El Marco Modérateur

3257 votes

  • La revanche de l'ombre rouge

    Jean Molla

    9/10 Un téléphone portable qui semble porter malheur à ses possesseurs. Un dessinateur au talent effroyable. Un centre aéré d'où les enfants ne reviennent pas toujours. Une armoire dénichée chez un brocanteur qu'il aurait mieux valu ne jamais acheter. Au total, huit nouvelles inquiétantes.

    Dans la collection « Nouvelles » chez Thierry Magnier, nombre d'auteurs déjà reconnus ont signé des ouvrages très prenants : Brigitte Aubert avec Scènes de crime et Totale angoisse, Louis Sanders et Périgord noir, Armand Cabasson avec Noir américain, etc. Ici, Jean Molla signe un recueil de nouvelles davantage tournées vers le fantastique. On retrouve des ambiances étranges, des personnages louches, des phénomènes inexpliqués, des macrocosmes irréels auxquels on ne peut accéder que par le truchement d'un objet ou d'un cérémonial. Jean Molla est un très bon écrivain, usant d'une plume à la fois riche, inventive et élégante, tout en restant nettement à la portée d'un lectorat qui se veut jeune. Les huit nouvelles sont toutes très agréables à lire, à la limite du cauchemardesque, et sans la moindre touche d'espoir ou d'onirisme. Comme les contes de fées peuplés de dragons et autres monstres, ces histoires permettent de se confronter à des situations troublantes, des angoisses primitives, des atmosphères méphitiques.

    Le pari de la frayeur inspirée par des univers parallèles a été parfaitement tenu par Jean Molla : c'est à la fois très sombre et parfaitement maîtrisé. Une salve d'histoires courtes que les jeunes se plairont à dévorer sous la couette, toutes lumières éteintes.

    15/01/2014 à 13:39

  • Manchuria Opium Squad tome 1

    Tsukasa Monma, Shikako

    8/10 Mandchourie, 1937. Higata Isamu est revenu balafré de la guerre qui a permis à son pays – le Japon – de prendre le contrôle de cette partie de la Chine. Reconverti en agriculteur (un « soldat de la bouse ») afin de faire prospérer les terres de cette région conquise, il est véritablement doué dans ce domaine, notamment en raison de ses capacités olfactives. Il apprend que sa mère est atteinte de la peste mais est incapable d’acheter le « médicament de sulfate » pour la soigner et la guérir car trop cher. Isamu découvre un champ de pavots à opium et se décide à en faire le commerce. Une intrigue alléchante, un arrière-plan historique bien travaillé, un graphisme magnifique quoique classique, un solide fondement scientifique quant à cette drogue, et pas le moindre temps mort pour ce premier tome particulièrement réussi.

    01/09/2022 à 18:43 1

  • Manchuria Opium Squad tome 2

    Tsukasa Monma, Shikako

    8/10 Je replonge avec plaisir dans cette série dont j’avais beaucoup apprécié le premier tome, avec un graphisme léché, une histoire originale et un rythme prenant. On découvre Rin, une gamine japonaise qui refourgue de l’opium et que ses parents ont bradé contre cent yuans. Sa relation avec Higata Isamu, le héros, est remarquablement traitée. Un tome toujours aussi magnifique et intelligemment mené, savant également, sachant préserver émotions et force de percussion scénaristique, avec une belle incursion dans le mode de vie des Mongols.

    16/01/2023 à 18:26 2

  • Manchuria Opium Squad tome 3

    Tsukasa Monma, Shikako

    8/10 Une esthétique toujours aussi admirable tandis que notre équipe menée par Higata Isamu s’infiltre dans le milieu du cinéma. Typiquement le genre de manga qui est si beau que je pourrais le suivre même si le scénario était nul, or il se trouve que l’histoire est au moins aussi réussie que celle des deux précédents tomes. Une entame prenante avec ce personnage (qui ressemble au masque moustachu de « V pour Vendetta ») sait se montrer persuasif avec une simple aiguille. A noter que la séance de torture qu’il mène, sans être gore, est difficilement soutenable davantage par l’implicite que par l’explicite qu’elle charrie. Toujours aussi fort, entraînant, singulier et magnifique.

    17/01/2023 à 18:57 2

  • Déviances

    Richard Montanari

    8/10 Un thriller dense, avec des personnages bien fournis et aux vies éclatées, avec une intrigue classique mais très efficace.

    27/05/2007 à 10:12 1

  • Ulysse

    Hélène Montardre

    8/10 … ou l’incroyable épopée d’Ulysse, retranscrite ici par Hélène Montardre. Tous les grands événements de son existence y sont narrés : sa rencontre avec Pénélope, lorsqu’il singe la folie, le Cheval de Troie, les Lotophages, Polyphème, l’outre des vents, Calypso, les chants des sirènes, Charybde et Scylla, le retour en Ithaque, quand son chien puis sa nourrice le reconnaissent malgré les oripeaux d’un vieillard sans le sou, l’épreuve de l’arc et la reconquête de son identité, de son trône et du cœur de son épouse. Encore une fois avec les livres de cette collection, j’ai passé un très bon moment de lecture, où les épisodes foisonnent, mettant en relief l’intelligence et l’imagination des auteurs de l’Odyssée. Hélène Montardre colle parfaitement au texte originel et à l’immense légende née de ce récit, la concision ne faisant que mettre en relief la densité humaine, littéraire et aventureuse de cette destinée hors du commun, ainsi que les protagonistes incroyables et inoubliables de ces péripéties. Un grand moment de littérature, rendant hommage avec réflexion et efficacité à un pan mémorable de la mythologie grecque. En outre, le langage s’adapte à la cognition des jeunes lecteurs auxquels se destine en priorité cet ouvrage, mais les adultes peuvent bien évidemment embarquer avec l’astucieux et roublard Ulysse, au gré des mers et des influences des dieux.

    17/07/2020 à 08:29

  • Le Fantôme à la main rouge

    Hélène Montardre

    6/10 Une histoire de fantôme et de château hanté à laquelle se mêle un tournage de film. C’est intéressant mais peu marquant : seule la fin, ouverte, peut retenir l’attention.

    09/07/2016 à 08:43

  • Le Labyrinthe de Dédale

    Hélène Montardre

    6/10 … ou les épisodes combinés du labyrinthe de Dédale (bon, évidemment, le titre l’évoque), le Minotaure, Icare, et la mort de Minos. J’ai encore comme point de comparaison un livre similaire, celui de Guy Jimenes, « Icare aux ailes d’or », qui est une version très similaire du mythe, tous les deux étant destinés à la jeunesse. Indéniablement, Hélène Montardre a choisi deux éléments : concision et familiarité. Concision, car son texte, écrit trois ans avant celui de Guy Jimenes, est encore plus court (environ cinquante pages, et écrit en gros avec des illustrations), allant vraiment à l’essentiel. Familiarité, car le ton employé est très accessible : les personnages bégaient, hésitent, bafouillent, ont peur. Des sentiments, des attitudes, des comportements finalement très humains, ce qui place encore plus les protagonistes aux côtés du lectorat, comme des camarades, comme si le lecteur était l’un d’entre eux. En outre, la langue employée est très abordable, sans circonvolution ni grands effets narratifs ou littéraires. Du coup, je conseillerais plus volontiers cet ouvrage que celui de monsieur Jimenes à des gamins moins bons lecteurs, ou plus rétifs à cette activité, en raison de cette facilité d’accès. En revanche, si l’on souhaite plus de densité psychologique, de suspense ou de connexion avec le mythe originel, je préconiserais davantage « Icare aux ailes d’or ». D’ailleurs, à noter qu’Hélène Montardre prend parfois quelques raccourcis, comme le fait d’attribuer l’invention du fil salvateur à Dédale plutôt qu’à Ariane (étrange, même s’il finit par apparaître une certaine cohérence dans le texte, à sa façon, avec Dédale qui sait tout sur tout, et répond à de nombreuses reprises « Si » quand quelqu’un lui dit « Tu ne peux rien pour moi »). Et puis, puisque l’on en est aux reproches, le fait que la mort du Minotaure soit si rapidement évacuée (« Avec l’épée, Thésée tue le Minotaure et, grâce à la pelote de fil, il réussit à sortir du labyrinthe », sic) : à ce niveau, du point de vue narratif, c’est moins une ellipse qu’une réelle déception.

    22/04/2019 à 18:36 4

  • Persée et le regard de pierre

    Hélène Montardre

    7/10 … ou les aventures de Persée. Dit comme cela, c’est un pitch bien court, car la légende n’aura retenu qu’un seul affrontement mémorable, celui qui l’a opposé à Méduse et son terrible regard pétrifiant. Mais, peut-être injustement, nous avons oublié d’autres péripéties de son existence, et cet ouvrage d’Hélène Montardre permet de le remettre en lumière. Une succession de passages aventureux, où l’intrépidité de notre héros rime également avec le soutien de personnages savoureux et célèbres : la fanfaronnade face à Polydectès et son périple vers les Gorgones, la rencontre avec les Grées puis les Nymphes, ce mystérieux accompagnateur qui n’est autre qu’Hermès, Athéna, Méduse et ses sœurs, Andromède enchaînée et le combat contre le monstre marin, puis le retour et la résolution de l’identité de son père. Pour résumer, un sacré alignement d’événements que la concision du roman rend encore plus dense. La plume de l’écrivaine, finalement minimaliste quoiqu’élégante, finit par se faire toute petite pour ne faire que servir et mettre en relief cette série de conflits et rencontres. Quand on y réfléchit bien, le déroulé (mais c’est l’histoire originelle qui veut ça) est très linéaire, avec un chapelet de moments qui s’enchaînent : une rencontre en entraînant une autre, la découverte des objets magiques, puis une autre rencontre, et la boucle se referme lors du final. Pour ma part, j’ai été à la fois très heureux de lire ce livre, attendant avec impatience la confrontation entre Persée et Méduse, mais cette dernière est assez vite expédiée et n’a pas tenu à mes yeux sa promesse de tension. En revanche, j’ai été très agréablement surpris par ces autres épisodes, certes linéaires et parfois attendus, mais joliment décrits, et qui n’en ont que davantage de saveur d’être ainsi méconnus, ou alors moins fameux que le combat contre Méduse.

    16/06/2019 à 17:54

  • Terminus : Grand large

    Hélène Montardre

    6/10 … ou comment deux jeunes amies et voisines, Flora et Aurélie, se mettent en chasse d’une inconnue dont il ne dispose que du portrait disposé dans un médaillon découvert dans la rue en même temps qu’elles tentent de faire le lien avec un inconnu qui semble attendre quelqu’un en bas de chez elles. Une belle écriture, subtile, à hauteur des enfants auxquels se prédestine cet ouvrage, ainsi que des passages en italique faisant intervenir d’autres personnages, le temps de quelques paragraphes, pour entretenir le mystère (même s’il ne s’agit ici nullement d’un roman policier) et dynamiser le récit. Pas mal de suspense quant à l’identité de cette mystérieuse femme, quelques rebondissements (comme lorsque Flora entraperçoit la fameuse inconnue dans une rame de métro avec un enfant allongé sur elle à la fin du sixième chapitre), et d’autres passages fort sympathiques (la conversation avec le chauffeur de bus). Et quand la fin est tombée, avec la résolution tant attendue, je dois avouer que j’ai été déçu, presque spolié d’une explication, puisque cela n’aboutit pas à grand-chose. J’aurais admis n’importe quelle solution, même faiblarde, du moment que cette réponse répondait à la question qui constitue le fil rouge de cet opus. Immense déconvenue. Mais il y a la suite : avec des mots intelligents, adroits, Hélène Montardre déstabilise, propose une relecture, moins du livre que du raisonnement qu’elle tient quant à l’énigme, et offre au passage une jolie pirouette concernant le rôle des écrivains en général et de l’imagination des enfants en particulier. Je ne suis pas persuadé que ce choix satisfera les gamins (lecture proclamée dès 10 ans), moi-même demeure assez mitigé, mais l’exercice présente au moins l’intérêt d’être intéressant, joliment bâti et achevé, et original.

    10/03/2019 à 18:12 3

  • Le Bourreau de Portland

    Michel Montheillet

    8/10 Ce Bourreau de Portland constitue donc une relecture avantageuse du livre de Maxime Chattam. Indéniablement servie par le talent d’illustrateur de Michel Montheillet, cette bande dessinée offre une nouvelle perspective, un angle d’attaque à la fois différent, autonome et complémentaire de la bibliographie si riche de Maxime Chattam. Une réussite tant artistique que scénaristique que l’on a hâte de retrouver dans les autres épisodes.

    26/11/2012 à 15:20 1

  • La Secte tome 1

    Mook

    3/10 Franchement, j’ai été décontenancé par ce manga comme je l’ai rarement été. Un pitch très simple, pourquoi pas, mais après, j’ai eu l’impression d’être passé dans une sorte de vortex. L’auteur est-il sérieux ou plutôt ixième degré ? Joue-t-il volontairement sur les codes attendus du genre ou se paie-t-il leur tête ? Les dessins soignés côtoient d’autres volontairement simplets, le décalé (cf. la scène avec le cochon en laisse, par exemple) jouxte le prétendument sérieux, les combats d’arts martiaux se multiplient et j’en suis venu à me demander si le scénario avait encore de l’importance… Non, vraiment, je ne sais pas quoi en penser, mis à part le fait que je vais probablement tout bonnement m’arrêter là.

    08/03/2024 à 16:08 2

  • La Secte tome 2

    Mook

    4/10 Les errances esthétiques assez simplistes du premier tome sont (presque) oubliées et ce sont de beaux graphismes que nous avons là. En revanche, du point de vue scénaristique, c’est toujours sacrément maigre, voire famélique, et on n'a droit qu’à une succession de combats d’arts martiaux. A réserver aux fans du genre, et comme ça n’est pas mon cas, je m’arrête là pour de bon.

    hier à 19:22

  • Déviances mortelles

    Chris Mooney

    8/10 Jack Casey, ancien profileur du FBI et devenu policier à Boston, enquête sur un tueur particulièrement machiavélique qui se fait appeler "Le Marchand de Sable". Ce dernier vient de l'inviter sur l'une de ses scènes de crime : ce sera pour Casey le début d'une longue traque vers un ennemi très efficace, qui l'obligera à affronter le drame atroce qu'il a vécu dans passé pas si lointain...

    Il s'agit d'un roman assez étonnant ; alors que l'intrigue apparaît de prime abord assez classique (l'ancien profileur qui se projette dans l'esprit du tueur, l'assassin qui se confie à lui, etc.), elle n'en demeure pas moins très efficace, avec de nombreuses scènes d'action explosives, au sens propre comme au sens figuré, des dialogues justes et réalistes, des personnages multiples aux caractères tranchés et une sorte de double intrigue qui permet, au-delà de la traque menée contre le Marchand de Sable, de comprendre comment et pourquoi ce dernier commet ces crimes.

    Au final, Déviances Mortelles dépasse les clichés que l'on pouvait craindre - même s'il n'en est pas tout à fait exempt -, et atteint avec une adresse certaine ses objectifs: offrir au lecteur une intrigue solide et bien noire, avec un tueur très habile et malin affrontant des policiers dont les parts d'ombre sont certainement tout aussi inquiétantes que celles de l'assassin qu'ils poursuivent.

    20/08/2007 à 18:39

  • Le lézard lubrique de Melancholy Cove

    Christopher Moore

    9/10 Melancholy Cove, une petite station balnéaire des Etats-Unis. En apparence, une commune sans fièvre aucune, où le banal mois de septembre commence à apparaître. Mais cette fois-ci, il va y avoir du changement en ville.

    De ce roman complètement barré de Christopher Moore, il est vraiment difficile d’en dire plus sans dévoiler la série de catastrophes imaginées par l’auteur. Sur un ton absolument foutraque et enthousiasmant, le lecteur va aller de surprises en surprises, et la faune – humaine – locale est irrésistible. Jugez plutôt. Bess, une femme pendue à qui on a peut-être donné un petit coup de main final. Théo, le policier local, fumeur invétéré de marijuana. Une tenancière de bar dont le corps a été patiemment complété de pièces de métal jusqu’à devenir une femelle Terminator. Valérie, la psychiatre du patelin, qui décide de faire remplacer tous les antidépresseurs prescrits à ses patients par des placebos. Winston, le pharmacien qui ne peut avoir des érections qu’en pensant à des dauphins. Molly, une ancienne actrice de films de série Z, entendant une voix intérieure et vivant dans une caravane. Catfish, un joueur de blues qui cache un bien étrange secret. Cette arche de Noé vous paraît-elle déjà saturée ? Eh bien non, pas tout à fait. Vous auriez bien encore un peu de place pour un lézard géant, rendu mutant par les radiations, particulièrement fâché que Catfish ait un jour tué l’un de ses petits ? Christopher Moore n’est pas seulement un écrivain, c’est également une aventure à lui tout seul. Une imagination débridée, aussi imaginative et corrosive que celle d’un sale gosse qui couche sur le papier ses plus incroyables délires et fantasmes. Le risque était immense, voire presque inéluctable, que cette abondance d’idées décalées devienne une fange stérile, un pathétique bordel, du grand-guignol. Pourtant, l’auteur, par on ne sait trop quel enchantement, nous rend l’ensemble non seulement hilarant mais aussi terriblement efficace. Sur les quelque quatre-cents pages de ce capharnaüm littéraire, tout s’emboîte, au gré des relations interpersonnelles, des conséquences imprévues du moindre geste anodin, et des mécanismes désopilants mis en œuvre par Christopher Moore. On retiendra de nombreuses scènes réjouissantes, comme la tentative ratée d’accouplement entre le lézard géant et le camion-citerne, les pèlerins venus rendre hommage au monstre dans la grotte, son intolérance au lait des vaches qu’il aura dévorées, ou encore ces dialogues burlesques (comme ceux du premier chapitres, où les policiers tentent de savoir si la victime était amish ou mennonite en vertu du fait qu’elle possédait un mixer et des fermeture Éclair sur ses vêtements).

    Un roman sidérant, presque sidéral, assumant la plus saugrenue des déviances, de bout en bout. Une magnifique tranche d’un immense n’importe quoi, porté par le style et la plume décomplexés d’un Christopher Moore en état de grâce… ou sous l’emprise de puissants psychotropes, sachant que le lecteur n’est nullement obligé de consommer les mêmes stupéfiants pour prendre à son tour son pied.

    01/04/2017 à 09:53 3

  • Le Château du diable rouge

    Viviane Moore

    8/10 Après Le Seigneur sans visage et La Nuit du loup vert, Viviane Moore clôt sa série consacrée au Temps noir des fléaux. Le style de l’écrivaine est toujours aussi prenant puisqu’il sait employer les termes et tournure de phrases de l’époque avec un talent rare sans pour autant décontenancer ou perdre le lecteur. Entre le jeune Michel et son sire, les relations sont intéressantes, oscillant entre initiation chevaleresque et filiation symbolique. Ce roman, qui reprend parfois les codes du whodunit, multiplie les suspects potentiels, chacun ayant des raisons de semer mort et discorde : un seigneur si jeune et complexé, son cadet qui rêverait de prendre le pouvoir, un oncle trop enclin au maniement des armes pour être honnête, un bouffon particulièrement facétieux, etc. Viviane Moore nous promène au gré de cette intrigue efficace et engageante comme un guide nous accompagnerait sur un site prestigieux. Et la révélation finale, intelligente et pertinente, s’accorde parfaitement avec le titre donné à sa trilogie.

    Érudite et captivante, cette œuvre subjuguera les jeunes lecteurs à coup sûr. Un roman aussi habile qu’instructif.

    17/08/2015 à 09:11

  • Le Seigneur sans visage

    Viviane Moore

    7/10 Un polar bien mené, à l'intrigue judicieusement posée en plein Moyen Âge, et à l'écriture fine et intelligente. Certes, l'ensemble se destine davantage à de jeunes lecteurs, mais certaines descriptions ainsi qu'un épilogue assez cruel permettent, selon moi, de s'adresser à un lectorat plus « adulte ».

    02/06/2011 à 08:17 1

  • Tokyo des ténèbres

    Viviane Moore

    8/10 Un bon roman policier, court, bien documenté et très original.

    23/05/2006 à 09:21

  • Sa Majesté des poisons

    Anne-Laure Morata

    8/10 Tandis que gronde la terrifiante affaire des poisons, le commissaire des affaires spéciales Malo de Rohan Montauban doit enquêter sur un tueur en série qui s’en prend aux prostituées. Ce monstre a même l’audace de déposer le cadavre de l’une de ses victimes au beau milieu d’un établissement policier. Charlotte d’Arcourt, la cousine de Malo, en vient à être touchée par cette traque quand son amant, Alexandre de Latréaumont, un chevalier, se met à figurer sur la liste des suspects.

    Ce quatrième ouvrage de la série consacrée à Malo de Rohan Montauban est un petit régal. Servi par la plume alerte d’Anne-Laure Morata ainsi que sa belle connaissance de l’époque, on se plaît à se perdre dans les méandres d’une intrigue solidement construite. C’est également l’occasion de rencontrer des personnages historiques importants, comme Louis XIV, Madame de Montespan ou encore Madame de Maintenon. C’est également un univers bien sombre qui se déploie sous les yeux du lecteur : les luttes intestines, les querelles de cour, les rixes à fleuret plus ou moins moucheté, les cordiales détestations, les courtisans devenant, au gré des courants, de solides adversaires, ou encore les appétences affirmées pour figurer dans le cercle le plus proche du souverain. Une ambiance, une période, des lieux et des us brillamment restitués, notamment grâce à un langage délicieusement suranné et un savoir incontestable de la part d’Anne-Laure Morata. Le récit est brillant, s’attardant autant sur l’aspect policier de l’œuvre que le panorama historique, et qui s’achève par un ultime rebondissement.

    Un roman de très belle tenue, instructif et distrayant, rappelant les écrits de Jean-François Parot avec son célèbre Nicolas le Floch. Admettons qu’il y a bien pire modèle littéraire.

    05/07/2017 à 17:50 3

  • Nuits de pleine lune

    Jacky Moreau

    6/10 Une série de meurtres se met à ensanglanter Abbeville : les victimes sont tuées à l’arme blanche, principalement égorgées. Tandis que l’enquête piétine, se dessine lentement l’image d’un tueur en série qui semble inspiré par la lune.

    Jacky Moreau signe ici un ouvrage à mi-chemin entre le roman à suspense et le thriller. Court, le style simple et efficace accentue la vitesse de défilement des pages. On fait ainsi la rencontre de Diane, thanatopractrice de son état, marquée par une tentative de viol par son beau-père alors qu’elle était jeune, et qui a depuis noué une curieuse relation avec la lune. Le livre est bien bâti, faisant alterner les divers points de vue, et l’on ne voit ainsi pas le temps passer. On se régale également des nombreuses références culturelles et musicales (chaque chapitre porte le titre d’un morceau, avec une compilation des chansons en fin d’ouvrage). De nombreux personnages apparaissent vers la moitié du récit, comme le journaliste, l’avocat ou l’animatrice de radio, réinjectant un peu de sang neuf dans les veines de la narration. Néanmoins, le bât blesse au niveau de la profondeur psychologique. Par exemple, les policiers sont certes amusants dans leurs répliques, avec un humour parfois potache qui vient, au choix, atténuer la noirceur du récit ou, au contraire, mettre d’autant plus en relief cette ténébrosité, mais ils ne sont guère mémorables. De même, si l’idée de mettre en scène une femme à la fois embaumeuse et criminelle (d’autant que les explications de Jacky Moreau quant à sa profession sont très intéressantes), l’origine de son trauma n’est guère originale, et l’on regrette que l’écrivain n’ait pas davantage accentué les traits qui se présentaient à lui, comme le côté fantastique (pourtant vanté sur le site de l’éditeur), ou la noirceur de l’âme de cette serial killer.

    Au final, un livre qui n’engendre guère la mélancolie, car vif et pétillant, sans le moindre temps mort, mais auquel il semble manquer un soupçon de piment pour relever ce plat dont la concision finit par desservir la qualité gustative.

    17/06/2019 à 19:40 1