc Chagall. La manifestation tourne au drame : on découvre le corps d’une fillette, puis celui d’un garçonnet, violenté. Séraphin Cantarel, conservateur en chef des Monuments français, ainsi que son collaborateur Théo, doivent tout mettre en œuvre pour protéger les précieux vitraux en attendant que le criminel soit arrêté. Mais la tentation de mener l’enquête est bien trop forte pour ces inséparables limiers…

    Après Toulouse-Lautrec en rit encore et Avis de tempête sur Cordouan, Jean-Pierre Alaux poursuit sa série chez l’éditeur 10-18, avec Séraphin et Théo comme détectives, et ayant en toile de fond le monde des arts. On retrouve le ton enjoué de l’auteur, où sa verve et sa gouaille font merveille. Prenant cette fois-ci pied à Reims, c’est l’occasion pour Jean-Pierre Alaux de montrer l’étendue de son savoir, et le lecteur profite pleinement de sa science. Le récit est constamment émaillé de références historiques, artistiques voire gastronomiques, au plus grand plaisir du lecteur. Parallèlement, l’intrigue, classique, est bien bâtie, et sait ménager de nombreux rebondissements, jusqu’au dévoilement final. Le ton est enjoué, alliant la causticité d’un Georges Simenon pour la peinture piquante des mœurs des Rémois et Rémoises à la volubilité et la raillerie d’une Fred Vargas.

    Aussi prenant que dépaysant, ce roman dispose de multiples atouts, rafraîchissants, et n’oubliant jamais de faire voyager le lecteur dans un univers délicieusement croqué. Ce livre pourrait ainsi s’apparenter à une exquise carte postale au dos de laquelle on aurait écrit une intrigue policière. Nul doute que le destinataire sera conquis par ces deux facettes complémentaires.

    09/03/2013 à 11:51

  • Dans l'ombre du monde

    Maud Tabachnik

    7/10 Une étrange maison hantée. Des individus, apparemment sans lien, qui décèdent en série. Une guerre des gangs qui tourne à l’affrontement. Au total, huit récits, comme autant de tranches de notre monde.

    Principalement connue pour ses romans destinés aux adultes, Maud Tabachnik signe ici un recueil de nouvelles destinées à la jeunesse. La grande variété des thèmes abordés surprend : depuis cette histoire qui revisite avec talent et concision – moins de trois pages – le thème de la maison en proie à des phénomènes inexpliqués jusqu’à cette histoire humoristique d’un homme assassinant son épouse et que la très prudente conduite de son véhicule va mener à sa perte, l’écrivaine a compilé des saynètes très variées, mélangeant le brutal et le farfelu, le tragique et le comique. Son style, pourtant identifiable, s’adapte à chacune de ces nouvelles, soulignant ainsi les apparentes contradictions du monde que nous connaissons, construit sur autant de querelles larvées, de rivalités absurdes et de drames en gestation. Maud Tabachnik sait également manier une plume plus engagée, signant au passage quelques beaux textes sur les guerres, comme ces deux familles se trouvant broyées par le conflit israélo-palestinien, cette jeune fille victime de coutumes obscurantistes, ou encore ces deux anciens amis d’enfance, ayant vécu les atrocités de la guerre entre Tutsis et Hutus. Le style de l’auteur devient alors plus militant, proposant aux lecteurs la mise en exergue de la bêtise et de l’aveuglement humain à travers ces trois exemples édifiants de notre histoire contemporaine.

    Touche-à-tout littéraire, Maud Tabachnik propose ici un patchwork de récits aux contours et aux messages très variés. Le policier, le fantastique, le burlesque et l’activisme s’entrecroisent, pour obtenir au final un ouvrage certes hétérogène mais réussi, où chacun trouvera certainement de quoi se satisfaire, et où subsiste toujours une petit fleur d’espoir s’épanouissant sur la fange de l’histoire, comme l’illustre de manière pertinente la couverture de ce recueil.

    09/03/2013 à 11:50

  • Les otages du Dieu-dragon

    Michel Honaker

    8/10 Saburo est un yakusa. Il a dédié sa vie à son clan. Pourtant, le jour où il découvre sur la plage Mariko, une jeune femme aphasique et visiblement nord-coréenne, il se met à douter de lui-même et de son appartenance au gang.

    Premier ouvrage de la série intitulée Yakusa Gokudo, cet Otages du Dieu-dragon tient toutes ses promesses. Sous la férule de Michel Honaker, auteur reconnu en littérature jeunesse, le lecteur est immédiatement plongé dans une intrigue solide, et qui permet de découvrir le monde des terribles yakusas. Bien documenté, le récit restitue avec justesse et mesure cette mafia nippone, à la fois impénétrable et obscure, avec ses codes et sa hiérarchie. Les personnages sont tous bien étoffés, de Wakamatsu jusqu’à ses sbires, en passant par la mère de Saburo, femme à la fois tendre avec son fils et rude quand il s’agit de lui démontrer ses errements. L’ouvrage préserve quelques rebondissements inattendus, et l’ensemble se lit aisément, quel que soit l’âge du lectorat.

    Voilà une série qui s’engage sous les meilleurs auspices. Nerveuse, bien loin des clichés du genre, ménageant action, suspense et sentiments, nul doute qu’il ralliera les suffrages des adolescents.

    09/03/2013 à 11:50

  • Black Rain S01//E3-4

    Christophe Debien

    9/10 Avec ce deuxième livre de sa saga, Christophe Debien continue de proposer une aventure détonante, sans équivalent dans le paysage littéraire. Elle secoue autant les tripes qu’elle passe au shaker les méninges du lecteur. Exigeante, visionnaire et ébouriffante, elle constitue probablement, à l’heure actuelle, la série littéraire pour les jeunes la plus explosive qui soit, nourrissant dans le même temps de très fortes attentes quant aux suites.

    09/03/2013 à 11:49

  • Les Larmes de Sibyl

    Paul Halter

    7/10 À Chartham, petit village isolé de Cornouailles, un homme fait rapidement parler de lui. Il s’agit de Patrick Markale, un voyant capable de prouesses avec son pendule. Destinées, objets perdus, crimes anciens, rien ne lui résiste. Appelés sur place, l’inspecteur Hurst et son comparse le docteur Twist devront tirer cette histoire au clair.

    Spécialiste moderne des meurtres en chambre close, Paul Halter signait ces Larmes de Sibyl en 2005. Immédiatement, le charme opère. L’écrivain dispose d’une plume gracieuse et très habile qui reconstitue en quelques traits les ambiances embrumées de l’Angleterre. À l’aide d’une langue légèrement surannée, les personnages sont croqués avec justesse, dissimulant suffisamment de part d’ombres et de non-dits pour pouvoir éventuellement nourrir les rangs des suspects. Si, une fois n’est pas coutume, il n’y pas ici d’assassinat en milieu fermé, le lecteur se retrouve néanmoins avec une intrigue typique de l’intelligence de Paul Halter, à savoir un devin un peu trop brillant, sans compter des événements annexes voire antérieurs qui alimentent l’histoire : une prétendue source miraculeuse, un homme tombé du haut des falaises, etc. Le seul véritable défaut de cet opus repose justement sur le concept même de cet augure, car les lecteurs les plus aguerris réussiront probablement à dénouer le mystère avant l’habile médecin Twist.

    L’ensemble est parfaitement construit et, même si l’on peut préférer les ouvrages de Paul Halter où il est question de meurtres en chambre close, ces Larmes de Sibyl demeure un bien bon divertissement, avec cette élégance et cette perspicacité si typiques de la part de l’auteur.

    09/03/2013 à 11:49

  • Le chat aux aguets

    Jean-Paul Nozière

    9/10 L’ancien commandant de police Christian Milius accepte de reprendre du service pour son ancien supérieur. L’affaire concerne l’assassinat d’une collègue, Bénédicte Lastax, abattue au fusil. Aidé de Yasmina Rahali, son associée et compagne, il va découvrir sur la tombe de la défunte une série de cinq figurines : un agneau, un chat, un chien, un club de golf ainsi qu’une boîte d’allumettes. L’enquête va mener Christian et Yasmina vers deux êtres si amoureux l’un de l’autre que la destruction de vies humaines n’est qu’accessoire…

    Après Le Silence des morts et Cocktail Molotov, Jean-Paul Nozière offre une nouvelle investigation pour Milius et Rahali. Prenant le temps de poser les fondations de son intrigue, l’auteur se plait à creuser les psychologies des personnages, planter des décors, et mettre en relief les interactions à venir entre les individus mis en scène. Jean-Paul Nozière sait parfaitement croquer des sentiments et des attitudes, au point de les rendre immédiatement plausibles et humaines. D’ailleurs, l’un des principaux tours de force de cet ouvrage est la construction de l’histoire d’amour entre Minnie et Mickey, les deux bien-aimés dont les existences vont être percutées par une tragédie après laquelle ils vont lentement devenir des tueurs. Il y a dans les mots de l’écrivain comme dans son scénario des parfums de Sébastien Japrisot, notamment L’Été meurtrier ou Un long dimanche de fiançailles. Les sentiments passionnés des deux individus qu’il place au cœur de cet écheveau sont dépeints avec une telle bonté que l’on en vient presque à éprouver de l’empathie pour ces Bonnie & Clyde des temps modernes.

    Avec tact et pudeur, Jean-Paul Nozière donne vie à des êtres imaginaires d’une manière remarquable. Autour d’une intrigue à la fois solide, originale et plausible, il parvient à saisir le lecteur par les sentiments, avec cet immense paradoxe que l’on conçoit une réelle bienveillance pour ces amants maudits au moins aussi grande que la folie qui s’empare d’eux. Un roman noir lumineux.

    09/03/2013 à 11:48

  • Valse Macabre

    Lincoln Child, Douglas Preston

    7/10 Ouvrage-passerelle, ouvrage-relai, ouvrage-transition, voilà des formules qui synthétiseraient assez bien la teneur de cet opus. Il se montre tout à la fois efficace et prenant, mais sans pour autant atteindre le niveau, par exemple, de La Chambre des curiosités ou du Violon du diable. Néanmoins, sa lecture demeure divertissante et réaffirme, s’il en était encore besoin, à quel point Douglas Preston et Lincoln Child sont parvenus à ciseler une série littéraire de premier ordre.

    09/03/2013 à 11:48 1

  • Sans états d'âme

    Bill James

    5/10 Ron Preston, surnommé « Le Stratège », projette de braquer un fourgon avec quelques acolytes. À la clef, environ 70000 livres sterling. Le coup semble être tranquille : l’attaque est sûre, les convoyeurs peu nombreux, et la préparation minutieuse. Face à lui, se dresse le policier Harpur et ses hommes, qui n’ont pour le moment aucune idée qu’une affaire de ce genre est en train de se monter. Mais la partie est loin d’être finie…

    Avec ce livre, Bill James poursuit sa série consacrée aux enquêteurs Harpur et Iles, et il est d’ailleurs fortement recommandé de lire les autres ouvrages avant de se lancer dans celui-ci, pour mieux comprendre les personnages ainsi que les liens qui les unissent. C’est ici l’analyse du hold-up qui retient l’attention, avec son lot d’individus perturbateurs, d’incidents dans la mise au point du cambriolage, et la manière dont, on s’en doute rapidement, tout va tourner à l’aigre. Les indics prêts à changer de camp, les indices mal interprétés, les coups de chance et les mauvaises fortunes, etc. : les événements vont s’enchaîner jusqu’à la confrontation finale. Bill James a choisi le velours pour son histoire : de l’humour, quelques malfaiteurs qui se refusent à faire couler le sang, des policiers décontractés et parfois plus disposés à s’occuper de leurs affaires de cœur que de leur travail.
    Si l’ensemble se laisse lire, il faut néanmoins regretter de très nombreux bavardages et digressions dans le récit : s’ils sont parfois nécessaires pour approfondir les psychologies des protagonistes, ils ralentissent copieusement la mécanique narrative, au point que de multiples passages pourraient être zappés sans que cela ne perturbe la compréhension de l’opus. Par ailleurs, quand le roman s’achève, se pose une question délicate : et alors ? Le moment passé aura été agréable sous certains angles, mais le final, expédié et sans grande saveur, clôt une histoire peu originale et encore moins marquante.

    Un ouvrage certes sympathique, mais sans réelle profondeur ni grande personnalité.

    09/03/2013 à 11:48

  • Proie idéale

    Charlotte Bousquet

    9/10 D’une plume à la fois alerte et sans concession, destinant d’ailleurs cet opus à des lecteurs aguerris, Charlotte Bousquet offre un thriller prenant et sombre. Au-delà de la séduction qu’il opère, il propose également un récit vif quant au racisme et aux trafics d’êtres humains. Une gageure pour un roman destiné aux adolescents, puisqu’il les distrait autant qu’il les alerte.

    06/03/2013 à 15:52

  • L'Assassin qui est en moi

    Jim Thompson

    10/10 Dans ce patelin paumé du Texas, Lou Ford officie comme shérif-adjoint. Si la ville est calme, Lou l’est moins. Oh, ce n’est pas un mauvais bougre ni un obsédé de la gâchette, mais quand les problèmes se dressent sur sa route, il a tendance à utiliser la violence. De manière froide. Pour régler une histoire d’amour du fils d’un notable avec une prostituée, par exemple. Et, comble de malchance, quand une difficulté semble résolue, une autre apparaît. Et c’est au beau milieu de ce nid d’emmerdements que Lou Ford doit se débattre.

    Ce roman culte de Jim Thompson, paru en 1952 et édité en France sous le titre Le Démon dans ma peau, ressort dans une nouvelle traduction, cette fois-ci intégrale. Lou Ford apparaît sous un jour complet, presque inédit. Il s’agit d’un individu complexe, tout en ombres et lumières mêlées, un tueur tout aussi glaçant par sa violence que pathétique en raison des complications qui s’ingénient à lui tomber dessus. L’un des nombreux mérites de l’auteur est d’être parvenu à en faire un personnage singulier, bien loin des clichés du genre, souvent dépassé par les événements qu’il a mis bien malgré lui en ordre de bataille. La construction scénaristique est, de ce point de vue, remarquable : il faut suivre avec attention le fil des péripéties et circonstances pour mieux appréhender la manière à la fois crédible et sidérante dont vont s’organiser les rouages. Si la langue est simple, elle n’en recèle pas moins une profonde poésie sous-jacente, avec de multiples pointes d’humour – noir, évidemment – agrémentées d’aphorismes tonitruants. Autre délectation de ce livre : les divers personnages, dépeints à l’acide, tourmentés, et dissimulant des parts de ténèbres.

    On a beau connaître cet ouvrage, se souvenir de certains passages, avoir retenu la manière dont il s’achève, c’est toujours avec le même empressement que l’on avale ses pages. À la manière d’un plat auquel il est impossible de résister, ce classique de Jim Thompson se dévore, et à chaque fois avec la même avidité. Et quand, par bonheur, un éditeur nous offre quelques dizaines de pages supplémentaires, il est impossible de résister à cet envoûtement.

    10/02/2013 à 20:29 3

  • Double assassinat dans la rue Morgue

    Fabrice Druet, Jean-David Morvan

    7/10 Jean David Morvan et Fabrice Druet ont su ressusciter un grand classique du roman policier. Avec son imparable esprit de déduction, le chevalier Dupin renaît pour notre plus grand plaisir. Le seul véritable déplaisir qu’offre cette bande dessinée est donc précisément le choix de cette nouvelle d’Edgar Allan Poe, bien trop célèbre pour surprendre.

    10/02/2013 à 20:23 1

  • Le mystère de Marie Roget d'Edgar Allan Poe

    Fabrice Druet, Jean-David Morvan

    5/10 Double assassinat dans la rue Morgue d'Edgar Allan Poe était une bande dessinée enthousiasmante, mais à l’histoire trop célèbre pour surprendre. Celle-ci déçoit en partie car son contenu est très, voire trop fidèle à l’œuvre primitive. Le passage aux phylactères aurait pu être l’occasion de gommer les moments les moins séduisants. À vouloir être trop fidèle à la nouvelle d’Edgar Allan Poe, les deux auteurs livrent donc une transposition, certes dévouée, ce qui est à porter à leur crédit, mais sans éclat. On en vient presque à se demander si Jean David Morvan et Fabrice Druet n’auraient pas mieux fait de choisir d’autres textes d’Edgar Allan Poe pour se montrer plus créatifs ou pertinents.

    10/02/2013 à 20:22

  • Le Mystère de Marie Roget

    Edgar Allan Poe

    5/10 Beaucoup trop tiré par les cheveux pour moi. C'est original, mais je n'ai vraiment pas été convaincu par la technique employée. Un livre osé, certes, mais longuet et bancal au final.

    05/02/2013 à 18:58

  • La malédiction des ruines

    Philippe Delerm

    5/10 Je n'ai pas beaucoup accroché à ce livre. Le style de l'auteur est indéniablement maîtrisé et réussi, mais la chute est trop rapide et laisse sans réelle explication. Je me mets à la place des gamins à qui ce roman, très court s'adresse : ils n'auront pas tous le recul nécessaire pour apprécier l'épilogue, selon moi. De plus, vu la concision de l'ensemble, cet opus aurait, à mon humble avis, mérité de figurer dans un recueil de nouvelles, et non comme un roman.

    05/02/2013 à 18:55